Le cadeau d'une vie

"Un homme [une femme] qu'on aime est toute une famille."

Victor Hugo


Un mot avant tout :

Je me lance dans ce qui me fait le plus peur en tant d'auteur de fanfiction : un récit en plusieurs parties.

J'espère que ce défi que je me fais à moi-même portera ses fruits.

Il y aura 12 parties à cette fanfiction et elle se déroule dans ma vision du monde alternatif proposé dans la saison 1 de Shadowhunters.

Vous pouvez espérer un chapitre toutes les deux semaines, ponctué par un ou plusieurs OS de mon recueil « Mille et une histoire de Malec ».

Bonne lecture ! :)


PARTIE 1 – Une journée dans la vie d'Alexander Lightwood


A peine le réveil hurla sa sonnerie que déjà le jeune homme l'arrêta, parfaitement réveillé. Cela faisait une bonne demi heure qu'il fixait le plafond en attendant que l'heure soit venue de se préparer. Il n'était pas particulièrement un lève-tôt, mais il avait pris l'habitude d'être toujours prêt avant le reste de sa bruyante mais attachante fratrie.

En se levant, il ne put rater son reflet dans le grand miroir mural de sa penderie : sa peau pâle contrastait avec son bas de jogging noir lui tombant un peu bas sur les hanches. Ses cheveux d'un noir corbeau étaient dans tous les sens et son regard bleu azur semblait flou dans la lumière du petit matin.

Alexander Lightwood, appelé Alec par tous ses proches, était un homme très grand et à la silhouette bien dessinée malgré le peu de sport qu'il faisait. Il avait bien essayé le tir à l'arc dans sa jeunesse mais il avait dû faire d'autres choix pour son temps libre ensuite.

Un magnifique tatouage ornait tout son flanc gauche, allant de sa hanche jusqu'à la naissance de son épaule. Il représentait un enchevêtrement de fines lignes courbes et abstraites mais une personne attentive aurait pu y déceler la silhouette stylisée d'un ange en train de s'envoler. Il avait marqué sa peau sur un coup de tête quatre ans auparavant en apprenant que son frère était malade. Peu de gens avaient vu ce splendide ouvrage depuis.

Ne voulant pas perdre plus de temps, Alec alla prendre une rapide douche. En à peine quelques minutes, il ressortait habillé d'une paire de jeans noirs et un haut classique de la même couleur, ses cheveux encore mouillés mais domptés. Il n'avait jamais eu un grand sens de la mode et cela n'allait pas commencer aujourd'hui.

Beaucoup de gens durant ses études lui avaient fait la remarque que pour un homosexuel assumé, il n'avait pas vraiment le style qui allait : il n'était pas aguicheur ni soigné. La plupart des remarques n'avaient même pas énervé Alec : il n'avait vraiment rien à faire de l'avis des autres et se disait toujours qu'un tel point de vue voulait juste dire qu'encore beaucoup d'abrutis avaient des préjugés sur les gays.

La seule remarque qu'il prenait vraiment en compte, c'était quand son adorable sœur, Isabelle, se décidait à lui parler de ses vêtements : cela voulait souvent dire qu'il fallait quitter le pays quelques jours le temps qu'elle arrête de songer à le traîner dans un centre commercial…

Du haut de ses vingt-cinq ans, Alec avait terminé son cycle universitaire l'année passée et était maintenant enseignant-chercheur dans une des facultés de New York. Il devait d'ailleurs faire cours le matin même à une petite section d'étudiants en première année de lettres classique. C'était le deuxième semestre où il enseignait, et bien qu'il n'aimait pas trop le contact avec les autres, cette mission lui plaisait bien.

Il prit soin d'attraper sa sacoche de cuir ouvragé avec ses cours avant de descendre les escaliers. Il entendit vaguement sa sœur pester dans la salle de bain et cela le fit sourire. L'impressionnante maison des Lightwood s'éveillait : elle comportait sept chambres et trois salles de bain pour accueillir toute la fratrie et leurs parents. Les Lightwood avaient de l'argent : les parents dirigeaient une société d'import-export internationale spécialisée dans l'échange entre les États-Unis, l'Europe et la Chine. Autant dire qu'ils n'étaient pas souvent à la maison et que la famille ne manquait de rien.

