Nous nous proclamons rebelles, rockeurs, libres.
Nous nous proclamons de peur de ne rien être.

Nous ne sommes après tout qu'images dans les journeaux et noms sur les lèvres.
Et qu'est ce que c'est, ça ? Ils ne nous connaissent pas vraiment. Vous ne voyez que ce que nous voulons que vous voyiez.

Nous nous proclamons indestructibles, mais vous pouvez nous détruire à chaque instant.
Nous nous proclamons inincarcérables, mais, plus que l'homme qui bat sa femme ou que le dealer d'héroïne, nous sommes guettés par l'emprisonnement.

Mais nous n'en n'avons pas peur.

Ce serait quitter une prison pour une autre.

Nous sommes emprisonnés dans les carcans du show-business, pieds et poings liés par le contrat que nous avons signé, surveillés, épiés, entravés. L'Europe entière guette le moment de notre chute.

Non, nous n'avons pas peur.

Ceux qui veulent nous emprisonner sont bien naïfs, ceux qui veulent nous séparer le sont encore plus. C'est l'avantage de n'être que gouttes d'encres formant visages et corps, vous ne pouvez rien contre nous. C'est l'avantage d'être jumeaux et d'avoir quelque chose que personne ne peut connaître, que personne ne peut comprendre, que personne ne peut imaginer.

Vous ne pouvez nous emprisonner.
Nous nous en sommes chargés seuls.

Piégés dans le cercle étroit de la famille –non, dans le lien encore plus inextricable de la gémellité. Nous nous sommes emprisonnés bien au chaud, dans le cocon familial.
En le sachant, vous pouriez nous trainer devant les tribunaux et nous punir de réclusion criminelle.

Mais de nos cellules, nous continuerions à sourire.
Nous avons quelque chose que vous ne pouvez pas détruire.
Nous avons quelque chose qui n'est pas de l'amour. Ni fraternel, ni passionnel, ni amical.
Nous avons quelque chose qui n'appartient qu'à nous, et il devrait n'appartenir qu'à nous de le juger. Qui êtes-vous pour le faire ?

Vous n'êtes rien.

Si nous ne sommes que taches d'encre et noms dans un dossier, vous n'êtes que lois et diplômes.

Vous n'êtes rien de plus que nous.

Alors, emprisonnez-nous autant que vous le voudrez. Aucune chaine ne pourra nous entraver, aucune. Nous sommes déjà prisonniers depuis si longtemps.

C'est trop tard, nous avons poussé notre premier cri il y a dix-huit ans maintenant.

C'est depuis ce jour que nous sommes prisonniers, et c'est depuis ce jour que nous sommes libres.