Il avait toujours eu du mal à s'endormir. Il avait toujours eu besoin de serrer quelque chose dans ses bras, de sentir une chaleur proche de lui, une chaleur rassurante et réconfortante. Oh il n'avait pas peur du noir, il n'en avait rien à faire, le jour ou la nuit c'était exactement la même chose, quelle différence ? Mais être seul dans son lit le faisait suffoquer, il étouffait, son cœur se serrait et ses poumons se vidaient de la moindre parcelle d'air. Il aimait la solitude mais pas à ce moment. Il avait toujours été fort pour sa mère et pour lui ; son père était partit et ne donner des nouvelles que quand il en avait le temps. Le petit garçon avait donc en charge sa vie d'enfant et la vie de sa mère qui travaillait le plus possible pour subvenir à leurs besoins. Il s'occupait de toutes les tâches ménagères malgré son jeune âge et jouait les durs mais au fond il ne restait qu'un gamin sans son père, terrorisé de ne pas être à la hauteur. Et justement, il ne se rendait compte de cela que quand la nuit tombait et qu'il se retrouvait seul face à lui-même et ses pensées. Alors elles le hantaient, l'empêchant de trouver le sommeil des heures durant et le rabaissant doucement.

Alors pour palier à ce problème, sa mère lui avait acheté une énorme peluche de chat, au pelage roux, doux et brillant. Il se blottissait contre lui et s'endormait

Paisiblement dans ses bras. Puis était arrivé l'anniversaire de ses quinze ans et sa mère désespérée de toujours voir ce chat malgré l'âge de son fils, avait décidé de s'en débarrasser pendant que celui-ci était en cours.

Ce fut quand il rentra, un véritable drame mais il était hors de question qu'il se plaigne ou qu'il fasse un caprice : son orgueil était en jeu.

Les premières nuits furent difficiles, il n'arrivait pas à trouver le sommeil mais après une semaine de nuits blanches et complètement épuisé, il trouva enfin une solution. Même si son chat n'était plus là, rien ne l'empêcher de serrer autre chose dans ses bras et ce fut son pauvre oreiller qui fut désigner. Ses nuits reprirent alors un cours normal, et lui pu à nouveau dormir comme un bébé.

Aomine maintenant âgé de 23 ans, avait réussi ses examens au collège Seirin mais aussi au lycée Tōō avec brio, car malgré son éternel flegme, il était hors de question pour lui de passer pour un imbécile. Il avait déjà très mal pris le fait de n'avoir gagné qu'une seule fois les championnats inter-lycée, sa fierté ne pouvait pas en plus de cela subir l'affront d'un ratage total de ses études.

Il était en suite parti, grâce à une bourse sportive, pour les USA où il avait réussi son plus grand rêve : il était devenu titulaire d'une des plus grande équipe de la NBA. Il ne pouvait pas rêver plus belle vie : des matchs surexcitants, des entraînements épuisants, des coéquipiers fabuleux et en plus de tout cela, il partageait son lit, son appartement et surtout sa vie avec la plus belle créature que le monde est créé, son petit ami et soit dit en passant l'amour de sa vie : Kagami Taïga. Même s'il n'avouerait jamais cela au principal concerné. Le roux avait accepté de le suivre aux USA pour le plus grand bonheur d'Aomine. Taïga lui n'avait pourtant pas continué sa carrière de basketteur malgré son talent énorme et son potentiel certain, il avait décidé de se consacrer pleinement à ses études pour devenir instituteur dans les écoles élémentaires. Il se donnait corps et âme pour réussir ses examens et atteindre son but et les quelques heures qu'il pouvait libérer, il les passait à venir observer son amant lors de ses entraînements. S'en suivait souvent un one on one entre les deux compères, une fois le terrain déserté par les autres joueurs et tout le staff. C'est un jour comme celui-ci que l'entraîneur de l'équipe repéra Kagami, en effet son cher bleu à force d'insultes et de jérémiades sur le légume tout flasque qu'était devenu son rouge, avait réussi à faire sortir celui-ci de ses gonds et provoqué une entrée dans la zone remarquable qui lui avait permis la victoire. Aomine était pourtant très fier du corps d'athlète de son homme qui malgré son emploi du temps, continuait à s'entretenir et avait conservé une musculature impressionnante, pour son plus grand bonheur. L'entraîneur avait par la suite demandé des renseignements au bleu sur ce fameux joueur dont il n'avait jamais entendu parler, allant jusqu'à proposer un contrat plus qu'alléchant à celui-ci. Aomine surexcité en avait parlé à Taïga qui avait gentiment rejeté la proposition et s'était concentré sur son livre de partiel.

Mais le plus gros problème du bleu n'était pas dans les refus répétés du rouge, il avait fini par si habituer, non il était ailleurs. Kagami avait réussi ses examens, bon cela aurait dû le réjouir, le faire sauter de joie mais non, les examens signaient la fin des études théoriques et un passage vers la pratique et pour cela son amant avait dû partir pour le Texas pour un stage de deux mois. Enfin tout le monde dirait que ce n'est pas une fin en soit et qu'il allait revenir vite, que deux mois ce n'était pas grand chose et qu'avec les nouvelles technologies se parler était facilement faisable. Aomine était d'accord avec cela, mais voilà maintenant dix jours que son amant était parti et une semaine qu'il était impossible pour lui de trouver le sommeil. Les premiers jours avaient été plutôt faciles, l'odeur si agréable et envoûtante du roux était encore présente dans le lit du couple et avait bercé son sommeil mais au bout de trois jours celle ci avait disparu. Il était donc confronté à des crises perpétuelles d'insomnie et des nuits plus que mouvementées où perdant patience à tourner indéfiniment dans son lit, il se décidait à aller se poser sur le canapé pour regarder le genre de navets qui passent à 3heure du matin. Il avait tenté de réutiliser la technique de l'oreiller mais son amant avait pris une place trop importante dans sa vie pour être remplacé par un simple coussin. Il lui manquait une chaleur réconfortante et une présence irremplaçable qu'il ne trouvait que dans les bras de Kagami.

OoOoOoOoO

Aujourd'hui, il se trouvait à l'entraînement comme tous les jours mais pour la première fois depuis le début de sa carrière, il était sur le banc des remplaçants et regardait complètement démoralisé ses coéquipiers. Il avait raté tous ses paniers ce qui ne lui été jamais arrivé. Il ne pouvait pas se concentrer plus de quelques secondes sans avoir ses yeux qui poussés par une force étrangère se fermaient tous seuls allant même jusqu'à manquer la passe la plus simple du monde.

"Eh bien alors Daï, on n'est pas dans son assiette ? Ou alors on a juste la trouille ? Monsieur est une poule mouillée ? Ou alors il se pense peut-être meilleur que tout le monde ?" Le provoqua James lorsque l'entraînement se finit et que l'équipe s'approcha du banc.

Aomine se leva d'un bond prêt à lui refaire le portrait mais fut stopper par l'intervention de l'entraîneur qui colla une gifle sur l'arrière de la tête de James.

"Aiiiie mais eeeh coach, ça fait mal" se plaint celui-ci.

"Ça t'apprendra à raconter des conneries plus grandes que toi. Et toi Daïki ne rigole pas, tu n'es pas en position de la ramener. Tu as vu ton jeu depuis une semaine, tu nous expliques ? On dirait un fantôme perdu au milieu du désert. Tu t'es regardé dans un miroir dernièrement ? Tes cernes sont plus marqués que les rides de ma belle-mère. Je veux que tu te reprennes en main dès aujourd'hui et je ne veux pas d'excuse."

Aomine baissa la tête et ne répondit pas. Le coach se retourna vers le reste de l'équipe et résuma le programme pour la semaine suivante puis siffla la fin de l'entraînement et le début du weekend.

OoOoOoOoO

Il claqua la porte de son appartement; il fallait qu'il trouve une solution, hors de question de se faire à nouveau engueuler par le coach et en plus devant toute l'équipe, il passait pour quoi ? Il fit les cents pas dans le salon cherchant une réponse brillante à son problème mais il avait déjà tout essayé, les tisanes de grand-mère, les footings avant d'aller se coucher, les bains bien chauds... rien de tout cela n'avait fonctionné. Il ne restait plus qu'une solution : il prit son portable, composa le numéro qu'il connaissait maintenant sur le bout des doigts car le chercher dans ses contacts aurait été trop long, et il l'appela. Oui Kagami devait rentrer, il était impossible pour lui de tenir encore plus d'un mois, tant pis il remballerait sa fierté ou alors il se trouverait une bonne excuse.

