Errance
Cette fic est écrite dans le cadre de la neuvième nuit écriture du FoF (Forum Francophone) pour le thème "Cigarette". Le but du défi était d'écrire une fic (OS) en une heure de temps, idée, écriture et postage compris.
Cette nuit, j'ai choisi un aimable trio pour m'accompagner plusieurs heures durant. Tous les OS qui vont suivre concerne donc Harry, Ron et Hermione, en errance entre Grimmauld Place et la forêt de Dean durant l'année scolaire 1997/1998. Je m'excuse par avance des détails qui pourraient ne pas coller.
Ce recueil n'est pas linéaire. Il comprend des moments perdus, parfois temporellement clair, parfois flou. Chaque chapitre est à prendre comme une histoire en soit. La suite n'en est pas une, même si certain chapitre se suivent de manière cohérente, par un heureux hasard ou le fruit d'une même nuit d'écriture. Comme souvent dans les recueils, l'intérêt de chaque chapitre est inégal. Je prie le lecteur de sa miséricorde : le passage suivant sera probablement meilleur.
Disclaimer : Rien à moi, ou presque.
Chapitre 1 : Ennui
Ronald Weasley, au jour de ses dix-huit ans, n'avait jamais fumé ni la cigarette ni quoique ce soit d'autre. Tout petit, sa mère lui avait dit que ça rendait les dents jaunes et son père que ça chamboulait l'esprit. Ron vénérait sa dentition et n'avait besoin que de la présence d'une miss je-sais-tout à ses cotés pour sentir son esprit partir. Pour ces deux raisons, il n'avait jamais senti cette irrépressible envie de porter une cigarette à ses lèvres, d'en aspirer la fumée, de la triturer avec l'ongle de son pouce tout en la faisant rouler entre son index et son majeur. Dean Thomas le lui avait bien proposé, un jour, dans le parc de Poudlard, le long du lac, mais Ron avait poliment décliné l'invitation et n'avait plus jamais été importuné pour ce motif précis.
Depuis quelques mois, Ronald Weasley regrettait cet état de fait. Précisément depuis qu'il avait fuit une horde de mangemorts venus perturber le mariage de son frère. Depuis ce jour-là, il errait en compagnie de Harry et Hermione, sans tâche précise à effectuer.
Oh! il s'était bien occupé quelques temps. Il s'était même introduit incognito dans le Ministère de la Magie sous un déguisement de Polynectar, accompagné de Harry et Hermione. Il avait alors eu droit à sa dose d'action en réparant une fuite dans la tuyauterie du bâtiment, en sauvant quelques nés-moldus et en se désatibulant. Mais depuis, il n'avait plus fait grand chose de ses dix doigts, hormis tailler quelques bout de bois, préparer maladroitement un petit-déjeuner – Hermione l'en avait ensuite dissuadé – et triturer le bouton de fréquences sur la radio de poche qu'il avait trouvé au fond du sac en perles, agitant sa baguette dans l'espoir d'entendre des nouvelles du monde sorcier et peut-être de sa famille.
On pouvait résumer tout cela en trois mots : Ron s'ennuyait.
Il n'était pas un élu, celui à qui une mission avait été dévolue et qui n'avait d'autres choix que de l'accepter. Il était là par amitié, par loyauté, par admiration aussi pour celui qui avait toujours brillé là où Ron se sentait ridicule. Que ce soit pour ses talents en Quidditch, pour sa facilité apparente à courtiser les filles ou encore sa faculté d'être admiré partout où il allait, Ron admirait Harry. Mais il n'avait aucune des qualités de son ami.
Il n'était pas non plus une tête pensante. Il avait tout juste la moyenne en cours, étonnait plus par son humour ou son sens de la répartie que par sa logique et sa mémoire. Et puis, il n'était pas aussi beau qu'Hermione quand il réfléchissait. Elle avait deux petits plis qui se formait systématiquement au creux des yeux lorsqu'elle était fortement contrariée ou prête à résoudre un problème. Elle pouvait avoir l'air aussi pincée que le professeur McGonagal, tout en restant incroyablement sexy. Sur tous ces points, Ron ne pouvait rivaliser.
Il lui restait l'humour. Dans ce domaine-là, il était très fort. Presque imbattable. Mais aujourd'hui, il n'avait plus aucun sujet de conversation, ni aucune idée saugrenue. L'ennui avait tué ses idées et son envie de faire sourire ses amis.
Si seulement il avait fumé...
...il ne se serait pas levé, à cet instant. Il n'aurait pas crié sa rage et son ennui. Il n'aurait pas blessé ses amis par la douleur et la peur qui le faisaient souffrir depuis des semaines déjà. Peut-être qu'une cigarette entre ses doigts l'aurait suffisamment calmé.
Si seulement il avait fumé...
... il n'aurait pas rassemblé ses affaires sous les yeux d'une Hermione ébahie et incapable de bouger pour le retenir, incapable de le choisir, lui plutôt que Harry. Peut-être qu'une cigarette aurait freiné ses mouvements.
Si seulement il avait fumé...
... il aurait eu l'esprit ailleurs et les dents jaunes, mais il aurait été en compagnie de ses amis. Il ne les aurait pas abandonnés.
Ce soir-là, en chemin vers la Chaumière aux Coquillages, Ronald Weasley pris deux résolutions. La première était de retrouver ses compagnons, quoi qu'il lui en coûte. La seconde était de commencer à fumer.
Je rappelle à notre aimable assistance que fumer tue (pas envie de me retrouver avec une plainte de l'agence anti-tabac).
Je rappelle également que si fumer tue, commenter peut sauver des vies. Alors n'hésitez plus! Écrasez votre cigarette et pianotez vos impressions.
