Chapitre 1 : Retour à Poudlard

Sirius étendit lentement ses jambes, les étirant jusqu'à pouvoir les poser jusqu'à la banquette face à lui. James était négligemment adossé à la vitre, ses jambes allongées sur l'autre banquette. Peter était assis par terre (il ne restait plus de place sur les banquettes et il aimait particulièrement cette position). Remus était le seul à être normalement assis, mais sa tête reposait sur la vitre, face à James. Le Poudlard Express avançait rapidement sur la voie sinueuse emmenant les jeunes garçons vers leur cinquième année à Poudlard. Après s'être raconté avec empressement leurs vacances respectives, les quatre jeunes garçons étaient entrés dans une morne apathie typique d'une fin de vacances.

James et Sirius avaient, comme l'été précédent, passé leurs vacances ensembles. Le jeune Black avait décidé dès la fin de sa troisième année de ne plus s'imposer la corvée de rentrer au 12 Square Grimaud. Pour James, fils unique, c'était une excellente occasion de passer des vacances joyeuses loin de l'omniprésence parentale, même s'ils avaient passé leurs vacances avec ses parents. Les deux jeunes garçons étaient devenus extrêmement proches ces deux dernières années, ces vacances communes n'y étant sans doute pas étrangères.

La porte s'ouvrit brusquement. Remus se réveilla. Les quatre têtes se tournèrent d'un bel ensemble vers l'intrus qui osait troubler leur quiétude.

Une grande jeune fille aux longs cheveux auburn, avec de grands yeux verts magnifiques, mais l'air revêche, venait d'ouvrir sans délicatesse la porte du wagon.

Lily Evans.

James eut une grimace :

« Evans, fiches-nous la paix, on a encore rien fait ! »

La jeune fille eut un haussement d'épaule méprisant avant de s'adresser à Remus d'une voix amicale :

« Remus, les préfets doivent se rendre tout de suite dans le wagon de tête. »

Le jeune garçon eut un pâle sourire, prouvant aux yeux de tous que cette responsabilité ne l'enchantait guère. Mais il se leva docilement :

« J'arrive Lily. »

Lily Evans disparut presque aussitôt dans le couloir. James eut un grognement :

« J'espère qu'elle ne sera pas tout le temps sur notre dos avec son badge de préfète. Remus, ta mission cette année est de la tenir aussi éloignée de nous que possible. »

Lupin eut un large sourire en enjambant les jambes de Sirius :

« Ne compte pas là-dessus Potter. Il est hors de question que je te laisse faire ton caïd et martyriser les premières années. »

« Ca c'est dommage Remus parce que c'est justement ce que nous avons l'intention de faire. »

Sirius avait relevé la tête, dévoilant un large sourire machiavélique. Remus lui répondit par un visage parfaitement sérieux :

« Je ne vous laisserai pas faire n'importe quoi Sirius. Cette fois ci la Coupe ne nous échappera pas à cause de vos gamineries, compris ? »

« Pas la peine de t'énerver Lunard, on est d'accord avec toi. »

Sirius avait répondu d'un ton sérieux, mais il eut un sourire qui prouvait qu'il ne pensait pas un mot de ce qu'il venait de dire. Remus n'avait pas le temps ni le courage de se lancer dans un sermon contre ses camarades Maraudeurs, il sortit donc en retenant un soupir. Peter avait observé la scène sans cacher son admiration pour la réplique de Sirius. Mais il n'était pas intervenu. Sa participation à ce genre de débat entre Lupin-sermoneur et Potter/Black-fauteur-de-troubles se limitait généralement à des hochement de tête frénétiques, sans qu'ils prennent réellement parti.

James se redressa vivement. L'intervention préfectorale avait mit un terme à sa petite sieste. Il se sentait de nouveau d'aplomb. Et maintenant que Remus était parti, il pouvait sans peine se lancer dans une discussion plus… particulière :

« Alors, tu y es arrivé ? »

Peter se tourna vers son ami, l'air un peu déconfit. Il ne leur fallut pas plus de cinq secondes pour se rendre compte que la réponse était « non ». Sirius eut un mouvement d'humeur :

« C'est pas vrai, ne me dit pas que tu n'y arrive toujours pas ! Tu t'es entraîné pendant les vacances au moins j'espère ? »

« J'ai essayé, mais c'est difficile pour moi, je ne suis pas aussi doué que vous deux, vous le savez. »

Le grassouillet garçon se renfrogna. Il y avait un reproche dans le ton de Peter à cet instant, comme s'il accusait ses amis de ne pas avoir pris en compte dans leurs projets le fait que ses talents n'égalaient pas les leurs. Sirius le sentit sans doute car il se tût, vaguement flatté du compliment mais aussi vexé de ce contretemps. James eut un petit geste de la main :

