Une petite fiction en deux chapitres sur un couple très impopulaire.

Bonne lecture !

PS: j'ai écrit cette fiction il y a un moment.


Elle n'était pas seule. Son paquet de papiers à la main, elle s'avança doucement dans la chaufferie. Elle était censée être la seule présente au lycée. Elle aimait venir très tôt, avant que le soleil ne se lève, pour préparer ses cours de la journée, se retrouver au calme avant qu'une horde d'élèves bruyants n'envahisse l'établissement. Elle en était sûre, quelqu'un l'avait suivi.

─ Il y a quelqu'un ?

Sa voix tremblotait. Un son étrange s'éleva, une sorte de grognement. Deux personnes s'approchèrent d'elle. Il faisait si sombre qu'elle devinait à peine qu'il s'agissait d'un homme et une femme. Elle remarqua leurs yeux : brillants et d'une couleur qui lui rappelait celle de l'ambre. Une ombre surgit les repoussant loin d'elle. Elle lâcha ses fournitures, ferma la grille et recula pour se cacher derrière les étagères. Le sang lui battait aux tympans. Elle avait l'impression que son cœur allait exploser. La peur la tétanisait. Elle se recroquevilla et attendit.

Au bout d'un certain temps ― elle ne saurait dire combien ― le vacarme s'arrêta. Des pas résonnèrent non loin d'elle. Une silhouette se dessina dans les rayons du soleil. C'était un homme de stature imposante. Il ouvrit la grille et avança vers sa cachette. Lui voulait-il du mal ? Une chose était certaine, il était dans un piteux état. Son T-shirt était déchiré à de nombreux endroits et il avait, ici et là des coupures.

Il lui tendit une main. Elle hésita un instant peu sûre de savoir si elle pouvait lui faire confiance. Leurs doigts se frôlèrent. Un frisson la parcourut. Avec délicatesse, son sauveur referma sa main pour l'aider à se relever. Elle n'osa pas le regarder sentant qu'il la fixait. Tout doucement, elle leva la tête jusqu'à croiser ses yeux. Des yeux bleus. Jamais elle n'avait vu un bleu aussi intense.

Il lut dans le regard de la jeune femme de la gratitude et un remerciement silencieux. Il continua de la fixer quelques longues secondes avant de s'éclipser.

Il avait disparu. En un battement de cils, l'homme qui venait de la sauver était sorti de son champ de vision.

Ce jour-là, elle assura ses cours non sans mal. Elle repensait sans cesse aux événements de la matinée. Plus particulièrement à celui qui lui avait porté secours. Elle ne connaissait même pas son nom.

Ce même jour, Derek eut beaucoup à faire. Il devait s'occuper de Boyd et surtout de sa sœur. Quand il trouva enfin un moment à lui, un visage s'imposa à lui. Celui du nouveau professeur. Une charmante jeune femme dont la vie s'était retrouvée menacée par sa faute. Encore une fois, il faisait le malheur de quelqu'un. De plus, il ne lui avait même pas demandé comment elle allait. Il fallait qu'il se rattrape. C'était vital.

Le lendemain, lorsqu'elle passa les portes du lycée, la panique s'empara d'elle. Elle se mit à marcher plus vite, se retournant de temps à autre pour voir s'il n'y avait pas quelqu'un. Mais seuls ses talons claquaient dans le couloir vide. Elle atteint finalement sa classe. Elle entra puis colla son front sur la vitre de la porte se maudissant intérieurement de sa trouillardise. Reprenant ses esprits, elle se retourna. Elle lâcha un cri de surprise lorsqu'elle découvrit qu'elle avait de la compagnie. Elle se saisit d'une baguette en bois pour se défendre.

― Que voulez-vous ? Vous allez me menacer ? Me dire que personne ne me croira ? Essayer de m'effrayer ? Me... tuer ?

Plus elle parlait et plus elle se demandait ce que l'homme qui lui avait sauvée la vie lui voulait. Son visage restait impassible. Aucune émotion ne transparaissait.

Il fit quelques pas en avant et déclara :

― Je venais voir si vous alliez bien.

Elle baissa les yeux gênée par l'intensité de son regard.

