Alors voilà je me lance dans la fanfic Merlin, je ne sais pas si c'est une bonne chose pour vous lecteurs mais cette idée me tournait en tête, un matin où j'attendais pour partir dans le Sud, le premier jet de cette trame n'était pas fameux mais après relecture et réécriture, cette idée a fini par avoir un titre et déjà 3 chapitres d'écrit.

C'est ma première fois dans le monde de Merlin alors forcément je ne peux pas prétendre maîtriser toutes les références de la série mais néanmoins je fais de mon mieux et de toute manière en cas de doute, les épisodes sont là pour m'aider.

On pourrait dire que cette histoire prend place dans la saison 3 puis qu'Arthur n'est que Prince et Morgana toujours à Camelot.

Fréquence de publication : Toutes les semaines ou maximum 2 semaines.

Je tenais aussi à nommer Julie Winchester dans cet avant-propos, c'est elle qui a eu la malchance de lire le premier jet désastreux (la pauvre) et c'est à elle que je soumets mes idées alors merci à elle de prendre sur son temps pour me lire et me conseiller.

Voilà, il ne me reste plus qu'à vous souhaiter une bonne lecture et à me donner vos avis.


Who are you really ?

Chapitre 1.

Merlin détestait la chasse, ce n'était pas nouveau et cela ne changerait probablement jamais. Il n'avait jamais compris le plaisir que pouvait éprouver Arthur à tuer d'innocents animaux. Tuer pour survivre, Merlin pouvait le concevoir. C'était un sentiment d'auto-préservation qu'il avait connu à Camelot. A Ealdor, malgré les faibles revenus de sa mère et sa faible participation à la vie familiale, Merlin n'avait jamais manqué de rien, sa mère avait toujours veillé à ce que son estomac soit rempli, même si elle devait diminuer sa propre portion. Il mangeait peu de viande, cela coûtait trop cher mais Hunith savait préparer le meilleur gruau du royaume de Cenred et cuisinait les légumes comme personne. Mais à Camelot, Merlin avait découvert la faim… C'était un sentiment terrible qu'il ne souhaitait pas éprouver de nouveau. Alors oui, Merlin concevait parfaitement que tuer pour vivre était instinctif et puissant, il avait bien tué ces quelques rats dans la chambre d'Arthur et d'autres durant la malédiction…Mais là, où était la survie ?

Arthur poussa une exclamation de joie, Merlin levant les yeux au ciel, le crétin royal avait encore dû attraper un lapin…Lapin qu'il devrait porter, bien entendu, Arthur ne s'abaisserait jamais à porter les cadavres des victimes de la faune. C'était aussi pourquoi il détestait autant la chasse.

Il était un serviteur, il comprenait que cela faisait partie de ses attributions, certains considéraient même comme un honneur de pouvoir chasser avec le Prince Héritier de Camelot. Merlin lui, ne voyait que des animaux qu'il devrait dépecer si Arthur décidait de prolonger leur escapade, de toute manière, Merlin devrait veiller à préparer le déjeuner du Prince. Il aurait donc les mains couvertes de sang…Il détestait le sang. Il n'était pas de faible nature mais passer une matinée les mains dans les entrailles d'animaux n'était pas l'idée qu'il se faisait de la matinée idéale.

_ Merlin !, s'exclama le Prince d'une voix enjouée. Regarde donc un peu ce que je viens de trouver…

Merlin soupira longuement et bruyamment, absolument pas enthousiasmé à l'idée de s'extasier sur une autre proie ou un collet. Alors qu'Arthur répétait, avec exaspération, son prénom, Merlin se tendit soudainement face à la puissante aura magique qui l'entourait.

La sensation n'était pas agréable sans pour autant être menaçante pourtant sa magie s'affola quand Arthur s'agenouilla devant un objet, magique, prêt à s'en saisir, forçant Merlin à pousser un cri d'alerte, se précipitant vers le Prince en laissant tomber besace et lapins, la main tendue, prêt à agir en cas d'attaque.