« C'est pas grave, on va t'aider dès qu'on sera à Poudlard. Il faut que tu le maîtrises avant la prochaine pleine lune, tu en es conscient. Maintenant qu'on a comprit comment ça fonctionnait, on pourra mieux t'aider. »

Peter hocha la tête mais ne dit plus rien, sans doute un pu déçu de sa faiblesse. Ses deux amis s'étaient entraînés tout l'été et avait fini par réussir leurs métamorphoses sans trop de problèmes au final. Lui arrivait avec difficulté à changer son nez en museau, et généralement il avait toutes les peines du monde à redonner sa forme normale à son nez ensuite. Mais il avait l'habitude d'être toujours à la traîne. Au final, cela ne lui laissait plus qu'un arrière goût de déception et de jalousie…

Sirius posa sa main sur l'épaule de Peter, se forçant ainsi à se tordre dans la direction de son ami. Même s'il n'était pas aussi doué que lui, James et même Remus, Peter n'en demeurait pas moins un membre à part entière des Maraudeurs. James observa ce mouvement si inhabituel à Sirius avec surprise. Sous ses airs de gros dur, il avait le cœur aussi fondant qu'une chocogrenouille. Passé ce geste amical, le jeune garçon se redressa et lança la conversation sur un terrain moins glissant :

« Alors, vous pensez que Martins sera toujours capitaine cette année ? Comme ce n'est pas toi James, je me pose la question. Je trouve ça stupide qu'il ne t'ait pas encore choisi. Tu es bien meilleur que lui, ça saute aux yeux. »

James passa sa main dans ses cheveux, leur donnant l'air plus en bataille qu'à l'ordinaire. Parler quidditch avait le don de détourner l'attention du contexte difficile, mais cela le mettait dans ce cas là mal à l'aise. Il n'aimait pas quand Sirius se montrait arrogant même en privé :

« Je suis bon poursuiveur, mais je n'ai pas vraiment envie de devenir capitaine. T'avoir sans cesse sur le dos pour critiquer ma tactique, hors de question ! »

Sirius éclata de rire :

« Tu sais bien que je ne me permettrai jamais de critiquer tes choix ! Mais c'est vrai que Martins ne s'en gênerait pas. Peut-être parce qu'il est en septième année et nous en cinquième… N'empêche que c'est stupide. »

Son ami se détendit. Il préférait le voir faire son ronchon que l'arrogant. Ca lui allait bien mieux. Cher vieux Patmol… James ressentit une bouffée de tendresse inattendue pour son meilleur ami. Après tout, il voulait seulement que lui, James Potter, soit reconnu pour ses qualité de joueur et de meneur. Il n'avait pourtant pas besoin de son soutien pour être reconnu comme le meilleur poursuiveur de l'école. Mais cela faisait tellement de bien de se sentir poussé vers l'avant !

« Parfaitement, c'est stupide ! » Opina Peter avant de retourner à sa lecture.

James remarqua alors que le petit et grassouillet Gryffondor lisait un fort passionnant manuel d'Herbologie. Encore sa lubie de devenir un maître en potions… Pensa le jeune homme avec une pointe de mépris. Mais il se reprit. Peter travaillait dur pour atteindre ce but, mais il fallait reconnaître qu'il était loin d'accéder à son objectif. Cependant, sans trop savoir pourquoi, Peter avait réussi à se lier au trio de garçons les plus brillants de Gryffondor. Et James avait du mal à le voir autrement que comme un petit garçon qu'il fallait protéger.

Sirius eut une mimique comique en articulant un inaudible : Danger ! James eut l'air de ne pas comprendre alors que la porte du compartiment s'ouvrait. Alfina Lockwood fit alors son entrée, suivit de près par Elinor Roberty. James se recula précipitamment, tentant de mettre autant d'espace possible entre lui et les deux deuxièmes années. Les deux jeunes filles s'étaient entichées de James dès leur première année, terrifiant le jeune homme par leurs sourires niais et leurs expressions énamourées. Sirius venait en deuxième sur leur liste, ce qui était généralement la situation inverse mais cela ne le gênait nullement. Il regarda avec amusement James perdre de sa superbe alors que les deux jeunes filles se lançaient dans de grands « Salut ! Comment vas-tu James ? Comment se sont passées tes vacances ? Je peux l'asseoir à côté de toi ? »

« Salut les filles, ça va ? » Lança Sirius aux donzelles assises des deux côtés de James, reléguant Peter sur un coin de banquette (obligé de quitter le sol pour éviter leurs coups de pieds fébriles, le jeune garçon s'était installé sur la banquette en bougonnant). « Vous n'êtes pas venues vous installées dans le même compartiment que nous cette année ? » Demanda-t-il poliment sous le regard meurtrier de James.

