Coucou.
J'ai décidé aujourd'hui de vous embarquer dans une nouvelle adaptation. J'espère qu'elle vous plaira et que vous prendrez autant de plaisir à la lire que j'en ai eu à l'écrire.
C'est une adaptation libre certes ( histoire de prévenir les puristes) mais je pense que malgré tout, elle reste fidèle à l'esprit de l'original et surtout aux caractères de la série ( ma véritable obsession, j'avoue et ce peu importe le bordel que fiche les scénaristes avec eux et surtout Castiel, ces dernières saisons ).
.
Je vous laisse deviner de quelle adaptation il s'agit et je vous retrouve en fin de chapitre pour vous en dévoiler le titre.
.
Je tiens tout spécialement à remercier Cha et Nouchka pour leurs coups de pied aux fesses (elles comprendront XD)
.
Merci à Cha, ma béta et amie.
.
Enjoy.
.
Chapitre I : « La légende de la forêt d'Emerald »
.
Il était une fois, en ces temps que nul ne peut définir, un monde où l'infiniment petit côtoyait l'infiniment grand.
Où les machines possédaient une magie aujourd'hui disparue et les hommes le pouvoir de créer, mais l'interdiction d'exister.
.
Un temps où les immensités grimpaient jusqu'au ciel, telle Babel défiant les Cieux. Les anges s'en offusquèrent. Comment de telles fourmis pouvaient-elles prétendre tendre jusqu' à eux, les élus ?
.
S'ensuivit une guerre puis une autre, mais rien n'y fit. Les hommes résistèrent. Dans les rangs célestes, le doute s'était incrusté, vil poison. Parmi la lumière, une ombre se rebelle et observe cet infini petit avec curiosité.
N'étaient-ils pas eux aussi la création du Divin Grand, le sacré auquel personne ne devait s'opposer ?
.
L'être rangea sa lame et s'assit pour ne plus bouger, fasciné par ces êtres qui maniaient la vapeur comme lui sa grâce. Qui créaient des machines volantes, les portant comme ses ailes.
Qui créaient la mort, comme son poignard éteignait la vie.
.
Quand il lui fut ordonné de mener les légions sur Canopolis, il posa les armes, suivi par plusieurs de ses loyaux. Michael, l'archange céleste, ne put tolérer une telle rébellion et sa colère demeurée légendaire étouffa tout instinct de dissidence aux rangs des siens depuis.
.
« Qu'il en soit ainsi », en s'approchant de l'être de lumière piégé sous sa coupole de verre.
Il en caressa la surface, mais l'être céleste resta digne dans son drapé éthéré.
« Je te bannis sur ces terres que tu vénères tant, loin de ces villes qui te fascinent… De lumière, tu deviendras ténèbres… De beauté céleste, tu ne seras plus que noirceur… Tu ne trouveras le salut qu'en réussissant à te faire aimer par l'un de ces êtres de chair et de sang », en désignant d'un geste ample la terre apparue en filigrane dans le creux de sa main divine. « Ta grâce, tel le sablier, sera le temps qu'il te sera accordé. Quand la dernière flamme brillera, Bête, tu resteras », psalmodiant dans un langage inconnu des hommes, levant la paume de sa main droite, comme la justice lève le glaive.
.
La forêt d'Emerald est depuis maudite. Nul jamais n'en traverse la rive gauche. On dit que les chiens de l'enfer en gardent les terres. Il doit y avoir du vrai dans cette légende, vu que personne n'en est jamais revenu pour la contredire.
.
.
Un murmure, un brouhaha puis des éclats de rire enfantins empreints d'une peur troublée.
Des pieds de chaise qui grincent et une dizaine de garçons et de filles se lèvent de leur bancs d'école. Le cours est fini.
Le maître sourit en les regardant se disperser tout en le saluant. La légende de la forêt d'Emerald n'est pas prête de mourir.
Il s'approche de la fenêtre et observe les hauts arbres qui se dressent entre Jefferson City et la ville de Canopolis qui les défie au loin. Une légère brume s'élève de la cité. Vapeur d'une industrie en perpétuelle renaissance.
Fut un temps, il vivait dans ses entrailles de briques et de bruit, mais il préfère aujourd'hui la quiétude de cette petite ville de campagne.
.
Il enfile sa redingote, attrape son haut de forme et sa canne. Un dernier regard sur sa classe vide et il sort en laissant traîner ses yeux sur les quelques arbres morts à l'Est d'Emerald.
