Salut, ceci est une histoire que j'ai écrite il y a un bon bout de temps. En fait, je n'avais jamais eu l'intention de la publier en l'écrivant, et jusqu'à présent, il n'y a que ma sœur à l'avoir lue. J'ai changé quelques passages en la tapant à l'ordi, mais je ne me suis révisée que sommairement. En fait, je ne me suis pas relue, paresse oblige… Je suis consciente que c'est probablement assez cliché ou déjà-vu, mais à la base, je ne croyais pas être lue et je ne me suis pas tant préoccupée d'être originale. J'écris avant tout pour mon propre plaisir. Quoiqu'il en soit, tout ce que je souhaite, c'est que vous soyez francs et sans pitié dans vos commentaires, parce que je compte bien m'améliorer. J'espère que cette histoire vous plaira et bonne lecture.
Le secret de Remus Lupin
C'était une soirée d'automne typique, le vent soufflant dehors, faisant virevolter les feuilles mortes au-dehors, sous un ciel sans nuage. C'était le 17 novembre, lors de ma seconde année au collège. C'était une soirée tout à fait normale, presque ennuyante. Et Remus avait disparu. Il avait eut l'air plutôt nerveux et fatigué, aujourd'hui. Et hier, aussi, en y pensant bien. Mais quand je l'avais cherché pour lui rendre ses notes d'histoire de la magie que je lui avais piquées, impossible de lui mettre la main dessus. Et ce n'était pas faute d'avoir essayé. Je l'avais cherché toute la soirée. Sans succès.
Un peu découragé, je m'installai devant le feu, où James se trouvait déjà, un livre de métamorphose à la main. J'eus un léger sourire. La métamorphose était vraiment la matière de prédilection de James. Quand on le trouvait en pleine lecture, c'était plongé dans un livre de quidditch ou de métamorphose. Pas autre chose. Mais il finit par lever les yeux de sa brique pour regarder vers moi.
- Il y a quelque chose qui ne va pas, Sirius? me demanda-t-il.
- Non, non, ça va. C'est juste que… enfin, t'aurais pas vu Remus?
La question me préoccupait d'autant plus que ce n'était pas la première fois qu'il disparaissait sans prévenir. Et ses excuses laissaient vraiment à désirer. Mais James se contenta de détourner les yeux et regarda par une fenêtre, l'air songeur.
- Je ne sais pas, finit-il par répondre, Il est peut-être parti voir sa mère?
- Sa mère?
- Ben oui, il va la voir à peu près une fois par mois, parce qu'elle est souffrante.
- Ah oui. C'est vrai.
Mais je n'étais pas convaincu. Pas du tout, même. Celle-là, c'était l'excuse la plus bidon que Remus ne nous avait jamais sortie. Et il nous la ressortait souvent, en plus. Je savais que Remus nous cachait quelque chose. Disparaître comme ça, une fois par mois environ… C'était plus que suspect.
- Tu ne trouves pas ça étrange? demandai-je à James, qui fixait toujours la fenêtre.
- De quoi? lâcha-t-il en ramenant son attention vers moi.
- Ses disparitions, clarifiai-je, Tu ne crois pas qu'il nous cache quelque chose?
- Pourquoi ferait-il ça? demanda-t-il en fuyant mon regard.
- Bien… j'en sais rien, moi! Peut-être qu'il n'a pas assez confiance en nous?
Toute cette situation commençait à m'énerver. Ne voyait-il pas l'évidence?
- Il a peut-être un secret, concéda-t-il en me retournant un regard étrange, intense.
- Et c'est tout ce que ça te fait? m'indignai-je.
Comment pouvait-il accepter cette situation aussi facilement?
- Mais qu'est-ce que ça change? demanda-t-il, toujours aussi calme.
- Hein?
- Qu'est-ce que ça change, qu'il ait un secret?
- Mais… c'est peut-être sérieux!