Le voyage de l'année précédente avait été très pénible pour le malheureux James, qui avait passé l'essentiel du trajet assis entre les deux fillettes en adoration et face à un Sirius hilare. Il en avait d'ailleurs longtemps voulu à Sirius, l'accusant d'avoir fait venir les deux Poufsoufles dans leur compartiment sciemment, alors que ce dernier ne les avait jamais vu de sa vie auparavant (elles étaient nouvelles alors, mais déjà sous le charme, et ce depuis ce fameux trajet…). Il avait fallu toute la diplomatie de Remus pour arranger la situation.

Alfina prit l'initiative de répondre après avoir fortement rougit :

« Oh non ! Le préfet nous a dit qu'il ne fallait pas se mettre trop par compartiment, il a même dit que le votre était déjà trop plein. Si tu veux tu peux venir dans le notre James ! »

Sirius eut un hoquet qu'il dissimula en toux alors que Peter glissait discrètement derrière son livre. James sentit le rouge lui échauffer les oreilles. Remus lui avait sauvé en partie la vie pour le trajet, mais visiblement les deux gamines semblaient déterminées à le persécuter une année de plus. Il se leva vivement :

« Je dois aller quelque part… »

Avant que quiconque ait pu l'arrêter, James était déjà sortit. Il slaloma entre les élèves présents dans le couloir. Il se doutait bien que Sirius ne tenterait pas de retenir les deux folles bien longtemps. Il lui fallait trouver un refuge. Il vit un compartiment qui lui sembla vide, il y entra sans réfléchir. A peine la porte refermée, il se rendit compte que quelqu'un était déjà présent.

Une jeune fille dormait, la tête doucement posée contre la vitre. Ses longs cheveux noirs tombaient délicatement sur ses épaules alors que quelques mèches avaient glissées sur son visage. Adreva Wyles. James ne put retenir un frisson. La Serpentard dormait, heureusement pour lui. Il s'assit et se colla contre le dossier de la banquette lorsqu'il vit passer les deux Poufsoufles devant le compartiment. Il savait qu'elles seraient rapides, mais pas à se point. Heureusement, la présence de Wyles les dissuada sans doute de regarder davantage le petit espace. La réputation de la jeune fille était un bonheur.

Se détendant légèrement, le Gryffondor osa regarder la jeune fille. Elle dormait toujours paisiblement, les traits parfaitement détendus et calmes. Son regard détailla ensuite la pièce et constata que toutes les valises présentes ne pouvaient être à elle. Un malheureux avait commis la folie de risquer un voyage en présence de la terrifiante Adreva Wyles. Il allait partir sans demander son reste lorsque la porte s'ouvrit brusquement :

« Alors Potter ! On se cache ? »

Une masse s'effondra presque aussitôt sur la banquette en face de lui, à côté d'Adreva. Et cette masse n'était autre que Sirius, hilare :

« Dis donc, tu es parti bien vite. Presque aussi vite qu'un coureur de cent mètres moldu ! »

James ouvrit de grands yeux et désigna du doigt la jeune fille endormie, que Sirius n'avait pas remarquée, une expression inquiète sur le visage. Son ami se tourna et pâlit. Enfin, James aurait juré qu'il pâlissait. Mais il se reprit bien vite :

« Quoi ? »

Il avait à peine baissé la voix. Un mince sourire apparut sur ses lèvres, dégageant légèrement ses canines :

« Ne me dis pas que tu as peur de Wyles ? »

James se redressa, prêt à se défendre d'une telle diffamation :

« Non, certainement pas ! Je n'ai pas peur de… d'elle. »

Sirius eut un sourire mais ne rajouta rien. James eut un petit soupir. Evidemment qu'il n'était pas rassuré par la présence de la Serpentard. Mais il devait bien reconnaître qu'entre cette Serpentard et les deux Poufsoufles, et bien il préférait rester là. Cependant, comme il l'avait déjà remarqué, Adreva Wyles n'était pas seule à occupée ce compartiment. La porte s'ouvrit une troisième fois, laissant apparaître trois Serpentard. Oui, il fallait au moins être trois pour oser partager le compartiment de Wyles. Par contre, les Gryffondors étaient en infériorité numérique. Surtout que les trois Serpentards étaient en septième année.

Un horrible sourire apparut sur le visage du plus blond des trois :

« Qu'est-ce que vous faites là, microbes ? »

« Pas microbes, bactéries pour te servir. » Sirius ne souriait pas.

