Je l'ai déjà perdue.
Prologue : Condamner l'innocence.
Réécrire une histoire n'est pas chose aisée. C'est déjà le cas en ce qui concerne une histoire normale, mais quand la magie entre en jeu, c'est encore pire. Et, étrangement, il semblait que personne parmi eux n'en ait pris conscience.
Pas plus Regina ou Robin que l'Auteur lui-même. De toute évidence, la seule personne à savoir que les choses se passeraient mal était Zelena. Mais peut-être n'était-ce que parce que sa vie, toute son existence étaient en jeu.
Et bien que sachant que protester face à cela ne servirait à rien, elle ne put s'empêcher de le faire, avec tout le talent qu'elle possédait. Et toute l'ironie qu'elle avait pu déployer, inutilement bien sûr, lui avait au moins permis de s'amuser une dernière fois et de voir sa sœur réagir une dernière fois à ses piques.
Instinctivement, elle plaqua une main contre son ventre encore plat, et frémit. La simple pensée qu'ils puissent faire du mal à son bébé finit presque par surpasser sa propre peur de mourir, de disparaître.
La Wicked Witch avait toujours eu du mal à s'aimer soi-même, et à être aimé (sauf par sa mère adoptive, et peut-être aussi par Hadès, s'il ne l'avait pas manipulée). Mais sa propre vie avait toujours eu de l'importance, plus que celle des autres. À part sans doute celle de Glinda, à une époque.
Son enfant, son bébé ne serait bientôt plus, n'existerait jamais cet être qui grandissait en elle et qui n'avait jamais rien fait à personne, qui n'avait pas eu le temps de commettre un seul crime. Il était innocent, et Regina le savait pertinemment.
Et pourtant, sa sœur allait la détruire sans absolument aucun remords, aucune arrière-pensée. Et elle oublierait ce « crime », comme tout les autres ici présents. Et personne n'y trouverait quoi que ce soit à en dire.
Malgré tout, c'était de bonne guerre, puisque si elle avait été à sa place, elle n'aurait sans pas hésité une seule seconde (et si elle avait été enceinte ?). Surtout que dans cette histoire, c'était elle qui brûlait d'envie de la réduire en cendre.
Sauf qu'elle était enceinte, c'était la raison première pour laquelle sa demi-sœur l'avait épargné en premier lieu. Elle le savait, en avait joué et quand elle avait su son état, c'était la seule chose qui avait traversé son esprit.
Elle allait devenir mère, avoir pour la première fois quelqu'un qui l'aimerait réellement et inconditionnellement sans douter d'elle (Bizarrement, à au aucun moment elle ne fit le rapprochement avec le parcours de sa sœur, avec Henri qui avait fini par la remettre en cause. Elles étaient beaucoup plus proches qu'elles ne le pensaient).
« Et mon enfant Regina ? L'enfant de Robin. »
Pour la première fois depuis le début de la conversation, la sorcière était sincère. Ne pensant pas à elle, mais à cette vie nouvelle qui ne voulait que s'épanouir. L'autre sorcière haussa les épaules indifférente.
« Est-ce qu'il est d'accord au moins ? Que toi, tu veuilles me tuer malgré mon état, je peux le comprendre sis', mais toi, Robin, comment peux-tu ?
- Il a accepté cela, parce que tu as essayé de détruire notre fin heureuse. Et si tu disparais, sis', comme si tu n'avais jamais existé, alors ce ne sera pas vraiment un meurtre. »
Le pas vraiment, ainsi que le regard baissé de Robin (qui est là malgré tout, il assume alors pour Zelena, il n'apparaît que comme à moitié lâche) lui montre que non, ce n'est pas quelque chose qu'ils font de gaîté de cœur.
Mais pour elle, ça ne change absolument rien.
§§§§
Une fois que tout le monde se fut mis d'accord sur le fait qu'ils n'étaient pas d'accord, l'Auteur sortit sa plume et son encrier, ainsi qu'une feuille blanche.
« Alors dites-moi Regina, dit Isaac, que voulez donc que j'écrive ?
- Seulement que ce soit comme si elle n'avait jamais existé. Je pense que cela suffira parfaitement. »
D'un geste vif, l'homme écrivit alors la phrase suivante : et la Wicked Witch disparut alors aux yeux de tous, comme si elle n'avait jamais existé.
Alors qu'elle s'évaporait à la fois physiquement et dans l'esprit de ceux qu'elle avait connu, Zelena ne ressentit aucune douleur. Elle disparaissait, tout simplement, probablement pour un endroit inconnu de tous.
Tous l'oublierait, c'était comme cela que marchait le sortilège.
Ou du moins c'est ce qui résulterait de la phrase qu'avait écrite l'Auteur. Un autre, peut-être plus scrupuleux et plus attentif aurait sans doute tenté d'écrire cela autrement. Ne pas uniquement dire qu'elle ne serait plus là, ou simplement qu'elle serait expulsé des souvenirs de tous.
Peut-être aurait-il fallu plutôt non pas dire qu'elle serait oublié, mais plutôt annihiler son existence dans l'histoire elle-même, et prétendre que Cora avait perdu le bébé. Ou encore que personne n'avait trouvé celle-ci, et qu'elle était donc morte.
Et alors, l'enfant sans nom mourut, faute d'avoir été recueilli.
Probablement que cela aurait été plus facile, et qu'un certain inconvénient aurait pu être évité…