Et pourquoi devais-je justifier ça? Des amis devaient se faire confiance, non? Et cacher un détail grave à ses amis n'était pas la meilleure marque de confiance…
- Oui, peut-être, répondit James, mais peut-être qu'il a ses raisons. Et peut-être qu'il attend d'être prêt, pour en parler. Ou peut-être qu'il considère qu'il est mieux pour nous de ne pas savoir.
- Est-ce que tu essaies de me décourager de chercher ce qu'il nous cache? demandai-je, soupçonneux.
- Absolument pas! répondit-il avec un sourire, J'espère au contraire que tu trouveras. Mais le problème n'est peut-être pas si simple que ça.
Je trouvai sa formulation ambiguë. Lui n'avait pas l'intention de chercher? Voilà qui ne lui ressemblait pas… Il y eut un moment de silence entre nous, durant lequel je continuai de me creuser les méninges en vain.
- Qu'est-ce que tu lis? finis-je par demander, pour détourner la conversations, et mes pensées, par la même occasion. Le secret insoluble de Remus Lupin commençait vraiment à me taper sur les nerfs.
- Un livre de méta. C'est sur les animagi. McGonagall en a un peu parlé, au dernier cours, et je me posais quelques questions sur le sujet.
- Genre quoi?
N'importe quoi pour empêcher Remus d'investir mes pensées et m'exaspérer à distance, par le fait même.
- Les signes distinctifs. Souvent, c'est la forme des lunettes ou un truc du genre, alors je me demandais, qu'est-ce qui se passerait si un animagus changeait de style de lunettes ou arrêtait d'en porter? Le signe distinctif changerait, lui aussi?
- Urg… étrange. Drôle de question… où t'es allé pêcher ça?
- Bah, comme ça… Ça ne t'intrique pas toi?
Non, pas du tout. Je m'en fichais complètement. Et à voir son sourire en coin, il en était parfaitement conscient.
- Mais bon, reprit-il, jusqu'à maintenant, ce bouquin n'est pas très utile. Je crois que je vais finir par poser la question à McGonagall en personne.
Il y eut un nouveau silence, durant lequel je tentai d'imaginer la tête de McGo, s'il le faisait vraiment. Mais n'étant pas tellement d'humeur à plaisanter, je finis par me lever pour rejoindre le dortoir, laissant James à ses lectures insolites.
Tout ça me mettait de mauvaise humeur. Je savais qu'un de mes meilleurs potes me cachait volontairement quelque chose d'important, car quoiqu'en dise James, j'étais persuadé que c'était une information capitale, et je n'avais aucune idée de ce que ça pouvait être. Las, je m'accotai à la fenêtre du dortoir pour regarder les étoiles. C'était un réflexe que j'avais depuis longtemps, quand j'étais perdu et/ou déprimé, et/ou frustré contre la vie. Je trouvais Sirius, dans le firmament. Ainsi, j'avais l'impression de me détacher de mon corps pour rejoindre les étoiles, où tout était plus simple, et ça me calmait. Là-haut, la vie n'était ni injuste, ni cruelle.
Quand il s'était aperçu que j'avais l'habitude de faire ça, James avait affirmé qu'en fait, ça ne faisait que me réconcilier avec mon côté narcissique, que c'était pour ça que je me sentais en paix. Ça m'avait bien fait rire.
Mais ce jour-là, ce ne fut pas Sirius qui attira mon attention, ce fut la lune. La lune bien ronde et lumineuse, au milieu de la voûte céleste. La pleine lune. Une hypothèse à laquelle je n'avais pas songé me traversa l'esprit. Remus disparaissait une fois par mois. Une hypothèse si folle que je la repoussai aussitôt. Il était toujours fatigué un peu avant et un peu après ses disparitions. Non, c'était impossible. Ça ne pouvait pas être vrai. Je ne voulais pas que ce soit possible. Et pourtant, cette idée ne cessait de revenir s'imposer à moi, comme pour me narguer. Et pourtant, tout s'emboîtait. Et si c'était vrai? Que devais-je faire, alors? Que devais-je faire si Remus était réellement un loup-garou?
