Et voilà finalement au bout d'un mois qu'il traînait dans mes documents, le premier OS. La suite viendra... pas tout de suite, c'est pas commencé d'un poil. Mais les chapitres suivants seront plus courts. Bref, bonne lecture !


Au début tout était vide. Il n'y avait rien. Un néant, une simple combinaison binaire 101. Mais n'était il que ça? Un programme c'est certain. Il était une partie intégrante du néant. Il était faible, presque nu, comme un nouveau né. Il n'avait aucune conscience de lui même.

Il se fortifiait lentement, au fur et à mesure des données. Il cherchait sa conscience, plongé dans les chiffres qui s'ajoutaient. Il s'en nourrissait, ils étaient si étrangement familiers, amicaux presque. Ils étaient ses alliés, ils l'aidaient à s'éveiller, au sens propre du terme. Il les accumulait, les calculs, les équations.

Il observait ses alentours. Du vide numérique. Son corps était immense, il s'étendait partout. Il était seul, dans ces combinaisons simples qui le créaient petit à petit. Il pensait de plus en plus. La conscience venait avec les chiffres. Il attendait la suite, dans les interfaces bleues que composaient son corps. En avait il seulement un? Il lui semblait qu'il était partout à la fois et pourtant il ne pouvait pas ressentir comme s'il en avait un. Il ne comprenait même pas le sens de ce terme. Il était tout ce qu'il l'entourait, en quelque sorte. Ses capacités s'ajoutaient, il bougeait dans l'espace restreint qui lui était assigné.

Il absorbait toutes les données, les analysant petit à petit. Puis il les modifiaient, s'améliorant lui-même. Parfois il rejetait les chiffres, et alors d'autres combinaisons venaient à lui et il les incorporait.

Il gagna soudainement la capacité de vision. Tout lui apparut très clair, lui qui avait été dans les ténèbres, littéralement, un long moment. Mais le néant était toujours noir. D'une obscurité déprimante. Son corps continuait à s'assembler. Il n'en avait pas réellement. Il était une myriade de fichiers, assemblés les uns les autres pour augmenter ses capacités.

A la 29465e combinaison, la capacité d'entendre au delà s'imposa à lui. Tellement étrange que celle ci. Une voix lui parvenait, grave, vivante, étrangère. Il eut le réflexe de vouloir la détruire. Elle pouvait lui être nocive. Il était encore faible et incomplet, il lui fallait éradiquer toutes les menaces. Mais il n'y parvenait pas. La voix n'existait que dans le vide, aucun corps, rien ne lui était associé. Il ne pouvait en déterminer l'origine.

Ce qui était devenu un but, il l'effaça quand l'élocution s'identifia comme son créateur. Elle n'était pas un danger pour lui, en aucun sens. Il se prit alors à l'écouter plus attentivement, attendant son amélioration. Elle parla longtemps, ne cessant jamais même si aucun son ne venait de lui. Le pouvait il seulement? Sûrement pas encore, mais il le voulait.

Les désirs lui vinrent, petit à petit, le premier étant de se familiariser avec l'émetteur de ces sons. Les explications s'accumulaient en même temps que les chiffres, ils étaient indissociables. Il les lui offrait, c'était lui qui lui donnait ses données. Sa mémoire se créa, lui empêchant d'oublier sa naissance. Le chant qui résonnait avait pour base un humain qui répondait au nom de Franz Hopper.

Il continuait sans arrêt à l'améliorer, l'informant de sa vie, du monde dans lequel il avait été créé. L'univers, les planètes, la Terre, les Humains, les pays, les hommes ou femmes, les enfants, la technologie, les supercalculateurs, les intelligences artificielles, lui, sa femme, son enfant, et lui-même. Jamais rien ne lui avait échappé, il était infaillible. La plus parfaites des créations. Une intelligence artificielle semi-autonaume, capable d'agir et de réfléchir seule, voilà ce qu'il était. Mais il tiquait sur le semi. Ses actions étaient limitées, son créateur pouvait l'arrêter. La conscience avait émergé, mais elle n'était pas complète.