.
.
Dans les rues, c'est l'effervescence des fins de journée. Les chevaux d'acier crachent leurs vapeurs menés par leurs chauffeurs, lunettes de protection collées aux yeux, juchés sur leurs hauts sièges en cuir.
Les carcasses de fer puddlé et de cuivre partagent l'espace avec quelques chevaux de chair, de ceux que Gabriel préfère. Il ne les jalouse pas, ces fanfarons, et le seul cheval de fer qui lui ait jamais fait envie ne traverse que rarement la ville. Son propriétaire, Dean Winchester, tient bien trop à son prototype pour risquer l'embardée avec l'un de ces chauffeurs du dimanche.
.
Il traverse la rue pour se rendre jusqu'à l'étal voisin où il retrouve une partie de ses élèves qui bataillent pour quelques sucreries.
On rit, on se chamaille gentiment et personne ne s'inquiète de savoir qu'au-delà de l'horizon, un être les observe au travers d'un miroir.
.
« Bonjour, Gabriel » fait une voix masculine.
Il se retourne et lève la tête. Samuel Winchester le gratifie d'un sourire avenant. Il a le regard fatigué et le visage pâle, mais il y a plus de vie dans ses yeux qu'il n'y en avait encore il y a huit jours.
« Gabriel » le salue un autre homme en grognant.
Le professeur se penche pour faire mine de le chercher derrière le géant.
« Dean-o », taquin, ôtant son chapeau pour le saluer.
.
Dean Winchester est affublé de son éternelle pétoire, gilet de cuir sur chemise blanche aux manches retroussées et cravate large nouée lâchement, retenue par une épingle en argent. Il porte un pantalon léger dont les pans sont enserrés dans des mi-bottes en cuir à lacets.
Le célibataire le plus en vue de Jefferson City, celui qui fait se pâmer toutes les filles aux cœurs lésés, se tient devant lui, bras croisés, en appui sur sa jambe droite, prêt à en découdre à la moindre répartie acerbe de son vis-à-vis.
.
« Comment vas-tu, Samuel ? » poursuit Gabriel en détournant le regard.
« Mieux, merci… Le docteur Mills m'a confirmé que je serai entièrement rétabli d'ici une semaine », en prenant à témoin son aîné dont le visage se renfrogne aussitôt.
« Je vois », en passant de Sam à Dean. « Tu vas donc pouvoir te rendre à la grande foire annuelle de Canopolis ? », entre interrogation et affirmation.
« Oui », opinant vivement sous les yeux assassins de son frère.
« Tu n'as pas l'air de t'en réjouir, Dean-o ? » s'étonne Gabriel.
« Dean estime qu'il est encore trop tôt pour que je prenne la route… Ce à quoi je lui ai rétorqué que je n'avais plus dix ans et que je pouvais encore parcourir quelques kilomètres à cheval sans être fraterné » en ne lâchant pas son frère du regard. « De plus, l'atelier ne désemplit pas, il ne peut pas se permettre de laisser le travail s'accumuler »
.
Soulignant par là que Dean Winchester est bien le meilleur technicien et spécialiste des tiroirs à vapeur de la région. Il est capable de réparer n'importe quelle chaudière ou condensateur, maniant aussi bien le laiton que le fer et le cuivre. Il a appris du meilleur, son père, John Winchester qui possédait un atelier réputé à Canopolis avant de venir s'installer à Jefferson après la mort de sa femme, Marie.
De son côté, Samuel a suivi des études de droit, il est aujourd'hui un avocat réputé, mais sa passion reste les automates et les boîtes à musique. Ce sont ces dernières qui le mèneront d'ici quelques jours à la grande cité. Il s'est inscrit à plusieurs concours avec le secret espoir de gagner l'un d'entre eux grâce à sa dernière invention. Un hommage à sa fiancée, Jessica, décédée quelques années plus tôt dans l'incendie de leur maison.
.
Dean maugrée avant d'abdiquer. Un problème d'un tout autre genre arrivait droit vers eux : Abaddon.
Il soupire en prenant à témoin son cadet et Gabriel.