L'image de Remus s'imposa alors à mon esprit. Son visage gentil et indulgent, sa silhouette frêle et son sourire timide. Je dus me retenir pour ne pas rire. Lui? Un loup-garou? Et puis quoi encore? Et moi, j'étais un vampire, peut-être? Pfft. Complètement ridicule. C'était simplement impossible.
C'est à ce moment précis que James et Peter firent irruption dans le dortoir, me prenant en flagrant délit de fou rire stupide et inexpliqué.
- Qu'est-ce qu'il y a? me demanda Peter.
James, lui, me dévisageait comme si j'étais devenu cinglé, ce qui était peut-être le cas…
- En fait, je pensais à…
Je m'interrompit en jetant un coup d'œil à la lune. Et je perdis mon sourire.
- Non, rien… terminai-je maladroitement.
Si… Si jamais c'était vrai?
Je me glissai dans mon lit et tirai mes rideaux sans autre commentaire. Je dus paraître étrange pour mes amis, mais ils n'insistèrent pas. Toutes mes pensées étaient dirigées vers un certain Remus Lupin. Il fallait que je vérifie. Il fallait que je sois sûr.
Le lendemain fut une des plus pénibles journées de mon existence. Je n'avais trouvé qu'un seul moyen pour vérifier mon hypothèse, mais il me mettait mal à l'aise. Je savais que les loups-garous étaient particulièrement allergiques à l'argent. Tout le monde savait ça. Or, j'avais dans mes bagages un lourd bracelet en argent frappé aux armoiries des Black, que ma mère m'avait forcé à traîner avec moi. Alors, mon test était simple. Si le contact avec le bijou ne faisait rien à Remus, j'aurais la preuve qu'il n'était effectivement pas un loup-garou, et j'aurais honte de mes soupçons. Mais j'avais horriblement peur que ça soit vrai. Comment devrais-je réagir, dans ce cas? Ah! Mais de toute façon, c'était sûrement autre chose. Je devais cesser de m'en faire. C'était impossible. Impossible.
Toute la journée, je fus stressé. Je surveillais l'arrivée de Remus, écoutant à peine quand on m'adressait la parole, répondant des banalités sans queue ni tête. J'étais inattentif en cours, encore plus que d'habitude. J'étais ailleurs. Quelques fois, James tenta de me parler, probablement à propos de mon état inquiétant, du moins, je crois qu'il tenta de me parler, étant donné que je n'écoutais pas vraiment ce qu'il me disait. Et quelques fois, je ne l'entendais même pas. Dire que j'étais chamboulé était un euphémisme. L'incertitude me tuait.
Finalement, Remus réapparut vers l'heure du souper, l'air plutôt mal en point, et fatigué à l'épuisement. Et comme d'habitude, personne ne posa de questions. Ça faisait longtemps qu'on avait abandonné l'idée d'obtenir la vérité par un interrogatoire.
Mais ce ne fut que vers la fin de la soirée que je trouvai une occasion de passer à l'acte. Avant, il y avait toujours eu quelqu'un dans mon chemin. James, le plus souvent, ou Peter, quelques fois. Mais Remus s'était couché assez tôt, et je saisis cette occasion. Peter se gavait de bonbons volés dans la cuisine et James parlait quidditch avec son capitaine d'équipe. Ils n'étaient pas près de monter se coucher. Parfait. Je me glissai donc subtilement dans le dortoir.
En faisant le moins de bruit possible, je m'approchai du lit de mon ami. Je le regardai dormir un instant. Il était couché sur le ventre, la tête de côté, la bouche entrouverte. Il paraissait tellement vulnérable ainsi. Il ne pouvait pas être un loup-garou. C'était impossible. Les loups-garous étaient des êtres maléfiques et cruels. Ils nous étaient inférieurs. Ils étaient bestiaux, aussi bêtes que des animaux, agissant par instinct, celui de tuer. Ils étaient violents et irrationnels. Remus était gentil. Il était serviable, il aimait aider les autres. Il était intelligent, aussi, et il aidait Peter avec ses devoirs. Il était poli, calme et posé, il était timide. Il n'avait rien à voir avec les loups-garous. Il ne pouvait pas en être un.
