Title : I'll be the shoulder you can cry on.
Disclaimer : Les personnages utilisés dans cet fanfiction ne m'appartiennent pas ; ils sont tous issus du monde magnifique écrit par la talentueuse J.K. Rowling.
Pairing : Harry x Draco.
POV : Harry et Draco. Je jongle avec les deux, et passe des POV à la troisième personne.
Note de l'auteur : L'idée m'est venue après avoir à nouveau lu le sixième tome de Harry Potter. J'ai une autre fanfiction actuellement en cours, mais je préfère me consacrer à celle-ci, car elle sera sans doute plus courte. Disons qu'il s'agit d'un premier essai et vos avis me seront très importants. Bonne lecture !
Retour à la sixième année d'études de Harry, lorsque celui-ci soupçonne Draco d'être à la solde de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom. Rapidement, les faits et gestes du Serpentard deviennent une obsession pour le jeune Gryffondor, à tel point qu'il ne peut s'empêcher de le surveiller grâce à la Carte du Maraudeur. Pourtant, sur la dite carte, pas la moindre trace de Malefoy ; il semble tout simplement disparaître. Après avoir compris que le jeune homme se cachait dans la salle sur demande, Harry tente de trouver un moment pour comprendre ce que trame Draco. L'occasion se présente peu de temps avant le dernier match de Quidditch contre Serdaigle ; Harry repère Draco dans les toilettes des garçons, en compagnie de Mimi Geignarde. Cette scène est bel et bien connue de tous, mais que se serait-il passé si Harry n'avait jamais connu le sortilège de « Sectumsempra » ? Et si une trêve était possible ? Si le Gryffondor se laissait attendrir par les larmes du Serpentard ?
Harry pénétra prudemment dans les toilettes en espérant que Malefoy n'entende pas le bruit de la porte grinçant légèrement sur ses gonds. Il longea les murs en direction de la voix de Mimi Geignarde qui s'élevait en écho vers le haut plafond et risqua un œil : le Serpentard était là, ses doigts crispés sur le bord du lavabo en faillance, à tel point que ses jointures blanchissaient de plus en plus. Son visage penché vers l'avant, les épaules de Draco étaient secouées de tremblements nerveux, comme s'il y portait un poids insupportable et les caresses spectrales de Mimi ne semblaient rien apaiser, tout comme ses paroles emplies de douceur.
« Dis-moi ce que je peux faire. Je suis sûre que je peux t'aider.
– Non. Tu ne peux rien faire. Personne ne peut faire quoi que ce soit. Je dois réussir seul. Sinon, il... »
Les mots s'étranglèrent dans sa gorge et il passa une main distraite et moite dans ses cheveux d'un blond presque blanc. Harry retenait son souffle, n'osant perturber ce couple des plus improbables : voir Malefoy se faire réconforter par le fantôme le plus exubérant de l'école était... dingue. Complètement dingue.
« Il quoi ? poursuivit Mimi d'une voix calme, ne voulant pas brusquer le seul visiteur qui semblait avoir besoin d'elle, qui fera quoi ?
– Je ne peux pas t'en parler. Je ne peux en parler à personne. Je suis... »
Il hésita un instant, comme s'il refusait d'admettre la fatalité de son sort.
« Je suis... seul. »
Harry ne comprenait pas. Malefoy était pourtant constamment entouré d'une bande de sous-fifres qui était habituée à accomplir le moindre de ses ordres, aussi odieux soit-il. En quoi la tâche que lui avait confiée Voldemort – après tout, qui d'autre pouvait autant terrifier le Serpentard ? – était-elle si compliquée ? Et surtout, pourquoi tenait-il à s'en occuper seul ?
Selon ce qu'avait compris Harry, le Serpentard essayait de réparer quelque chose ; lorsqu'ils l'avaient surpris, Ron, Hermione et lui, dans la boutique de Barjow & Beurk, il avait clairement exposé qu'il espérait obtenir le second exemplaire en parfait état de marche d'un objet qu'il n'avait pas mentionné. S'il tenait tant à réussir cette mission en solitaire, pourquoi s'était-il donc adressé à Mr Beurk ? C'était illogique.