Une fois dans la grande cuisine ouverte sur une salle à manger, Alec commença à préparer le petit déjeuner, comme chaque matin. Il prépara le café pour les plus âgés et un chocolat chaud aux épices pour son plus jeune frère. Il coupait le pain et préparait ses propres tartines quand son regard fut attiré par le grand calendrier accroché au frigo : il eut comme un coup de poing dans le ventre en se souvenant que le traitement de Max reprenait ce soir. Des fois, il lui arrivait d'en vouloir à la Terre entière...

Chassant ses idées noires au loin, il sortit le reste des affaires pour le petit déjeuner de chacun et prépara un petit verre de jus de fruit pour faire passer la quantité désespérante de cachets qu'il avait sorti pour son petit frère.

Une fois tout en place, il s'assit à la table de la salle à manger et sirota son café en relisant une copie qu'il devait rendre ce matin même, ayant besoin de se remettre dans l'écrit pour faire de meilleurs commentaires et retours dessus.

Regardant l'heure, Alec se fit la réflexion que sa sœur mettait vraiment beaucoup de temps pour descendre et qu'à ce rythme, elle allait être en retard pour son rendez-vous.

« Izzy ? » Appela-t-il d'une voix forte en l'entendant bouger sur le palier du premier étage.

« Oui ! » Lui répondit une voix anxieuse.

« Viens manger quelque chose. » Proposa-t-il fermement.

Au bout de quelques minutes, sa sœur montra le bout de son nez dans la cuisine, les mains encore à travailler dans ses cheveux noirs qu'elle essayait de dompter dans un chignon soigné-négligé.

Elle était habillée plus classique que d'habitude et cela lui allait très bien. Elle portait une jupe noire longue et serrée qui faisait ressortir la longueur interminable de ses jambes. Elle n'avait pas pu s'empêcher de mettre un t-shirt gris perle avec un jolie col en V avec écrit dessus « The Cake is a Lie » (1) en lettres dorées. La tenue était rendue formelle par une veste cintrée noire du plus bel effet ainsi que des talons vertigineux. Alec se disait que dans le milieu de l'informatique, peu de personne attachait d'importance au style vestimentaire et il s'en réjouissait pour sa sœur.

« Tu es parfaite dans cette tenue ma Princesse... » Accueillit Alec avec un sourire franc qui illuminait ses yeux.

Isabelle Lightwood était le genre de femme magnifique, aux courbes gracieuses et épanouies, qui ne se rend pas compte de son charme et de ses atouts. Éternelle Geek, elle préférait largement se faire des couettes et porter des t-shirt informes aux slogans tirés de la pop-culture que de s'habiller en parfaite petite poupée Barbie.

« Et toi tu es trop gentil avec moi ! » Répondit la jeune femme en rougissant avant de poursuivre. « Tu es sûr que ça va la tenue ? C'est pas trop ? »

« Je trouve ça très approprié pour un entretien dans une agence de communication. » Rassura Alec, toujours souriant.

« C'est mon premier entretien depuis la fin de mes études, je suis tellement stressée… ! » Poursuivit-elle sans même reprendre son souffle.

« Je sais, Izzy, mais tout va bien se passer. »

« C'est facile à dire... » L'accusa-t-elle en s'asseyant à la table alors qu'Alec lui tendait une tasse de café et sa propre tartine.

« Oui c'est facile à dire parce que je sais que tu es tout à fait capable dans ton domaine et que le directeur de cette agence là… Comment ça s'appelle déjà ? »

« Le Labyrinthe en Spirale. » Fit-elle tout de suite.

« Oui voilà, si le directeur de cette boîte ne t'engage pas, c'est qu'il est idiot c'est tout. » Expliqua Alec avec calme et sans quitter son sourire.

Isabelle se jeta sur son frère, manquant de renverser la table dans son élan et embrassa sa joue bruyamment avant de l'étreindre dans un énorme câlin qui aurait pu étouffer un bœuf. La jeune femme avait beaucoup de force...

« Tu sais que tu es le meilleur Alec ? » Murmura-t-elle à son oreille avant de le lâcher.

« Mange quelque chose. » Répliqua-t-il rieur en lui faisant signe de la tête vers la tartine abandonnée.

« Je retire ce que j'ai dit... » Se vexa Isabelle.

« Allez ! » Insista Alec en lui lançant un regard noir.

« Bon d'accord. »

« Bonne fille ! » Souffla-t-il alors en lui tapotant l'épaule.

Le regard outré de sa sœur fit rire Alec alors qu'elle essayait de ne pas recracher de rage sa bouchée de pain.

