NdT :Toute review sera transmise à l'auteur. Merci d'avance pour elle.
NdA : La fiction qui suit est inspirée d'une histoire vraie, celle de la vie de Grace Gifford. Grace était mariée à Joseph Plunkett, l'un des rebelles exécutés après l'insurrection de Pâques 1916 ("Pâques Sanglantes") en Irlande. Leur mariage eut lieu à minuit à Kilmainham Gaol, à Dublin, et Joseph fut mis à mort à l'aube du matin suivant. J'ai entendu cette histoire en visitant Kilmainham l'année dernière, et depuis, elle ne m'a pas quittée. J'espère avoir rendu justice à l'histoire de ce couple.
Disclaimer : Harry Potter et tous ses personnages appartiennent à JK Rowling. Le texte suivant est inspiré de la fiction originale "As Dawn Breaks", écrite par AdelaideArcher.
"Severus Rogue, la Confédération Internationale des Sorciers vous déclare coupable du meurtre d'Albus Dumbledore. Vous êtes condamné à une mise à mort par peloton d'exécution sorcier au petit matin du 3 juin de l'année 1998".
Aux mots du juge de la cour suprême, Hermione sentit son sang se glacer. Kingsley Shacklebot, le nouveau Ministre, l'avait bien prévenue qu'il y avait toutes les chances pour que la C.I.S. condamne Rogue, mais elle n'y avait pas cru. Après tout, ses souvenirs, les preuves fournies par le tableau de Dumbledore et le témoignage d'Harry Potter lui-même laveraient sans aucun doute son nom de toute tache. Pourtant, la C.I.S en avait jugé autrement. Les souvenirs de Rogue, affirmaient-ils, avaient été falsifiés. La parole du portrait de Dumbledore n'était pas recevable dans un dossier judiciaire étant donné que le témoin n'était plus de ce monde. Le témoignage d'Harry Potter n'avait pas de valeur, puisque son jugement était altéré par sa douleur et sa culpabilité quant aux conséquences de la guerre. L'homme qu'elle aimait était condamné à mort.
Hermione jeta un regard à Severus ; leurs regards se croisèrent, pleins d'une même expression d'angoisse. Ses lèvres tressautèrent légèrement vers le haut dans un effort de sourire, avant de se mettre à trembler, et il les pressa l'une contre l'autre sans ménagement. Le moment était arrivé : on ne pouvait pas faire appel après le jugement de la Confédération Internationale des Sorciers.
La cour n'avait pas été émue par l'histoire de la relation d'Hermione et Severus. Ils écoutèrent, impassibles, l'histoire d'Hermione qui, en décembre, avait découvert un Professeur Rogue ensanglanté et brisé, allongé dans un corridor des cachots, encore agité de convulsions après être passé sous la baguette de Bellatrix Lestrange, qui avait usé du sort Doloris avec enthousiasme. Hermione avait pansé ses plaies et l'avait fait léviter jusqu'à l'aile de l'infirmerie, où elle avait aidé Madame Pomfresh à stabiliser son état. Depuis ce jour, elle ne l'avait plus jamais vu comme avant. Désespérée de pouvoir jamais aider cet homme, elle était allée quérir Professeur Dumbledore. Les yeux du Directeur avaient pétillé d'une façon dont lui seul avait le secret, et il avait proposé qu'elle poursuive son année d'apprentissage avec le Professeur Rogue, une fois qu'il en serait capable. Le dit Professeur, comme on aurait pu s'y attendre, avait blêmi quand il lui avait annoncé la nouvelle. Dumbledore s'était montré insistant.
Les premières semaines de l'apprentissage avaient été à la limite du supportable. Le Professeur Rogue ne lui faisait que trop comprendre qu'il ne voulait pas d'un apprenti, surtout d'un agaçant Gryffondor. Plus d'une fois, Hermione était sortie de la salle des Potions en pleurs. Mais leur relation avait changé après qu'elle l'ait trouvé une nouvelle fois torturé et à l'agonie. Madame Pomfresh était absente. Le Professeur Dumbledore n'avait été d'aucune aide. "Miss Granger, vous avez par le passé assisté Madame Pomfresh. Cette fois, vous saurez vous débrouiller seule avec Severus."
