Bonjour amis lecteurs,

Quelques avertissements avant de vous lancer dans l'aventure.

Cette fiction est la suite de mon autre fanfic intitulée "Zodiaque". Pas de panique, vous devriez pouvoir suivre le fil sans avoir lu le premier tome, mais je vous encourage fortement à y faire un petit tour avant de plonger dans l'intrigue : ne serait-ce que pour goûter l'atmosphère, et saisir des références qui, autrement, risqueraient de vous échapper...

Ensuite, tout comme Zodiaque, cette fiction n'est pas une suite d'OS. Certes, le point de vue change à chaque chapitre, mais il y a un fil rouge, une histoire suivie, qui retrace le cours des évènements du tome 7. En outre, si vous avez déjà lu Zodiaque, vous savez que l'ambiance risque d'être assez sombre, crue et violente. Le rating M se justifie amplement.

Enfin, comme dit dans le résumé, le thème de ce nouveau cycle est le tarot divinatoire. Je tiens donc à préciser que je ne connais rien à cet art et que je n'en ai pas la prétention : je me contente d'écrire sur ce que les cartes m'inspirent. D'ailleurs, je ne publierai pas les cartes dans l'ordre qui leur est normalement dévolu : vous pourrez vous amuser à deviner qui correspondra à qui... Amis de la cartomancie, soyez cléments !

Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture =)

Nat'


Je suis l'Empereur.

Je contemple la longue table dressée devant moi. Il fait sombre. La pièce est vaste, haute de plafond, humide, en ce soir d'orage. J'aime ce genre d'atmosphère. On a l'impression que le chaos est sur le point de s'emparer du monde. Que le ciel va se déchirer pour vomir des hordes de légions démoniaques en furies. Et c'est exactement ce qu'il va faire, pas vrai ?

Je fais le tour de la table. Lentement, insidieusement, les anneaux de mon serpent frôlent le sol froid à mes pieds dans un chuintement à peine audible. Mais je l'entends. Les autres aussi l'entendent. Cette bande d'incapables qui me sert de fidèles…

Ils l'entendent, et ils frémissent à mesure que je passe derrière eux, effleurant le dossier de leur chaise, leurs cheveux… Ressentent-ils mon aura à mesure que j'approche ? Je n'ai jamais vraiment été capable de déceler ma propre odeur, cette froideur dont on me dit entouré… J'espère qu'ils le ressentent. Je veux planter mon aura dans leur chair aussi profondément que les crochets d'un reptile. Pour leur prendre quelque chose. Le leur voler, à tout jamais. Et y laisser quelque chose de moi en retour… Les marquer, les posséder, pour qu'ils m'appartiennent. Ceux-là m'appartiennent déjà. Un seul appel aux frontières de ma conscience me renvoie l'écho de la marque que j'ai apposée sur leur bras. Ils sont là, frétillants, juteux, englués dans ma toile, mes araignées… Mes serviteurs, mes sbires, mes Mangemorts…

Je lève les yeux, et je contemple chacun d'entre eux. La plupart fuient mon regard. Bien. Contrairement à ce vieux fou de Dumbledore, je n'ai jamais cru qu'il fallait gouverner par l'amour. L'amour est une idiotie, une invention, une faiblesse. L'amour ne vous achète pas le respect et l'obéissance. La crainte, en revanche… La crainte est la plus persuasive des armes. Regardez ce qu'ils ont déjà commis, et ce qu'ils s'apprêtent à commettre, tous ces hommes, par la crainte de moi…

La crainte de moi… Cela sonne presque comme une prière. Eh bien que ma volonté soit faite.

