Note de l'auteur : Il s'agit de ma toute première fic, assez sérieuse puisqu'elle me tient à coeur depuis un bon moment et je ne l'ai pas encore abandonné (miracle). N'hésitez pas à donner vos avis, même si je suis débutante je n'ai pas peur des critiques! C'est vrai que ça commence très doucement mais ça ne va pas tarder à chauffer haha je vous souhaite donc une bonne lecture.

Prologue

XANA était vaincu. La vie à Kadic reprenait lentement son court normal tandis que six élèves tendaient difficilement de remettre de l'ordre dans leur vie. Yumi semblait épanouie dans son travail et dans sa vie privée. Sans les attaques incessantes de XANA, elle put se concentrer sur ses études et est entrée en classe de première avec les félicitations du conseil de classe. Côté cœur, elle fit abstraction de tout ce qui la tirait vers le bas, c'est-à-dire William et son obstination effrontée et Ulrich et sa jalousie maladive. Aujourd'hui, elle se sentait libre. De son côté, Odd gardait sa bonne humeur. Certes légèrement déprimé après l'extinction du supercalculateur, il avait fini par retrouver facilement le sourire en partie grâce à ses nombreuses conquêtes. Quant à Jérémy et Aelita, ils semblaient vivre un conte de fée, tous deux béats sur un petit nuage. Aelita pouvait désormais vivre sans inquiétude, même si XANA venait parfois la hanter dans son sommeil. Tous deux avaient alors appris à profiter de leur jeunesse, jonglant habillement entre les études et les sorties. Par contre, tout n'était pas aussi rose pour tout le monde. En effet, l'ex samouraï avait le moral au plus bas, en manque de combats et surtout d'affection. Après quelques mois dans les bras de sa dulcinée, il était impossible pour lui de s'imaginer que l'éternel « copains, et c'est tout » était désormais appliqué pour de bon. En plus d'être incapable de regarder la japonaise dans les yeux, ses notes ne l'aidaient pas à remonter la pente. Laxiste, oisif, découragé et complètement paumé, il ne trouvait pas goût au travail, ni à la vie. Du côté de l'ex XANA-guerrier, la bonne humeur n'y était pas non plus. Subissant les moqueries perpétuelles de ses camarades dues aux travers de sa réplique et son exclusion définitive du groupe, il était en dépression depuis son tout premier jour à nouveau sur Terre, il y a un an. Passant in extremis en classe de première, il se retrouva avec Yumi, ce qui ne l'aidait pas vraiment à combattre ses démons. Au contraire, il s'enfermait dans son monde pour ne plus parler à personne, revivant la sombre époque de sa possession. Après avoir passé un an sous l'emprise d'un virus informatique, l'adaptation au monde réel était loin d'être facile…

Chapitre 1

Lundi 8 octobre, 22h17, chambre d'Odd et Ulrich

Ce soir là, l'ambiance était à la fête, du moins pour le blondinet. Alors que son colocataire paressait en caleçon dans son lit, lui faisait des vas et viens à travers la chambre en chantonnant. Dynamique et rapide, il passait de l'armoire à son lit pour enfiler ses nombreuses couches de vêtements. D'un geste vif, il se recoiffa avec un peu de gel devant le miroir et s'embrassa, visiblement fier de lui.

- T'es toujours aussi beau, toi.

Ulrich leva enfin le regard et s'intéressa faussement à son ami.

- Dis, tu sors ce soir ? L'interrogea-t-il d'un ton las

- Ouais, dans cinq minutes. Répondit-il sans grand intérêt.

- Azra ? Soupira le brun

- Hein ? Euh ah non, Lara ou Lisa, je sais plus. Il sourit. Dis, tu veux que j'te file un coup de main pour le devoir de physique ? J'ai encore un peu de temps devant moi.

- Tu l'as déjà terminé ?

- Bah… Ouais, c'est pour demain huit heures. Tu comptes le commencer quand Ulrich ? S'énerva légèrement le blond.

Il regardait Ulrich les sourcils froncés. Mine de rien, la lente déchéance de son ami l'inquiétait et il voulait l'aider. Certes il n'était pas un élève modèle mais il avait tout de même certaines facilités, il voulait le faire sortir du gouffre.

- Je vais le faire plus tard j'te jure. Merci tu peux y aller, y'a pas de problème.

Odd n'insista pas, connaissant le caractère pour le moins têtu d'Ulrich.

- Ok comme tu veux. A demain alors.

Il s'en alla ainsi, un pincement au cœur qui disparut très vite quand il aperçut au loin son rendez-vous.

- Lara, salut, tu vas bien ?

- Moi c'est Léa, Odd !

- Oui bien sûr, alors hm… Quoi de prévu ce soir ? Sourit-il en la prenant par la taille.

Une heure s'était écoulée depuis le départ d'Odd. Ulrich, toujours étendu dans son lit, n'était décidemment pas prêt à commencer son devoir. Les minutes passaient et il restait immobile, les yeux rivés vers le plafond. Son esprit était vide, comme d'habitude depuis quelques mois. Sa relation avec la japonaise fut certes brève mais intense. L'amour de sa vie avait enfin succombé, laissant derrière elle son orgueil et sa fierté. Pendant quatre mois, Ulrich vivait une histoire idyllique, mais il était aveuglé par l'amour et il ne vit pas la jeune femme s'éloigner peu à peu de lui, écrasé par le poids de son amant. Tellement aveuglé qu'il ne pu croire à cette simple phrase : « Finalement nous deux, ça ne peut pas marcher. Tu es heureux, toi ? Moi je ne le suis pas. »

C'est alors que quelque chose le fit sortir de ses pensées : des rires sourds et des gloussements gras se firent entendre à travers la porte avant que celle-ci ne s'ouvre en trombe, laissant place à un jeune blond, visiblement éméché, sous le bras de sa copine. Ulrich jeta un coup d'œil à son portable : il était déjà minuit et demi. Odd prit difficilement la parole.