Draco redressa brusquement la tête vers le miroir fêlé et s'y observa intensément, espérant y trouver la solution à ses problèmes. Harry écarquilla les yeux et plaqua à nouveau son dos contre le mur de briques froides, espérant que Malefoy ne l'avait pas repéré. Ce qu'il venait de voir était... impossible. Non. Il avait du se tromper ; un reflet dans la glace poussiéreuse avait du l'aveugler un instant, lui procurant une illusion, un mirage. Malefoy ne pouvait décemment pas...
Il se tourna à nouveau vers son ennemi et l'observa plus attentivement ; il avait incliné son visage vers le siphon de l'évier où il espérait engloutir, avec l'eau qui coulait goutte à goutte du robinet, ses ennuis actuels. Mimi n'osait plus dire quoi que ce soit, se contentant de couver l'adolescent tourmenté du regard, et de lui frôler le cou de ses doigts translucides.
Malefoy poussa un long soupir qui se mua en sanglot.
Harry put voir les lèvres de la fantôme trembler, émue par l'attitude du jeune homme blond qui semblait alors si faible et vulnérable. Le Gryffondor n'en croyait pas ses yeux, et ce qu'il avait aperçu se révéla exact.
Malefoy pleurait.
Il pleurait vraiment.
Et Harry put à nouveau le confirmer lorsque le Serpentard redressa la tête vers le miroir ; ses joues étaient trempées des larmes qu'il avait contenues depuis trop longtemps. De sombres cernes marquaient ses paupières et sa bouche était tordue en une grimace de douleur et de désespoir. Il semblait tellement... affaibli, désemparé. Et effrayé. Jamais Harry n'avait vu Malefoy comme cela et il resta longtemps silencieux à observer les pleurs dévaler les hautes pommettes et le visage amaigri par le stress.
Un étrange sentiment s'empara de lui ; il ne s'agissait pas de pitié envers son ennemi désigné – plusieurs fois il avait ressenti cela à son égard, et à des moments où Malefoy était plus ignoble qu'anéanti – mais plutôt d'une culpabilité et d'un malaise lui dictant qu'il ferait mieux de le laisser seul.
D'autre part, autre chose le poussait à aller vers le Serpentard, à comprendre ce qui le tourmentait, sans le juger et peut-être... même à l'aider ? Mais il n'y avait pas que cela. Le visage rougi de Malefoy lui apportait une autre vision du Serpentard. Le voir dans cet état de faiblesse et de peur le révélait tel qu'il était ; Harry ne pouvait encore expliquer ce qui était différent, mais... Il savait pertinemment que Malefoy avait besoin de soutien et l'attitude qu'il arborait toujours en face des autres l'empêchait d'avoir quelqu'un à qui se confier ou quelqu'un pouvant alléger son fardeau. Pourquoi le Serpentard s'obstinait-il à se couper des autres, à s'exposer plus fort qu'il ne l'était ?
Draco leva doucement les yeux et s'observa dans la glace. Jamais il n'avait eu l'air aussi fatigué ; cette mission que lui avait confiée le Seigneur des Ténèbres absorbait tout son temps libre et ses études en prenaient un sérieux coup.
Crabbe, Goyle, Pansy et Blaise, quant à eux, se posaient de plus en plus de questions et il voyait bien qu'ils se retenaient de le harceler vis-à-vis de ses projets, se contentant d'obéir à ses demandes et de faire le guet lorsqu'il se rendait dans la Salle sur Demande, acceptant de prendre l'apparence d'élèves plus grotesques les uns que les autres.
Il poussa un nouveau soupir qui se coinça dans sa gorge et essuya rageusement de sa manche les larmes qui lui avaient échappées pour la première fois depuis le début de sa scolarité à Poudlard.