"Allo, allo, Daï c'est toi ! Comment tu vas ? J'ai tellement de chose à te raconter ! J'aide une enseignante en ce moment, elle est adorable, elle a eu son diplôme, il n'y a pas longtemps du coup elle m'aide pour mes révisions et les futurs entretiens. En plus, les enfants sont trop mignons, hier l'un d'entre eux m'a offert un superbe dessin et m'a demandé si je voulais me marier avec lui, tu ne trouves pas ça trop chou ? Eeeh Daï, tu m'écoutes, ALLOOOO !"

Aomine s'assit sur le tabouret du bar de la cuisine et sentit les larmes dévalées ses joues sans qu'il ne puisse les contrôler. Dix jours, dix jours qu'il n'avait pas entendu sa voix, qu'il n'avait pas senti sa présence. Cinq ans de relations et ils n'avaient jamais été séparés plus de deux jours, cinq ans qu'ils se voyaient dès que possible, cinq ans qu'ils étaient collés l'un à l'autre. Et ça ils ne s'en étaient jamais rendu compte, ils avaient toujours vécu comme ça, c'était leur quotidien et ils ne se s'en étaient jamais lassés.

En fait, le pire n'était pas ses nuits blanches mais l'absence de son homme.

"ALLLLOOOO ! OOOH AHOOO c'est ta poche qui m'a appelé ou quoi ?" criait toujours Kagami.

Il se ressaisit, effaça d'un revers de main rageur, les larmes qui mouillaient encore ses joues et mit dans sa voix son éternel accent taquin.

"Eh bien alors je vois que tu m'as vite remplacé ? Je ne suis pourtant pas sûr que ce cher blanc bec satisfasses tous tes désirs."

"Ahomine !" S'insurgea le Roux. "Au fait, pourquoi tu ne m'as pas appelé avant ? L'entraînement t'a tant fatigué ?"

"Euuh ... oui oui c'est ça. L'entraîneur a doublé les séances" répondit bêtement le bleu.

Pourquoi ? Pourquoi ne l'avait-il pas appelé avant ? Maintenant Aomine se posait lui aussi la question. Peut-être qu'il voulait inconsciemment se protéger.

"Daï tu es toujours là ? Je dois te laisser, Nat m'attend pour corriger les petits tests qu'elle a donnés cette après-midi. On se rappelle vite, d'accord ?"

"Oui" murmura Aomine déçu que la voix de son homme disparaisse à nouveau.

"Eh Daï ?!" Souffla le rouge

"Oui"

"Tu me manques terriblement, il n'y a pas une seconde où je ne pense pas à toi. J'ai envie que tu me sers dans tes bras. Tu me manques tellement, j'ai hâte de te revoir. Je t'aime de tout mon cœur ne l'oublie pas ... Tuuut Tuut."

Il avait raccroché, il lui avait dit des choses tellement magnifiques et il avait raccroché. Surement de honte car ce n'était pas vraiment dans les habitudes de Kagami de dévoiler ses sentiments comme cela. Il avait à nouveau fait couler ses larmes. Aomine se dirigea vers sa chambre et s'étala de tout son long sur leur grand lit, il ressassa les paroles du roux et tout doucement finit par tomber dans les bras de Morphée.

OoOoOoOoO

Un mois était passé depuis la jolie déclaration de Kagami, un mois qu'Aomine ne dormait que les jours où il pouvait l'avoir au téléphone soit environ une fois par semaine. Le rouge n'avait pas beaucoup de temps pour lui entre les heures avec la petite classe de 21 élèves de la jeune maîtresse Nat, l'écriture de son rapport de stage et les cours à réviser pour son examen final. Aomine avait réappris à vivre sans son amant mais ne supportait pas cette situation pour autant. Rentrer à l'appartement était une véritable torture et il traînait au stade le plus longtemps possible jusqu'à ce que le concierge vienne le chercher sur le terrain pour lui dire qu'il était obligé de fermer. Il faisait en plus de cela des efforts surhumains pour reprendre son niveau et progresser en vue de la saison à venir malgré sa fatigue constante : sa vitesse avait largement diminué et ses tirs ne rentraient plus à coup sûr. Il était au pire de sa carrière et même ses débuts lui avaient semblé plus simples.

Il était en ce moment dans les vestiaires et se changeait avec tous ses coéquipiers. L'entraînement venait de se finir et ce soir il devait rentrer tôt pour pouvoir faire quelques courses. Il avait aujourd'hui réussi quelques bons shoots et c'était plutôt démarqué lors du mini match. Ses efforts commençaient à payer et il s'habituait au manque de sommeil.

"Eh Daïki ! Alors on s'est fait largué ?" lança d'un seul coup James, sans que personne ne s'attende à une telle remarque car elle n'était pas du tout dans le sujet de conversation et que les relations d'Aomine avait toujours été un sujet à éviter si on ne voulait pas subir les foudres de celui-ci.

Aomine se retourna le regard mauvais comme une bête féroce grognant et prête à mordre.

"Mais pourquoi tu dis ça James ?" interrogea Sho.

"Ben regarde, il a des cernes de cent mètres de long, il s'énerve pour un rien et puis surtout son dos n'a plus aucune marque et il n'y a plus aucun suçon dans son cou ! Alors que d'habitude son dos semble avoir été la proie d'un énorme félin tellement les marques de griffures y sont impressionnantes. Sa copine a dû en avoir marre de se taper un looser pareil, on la comprend en même temps, vous avez vu la couleur de ses ...".

Il n'eut pas le temps de finir que déjà Daïki fondait sur lui. Toute la pression qu'il avait pu emmagasiner pendant le mois se déversa d'un seul coup, son poing partit et arriva directement dans la mâchoire du brun avec une force incroyable. James fut projeté par le coup et surtout par son manque de réaction dû la surprise, sur un des bancs du vestiaire et s'écroula. Aomine toujours aussi hors de lui s'avança lentement vers son coéquipier qui gisait là. Ses yeux semblaient vouloir mitrailler le joueur américain. Ils étaient devenus d'un bleu électrique si sombre que la pupille semblait totalement dilatée. Une aura effrayante se déployait autour de lui, laissant ses autres coéquipiers sans voix et surtout les tenants éloignés de la scène sans aucune intention de venir en aide à James. Aomine était devenu beaucoup trop effrayant et intenable pour tenter la moindre chose contre lui : la panthère s'était réveillée et elle ne ferait qu'une bouchée de tout ce qui se trouverait sur son chemin.

"Je ne sais pas pour qui tu te prends mais saches une chose, je déteste les gros cons dans ton genre. Je n'y suis pour rien si tu n'es même pas capable de trouver quelqu'un pour prendre ton pied et que tu es plus frustré qu'un panda en rut. Tu dois être aussi nul au pieu que sur le terrain, tu fais pitié. Tu jalouses tous ceux qui t'entourent mais apprends plutôt à rester à ta place, pauvre tâche ! La prochaine fois je finis ton éducation à grands coups pieds dans ta tronche, tocard."

Il marcha rageusement jusqu'à la porte, l'ouvrit et se retourna une dernière fois.

"Laisse ma vie privée tranquille ou ce ne sera plus seulement mon poing dans ta gueule de gros con !"

Et il claqua la porte du vestiaire derrière lui.

Il marchait depuis une heure n'ayant pas voulu prendre sa voiture vu l'état de rage dans lequel il était. Il arriva enfin à l'appartement, balança ses chaussures dans l'entrée et commença directement à se déshabiller. Il se dirigea vers la salle de bain, il était sur que l'eau allait lui faire du bien. Il se retrouva face au miroir de la salle de bain et se tourna. En effet son dos ne montrait plus aucune trace de ses ébats avec Kagami. Le temps avait fait son œuvre et avait laissé enfin son dos cicatriser. Il se plaignait toujours au rouge de lui laisser autant de marques mais maintenant elles lui manquaient. Elles prouvaient la possessivité de son amant et elles prouvaient surtout que celui-ci était présent.