Impassible, j'écoute mes araignées prendre la parole pour débattre du jeune Potter. Toujours le jeune Potter… Un problème qui m'obsède, il est vrai, je ne peux le nier. Je sais en moi que c'est ridicule. Le jeune Potter est un moucheron pour mes tendres filets… Et même s'il est passé à travers les mailles au fil des années, il ne pourra pas éternellement m'échapper… Très bientôt, d'ici quelques jours, peut-être…

Je fais taire mes laquais. Rogue a émis une opinion, et j'ai confiance en Rogue. C'est peut-être le seul qui tient véritablement debout, parmi cette bande de rebuts…

Tandis que je le dévisage, il me rend mon regard, impassible, droit dans les yeux. Severus… Tu es peut-être le seul à véritablement oser me regarder, pas vrai ? Le seul parmi tous… Toi qui sais si bien me fermer ton esprit, Severus, que se cache-t-il derrière l'opaque noir de tes iris ? Tu m'as toujours été fidèle et je saurai te récompenser, sois en sûr… Les autres sont là par fanatisme ou par crainte. Toi, tu n'es ni l'un ni l'autre. Tu es peut-être le seul à me servir par conviction.

Comme guidé par cette pensée, je me tourne vers l'autre bout de la table. Ils sont là, tous les trois. Parfaits dans leurs vêtements ajustés et leurs étoffes hors de prix. Même si la mite commence doucement à se frayer un chemin parmi tes parures, n'est-ce pas, Lucius ? La déchéance ne te sied guère. Mais elle m'amuse, et c'est si rare parmi ce ramassis de brutes…

Que pourrais-je exiger de toi cette fois-ci, Lucius ? Tu es un mort en suspens et tu le sais, pas vrai ? Ta chère épouse le sait, et ton fils aussi, même s'ils espèrent peut-être encore se sauver… Ton fils… Quel dommage qu'il ne m'ait pas donné prétexte à le tuer. Cela aussi, je le dois à Rogue, quand j'y pense…

Dommage, j'aurais aimé voir la douleur traverser les yeux de cette folle de Narcissa. Son amour pour son fils transpire par tous les pores de sa peau : je peux en sentir l'odeur, elle pue comme une biche blessée qui déverserait ses entrailles sur la route… Qu'aurais-tu fait, Narcissa ? Si j'avais pris ton cher petit Drago, si je l'avais tué sous tes yeux et que j'avais exposé son cadavre sur cette table, ici-même, pendant des semaines ? Si je t'avais forcée à dîner jour après jour devant son corps en décomposition ? Peut-être perçois-tu ces pensées en moi, car tu frissonnes et ta main se resserre compulsivement sur celle de ton fils. Tu sais ce que j'aimerais lui faire, pas vrai ?

Je ne suis pas comme ces soudards des guerres passées. Je ne suis pas comme tous ces pervers qui hantent les cellules d'Azkaban. Je ne trouve pas mon plaisir dans la chair et le viol : c'est tellement trivial, tellement… animal. Ce serait digne de Greyback, si Greyback n'avait pas d'autres appétits plus mesquins…

Non, je jouis dans la souffrance des autres. Je jouis de leur torture et de leur mort. Leur vie écorchée à la pointe de mon caprice… Imaginer tuer ton fils sous tes yeux me donne envie de jouir, Narcissa, et je dois me détourner de toi pour contenir cette ardeur qui m'anime. C'est vers ton époux que je me reporte :

- Pourquoi pas ta baguette, Lucius ?

J'ai trouvé. J'ai trouvé de quelle façon t'humilier encore plus, à défaut de te faire souffrir. Déjà tes traits se distendent : tu ressembles à une mouche à laquelle j'arracherais les ailes, très lentement, et puis les pattes, une par une…

Rien n'est plus sacré pour un sorcier que sa baguette. C'est l'emblème de son statut, de ce qu'il est, dans son âme et dans ses veines. C'est le signe de son appartenance à notre monde. Pour un Sang-Pur issu d'une vieille famille de sorciers comme toi, Lucius, c'est un trophée. Un honneur, une fierté, une partie de toi et de ton identité, aussi vital que l'air dans tes poumons, ta chair et tes os. C'est drôle, quand on pense à quel point cet objet a une forme phallique… Comme si tout se rapportait à nos instincts primaires, en fin de compte, peu importe à quel point nous tentons de les maquiller, de les parfumer et de les cacher. Tout n'est qu'une question de domination. Et cela tombe bien, j'adore dominer.