_ Non Arthur n'y touchez pas !, hurla le magicien, sa main se posant sur celle d'Arthur. Une lumière bleutée les entoura, Merlin soutenant Arthur. Crétin, grommela-t-il avant de sombrer à son tour dans l'inconscience.

OoO

La conscience et le cerveau de Merlin s'éveillèrent avant son corps. Un mal de tête lui comprimait les tempes. Il pouvait sentir le vent souffler sur son visage, la terre sous son dos et les bruissements des feuilles alors qu'il bougeait légèrement. Il était toujours dans la forêt. Tâtonnant à ses côtés, le sorcier poussa un soupir de soulagement en sentant le corps d'Arthur contre lui. Ils étaient toujours dans la forêt, c'était bon signe.

Plissant fortement les paupières, Merlin posa une main sur son front, se massant légèrement le crâne en grognant. Après quelques minutes, le serviteur se redressa en sifflant de douleur sous les courbatures de son corps. Ses muscles le tiraient, absolument de partout. Les épaules, le dos, les jambes…Il n'y avait pas un centimètre de son corps où il ne ressentait pas la douleur. C'était pire qu'une journée atroce à faire les pires corvées pour Arthur.

Pourquoi fallait-il toujours qu'il se passe quelque chose ?

La journée avait pourtant si bien commencé. Le soleil les avait gratifiés de sa présence, le temps s'était avéré clément pour ce début de printemps et Merlin avait réussi à s'éveiller sans que Gaius vienne le réveiller. Merlin aurait dû se douter que cette journée qui s'annonçait parfaite, ne le resterait pas. Son passage matinal par les cuisines s'était fait dans le calme, le serviteur avait pu prendre son temps pour préparer le plateau du Prince. Arthur pouvait bien pester contre ses nombreux retards, et honnêtement, il n'était pas toujours en retard, mais cela permettait à Arthur de dormir plus longtemps, l'héritier était encore moins du matin que lui. Et contrairement à Arthur, il n'avait pas besoin d'un rituel sacré pour s'extirper du lit. Jamais, il ne lui serait venu à l'esprit de lancer à la figure de sa mère et ensuite de Gaius, tout objet à portée de main, parce que le réveil était trop…violent.

Le petit-déjeuner en main, Merlin s'était pris à rêver d'une journée normale où il ne serait qu'un serviteur effectuant des tâches normales et légales. Pas de complot, pas de magie dangereuse et pas d'attaque. Il n'avait pas spécialement envie de récurer les écuries ou encore de polir l'armure d'Arthur mais c'était toujours plus reposant que de courir à travers le château, entre Arthur et son grimoire pour trouver un quelconque sort susceptible de les aider. Oui vraiment, Merlin aurait dû comprendre qu'une telle journée n'était pas faite pour durer. Et cela avait commencé avec cette partie de chasse improvisée, à deux, pour se détendre avait clamé Arthur.

Merlin jura tout bas en ouvrant les yeux, son mal de tête s'intensifiant légèrement. Tournant la tête vers Arthur, le serviteur remarqua son propre corps toujours allongé, face contre terre, avant de se figer de surprise et d'incompréhension.

Son propre corps ? Son corps…

Merlin bondit sur ses pieds en poussant un cri, totalement alerte, ses mains se portant sur son visage, palpant celui-ci avec frénésie. C'était bien de la peau qu'il sentait sous ses doigts et un cœur qui battait, alors pourquoi voyait-il son corps commencer à remuer ?

_ Merlin…, appela sa propre voix, avec un timbre nouveau, une main cherchant à tâtons. Merlin ?!

Arthur poussa une exclamation étouffée, de la terre se posant sur ses lèvres, sa main agrippant avec force les feuilles mortes. Il ne se sentait pas bien. Comme s'il couvait quelque chose, il se sentait bizarre… il avait l'impression de flotter dans son corps, comme si tout d'un coup, il se retrouvait trop maigre et sans muscle. Et puis sa tête, il avait un mal de tête terrible, comme s'il avait abusé de l'hydromel, ce qui n'était pas le cas puisqu'il était en forêt avec Merlin. Arthur avait la désagréable impression de ressentir tous ses os et cela était loin d'être confortable.