C'est à ce moment qu'il vit Harry dans le fond de la salle.
Le Gryffondor l'observait, les yeux dans le vague et, à son air abruti, Draco put en déduire qu'il était là depuis plusieurs minutes. Une colère qu'il ne put réprimer s'empara de lui, se mua en rage et il fit volte-face avant qu'elle n'explose en hurlements de haine. Il saisit sa baguette au moment où le Gryffondor glissa sa main vers la sienne.
« Petrificus Totalus !
– Incarcerem ! »
Leur voix résonnèrent en même temps dans la pièce humide et ils évitèrent tous deux les sortilèges qui leur étaient destinés en plongeant, l'un derrière le mur, l'autre dans une des cabines. Mimi Geignarde se mit à pousser un hurlement d'effroi. Draco fut le premier à répliquer.
« Stupefix ! »
Le rai de lumière rouge siffla aux oreilles de Harry qui avait tenté d'apercevoir son adversaire à présent remonté. Il serra les dents et lança à l'aveuglette :
« Petrificus Totalus ! »
Un des lavabos explosa avec force et le jet d'eau qui s'en suivit traversa Mimi qui leur hurlait d'arrêter.
Mais les deux ennemis refusaient de cesser leurs attaques. Des jets de lumière fusèrent de part et d'autre de la salle d'eau, fissurant les murs par endroit et fracassant les miroirs et les cabines.
Harry se demandait comment, malgré leur raffut, personne ne semblait avoir entendu leur altercation, mais peut-être que les rares témoins n'osaient pas se risquer à l'intérieur des toilettes où une bataille faisait rage. Ce qui était compréhensible.
Au bout d'un moment, un long silence suivit le violent échange et ni Draco, ni Harry ne se risqua à sortir de sa cachette. Ils respiraient avec force, tentant de calmer leur respiration accélérée par l'adrénaline et attendaient tous deux que l'autre se risque à faire un geste, ce qui leur permettrait de connaître sa position et de contre-attaquer.
Harry se laissa glisser le long du mur derrière lequel il s'était abrité depuis son entrée dans la pièce et déglutit. La fantôme pleurait et gémissait au plafond près duquel elle s'était réfugiée, bien que les sortilèges ne faisaient que la traverser sans lui procurer le moindre mal.
Draco, quant à lui, était appuyé contre une des parois de la cabine dans laquelle il se trouvait et guettait les actions de Potter. Il avait l'impression de se trouver dans un de ces stupides films d'action moldus, au moment critique où la plus petite goutte de sueur tombant sur le carrelage trahirait sa position. Il se gifla intérieurement pour une pensée aussi ridicule. A croire que sa haine envers le Balafré ne faisait qu'accroître son énervement, l'empêchant ainsi de réfléchir concrètement à ce qu'il devait faire. Son esprit embrouillé ne lui permettait pas de tenter quoi que ce soit. Et l'utilisation d'un Sortilège Impardonnable ne ferait que compliquer sa situation actuelle ; Rogue lui collait déjà suffisamment aux basques pour qu'il se permette une retenue avec lui. Pour l'instant, il devait déstabiliser Potter s'il voulait s'en sortir le plus vite possible. De toute manière, un professeur ou un élève finirait bien par les entendre et mettrait fin à leur altercation. Du moins, il l'espérait. Il n'avait pas de temps à perdre.
« Alors, Potter ? On a décidé de jouer les indiscrets ? Vu qu'on ne peut pas demander à sa petite bande de filer le méchant Malefoy, on essaye de le faire par soi-même ? J'te comprends. Ta vie est tellement passionnante que tu n'as pas d'autre loisir que de foutre ton sale nez dans les affaires des autres. »
Harry serra les dents, conscient que s'il répondait à la provocation du Serpentard, ce dernier en profiterait pour renchérir et le faire sortir de ses gonds ; après tout, c'était sa grande spécialité. Draco, quant à lui, poursuivit, avec un demi-sourire :
« Après tout, le Noble et Grand Potter ne se permettrait pas d'exploiter la Sang-de-Bourbe qui lui sert d'amis. Le Noble et Grand Potter est trop occupé à essayer de sauver le monde pour ça. »
Le Gryffondor pressa sa baguette entre ses doigts et se redressa. Il traversa la largeur de la salle en courant, évita un sort et se cacha à nouveau derrière un mur.