C'est donc empli de certitude que j'approchai le lourd bracelet en argent de sa main, intimement persuadé qu'il ne se passerait rien. Lentement, avec une fascination morbide en ce moment d'anticipation et d'attente. Plus que quelques centimètres et je serais fixé. Je sentis mon cœur accélérer. Je saurais la vérité quelle qu'elle soit.
Mais tout à coup, une autre main entra dans mon champ de vision, me saisissant brutalement le poignet, me faisant échapper le bracelet par la même occasion. Surpris, je levai les yeux pour me retrouver nez à nez avec James. Jamais je ne l'avais vu ainsi. Il avait les sourcils froncés et me toisait avec incompréhension et colère. Ses yeux lançaient des éclairs. Il avait vraiment l'air furieux, et c'était franchement impressionnant. Je tentai de m'éloigner, mais il me retenait toujours. Et lorsque je voulus me libérer, il resserra sa prise encore plus fort.
- Mais qu'est-ce que tu foutais? lâcha-t-il d'une voix difficilement contrôlée, vibrante de colère retenue.
Sur le coup, je ne sus quoi répondre. J'aurais voulu disparaître dans le plancher. J'aurais voulu échapper à son regard.
- Pourquoi voulais-tu faire ça, Sirius?
- Je… je… balbutiai-je, secoué par son attitude, presque effrayé par sa colère.
Bon, d'accord, pas presque. Il m'impressionnait vraiment. Il réussissait vraiment à m'effrayer, aussi absurde que ça paraisse. Mais à ce moment, je posai les yeux sur Remus, dans une tentative d'éviter le regard de James, et je l'aperçus éveillé, sans doute dérangé par notre échange, nous regardant d'un air perdu et légèrement apeuré. Alors, je sentis la colère monter en moi. C'était James qui n'avait aucune idée de ce qui se passait. De quel droit se permettait-il de me faire la morale et de se mettre en colère contre moi? Remus était peut-être un loup-garou, bordel! Ce n'était tout de même pas un détail insignifiant!
- Il fallait que je vérifie! m'écriai-je d'une voix plus sèche et plus forte que je ne l'aurais voulu, Ça me paraissait dément, mais tout collait. Il fallait que je soit sûr que ce n'était pas le cas.
Je n'osais pas dire à voix haute ma théorie, car quelque part, ça aurait été affirmer qu'elle était plausible. Mais le regard de James se durcit davantage. Remus, lui, semblait complètement perdu. Puis, James explosa. Il ne cria pas, mais sa voix tremblait de mépris et de colère, ce qui me donna un coup encore plus violent :
- Mais n'as-tu pas envisagé ce qui se passerait si tu avais raison? N'es-tu pas conscient de l'effet qu'a l'argent sur les loups-garous? Pauvre con! Mais qu'est-ce que tu cherchais à faire, abruti? Lui faire du mal?
Même en fixant James d'un air probablement complètement ahuri, je ne pus manquer la teinte blême que prit le visage de Remus. Moi-même, je n'en menais pas plus large. Je mis un instant à analyser les paroles de James. Et je réalisai qu'il avait raison. Pas une seconde je n'avais envisagé les conséquences de mon geste, si j'avais raison. J'étais obnubilé par toute cette histoire de secret et d'hypothèses, et à aucun moment je n'avais pris le temps de réfléchir aux conséquences que mes actes auraient sur Remus. Je n'avais pensé qu'à moi. J'avais cherché à vérifier mes hypothèses sans réfléchir plus profondément, j'avais refusé et repoussé l'idée que j'aie pu me lier d'amitié avec un loup-garou. J'en avais été dégoûté, au fond de moi, je devais bien l'avouer. Cette pensée m'effrayait. J'avais appris, dans mon enfance, à mépriser les loups-garous. Et la remarque de James me faisait réaliser, avec horreur, que j'avais été prêt à blesser Remus, mon ami, égoïstement, pour être sûr, et je compris que, si blesser Remus ne m'avait pas effleuré l'esprit, c'était parce que, inconsciemment, je me disais que s'il était réellement un loup-garou, alors ce n'était pas grave, comme on me l'avait appris. Et je fus complètement dégoûté de moi-même. J'aurais préféré que James me frappe, ça aurait été moins brutal. Je me disais l'ami de Remus, alors que j'étais prêt à lui faire du mal, aussi simplement? Alors que je me fichais de ce qui lui arrivait, s'il n'était pas comme je le voulais? Alors que je n'étais pas prêt à l'accepter? Et par-dessus le marché, je lui reprochais de ne pas nous faire confiance. Je n'étais pas digne de confiance, voilà la vérité.