« Bon et sinon cette entreprise, tu as envie d'y travailler au moins ? » Détourna Alec en allant se servir un autre café et prenant par la même occasion une pomme pour sa sœur.

« Si j'ai envie ? Tu es sérieux Alec ? »

Il savait qu'en la branchant sur Le Labyrinthe en Spiral, il avait de quoi la faire parler pendant des heures…

« Je crève d'envie d'y bosser ! Tout le monde dans ma promo en rêve. C'est genre l'agence web dont tout le monde parle. Ils viennent de signer un contrat avec Chanel pour refaire leur site tu te rends compte ? » S'extasia Isabelle, le regard plein d'étoiles.

« Pas vraiment, mais vu ton enthousiasme... »

« Tout ça c'est grâce à leur fondateur et actuel directeur : j'ai entendu dire qu'il était un des plus bels hommes de New York et que c'est un vrai bourreau de travail. »

« Hum hum. » Répondit Alec en reprenant une gorgée de café.

« Et leur slogan ! Il est TELLEMENT original pour une agence de communication... » S'écria-t-elle toute excitée en se laissant glisser sur le dossier de la chaise.

« Quelque chose de magique entre nous, non ? » Se rappela-t-il, songeur.

« Ha bah tu vois que tu m'écoutes parfois ! » Sourit-elle en se redressant sur sa chaise.

« Il nous écoute toujours Izzy, tu sais bien ! » Fit une voix amusée derrière Alec.

Un grand jeune homme blond comme les blés se tenait juste derrière la chaise d'Alec et profita de son inattention pour lui voler sa tasse de café. Ses yeux bleus étaient rieurs et toute sa silhouette respirait la joie de vivre et une certaine suffisance inhérente aux personnes fortunées.

« Jace... » Se plaignit Alec pour la forme.

Son frère adoptif avait la fâcheuse tendance à lui piquer ses affaires et cela depuis leur enfance. Mais il laissait toujours couler parce que c'était son petit frère, lui aussi, et qu'il ne devait pas s'énerver pour si peu. Vu les bêtises qu'était capable d'accomplir sa fratrie, il valait mieux pour lui être d'un calme olympien la plupart des jours.

Parce que oui, Jonathan Herondale était un petit fauteur de trouble depuis son plus tendre âge. Il était devenu un peu plus calme depuis qu'il essayait d'entrer dans la police comme analyste scientifique mais son caractère joueur et son esprit de compétition l'avaient souvent mené au devant de problèmes plus ou moins graves.

« Il y a une fête chez Sébastien ce soir pour fêter la fin des examens, vous voulez venir ? »

C'était ce genre de phrase, jetée au détour d'une conversation, qui terrifiait secrètement Alec : les fêtes organisées par Jace et Sébastien ne finissaient jamais bien…

« Oh oui ! » S'écria Isabelle en se levant de sa chaise avant de poursuivre sur un ton plus timide. « Il y aura Simon tu penses… ? »

Voilà encore autre chose, pensa Alec en voyant des rougeurs s'épanouir sur les joues de sa sœur. Il faudra qu'il s'occupe de ça aussi…

« Si il y a Clarissa, il y a Simon tu sais bien. » Répliqua Jace, inconscient que cette réponse ne calmerait pas du tout la jeune femme.

En effet, Sébastien, meilleur ami de Jace depuis le lycée et tentant de rentrer aussi dans la police, avait une petite sœur prénommée Clarissa. Cette dernière venait de commencer sa première année dans une prestigieuse école d'Arts de New York et son meilleur ami, Simon, ne la quittait que rarement. Elle était la petite amie de son frère depuis quelques mois déjà. Et cela n'avait pas été facile de convaincre Sébastien que son meilleur ami n'était pas un vil traite dévergondant sa sœur adorée… La réputation de Jonathan n'était plus à faire : il avait dû sauter la moitié des femmes dans la vingtaine de la ville. Alec comprenait totalement la réaction de Sébastien en y repensant.

Mais aussi étonnant que cela puisse paraître à l'époque, son petit frère était vraiment sérieux avec Clary et il en semblait un peu plus amoureux chaque jour. S'en était même écœurant de mièvrerie certains jours.

« Tu viendras Alec ? » Demanda Jace en lui volant sa dernière tartine.

« Je vais y réfléchir. » Répondit-il d'un air un peu absent alors qu'une nouvelle personne entrait dans la pièce.