Dean ne peut pas nier qu'elle soit jolie en plus d'avoir un sacré caractère. Mais elle était avant tout capricieuse et égocentrique. Manipulatrice et vénéneuse. Elle fascine autant qu'elle fait peur, finissant toujours par obtenir ce qu'elle veut ou ce qu'elle estime lui être dû, d'une manière ou d'une autre. Se fichant des règles et des lois comme de son premier corset. Fille du maire, tout lui était permis, elle agissait dès lors en toute impunité.
.
« Dean », l'interpelle-t-elle de sa voix langoureuse.
Elle porte une longue robe étroite, noire et bleue, serrée à la taille et un petit chapeau accroché au bord de sa crinière rousse.
Elle le toise tout en l'approchant.
« Abaddon » la salue-t-il en levant les yeux au ciel.
Elle pince les lèvres, vexée, mais se reprend aussitôt en lui offrant un sourire affable, prenant appui sur son parapluie à tête de dragon.
« Je n'ai pas reçu de réponse à mon invitation… Serait-ce un oubli de ta part ou un malheureux contretemps de la poste ? », hautaine.
« Ni l'un ni l'autre… Je te l'ai déjà dit et je te le répète : ça ne m'intéresse pas », en relâchant ses bras et s'apprêtant à prendre congé.
« Pardon ? », en se crispant, peu habituée à ce qu'on s'oppose à ses desiderata.
« Trouve-toi un autre cavalier », en se tournant vers Sam. « On se retrouve à la maison ».
Il salut d'un geste du menton Gabriel qui lui répond en pinçant le bord de son haut-de-forme.
« Dean Winchester » vocifère Abaddon. « Comment oses-tu ? », en marchant dans ses pas, suivie comme son ombre par Lilith, son ancienne camarade de classe devenue sa meilleure amie et alliée, totalement soumise à la volonté de son aînée à qui elle voue un véritable culte de la personnalité.
.
Sam étouffe un rire amusé en voyant son frère coursé par les deux femmes. Gabriel, lui, les observe d'un air plus sévère. Il sait de quoi est capable cette démone. Elle veut Dean à sa droite et fera n'importe quoi pour arriver à ses fins.
« Je vais te laisser… Je dois encore passer chez Deveraux pour ma commande, il va bientôt fermer », en ouvrant le cadre de son montre gousset.
« Porte-toi bien, Sam »
« Toi aussi, Gabriel, et remet mon bonjour à Khali »
« Je n'y manquerai pas », continuant de suivre du regard le trio qui disparaît au coin de la rue.
.
Sam dodeline de la tête et s'éloigne. Gabriel, bras croisés dans le dos, se mordille la lèvre avant de lever les yeux vers l'horizon et, au loin, la forêt d'Emerald.
.
.
Rien ne vient perturber les jours qui suivent. Enfermé dans son atelier, Dean n'a de cesse de manier le marteau et l'enclume tout en faisant jouer les pistons de sa machine à vapeur.
Il n'a plus que deux jours pour finir de réparer le moteur du dirigeable de Dick Norman, l'un des grands pontes de Canopolis.
.
Assis sur le banc qui fait face à la maison, Sam lit un recueil sur les mécaniques de l'horlogerie. Il est distrait par les bruits qui proviennent de l'atelier. La haute tour cylindrique qui déchire le toit de celui-ci le fait sourire, le ramenant des années en arrière. Son père, à la force de ses mains et à la sueur de son front, avait transformé la paisible grange en un atelier capable d'accueillir plusieurs machines à la fois.
La maison attenante leur servant de résidence. Deux chambres, un salon, une cuisine et une petite salle de bain. Il n'en fallait pas plus pour faire le bonheur de Dean.
Sam avait repris sa chambre quelques années plus tôt, après la mort de Jessica, sous l'insistance de son aîné. Depuis il n'avait jamais cherché d'autre foyer.
Ils étaient chez eux ici.
Il referme son livre et se dirige vers un petit cabanon. C'est son jardin secret. Dean n'y pénètre jamais sans qu'il n'y soit invité.
Il entre, ôte sa redingote et s'installe près des braises qu'il ranime en quelques coups de tisonnier.
Il ouvre l'armoire de gauche et en sort une boite d'une vingtaine de centimètres qu'il pose sur la table.
Il sourit, éclat de tristesse dans les yeux, et l'ouvre.
Une valse lente, deux personnages qui se croisent et se décroisent.
Un coup sur la porte.
« Sammy… J'peux entrer ? »
« Entre », tout en laissant la boîte ouverte.
.