― Physiquement ou émotionnellement ? J'imagine que c'est en supposant que j'allais bien émotionnellement avant tout ça. Et d'après mon thérapeute, je...

Elle s'interrompit voyant qu'elle divaguait. C'était toujours le cas lorsqu'elle était anxieuse. Elle reprit :

― C'est un débat depuis bien longtemps.

L'homme qui lui faisait face sembla amusé. Il s'avança un peu plus

― Je pense que vous irez bien, dit-il tout en lui prenant la baguette des mains.

― Apparemment vous n'avez pas enseigné au lycée. Dans vingt minutes, je vais devoir faire face à deux douzaines d'adolescents. Et honnêtement, je n'ai aucune idée de ce que je vais dire.

Et voilà qu'elle recommençait. Parler pour ne rien dire. En tout cas rien qui ne pourrait intéressé son interlocuteur. A sa grande surprise, il prit la parole.

― Pour quoi ne pas commencer par leur dire ce qu'est une allégorie dans le McCarthisme ?

― Est-ce une manière subtile de suggérer que je ne devrais rien dire ?

Oui ça devait être ça. Une menace dissimulée.

― Parce que je ne le ferais pas, ajouta-t-elle précipitamment.

Il lui redonna sa baguette de bois avant de franchir la porte.

― Qui êtes-vous ? l'interpella la jeune femme.

Il s'arrêta sur le seuil, hésita avant de répondre :

― Derek.

Il se remit en marche.

― Jennifer, entendit-il dans son dos.

Il se stoppa une demie-seconde puis disparut.

Jennifer resta figée alors que la porte se refermait. Derek. Enfin elle pouvait mettre un nom sur les yeux bleus qui hantaient ses rêves. Lorsqu'elle l'avait vu au milieu de sa classe, son cœur avait fait un bond. Elle avait cru, à tort qu'il était là pour la faire taire. En fait, il était venu prendre des nouvelles. Un homme attentionné mais très mystérieux. Elle n'arrivait pas le cerner. Son visage ne laissait rien transparaître et il semblait contrôler ses émotions. Elle, au contraire, ne maîtrisait rien. Ni le rythme de son cœur, ni son flot de paroles et encore moins les sentiments qu'il lui inspirait. Dès qu'elle rencontrait ses yeux, son cœur s'emballait et elle se mettait à avoir un discours sans queue ni tête. Lorsque ses élèves entrèrent en classe, elle était toujours plantée au milieu de la salle. Elle reprit vite fait ses esprits puis entama sa journée de cours.

Quand il rentra au loft, Derek se remettait tout juste de sa rencontre avec Jennifer. La charmante Jennifer Blake. Lorsqu'elle l'avait reconnu, il l'avait senti anxieuse. Il l'avait écoutée patiemment et surtout avec amusement. Puis il avait tenté de la mettre à l'aise, lui parlant de choses qu'elle connaissait : la littérature. Cette discussion, après coup lui semblait complètement surréaliste. Mais il avait apprécié cet échange. Ça faisait bien longtemps qu'il ne s'était pas senti aussi bien avec quelqu'un.

Plusieurs jours passèrent. Jennifer ne cessait de penser à Derek. Elle espéra chaque jour le revoir. En vain.

De son côté Derek dut faire face à la menace de la meute d'alpha. Son plan était de tuer Deucalion. Mais Scott en avait décidé autrement. Il voulait discuter. Derek savait qu'il n'y aurait aucune négociation possible. Ce soir-là, il suivit le jeune homme. Le combat opposa la meute d'alpha au complet à la meute de Derek (sauf Peter). La bataille tourna vite en sa défaveur. Alors qu'il était aux prises avec Ennis, celui-ci bascula dans le vide, l'entraînant dans sa chute. Son corps se rapprochait inexorablement du sol. Sa chute était sans fin. Le choc fut brutal. Juste avant de perdre connaissance, un visage encadré de longs cheveux bruns s'imprima dans son esprit. Puis le noir total.

Il reprit conscience quelques heures plus tard. Son corps entier était douloureux. Il se souvint alors de ce qu'il s'était passé. A présent, le bâtiment était silencieux. Il n'y avait plus personne. Ses os s'étaient ressoudés mais ces entailles ne guérissaient pas. Il continuaient de saigner. Il se leva tant bien que mal et laissa son instinct de loup le guider.