- Héhé, Ulrich… Hm, ça te dit de passer la nuit chez Jérémy ce soir, tu vois ce que je veux dire ?!

Il ria alors à gorge déployée en se laissant tomber sur son lit, accompagné de Léa apparemment gênée.

- Euh, ouais bien sûr.

Le brun s'en alla la tête basse vers la chambre de son ami. Il toqua timidement à la porte après avoir traversé discrètement le couloir dans l'obscurité.

- Jérémy, c'est Ulrich. Tu dors ?

- Non pas encore, entre.

- Jérémy était habitué à ce genre de visite nocturne, cela ne le dérangeait pas, au contraire il aimait passait du temps avec Ulrich, chose qui se faisait rarement en journée. Cependant, cela arrivait de plus en plus fréquemment et il craignait que soit Ulrich, soit Odd, se fasse choppé dans les couloirs un de ces quatre.

- C'est qui cette fois ? Entama Jérémy alors qu'il sortait de sous des draps Star Wars.

- Je sais pas, je l'ai jamais vu cette fille. Odd va maintenant les chercher dans les autres bahuts, ça me fout les boules si tu savais.

Le blond regarda son ami, il savait qu'il ne pouvait rien faire pour lui et ses conseils seraient superflus face au désespoir de l'ancien Lyoko-guerrier. Il l'invita alors à venir s'asseoir près de lui et s'engouffrèrent tous les deux sous la couette. Ils se retrouvaient dos à dos, comme d'habitude, prêts à s'endormir. Ulrich s'autorisa cependant à prendre la parole.

- Tu sais Jérémy, je pensais que sans XANA, notre vie serait plus facile. En réalité c'est tout l'inverse. Maintenant, on a le temps d'être confronté à nos difficultés quotidiennes, et c'est encore pire car cette fois notre ennemi…C'est nous-mêmes. Si tu savais comme je flippe.

Jérémy n'osait faire un geste, intimidé par les confidences de son ami. Il paraissait pourtant invincible avant la mort de XANA. Ne sachant que faire, il lui prit simplement l'épaule et murmura.

- Va falloir continuer à se battre…Dors maintenant, ça te ferra du bien.

Mardi 9 octobre, 05h39, chambre de William

Le teint pâle, les yeux cernés, le jeune garçon était assis telle une coquille vide sur son matelas. Il n'avait pas dormi de la nuit. D'ailleurs, cela faisait plusieurs nuits qu'il ne parvenait pas à trouver le sommeil car dès qu'il fermait l'œil, il se retrouvait pieds et mains liés face à une entité qui s'engouffrait en lui. Telle une marionnette, il commettait des actes horribles contre son gré. Ces cauchemars le rendaient de plus en plus dément.

Il se leva alors mécaniquement, plus ou moins prêt à commencer une nouvelle journée au sein de l'enfer même : Kadic. Ce matin, il avait rendez-vous avez la psychologue scolaire. Alors qu'il ouvrait la porte des douches communes, de la vapeur s'en échappa abondamment, signe que quelqu'un était déjà présent. William soupira, lui qui désirait être seul comme chaque matin, il ne s'attendait pas à ce que quelqu'un brise son rituel et par la même occasion son moral déjà assez bas. Alors qu'il pensait que cela ne pouvait pas être pire, il l'aperçut. La seule personne qu'il ne désirait pas voir, celle qui l'avait privé de tout, cette personne qu'il jalousait, cette personne qu'il admirait malgré tout, cette personne dont il n'avait même plus la force de mépriser : Ulrich Stern.

C'était trop tard pour faire marche arrière, même si ce dernier ne l'avait pas encore remarqué. William était beaucoup trop fier pour faire demi-tour. Il s'avança vers lui, l'observant se rincer le corps et les cheveux avec nonchalance. D'un coup, il se retourna et il le vit. Ils s'échangèrent un long regard, presque insistant. Quelques mois plus tôt, tous deux se seraient plongés dans une bataille en enchaînant les remarques les plus détestables les unes que les autres, mais aujourd'hui, cette époque était révolue. Chacun n'avait plus la force de combattre, épuisés par le poids de leur existence. A la place, ils se regardèrent simplement et naturellement, comme s'ils ne s'étaient jamais quittés. Ils ne s'adressèrent pas la parole, ils n'en avaient pas besoin pour comprendre que leur rivalité était aujourd'hui loin derrière eux et que désormais ils affrontaient tous les deux un ennemi commun bien pire : l'après Lyoko.

Peu après, Ulrich s'en alla d'un pas de loup, comme si rien n'était puisque rien n'était. Pour lui, William n'était qu'un kadicien parmi les autres, ni plus ni moins. Pour ce dernier au contraire, ce rejet était moins facile à vivre, certes il ne considérait pas Ulrich comme un grand ami, mais tout ce qu'ils avaient vécu ensemble, même à travers XANA, il ne pouvait pas l'oublier. Et au vue des circonstances aujourd'hui, ils avaient plus de points communs ensemble qu'ils ne le pensaient…

Et c'est à cet instant même, à première vue anodin, que l'ex XANA-guerrier décida de se prendre en main, après une année dans les limbes et une autre à Kadic, il décida que dorénavant, il allait reconquérir ses amis et sa réputation. Il était William Dunbar, bordel !

Et pour la première fois depuis bien trop longtemps, alors qu'il enfilait une serviette et se regardait dans le miroir, il esquissa un sourire.