Le sorcier était incapable de bouger ni même de parler. Portant ses mains face à lui, Merlin remarqua la bague plus que familière à son index gauche, ainsi qu'une manche qu'il avait l'habitude de voir : c'était la manche de la tunique préférée d'Arthur, celle qu'il ne mettait que pour la chasse. Il portait la bague d'Arthur, les vêtements d'Arthur, les bottes d'Arthur…Il était dans le corps du Prince et Arthur dans le sien en toute logique….

Une exclamation de surprise le ramena à la réalité, Arthur le fixant avec surprise, la bouche grande ouverte. Arthur ne semblait pas savoir quoi dire et Merlin ne savait absolument pas comment réparer cette situation. Il avait encore du mal à réaliser qu'il avait changé de corps avec le prince.

_ Qu'est-ce que…, commença Arthur. Merlin ?

_ Sire, répondit le sorcier d'une voix incertaine.

_ C'est un cauchemar, s'exclama Arthur avec autorité. Je vais me réveiller et tout cela n'aura été que le fruit de mon imagination, c'est la seule explication, répliqua le prince avec conviction.

_ Arthur…

Arthur leva la main, intimant l'ordre à Merlin de se taire, poussant des jurons en tirant sur ses vêtements et ses cheveux, ne cessant de répéter que rien de tout cela n'était réel. Après quelques minutes à observer son ami, Merlin fit quelques pas, se retrouvant à portée de main d'Arthur, avant de pincer le prince au bras. Son propre bras, pensa Merlin. Cela eut au moins le mérite de calmer Arthur qui l'incendia du regard.

Merlin souffla, s'asseyant sur le sol, le dos appuyé contre le tronc d'un arbre, Arthur l'observant avec un froncement de sourcils. Merlin abordait une expression qu'il n'avait encore jamais vue sur lui. C'était bizarre de voir un visage aussi familier rester à ce point normal tout en étant nouveau. Arthur ne comprenait plus rien. Qu'avait-il pu se passer ? C'était de la magie, il ne pouvait en douter, mais quel était le but de cette attaque ?

_ L'objet que vous avez touché, commença Merlin. A quoi ressemblait-il ?

_ Tu l'as vu et touché aussi Merlin, répondit Arthur avec humeur.

_ Non, c'est vous qui l'avez touché avant que je ne puisse vous en empêcher, explosa le serviteur en surprenant Arthur. C'est encore vous qui avez décidé qu'on irait à la chasse, alors s'il vous plaît, pas de mauvaise foi avec moi, Sire !

_ C'était une sorte d'anneau, en fer avec des écritures dessus, finit par répondre Arthur en croisant les bras.

_ Mais pourquoi vous êtes-vous senti obligé d'y toucher, grommela Merlin en se relevant.

_ Je ne sais pas.

Merlin leva un sourcil, renforçant le malaise d'Arthur, le Prince avait toujours du mal à croire à leur situation. Jamais, il n'aurait pensé pouvoir se retrouver dans le corps de son valet et jamais, il n'aurait cru qu'une telle situation puisse exister un jour. Il avait juste voulu se retrouver au calme dans la forêt, loin de ses obligations. Arthur était ravi de pouvoir aider son père dans les tâches administratives, c'était un honneur et une marque de confiance de la part de son souverain mais il lui arrivait d'être dépassé par la situation. On l'avait élevé pour devenir Roi, un jour, on ne cessait de lui répéter que le royaume avait de grandes attentes le concernant. Arthur n'était qu'un homme avec ses doutes et ses interrogations alors ce matin quand il s'était éveillé, il avait eu envie de s'octroyer une journée où il ne serait qu'Arthur, avec Merlin, parce que son valet était une présence familière et réconfortante, même s'il refusait d'admettre l'influence que pouvait avoir son ami sur lui. Les courts moments où ils étaient deux jeunes hommes étaient rares et précieux pour lui, la chasse n'avait été qu'un prétexte pour fuir et passer du temps avec Merlin, sans se soucier de rien.