- Ne te sens-tu pas honoré de prêter ta baguette à ton maître, Lucius ?

Je me délecte de ces paroles. Je sens tous les regards braqués sur nous, qui se repaissent de l'humiliation. Tous en sont conscients, et Lucius plus que jamais. Ce sont ses dernières gouttes de pouvoir que j'aspire hors de lui en lui demandant cela. La dernière étincelle de dignité qui pouvait rester dans cette pauvre loque fadasse.

Il finit malgré tout par me tendre sa baguette, le doux agneau, et je m'en empare avec force. Tu vois, Lucius, je t'ai pris. Aussi sûrement que si je t'avais plaqué là sur la table devant ta femme et ton fils pour te faire subir les derniers outrages. Je t'ai pris, et tu te mettrais à genoux entre mes cuisses si je te le demandais.

Je retourne à ma place. Auprès de moi, Bellatrix dévisage son cousin par alliance avec presque autant de mépris que moi. Il y a un mélange d'amusement et de honte, dans son regard, la façon dont ses commissures se soulèvent pour dévoiler ses dents… Elle a honte que Lucius fasse partie de sa famille. Elle le tuerait de sa main s'il lui en donnait le moindre prétexte, tout comme son neveu, Drago… Elle a toujours blâmé Narcissa d'avoir choisi un homme aussi faible, d'avoir engendré un fils aussi faible, mais elle ne le lui reprochera pas, elle dont l'époux l'agace et l'indiffère depuis des années…

C'est amusant, quand on connait l'appétit dévorant de Bellatrix. Une tigresse, dans tous les aspects de sa vie. Ses amants ont tendance à ne pas survivre à ses faveurs…

Malheureusement pour elle, je m'amuse de ce feu sensuel, je la laisse danser autour de moi telle une flamme, me lécher, me caresser, mais jamais elle n'obtiendra de moi ce qu'elle veut… Les désirs de Bellatrix me sont étrangers. Son amour de la souffrance, en revanche…

Un faible cri me tire de mes réflexions. J'accorde une seconde d'attention à la silhouette qui flotte au-dessus de la table, à la vue de tous. Charity Burbage…

Rien que son nom m'écorche la bouche. Elle aussi, j'ai l'impression de pouvoir la sentir : son amour des Moldus, leur sillage qui empuantit l'air autour d'elle… Elle ne mérite pas que je m'attarde plus longtemps sur elle. Comme tous ceux de son espèce, comme tous les Moldus et les Traitres-à-leur-sang, elle n'est rien de plus qu'un insecte qui a besoin qu'on lui rappelle où se trouve sa juste place dans l'ordre naturel du monde.

Aucun souci. Je me ferai un devoir de le lui rappeler. Je suis né pour cela : je le sais, c'est inscrit dans mes veines, dans mon nom, dans l'histoire de ma famille depuis des générations…

Je lève ma baguette. A cet instant seulement, mon sang bout dans mes veines, et ce qui se rapproche le plus du plaisir chez moi explose : je la tue, sans retenue, sans inhibition, je la tue et je sens mon pouvoir s'emparer de sa vie, s'emparer d'elle, la posséder, puis la déserter, dans un acte aussi charnel qu'intime…

Comme à chaque fois, ma résolution remue en moi comme un serpent, se cristallise.

Je suis l'Empereur. Je suis prêt à gouverner. Le Monde n'a qu'à se préparer.


Et voilà, j'espère que ce premier chapitre vous a plu =)

Si vous aimez ce que je fais, sachez que je viens de publier un roman, un vrai ! N'hésitez pas à me poser des questions en MP ou dans les reviews si cela vous intéresse. Vous pouvez également faire un tour sur mon profil pour y trouver tous les liens utiles. Je vous dis à très bientôt pour une prochaine carte...

Nat'