Jennifer regagna sa voiture. Elle était restée tard au lycée profitant du calme de l'établissement vide. Elle s'installa au volant et ferma sa portière quand un bruit sourd se fit entendre. Une main ensanglantée posée sur sa vitre lui arracha un cri de terreur. Elle aperçut alors l'homme à qui appartenait cette main : Derek ! Leur regard s'accrochèrent puis il s'effondra.

Elle se précipita hors du véhicule.

― Derek ? Oh mon dieu, faites qu'il soit vivant !

Au bout de quelques minutes, il émergea. Elle l'aida à entrer dans sa voiture et il lui donna une adresse. Il la supplia de ne pas l'emmener à l'hôpital et elle se laissa convaincre. C'était complètement fou. Derek était dans un sale état et elle le conduisait chez lui. Ils arrivèrent enfin au loft. Elle l'aida tant bien que mal à monter. Arrivés à la porte, elle était à bout de force. Le poids du loup semblait augmenter un peu plus à chaque pas.

― Oh mon dieu. C'est une mauvaise, très mauvaise idée ! Je devrais vous emmener à l'hôpital.

― Non pas l'hôpital...souffla-t-il.

― Derek ? Je ne peux plus... Je ne peux plus te porter. Je suis en train de te perdre !

Elle lâcha Derek qui tomba à la renverse sur le lit. Elle l'allongea sur le dos puis souleva ce qu'il restait de son T-shirt.

― Oh mon dieu, murmura-t-elle en découvrant les blessures qui barraient le torse musclé du jeune homme.

― C'est mauvais à quel point ? demanda-t-il doucement.

― Pour être honnête, le ''Oh mon dieu'' serait pour ton physique incroyable si on ne tient pas compte du fait que tu saignes et que ton sang est noir.

Derek respirait avec de plus en plus de difficulté. Il tentait de lutter pour ne pas fermer les yeux mais ses paupières se faisaient lourdes. La panique de Jennifer arriva à son paroxysme.

― Derek...Oh mon dieu, tu n'es pas en train de mourir hein ? Derek, s'il te plaît ne meurs pas ! Derek !

Alors que les yeux du loup se fermaient, elle posa sa tête sur son torse pour voir s'il respirait toujours. A son grand soulagement, c'était le cas. Elle se laissa bercer par le rythme régulier du cœur de Derek.

― Ce n'est pas vraiment comme ça que j'imaginais notre premier rendez-vous.

Elle resta ainsi de longues minutes. Puis elle se leva et débarrassa Derek des derniers lambeaux de son polo. Elle détailla sa musculature si parfaite. Il ne saignait plus mais les entailles n'étaient pas belles à voir. Elle se mit à la recherche d'une trousse de secours et de bandages mais ne trouva rien. Le loft en lui-même était meublé du strict minimum. Il n'y avait aucune décoration, aucun objet personnel. Elle retourna auprès de Derek. Ce dernier n'avait pas repris conscience. Elle se mit à la fenêtre pour détailler le paysage nocturne. Elle était inquiète. Que s'était-il passé pour que Derek soit dans cet état ? Pourquoi était-il venu la voir elle ? Et pourquoi pas l'hôpital ? Un bruit attira son attention. Elle se retourna et découvrit Derek assit au bord du lit. Il essaya de se lever.

― Tu es sûr de vouloir faire ça ?

Il se rassit, la douleur le coupant dans son élan.

― Je dois trouver les autres, déclara-t-il. Ils pensent que je suis mort

Les autres ? pensa-t-elle. Est-ce qu'il divaguait ?

― Peut-être que c'est une bonne chose.

Cette annonce lui attira une regard plein d'incompréhension. Alors elle s'expliqua.

― Tu sais combien de personnages de livres simulent leur mort pour en tirer un avantage ?

Face à la peur, elle se réfugiait de nouveau dans ce qu'elle préférait. Cela lui permettait de garder les idées claires.

― As-tu lu Les Misérables ? Le Conte Des Deux Cités ? Roméo et Juliette ?

― Ils ont besoin de savoir.