« Tu as beau essayer d'afficher une image, Potter, tu resteras toujours le même à mes yeux. Un lâche. Tout comme tes parents.
– Au moins, les miens ne sont pas des monstres ! »
Une pierre explosa à dix centimètres de sa tête et il se protégea les yeux de ses bras. Il entendit Draco pousser un sifflement furieux.
« N'insulte pas mes parents. Retire ce que tu as dit, Potter.
– Pas avant que toi tu ne l'aies fait, Malefoy. »
Draco fronça les sourcils et laissa échapper un grognement de colère. Il avait raté le Balafré une première fois ; ça ne se reproduirait plus. Pas alors que l'occasion de lui régler son compte une bonne fois pour toute lui était offerte sur un plateau d'argent.
Il sortit de la cabine, ignorant Mimi Geignarde qui continuait de gémir et s'approcha à pas de loups de l'endroit où se trouvait Harry. Celui-ci mesura le silence qui venait de s'installer et se fia au frisson désagréable dans son cou le prévenant d'un danger imminent. Il fit brusquement face à Draco.
« Endol...
– PROTEGO ! »
Le sortilège toucha le blond de plein fouet et son corps fut projeté à travers la pièce, jusqu'à ce que son crâne heurte le lavabo avec violence et un bruit inquiétant. Il s'effondra, inerte, comme un pantin dont on a coupé les fils.
Harry haletait. Mimi Geignarde s'était décidé à redescendre et posait alternativement son regard sur les deux adolescents immobiles. Elle triturait ses mains avec angoisse.
« Est-ce qu'il va bien ?
– Je... Je n'en sais rien. »
Harry rangea sa baguette dans sa poche et s'approcha de Malefoy qui ne bougeait plus d'un pouce. Quand il ne fut plus qu'à deux mètres de lui, le Serpentard tomba sur le côté, révélant une trace de sang sur le bord de l'évier. Harry se mordit la lèvre et s'agenouilla dans la flaque auprès du jeune homme. Il avait reçu un sérieux coup sur l'arrière de la tête, ce qui avait eu pour effet d'ouvrir son cuir chevelu par endroit, mais sa vie n'était pas menacée. Du moins, il n'y avait rien que Mme Pomfresh ne puisse guérir.
Enfin, Harry croisait les doigts pour.
Cependant, comment allait-il justifier un Malefoy trempé avec l'arrière du crâne ouvert et, si un professeur les découvrait, les toilettes saccagées ? Il se pinça l'arête du nez et inspira lentement.
« Il est... mort ? Tu l'as tué, Harry ? Tu l'as tué !
– Mimi, bon sang ! Tais-toi ! Tu m'empêches de me concentrer. »
Par précaution, il posa son index et son majeur sur la carotide du Serpentard ; son pouls était régulier, voire calme. En le regardant de plus près, Harry songea que le seul moment où Draco semblait vraiment apaisé était lorsqu'il était inconscient et qu'aucun cauchemar ne venait troubler ses songes. Quelle « mission » pouvait le tourmenter de la sorte ? Et pourquoi était-il si inquiet ? Harry ne comprenait pas.
Il sortit un parchemin vierge de sa poche et murmura, en le cachant aux yeux de Mimi, qui, de toute façon, était trop occupée à se morfondre pour Malefoy.
