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Les Souffrances d'un Canard


Elle avait dansé pour la dernière fois : il était temps à présent de finir ce combat.

Le prince avait retrouvé son cœur et trouvé son amour, avec qui il vivrait heureux pour toujours.

L'écrivain avait découvert son don : donner vie à son imagination.

Princesse Tutu avait cédé ses pouvoirs pour permettre la fin de l'histoire.

Et celle-ci semblait bien se finir, alors pourquoi ne pas se réjouir ?

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Et pourtant, maintenant que Princesse Tutu n'était plus, Ahiru était complètement perdue.

Son cœur avait souffert de la perte de cet autre soi, et désormais elle ne se reconnaissait pas.

Qu'était-elle, humaine ou canard ? Etait-ce vraiment la fin de l'histoire ?

Elle aurait voulu à nouveau danser, mais son corps ne pouvait la porter.

Elle avait réellement perdu ses pouvoirs, elle n'était plus qu'un vilain petit canard...

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Pourquoi lui avait-on fait ce cadeau empoisonné ? Elle avait trop goûté à cette humaine liberté.

Elle ne pouvait oublier ce temps passé à leurs côtés, pas plus qu'elle ne pouvait y retourner.

Qui lui avait jouer ce terrible tour en la condamnant à errer pour toujours ?

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Elle devait voir celui qu'elle aimait lui échapper à jamais.

Elle devait supporter de n'être à nouveau qu'un animal : toujours inférieure, jamais son égale.

Dans ses rêves, pendant la nuit, elle s'imaginait danser avec lui.

Mais le soleil venait toujours lui rappeler sa condition, qu'elle sentait à présent comme une humiliation.

Qui pourrait comprendre la souffrance d'un canard rêvant de devenir humain ? Quelle magie serait suffisamment puissante pour lui tendre la main ?

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Elle ne pouvait continuer ainsi à souffrir, et si personne ne venait l'aider, autant mourir.

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Elle ne pouvait plus supporter cette parure de plumes colorées : elle ne rêvait que de pieds pour danser.

Elle rêvait des plumes de Princesse Tutu, regrettait la maladresse d'Ahiru.

Elle n'était plus rien, moins que rien : était-ce vraiment son destin ?

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Confiant ses souffrances à la lune, elle décida de tout arrêter : l'été revenait, et avec lui son aimé.

Elle ne pouvait le supporter : le voir, sans jamais le toucher...

Il valait mieux tout arrêter. Et puis de toute façon, à qui pourrait-elle bien manquer ?

C'était Tutu qu'ils avaient tous aimée... C'était Ahiru qu'ils avaient appréciée.

Mais ce n'était pas ce vilain petit canard qui pleurait seul dans le noir.

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Gardant la nuit comme seule confidente, elle plongea dans l'eau stagnante, décidée à ne plus voir le jour.

Le soleil se leva, et elle ne le vit pas : elle était morte d'amour.