« Peu importe, Black. Dégages de là. »

Ledit Black se serait bien exécuté si les trois Serpentard leur avaient laissé la voix libre pour sortir. Le but était évidemment d'humilier un peu les deux Gryffondors avant de les laisser partir. James eut un soupir :

« Vous n'en avez pas encore assez de vous faire ridiculiser en public, il faut maintenant qu'on vous maltraite en privé. Tendances masochistes ? »

Un gros type, un certains Goyle, fit un pas en avant. Pansington l'arrêta d'un geste :

« Pas plus que toi, Potter. »

Un mouvement sec du poignet et la baguette de Pansington glissa dans sa main. Il eut un sourire encore plus mauvais que le précédent. James sentit Sirius prêt à lui bondir dessus. D'une pression de la main sur l'avant bras il tenta de le contenir. Provoquer inutilement les Serpentards était une de ses activités favorites… notamment un Serpentard en particulier, mais qui n'était pas présent dans le wagon, pour le moment. Mais vu l'affluence de gens dans le modeste compartiment, il n'allait certainement pas tarder.

La porte s'ouvrit en effet, ajoutant une personne aux six élèves déjà présents, mais Lupin se contenta de rester à l'entrée :

« Qu'est-ce qu'il se passe ici ? Pourquoi un tel rassemblement ? »

Il regardait les Serpentards debout devant eux, mais James fut certain qu'il avait sentit leur présence dans le compartiment sans les voir. Encore une fois, le dénommé Goyle eut un geste, comme s'il voulait broyer la carotide du nouveau venu en guise de salut. Mais cette fois, il se retint. Sans doute n'était-il pas assez stupide pour s'attaquer à un préfet. Il se renfrogna en bombant le torse :

« Ca te regarde pas. »

Les deux autres Serpentards ne dirent rien mais ils n'en pensaient visiblement pas moins. Pourtant ? Ils se contentèrent tous les trois de regards mauvais, sans sortir leurs baguettes, pour les deux qui ne l'avaient pas déjà fait. James fut pour la première fois ravi du nouveau statut préfectoral de Remus. Il eut un sourire en direction de Sirius qui avait lui aussi l'air réjoui de l'attitude des Serpentards. Pansington les remarqua sans doute vu qu'il se tourna vers eux, l'air énervé :

« Qu'est-ce qui vous fait sourire ? »

Sirius eut un plus grand sourire encore, plus provocateur si c'était possible :

« Mais vous trois… Pourquoi ? »

Les Serpentards étaient à point. Tous trois se contenait comme ils pouvaient, avec nombres de regards noirs. Lupin décida d'intervenir avant que Sirius ne les pousse à bout :

« Les Gryffondors, rejoignez votre compartiment, vous n'avez rien à faire ici. Vous trois, laissez-les passer. »

Pansington se tourna vivement vers Lupin, la baguette levée :

« De quel droit te permets-tu de nous manquer de respect ? Tu sais qui nous sommes ! On ne bougera que si ça nous plait ! »

Remus ne recula pas. Il se contenta d'hausser les épaules et de tapoter son badge de préfet du bout de sa baguette :

« Laisses tomber Pansington. Ils n'ont rien fait de mal. Et je t'en prie, arrête de m'agresser où je serai obligé de sanctionner. J'ai le droit de le faire. Allez, sortez de là vous deux ! »

James se leva tout de suite alors que Sirius prit tout son temps. D'un air narquois, il passa à côté des Serpentards, qui se poussèrent juste assez pour les laisser passer. Pansington lui glissa tout de même un petit « Tu me le paieras Black » alors qu'il passait à côté de lui. Sirius ne se tourna pas mais esquissa un sourire moqueur empli de suffisance. Adreva Wyles dormait toujours aussi paisiblement et les autres Serpentards, fulminant de rage, les regardèrent partir avec des envies d'Avada Kedavra plein les yeux. Lupin s'assura qu'ils étaient tous rassit avant de partir à la suite de ses amis. Une fois qu'ils durent de nouveau dans leur compartiment, il ferma la porte et se tourna vers eux, l'air sévère :

« J'aurais du vous laisser vous débrouiller avec eux ! »

« En effet. » Sirius s'était assit dans la même position, les pieds posés sur la banquette face à lui : « On se serait débarrassé d'eux sans problème, n'est-ce pas James ? »

« Ouais ! » Répondit l'intéressé, occupé à sortir de son sac un paquet de dragées surprises de Berthie Crochue. « Que de la gueule ces vipères ! Tiens ! »

Il tendit le paquet à Sirius qui en prit une poignée, puis à Remus, qui secoua la tête :

« Non merci. Je ne plaisante pas Sirius. C'était des septièmes années quand même ! Si je n'étais pas intervenu, ils vous auraient réduit à l'état de scrouts ! Il est hors de question que je joue la nounou toute l'année, pour empêcher les Serpentards de vous annihiler. »

Lupin avait l'air sérieux, même en colère. Black ne prit pas très bien l'attitude « responsable » de son ami. Il se redressa et le toisa de là où il était :

« Mais on a pas besoin de toi pour se défendre. Sans insignes on peut les réduire au silence quand on veut. Et toi tu as intérêt à te calmer sérieusement Lunard, parce que je ne supporterai pas tes attitudes de petit chef longtemps ! »