Dean s'approche sans un mot et se place derrière son frère, admirant le travail d'orfèvre de celui-ci.
Le décor est fait de bois finement sculpté avec quelques éléments de cuivre et de mosaïque comme parquet imaginaire. Les personnages paraissent plus vrais que nature et la délicatesse des notes du cylindre atteignent Dean jusqu'au cœur.
Quand l'ultime accord résonne, ils restent un instant sans se parler puis la main de l'aîné se pose sur l'épaule du plus jeune.
« Sois prudent sur la route… Envoie-moi un télégramme dès que tu es arrivé, c'est tout ce que je te demande », d'une voix posée mais ne pouvant cacher son inquiétude.
« Promis », en refermant doucement le couvercle.
« C'est magnifique, Sammy »
« Merci », en caressant le bois sombre de sa paume. « Je partirai demain en début d'après-midi, j'espère atteindre Canopolis en début de soirée au plus tard… Garth m'a confirmé ma réservation »
« Tu viens manger ? », en s'écartant, une tape sur l'épaule.
« Laisse-moi deux minutes et je suis là », avec un sourire las.
.
Main sur la poignée, dos à son frère, Dean s'arrête.
« Je suis fier de toi, Sam », en ouvrant la porte.
« Je suis fier de nous, Dean » réplique-t-il.
Dean sourit et referme la porte derrière lui.
.
Cette boîte à musique sur laquelle Sam travaille depuis près d'un an, grappillant du temps entre deux procès, c'était sa façon à lui de faire son deuil. Ces concours, Canopolis, c'était sa façon à lui de tourner la page.
Dean ne peut pas, sous prétexte de vouloir le protéger, l'empêcher de vivre.
.
Le lendemain, il est réveillé par les hennissements de Bones, leur étalon Shire.
Quand il se penche à la fenêtre, il le voit secouer sa crinière noire tandis que Sam le flatte.
Avec ses 1 mètres 80 au garrot, le cheval de trait paraîtrait immense aux côtés de n'importe quel autre cavalier, ce qui n'est pas évidemment pas le cas avec Sam et ses près de deux mètres.
Dean se souvient que c'est avec ce même cheval que Sam s'était rendu à son premier procès en tant qu'avocat fraîchement diplômé. Leur duo n'était pas passé inaperçu.
« Je devrais être de retour dans deux jours », dit-il en buvant son café.
« Hum », grommelle Dean en tournant les pages du journal local.
« Pourquoi tu n'en profiterais pas pour aller au bal cette année ? » lui suggère Sam en saisissant un petit pain au lait.
« Ça ne va pas ? Plutôt mourir », en fronçant des sourcils.
« Tu n'es pas obligé d'y aller avec elle… Tu pourrais demander à Jo de t'accompagner ? » insiste Sam.
« Pas question… Elle va encore se faire des idées » marmonnant entre ses dents tout en lisant distraitement les nouvelles.
« Ça te permettrait de sortir de ton atelier et de faire connaissance avec… avec des gens » ose Sam.
Dean se pince l'arête du nez, dépité.
« T'es la pire entremetteuse que je connaisse, tu le sais ça ? »
« Tu n'en connais pas d'autre » rétorque Sam, boudeur.
« J'ai pas envie de me caser, Sammy… Cette vie me convient très bien comme elle est », en attrapant sa tasse de café. « Et puis franchement, personne ici ne me donne envie d'en changer », en reprenant son journal d'une main. « Je n'ai pas les mêmes centres d'intérêt qu'eux »
« Ni les mêmes… goûts » souligne-t-il. « Au final, ce ne sont que des excuses », en mordant dans son pain.
« Et elles me conviennent très bien », mettant fin à la discussion.
« Tu vas finir vieux garçon… Ronchon et mal fagoté comme Deveraux » balance Sam après quelques secondes de silence.
« Bich », en ne quittant pas son journal des yeux.
« Jerk », en finissant son café.
.
Il est près de deux heures quand Sam termine de harnacher Bones. Il glisse la boîte à musique dans le petit coffre en bois qui pend près des sacoches accrochées à la selle.
Bones s'ébouriffe en hennissant quand il voit approcher Dean.
« Prêt ? » lance ce dernier en caressant le museau du cheval.
« Oui », les traits tendus.
« Tout va bien se passer », l'encourage Dean en lui tapant sur le bras.