Un silence pesant régnait dans la pièce. James était bien trop en colère pour ajouter quoique ce soit, et Remus, trop horrifié pour réagir. Et moi, j'étais dans mon débat intérieur, à opposer mon éducation et mon amitié, en plein conflit de valeurs. On m'avait enfoncé très profondément dans le crâne que jamais je ne devais approcher de loups-garous. Mais Remus était mon ami. Du moins, il l'était, jusqu'à maintenant. L'était-il encore, maintenant que le voile était levé? Pouvais-je réellement continuer d'être ami avec lui, tout en sachant qu'il était un monstre? Pouvais-je lui pardonner de nous l'avoir caché? Pouvais-je à nouveau lui faire confiance, alors qu'il nous avait menti? Alors qu'il était une bête sanguinaire? Mais, pouvais-je l'abandonner ainsi? Pouvais-je réellement le rejeter? Pouvais-je le condamner pour quelque chose qui n'était sûrement même pas de sa faute, quelque chose qu'il n'avait pas voulu, qu'il n'avait pas chercher? Pouvais-je le blâmer d'avoir réagi comme n'importe qui l'aurait fait, en tentant de nous le cacher? Et avais-je envie de tourner le dos à notre complicité?
Je fus sorti de mon introspection lorsque Remus se leva, pour s'enfuir vers la sortie. James, me lâchant enfin, l'arrêta d'une main sur l'épaule. J'observai Remus un court instant. Il tremblait de tous ses membres, il avait la respiration saccadée, et il était plus pâle qu'un fantôme. Il semblait sur le point de fondre en larmes ou de se mettre à hurler son désespoir et sa peur. Et en le voyant ainsi, je sus que ma décision était prise depuis bien longtemps. Me plaçant devant lui, je le forçai à croiser mon regard.
- Eh! Remus! On est amis. Ne crois pas que ça va changer quoi que ce soit, tes histoires de hurlement à la lune. Chacun ses défauts, non? Moi je ronfle et je laisse traîner mes chaussettes sales au pied de ton lit, c'est pas vraiment mieux…
Il écarquilla les yeux tellement grand que je ne pus retenir mon rire. Il avait l'air complètement ahuri.
- J'appuie Sirius, lança James avec un sourire franc, toute colère subitement disparue, Franchement, poursuivit-il, si tu croyais te débarrasser de nous si facilement, tu t'es trompé. Tu n'as pas fini de nous endurer. À moins, bien sûr, que les chaussettes sales de Sirius te dérangent…
Et alors, je vis les yeux de Remus s'embuer. Il eut un pâle sourire et chancela légèrement. C'est vrai qu'avec la pleine lune de la veille, il devait être épuisé par-dessus le marché. James et moi réagîmes de concert, le saisissant chacun par un bras pour l'aidé à s'asseoir sur son lit, nous installant à ses côtés. Remus s'essuya les yeux de la paume de la main. Geste inutile, à mon humble avis, au vu de la force du torrent qui s'en écoulait.
- Je… excusez-moi, commença-t-il d'une voix tremblante d'émotion, je sais que… que j'aurais dû vous en parler mais, j'avais tellement peur… Je veux dire… depuis que je suis tout petit, les gens ont peur de moi et me méprisent, alors je pensais que si vous compreniez vous… comme tous les autres, vous…
- Ça va, l'interrompit James, alors que Remus s'emmêlait dans ses mots, On comprend très bien tout ça. Mais sache qu'à l'avenir, tu peux avoir confiance en nous.
