Disclaimer: Tenter de voler les personnages s'est révélé infructueux... alors non, ils ne m'appartiennent toujours pas.

Pairing: HP/DM

Rating: M

Résumé: Un coming-out, mon amour, ou c'est la rupture! Vraiment, les Serpentards auraient mieux fait d'y réfléchir à deux fois avant de s'enticher de ces trois stupides Gryffondors... La jalousie est une corde sensible sur laquelle il faut savoir jouer! HP/DM, RW/BZ, HG/SS

Petite note de l'auteur: Alors... cette petite fic est d'un ton (encore!) totalement différent de celui de Crystal Vomit ou de Paparazzi. Inconstance, quand tu nous tiens... Bref! J'avais envie d'écrire "bien". Pas que d'ordinaire je me moque des effets de style, comprenons-nous bien. Disons simplement que je me suis posée un petit challenge, juste pour voir si j'étais capable de le relever: écrire dans cette langue littéraire que nous lisons dans les livres, les classiques, j'entends, avec ces belles phrases et ce ton un peu plus relevé que celui de la simple narration. En clair, j'ignore si ce style nouveau auquel je m'essaie vous plaira. Je l'espère, tout du moins. Dans tous les cas, j'attends vos avis, vos critiques et vos impressions avec impatience! ^^ Dans tous les cas si, à défaut de vous plaire par le style, je parviens à vous régaler de l'histoire, je m'estimerais déjà heureuse (et moitié gagnante de ce petit défi ;D).

Ne me reste plus qu'à vous souhaiter une bonne lecture! ^^


« Morganatique »

Elle se souvenait avoir lu ce mot quelque part, il y a très longtemps. Dans un vieux livre de classe, sans doute, dont les couvertures jaunies s'écartaient comme deux lèvres craquelées pour dévoiler des centaines de langues de parchemin sec. Ou entre les flancs d'un ouvrage plus neuf, sûrement dans une bibliothèque moldue.

Sur le coup, il lui avait paru insignifiant. Bien trop abstrait et lointain pour que son esprit se permît de s'y attarder plus de quelques secondes. Si elle avait su qu'il prendrait une telle importance, quelques années plus tard, probablement s'y serait-elle reprise à deux fois avant de tourner la page.

Mais sincèrement, qui aurait pu se douter ?

Personne, et surtout pas Hermione Granger.

Quoi que ce genre de choses fût difficilement prévisible.

Et pourtant…

Baissant les yeux, elle tomba sur la silhouette assoupie de l'homme qui reposait à ses côtés, entortillé dans les draps, la tête enfoncée dans l'oreiller et un bras jeté autour de sa taille de jeune fille. Ses cheveux s'étalaient tout autour de lui, sombres comme la nuit, tendant leurs bras filandreux vers elle comme autant de corps alanguis sur l'oreiller. Elle aimait faire couler ces mèches corbeau entre ses doigts, sentir ce torrent de larmes d'encre qui frôlaient son épiderme de la plus tendre des caresses. Puis ses yeux dévièrent sur la peau pâle, tendue sur un dos robuste, embrassèrent les épaules fines et saillantes, découpées d'arabesques noires sous la chevelure ébène, et achevèrent leur course le long de la courbe tranquille de la colonne vertébrale, rivage sur lequel venait mourir le drap.

Jamais, de toute son existence, elle n'aurait pu soupçonner que pareille créature se cachait sous les robes du professeur de potion. Car oui, c'était bien de Severus Snape dont il s'agissait.

Hermione se permit un sourire attendri comme l'homme bougeait dans son sommeil, resserrant sa prise sur la taille de sa compagne. D'une main, elle écarta les quelques mèches qui lui dissimulaient le visage alors apaisé de son amant.

Non, jamais, si on le lui avait dit, elle n'aurait pu croire que l'infâme bâtard graisseux qui terrorisait les premières années eût un cœur. Et encore moins qu'il lui en ferait cadeau.

Doucement, les paupières de l'homme papillonnèrent tandis qu'il s'éveillait. Sa prise autour de la jeune fille se raffermit et Hermione se rapprocha, laissant ses doigts glisser le long de l'épaule jusqu'au torse blanc, arrachant un soupir satisfait à son compagnon qui referma les yeux, totalement détendu. Elle l'embrassa du bout des lèvres, sachant que la tendresse au réveil était une attention qui le touchait bien plus qu'il ne voulût le laisser paraître.

« Bien dormi ? »

Severus ouvrit finalement les yeux et acquiesça doucement, sa main glissant dans le dos de la jeune fille qu'il serra contre lui. Hermione se laissa aller à l'étreinte, profitant pleinement de ces rares moments d'affections que lui offrait son compagnon. Si Severus Snape avait un cœur, il n'en restait pas moins quelqu'un de très secret. Faire étalage de ses sentiments n'était certainement pas dans son caractère et elle respectait cet aspect de sa personnalité.