« Je suis invité moi ? » Demanda Hodge en souriant à toute la petite famille.

Hodge Starkweather était un homme un peu plus petit qu'Alec et aux cheveux châtain clair. Bien portant et toujours tiré à quatre épingles dans ses costumes sur mesure, il portait depuis des années une barbe soignée qui lui allait à ravir. Il vivait avec eux depuis plus de douze ans maintenant et secondait ses parents dans la lourde tâche de diriger l'entreprise. Alec avait toujours refusé de se lancer dans le commerce international malgré le fait qu'il était l'héritier direct. L'arrivée de Hodge dans sa vie avait été un véritable soulagement.

Avec le temps, Hodge avait perdu son accent français mais Alec n'oubliait pas qu'il était le fils aîné du directeur de la branche parisienne de l'entreprise familiale. Parfois, il regrettait un peu que cet accent ne ressorte plus…

« Si tu arrives à te libérer, Monsieur le Directeur Adjoint, tu es le bienvenu ! » S'amusa Jace en lui tirant la langue.

« Allez, monte dans la voiture du Grand Directeur Adjoint que je te dépose avant de changer d'avis, petit ingrat ! » Répondit fermement Hodge en lui montrant la porte du doigt.

Jace disparût en riant dans la pièce d'à côté et un petit bonhomme tout endormi le remplaça discrètement à la table. Max était le rayon de soleil d'Alec, son petit frère adoré. Il ne se lassait pas de voir sa petite bouille toute somnolente le matin et ses cheveux un peu trop longs en bataille.

Il se leva prestement pour lui faire réchauffer son chocolat et l'embrassa sur la joue pour lui dire bonjour au milieu de la cacophonie matinale de la maison. Max lui fit un petit sourire engourdi et se laissa tomber dans son chocolat chaud. Hodge ébouriffa les cheveux du petit garçon et posa une main qui se voulait rassurante sur l'épaule d'Alec en le voyant apporter les médicaments du petit sur la table.

« Je peux rentrer tôt si tu veux ce soir. » Proposa Hodge en cherchant le regard d'Alec.

« Non, fais comme tu avais prévu, je me charge de tout. » Répondit Alec dans un sourire rassurant.

« Comme tu veux. » Céda l'homme d'âge mûr en s'écartant de la table. « Bon courage pour ton entretien Izzy, tu vas tout déchirer ! » S'écria-t-il ensuite en faisant un petit signe de la main et prenant le chemin de la sortie.

Isabelle s'approcha de son petit frère pour discuter joyeusement avec lui et Max se réveilla un peu plus au contact tendre de sa sœur. Alec profita de ce moment calme pour finir de préparer le repas du midi pour l'écolier : il n'avait pas hérité des talents culinaires de sa mère, mais il avait appris à préparer des repas simple, nourrissants et équilibrés pour Max. Les repas proposés à la cantine de son établissement scolaire n'étaient pas du tout adaptés et il avait dû y remédier.

Il finissait de remplir le petit sac de nourriture sous les babillages rassurants de sa famille quand il remarqua qu'il était l'heure de partir.

« Izzy, tu devrais penser à décoller sinon tu seras en retard... » Rappela-t-il gentiment.

« Oh mon dieu ! » S'écria la jeune femme en se redressant, bousculant un Max rieur dans son mouvement brusque.

« Je peux te déposer si tu veux. » Offrit Alec.

« Non non je vais y aller en métro ! » Lâcha-t-elle alors qu'il ne voyait déjà plus sa silhouette.

Alec se tourna vers son petit frère en souriant.

« Tu es sûr de vouloir aller à l'école aujourd'hui ? Je peux m'arranger pour que tu viennes au travail avec moi... » Proposa Alec d'un air soucieux.

« Non, je veux y aller. » Répondit calmement mais fermement le petit.

« Alors termine ton petit déjeuner et on y va aussi. »


Alec rangeait ses feuilles de cours alors que la séance venait de se terminer. Il soupira, il avait un peu froid malgré son pull, et en fermant sa sacoche il remarqua qu'une demi douzaine d'étudiants attendait pour lui parler devant son bureau. Il leur fit un petit sourire en les invitant à parler et il fut étonné de voir certaines filles du groupe rougir. L'hiver approchait à grands pas, il fallait qu'il pense à mettre une écharpe à Max demain pour ne pas qu'il attrape froid…

« Professeur Lightwood, si vous avez une minute, j'ai une question sur le prochain devoir. » Se lança une jeune femme à la peau foncée et aux cheveux étonnamment épais, les joues un peu roses.