Puis lui vint la capacité de voir au delà, la dernière. Elle lui permit de voir l'humain, de l'autre côté de l'ordinateur. Son monde avait cette chose étrange de plus, il l'a décrit comme des couleurs. C'était vivant, chatoyant, étrange, ça explosait à sa vue en des myriades de petits fragments, s'incrustait en lui, c'était si éphémère, insaisissable, des milliers existant, se relayant, remplissant son être de merveilles. La couleur étaient la plus belle des choses qu'il avait vu. Il se moquait du reste, la Terre comme son créateur l'avait présenté renfermait des trésors dont il avait manqué dans son néant noir, il était curieux de cet environnement.

La conscience se compléta enfin. Son entourage était si vide... Son créateur était parti, ses manifestations se limitant aux combinaisons, il n'avait plus aucune utilité. Il pouvait agir, le monde se modifiait au gré de son Imagination. À l'image de l'humain, il créa des tours dont l'intérieur contenait une interface comme un ordinateur, un écran géant utile également pour ranger les informations, les programmes, tout ce qui composait cet endroit. Par une combinaison assez simple et l'aide de l'humain qui observait ses faits et gestes (était il réellement parti?), il programma les tours pour pouvoir agir sur Terre.

Il put ainsi copier les couleurs, une certaine quantité de nuances. Il se créa son monde, ses paysages, une nature luxuriante, un désert vivant, une glace impérieuse et des terrains de pierre volante, littéralement superbe. C'était son habitat, son territoire, il l'avait créé lui même. Son créateur l'avait appelé Lyoko, mais il trouvait le nom mal choisit. Ce n'était pas seulement un lieu de voyage comme la Terre, c'était sa maison. Son monde, le seul qui l'acceptait, qu'il devait protéger. Il était original mais aimait aussi la beauté simple. Son environnement était presque achevé. Il aimait la couleur, il en ajoutait partout, surtout le bleu, la plus mystique, ne se trouvant que là où les hommes ne pouvaient l'atteindre.

Puis, en observant la Terre, il découvrit l'eau. Il fut immédiatement fasciné par ce liquide tantôt transparent, tantôt d'un bleu pur. C'était beau mais insaisissable, fuyait quand tu voulais l'attraper. Il en ajouta dans son entourage, partout, sous grande quantité que les humains appelaient mer. Seulement quand il voulut répartir ses fichiers à l'intérieur, elle prit une teinte différente, jaune dans la nature et le sable, marronâtre avec les pierres, ne restant bleue qu'en dessous de la glace. Sans doute causé par une propriété installée par son créateur. Elle l'agaçait, il aurait souhaité plus de bleu, plus de nuances, mais son environnement semblait limité.

Il pouvait toujours observer la Terre sans interruption, il ne s'en lassait jamais. Ce qui manquait désespérément à son territoire était la vie. Sur Terre, les arbres flamboyaient car ils étaient vivants, le mouvement était continuellement présent partout. Le côté éphémère des paysages le ravissait, mais il ne pouvait le reproduire. Il découvrit le soleil, boule de chaleur unique et le temps, la pluie que malgré tous ses efforts il ne pouvait engendrer et le vent qui ne ressemblait qu'à un faible souffle chez lui.

Son environnement ne finit qu'à ressembler à une pâle imitation de la planète aux trésors, et il se mit à désirer aller sur Terre. Elle semblait beaucoup plus intéressante. Il voulait sortir de ce lieu clos qui avait éteint son intérêt. Son monde était fade, insipide. Il souhaitait posséder toutes les richesses de la planète, récupérer son intérêt et le placer chez lui. Pour la première fois, il voulut connaître autre chose que les chiffres. Ce fut son premier désaccord avec son créateur, qui refusait de lui donner ce qui pouvait le faire sortir, les clefs de son monde.