« Mes attitudes de petit chef ? Parles pour toi Black ! Je me demande ce qui me retiens de… »

Mais le reste fut assourdi par la main de James, qui venait de se jeter sur son ami pour éviter que des mots irréparables ne soient prononcés. Black de son côté venait de se prendre Peter dans les jambes, ce qui n'était pas rien. Dans l'imprescriptible mêlée qui s'ensuivie, Sirius se fit écraser le nez, James perdit une manche de son pull, une pommette de Remus devint bleue et Peter se retrouva avec une dent fêlée. Au bout de quelques minutes de confusions, les quatre garçons s'écroulèrent sur les banquettes, hilares. La cause de la dispute avait été oubliée en cours de route.

James finit par se rendre comte que ses bonbons venaient d'être dispersés aux quatre vents. Il eut un froncement de sourcils :

« Ah ouais, merci les gars ! »

Il eut un geste las de la baguette tandis que les bonbons volaient tous pour se ranger d'eux-mêmes dans le sac d'où ils étaient sortis. Il en prit un avant de les faire passer. Une fois qu'ils eurent tous un bonbon piégé dans la main, ils se regardèrent et le mirent dans la bouche simultanément. James eut une grimace de dégoût alors que Peter toussait violemment. Sirius et Remus se lancèrent de grands sourires :

« Pudding framboise, et toi ? »

« Ragoût. »

« Pouah, goût de cendre ! » Geignit Petigrow en tirant la langue.

Ses camarades grimacèrent en signe de soutient avant de se tourner vers James, qui faisait toujours une tête explicite fronçant les narine et plissant les paupières tout en pinçant les lèvres.

« Alors ? » Demanda Sirius avec avidité.

« Petit pois ! »

Tous hochèrent la tête avec gravité avant d'éclater de rire, tandis que James pestait contre cette traîtrise infligée par son propre paquet de bonbons.


Le reste du voyage se déroula sans autre incident notable. Peter manqua de basculer hors du train en voulant aller aux toilettes, ce qui fit beaucoup rire James et Sirius. Finalement, ils finirent par mettre leurs uniformes alors que le train ralentissait pour entrer en gare. La joyeuse bousculade qui s'ensuivit pour sortir du train ne fut arrêtée que parce que le garde-chasse de l'école bloquait la sortie de son imposante présence :

« Les premiers années, par ici s'il vous plait… Weasley arrêtes de pousser ! Voilà très bien ! Non, laissez vos valises on vous les emmènera. Comment ?... Crivey c'est ça ? Oui ?... Mais puisque je te dis qu'il n'y a pas de place sur les barques pour vos malles ! Hein ?… Mais non on n'y va pas à la nage bougre d'andouille ! Je viens de te dire qu'on y allait en barque. Oui…euh…non, sans vos valises ! Mais tu vas finir par avancer, tu bloques le passage là ! Allez ! Oui, en barque… »

James était pris d'un véritable fou rire silencieux tandis que Remus se retenait visiblement de ne pas sourire. Mais il avait déjà fort à faire pour canaliser la masse grouillante d'élèves :

« Eh vous deux ! Pas de Bombabouses maintenant ! Accio bombabouse ! Accio ! Accio ! »

Bientôt ils furent tous répartis dans les carrosses qui devaient les mener au château. Sirius n'eut pas à menacer les deuxièmes années pour pouvoir obtenir un véhicule pour eux seuls. La réputation des Maraudeurs était déjà solidement installée. Il n'en était pas encore ainsi l'année précédente. Avec délice, Black retrouva le plaisir de pouvoir étendre les jambes sans se soucier de voisins encombrants. Lupin les rejoignit un peu plus tard, l'air échevelé et le col de travers :

« Certains Serpentards causent plus de problèmes que d'autres. » Se contenta-t-il de dire en s'asseyant.

Le court trajet se passa très rapidement. Ils purent entrer et s'installer dans la grande salle sans trop de problème, se réservant un coin tout à fait agréable. A peine assis, Peter se tordit le cou pour pouvoir observer la table des professeurs. Il se tourna vers ses amis quelques secondes plus tard, visiblement déçu :

« Je ne vois aucune nouvelle tête chez les profs… »

Sirius releva un sourcil mais continua de regarder vers la table des Serpentards. James haussa les épaules tout en se tournant vers Remus, qui semblait, lui, perplexe :

« Oui mais il reste des places vides là-bas, certains sont sans doute en retard. » Remarqua-t-il avec philosophie.

