-Kyoya, arrête de faire la tête ! Est-ce que ton frère fait comme toi ?

Ça…A force d'entendre cette phrase tous les jours, je finis par ne même plus l'écouter… Non, Kakeru ne fait jamais la tête, il est toujours souriant, quoi qu'il arrive, et puis, il passe son temps dehors, lui, alors que moi, je reste dans ma chambre et je boss sur divers travaux ou je joue aux jeux vidéos. Oh ! Et puis zut ! Pourquoi je devrais être heureux de partir en Egypte ?! Je ne connais personne là-bas, il n'y pas internet et je ne peux même pas assurer qu'il y est de l'électricité !

-Je sais, tu aurais préfère rester ici, mais on ne va pas te laisser seul pendant un mois !

UN mois. UN mois à rien faire dans un bled pommé du désert ! C'est normal ça ?! Je suis suffisamment grand pour m'occuper de moi tout seul pendant un mois…Bon sang ! L'année dernière c'était la Grèce, et qu'est ce que j'y ai fait ? Je passais mes journées dans les oliviers à regarder la mer… Qu'est ce qu'il faut que je fasse pour avoir enfin assez d'attention et que l'on comprenne que je suis GRAND. J'ai seize ans, mince !

Le camping car est prét, il nous attend à l'aéroport. Toutes les valises sont dedans, je n'ai rien à emporter, c'est déjà ça. Mais la voiture est quand même pleine. En même tant, dans une voiture aussi petite, on rentre à peine tout les quatre, moi, Kakeru, et mes parents. Ce voyage m'énerve déjà. Et puis non ! Je ne veux pas partir en Egypte !

Je les regarde monter dans l'auto, moi je ne bouge pas, je reste figé sur le goudron de notre aller. Oui, c'est capricieux, je suis un gamin, je ne pense qu'à moi, mais je ne peux pas ! Je ne veux pas partir aussi loin ! Surtout maintenant, pour une fois qu'une fille m'intéresse… Il faut que je m'en sépare ! (bien que je ne suis pas avec).

-Kyoya ! Arrête de faire l'enfant stupide ! Tu as seize ans, tu nous le répète tous les jours, alors qu'est ce que tu fiche ?! Monte tout de suite !

J'avais oublié que je crains mon père plus que tout… Alors je sers les dents et les poings, je me déplace doucement jusqu'à la portière. Kakeru me regarde, je vois bien que je le rends triste… Bon, et bien, dans ce cas, la prochaine fois, je fugue ! Oui, c'est avec cette pensée que je m'assoie et ferme la portière avant de boucler la ceinture.

-Kyoya… !

Kakeru est mon petit frère, je dois montrer l'exemple, lui montrer qu'il faut être dur et supporter les choix des parents, on a pas d'autres solutions, mais malgré ça, je n'arrive pas à retenir cette larme qui coule sur ma joue droite, en proie à mon cadet. Et, comme une logique implacable, il se jette sur moi pour me consoler. Je devrais lui dire un jour que ça doit être le contraire, normalement… Que ce n'est pas lui qui doit être là pour me consoler à chaque fois…

Le voyage jusqu'à l'aéroport se fais en silence. Puis nous arrivons dans l'avion et là, Kakeru est insupportable. Il est fou de joie de prendre l'avion encore une fois. Fou de joie tout seul, par ce que moi, ça m'énerve, ma mère est complètement crevé et mon père, ben, je ne sais même pas où il est.

-M'man, il est ou p'pa ?

-il vérifie que le camping car est bien en ordre. On a de la chance si ce vol existe, autrement il aurait fallut prendre le bateau !

-Et pourquoi ne pas partir plus prés, comme la Suisse, ou l'Italie ?

-C'est notre travail, s'il te plaît, arrête de toujours chercher ce qu'il ne va pas ! Tu vas pouvoir passer tes vacances au soleil et à la mer !

-Et au sable !

-Et aux pyramides ! Enchaine mon petit frère.

Lui, il n'a vraiment pas comprit… Là où on va, il n'y a pas l'électricité ou l'eau courante. Un magasin, faut chercher à vingt kilomètre à la ronde, pour se nourrir c'est la galère et en plus, ils parlent tous arabe, pas un seul parle notre langue ! Comment il peut être aussi content ?! On va être des total étrangers ! J'espère qu'il y en a qui parle au moins l'anglais !