Il pencha la tête et découvrit que le suçon habituellement placé dans son cou juste en dessous de l'oreille avait lui aussi totalement disparu. Plus d'un mois qu'il ne s'était rien passé du côté de sa vie sexuelle et pourtant il n'y avait même pas pensé. Oh non pas qu'il ne soit pas attiré par ça, c'était plutôt tout le contraire à l'accoutumé mais là il n'était pas frustré comme il l'était pendant la période d'examens de Kagami. La seule vraie chose qui lui manquait ce n'était pas le sexe mais juste son Taïga.

Il enleva son dernier vêtement et se plaça sous la douche. L'eau chaude délaça ses muscles engourdis et surtout diminua la douleur de sa main. Ses jointures étaient rouges vifs et ses doigts le lançaient. Ce con de James avait une mâchoire plus dure que le béton, il n'était pas rentré en NBA pour rien, comme tous les joueurs, il était une boule de muscles. Aomine espérait surtout ne pas s'être cassé quelque chose car de un il n'aurait pas pu jouer les prochains matchs et de deux il aurait été totalement ridicule à se blesser juste pour un simple coup de poing.

Il resta sous la douche une trentaine de minutes complètement coupé du monde avant d'entendre un léger bruit provenant du salon. Il se précipita hors de la salle de bain, attrapa une serviette et courut, glissant sur le carrelage. La musique se terminait, sa sonnerie allait finir et son correspondant serait renvoyé vers son répondeur, il en était hors de question. Il poussa sur ses longues jambes, enjamba le canapé et réussit enfin à saisir l'objet de son malheur.

"Allo ?"

"Oui bonjour monsieur, nous vous appelons car nous pouvons vous proposer une nouvelle sorte de forfait pour votre télévision. Nous aimerions connaître pour cela votre serveur actu..."

"Oooh toi ta gueule ! J'ai déjà passé une journée de merde, tu ne vas pas me casser les couilles en prime."

"Mais monsieur nos offres sont vraiment très intéressantes, surtout pour un homme seul."

"Oh le gros connard ! Je ne t'ai pas demandé de me raconter ma vie ok ? Surtout si tu ne la connais pas ! Alors tu vas gentiment raccrocher avant que j'apprenne qui tu es et que je te trouve pour t'exploser la gueule !"

"Mais je vous dis que je peux vous avoir des réductions."

"MAIS JE VAIS TE DÉFONCER !"

"Je vous propose un forfait à moins de 20€ par mois."

"NOM DE DIEU ! DE NOM DE DIEU DE MERDE ! QU'EST CE QUE TU COMPRENDS PAS DANS "VA TE FAIRE FOUTRE" !"

Et il raccrocha avant que ce vendeur ne l'énerve un peu plus.

Pull the curtain, begin

Paranoia is wearing thin now...

Voilà que la sonnerie de son téléphone résonnait, il avait vraiment décidé de se payer sa tête.

"OH LE BLAIREAU DE PREMIÈRE CATÉGORIE JE T'AI DÉJÀ QUE J'EN AVAIS RIEN À FOUTRE DE TON OFFRE À LA CON !"

"Bonjour à toi aussi Ao. Je vais bien et toi ? Tu as passé une bonne journée ? Enfin vu ce que j'entends elle a dû être mouvementée." Explosa de rire un Taïga enjoué.

"Kaga ?" Murmura le bleu.

"Oui c'est moi, j'avais enfin 5 minutes pour moi alors je t'ai appelé un peu mais si je te dérange, je rappellerai un autre jour. Tu semblais prêt à en découdre."

"Non, non surtout pas !" Paniqua l'ex as de Tōō.

"Eheh détend toi je rigole, je ne vais pas raccrocher." Dit le roux surpris de la réaction de son amant.

"C'est vrai ?"

"Bien sûr. Daï tu es sûr que ça va ?"

" "

Un silence lui répondit.

"Eh Daï ? Répond ! Ça va ?"

"Non." entendit juste le roux, un simple murmure rauque, qu'une voie serrée avait difficilement prononcé.

"Qu'est ce qui se passe ? Tu es malade ? Tu t'es blessé ? Tu ne peux pas jouer le prochain match ? C'est encore ton connard de coach qui fait chier ? Si c'est ça ne t'inquiète pas je vais lui casser les dents ..."

"ET COMMENT TU COMPTE FAIRE ÇA ! TU N'ES MÊME PAS LÀ !"

Tut tut tut.

Il avait raccroché, il lui avait raccroché au nez.

Pull the curtain ...

Il éteignit son portable. Ce trou du cul pouvait toujours courir pour qu'il le rappelle. Non mais oh, il n'était pas là et osait faire des promesses qu'il ne pourrait pas tenir. Cette journée était définitivement la plus pourrie de sa vie.

OoOoOoOoO

Un mois et dix-huit jours, le temps semblait s'être bloqué depuis quelque temps pour Aomine. Enfin encore plus que d'habitude. Aujourd'hui était un grand jour, lui et son équipe avaient passé toutes les qualifications, ils avaient joué toute la semaine et avaient gagné tous leurs matchs, ce n'étaient pas des victoires écrasantes mais elles étaient satisfaisantes surtout qu'Aomine s'était déchaîné et avait repris sa place d'as. Ils disputaient aujourd'hui le quart de final face à une des équipes les plus fortes du tournoi NBA.

Il n'avait plus de nouvelles de Kagami depuis leur "dispute", son portable était toujours éteint et il ne se connectait plus aux différents réseaux sociaux.

Il voyait juste les notifications de messages s'accumuler sur la page d'accueil de son ordinateur. Il avait une cinquantaine de message du rouge mais aussi de ses anciens coéquipiers comme Kuroko ou encore Kise. Kagami avait dû les affoler n'arrivant pas à le joindre. Il avait même vu une notification de Wakamatsu, c'était pour dire. Il n'avait plus de nouvelles de cette énergumène depuis qu'il avait quitté le lycée et en même temps n'en voulait pas. Et il ne comptait pas les notifications de Momoï, sa meilleure amie. Qu'est ce qu'elle lui manquait. Elle était venue le voir quelques mois auparavant et lui avait fait la magnifique surprise d'emmener avec elle son petit ami Imayoshi. Ce satané bigleux leur avait fait passer une semaine horrible, il avait tout critiqué, des sorties programmées, en passant par l'appartement du couple et même jusqu'à la cuisine de Kagami. Ce qui avait failli rendre complètement dingue Aomine qui c'était retenu de lui fracasser la tête sur la table du salon. L'ancien capitaine et la jeune fille avaient fini par repartir pour le plus grand bonheur du couple à bout de nerf. Maintenant qu'il y pensait, il ne donnait pas assez de nouvelles à la jeune infirmière et aurait aimé la revoir. Peut être pourrait-elle venir passer quelques jours lorsque le roux serait revenu ?

Mais pourquoi attendait-il encore son amant ? Celui-ci l'avait abandonné et laissé en plan alors à partir de maintenant il en ferait de même. Cette semaine, il ferait ses bagages et se tirerait de l'appartement. Il trouverait bien quelqu'un pour l'héberger quelques jours, juste le temps de se retourner et de pouvoir trouver un nouveau logement. Il s'occuperait de tout cela juste après le match ... le match... LE MATCH... il avait oublié le match ! Il sauta hors de son lit et s'habilla en courant, enfilant ses chaussettes en sautant à cloche pied tout en se brossant les dents. Si ses problèmes avec monsieur Jemebarreetjoselaramener venait même jusqu'à lui faire oublier un match c'était que tout cela n'allait plus du tout.

Il franchit la porte de l'appartement et la ferma à clef tout en mâchant difficilement un reste de pain trouvé dans la cuisine.

Il arriva finalement au terrain, après avoir grillé quelques stops et quelques priorités, juste à temps pour sauter dans le bus.

"AOOOMINE !" Hurla le coach.

Ouhla si le coach l'appelait par son nom, il allait avoir des problèmes. Il avait remarqué ça : aux États-Unis tout le monde s'appelait par son prénom et cela ne semblait choqué personne ni même être un manque de respect. Depuis qu'il était arrivé, on ne l'appelait par son nom que lors de très rares circonstances comme maintenant et il savait qu'il s'était mis dans un sacré pétrin.

"Oui ?"répondit-il doucement, un grand sourire aux lèvres et sa main gauche se grattant l'arrière du crâne.

"Encore une fois tu as loupé le débriefing !" Gronda le coach.

"Pas grave ! Le seul à pouvoir me battre c'est moi !" Rugit-il.