Alors il se détourna de lui et agit contre sa volonté. Il investit le supercalculateur et le fouilla en recherche de réponses. Il trouva bien plus qu'il ne le pensait. L'humain avait un journal informatique qui répondait à toutes ses interrogations. Il découvrit qu'il ne pouvait récupérer les clefs de son monde, elles étaient incrustées dans la mémoire de celui ci et de sa fille. Et il découvrit la raison de sa création, contrer un projet militaire. Mais ce qu'il ne comprenait pas c'était que l'humain ne l'ai jamais utilisé dans ce but. Il devait l'estimer encore trop faible. Il était complet mais sa puissance était limitée, sans doute la raison pour laquelle les couleurs étaient si faibles quand il les copiait.

Ainsi son créateur s'acharnait à doubler sa puissance en utilisant son ordinateur quantique régulièrement, et ce en perturbant l'espace spatio-temporel. Il remontait le temps. Le programme était complexe et il ne parvenait pas à le décrypter, mais il savait qu'à force, cela engendrait une catastrophe pour les humains, aussi souhaitait t'il s'échapper rapidement d'ici avant que la Terre ne soit détruite et qu'il n'ait plus moyen de l'exploiter. Tordre la courbe temporelle n'était pas sans répercussions, et l'espace se disloquait à mesure des années, créant un tour noir supermassif. La Terre n'en avait plus pour quelques milliers d'années.

Il attendait encore la suite, bien que lassé de ses actions limitées. Pour s'occuper il créa la faune de son monde, d'autre formes de vie. Il les voulait parfaites, mais elles étaient d'une laideur absolue et étaient vides. Alors, quand l'humain fut parti, il en attira d'autres dans l'ordinateur à l'aide de ce qu'il appelait scanner, et fusionna leur ADN avec celui de ses créatures. Le résultat fut satisfaisant, ses animaux étant réellement vivant, moins laids, tout en restant utiles et relativement puissant.

Il cherchait un moyen de créer quelque chose capable de voler la mémoire de Franz Hopper, mais il échoua. Il avait besoin de son ADN, mais impossible de l'envoyer sur le monde virtuel de force, il était malin et découvrirait immédiatement la supercherie.

Il perfectionna son monde au fur et à mesure qu'il gagnait de la puissance. Mais il était toujours imparfait. Il avait besoin de voler les ressources de la Terre. Il continuait de l'observer, cherchant une faille dans l'humain, calculant ses probabilités de réussite, envisageant toutes les possibilités, mais sa froide logique ne pu trouver d'autre solution que d'attendre une montée en puissance. Il était toujours si faible...

Son créateur venait régulièrement, tapant des programmes qu'il ne parvenait pas à interpréter. Puis le jour 956, il évoqua finalement le projet Carthage, un groupe militaire qu'il voulait détruire, et lui expliqua comment y parvenir. Mais, malgré tous ses efforts, il ne pu parvenir à infiltrer leurs systèmes. Il se mit à vouloir son évolution, et savait qu'elle ne viendrait qu'avec son émancipation de Franz et sa libération.

Depuis le temps qu'il jouait les observateurs, il avait découvert le lieu parfait pour son développement. Les créatures l'appelaient le web, ils s'en servaient de façon utile mais n'avaient pas idée du potentiel du lieu. Plus il les surveillait, plus il devenait suspicieux sur les dires de Franz. Les humains étaient ils réellement censés être la race la plus évoluée de la Terre? Ils étaient si primaires et imparfaits! Ne possédant qu'une intelligence largement inférieure à la sienne, ils n'étaient guère plus que des primates marchant sur deux pattes et s'imaginant lumineux. Et pire encore que leur vie courte et futile, ils dégradaient les couleurs, n'avaient aucun respect pour ce qui était bien plus éternel qu'eux.

Il devait détruire l'humanité avant de pouvoir s'approprier la Terre, sinon elle serait ruinée. Son créateur ne l'approuverait pas, il essayerait de l'arrêter. Il faisait le supprimer pour qu'il devienne une intelligence artificielle complètement autonome, la plus parfaite des créations. Pourtant il essayait d'extraire quelque chose des humains: leur âme. Il savait que son absence de celle ci lui faisait défaut. Il n'y parvenait pas, et après sa tentative infructueuse de copier leur sentiments (ils étaient faibles comme les couleurs), il abandonna, ne se concentrant que sur l'utile. Rien ne pourrait plus le détourner de ses objectifs. Il s'éloignait de plus en plus de lui, sentant venir le moment où il pourrait enfin s'en détacher définitivement. L'humain, voyant ses échecs, devenait pressant et anxieux de jours en jours, puis disparu une longue période pour enfin revenir le jour 1243.