― As-tu une idée d'à quel point tu as l'air mal ? Tu es comme une géante plaie béante. Je ne suis même pas sûre que tu ne sois pas vraiment mort.

Ses blessures ne cicatrisaient pas et il ne comprenait pas pourquoi. Il ne comprenait pas non plus ce qui l'avait guidé jusqu'à la jeune femme.

Elle s'accroupit devant lui.

― Tu n'as pas de bandages, ni de trousse de premiers secours. J'ai vérifié.

― En général, je n'en ai pas besoin.

Jamais à vrai dire.

― Comment tu fais alors?

― Le temps.

D'habitude, il lui fallait seulement quelques minutes pour faire peau neuve.

― Tu ne devrais pas être là.

― Pourquoi ça ?

― Parce que tu ne me connais pas. Tu ne sais rien de moi.

Ça faisait seulement trois fois qu'ils se voyaient mais il n'en fallait pas plus à Jennifer pour se faire un avis sur Derek.

― Peut-être que tu m'as fait une certaine impression...

― Elle ne devrait pas être bonne.

Ils se fixaient, se sondant l'un l'autre.

― Tout le monde autour de moi...commença-t-il.

L'aveu était encore plus difficile à faire à voix haute.

― Tout le monde finit par être blessé.

Il baissa les yeux honteux. Il semait le malheur partout autour de lui.

― J'ai déjà été blessée auparavant, annonça-t-elle.

― Pas comme ça.

Jennifer s'approcha lentement. Il la suivit du regard. La respiration de la jeune femme s'accéléra. Il voyait bien ce qu'elle voulait faire et ne l'en dissuada pas. Elle posa délicatement ses lèvres sur celle de Derek. Puis elle rompit ce contact, leur front toujours l'un contre l'autre. Elle ferma les yeux et attendit. Elle n'aurait peut-être pas dû faire ça mais le désir était trop grand.

L'esprit de Derek était en ébullition. Le baiser que Jennifer venait de lui donner avait réveillé en lui des sensations oubliées. Son cœur battait à tout rompre et le sang pulsait dans ses tempes. Il savait qu'il allait faire une bêtise pourtant il céda à la tentation.

Il s'empara des lèvres de la jeune femme. Le baiser se fit passionné et possessif. La main de Jennifer vint caresser sa joue.

La passion et le désir les emporta au septième ciel. Elle finit par s'assoupir au creux de ses bras protecteurs. Lui ne trouva pas le sommeil. Il savoura le moment, écoutant apaisé le cœur de la jeune femme.

Il s'en voulait mais ne regrettait pas ce qu'il venait de se passer. Il s'était senti vivant pour la première fois depuis longtemps. Il se redressa veillant à ne pas la réveiller et s'assit.

Soudain elle eut froid. La sensation de vide s'insinua en elle : il lui manquait quelque chose. Elle ouvrit les yeux et remarqua le dos puissant de Derek ainsi que son tatouage. Elle s'approcha et posa doucement une main sur son épaule. Il tourna la tête dans sa direction et s'empara de ses lèvres. Sa main glissa dans les boucles de ses cheveux. Le baiser était tendre et doux. Pas impatient comme la première fois. Il sentit alors ses blessures se refermer. Un poids sur son cœur s'envola et il laissa le désir l'embraser. Ils refirent l'amour en prenant leur temps cette fois-ci. Ils se découvrirent l'un l'autre avec tendresse laissant derrière eux tous leurs problèmes. Lorsque le plaisir retomba, ils regagnèrent les bras bienveillants de Morphée lovés l'un contre l'autre.

Les premières lueurs de l'aube filtrèrent à travers la baie vitrée. Derek ouvrit les yeux. Le soleil lui chatouillait la peau et illuminait la chevelure de Jennifer. Cette dernière dormait toujours, la tête sur son torse. Il n'avait plus une seule entaille. Il avait entièrement cicatrisé au cours de cette nuit d'amour. Une phrase que son oncle avait prononcé lui revint en mémoire : ne jamais sous estimer le pouvoir de l'amour humain. C'était vrai, preuve avait été faite par deux fois. L'amour de Lydia avait guéri Jackson et il venait d'en faire les frais. Pourtant, Jennifer ne le connaissait que depuis très peu de temps. Comment son amour avait-il pu le soigner ? C'était un mystère. L'amour était un mystère tout comme la nature humaine. Un gémissement sortit de la bouche de la jeune femme. Une plainte sourde qui lui fendit le cœur. Elle était en train de faire un cauchemar.