« Peu importe », en lui souriant. « Gagnant ou pas, ce n'est pas là l'important. »
« Je sais » alors que Sam se coiffe de son haut-de-forme.
Il tire sur sa redingote en cuir et frotte la paume de ses mains sur son pantalon en lin. Remonte le col de sa chemise et desserre un peu son foulard.
« T'es superbe… Arrête de faire ta princesse » se moque Dean devant les angoisses évidentes de son cadet.
« Bon, j'y vais », en saluant Dean, doigts sur le bord de son chapeau.
« Bonne chance, Sammy », en lui octroyant une brève accolade.
« Merci, Dean… Pour tout », en le frappant doucement dans le dos.
« Fais gaffe à toi… N'oublie pas de prendre la fin de ton remède », lui hurle Dean alors que Sam s'éloigne, Bones au trot.
Une main vaguement secouée en l'air et le cheval se met au galop.
Dean le regarde s'éloigner, soupire et retourne à son atelier.
.
.
Bones trépigne et rechigne à continuer son chemin. Sam scrute la forêt qui les cerne. Incapable de savoir quelle route il doit emprunter. Il y a là deux chemins qui se croisent et vu la hauteur des arbres, il n'arrive plus à distinguer les hautes cheminées de brique de Canopolis qui, jusqu'alors, lui servaient de guide.
« Du calme », apaisant Bones tout en tentant de se rassurer lui-même.
Le soleil va bientôt se coucher et s'orienter dans cette forêt de nuit ne lui dit rien qui vaille.
« Bon… Il va bien falloir qu'on y aille », en fermant les boutons de sa redingote, le fond de l'air se faisant soudain plus frais.
« On se dirigeait vers le Nord », en tirant sur les rênes pour retenir son cheval qui s'agite de plus en plus. « Va pour le chemin de droite », mais Bones résiste, la bave coulant de son mors.
« Qu'est-ce qui te prend ? » s'inquiète Sam quand un bruit sourd se fait entendre.
Il tend l'oreille.
Un grondement porté par le vent. Il paraît lointain et si proche à la fois.
« Je vais finir par croire que les légendes de Gabriel ont du vrai », sourire crispé, caressant l'encolure de son cheval.
.
Un craquement sec, une branche se décroche et vient s'écraser barrant le chemin de droite.
Un nouvel hurlement résonne, Bones piétine et tente de reculer. Sam serre les rênes mais rien n'y fait. Un grondement suivi d'un deuxième et le cheval s'emballe fonçant droit sur le chemin de gauche.
« HO HO », s'époumone Sam en tirant sur les lanières, en vain.
L'équidé fonce droit devant, obligeant son cavalier à se baisser pour éviter les branches de plus en plus denses.
Soudain, le cheval se cabre devant deux paires d'yeux rouges qui apparaissent au milieu de ce qui parait être des buissons.
« BONES » hurle Sam alors qu'il se sent glisser de selle.
.
Un grognement suivi d'un autre, Bones panique de plus belle et reprend le galop avec un Sam qui se retient comme il peut.
Il n'arrive pas à voir la forme des bêtes qui les poursuivent. Juste des ombres qui glissent dans les bois. Des branches qui se brisent, des cris gutturaux, des jappements et des grondements plus profonds.
Sam se dit que si ce sont là des loups, il ne donne pas cher de leurs peaux.
Bones saute un obstacle, la sacoche arrière se décroche emportant avec elle le coffre.
« Ma boîte à musique » hurle Sam en tirant sur les rênes, mais les bêtes les rattrapent.
Quelques notes s'élèvent de la boîte avant qu'elles ne soient étouffées par un craquement sonore.
« NON » gémit Sam tout en perdant son haut-de-forme arraché par une branche basse.
.
Le cheval poursuit sa cavalcade et, sans s'arrêter, passe une grille entrouverte et entre sur un terrain envahi par la brume.
« OH OH », et cette fois Bones obéit, respiration rapide, cœur qui frappe contre les jambes de son cavalier.
Quand il se retourne, Sam aperçoit les yeux rouges qui l'observent derrière le grillage, grognant de dépit.
« Dieu merci », en descendant de selle. « Quant à toi, mon ami », en obligeant le cheval à le regarder, tirant sur son mors. « On aura des choses à se dire en rentrant », tout en le menant vers l'avant.
La lune éclaire ses pas, il marche sur un terrain herbé et même s'il est évident que l'endroit n'est plus entretenu depuis longtemps, il espère trouver un abri digne de ce nom au bout de cette allée.
