Arrête-moi, si tu peux…
Ils
le savaient tous les deux. Ils en étaient bien conscients de
cette attraction mutuelle.
Il y avait tous ces gestes, ces petites
phrases glissées innocemment dans leurs conversations, toutes
ces choses qui faisaient tressauter leurs cœurs. Cette agréable
impression qu'il existe quelque chose, sans en être vraiment
certain.
Cette approche implicite, c'était totalement et
absolument délicieux.
Et pour l'instant, ça leur
suffisait. Oh, viendrait le jour où ils ne pourraient plus
s'en contenter, le désir prenant le dessus sur tout le
reste…
Mais pour le moment, leurs volontés tenaient bon.
Ce jeu de séduction les ravissait, et chaque jour, ils
attendaient les preuves d'une possible histoire.
Avec le temps,
leur discrétion s'émoussait, et peu à peu,
tous les autres membres de l'équipe s'étaient
rendus compte que leur relation s'était transformée…
Mac
n'avait rien dit, Stella avait sourit, Sheldon aussi, et Lindsay
avait arrêté de se faire des films.
Stella et
Sheldon s'étaient mis à jouer eux aussi : ils
relevaient leurs gestes, leurs phrases et s'empressaient d'en
parler à l'autre. Ca les amusait qu'ils se tournent autour
de cette façon.
Et puis au bout d'un temps, c'était
devenu franchement lourd. Rien ne bougeait, c'était le point
mort.
Alors que Danny et lui étaient tous deux dans un
labo, penchés sur des preuves, Sheldon avait lancé :
«
Je peux te donner un conseil Danny ? Dépêchez-vous de
vous mettre ensemble… Depuis combien de temps ça dure, votre
jeu ? »
L'ancien légiste était sorti de la
pièce sans même attendre la réponse de son
collègue. Tout ce qu'il voulait, c'était que Danny
réfléchisse à ce qu'il était en train
de faire.
Cette intervention, c'était juste un bon coup
de pied au cul. Maintenant, il ne restait plus qu'à attendre
les retombées.
Danny
suivit Sheldon du regard, la surprise se lisant sur son visage.
Bon,
d'accord, ils n'étaient pas très discrets, il
fallait bien l'admettre. Mais quand même… C'était
un peu brusque comme manière, non ?
Ca faisait quoi, trois,
quatre mois que ça durait ? Tout ce temps déjà…
Quatre
mois à se tourner autour, ça faisait long tout de même.
Surtout quand on s'appelle Danny Messer, et qu'on est connu pour
avoir une réputation de tombeur.
Tant de temps pour
conclure, ça frustrait son ego.
Il soupira. Voilà
qu'il jouait encore. Il n'avait jamais cessé de jouer,
c'était bien plus facile.
Facile de se dire que ce qui
leur plaisait, c'était les approches. Ca n'engageait à
rien. Ils avaient une excuse toute trouvée pour ne pas aller
plus loin. Tout ça ne cachait finalement que de la peur.
Et
Danny reçut cette constatation en plein visage, et de plein
fouet.
Dire qu'il y a quelques jours à peine, il
trouvait ça plutôt rassurant.
Réconfortant de
savoir que quand l'un des deux se déciderait à faire
un pas vers l'autre, son vis-à-vis serait forcément
réceptif.
Mais le problème, c'était
qu'aucun d'eux ne se décidait à aller vers l'autre,
à demander pour aller plus loin.
Mais tout ça ne
pouvait pas durer éternellement.
Il y avait bien un moment
où il fallait se jeter à l'eau, oublier d'être
raisonnable, et arrêter de tourner autour de la pomme sans
jamais y croquer.
Le moment était venu : Danny
embrasserait Don ce soir.
En attendant, il allait arrêter
d'y penser et se concentrer sur ce qu'il avait à
faire.
Tout viendrait bien assez tôt.
La
soirée arrivait déjà à sa fin, et Danny
n'avait toujours pas fait ce qu'il s'était promis.
Quel
idée aussi, de programmer un premier baiser ?
C'était
pathétique, et en plus, ça lui filait des crampes au
bide.
Merde, merde, merde !
Don amorçait déjà
les mouvements de l'au revoir. C'était pas sensé se
passer comme ça.
Belle soirée, comme toujours, mais
avec un goût d'inachevé en travers de la gorge.
C'était maintenant ou jamais.
Jamais, apparemment. Don
venait de refermer la porte derrière lui, non sans un dernier
signe de la main pour Danny.
Ce dernier mit deux secondes à
se ressaisir. Il se rua sur la porte, l'ouvrit et attrapa son ami
par la manche.
« Don ! »
Il savait. Et Danny le lut
dans ses yeux. Et de toute la soirée, il n'avait pas
esquissé le moindre geste, laissant à Danny la
direction des opérations. Très bien… Il ne lui
pensait pas assez de couilles ? Raté.
Danny s'approcha
doucement de son ami, et le poussa légèrement contre le
mur tout proche.
« Arrête-moi… » souffla-t-il
contre le visage de Don.
Ses lèvres effleurèrent
celles du policier, pour se transformer en une douce pression.
Voyant
que Don ne le repoussait pas, il se mit à caresser ses lèvres
de sa langue, qui rejoignit bientôt son homonyme pour un ballet
endiablé.
Les mains de Danny exploraient déjà
le torse de Don quand ils se séparèrent, à bout
de souffle.
Danny mordilla le lobe d'oreille de son amant tout
juste avant de lui murmurer, dans un souffle qui fit frissonner Don
:
« …Si tu peux… »
La porte se referma sur eux
et leur premier baiser. Le fruit défendu ne demandant qu'à
être dévoré.
Fin
