Prologue

─Aller, encore un petit effort !

Poussant légèrement les branches de bambous qui se trouvaient devant elle, la jeune fille avança prudemment dans la forêt chinoise dans laquelle elle vivait. Tout autour ne se trouvait que de luxuriantes plantes vivaces aux surfaces multicolores.

Teintée de brun, de vert, de jaunes ou de rose, chaque plantes qu'elle voyait était un émerveillement pour ses prunelles. Les pieds nu, elle marchait dans la vase et essayait de ne pas s'enfoncer, le sol boueux ensevelit sous l'eau clair l'emprisonnant de temps à autres. Au loin, elle pouvait voir le rivage verdoyant qui se rapprochait d'elle.

Faisant onduler lentement la surface liquide et cristalline, la jeune fille continua son avancée dans la vase alors que le soleil venait la frappée en plein dans le cou. Les heures avaient fortement augmentées depuis qu'elle avait quittée sa cahute qui lui servait de résidence.

Heureuse de pouvoir enfin quitter le ruisseau vaseux, la jeune fille leva la jambe droite et posa pied sur le sol doux et chaud de la berge. Sentir le contact de l'herbe chauffée par le soleil sur sa plante de pied lui arracha un petit sourire qui la combla de joie.

Humectant l'air tout en défaisant le chignon qu'elle s'était faite pour ne pas mouiller ses cheveux, elle les laissa cascader le long de son dos. Les rayons du soleil vinrent alors se refléter dessus, donnant à sa chevelure brune des reflets cuivrés. Ses yeux ambrés, quant à eux, pétillaient de bonheur face à tout ce qui s'offrait à elle.

Alors qu'elle se retrouvait seule après dix sept bonnes années de vie commune avec ses parents, elle pouvait enfin profiter de la liberté qui lui avait été donnée à la mort de ces derniers. D'abord attristée par ce qui lui arrivait, elle avait enfin prit conscience que ses parents venaient de lui offrir un cadeau inestimable dont elle devait profiter un maximum avant qu'il ne lui arrive aussi un désastre, quel qu'il soit.

Prenant sa sacoche en bambou dans son dos, elle l'ouvrit et en ressortit son pantalon en lin bleu azur qui complétait le reste de sa tenue. Le réenfilant, elle s'assura en même temps que personne ne se trouvait dans les alentour afin de pouvoir se rhabiller à son aise.

Trouvant le lieu assez calme, elle décida d'y rester pour la nuit et, avant que le soleil ne décide de se coucher, ce dernier se trouvant proche de l'horizon, elle se dépêcha de faire le tour pour trouver quelques branches à flamber.

Revenant au bout de dix minutes, les bras chargées de brindilles de diverses épaisseurs, elle les déposa sur l'herbe fraiche et ramassa quelques pierres qu'elle disposa en cercle avant de remplir ce dernier de pierres plus épaisses. Aimant trop la nature, elle ne voulait pas que cette dernière soit calcinée par son feu de nuit. En faisant en sorte de surélever son feu, elle protégeait ainsi la nature de toute destruction.

Après vingt bonnes minutes à frapper deux silex l'un contre l'autre, elle finit par avoir des petites étincelles qui vinrent finir leur course sur les brindilles qui prirent feu instantanément. Soufflant un tout petit peu en-dessous pour que le feu prenne bien, elle finit par sourire, heureuse de ce qu'elle venait de faire toute seule.

Alors qu'elle allait sortir ses ustensiles de cuisine, un bruit vint à quelques mètres d'elle, la pétrifiant sur place. Écartant les quelques mèches rebelles qui venaient souvent danser devant ses yeux, elle n'osa pas bouger durant quelques secondes, scrutant l'angélique de chine qui se trouvait devant elle.

─Qui va là ! Dit-elle d'une voix tremblante avant de reprendre un petit peu plus d'assurance. Répondez !

N'entendant plus rien, elle finit par hausser des épaules et retourna à sa préoccupation quand le bruit revint, l'obligeant à retourner la tête dans la même direction qu'auparavant. Ne trouvant pas cela normal, elle laissa sa main glisser lentement sur la surface fraiche de l'herbe, cherchant, à tâtons, l'un des couteaux qu'elle avait emporté de la maison familial et qu'elle venait de sortir de son sac de voyage.

─Qui va-là ! Répéta-t-elle pour la seconde fois en l'espace d'une minute.

Une fois que ces doigts se refermèrent sur le manche, elle le tira lentement vers elle quand elle sursauta de peur, pointant le bout de la lame droit devant elle à une vitesse surprenante tout en fermant les yeux et en laissant un cri s'échapper du fond de sa gorge.

Un bruit sec de craquement lui indiqua que quelque chose venait de s'écraser face à elle mais, terrifiée, elle n'osa pas ouvrir les yeux quand un faible sifflement lui arriva à l'ouïe après quelques secondes de silence.

Lentement, mais tremblotante des pieds à la tête, elle finit par prendre courage et ouvrit les paupières afin de voir ce qui se trouvait, dorénavant, avec elle.

Couvert de boues, de poussières et de sangs, un homme reposait là, les yeux clos. Ses vêtements, déchiré de toute part, laissaient entrapercevoir des morceaux de chaires ensanglantés ou brulés.

Dans un dernier soubresaut de réalité, l'homme ouvrit, avec difficulté, ses paupières tout en levant la tête vers elle et laissa, à la jeune fille, tout le loisir d'observer ses pupilles bleu marine presque vide de vie. N'en pouvant plus, l'homme tourna des yeux et finit par fermer les paupières alors que ça tête, aussi lourde que du plomb, s'écrasa à même le sol, laissant un petit nuage de poussières se former autour de cette dernière.

Comprenant que la vie de l'homme face à elle était en danger, elle se leva prestement, jetant son couteau sur le sol où il alla se planter et accouru vers l'étranger qu'elle retourna sur le dos prestement, lui permettant de pouvoir respirer convenablement.

Passant ses bras sous les épaules de l'homme, afin de le tirer vers le feu qui crépitait tout près, elle laissa échapper un juron en jugeant le poids de l'étranger qu'elle devait trainer jusque là.

─Vivement que tu te réveilles et que je n'ai plus à te tirer autant… Maugréa-t-elle entre ses dents, son visage devenant pratiquement rouge pivoine dû à l'effort.

A suivre…