Derek ne respirait plus. Elle commença les compressions avec la force du désespoir. Non, il ne pouvait pas mourir comme ça. Pas alors qu'elle venait juste de le rencontrer. Pas alors qu'ils n'avaient pas eu de rendez-vous ni de premier baiser. Mais les gestes de premiers secours ne servirent à rien et il ne revenait pas à lui.

― Derek ! Non, ne meurs pas ! Tu ne peux pas me laisser ! Derek !

Elle criait son nom. Il fallait qu'il la réveille, qu'elle voit qu'il était toujours vivant et surtout qu'elle l'avait sauvé.

― Jennifer, chuchota-t-il. Je suis là, tout va bien.

Il embrassa son front ce qui finit de la réveiller. Une larme coula le long de sa joue.

― Tu es là, murmura-t-elle.

― Je suis là, répéta-t-il.

Elle s'écarta un peu de lui et se mit sur un coude pour l'observer. Elle retint un cri de surprise quand elle découvrit qu'il n'avait plus aucune blessure. Son doigt vint effleurer l'endroit où la veille il y avait de profondes entailles.

Derek la fixait de ses yeux attendant la question qui allait suivre.

― Co...Comment est-ce possible ? Hier ton corps entier était meurtri et là, il n'y a plus rien. Pas même une cicatrice...

Il plongea ses yeux bleus dans les siens et elle se sentit fondre. Mais elle voulait comprendre. Elle savait ce qu'elle avait vu !

― Ne me dis pas que j'ai halluciné ou autre ! Hier tu étais en sang et si mal en point que j'ai cru que tu allais y rester.

― C'est grâce à toi si je suis encore là. Tu m'as sauvé.

― Mais comment ? demanda-t-elle ne comprenant pas ce qu'il voulait dire.

Il s'assit sur le lit et elle l'imita, le drap couvrant son corps si parfait. Il allait lui livrer son secret. C'était un risque mais il n'avait pas le choix. Quelle explication crédible pourrait-il lui donner autrement ? Il lui devait la vérité.

― Tu lis beaucoup n'est-ce pas ?

― Euh … oui

― Tu aimes les mythes ?

― Oui pourquoi ?

― Parce que dans les mythes se cachent souvent une part de vérité.

―Je ne comprends pas.

Il hésita un instant à aller plus loin. Il prit une grande inspiration au moment où elle posait sa main sur son bras.

― Si mes blessures ont cicatrisé c'est parce que je possède certaines capacités. Tous mes sens sont sur-développés : mon ouïe, mon odorat, tout est décuplé. Je subis tout les mois les assauts de la pleine lune mais j'ai un contrôle total de ma transformation.

Au fur et à mesure qu'il parlait il voyait les yeux de la jeune femme s'écarquiller et son cœur s'accélérer.

― Est-ce que tu es en train de me dire que tu crois être un...un ….

― Un loup-garou. Et je ne le crois pas, j'en suis un. Je sais que c'est difficile à imaginer mais c'est vrai.

Comme elle restait silencieuse, il décida de provoquer un électrochoc. Il sortit ses griffes et ses yeux prirent leur couleur de sang.

Elle s'écarta vivement de lui et se recroquevilla à l'autre bout du lit.

― Je ne voulais pas en arriver là. Je sais que c'est brutal mais tu n'as rien à craindre. Jamais je ne te ferais de mal...

Elle se leva rapidement sans rien dire, se rhabilla et récupéra son sac.

― Il faut que j'y aille. J'ai cours aujourd'hui, bégaya-t-elle avant de franchir la porte du loft.

Il n'essaya même pas de la rattraper. Il venait de lui faire peur, jamais il ne la reverrait. Peut-être que ce n'était pas plus mal après tout. Elle courrait moins de danger en étant loin de lui.