Les années avaient changé l'ancien as de Tōō mais pas de ce point de vue là. Il avait toujours une confiance en lui inébranlable.

"Et ton ami ? Il ne t'a pas battu la dernière fois ? Tu sais ce basketteur mystère dont tu ne m'as toujours pas donné le nom. "

Un sourire de fierté naquit sur les lèvres du bleu. Un sourire immense où l'on pouvait clairement voir ses dents.

Les autres joueurs en furent complément pétrifiés heureusement pour eux, ils étaient tous assis, même le coach sembla surpris et fit un pas en arrière pour observer le bleu.

"Il est la seule exception. " souffla-t-il.

Puis son sourire disparu d'un seul coup laissant place à deux pupilles bleues métalliques tirant totalement sur le noir. La rage remontait en lui et s'emparait de tout son corps. Il avait oublié un léger petit détail, il l'avait abandonné. Comment pouvait-il encore être fier de lui ?

Ses coéquipiers observés le bleu et détournèrent très vite le regard lorsque celui commença à faire craquer ses articulations et à serrer tellement les poings que ses phalanges en devenaient blanches. Il reprit tout de même ses esprits quand le bus démarra et alla s'asseoir à la dernière place vide à côté de Simon.

Le voyage se passa sans problème. Aomine avait placé son casque sur les oreilles et avait passé le trajet perdu dans la musique le plus souvent japonaise qui lui rappelait tellement de souvenirs. À ce moment, il regrettait ce temps, le temps du lycée où tout était si simple, où toute la génération miracle était réunie, où il regardait son ancien capitaine courir après sa meilleure amie en pensant être discret, où Tetsuya apparaissait au pire moment pour lui reprocher tout et n'importe quoi ... mais surtout il regrettait le temps où son amant lui avait déclaré sa flamme.

Il s'en souvenait comme d'hier, c'était le jour de la finale de l'inter lycée lors de leur deuxième année. Le lycée Seirin avait encore gagné face cette année à l'équipe de Kise et ceci grâce notamment au talent de leur as Kagami. Celui-ci avait demandé au bleu en le croisant lorsque l'équipe retournait aux vestiaires de l'attendre sur le terrain extérieur. Cela avait beaucoup fait râler le joueur de Tōō qui s'était tout de même rendu au lieu du rendez-vous. Le roux était arrivé en marchant les mains dans les poches arrière de son jean, il semblait complètement décontracté mais ses ongles rongés jusqu'au sang auraient pu le trahir.

"Bon tu m'expliques ce que je fous là ?", s'exclama directement la panthère.

"Euuuh, c'est à dire que euh, je voulais euh … enfin tu vois quoi … enfin c'est compliqué quoi … mais enfin voilà quoi … je voulais … "

"Allez accouche, je n'ai pas que ça à foutre."

"En fait ... je voulais te ... dire que je t'... je te remercie encore pour les baskets !" Déballa d'un seul coup le rouge.

"C'est tout ? Tu m'as fait venir pour ça ? Pour un truc qui date d'il y a deux ans et dont je me contre fous totalement ? Mais quel boulet tu fais... tu sers vraiment à rien ..." brailla Aomine qui était en fait réellement déçu, il ne savait pas pourquoi mais il aurait aimé autre chose de la part de Taïga.

"Oooh ça va toi ! Tu voulais que je fasse quoi que je t'embrasse et que je te dise que je t'aime ! Voilà t'es content c'est fait !" Hurla Kagami.

Le visage du bleu transcrit sa surprise et ses yeux semblaient vouloir s'échappaient de leurs orbites ainsi que sa mâchoire semblait vouloir caresser le sol. Kagami lui avait pris la même teinte que ses cheveux et commençait déjà à amorcer un mouvement de recul pour prendre la fuite. Mais c'était sans compter sur la rapidité de la panthère qui lui attrapa le bras. Le roux ferma les yeux prêts à recevoir un coup de poing magistral mais se fut une autre sensation qu'il sentit sur ses lèvres. Quelque chose de doux mais au parfum exotique qui lui caressait les lèvres. Il ouvrit brusquement les yeux et se rendit compte que ce n'était autre que celles de Daïki. D'abord trop surpris il ne répondit pas au baiser ce qui fâcha son adversaire qui recula et commença comme à sa plus grande habitude à hurler.

"Il faut savoir ce que tu veux toi ! Tu me demandes de t'embrasser je le fais tu pourrais au moins avoir la politesse de ne pas me laisser comme un con à faire ta statue."

Il fut couper par le roux qui posa brusquement ses lèvres sur les siennes et l'embrassa tendrement mais avec la plus grande des audaces, allant même jusqu'à mordiller sa lèvre inférieure pour lui demander l'accès à sa bouche. Ce qu'accepta le bleu rendant le baiser plus que passionné. Les mains du bleu vinrent se placer sur les hanches de son rival et les bras de celui ci autour de son cou approfondissant ainsi le baiser.

Ils furent, à leur plus grand désespoir, stoppés par le manque d'air.

"Et maintenant on fait quoi ?" Demanda le bleu.

"Embrasse-moi idiot !" Sourit le rouge.

Leur relation avait débuté ainsi et était resté secrète pendant des mois sauf peut être pour Tetsuya qui avait très vite compris pourquoi son coéquipier partait de plus en plus rapidement après les entraînements. Le reste de leurs amis n'en avait jamais rien su jusqu'au jour de leur remise des diplômes signifiant la fin de leurs années de lycée. En effet ce jour là, Aomine fièrement habillé de son uniforme de Tōō et tenant son diplôme dans les mains avait attendu son amant devant le lycée Seirin. Il était même accompagné de toute son équipe qui ne comprenait décidément pas ce qu'elle faisait là, voulant juste allait boire un coup pour fêter le début de leur nouvelle vie.

Autant de phéromones avaient bien sûr attirées les regards de bon nombre de filles mais aucune n'avait osé s'approcher pour leur parler. Il fallut qu'ils attendent une bonne demi-heure et qu'Aomine supporte les jérémiades de tous ces coéquipiers avant que par miracle il ne voit une mèche de cheveux rouge dépassée du lot de lycéen. Un sourire immense s'afficha sur son visage ce qui surprit grandement sa meilleure amie qui ne croyait pas ce qu'elle voyait.

L'équipe de Seirin passa enfin les grilles du lycée sous les jérémiades de leur ancienne coach diplômée l'année précédente mais qui était venue accompagnée de leur ancien capitaine pour les féliciter de l'obtention de leur diplôme. Elle semblait passer ses nerfs sur Kagami qui ne l'écoutait plus du tout. En effet celui-ci s'était stoppé depuis que ses iris rouges avaient croisé celles bleues de son amant.

"Eh Oooh Kagami tu m'écoutes ? Je te parle !" Hurlait la jeune femme devant lui.

Elle tourna enfin la tête vers son ancien élève et le découvrit planté devant l'entrée du lycée. Elle chercha donc ce qui venait de perturber autant Taïga et tomba sur une touffe de cheveux bleus ainsi qu'une rose et un ensemble d'uniforme de Tōō.

"Mais ça alors Momoï, Aomine qu'est ce que vous faites là ?"

"Eh bien je ne sais pas trop ..." répondit la jeune femme.

Daïki se mit alors à marcher s'avançant vers l'équipe de Seirin. L'ex coach tendit la main pensant que le bleu voulait la saluer mais il passa à côté d'elle sans même un regard, Kuroko subit le même traitement. L'as se dirigea directement vers le rouge et à la surprise générale plaça ses mains sur les hanches de son amant et l'embrassa langoureusement.

"Mais mais c'est quoi ce bordel ?!" Hurlait l'ex-coach.

Après avoir subit le coup de poing réprobateur de son petit copain et les plaintes qu'hurlaient sa meilleure amie furieuse de ne pas avoir été mise au courant de la situation, les deux équipes avaient pu enfin aller fêter correctement leur remise de diplôme dans le bar du quartier.