Quoique… Toute complaisance gardait toujours certaines limites.

Et c'étaient ces mêmes limites qui rongeaient Hermione, minant son moral qui finissait toujours par s'affaisser comme un soufflé crevé.

Sûrement était-ce pour cela que ce mot tournait et virait dans sa tête, aussi horripilant qu'un casse-tête dont elle ne trouvait pas la solution.

« Morganatique », voilà quelle était leur relation.

Et, alors que Severus quittait la chaleur du lit pour aller s'enfermer dans la salle de bain, Hermione réalisa qu'elle ne le supportait plus.

xxx

« Morganatique »

Pour être tout à fait honnête, ce mot là, il ne le connaissait pas. Il lisait très peu, et très rarement. Il laissait ce plaisir à Hermione. Mais s'il l'avait connu, probablement aurait-il pensé qu'il résumait parfaitement sa situation. Bien que lui-même ne sache pas vraiment ce qu'il en était. Il avait l'impression que ses pensées tournaient trop vite, si vite qu'elles en perdaient leurs contours. Que les couleurs, les sons et les odeurs se mélangeaient pour ne plus former qu'un maelstrom de sensations éparses, sans queue ni tête, une mélasse indescriptible qui n'avait plus rien de cohérent. Tout ce qu'il savait, c'est que cette mélasse avait son goût, à lui. Un goût de soleil et de chaleur, un goût musqué à l'arôme épicé qu'il recueillait précieusement du bout de ses lèvres sur une peau tendre et veloutée. Sur cet épiderme sombre, brillant de milles teintes brunes sous la lumière du jour, délicieusement mat sous le couvert de la nuit.

Ronald Weasley n'avait jamais été quelqu'un d'excessivement brillant. Son intelligence était moyenne, sa motivation au travail médiocre, et ses aptitudes physiques, hormis peut-être une taille et une carrure très développées pour son âge, n'étaient en rien exceptionnelles. Il se savait banal, et arrivait à vivre avec. Peu lui importait le regard d'autrui, l'admiration ou l'approbation de ses pairs. La simple idée de sortir du lot suffisait à le faire rougir, chose qu'il détestait par-dessus tout.

Non, vraiment, Ron ne souhaitait pas attirer l'attention sur lui. Mais, tout au fond de lui, quelque chose lui disait que s'en était trop.

Et tandis que Blaise cherchait sa cravate dans toute sa chambre de préfet, le rouquin se laissa aller entre les draps en soupirant profondément. Non, il n'aimait pas se mettre en avant. Mais le secret se faisait de plus en plus obsédant, pesant sur sa poitrine comme une chape de plomb lâchée brutalement contre ses côtes, lui coupant le souffle.

Juste pour cette fois, il aurait aimé être un peu plus intelligent. Oh, pas beaucoup. Juste assez pour y voir plus clair, pour démêler cet enchevêtrement diabolique qu'était devenue sa vie et, plus encore, pour résoudre ce casse-tête nommé désir. Juste pour savoir quoi faire.

Une exclamation victorieuse le sortit de ses pensées et il ne pu retenir un discret sourire comme Blaise nouait sa cravate autour de son cou, ses longs doigts chocolat maniant l'étoffe avec aisance et méthode. Le nœud était parfait. Droit, cintré, et la cravate tombait gracieusement sur sa chemise, sans un seul pli. Ronald l'admira pour cela.

« Tu es magnifique. »

Les yeux noirs pétillèrent un quart de secondes tandis que le visage du roux flambait. Le commentaire, à peine soufflé, lui avait échappé. Les lèvres de Blaise, pleines et à peine rosées sur l'intérieur, s'étirèrent en un sourire satisfait.

« Merci. »

Puis, s'appuyant nonchalamment sur le bord du lit, il effleura les lèvres du rouquin dans un baiser aérien, tellement léger que Ron cru avoir rêvé, avant de se redresser. Après un dernier coup d'œil à son reflet, il rajusta sa robe sur ses épaules et sortit sans bruit, prenant bien garde à ce que personne ne le voit ni ne puisse se douter de ses activités nocturnes.

Et, alors que le tableau se refermait derrière lui dans un « clac » étouffé, Ron frappa le mur de toutes ses forces en jurant entre ses dents.

C'était vrai, il détestait se faire remarquer. Mais cette fois-ci était de trop. Maintenant, il souhaitait que tout change. Et le regard des autres était bien le cadet de ses soucis.

xxx

« Morganatique »

Ce mot ne lui était pas totalement inconnu. Sûrement l'avait-il déjà entendu quelque part, à moins qu'il ne l'ait lu dans l'un des rares romans que comptaient ses lectures. Toujours est-il que ce mot lui disait quelque chose, bien qu'il en ignorât totalement le sens. Il lui était vaguement familier, tout au plus. Un peu comme un très lointain souvenir, un galet noyé dans l'océan.