Arthur frissonna, des picotements le saisissant dans tout le corps. C'était une sensation qu'il ne parvenait pas à expliquer. Il sentait quelque chose à l'intérieur de lui, couler dans ses veines, quelque chose de chaud, presque d'étouffant, pourtant ce n'était pas désagréable sans forcément être agréable non plus. C'était comme s'il était fiévreux, sur un fil tendu prêt à basculer vers il ne savait quoi. Peut-être que Merlin couvait une grippe ?

_ Merlin, es-tu malade ?, s'enquit le Prince.

_ Non, je ne suis jamais malade, répondit distraitement le sorcier en scrutant le sol à la recherche de l'anneau.

Et c'était vrai, pensa Arthur. Il n'avait jamais vu Merlin malade. Blessé par des épées, empoisonné mais jamais malade d'un rhume ou d'une grippe.

_ Alors nous avons un problème, annonça Arthur d'une voix calme. Parce que je ne sens pas bien...

Merlin se retourna brusquement vers lui, étonné, avant de rattraper Arthur qui venait de perdre connaissance. Allongeant le prince sur de la mousse, Merlin retira sa veste, la passant sous la tête de son ami, avant de retourner chercher sa besace et les lapins morts. Arthur était pâle, les traits tirés et le front brûlant. Sortant un linge propre, Merlin versa un peu d'eau dessus avant de le poser sur le front d'Arthur, avant de se mettre à la recherche d'une quelconque blessure, peut-être qu'Arthur ou plutôt son corps avait été blessé quand ils avaient perdu connaissance. Soupirant en constatant qu'il n'y avait aucune blessure, Merlin prit place aux côtés d'Arthur, légèrement rassuré en voyant la pâleur disparaître du visage de son ami.

Se prenant la tête entre les mains, Merlin souffla longuement à la recherche d'une explication sur leur changement de corps. L'anneau magique avait disparu, il ne pouvait donc pas inverser le sort, ni même lire les runes gravées dessus. Il pouvait toujours s'éclipser pour retourner distraitement à Camelot, informer Gaius mais il ne voulait pas laisser Arthur seul, le prince était un aimant à problèmes magiques.

Arthur gémit faiblement, Merlin l'observant quelques secondes, rafraîchissant à nouveau le front de son ami avant de se lever. Ils devraient rentrer à Camelot avant la nuit, dans le cas contraire, une patrouille serait envoyée à leur recherche, le Roi ne devait déjà pas être heureux face à leur escapade imprévue…Et Merlin n'était pas pressé de retourner au château après cet évènement. Comment était-il censé gérer une pareille catastrophe ?

Les feuilles autour de lui se mirent à tournoyer, l'enveloppant dans un cocon de terre humide et de senteurs terrestres lui arrachant un sourire. Il était rare que sa magie se manifeste de façon aussi impromptue pour le réconforter. C'était agréable. Se retournant vers Arthur, Merlin se figea d'angoisse, en constatant que son ami lévitait à quelques centimètres du sol. Toujours parfaitement endormi.

Sa magie... Elle…

Merlin blêmit face à l'ampleur de la signification d'un tel problème. Arthur possédait sa magie et Merlin constata avec effroi qu'il ressentait un vide à l'intérieur de lui. Il avait supposé, à tort, que sa magie s'était transférée avec lui dans le corps d'Arthur… Le prince ignorait tout de sa condition de sorcier, malgré son envie, Merlin avait gardé le silence, Arthur n'était pas prêt à entendre la vérité et Gaius l'avait, à de nombreuses reprises, convaincu de garder le silence.