Mais Aomine se souvenait aussi des moments plus durs qu'ils avaient, quoi qu'il arrive, vécu ensemble. Leur départ pour les États Unis et plus précisément les aux revoir à l'aéroport en était le parfait exemple. Momoï avait pleuré toutes les larmes de son corps, il avait tenté de la consoler comme il le pouvait. Il semblait peut être sans cœur mais il avait horreur de voir son amie d'enfance pleurer, c'était un déchirement depuis qu'ils étaient gamins. Elle était restée en larmes dans ses bras pendant quinze bonnes minutes avant de lever la tête de son épaule, de renifler un grand coup et de lui faire le plus grand sourire qu'elle pouvait, il était un peu déformé mais il avait suffit à lui réchauffer le cœur. Il l'avait serré une dernière fois contre lui et lui avait promis de revenir la voir puis il l'avait laissé repartir vers son petit ami. Il avait ensuite rejoint Kagami et l'équipe de Seirin qui l'avait félicité pour son contrat sans pour autant l'approcher de trop près toujours effrayer par la panthère. Ils avaient ensuite tous pris dans leurs bras Kagami et lui avait fait promettre de donner des nouvelles et de revenir le plus tôt possible. Kagami n'avait bizarrement pas bronché, avait à peine parlé et ne s'était retourné qu'une dernière fois pour saluer ses amis avant d'embarquer. Puis le couple avait passé l'angle et ne s'était plus retrouvé dans le champ de vision de leurs amis et là le roux avait craqué. Devant son amant totalement paniqué et ne sachant pas quoi faire, il avait fondu en larmes. Si Aomine détestait voir Momoï pleurait s'était encore pire quand il s'agissait de celui qui l'aimait qui de plus ne pleurait jamais. Ne voyant pas comment réagir il n'avait pas prononcé un mot et l'avait juste serré dans ses bras et lui caressant doucement le dos il avait attendu que le jeune homme se calme de lui même. Il l'avait ensuite "traîné" jusqu'à l'avion où ils avaient enfin décollé vers leur nouvelle vie.

Il se rappela aussi de leur arrivée sur le sol américain mais surtout de sa première rencontre avec les parents de Kagami qui les attendaient à l'aéroport : un des moments les plus gênant de sa vie.

Le rouge en les voyants avait laissés tomber son amant qui attendait leurs valises et avait couru les serrer dans ses bras. Aomine s'était donc trouvé seul face à une vingtaine de pères de familles près à tout pour récupérer leur vingtaine de bagages sous le regard inquiet de leur vingtaine de femme et de leurs quarantaine d'enfants. Le bleu malgré son mètre quatre vingt treize et sa carrure d'athlète ne faisait pas le poids. Il se prit des coups de coude dans les côtes et autres coups déloyaux avant de se faire complètement propulsé vers l'arrière, ne pouvant définitivement plus atteindre le tapis roulant où défilaient les valises. Se reculant d'un pas et se hissant sur la pointe des pieds, il vit tout de même le sac bordeaux de Kagami arriver, ainsi que le suivant qui n'était autre que son sac noir. Pas le choix! Il recula d'un pas de plus, prit appui sur ses jambes et se propulsa dans les airs avec la même force que pour dunker. Ses longues jambes frôlèrent les épaules des pères affolés et il atterrit directement sur le tapis roulant à côté des sacs tant convoités. Il s'en empara et descendit agilement du tapis, fier comme un coq de son exploit, il passa une main dans ses cheveux et remit en place ses lunettes de soleil qui avaient glissé sous les yeux affolés des pauvres personnes qui attendaient encore leur bagage. Puis il leva les yeux et se souvint d'une chose : les parents de son amant l'observaient depuis le début. Il croisa enfin leur regard complètement perdu et choqué.

"Hmmmph ... AAAAHAHAHHAHAAAH !" Kagami n'avait pas pu se retenir une seconde de plus et avait laissé échapper son rire tonitruant tout de suite suivi de celui de son père et du sourire narquois de sa mère. "Il faut toujours que tu te fasses remarquer, tu ne pouvais pas être discret pour une fois, à peine poser sur le sol américain que tout le pays sait déjà que Sire Aomine est arrivé. AAHHAHAHAH !"

"Je comprends maintenant pourquoi la NBA est venue vous chercher jusqu'au Japon." Souligna en plus sa mère.

Aomine ne savait plus où se mettre et Taïga continuait de rire comme la peste qu'il était. Le reste des présentations se fit de manière plus banale et surtout plus calme pour le pauvre bleu encore honteux de s'être affiché d'une telle façon devant ses beaux-parents.

OoOoOoOoO

Tous ces moments étaient les plus beaux du monde pour Aomine mais, aussi éloignés de son âme sœur, ils semblaient prendre une tournure bien mélancolique. Qu'est ce que faisait Kagami à ce moment même ? Corrigeait-il des copies ? Révisait-il ? S'inquiétait-il pour lui ? Se souvenait-il qu'aujourd'hui l'équipe joue son avenir ?

Aomine n'avait jamais stressé mais à cette heure-ci, assis seul dans le bus, son casque toujours accroché à ses oreilles, il se posait mille et une question, il doutait. Il doutait de tout : des capacités de ses coéquipiers, de leur esprit d'équipe, de leur mental mais aussi et cela l'effraya encore plus, il doutait de ses capacités, de son mental et de son esprit d'équipe. Le stress l'envahissait petit à petit, commençait dangereusement à le ronger de l'intérieur ... Puis un CLAP ... une tape sur sa cuisse. Il leva les yeux en direction de celui qui venait de faire ça et il croisa le regard de Simon.

" Eh mec, calme toi ! Tu es tellement excité que tu fais trembler tous les sièges."

Il n'était pas excité, il était en panique, en réelle panique. Il fallait qu'il souffle, qu'il essaye de se détendre ... Que ferait Kagami dans un moment pareil ? Il aurait tout de suite remarqué son stress et aurait trouvé un moyen de le calmer, c'était sur, il trouvait toujours une solution. Mais pourquoi pensait-il encore à lui ? C'était lui la cause de tous ses problèmes.

"Oh Oh Daï ? Ca va ?" s'inquiéta Simon.

Il souffla un grand coup, expulsa tout l'air de ses poumons et ne laissa plus entrer qu'une seule pensée dans son esprit : Nous allons les exterminer, ils ne font pas le poids face à nous et comme toujours la victoire sera mienne. Il tourna enfin la tête vers Simon, sourit de tous ses crocs et siffla :

"Une seule possibilité : Gagner !"

Tous les coéquipiers qui écoutaient depuis le début, se mirent à reprendre ce slogan, hurlant à tout vent et à qui voulaient les entendre qu'ils allaient gagner. Le bus ne fut bientôt plus qu'un ring où les cris s'affrontaient les uns les autres.

OoOoOoOoO

"ON A GAGNÉ ! ON A GAGNÉ ! ON A ON A GAGNÉ !"

Les cris étaient à nouveau présents dans le bus : les joueurs fêtaient leur victoire.

"ON EST EN FINAL ! ON EST EN FINAL ! ON EST ON EST ON EST EN FINAL ! "

Cinq jours étaient passés depuis les quarts de final qu'ils avaient bien entendu gagnés et ils célébraient là leur victoire écrasante en demi-finale. Le match s'était passé à une vitesse phénoménale et les adversaires n'avaient réussi qu'à regarder la balle glisser dans leur panier. Daïki avait été une des clefs les plus importantes de ce succès en effet il avait marqué à lui seul les soixante-dix pourcent des points du match. Il avait été déchainé voir même enragé. Le coach l'avait longuement félicité mais aussi réprimandé sur son manque de passes et son individualisme trop poussé mais qu'est ce que son as en avait à faire, ils avaient gagné, l'important était là. Pourtant celui-ci bien callé au fond de son siège ne hurlait pas avec les autres, il ne se réjouissait même pas du tout bien trop obnubilé par autre chose. A cette heure-ci, les déménageurs avaient dû finir de transporter ses cartons dans son nouvel appartement. Il avait profité de ses longues nuits sans sommeil pour emballer ses affaires et avait tout préparé pour ce jour, profitant ainsi du match et donc de son absence pour ne pas avoir à voir la scène de ce déménagement.