.
Il stoppe net. Devant lui s'élève un énorme bâtiment de pierre et de verre, ou tout du moins ce qu'il en reste.
De hauts murs de pierres taillés et une superbe voûte en verre soutenue par une charpente de bois. La plupart du dôme a été détruit par le temps mais la lumière astrale permet d'en deviner l'ancienne beauté à présent effacée.
Sam s'avance vers le porche éventré qui donne sur ce qui fut anciennement la nef centrale. Il n'en reste plus qu'un amas de fougères, de lianes, de mauvaises herbes. Les bancs ont pour la plupart disparus, rongés par la moisissure et les années.
.
Sam attache Bones à un arbuste et s'avance, yeux émerveillés devant le spectacle désordonné de ce vestige de cathédrale.
Un escalier de marbre envahi par les ronces mènent vers le chœur. Il lève le menton et aperçoit, çà et là, quelques chandeliers qui pendant aux poutres de la voûte. Vies accrochées aux souvenirs de prières oubliées.
« C'est magnifique », devant les couleurs pâles reflétées par la lune sur les rosiers qui ont pris possession du confessionnal et de la chair.
.
Il s'avance et l'ombre d'une tour se pose à ses pieds. Il se tourne et se dresse à la droite de la beauté ruinée, un beffroi plus haut que la cathédrale.
Sam estime sa hauteur à 80 mètres et celle de la cathédrale à 50-55 mètres. Tout à sa découverte et son enthousiasme, Sam en oublie les bêtes et l'étrange luminosité des lieux, oublie les règles élémentaires de prudence.
.
Un craquement sur sa droite, il se retourne, sur ses gardes.
« Il y a quelqu'un ? », se maudissant de ne pas être armé comme l'est constamment son frère.
« Répondez-moi », en se dirigeant vers la chapelle de droite dont le mur s'est à moitié effondré sur lui-même.
Il écarte les branches et se bat avec les ronces qui s'accrochent à ses bottes et son pantalon pour se retrouver face au beffroi.
Il manque de tomber à la renverse en se penchant pour apercevoir le sommet de l'édifice qui se perd dans la brume. C'est là qu'il repère une lueur bleutée à travers l'épais brouillard.
« Hello ? » n'osant élever la voix tout en se dirigeant vers la porte d'entrée en bois sculpté.
.
Il pousse celle-ci qui grince sur ces gonds.
« On se croirait dans un mauvais roman d'épouvante », se parlant tout bas pour s'encourager.
Une nouvelle fois, il s'arrête.
Des bougies et des cierges posés à même le sol éclairent un escalier en colimaçon. Sam a dû mal à mouvoir sa grande carcasse dans l'étroite rampe. Il prend garde à ne pas éteindre la flamme du cierge qu'il a ramassé.
Il arrive après il ne sait combien de marches à un premier palier. Sur la droite, une petite pièce pourvue d' une fenêtre grillagée.
Il glisse sa main sur les murs. Des traces de griffes, profondes et récentes à en juger par la poussière au sol.
Un bruit provient du sommet.
« Il y a quelqu'un ? », d'une voix mal assurée tout en revenant sur ses pas.
.
Sa curiosité l'incite à poursuivre son chemin, mais son instinct le met en garde. Dean lui a toujours dit de s'y fier.
Prudemment, il redescend les marches et sort du beffroi. Il lâche son cierge quand il se retrouve face à face avec un homme à la peau trop diaphane pour être naturelle. L'homme lui sourit, voûtant les épaules.
« Bonsoir » le salue-t-il en le regardant de biais. « Que fais-tu en ces sombres endroits », semblant le scruter de haut en bas.
« Je… Nous avons été attaqués par… des loups », ne trouvant pas d'autre dénomination pour les êtres qui les ont poursuivis.
« Nous ? » en fronçant les sourcils.
« Mon cheval s'est emballé », en indiquant la cathédrale. « La grille était ouverte… On est entré et les bêtes… »
« …sont parties » le coupe l'homme.
« Où suis-je ? », en jetant un regard circulaire.
« Chez mon Maître », semblant soudain anxieux. « Il ne va pas apprécier d'être dérangé »
« Ne raconte donc pas n'importe quoi, Cupidon ! » le rabroue un autre homme.
.
Sam se retourne pour tomber nez-à-nez avec un homme élégamment habillé, au port altier.