Désireux de ne penser à rien pour se calmer, Merlin entreprit de dresser un foyer pour le feu, avant de se mettre à la recherche de quelques plantes et baies sauvages pour accompagner deux des lapins qu'il allait vider. S'occuper les mains et par conséquent l'esprit pour ne pas réfléchir à la conversation qui ne tarderait pas à arriver. Le valet avait besoin de croire que cette conversation ne serait pas la pire de toute sa vie.

L'odeur appétissante de viande tira Arthur de son sommeil, le prince se redressant, son regard se posant sur Merlin. Son ami ne semblait pas avoir remarqué son réveil, plongé dans ses pensées, s'amusant à jouer avec un morceau de bois. Il avait l'air à des lieues de cette forêt, retiré ainsi dans son esprit.

Arthur garda le silence, les derniers évènements lui revenant en mémoire, notamment son malaise… Qu'avait-il pu se passer ? Merlin lui avait assuré qu'il ne souffrait d'aucune maladie, alors pourquoi avait-il perdu connaissance ? Arthur avait la certitude que Merlin possédait la réponse à cette question et que celle-ci ne lui plairait absolument pas. Merlin avait toujours eu une part de mystère, qu'Arthur n'avait jamais cherché à découvrir, préférant ignorer la réponse de peur que celle-ci ne bouleverse sa vie.

_ Merlin ?

Merlin poussa un long soupir avant d'inspirer profondément, son regard s'ancrant à celui d'Arthur. Il ne voyait pas comment cette révélation serait bien accueillie et il ne désirait pas tergiverser inutilement. Il avait besoin de dire toute la vérité, malgré les conséquences.

_ Vous vous sentez mieux ?, demanda poliment Merlin sous le froncement de sourcils d'Arthur.

_ Que s'est-il passé ?, demanda-t-il, mal à l'aise. On parlait de cet anneau magique et je me suis senti mal.

Merlin acquiesça en baissant les yeux, ses mains tordant nerveusement le morceau de bois. Arthur n'aimait pas l'attitude de Merlin, il n'était pas habitué à une attitude aussi soumise.

_ C'est parce que vous n'êtes pas habitué, souffla Merlin.

_ Habitué à quoi Merlin ?, demanda le prince, d'une voix douce.

_ A la magie. Je suis un sorcier Arthur, répondit le valet en le regardant droit dans les yeux.

C'était fait, pensa Merlin. Le sorcier sentit un poids s'ôter de son cœur et de ses épaules. La vérité était enfin dite, c'était aussi libérateur que la fois où il l'avait hurlé à Uther, quand le roi avait voulu brûler Gwen pour sorcellerie. Qu'importe ce qui se passerait après le retour à la normale, il n'aurait plus à mentir à Arthur.

Arthur se leva, les yeux brillants, le regard blessé et trahi. Merlin ne chercha pas à faire un quelconque mouvement dans sa direction ni même à engager le dialogue. Il avait pris le recul d'Arthur comme de la peur et son regard comme du dégoût. Il ne voulait pas faire le premier pas même s'il était évident que son ami était sous le choc. Égoïstement, il voulait penser que ces trois dernières années n'avaient pas été vaines. Croire qu'Arthur verrait au-delà de la caricature du vilain sorcier, que son ami se souviendrait de leurs batailles et de leur complicité. Il avait envie de croire que cette foi, qu'il avait pour le jeune homme, n'était pas vouée à l'échec. Si le Prince restait buté sur l'avis transmis par Uther alors sa destinée s'arrêterait aujourd'hui et Albion ne serait jamais le Grand Royaume où magie et Camelot prospérait en paix.

_ J'ai de la magie et je l'ai utilisée pour vous, uniquement pour vous Arthur, annonça solennellement Merlin.