Toujours assis dans son siège Aomine regardait sans vraiment le voir le paysage par la vitre puis le bus se stoppa, il était sur le parking de leur gymnase d'entrainement. Il sortit bousculant au passage toute personne se trouvant sur sa route sans s'en excuser le moins du monde et se dirigea directement vers sa voiture dans laquelle il sauta et démarra en trombe, direction son appart... ancien appartement. Une fois arrivé, il se gara rapidement et monta en courant les quatre étages, il tourna la clef dans la serrure et à ce moment le choc fut grand. Il n'y avait plus rien, les pièces semblaient tellement vides et impersonnelles, les meubles étaient toujours là ainsi que les quelques affaires de Kagami pourtant l'appartement ressemblait à une photo de catalogue. Les femmes de ménage qu'il avait engagé avaient parfaitement fait leur travail, le plancher brillait, les vitres scintillaient et il n'y avait plus la moindre trace de poussière ni des dégâts qu'il avait fait en essayant de se préparer lui même à manger. La porte claqua derrière Aomine qui s'effondra sur le sol en larme, il se sentait tellement vide à ce moment. Cet appartement impersonnel lui rappelait à quel point il n'avait pas réellement vécu depuis le départ de son amant et à quel point il était bien seul sans lui. Mais il se releva bien vite, qui était le seul responsable de cette situation ? Certainement pas lui ! Tant pis pour le rouge, il ne savait pas ce qu'il ratait, la panthère allait se créer une nouvelle vie encore plus fabuleuse que celles qu'il voyait toutes les nuits dans ces télé réalités débiles, celle-ci commençait maintenant et la famille Kardashiante n'avait qu'à bien se tenir. Le bleu attrapa le dernier sac de vêtement lui appartenant et claqua la porte derrière lui, il la ferma à clef, descendit les escaliers clefs toujours en main puis une fois dans le hall, il balança celles-ci dans la boite aux lettres : ça y est, il ne pouvait plus faire machine arrière.

Son nouvel appartement se situait à 20 minutes à pieds du terrain d'entrainement, il pourrait ainsi s'y rendre en courant tous les matins. Mais ce n'était pas son seul avantage, il l'avait aussi choisi pour sa vue imprenable sur la mer d'un côté et sur la ville qui devenait sublime une fois la nuit tombée de l'autre, son balcon immense et ses portes coulissantes qui lui rappelaient les maisons traditionnelles japonaises. Il lui avait coûté un bras mais Aomine ne regrettait pas du tout et puis son très bon salaire devait bien un jour lui servir à quelque chose. Il avait aussi changé de numéro et en avait profité pour acheter un nouveau téléphone plus performant que son précédent mais surtout celui-ci n'était plus rouge. Il n'y avait rentré que les numéros de ses coéquipiers, de ses quelques amis américains qui ne connaissaient pas Kagami et aussi ceux de sa famille avec qui malgré des relations tendues il échangeait tout de même un peu. Il n'avait pas donné son nouveau numéro à tous ses amis japonais, il ne voulait plus entendre parler du roux et pour cela il était prêt à tout. Sa meilleure amie allait vraiment lui manquer mais tant pis, c'était une conséquence qu'il avait envisagé. Il avait aussi supprimé tous ses comptes sur les réseaux sociaux, n'en pouvant plus de voir s'accumuler les notifications de messages ou autres demandant de ses nouvelles ou des explications sur sa dispute avec l'autre Bakagami. Il avait effacé toutes traces de son passage dans sa vie, il recommençait aujourd'hui tout à zéro avec pour objectif premier gagner le tournoi !

Son entraînement commencerait par un rangement des cartons en faisant squats, pompes et abdos. Puis une bonne douche pour enlever toute la crasse accumulée et enfin un plongeon sur son tout nouveau lit. Cette nuit, il dormirait comme une marmotte !

2heures...
3heures...

"NOOOON! Putain de merde ! Bakagami tu me fais chier ! Je n'arriverais jamais à dormir !"

Il se leva d'un bond fou de rage, enfila un bas de jogging et sortit en trombe.
Il courra, courra, courra toute la fin de la nuit, se perdant dans ses pensées. Il avait dû faire une boucle d'une trentaine de kilomètres quand il se rendit compte de l'heure, il lui restait une demi heure pour récupéré son sac et se rendre au stade pour l'entraînement. Il repartit de plus belle et arriva largement à l'heure au stade.

"Tout d'abord, je tenais à tous vous féliciter pour le match d'hier ! Mais comme le but reste tout de même la victoire, nous reprenons dès aujourd'hui l'entraînement." Commença le coach.

"Oooh"

"Pas la peine de huer, c'est comme ça. Nous resterons pourtant dans quelque chose de très calme pour aujourd'hui, nous travaillerons uniquement les passes et les dribbles pour finir sur un petit match. Allez au boulot ! Commencez l'échauffement."

Aomine qui avait déjà passé la nuit à s'échauffer se rua directement sur un ballon pour commencer par une série de shoot qui rentra tous les uns après les autres. Puis il enchaîna sur quelques 3 points et quelques sprints pour améliorer sa vitesse. L'entraîneur ne lui fit aucun reproche, tant qu'Aomine s'entraînait tout allait. Il se joint enfin au groupe pour l'entraînement aux dribbles. Il n'avait pas besoin de revoir les passes, Kuroko lui avait déjà largement assez rabattu les oreilles avec celles-ci pour qu'il les maîtrise parfaitement.

La pause, moment que tous les joueurs attendaient pour se ruer vers le banc et descendre leurs bouteilles de boissons énergétiques. Tous sauf le bleu qui parti sur une nouvelle séance de 30 shoots sous le regard mi-amusé mi-troublé de ses coéquipiers. Ils fixaient tous la balle lorsque celle-ci manqua le panier, première fois depuis des semaines, mais le plus étrange ne fut pas là mais bien le bruit qui s'en suivit. Un énorme fracas retentit faisant changer brusquement l'attention des joueurs sur une masse affalée au sol.

"DAIKI !"

Ils se précipitèrent tous vers le bleu allongé à même le sol et qui ne répondait plus. Il respirait difficilement et semblait pris de crise de tremblement.

"APPELER UNE AMBULANCE !" Hurla le coach aux membres du staff en retrait.

L'infirmière présente sur place arriva en courant mais fut elle aussi bien impuissante devant cette masse de muscle qui commençait maintenant à se débattre. Sous les ordres de l'entraîneur, ses coéquipiers le maintinrent au sol jusqu'à l'arrivée des secours quelques minutes plus tard.

OoOoOoOoO

Il ouvrit les yeux sur un plafond blanc comme le sien mais il en était sur malgré son esprit embrouillé ce n'était pas le sien. Son plafond était blanc cassé pas comme celui-ci d'un blanc ... mmh trop blanc qui le forçait à plisser les yeux. Il se redressa sur ce lit tout aussi blanc, ébloui par les rayons trop forts du soleil. Ses yeux plissés le laissèrent à peine apercevoir la personne assise sur un fauteuil à côté de son lit, cette personne le fixait calmement sans rien dire. Kagami, c'était Kagami ? Il était rentré ? Il s'était inquiété ? Daïki cherchait à ouvrir plus ses yeux, luttant contre la douleur mais l'homme à ce moment se redressa.

"Daïki ..."

Ce n'était pas sa voix. Ce n'était pas lui. Ce n'était que le coach, il aurait déjà dû se réjouir, aucun joueur n'avait jamais reçu la visite de l'entraîneur lors d'un séjour à l'hôpital et au vu de sa tenue qu'il n'avait pas changé, de ses cheveux totalement décoiffé et de ses cernes qui s'étaient imposés sur son visage plus fatigué que d'habitude, il était resté là durant tout son sommeil.

"Daïki ça va ?" Souffla doucement l'entraîneur.

Le bleu voulut parler mais sa gorge trop sèche ne produisit aucun bruit. Le coach comprenant vite se leva et se dirigea vers une carafe et un verre d'eau posés sur la petite table au bout de la chambre. Il le tendit au joueur qui le descendit d'un seul trait.

"Merci." Ce mot ne fut qu'un souffle roque et caverneux.

"Tu as dormi pendant 38 heures, Daïki ..."

Les yeux du bleu s'élargirent d'incompréhension et de choc, il avait réussi à s'endormir ? Non, il était tombé d'épuisement.

"Les médecins ont dit que tu avais fait un surmenage, doublé d'une déshydratation et d'une sous nutrition. Selon les derniers tests qu'on avait passés en début de saison tu as perdu 9 kilos... Aomine qu'est-ce qui se passe ? Tout le monde a vu ton récent changement de comportement. On est habitué à tes sautes d'humeur et tes principes étranges mais là c'est différent. Tu es devenu un danger pour l'équipe mais surtout pour toi. Explique nous, parle nous, nous sommes là aussi pour t'aider nous sommes une équipe."