« Je vous écoute. » Répliqua-t-il avec politesse et calme.

Il écouta la jeune femme lui poser des questions pas très pertinentes mais il ne s'offusqua pas même si il semblait qu'elle n'avait pas écouté une seule seconde ses conseils sur le devoir. Il avait l'habitude de se répéter et sa patience ne semblait pas avoir de limites.

Il prit le temps de répondre à chaque interrogation avant de prendre congé poliment. Il devait aller manger avant de retrouver un de ses collègues du département d'archéologie pour discuter d'une traduction qu'on lui avait demandé de faire. En tant que doctorant en littérature comparée spécialisé en grec ancien et latin, des spécialistes d'universités lui demandaient parfois de l'aide sur des traductions liées aux antiquités. C'était une partie de son travail qu'il aimait beaucoup.

Après avoir acheté un casse-croûte dans une cafétéria de la faculté, il alla s'asseoir sur un banc sous les arbres du parc proche de son bureau de recherche. Il profitait du pâle soleil de cette fin d'automne en regardant passer les étudiants, perdu dans ses pensées. Il se sentait bien ici.


Après avoir récupérer une bricole à la pharmacie de l'hôpital, Alec passa devant l'école de Max pour le ramener chez eux. Il avait reçu un SMS d'Isabelle un peu plus tôt lui demandant de rentrer dès que possible. A priori, soit son entretien c'était très bien passé et il allait passer des heures à l'entendre roucouler, soit c'était l'inverse et la fin du monde était proche.

Il eut à peine le temps de poser ses affaires dans l'entrée qu'une masse lui fondit dessus avec énergie.

« Je suis engagée ! » S'extasia Isabelle, ivre de bonheur en serrant encore un peu plus son grand-frère contre elle.

« Je suis fier de toi. » Murmura Alec en lui rendant son étreinte.

Max leur passa devant avec un grand sourire et Isabelle l'attrapa pour valser avec lui à travers la maison, leurs rires éclatant quand ils faillirent renverser un des meubles du salon…

« Oh mon dieu Alec, je suis tellement contente ! »

« Je vois ça. »

« A partir de la semaine prochaine, je serai développeuse chez Le Labyrinthe en Spirale ! » Hurla presque la jeune femme avant lâcher un petit cri de victoire.

« Tu es dingue... » S'inquiéta Alec en secouant la tête.

« Dingue de cette entreprise oui ! » S'enthousiasma-t-elle toujours plus.

Alec lui offrit un sourire indulgent. Il se souvenait de la joie qu'il avait ressenti en obtenant son premier emploi l'année passée. Isabelle, du haut de ses vingt-deux ans, avait eu un parcourt non sans difficultés dans le milieu très masculin de l'informatique et du développement. Ses qualités de concentration et d'adaptation en faisaient une recrue de choix pour les entreprises. Il n'avait jamais douté qu'elle trouverait une place dans l'agence de ses rêves.

« Alec, tu m'écoutes ? » Demanda Isabelle en faisant la moue.

« Oui, excuse-moi j'étais perdu dans mes pensées. »

« Je te disais que le patron de l'agence est à tomber ! » Lui fit-elle dans un clin d'œil.

« Je pensais que tu avais des vues sur Simon ? » Contre-attaqua-t-il, l'air mauvais.

« Il n'y a rien avec Simon ! » S'empourpra tout de suite la jeune femme avant d'ajouter comme si de rien n'était. « Je pensais plutôt te le présenter en vrai, je crois qu'il est gay. »

Alec lui lança un regard interdit avant d'exploser de rire, s'asseyant dans un fauteuil.

« Avant d'essayer de me caser avec n'importe qui, va plutôt t'occuper de ta propre vie sentimentale ! »

« T'es méchant ! » S'offusqua la jeune femme en se laissant tomber dans le grand canapé.

« Non, réaliste ma chère sœur. »

Isabelle lui tira la langue dans un geste très puéril au moment où Jace entrait dans le salon.

« Y a de l'ambiance ici, ça fait plaisir ! » S'amusa-t-il en regardant sa famille faire semblant de se regarder en chien de fusil.

Max lisait dans un coin du canapé et Isabelle tentait à présent de le déconcentrer dans sa lecture en lui faisant des chatouilles.

« Izzy, toujours partante pour ce soir ? » Fit Jace en la coupant dans son activité.