Et c'est ce qu'elle fit, mortifiée. Cette fois, les jours passèrent sans que son état ne se stabilise. Hermione grappillait de petites poignées d'heures de sommeil par-ci par-là, souvent réveillée par les cris d'un homme qui souffrait, physiquement et mentalement, le martyre. Dans son désespoir, elle s'accrochait à lui à chaque fois qu'il recommençait à hurler. Les crises commencèrent à s'espacer. Elle ne le lâcha plus. Quand il s'éveillait, il la regardait avec tant d'émerveillement, tant de mélancolie et tant de volonté dans les yeux qu'elle ne le lâchait pas. Quelques heures plus tard, quand il se réveilla pour de bon, il tenta de la chasser de ses appartements, mais elle n'irait nulle part; au moins jusqu'à ce qu'il reconnaisse que ce qui avait été un apprentissage était maintenant une amitié.
Deux semaines plus tard, ils firent une découverte dans la préparation d'une potion dont ils espéraient qu'elle pourrait affaiblir Voldemort. Dans son excitation, elle se jeta dans ses bras. Il la fit tournoyer dans les airs, tous deux riant aux éclats jusqu'à en perdre le souffle. Il la reposa à terre. Elle leva les yeux vers lui. Elle remarqua vaguement des nuages de poussière voler dans l'air, révélés par la lumière de la bougie posée sur le banc. Elle se retrouva le souffle coupé. Les yeux de Severus gagnèrent en intensité à mesure qu'il fixait les siens. Il haussa les sourcils dans une question muette. Elle se mordit la lèvre et hocha la tête. De façon exquise, avec une lenteur d'agonie, il approcha ses lèvres des siennes. Le rythme de son coeur se mit à gronder dans ses oreilles. Il laissa doucement glisser sa langue jusqu'à l'entrée de ses lèvres. Elle ouvrit la bouche et sentit sa langue de velours caresser la sienne. Des minutes, des heures, une éternité passèrent. C'est à ce moment-là qu'Hermione réalisa qu'elle appartenait à jamais à cet homme.
L'incroyable se produisit : il ressentait la même chose. Leur relation grandit, jour après jour. Il se mit à lui confier des choses, des petites choses d'abord, au sujet de son passé. Le jour où il lui parla de Lily Evans, elle pleura. Celui où il lui expliqua comment il avait rejoint les Mangemorts, elle sanglota tout contre son bras, convaincue qu'il existait ici des gens qui l'appréciaient, qui l'aimaient, qui voulaient qu'il reste. Puis était arrivé le terrible moment de la trahison, celui où Voldemort avait refusé de garantir la sécurité de Lily.
Elle apprit sa soumission à Dumbledore, et comment, ce jour-là, il avait endossé le rôle ingrat d'espion. Il lui parla de sa mère, de son abusif et alcoolique de père. Elle connaissait son amour pour les groupes de rock moldus des années 70, et son addiction au chocolat noir fourré à la cerise.
Pour finir, il lui dit ce qu'elle savait déjà : à quel point il l'aimait, à quel point il l'adorait, à quel point il voulait finir sa vie avec elle, l'imaginait enceinte de leurs enfants.
Il ne lui dit pas qu'il était sur le point de tuer Albus Dumbledore.
Hermione se souviendrait toujours du choc et de l'incrédulité qui la traversèrent quand elle apprit la nouvelle. S'ensuivirent des mois de lutte dans le brouillard, de tentatives désespérées de convaincre les garçons que tout allait bien, de pleurs qui l'empêchaient chaque soir de trouver le sommeil, d'errements interminables dans cette tente de fortune.
Puis, un soir, un patronus avait rendu visite à Harry. Hermione, restée seule dans la tente, s'était aventurée au dehors, sans dépasser l'entrée du bois, se demandant où Harry était parti. Un bras jeté dans sa direction, qui la serra contre elle, une main plaquée sur la bouche étouffant son cri. "C'est moi, Hermione, c'est moi."