Le ton de l'entraineur était inhabituellement calme, posé, sans reproche franc comme le bleu ne l'avait jamais entendu, il était tout simplement soucieux. Pourtant le joueur n'avait pas envie de parler de ses déboires et l'homme toujours assis sur son fauteuil pouvait voir son visage se fermait peu à peu dans une grimace de rage mêlée de douleur.

"BON maintenant ça suffit, j'ai essayé d'être conciliant, sympathique et tout le tralala mais de toute façon la seule chose qui marche avec toi, c'est quand on te hurle dessus. Alors TU vas me dire ce qu'il se passe et ILLICO PRESTO !" se mit-il à crier faisant sursauté les pauvres infirmières qui passaient par là.

Le bleu un peu troublé et la bouche encore en cul de poule bafouilla et se dit qu'il n'avait plus qu'une chose à faire craché le morceau pour enfin être tranquille et puis peut-être que cela l'aiderait un peu.

"J'ai déménagé récemment et je suis fatigué."

Quoi ? Il n'avait jamais dit qu'il dirait tout !

"Ne me prend pas pour une bille, le bleu !"

"Bon ok, je me suis disputé avec la personne qui partage ma vie et je pense qu'en même temps je l'ai quitté. Ca vous va ? VOUS savez c'est bon ? VOUS êtes soulagé, vous n'y êtes pour RIEN ? Alors maintenant si vous me lâchez et vous me laissez seul, que je réfléchisse comme un con comme je le fais depuis plus d'un mois, ça serait cool. Je n'ai pas envie de casser mes bonnes vieilles habitudes."

Le coach resta penaud, il s'attendait à un problème familiale, à une maladie, ou encore à une déception sur le monde de la NBA mais une peine de cœur, certainement pas. Aomine, l'homme de glace avait quelqu'un dans sa vie ? Quelqu'un réussissait à supporter son caractère ... comment dire particulier et son égo surdimensionné ? Il se leva machinalement de son siège et sans un regard en arrière quitta la chambre.

OoOoOoOoO

Ca y est, ils y étaient, le grand jour, le jour J, la finale ! Aomine assis sur le banc des vestiaires était le dernier encore présent dans la pièce, les autres joueurs étaient déjà partis s'échauffer. Il était resté à l'hôpital deux jours, il aurait dû y séjourner plus longtemps mais son caractère insupportable et son orgueil mal placé lui avait valu la haine des infirmières qui avaient appuyé fortement sa demande lorsqu'il avait demandé à quitter l'établissement. Il avait repris l'entrainement le lendemain, et depuis les autres joueurs avaient tendance à le ménager comme s'il n'était qu'une simple poupée de chiffon qui pouvait s'effondrer à n'importe quel moment. Cela le mettait hors de lui, il allait devenir fou si on ne le laissait pas jouer normalement. Le coach ne lui avait pas adressé un mot depuis leur discussion à son réveil mais même cela le bleu s'en fichait, il avait un objectif : Gagner. Depuis son séjour forcé à l'hôpital, il n'avait pas dormi, il ne voulait pas prendre les somnifères que l'on lui avait prescrits, et son sommeil de 38h lui avait permis de recharger les batteries. S'il avait juste besoin de ça pour tenir à nouveau 2 mois, il signait.

Il avait longtemps maudit Kagami qui n'avait même pas pris de ses nouvelles après son accident puis il s'était souvenu que le rouge n'avait plus aucun moyen de le joindre. L'apprenti enseignant aurait avant été le premier à qui l'hôpital aurait téléphoné car il était le numéro enregistré en cas d'urgence mais maintenant ce n'était plus le cas, il n'avait plus personne sur qui compter.

Daïki se leva, et se dirigea vers la porte, il était temps que l'as face son entrée sur le terrain, il traversa le long couloir noir d'où une lumière blanche aveuglante s'échappait à son bout. Il ferma quelques secondes les yeux, le temps de les laisser s'habituer à ce changement de luminosité et là il entendit le concert d'applaudissement et d'hurlement qui signait son arrivée. *il ouvrit doucement les yeux, un regard conquérant, une lueur électrique dans le bleu foncé qui tirait presque vers le noir, une rage de vaincre incommensurable, il ne louperait pas un panier. Le bleu était connu, il était un joueur de génie, il était admiré pour ses actions miracles et hors normes, il était vite devenu la coqueluche de supporters. Alors aujourd'hui son arrivée était plus attendue encore que celle du messie. Tous les joueurs sur le terrain tournèrent la tête vers lui, ceux de l'équipe adverse semblèrent trembler d'appréhension lorsqu'ils croisèrent le regard glacial de l'as. Ces coéquipiers eux comprirent rapidement qu'ils ne devront pas le ménager aujourd'hui et en sourirent : leur panthère était de retour.

56-52

L'équipe du bleu était en tête mais ce n'était pas encore gagné, elle était à quelques minutes de la mi-temps et même si elle menait, on sentait que les joueurs s'essoufflaient et n'étaient pas au maximum. Le match était loin d'être passionnant autant pour les équipes que pour les spectateurs. Aomine venait seulement de rentrer et rugissait déjà de rage face à ses coéquipiers qui avaient tendance à se reposer fortement sur leurs lauriers. Il allait tout envoyer boulet quand il leva les yeux vers les gradins, une immense banderole où était écrite : "Vas-y Aomine" pendait, derrière elle, il reconnut les cheveux rose de Momoï qui était à côté de son petit ami, il y avait aussi Wakamatsu et Sakurai non loin. Toute l'équipe de la génération miracle était réuni, il reconnut Kise qui hurlait pour tenter de passer au dessus du bruit de l'ambiance générale, il était appuyé sur Tetsuya qui capta le regard d'Aomine mais surtout son regard s'arrêta immédiatement sur des yeux rouges sang qui le fixaient. Leurs regards ne se lâchaient plus comme bloqués, le cœur du bleu s'emballa, deux mois, deux mois qu'il n'avait plus croisé ce regard de braise et qu'est ce que cela faisait mal. Il se rendait compte d'à quel point il avait souffert jusqu'ici, il avait été seul ; tous ses amis étaient là pour le soutenir mais pourtant la seule chose qui avait eu de l'importance était ce regard !

BAM

Le ballon venait de rencontrer l'arrière de sa tête. Il se pencha, le récupéra et se retourna doucement à la recherche du coupable, il croisa le regard de son capitaine qui se voulait plein de reproches sur son inactivité mais celui-ci changea bien vite quand il croisa celui de la panthère qui rugissait silencieusement, prêt à en découdre avec la prochaine personne qui lui ferait une réflexion. La mi-temps sonna et le bleu se reprit, il ne releva pas les yeux vers les gradins, ignorant ses amis et se dirigea directement vers les vestiaires. Il n'écouta pas un seul mot du débriefing, perdu dans ses pensées : "qu'est ce qu'ils faisaient tous là ?"

"Daïki ?" L'interpella un des membres du staff.

"Hn?"

"Il y a un groupe de jeunes qui disent te connaître et qui voudraient rentrer pour te voir. Ils semblent être tous japonais. Qu'est ce que je fais ?"

Ils se moquaient de lui, oser venir jusque dans les vestiaires pour le voir pendant le match le plus important de la saison, comme s'il n'avait que cela à faire. Et surtout, il ne voulait pas LE revoir, il voulait faire sa vie sans lui et pour cela il avait mis tous les moyens possibles en œuvre hors de question qu'il revienne comme une fleur après deux putains de mois.

"Euh Daïki ? Tu m'écoutes ? Je fais quoi ?" S'impatienta le vigile.

"Je n'attends personne ce soir, je ne connais pas ces gens." Répondit-il d'une voix sans appel.

L'homme s'en alla et l'équipe reprit aussitôt le chemin du terrain.