« Je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises. »
Une carte se révéla à lui et il poussa un soupir de soulagement en remarquant que tous les élèves étaient actuellement en cours et que, s'il employait quelques raccourcis, il pourrait atteindre l'infirmerie sans faire trop de mauvaises rencontres. Là, il laisserait Draco devant la porte et toquerait rapidement avant de se cacher sous sa cape et de prendre la poudre d'escampette.
Il soupira et passa une main dans ses cheveux en désordre en rangeant la carte du Maraudeur au fond de sa poche. Il attrapa Draco par les aisselles et le souleva du mieux qu'il put pour ensuite l'appuyer contre le lavabo sur lequel il venait d'essuyer le sang dilué à l'eau qui continuait de s'écouler. Il déposa le corps inanimé en position assise sur le bord en faillance, ce qui serait plus pratique pour le prendre sur son dos.
« Que vas-tu faire ? Tu comptes te débarrasser du corps ? Tu penses que son esprit viendra me rendre visite de temps en temps ?
– Mimi ! Tu veux bien me laisser tranquille et aller te noyer pour de bon dans tes tuyaux ? »
Vexée, elle poussa un hurlement à s'en arracher les poumons et plongea dans la cuvette la plus proche.
Harry soupira et se tourna vers Malefoy qui avait à présent les yeux grand ouverts. Les secondes restèrent en suspens. Draco étudia la position dans laquelle il était à présent placé : assis sur un évier, les jambes de part et d'autre du corps de Potter, ses bras sur ses épaules, leur torse se touchant presque.
« Mais qu'est-ce que... ? »
Sans qu'il puisse contrôler le rouge qui lui montait aux joues, Harry resta figé, ses yeux plongés dans ceux d'orage du Serpentard dont les sourcils s'élevaient de plus en plus haut sur son front parfait. Ce dernier ouvrit la bouche, la referma, l'ouvrit encore. Le Gryffondor songea, amusé, qu'il ressemblait à une carpe qui essayait de parler. Draco refusait de comprendre ce que la position dans laquelle il était placé pouvait suggérer. Potter ne bougeait pas, se contentant de le fixer en rougissant de plus en plus. L'éclat de malice qui dansait dans les yeux émeraude lui fit reprendre contenance.
Il envoya son poing dans la mâchoire de son ennemi qui fit quelques pas en arrière en se tenant le menton. Draco se redressa et se rattrapa in extrémis au bord du lavabo, un vertige nauséeux l'empêchant de faire le moindre pas en avant. Harry, quant à lui, se massait consciencieusement la joue et vissa à nouveau son regard dans celui de Malefoy qui semblait en bien mauvaise posture.
Il était d'ailleurs furieux ; Draco ne supportait pas d'être en position de faiblesse surtout face au garçon qu'il méprisait le plus au monde. Il était incapable de se déplacer ou de répliquer à nouveau si jamais Potter décidait de passer à l'attaque. Mais, apparemment, le brun n'en avait pas l'intention ; il semblait plutôt profiter de son avantage et le faisait savoir par le sourire qui naissait sur ses lèvres dont l'inférieure enflait doucement.
Draco sentit une douleur fulgurante lui traverser l'arrière du crâne ; il y plaqua sa paume et y découvrit du sang quand il la regarda furtivement. Il serra les dents et adressa à Harry un rictus de haine.
Malheureusement, le Gryffondor ne se défaisait pas de son sourire suffisant et croisa négligemment les bras, profitant du spectacle de Malefoy chancelant et glissant lorsqu'il esquissait le moindre geste. Plus le Serpentard se sentait ridicule, plus sa colère envers son ennemi grandissait.
« Ne te fous pas de moi, Potter !
– Excuse-moi, Malefoy, mais il est rare que j'assiste à quelque chose d'aussi... divertissant.
– La ferme ! »
Draco saisit sa baguette, mais avant qu'il ait pu faire quoi que ce soit, en fut désarmé par un Expelliarmus. Il poussa un hurlement de rage et se rua vers Harry.
Cependant, il s'effondra de tout son long avant d'avoir pu frôler le Gryffondor.