Arthur serra les poings, prêt à sauter sur Merlin avant de se détourner, laissant le sorcier seul. Merlin était un sorcier… Merlin l'idiot, incapable de faire trois pas sans trébucher, un sorcier ? Merlin qui vivait à Camelot, le pire des endroits pour les créatures magiques, travaillait pour lui ? Merlin…

Arthur était perdu, pourtant il devait bien reconnaître, qu'il y avait toujours eu quelque chose à propos de Merlin. Le brun était à son service depuis trois années maintenant et malgré les difficultés au début, il avait toujours pu compter sur son valet. Merlin était de toutes ses aventures et combats. Uther avait toujours clamé que la magie était maléfique et elle l'était non ? Pourtant, il n'y avait rien de maléfique en Merlin ni même en sa magie qu'il ressentait en ce moment. C'était chaud et doux. Merlin n'avait jamais cherché à le blesser ni même à le tuer, au contraire, il avait même été prêt à donner sa vie pour lui de nombreuses fois.

Arthur repensa à la première fois qu'il avait rencontré son valet, quand Merlin venait à peine de rejoindre Camelot, son ami s'était opposé à lui dès le début, en le remettant proprement à sa place face à son comportement. Arthur l'avait provoqué, il l'avait même forcé à marcher sur les genoux alors que Merlin aurait pu l'écraser d'un claquement de doigts. Un sourire apparut sur les lèvres d'Arthur en repensant à ce que Merlin lui avait dit 'Je pourrais vous réduire en miettes avec moins que ça', cela avait été un avertissement qu'Arthur avait ignoré et Merlin l'avait sauvé entrant ainsi à son service. Le valet l'avait toujours épaulé, ne mâchant pas ses mots, faisant toujours preuve de franchise envers lui. Il l'avait toujours suivi sans poser de questions.

Il ne pouvait pas juste ordonner la mort de Merlin, pas quand l'envisager sur un bûcher lui était inconcevable. Merlin était son ami le plus loyal, il était son seul ami, son plus vieil ami. C'était triste de constater qu'en 23 années d'existence, Arthur n'avait jamais réussi à se lier avec quelqu'un et puis Merlin était entré dans sa vie. C'était un sorcier mais c'était son ami et tant que Merlin ne serait un danger pour personne, il ne le condamnerait pas à mort. Il ne le pouvait tout simplement pas.

_ Pourquoi ?, demanda Arthur, en revenant, s'installant face au sorcier. Pourquoi avoir choisi d'apprendre la magie ?

_ Je n'ai pas cherché à devenir sorcier ni même à apprendre la magie, répondit Merlin d'une voix calme. Je suis né comme ça.

_ Est-ce que tu me mens Merlin ?, tonna Arthur d'une voix dure.

Un sourire éclaira légèrement le visage de Merlin face à la réplique d'Arthur, il avait l'impression de revoir Gaius quand il lui avait sauvé la vie dans l'atelier.

_ La magie coule dans mes veines. Je savais déplacer des objets avant même de savoir parler. C'est instinctif chez moi. C'est la première fois que je me sens normal…C'est étrange de ne plus ressentir ma magie.

_ L'anneau c'était toi ?, demanda le prince après quelques minutes de silence.

_ Ah non, ça c'était vous et votre stupidité à toucher ce qui ne vous appartient pas, répliqua Merlin avec humour. Est-ce que ça va aller ?

_ Pourquoi tu me l'as jamais dit ? interrogea Arthur.

_ Parce que vous m'auriez tué si je l'avais fait, souffla Merlin. Je ne voulais pas vous mettre dans une telle position, à devoir choisir entre la loi et ma vie. Mais je vous l'aurais dit un jour, avoua le sorcier avec sincérité. Vous êtes mon ami et vous mentir, même pour protéger ma vie, n'était pas quelque chose que j'aimais particulièrement.

_ Je ne suis pas sûr de ce que j'aurais fait, confia à son tour l'héritier. Si tu m'avais avoué la vérité trop tôt mais je sais ce que je vais faire maintenant.

Merlin se figea, un regard interrogateur sur le visage, ne sachant pas comment interpréter les paroles d'Arthur. Aurait-il la vie sauve ou serait-il conduit au bûcher dès qu'ils auraient récupéré leurs corps ?