- On ne te laissera pas tomber, renchéris-je en passant un bras autour de ses épaules.
Remus sembla enfin se calmer. Il cessa peu à peu de trembler et murmura un dernier « merci », avant de s'abandonner contre moi. En fait, au bout d'un moment, je réalisai qu'en fait, il s'était tout bonnement rendormi…
Avec l'aide de James, je réussis à le recoucher plus convenablement. Puis, je considérai James d'un regard perçant, alors qu'il avait les yeux toujours sur notre ami.
- Depuis quand tu le sais? finis-je par lui demander.
- Oh! Depuis… Depuis le mois de mars dernier, je crois. Ou peut-être février.
- Quoi, si longtemps?
Et il n'avait pas songé à en informer son meilleur pote? Il n'avait rien dit, à personne? Et pire, il s'est arrangé pour me faire mariner dans ma propre ignorance et mes questions sans réponses! Il dut sentir mon agacement, car il trouva le besoin de se justifier.
- Ça fait un bon moment, mais je n'osais pas trop en parler, poursuivit-il. Je me disais que peut-être valait-il mieux d'attendre que Remus soit prêt à aborder le sujet de lui-même. Et puis, de quel droit aurais-je pu colporter ses secrets comme ça, à tout le monde? C'était ses affaires, quand même. Et je ne pouvais prévoir ta réaction avec certitude, c'est quand même un gros morceau. Si ça avait du mal se passer, ça aurait pu être catastrophique. Et pourtant, j'ai tergiversé des millions de fois, à revenir sur ma décision encore et encore, et à décider de me taire à la dernière minute. J'aurais pu en parler à Remus, aussi, mais je ne voulais pas lui mettre la pression ni l'effrayer. Et pour être franc, je n'avais simplement aucune idée de la manière d'aborder le sujet, que ce soit avec toi, Peter ou Remus. Alors je me dégonflais souvent à la dernière minute. Pathétique, non?
Et au vu de la longueur de son discours, il se sentait légèrement coupable d'avoir gardé tout ça pour lui, aussi. Je hochai la tête, pour le rassurer. Il était vrai que c'était un sujet délicat et plus compliqué qu'on pourrait le croire. Personnellement, je le trouvais impressionnant d'avoir pu faire comme si de rien n'était et d'être passé par la prise de conscience sans avoir fait de vagues et sans se faire remarquer, et surtout, sans avoir besoin des conseils de qui que ce soit, en gardant tout ça en lui. Selon moi, il avait moins merdé que moi avec mes histoires de vérifications. Il avait été beaucoup plus subtil, en tout cas. Machinalement, je ramassai le bracelet qui traînait toujours sur le sol et je le jetai par la fenêtre. Et quand Peter fit irruption dans la pièce, nous étions toujours debout, James et moi, à regarder dehors en silence. Nous échangeâmes alors un regard et nous n'eûmes pas besoin de parler pour nous comprendre. Il faudrait bien expliquer tout ça à Peter, aussi. Mais ce soir-là, nous avions été suffisamment éprouvés. Nous nous dirigeâmes donc vers nos lits respectifs, dans un synchronisme parfait et laissâmes Peter à ses interrogations. Les explications attendraient le lendemain.
Et voilà, j'espère que vous avez aimé! Si c'est le cas, faites moi le savoir, j'ai aussi écrit cette même histoire du point de vue de James, et je pourrais l'ajouter En fait, je vais probablement finir par l'ajouter anyway, une fois que j'aurai pris le temps de la taper et l'ajuster aux changements effectués dans celle de Sirius. L'histoire de James est un peu plus longue que celle de Sirius, je crois. Je pourrais aussi éventuellement écrire le point de vue de Remus, ou même de Peter, si c'est apprécié. Et ne m'épargnez pas dans vos reviews, je veux savoir vos avis, même s'ils sont négatifs!