Harry se mordit la lèvre pour ne pas éclater de rire, mais l'angoisse d'écoper d'une retenue pour avoir abandonné Malefoy dans une position aussi pitoyable l'empêcha de se moquer et de tourner les talons.
Il s'approcha du Serpentard qui essayait de se redresser du mieux qu'il put, prenant appui sur ses coudes, ses bras, mais chutant à chaque fois. Il haletait, grognait, jurait, s'énervant et échouant encore et encore, tout en refusant d'abandonner. Il était presque au bord des larmes. Draco était déjà suffisamment dans un état de stress et de faiblesse intenses pour qu'il s'affiche de cette manière face aux autres. Il était à la merci du Seigneur des Ténèbres et refusait qu'il en soit de même avec qui que ce soit.
Harry ne souriait plus ; voir Malefoy dans un état d'infériorité avait d'abord eu quelque chose de... jouissif, il devait l'avouer, mais l'observer maintenant complètement désemparé et furieux de ne pouvoir se relever le mit mal à l'aise, car il semblait en colère contre Harry, mais également contre lui-même.
Et le Gryffondor ne comprenait pas pourquoi.
Il s'approcha prudemment de Draco qui avait cessé de lutter pendant quelques secondes et s'accroupit auprès de lui.
« Malefoy. Il faut que je te transporte à l'infirm...
– LA FERME ! »
Il n'essaya pas de le contredire, se contentant d'observer son visage rougi par l'effort et l'énervement. Le jeune homme respirait par à-coups, ses cheveux blonds lui tombant dans les yeux.
« C'est ta faute... si je suis dans cet état !
– Justement. Laisse-moi t'emmener à l'infirmerie.
– Et tu me laisseras devant la porte sans te justifier, hein ? Pauvre lâche ! »
Les mots traversaient ses dents serrées par la fureur. Malefoy avait deviné ses intentions de rester en-dehors de tout ce qui s'était passé et il avait à moitié raison en le traitant de lâche. Harry soupira et finit par s'asseoir au côté du corps tremblant.
« Malefoy. Tu ne peux pas rester comme ça. Tu t'es sans doute fait une légère commotion et...
– Je n'ai pas besoin de toi, Potter. »
Un mépris innommable transparaissait dans chaque mot.
Quelle fierté poussait Malefoy à refuser son aide ? Quand bien même, si Harry le laissait devant la porte de l'infirmerie, qu'est-ce qui l'empêchait de dénoncer celui qui lui avait ouvert le crâne et à moitié détruit les toilettes ? Harry le laisse ou avoue qu'il était bien responsable ne changeait rien. Sa punition finirait par tomber à un moment ou à un autre. Et elle serait sans doute lourde.
Surtout si c'était Rogue qui la lui administrait.
« Malefoy...
– Laisse-moi. »
Draco refusait son aide. Il n'avait pas besoin de lui et pouvait très bien se débrouiller tout seul. D'ici quelques minutes, quelqu'un finirait bien par arriver et par alerter Mme Pomfresh. Il fallait juste que Potter s'en aille. Et le laisse tranquille. En attendant, il pouvait se reposer et essayer de reprendre quelques for...
Son corps se souleva brutalement du sol et il écarquilla les yeux sous la surprise. Harry le portait comme un sac sur une de ses épaules et les bras et les jambes de Draco pendaient misérablement de chaque côté. Puis, après avoir correctement positionné le Serpentard, il commença à marcher vers la sortie.
« Pott'... Qu'est-ce que tu fous ?
– Tu vois bien : j'te porte. »
La réponse était tellement emplie d'évidence que Draco ne sut que dire. Il resta deux secondes silencieux – ce qui, pour lui, était un record – avant de se mettre à gesticuler et de frapper mollement le dos du Gryffondor de ses poings fatigués.
« Mais lâche-moi, bon sang ! Je t'ai dit que je pouvais me débrouiller tout seul !