James hocha vivement la tête :

« Je sais pas si tu te souviens, mais normalement, on ne devrait pas revoir de si tôt Mr. Kingley… Donc on a au moins un nouveau prof de Défense contre les Forces du Mal, non ? Et puis je crois que Slugorn va être remplacé, il était malade déjà l'année dernière… »

Peter eut un frisson en repensant au professeur Kingley. Si Dumbledore avait jamais commis une erreur, ce fut celle de l'avoir engagé. Le nouveau professeur de DFCM s'était avéré être un dangereux psychopathe dont l'activité préférée consistait à détecter les complots fomentés par ses élèves, puis à les punir en conséquence. Evidemment, aucun complot n'avait jamais été tramé et le professeur avait été dénoncé dans la Gazette du Sorcier comme étant un dangereux bourreau d'enfant, et ce par le biais de divers témoignages d'élèves sous couverts de l'anonymat…

Ils avaient bien ri en rédigeant leur témoignage pas lettre ! Ils avaient un rien exagéré évidemment, mais Lupin avait réussi à empêcher James et Sirius d'aller trop loin dans la diffamation. Certes, Kingley était un mauvais professeur, mais il n'en était pas moins vrai que deux complots avaient en effet été montés par des élèves en tant que vengeance suite à mauvais traitements.

« Tiens, voilà McGo ! Et elle est avec quelqu'un ! Vous savez qui c'est ? » S'exclama Peter, se tortillant sur son siège. La directrice adjointe était en effet suivie par un homme qu'il ne connaissait pas.

Toute la salle bruissa des murmures curieux des élèves. Mais cela ne dura pas longtemps. Les premières années venaient en effet de faire leur entrée. Automatiquement et dans un bel ensemble, toutes les têtes ou presque se tournèrent vers eux. Alors qu'ils s'avançaient timidement entre les rangées, James les évalua. Ils étaient vraiment minuscules ! Ils n'étaient pas aussi petits que ça eux lorsqu'ils étaient arrivés à Poudlard, non ?

La cérémonie de la Répartition commença par la traditionnelle chanson du Choixpeau. Longue et ennuyeuse, le regard de James commença à dériver alors que son esprit flottait, léger, au dessus de sa tête. Ses yeux se posèrent presque naturellement sur Eilen Mantra, qui était occupée à se recoiffer. Il eut un soupir d'extase en observant la jeune fille de sixième année ramenant ses longs cheveux blonds en un chignon lâche. Elle était parfaite : belle, féminine, intelligente –elle était à Serdaigle après tout !- et surtout inaccessible. Il devait avoir l'air parfaitement idiot, la bouche ouverte et les regard béat, car Sirius le poussa du coude en éclatant de rire :

« Arrêtes de rêver James ! Tu te fais du mal. »

En effet, un grand type de septième année, certainement pas très intelligent –même s'il était à Serdaigle- à la démarche balourde, venait de passer son bras autour des épaules de la jeune fille en lançant un regard mauvais dans sa direction. Floyd, le capitaine de l'équipe de Serdaigle n'avait jamais été réputé pour sa délicatesse. James eut un soupir en se détournant :

« Ce qui est inaccessible est toujours ce qui est le plus désirable… »

Sirius étouffa un rire alors qu'une voix se faisait entendre :

« Non mais vraiment ! »

Lily Evans passa derrière eux, l'air excédé. James se retourna vivement pour la regarder partir, un peu surpris. Il se tourna vers Sirius :

« C'est à moi qu'elle s'adressait ? »

Puis il se pencha par-dessus la table pour glisser à Remus :

« Qu'est-ce que j'ai fait ? »

Les deux jeunes garçons eurent la même expression perplexe :

« Je sais pas… tu sais James… les filles… » Remus eut une grimace évocatrice.

« Si tu ne viens pas à Lagardère… » Murmura Sirius, les yeux dans le vague.

« Qu'est-ce que tu viens de dire ? » Demanda James, de plus en plus perplexe.

« Rien… C'est du français. Pour Evans, laisser tomber. Elle est vraiment abominable cette fille. Pas du tout fréquentable. »

« Tu devrais nous expliquer un jour ce que tu entends par 'fréquentable' Sirius. » Intervint froidement Lupin. « Lily est une fille adorable. »

« De toute façon dès qu'on parle d'Evans avec toi, c'est toujours pareil. » Sirius haussa les épaules : « Miss Préfète Parfaite est une sainte si on t'écoute ! Et moi je suis prêt à te jurer le contraire. »

Lupin se renfrogna et se contenta de se tourner vers la table des professeurs. « David Crivey » venait d'être envoyé à Gryffondor. Remus applaudit vivement. James eut un sourire en constatant qu'une fois de plus, l'habit ne faisait pas le Poufsoufle. Mais il devait reconnaître que le petit Crivey avait une bonne tête et qu'après tout… Sirius eut un soupir et grommela quelque chose d'incompréhensible. James grimaça pour lui demander une explication mais Patmol secoua la tête et se tourna vers les Serpentards.