« Bien sûr. »

« Et toi Alec ? » Demanda-t-il même si il connaissait déjà la réponse à cette question.

« Non, je vais me reposer ce soir. En plus Hodge ne rentrera que tard. » Informa Alec calmement.

« Mais Alec, viens un peu t'amuser avec nous.. ! » Supplia Isabelle en lui faisant un regard de chien battu.

« Ne te fais pas d'illusions, Izzy. Quand il vient avec nous, c'est uniquement pour nous surveiller ! » S'amusa Jace d'une voix moqueuse.

« Et je me garderai bien de vous voir batifoler toute la soirée, merci. » Répliqua l'intéressé en leur faisant les gros yeux à tous les deux.

Max sembla s'amuser de la joute entre ses frères et sa sœur, le nez toujours dans son livre. Alec lui fit un sourire attendri.

« Comme tu veux Alec. » Répondit simplement Isabelle, vaincu comme d'habitude par le sourire de son frère pour le cadet de la famille.


Bien plus tard, alors que la maison était enfin calme, Alec regardait ses mains gantées de latex bleu alors qu'il préparait les soins de Max. Il avait suivi une formation pour pouvoir donner le traitement de son petit frère dans l'intimité de leur foyer plutôt qu'à l'hôpital.

Aujourd'hui commençait une nouvelle étape qui durerait trois mois et il n'avait pas très envie de penser aux conséquences de ses prochains actes. Il attrapa tout ce dont il avait besoin et rejoignit Max qui s'était déjà allongé dans le canapé en l'attendant. Ce petit était tellement courageux. Il reprit ses esprits et alla déposer un baiser affectueux sur le haut du crâne de son petit ange.

« On regarde quoi cette fois ? » Dit-il en maîtrisant sa voix le plus possible.

« One Piece ! » Proposa Max de son sourire angélique.

« Pourquoi je demande encore... » Soupira Alec en riant à moitié.

Il regardait Max remettre avec la télécommande la saison du manga là où ils s'étaient arrêté la dernière fois. Il s'approcha de lui et lu une totale confiance dans les prunelles vertes en face de lui. Il prit tout le courage qu'il lui restait et fit un magnifique sourire à son petit frère.

Il chercha de sa main le DVI (2) qui sommeillait sous la peau de la clavicule de son frère et vérifia que tout était en ordre avant d'y planter le cathéter relié à la poche de produit qu'il fallait injecter ce soir.

Il se perdit quelques secondes à regarder les cils étonnamment longs du garçon en face de lui, ses joues pleines de rondeur de l'enfance et ses cheveux en bataille. Bientôt ces joues seraient de nouveau creuses et moins roses, ces cheveux tomberaient et la lueur de joie sera remplacée par de la douleur.

Mais il ne voulait surtout pas penser à ça alors qu'il installait le système qui, comble de l'ironie, empoissonnait le petit corps autant qu'il ne le soignait. Il avait du mal des fois à assumer d'être le responsable de toute cette souffrance mais il savait que rien d'autre ne pouvait être fait. Ils avaient déjà tenté beaucoup de choses moins invasives…

« C'est tout bon, grand frère ? » Souffla Max en touchant le bras de son frère d'un geste apaisant.

« Oui, petit ange. Tout est prêt. » Répondit-il sur le même ton tendre en se redressant.

Alec alla ranger tout le matériel et revint s'asseoir sur le canapé. En à peine une seconde, Max avait posé la tête sur ses genoux et ils fixaient l'écran en face d'eux, les mains d'Alec perdues dans la tignasse noir charbon à sa portée.

« Tu crois que Luffy arrivera un jour à devenir le Seigneur des Pirates ? » Demanda Max avec entrain.

« J'espère pour lui... » Soupira-t-il dramatiquement en rigolant.

Sa vie pouvait paraître imparfaite, mais Alec était heureux.


Fin de la partie


Notes et références :

1. « The Cake is a Lie » est une référence du jeu vidéo Portal.

2. Un DVI (ou chambres à cathéter implantables) est un petit dispositif sous la peau au niveau de la clavicule qui permet de dispenser une chimiothérapie et éviter d'abîmer les artères du patient en le piquant trop souvent.


Ok c'est fini pour le premier chapitre.

C'est très dense mais il fallait que je plante le décor.

Le prochain chapitre sera centré sur Magnus.

J'espère que ça vous plaît.

A dans 2 semaines ! :P

Pouic