Et tandis qu'Harry cherchait à poser un mot sur l'étrange relation qui l'unissait au jeune homme qui dormait dans ses bras, il ignorait que ce mot obscur et imprononçable qu'il balayait d'un revers de la main fût sûrement le plus approprié de tous.

Alors il égrenait les mots, cherchant la perle rare qui lui permettrait de nommer cette situation aux contours brouillés et ambigus.

Distraitement, sa main passait et repassait sur l'épaule du corps alanguis contre lui, caressant la peau diaphane, en appréciant la texture soyeuse comme la plus pure des merveilles. Son autre main glissa le long des côtes, épousa la courbe des flancs, frôla la hanche pâle et remonta jusqu'au torse laiteux, sculpté dans l'ivoire, en retraçant les courbes délicates par cœur. Il aimait tout de ce corps, comme il aima le frisson qui agita délicieusement l'épiderme couleur neige avant que n'apparaissent deux pupilles mercures, semblables à de l'acier en fusion, à peine dissimulées derrière le voile du sommeil qui se retirait peu à peu. Sans un mot, Harry prit le temps d'admirer le visage ensommeillé qui se lovait dans le creux de son cou. Les cheveux blonds, si clairs qu'ils en devenaient presque féériques, et si fins qu'ils semblaient faits de centaines de fils d'or, étaient légèrement emmêlés de la veille et coulaient le long d'un cou blanc dont la courbe, gracile et parfaite, s'étirait en un arc gracieux. Le nez fin, droit, caressait tendrement ses clavicules, très vite remplacé par des lèvres douces, crémeuses et quémandeuses, qui couvrirent de baisers chaque parcelle de peau à leur portée. Les mains, fines et adroites, redécouvrirent son corps. Harry laissa échapper un halètement plus fort que les autres lorsqu'il sentit les doigts fuselés tracer de mystérieuses arabesques dans son dos avant de se perdre dans sa tignasse indomptable, s'accrochant aux épis bruns avec force et possessivité. Et il sourit en se rappelant que ce corps angélique abritait Draco Malfoy.

Grognant doucement, il baissa la tête jusqu'à rencontrer les lèvres qui, joueuses, se rétractèrent à son approche, le laissant cruellement languir jusqu'à ce que leur propriétaire se décide enfin à l'embrasser. Harry accueillit ce doux contact avec un grondement satisfait qui fit sourire le blond, satisfait de son petit jeu. Lorsqu'ils se séparèrent, bien trop tôt à son goût, il laissa un nouveau râle s'échapper de sa gorge au grand plaisir de son compagnon dont les traits s'illuminèrent d'un sourire moqueur.

« Dépendant, Potter ? »

Harry refusa de répondre dans un premier temps, reprenant les lèvres rougies pour un nouveau baiser qui, cette fois, fut vertigineux. Draco gémit et, pantelant, en quémanda silencieusement un deuxième. Deuxième qui lui fut refusé par un brun triomphant.

« Tu disais, Malfoy ? »

L'intéressé gronda de frustration sous les rires de son amant qui, pour seule compensation, lui planta un léger baiser sur la joue.

Ces brefs moments de complicité, Harry les gardait précieusement dans le coin le plus secret de sa mémoire. Et lorsque la journée commençait, lorsque, après toutes ces démonstrations d'amour et de tendresse, il ne recevait plus que du mépris et de la haine qui, même feints, le blessaient plus que de raison, il s'y accrochait de toutes ses forces, assuré que le soir venu, la douceur reviendrait.

Ennemis mortels le jour, amants passionnés la nuit.

Oui, cette relation était bien trop compliquée. Harry se faisait l'impression d'être tombé amoureux de deux personnes, toutes deux emmêlées dans un casse-tête particulièrement compliqué. L'une tendre, espiègle et taquine et l'autre, froide et moqueuse, aussi haïssable que son contraire était attirant.

Et tandis que Draco se défaisait de son étreinte pour rejoindre son dortoir avant l'heure du lever, Harry décida que s'en était assez. La Gazette du sorcier, Rita Skeeter, Dumbledore et tous les autres, tous pouvaient bien aller au diable. Il ne voulait plus se cacher. Draco était sien et, bien qu'il respectât son goût pour la discrétion, il souhaitait que ce fût sans demi-mesure.

Après un dernier baiser, les rideaux de son lit se refermèrent doucement sur la silhouette du blond qui disparu sans se douter que bientôt, très bientôt, il devrait affronter ses sentiments et faire un choix qu'il n'avait, peut-être, pas encore le courage de faire.