Le ténébreux Gryffondor avait une antipathie excessive envers les Serpentards, c'était une évidence, mais parfois, tout cela tournait à l'obsession. Heureusement, Sirius avait des qualités pour compenser ce défaut. Et puis James aimait bien taquiner les serpents.

D'un geste pensif, il passa sa main dans ses cheveux tout en observant les élèves nouvellement répartis. Encore une fois cette cérémonie se traînait. Mais depuis leur troisième année, on leur avait interdit d'intervenir de quelques manières que ce soit pour l'égayer. McGonagall avait même menacé de les renvoyer s'ils provoquaient une invasion de crapauds dans la salle principale comme ce jour là.

Tout à ses souvenirs émus, James ne remarqua pas que la cérémonie était terminée et que Dumbledore venait de prendre la parole.

« Chers élèves, je suis ravi de vous accueillir pour une nouvelle année à Poudlard. Oh, je sais que vos estomacs crient famine et que vous n'avez pas envie d'un discours avant que ceux-ci ne soient satisfaits, mais je n'étant moi-même pas sûr d'être en état de faire un discours à la fin du repas, je vais faire une exception. »

James reprit ses esprits alors que Sirius lui envoyait un violent coup de coude dans les côtes :

« Encore plus fêlé que l'année dernière Dumby. »

« Hein ? »

Sirius secoua la tête et se tourna vers le directeur, qui reprenait, le son de sa voix couvrant les habituels bavardages :

« Donc, cette année, chers élèves, nous avons le plaisir d'accueillir un grand nombre de nouveaux professeurs. J'espère que cette nouvelle vous plait ! »

Sirius hocha négativement la tête, l'air navré que le directeur prenne un tel ton pour le apprendre une nouvelle… plutôt banale. James lui chuchota quelques mots à l'oreille et ils furent prit d'un fou rire incontrôlable. Remus, un peu déçu d'être privé de leur raison de rire, les regarda en fronçant les sourcils, Peter se pencha vers eux, espérant obtenir quelques miettes de leur hilarité.

« En tout cas ça à l'air de faire rire certains Gryffondors, tant mieux ! Mais revenons en au principal. Nous avons donc le plaisir d'accueillir non pas deux, ni trois, mais quatre nouveaux professeurs. Tout d'abord, Mr Fawley, qui sera votre nouveau professeur de Défense contre les Forces du Mal. »

Tous avaient remarqué la crispation de la mâchoire de l'illustre directeur en mentionnant la Défense contre les Forces du Mal. Mais tous étaient au courant du scandale provoqué par « l'affaire Kingley ». Heureusement que Dumbledore était irremplaçable, car il avait été sérieusement inquiété quant à ses critères de sélection des professeurs. L'homme qui accompagnait McGonagall peu auparavant venait de se lever. Grand, brun, il avait l'air parfaitement normal. Et lui, au moins, ne fixait pas sur les élèves présents un regard rempli de suspicion et de folie. Il se rassit rapidement.

« Mr Dwight qui sera votre nouveau professeur de Runes. »

La professeur se leva sèchement. Maigre, les yeux cerclés par de grandes lunettes, sa longue verte la faisait ressembler à un gros insecte assez répugnant. James, Sirius et Peter se félicitèrent de ne pas l'avoir comme professeur. Ils regardèrent Remus avec un air narquois, ce dernier jugea prudent de ne pas commenter.

« Ah et notre professeur de potion, qui est aussi une de nos anciennes et brillantes élèves, Miss Hurley. »

Le ton de Dumbledore s'était fait affectueux. Une toute jeune femme se leva timidement. Le visage rond et encore enfantin, elle était petite et menue. James et Sirius échangèrent un regard. La professeur risquait sans aucun doute d'avoir du mal à instaurer l'autorité en cours. Les deux Maraudeurs n'aimaient guère les Potions, cours qu'ils étaient obligés de suivre s'ils voulaient devenir Aurors. Ils aimaient encore moins le professeur Slugron, qu'ils jugeaient prétencieux, et ils méprisaient cordialement le « cercle » qu'il avait formé. Au moi une corvée qu'ils n'auraient pas à esquiver cette année ! Malgré tout la jeune professeur avait l'air sympathique pour une professeur de Potion, sans doute trop.

La jeune femme se rassit maladroitement, manquant de tomber à côté de sa chaise, sous le regard embué de Dumbledore et un coup d'œil sévère de son voisin.

« Et enfin, notre nouveau professeur de Soin aux Créatures magiques, Colin Leander. »

Un murmure suivit cette dernière annonce. Visiblement, il n'avait pas échappé à certains que la plupart des livres de Soins aux Créatures Magiques, qu'ils utilisaient les années précédentes, étaient écrits par ce professeur.

« C'est pour ça qu'on a aucun livre de Leander cette année. » Remarqua platement Lupin.