– Ah bon ? Ce n'est pourtant pas l'impression que tu me donnais. Et puis tais-toi si tu ne veux pas qu'on se fasse repérer. J'imagine que tu n'apprécierais pas vraiment que tes petits camarades te voient dans une position aussi idiote. »
Draco grinça des dents et laissa à nouveau pendre ses bras, résolu.
Il devait vraiment avoir l'air ridicule : à moitié trempé, du sang coulant de son crâne, un air maladif sur le visage et porté de façon aussi peu glorieuse.
Merde.
Comment avait-il pu en arriver là ?
Quand bien même, Potter ne pourrait sans doute pas tenir longtemps avec une masse pareille posée sur une épaule. Son corps avait beau s'être fortifié, ses muscles s'être développés grâce aux longs et ardus entrainements de Quidditch, il ne serait sans doute pas capable de le porter à travers les couloirs jusqu'à l'infirmerie.
Draco n'avait pas la moindre idée de l'endroit où il se trouvait ; aussi fut-il fort étonné quand Potter le posa sur le sol, cinq minutes après le départ, juste devant les portes de l'infirmerie. Le Serpentard évita de montrer la moindre émotion, bien trop fier et têtu pour cela.
« Tu vas donc me laisser là ?
– Je n'ai pas vraiment le choix, Malefoy. De toute façon, je suis sûr que je finirai bien par tomber. Grâce à toi. »
Il eut un petit rire forcé et passa la main dans ses cheveux humides et en bataille.
Draco le jaugea du regard, observant longuement le Gryffondor, comme il n'en avait jamais eu l'occasion auparavant. Le T-shirt gris qu'il portait collait à son torse à cause de l'eau et de la sueur qui y avaient coulées, révélant les abdominaux bien dessinés qu'il avait entretenus depuis quelques mois. Draco remarqua que ses épaules s'étaient élargies et que des pectoraux musculeux, sans être proéminents, étaient apparus. Sa taille était fine et, si ses fesses étaient telles que les imaginait le Serpentard, celui-ci aurait compris le succès que Potter avait actuellement auprès de la gente féminine et – bien qu'il l'ignorait – masculine.
Draco décrocha difficilement son regard du corps de Harry et se frotta les yeux de son index et de son pouce ; il avait du recevoir un sacré coup sur la tête pour penser à des choses pareilles. L'épuisement et l'angoisse dans lesquelles il était plongé l'avaient affaibli et c'était sans doute pour ça que... qu'il divaguait ainsi.
Harry avait remarqué les yeux de Draco qui le parcouraient et avait l'impression qu'ils le déshabillaient de plus en plus à chacun de leurs passages.
Mais le Serpentard détourna aussi vite le regard qu'il ne l'avait concentré sur le corps du Gryffondor et un long silence plana au-dessus d'eux.
Harry sortit soudainement la cape d'invisibilité - il ne s'embarrassait plus de la cacher devant Malefoy depuis quelques mois, à présent - de sa poche et se dirigea vers la porte de l'infirmerie où il s'apprêtait à donner quelques coups.
« Je ne te vendrai pas, dit Malefoy.
– Bien sûr que si tu le feras.
– Non. Car je serai aussi responsable de la destruction des toilettes. Et je n'ai pas le temps d'avoir une retenue. Surtout avec toi.
– J'imagine que tu as d'autres projets, effectivement. »
Le Serpentard soutint le regard du Gryffondor. Ce dernier donna trois petits coups brefs et la seconde d'après, il avait disparu sous sa cape.
Mme Pomfresh trouva le jeune homme blond appuyé contre le chambranle et l'aida péniblement à se redresser.
Draco ne savait pas si son cerveau lui jouait à nouveau des tours, mais il était certain d'avoir entendu un léger ricanement derrière son dos au moment où il pénétrait dans l'infirmerie.
TIN TIN TINNNNNN ! Et voilà la fin du premier chapitre ! J'espère qu'il vous aura plu. En route pour le deuxième !