115 - 60

Ils avaient gagné et haut la main. Aomine fout de rage après l'apparition de ses amis du lycée avait renversé le score faisant un travail incommensurable en attaque mais aussi en défense. La panthère n'avait rien laissé au hasard et avait marché sur ses adversaires les uns après les autres. Elle n'avait pas attendu la remise de la coupe et s'était directement éclipsée au vestiaire où elle avait récupéré toutes ses affaires et était partie pour le parking. Elle avait aujourd'hui pris sa voiture plutôt que le bus de l'équipe car elle savait qu'il rentrait trop tard pour elle peu importe qu'ils gagnent ou qu'ils perdent. Elle s'approchait de la voiture quand elle reconnut déjà au loin la silhouette accoudée à la porte conducteur. Elle avait tout changé dans sa vie : son appartement, son téléphone, ses habitudes ... tout sauf sa voiture et il l'avait reconnu. Comment passer à côté d'une sublime sportive bleu nuit aux lignes épurées et au moteur apparent que l'on pouvait deviner rugir sans même avoir à tourner la clef. Celui adossé à la voiture ne passait pas non plus inaperçu, il était immense et on pouvait deviner un corps entretenu sous son tee-shirt rayé, il avait des bras énormes et réellement musclés qui montraient bien une pratique sportive régulière mais surtout et ce qui avait toujours fait craquer notre bleu, c'était ses jambes affutées mais nerveuses qui lui avaient permis tant d'exploits, elles étaient moulées dans un jeans un peu trop descendu à ses yeux puisqu'on pouvait voir se dessiner l'élastique noir du caleçon. Aomine hoqueta face à cette silhouette qui ne le laissait clairement pas de marbre et ce léger bruit de gorge fit relever la tête à la bête épiée.

"Ao ..." susurra-t-elle juste.

L'interpelé commençait déjà à tourner les talons pour retourner en sureté dans les vestiaires mais il fut stoppé par une main sur son bras qui l'électrisa.

"Aomine ! Je crois qu'il faut qu'on parle !" le ton était ferme et sans appel possible, le bleu en déglutit une nouvelle fois, Kagami prit cela pour une réponse et continua.

"Je suis rentré à l'appartement hier et il n'y avait plus tes affaires ! J'ai essayé à nouveau de te joindre mais tu ne répondais encore pas comme ça a été le cas pendant presqu'un mois ! Et je ne te parle pas des dizaines de lettres que je t'avais envoyé que j'ai retrouvé dans la boîte aux lettres en rentrant et encore moins du fait que j'ai appris que tu avais fait un séjours à l'hôpital de 4 jours dans un putain de journal sportif !" le rouge hurlait à plein poumon sur le parking et Daïki baissait de plus en plus la tête regardant ses pieds.

"PUTAIN mais réponds moi Aomine ! J'étais mort d'inquiétude quand j'ai appris ça ! Normalement j'aurais été le premier prévenu mais non parce que monsieur me raccroche au nez comme à une vieille chaussette pourrie pour je ne sais quelle raison alors que je suis à l'autre bout du pays et après ne me réponds plus, ne réponds plus à personne et coupe même ses réseaux sociaux ! Putain de merde tu trouves ça normal ! MOI NON ! Alors maintenant tu vas m'expliquer ce qu'il se passe et TOUT DE SUITE !"

Le bleu gardait toujours le regard au sol ne voulant pas faire face à la boule de rage en face de lui, Kagami le saisit par les épaules et le secoua jusqu'à ce que leurs amis restaient jusque là dans l'ombre ne s'interposent. Le tigre avait le poing levait prêt à taper son amant qui ne le regardait toujours pas mais Momoï s'était interposée entre eux deux bloquant tous mouvements. Midorima avait attrapé Kagami par les épaules le bloquant un peu plus et Murasakibara tira en arrière Aomine qui ne bougeait pas attendant le coup.

"Kagami ! Tu allais faire quoi là ? Non mais ça ne va pas de vouloir frapper Daïki ! Il se passe quoi dans ta tête ?" hurlait la rose.

"En même temps il l'avait cherché." renchérit Wakamatsu qui se tut tout de suite après avoir croisé le regard furieux de Momoï. Elle allait surenchérir sur leur manque de maturité quand une voix calme s'interposa.

"Je pense qu'il serait temps que tout le monde se calme et qu'Aomine s'explique." dit Kuroko encore sorti de nulle part.

Ils se tournèrent tous vers Daïki qui gardait obstinément la tête vers ses pieds. Murasakibara l'avait enfin lâchait ce qu'il lui permit contre toutes attentes d'avancer lentement vers Kagami, ses pas étaient lourds et résonnaient dans le parking silencieux. Il contourna le roux toujours sous l'emprise du tireur et continua sa marche jusqu'à sa voiture, il allait ouvrir sa portière quand la voix de son amant raisonna à nouveau.

"C'est ça ! Tu prends encore la fuite, tu ne sais faire que ça j'ai l'impression ! Fuis encore vas-y mais cette fois on ne sera plus là pour te courir après."

Le silence fut encore plus pesant après ces paroles. Aomine releva doucement la tête et se retourna, ses yeux étaient chargés d'une émotion incompréhensible pour lui comme pour les autres.

"Oui je fuis et alors qu'est ce que ça peut te foutre ? Ca fait deux mois que je suis ici seul comme un con, deux mois que je pourris dans un appartement vide, deux mois que je ne vis plus, que j'attend bêtement que mon téléphone vibre, que j'attends un simple message mais ça tu t'en fous : Monsieur s'éclatait comme un gosse pendant que moi je sombrais petit à petit. Alors oui je fuis, je fuis car je ne veux pas que ça recommence, je ne veux plus être seul, je ne veux plus me noyer doucement et sans bruit. Je ne veux plus tomber d'épuisement, me réveiller sur un lit d'hôpital car sans toi, je ne peux pas dormir ! Je ne veux plus ! Je veux juste être indépendant ! Putain je veux juste DORMIR ! Tu comprends ? Je veux arrêter de tourner dans un lit bien trop grand et trop froid, de penser et penser sans pouvoir m'arrêter une seconde de me demander ce que tu peux faire au même moment, je ne veux plus faire des joggings de 5 heures car je n'ai rien d'autre à faire la nuit et je t'en passe. JE VEUX DORMIR !" cracha enfin le bleu dont la rage se sentait à des kilomètres à la ronde.

Tous les autres restèrent coi devant cette déclaration, ne sachant quoi dire, ils se sentaient tous de trop, ils savaient que cette conversation aurait dû rester personnelle mais ils avaient dû intervenir. Ils se tournèrent tous vers Kagami qui regardait penaud Aomine. Il se détacha de l'emprise de Midorima et avança vers la panthère qui reculait déjà. Malgré ses plaintes, il l'attrapa et la serra contre son torse, elle se débattit comme le félin qu'elle était mais finit par sombrer dans cette chaleur qui lui faisait tellement de bien.

"Je suis désolé, si tu savais comme je suis désolé de ne pas avoir entendu ta détresse, de ne pas avoir su y répondre. Si j'avais compris, je serais rentré tout de suite. Toi aussi tu m'as manqué, tu me manquais chaque seconde, je ne peux pas être loin de toi. Je ne supporterais pas de te perdre. Alors laisse moi redevenir ton sommeil, laisse moi revenir, je ne te laisserais plus."

Le bleu calait contre son torse releva enfin la tête pour croiser ces deux pupilles rouges qui criaient de souffrance.

"Promis ?"

"Promis..."

Il avait fini par céder, il s'était promis de tenir le coup mais comment le faire lorsqu'enfin ses deux bras l'enlaçaient et le réchauffaient enfin. Deux mois qu'il n'avait plus senti son parfum, qu'il n'avait plus profité de son contact. Il avait craqué et tant pis, il s'en fichait largement.

Leurs amis les regardaient toujours, mi-attendris mi-offusqués par le taux de naïveté que pouvait contenir deux bêtes aussi féroces.

OoOoOoOoO

"AOMINE ! Concentre-toi BORDEL ! Ce n'est pas parce qu'on a gagné hier qu'on doit se reposer sur nos lauriers !" hurlait le coach depuis le banc de touche face à ses joueurs qui faisaient un match d'entrainement.

"Daïki, le coach a raison tu sembles complètement ailleurs ressaisis-toi." lui dit Simon en lui tapant dans le dos.

"Tu aurais pu venir faire la fête avec nous quand même si c'est pour avoir de telles cernes aujourd'hui. Tu as dormi cette nuit ?" l'interpella James en lui faisant la passe, Aomine la réceptionna et partit vers le panier esquivant tous ses coéquipiers qui lui faisaient barrage et dunka.

"Pas le moins du monde !" répondit-il en retombant au sol, un sourire éclatant aux lèvres qui fit pâlir les joueurs. Décidément, Daïki resterait une énigme pour tous.