Le professeur était peu remarquable, les cheveux plus rouges que roux, les yeux allongés d'un vert profond, vêtu d'une tunique noire sur un pantalon bleu… En fait, si, il était plutôt remarquable. Et il n'avait pas échappé à James que c'était lui qui avait lancé un regard mauvais à la professeur Hurley lorsqu'elle avait failli louper sa chaise. Rien pour attirer la sympathie en somme.

Sauf que la plupart des filles présentes semblaient le trouver plutôt bel homme. Sirius eut une grimace méprisante et lui désigna Bertha Jorkins, qui fixait le professeur avec émerveillement, la bouche grande ouverte et les yeux en soucoupes…

Lorsqu'ils purent enfin savourer le délicieux repas de bienvenue, les professeurs n'avaient pas encore quitté les pensées, ni les conversations. Peter allait d'hypothèse en hypothèse, visiblement surexcité :

« N'empêche, je ne regrette pas du tout de ne pas avoir prit Runes, le professeur est terrifiant, bien pire que Kingley ! J'espère pour toi Remus qu'il ne lance pas de Runes contre ses élèves ! »

« J'espère aussi. » Répondit Lupin d'un ton neutre.

« Et la professeur de potions ! Franchement, elle ne fait pas le poids ! Je suis sûr qu'elle quittera Poudlard avant la fin de l'année ! Une débutante. »

« N'empêche que Dumbledore l'a prise comme professeur, elle doit donc être plutôt douée en potions, à défaut d'être pédagogue. Si j'étais toi Pete je me méfierais. Imagine qu'elle teste ses potions sur ses élèves… » Remus avait dit ça un sourire aux lèvres, mais Peter sembla se tasser sur son siège.

« En plus c'est bien le genre à Dumby d'embaucher des professeurs complètement frapadingue, regardes Kingley, Binns, ou même McGo quand elle s'y met… » Le ton de Sirius était lui très sérieux, Lupin fronça les sourcils.

« Arrêtes d'appeler Dumbledore comme ça, s'il te plait. »

« Repenses à l'année dernière et réfléchi. Il mérite bien ce surnom. » Répondit Sirius en se resservant de la purée.

« Non. Je repense à ce qu'il a fait pour moi et je ne peux pas l'appeler comme ça. »

Les mains de Remus s'étaient crispées sur ses genoux. Là était la source du conflit entre Lupin et Black : Dumbledore. Si le blond devait au directeur d'être scolarisé malgré sa « différence », le brun ne pardonnait pas au directeur ses erreurs de jugement vis-à-vis de certains professeurs… et élèves. Les yeux de Sirius se plissèrent jusqu'à ne former qu'une ligne étroite :

« Tu ne dois rien à Dumby. Beaucoup de gens pensent comme lui maintenant. Et un professeur qui donne sa confiance à un Kingley ou à un Rogue, moi, je ne peux pas le soutenir. »

Lupin, se leva, repoussant au loin le banc où il était assis, ainsi que les autres élèves eux aussi assis dessus. Les jointures de ses poings étaient blanchies et son visage peinait à contenir la fureur qu'il ressentait. Les Maraudeurs savaient tous parfaitement que dans cet état, Lupin était terrifiant et potentiellement dangereux. James se leva à son tour, conscient des regards curieux et indignés posés sur eux :

« Lunard… » Sa voix n'était qu'un murmure.

Mais le regard du jeune homme était fixé sur Sirius, qui ne bougea pas d'un pouce, l'air pas impressionné dut tout. James lui adressa un regard de reproche. Le brun avait tendance à ne jamais lâcher prise, même lorsqu'il savait qu'il avait tord et qu'il pouvait blesser. Ses lèvres se retroussèrent, comme s'il allait grogner ou mordre et Remus semblait lui aussi prêt à bondir. Il n'en fit rien. Sans un regard pour ses amis, il quitta sa place et la salle commune, suivit par des murmures et des petits rires nerveux. James le regarda quitter la pièce l'air sincèrement désolé. Il savait qu'il aurait du le suivre pour lui parler, mais il savait aussi que Remus courait bien plus vite que lui et qu'il était sans doute déjà dans la Forêt Interdite.

Il se rassit donc avant de se tourner vers Sirius, furieux :

« Putain Black, parfois tu ferais mieux de la fermer ! »

L'intéressé ne répondit rien et garda d'ailleurs le silence pendant tout le reste du repas, tout comme James et Peter. Ils montèrent ensuite se coucher sans s'adresser la parole. Ils eurent tous beaucoup de mal à s'endormir, mais ils dormaient pourtant lorsque Remus monta à son tour dans le dortoir, le visage maculé de boue et les vêtements en lambeaux. Il les jeta en boule dans un coin, se débarbouilla sommairement avant de se coucher. Mais il ne trouva pas le sommeil cette nuit là.