« Ne prêtez pas attention à ses divagations », en rejoignant son compagnon. « Cupi' a tendance à tout dramatiser », sourire bref en lui tapotant le dos.
« Vous êtes ? » s'enquit Sam.
« Balthazar, pour vous servir » en lui faisant la révérence tandis que Cupidon lève les yeux au ciel.
« Je te dis que le Maître ne… »
« Chut », en lui intimant de se taire. « N'oublie pas », en lui indiquant la lumière éthérée en haut du beffroi.
« Je sais, mais je persiste à dire que c'est une mauvaise idée », en croisant les bras, boudeur.
« Ne l'écoutez pas. Cupi' est un angoissé de nature » en lui souriant une nouvelle fois.
.
Paniqué, Sam recule et se cogne au mur du beffroi.
« Oh… J'oubliais », se fustige Balthazar en passant son index sur ses dents.
« Vous êtes un… » bafouille Sam.
« Un vampire et ce charmant petit bonhomme tout rond, est un vrai cupidon… Sans l'arc et la flèche, hélas », en mimant le dépit. « Ce qui veut dire qu'il ne sert pas à grand-chose dans notre cas », appuyant sur les deniers mots en toisant son camarade.
« Tu peux parler… Vampire buveur d'eau », mine renfrognée.
« Je suis tombé de cheval… J'ai dû heurter le sol… Je divague… C'est la fièvre », soliloque Sam en s'éloignant à reculons, mains en avant, sur la défensive. « Je vais me réveiller et tout ira bien »
Il voit le visage des deux hommes se figer.
« Maître » couine Cupidon en se terrant derrière Balthazar.
Sam n'ose se retourner, tétanisé par l'ombre sur le sol qui avale tout l'espace. Deux énormes ailes décharnées s'étendent. Maudite lune qui lui dévoile sa fin.
Un rugissement sourd et les ailes se dressent. Sam réalise que la « chose » devait se tenir en hauteur.
Il décide de saisir sa chance. Il fait volte face et court vers l'entrée de la cathédrale où Bones l'attend.
Le cheval se cabre et tâche de se défaire de ses entraves. Les branches du buisson se brisent.
Quand Sam arrive, Bones galope vers lui mais s'arrête brusquement.
.
Sam se sent tiré vers l'arrière et porte les mains à son col qui manque l'étrangler.
« Lâchez-moi », la voix rauque.
.
Bones prend la fuite. À peine a-t-il passé la grille que les cris reprennent. Il rue et se cabre pour se défaire des chiens qui se jettent sur lui, puis trace droit devant lui. Droit vers Jefferson City.
.
Sam, à moitié groggy, tente de se rattraper comme il peut à la poigne de son agresseur, mais en vain.
Il est traîné dans les escaliers du beffroi et balancé dans une pièce du deuxième palier avant qu'une lourde porte en bois ne se referme sur lui.
Il se jette sur la lucarne et ses deux barreaux.
« Qui êtes-vous ? Que me voulez-vous ? »
.
Il ne le voit pas mais le perçoit. Une ombre ailée et deux éclairs bleus au milieu de ce qui doit être son visage.
« Répondez-moi »
« Je suis la bête et tu es ma proie », lui répond une voix masculine, rocailleuse et rauque.
Il l'entend s'éloigner, ses ailes frôlent les parois et les griffent telle la craie sur un tableau.
.
« Maître ? » ose l'aborder Balthazar.
« Pas un mot », en bondissant sur le mur de la cathédrale, grimpant à la force des bras et de ses pennes acérées.
.
Il s'assied sur le bord de la voûte telle une gargouille fantasmagorique. Admirant au loin les lumières de Canopolis avant de lever les yeux vers le sommet du beffroi.
.
Fin chapitre I
.
.
« La belle et la bête » est l'un de mes Disney favoris, cela faisait plusieurs années que je voulais adapter cette histoire mais je n'avais jamais trouvé comment l'aborder sans que ça fasse « déjà-vu »
J'espère que ce premier chapitre vous aura donner envie de lire la suite. On se retrouve dans 15 jours si le coeur vous en dit. Semaine prochaine, je serai à Asylum pour re-voir Misha et prier pour qu'il ne nous brise pas le coeur en parlant de Cass.
.
En attendant je poursuis l'écriture de la deuxième partie de chasseur et soldat.
.
Love you