Elle atteignit sa voiture non sans mal complètement bouleversée par ce qu'elle venait de voir. Elle s'assit au volant. Ses mains tremblaient, son souffle était court et des larmes roulaient sur ses joues. Elle retrouva son calme de longues minutes plus tard et rentra chez elle. Elle prit une douche rapide. L'eau chaude l'aida à se décontracter. Elle ferma les yeux alors que l'eau ruisselait sur son visage. Des images de la nuit dernière s'insinuèrent dans son esprit. Elle secoua la tête vigoureusement pour tenter de les chasser mais le visage de Derek resta ancré en elle. Ce matin-là, elle arriva pour la première fois en retard au lycée.

La porte du loft s'ouvrit.

― Ravi de voir que mon neveu préféré est bien vivant !

Derek ne releva même pas le sarcasme de son oncle. Il avait bien autre chose à penser.

Peter huma l'air.

― Mmmmm... Parfum féminin, testostérone, perversion sexuelle... Et bien tu n'as pas chômé ! Je la connais ?

― La ferme ! grogna l'alpha.

― Oula ! Ça ne t'a pas réussi dis-moi ! Un mauvais coup ?

Derek se leva furibond et se jeta sur son oncle. Il le plaqua violemment contre le mur.

― Pas si mauvais que ça apparemment !

Les yeux de l'alpha devinrent furtivement rouges mais Peter savait qu'il était allé trop loin.

― Tu peux me lâcher, j'ai compris que c'était un sujet sensible.

Méfiant, Derek recula lentement.

― Tu m'as l'air en pleine forme pour quelqu'un que tout le monde croyait mort, dit Peter avant de s'affaler sur le canapé.

― Il s'en est fallu de peu cette fois, grommela son neveu.

L'alpha faisait les cents pas sous le regard médusé de son oncle. C'était la première fois qu'il le voyait comme ça : anxieux et préoccupé.

― Qu'est-ce qu'il se passe ?

― Tu crois que je vais me confier à toi ?

― Je pense que tu en as besoin.

Peter avait beau faire celui qui se fichait de tout, dès que ça touchait à sa famille, il montrait une toute autre facette de sa personnalité.

― Elle est au courant, dit Derek.

― Au courant ? Oh ! Tu lui as vraiment dévoilé ton secret ?

― Je n'ai pas eu le choix.

Son oncle leva un sourcil interrogateur ce qui le poussa à s'expliquer. Il lui raconta alors toute l'histoire.

― Wouah, elle en pince vraiment pour toi ! siffla Peter.

― Je fais quoi maintenant ?

― Tu la laisses encaisser et tu attends. Si elle tient autant à toi que ce que tu viens de me dire le laisser penser, alors elle reviendra vers toi.

― Et si tu te trompes ?

― Je ne me trompe jamais.

Derek le fusilla du regard.

― Y a pas qu'elle qui s'est attachée vite dis donc. Laisse faire le temps.

Au déjeuner, Jennifer s'enferma dans sa salle. Elle alluma son ordinateur portable pour effectuer une recherche. En une heure de temps elle lut un maximum d'articles sur les loups-garou. Cela ne l'aida pas plus que ça puisqu'ils relataient tous le mythe. Elle ne savait pas quoi penser. Elle l'avait vu de ses propres yeux mais elle avait encore du mal à assimiler l'information.

Ce jour-là, Derek ne revit pas Jennifer. Pendant deux jours ce fut silence radio. Quarante-huit heures pendant lesquelles il trépigna, ressassant les derniers événements. Il voulait la revoir. Il voulait lui expliquer ce qu'il était. Il voulait avoir une chance. Parce que grâce à elle il avait retrouvé des sensations oubliées. Parce qu'elle avait réussi à briser le mur autour de son cœur. Parce qu'elle était tout ce qu'il désirait.

Quarante-huit heures pendant lesquelles elle se posa un nombre incalculable de questions. Elle n'arrivait pas à ce décider sur la marche à suivre. Devait-elle le revoir ? Sa tête lui disait que c'était de la pure folie, son cœur lui criait de le rejoindre.

Elle finit par écouter son cœur.


Voilà le premier chapitre qui s'achève. J'espère que ça vous plaît quand même. Pour info j'ai écrit ça avant qu'on apprenne que Jennifer était la méchante de l'histoire ^^