-Pourquoi tu me regarde comme ça ? Je veux voir les pyramides moi ! Et même les chameaux et les lions et des momies !

-Kakeru, arrête tes bêtises et repose toi un peu, le voyage est long !

-Je dormirai que si Kyoya dort !

-J'ai pas dix ans, comme toi, moi j'ai de l'énergie, pas besoin de dormir…

Heureusement, j'ai mon pc portable et je peux m'occuper à regarder quelques animés que j'ai téléchargé dans la semaine, mais voilà, quelques heures s'écoulent et mon pc s'éteins soudainement ! Pas moyen de le rallumer, en plus nous arrivons au Caire. Merde ! J'espère qu'il n'est pas cassé ! Y a rien ici ! Je vais faire quoi sans pc ?!

Je n'ai pas regardé le passage que l'on empruntait, je suis monté dans le camping car et je me suis laissé conduire jusqu'au petit village où nous allons loger deux semaines. Lorsque tout se fige, je me dis qu'il y a un feu rouge, mais non, il n'y a rien ici… donc j'ouvre la porte et je vois la famille entrer dans une petite maison de terre en face de moi. C'est mieux que je ne pense. Elle doit faire…dix mètre sur dix mètre. C'est pas mal, je crois. Alors j'entre, et là je suis déçut. Il n'y a que deux pièce. Une grande faisant salon, cuisine, chambre, et le fond avec une ouverture dans le mur pour y accéder et où se trouve la salle de bain, et le toilette ! Magnifique ! Ils ont au moins pensé aux quatre lits… Et ben, le camping car est pour moi !

Sur mon retour vers la voiture, un homme bronzé s'approche soudainement de moi. Le soleil dans son dos, je ne le distingue pas bien.

-Bienvenue à Ahmad Shawqi !

Son accent en dit long sur ses origines, car, pour sûr, il vient du coin celui la ! Je le contourne tranquillement et je rentre à nouveau dans la maison.

-M'man ! C'est qui ce gars, dehors ?

-C'est notre interprète, Miche.

-Miche… ? Ça fait un peu hébreux, non ?

-C'est trop bizarre comme nom ! Me crie mon frère en m'entrainant dehors avec lui. Viens jouer avec moi ! Y a du sable partout !

-C'est de la terre dure, pas du sable…

Tien, c'est vrai ça…ce n'est pas du sable…mais alors...Ce n'est pas si perdu que ça ! Il doit y avoir pleins de choses ! Enfin…Quand je regarde aux alentours, à part des baraques de terre cuite, y a pas beaucoup à voir. Plus loin, il semble qu'il y a un élevage de chameau et Kakeru fonce droit dessus. Encore à moi de le surveiller ! Les parents sont vraiment inutiles parfois…

Mes premières heures dans ce patelin se résument en un nom : Kakeru.

Jusqu'à la tombée de la nuit, j'ai dû lui courir après et le surveiller comme le lait sur le feu. C'est vraiment des vacances ça ?

Complètement crevé je préfère rentrer à la maison. Mes parents se sont endormis sur la couverture qui sert de lit. Visiblement, il n'y a rien à manger sur la table, donc le mieux est de se rendre au camping car. Avant de sortir, je m'arrête et me retourne pour voir l'intérieur de la maison. Je ne peux pas expliquer pourquoi, mais une nostalgie me berce tout entier. En frôlant le mur a ma droite, je comprends que la composition est basique, avec de la terre et de la paille. Cette texture me réchauffe le cœur, mais je n'arrive pas à comprendre pourquoi… Peut être n'y a-t-il rien à comprendre après tout… Je suis simplement fatigué de tout ce voyage. J'essaie de me réconforter d'une certaine manière, je suppose.

-Kakeru, tu viens ?

-oui !

Même après avoir courut pendant des heures, il est en pleine forme. Moi, je suis fatigué, et affamé. On est tellement différent tous les deux que je me demande parfois si nous sommes réellement frères…

-J'ai faim, Kyoya !

En effet, son ventre cri famine. Bon, et bien c'est à moi de m'occuper de ça.