_ Tu es mon ami Merlin, mon seul ami et tu as risqué ta vie pour moi de nombreuses fois et je ne pourrais pas supporter de te perdre, avoua Arthur mal à l'aise.

_ C'est vrai ?, s'étonna Merlin avec émotion.

_ Ne sois pas stupide, je n'ai pas envie de former un autre valet, voilà tout, soupira Arthur avec humour.

Le sourire de Merlin lui fit chaud au cœur, Arthur lui donnant un léger coup sur l'épaule, avant de se saisir d'un lapin, commençant à le dévorer avec appétit. Le repas se fit dans le silence et le calme, la magie de Merlin berçant Arthur, lui procurant un sentiment de protection et de plénitude totale. Ce n'était pas la première fois qu'il ressentait une telle chose.

_ C'était toi !, comprit le Prince dans une exclamation.

_ Je vous ai déjà dit que je n'y étais pour rien, répliqua Merlin avec exaspération.

_ Non, dans la grotte..., souffla Arthur. C'était toi Merlin qui m'a guidé avec le dôme de lumière quand je suis allé chercher la fleur.

_ Non..., répondit Merlin, loin d'être convainquant.

_ Ne me mens pas, je ressens ta magie Merlin ! S'énerva Arthur.

Merlin leva les épaules, l'air penaud, l'amusement bien visible dans ses yeux.

_ On rentre à Camelot, levez-vous, ordonna Merlin sous le froncement de sourcil d'Arthur.

_ Merlin, c'est moi le Prince, c'est moi qui décide, répliqua Arthur avec un sourire.

_ Vous êtes prêt à rentrer, non ? Arthur confirma d'un signe de tête. Alors en route, il faut que je trouve, non, que nous trouvions une solution à ce problème.

OoO

Arthur arrêta son cheval à la lisière de Camelot, en proie au doute, forçant Merlin à se stopper à ses côtés. Le prince observait le château qu'il apercevait au loin, le regard perdu sur l'horizon.

_ Merlin, comment allons-nous faire à Camelot ?, s'interrogea pour la première fois Arthur.

_ Nous allons commencer par faire des recherches et demander l'aide de Gaius, annonça Merlin. Si quelqu'un peut avoir des réponses, c'est bien lui. Il doit bien y avoir des sorts à essayer, pour voir si ça change quelque chose et si on ne trouve pas…on avisera.

_ Tu veux que je fasse de la magie, s'étonna Arthur. Moi ?

Merlin grimaça, Arthur avait peut-être accepté de ne pas le mener au bûcher mais cela ne voulait pas dire que ses anciens préjugés avaient tous disparus, bien au contraire. C'était Merlin et sa magie à l'intérieur d'Arthur qui allaient devoir convaincre le prince qu'elle pouvait être belle et pas qu'un symbole de destruction.

_ Je l'aurais bien fait moi-même, mais c'est vous qui possédez ma magie, souffla Merlin. On n'a pas le choix, je vous guiderai soyez sans crainte.

_ Je n'ai absolument aucune crainte, répliqua Arthur en incendiant le valet du regard. Mais c'est ma tête que je risque là…

_ Eh bien, comme ça vous aurez un aperçu de la crainte que les êtres magiques peuvent éprouver à chaque jour du règne d'Uther, claqua Merlin, avant de se mordre la langue.

Arthur posa ses yeux sur Merlin, les paroles de son ami étaient dures mais réalistes. Son père ne s'était pas fait que des amis et Arthur commençait à peine à entrevoir la quantité d'ennemis du royaume, les amis les plus fidèles ayant depuis longtemps perdu leur loyauté ou leur vie. Le Roi était incapable de faire preuve de discernement quand le mot 'magie' était évoqué.

_ Je ne voulais pas dire ça, s'excusa Merlin.

_ Je comprends Merlin, assura Arthur. Mon père te ferait exécuter s'il savait ce que je sais mais je comprends.