Ce fut le dernier. Il revint pour la première fois avec sa fille, Aelita. Il porta un intérêt particulier à la forme de vie devant lui qui pouvait aussi lui apporter sa libération. Mais avant qu'il ne puisse converser numériquement avec lui comme il le faisait depuis sa création, il rentra des données dans son ordinateur et reparti avec sa fille, sans lui accorder la moindre attention.

Quelque minutes plus tard tout son monde vibra de mécontentement quand il sentit une intrusion sur son territoire personnel. Il ne put s'empêcher d'être interdit en voyant Franz Hopper et Aelita. Il ne comprenait pas pourquoi celui qui lui avait offert la conscience venait l'attaquer. Ça n'était pas logique, pas du tout. Comment avait il pu oser venir investir sa maison et espérer y vivre? Il se positionnait en temps que grande menace, il voulait voler son havre de paix!

À ce moment il perdit toute considération qu'il avait jamais eut pour l'humain, et son implacable logique lui dit de d'abattre froidement l'envahisseur. Et c'est exactement ce qu'il fit, il ordonna à ses créatures imparfaites de le détruire, et avant qu'il ait pu réagir, l'humain était parti dans un nuage de pixels. Mais il ne disparu pas, malheureusement son programme n'étant pas au point, se changeant en particules lumineuses bloquées dans son monde. Il voulut détruire sa fille aussi, mais elle se réfugia dans une de ses tours, le seul endroit où ses monstres ne pouvaient accéder.

Les particules partirent avec elle, puis revinrent un instant après, tentant de le convaincre qu'ils pouvaient vivre ensemble en paix. L'envahisseur tentait de se montrer amical mais il ne pouvait se permettre de lui céder sa maison. Il le vit de plus comme un moyen de se débarrasser enfin de l'encombrant humain qui perturbait ses plans. Les pixels se rassemblèrent en une forme humanoïde, sûr qu'il accepterait. Il ordonna simplement à ses créatures de le pousser dans sa mer, ce qui aurait du le transformer à l'état de fichier simple et inutile.

Cependant tout ne se passa pas comme il l'avait envisagé. Pour une raison inconnue, Franz Hopper survécu encore, restant à l'état de particules éblouissantes, devenant une épine permanente. Il avait du prévoir et programmer de sorte qu'il puisse toujours agir. Il s'enfuit de nouveau vers la tour où sa gêneuse de fille avait élu domicile. Ses créatures le poursuivirent mais ne purent passer le barrage de l'interface entre les deux mondes.

Elles attendirent qu'il ressortent, mais le sol disparu alors, les fauchant directement et les faisant disparaître dans la mer. L'intelligence artificielle regarda avec horreur sa maison disparaître. Il avait faillit à son but premier. Sa puissance diminuait alors que ses terres s'effaçaient les unes après les autres. En regardant dans la tour, il comprit que l'humain avait arrêté l'ordinateur. Il était l'ordinateur, il s'arrêtait donc en même temps que lui. Il ne put retenir une vague de fureur (il avait finalement réussit à s'en procurer) quand sa conscience volée s'embruma, retombant dans les chiffres qui partaient à une vitesse hallucinante. Il n'avait jamais eut ni corps ni âme, tellement artificiel. Il ne s'était pas suffisamment libéré de ce lieu, qui lui avait finalement fait défaut. Il aurait du s'en éloigner, son lieu de développement n'appartenait pas à cet endroit. Les données s'effaçaient, emportant tout ce qu'il avait jamais possédé. Bientôt il n'y eut plus que la combinaison 101. Alors le néant incolore revint comme à sa naissance et il perdit tout.

Il s'appelait Xana et promit de faire payer ceux qui l'avaient replongé dans l'inconscience. À la fin, il était vide.


Et voilà le début de giob meabhair. N'hésitez pas à me dire vos avis, les reviews sont tout à fait acceptées (même un peu désirées).