Pleurant de rage, elle se tourna vers lui et frappa son torse de ses poings, encore et encore. Au bout d'un moment, elle s'était écroulée dans ses bras. "Pourquoi ? Je sais que tu n'es pas un homme mauvais. Pourquoi as-tu fait ça ?"
Une heure plus tard, Hermione se trouvait souffle coupé face à l'horrible stupidité des projets grandiloquents de Dumbledore.
"Mais, Hermione, je suis là, maintenant. Est-ce que tu me le pardonneras un jour ?"
Un entremêlement de bras et de jambes, de mots murmurés avec fièvre, de longs et passionnés baisers, de gémissements et de soupirs. Un nouveau sentiment, celui d'appartenir à quelque chose, d'être purement et simplement là où elle aurait toujours du être. Un bref instant de souffrance, une excuse apaisante ; une construction, une chute, une destruction, mais toujours, et à jamais ensemble.
Quelques mois encore de rencontres volées, de brefs baisers. Le talent d'Hermione pour le sortilège Protéiforme fut mis à profit. Des messages de peu de mots, mais une multitude d'émotions brûlaient la pièce ensorcelée.
La bataille finale. Le serpent, rampant jusqu'à l'homme qu'elle aimait pour l'attaquer. La culpabilité tenace d'abandonner Severus dans la cabane. De la révulsion quand, dans l'enthousiasme du moment, Ron l'avait embrassée. De la rage et de la douleur quand son meilleur ami était mort. De la joie, une joie douce amère quand Harry était revenu à la vie et avait tué Voldemort.
Retournée dans la cabane avec Harry, qui avait surpris la naissance de leur idylle dans les souvenirs de Severus. Harry, un vrai saint dans sa quête de laver définitivement le nom de Severus. Harry, qui avait été le premier à remarquer que Severus respirait encore.
Des semaines à Sainte Mangouste, des gardes postés devant la porte. Harry, qui était intervenu auprès de Kingsley Shacklebot pour autoriser Hermione à accéder à la chambre de Severus. Severus, acclamé en héros par la majorité du monde des sorciers, condamné pour meurtre par la C.I.S. qui, par politesse internationale, avait voulu s'imposer dans la recherche des Mangemorts encore vivants.
Des promesses, une demande en mariage, dans les larmes, dans la joie acceptée.
Un procès. Une farce. Un mensonge.
"Hermione, Kingsley est là pour t'emmener voir Severus". La voix d'Harry était douce, bien qu'éraillée par les larmes retenues.
Minuit. La cellule était sombre, humide, sans une âme qui vive. Une bougie crépitait. Les promesses d'autrefois furent honorées. Une bague – un bouton transformé à la hâte - chargée de protection, d'amour, de sacrifices. Des réponses échangées à voix basse, des yeux noirs ne quittant pas les yeux noisette.
"Vous disposez de dix minutes avec votre mari."
Dix minutes volées à l'éternité.
Dix minutes, l'envie de tout se dire et aucun mot pour l'exprimer.
Dix minutes pour mémoriser la sensation de ses bras autour d'elle, de ses lèvres sur les siennes, de son odeur, de son essence.
Dix minutes.
Hermione agrippa une tasse de thé ébréchée, prêtant à peine attention au fait qu'elle était chaude. L'attente était intolérable. Chaque minute sonnait plus lentement, plus lourdement que la précédente.
Le peloton d'exécution ne parvenait pas à viser Severus, encore trop faible pour se tenir debout. Ils le ligotèrent à une chaise en bois. Un mouchoir couvrit ses yeux. On accrocha un linge blanc sur sa poitrine.
Le craquement des pas sur le gravier. Les instructions de la C.I.S, murmurées, à peine audibles.
Le silence, rendu sourd par les battements de son coeur.
Dix baguettes s'élevèrent. Un compte à rebours.
Un éclair de lumière verte.
Parti.