Merlin garda le silence n'ayant rien à répondre à cela. Uther n'était pas une personne qu'il appréciait, c'était un roi trop borné et cruel pour lui. Il ne doutait pas de l'amour qu'il portait à son fils mais le roi avait depuis longtemps perdu sa clairvoyance. Merlin l'avait sauvé de nombreuses fois pour Arthur, parce qu'il savait que le prince n'était pas prêt à assurer la régence du royaume.

La fin de la chevauchée se fit au trot sous les chamailleries, Merlin et Arthur se disputant pour le plaisir, trop content de pouvoir se parler encore plus librement qu'avant. Les villageois de la ville basse s'écartèrent pour les laisser passer, certains fronçant les sourcils en les pointant du doigt. Gwen, elle-même s'arrêta sur sa route en les apercevant, les deux garçons ne l'aperçurent même pas, trop occupé à rire.

Descendant de cheval, Merlin avisa de suite Sire Léon s'empressant de venir à leur rencontre, le silence autour d'eux le mettant mal à l'aise. A ses côtés, Arthur garda le silence, lui aussi préoccupé par les regards incessants posés sur eux.

_ Sire, salua le chevalier.

_ Léon, répondit Merlin, après un coup de coude dans les côtes de la part d'Arthur.

_ Un problème avec votre monture ? , s'enquit le chevalier.

Merlin et Arthur échangèrent un coup d'œil, constatant qu'ils n'avaient pas pensé à échanger leurs montures avant d'arriver à Camelot. Cela expliquait les nombreux regards. Cela pouvait déstabiliser de voir le serviteur monter le cheval royal alors que le prince chevauchait un cheval quelconque.

_ Un pari avec Merlin, expliqua le serviteur, donnant à sa voix, la suffisance habituelle d'Arthur. Je l'ai laissé gagner et du coup, il monte mon cheval.

_ Dîtes plutôt que vous avez perdu !, s'insurgea Arthur, vexé.

_ Merlin, la ferme ! Répondit ledit Merlin, commençant à trouver amusant les situations qu'allaient entraîner leur échange, Merlin connaissait tout d'Arthur mais la réciproque était loin d'être vraie.

Arthur l'incendia du regard, prêt à l'inonder de corvées avilissantes et excessives avant de se figer sous le sourire de Merlin. Il ne pouvait strictement rien faire, Léon le prenait pour son valet, il n'avait aucun pouvoir et aucune marche de manœuvre, il devait se contenter de subir. Et cela l'énervait prodigieusement.

Un serviteur passa près d'eux, avec de nombreuses carafes dans les mains, celles-ci explosant sous l'effet de la colère d'Arthur, Merlin se figea, heureux de voir Léon s'intéresser à l'incident plutôt qu'aux prunelles dorées du Prince. Le sorcier s'empara du bras d'Arthur avec force, délaissant les chevaux et le chevalier, tirant Arthur derrière lui avec colère. Arthur ressentit la différence de force et de corpulence, le corps de Merlin était trop maigre et il était persuadé qu'il allait avoir des marques sur la peau sous la force qu'exerçait Merlin sur son bras.

Poussant Arthur dans une alcôve, Merlin vérifia le couloir avant de plonger son regard dans celui d'Arthur, avec fureur.

_ Vous voulez me faire tuer ou quoi !, gronda le sorcier. Me faire couper la tête ne vous rendra pas votre corps crétin !

Arthur repoussa Merlin, prêt à l'attaquer à son tour, n'appréciant pas de se faire traîner et sermonner, seulement l'étincelle de peur dans le regard du valet l'en dissuada. A cet instant, Merlin craignait pour sa vie, comme s'il était sur le point d'être conduit sur le bûcher. Cette fois, ce fut Arthur qui s'empara du bras de Merlin, le forçant à se remettre en marche, prenant la direction de l'atelier de Gaius. Le médecin de la cour serait le plus apte à les aider, c'était ce que Merlin avait dit.

oOo

A suivre...