TO BE OR NOT TO BE CARTER
Oui, elles ont des seins et non une paire de couille, pour parler crûment. Elles aimeraient hurler ça à la face du monde, à la face du SGC et de ces infirmières, secrétaires, cantinières qui les regardent avec dédain. A ces quelques hommes qui les considèrent comme un des leurs, comme un mec. Aux autres, à ceux qui ne les voient que comme la femme, que comme un quota pour être tranquille auprès des ligues féministes.
Hurler que ça fait mal d'entendre le mot « copine » et « chienne» dans la même phrase, leur incompréhension à ce qu'une femme peut vous faire faire, mais de se sentir obliger de rire, parfois d'approuver, parce qu'ici, maintenant, elles sont un mec.
Hurler que, oui, malgré tout, elles sont des femmes, et qu'elles peuvent comprendre, qu'elles vivent, ce que c'est que d'avoir un homme à la maison qui ne fout rien, qui laisse traîner ses chaussettes, des enfants qui ramènent des mauvaises notes à l'école.
Hurler, leurs ordres, sans, pour une fois, voir les regards dévier vers l'officier mâle le plus gradé pour confirmation avant l'exécution.
Et, enfin, hurler leur admiration au Colonel Carter, qui a su être une femme et une militaire. Qui sait être respecter en tant que femme et militaire.
MAIS
Mais aussi, lui hurler leur peine, leur compassion, les larmes qu'elles ne versent pas d'avoir dû, pour cela, oublier la petite fille qui rêvait de mariage, d'enfants et de Prince Charmant.
De lui hurler son erreur, cette terrible erreur, d'oublier ses rêves d'enfants, de ceux qui font de nous des adultes respectables, des adultes heureux, des adultes équilibrés.
De ceux qui vivent pour eux et non parce que les autres comptent sur nous.
De ceux qui vivent pour un sourire et non les larmes.
De ceux qui vivent pour donner naissance, et non assister à la mort de vingt et cent.
De ceux qui vivent pour vivre et non parce qu'ils ne ressentent pas le droit de mourir.
De ceux qui vivent pour l'amour, et non pour combattre la mort.
Lui hurler qu'elle n'a qu'un mot à dire, qu'une main à tendre, pour être des rares qui vivent pour aimer et combattre la mort, pour vivre sans avoir le droit de mourir, pour donner naissance en assistant à la mort de vingt et cent, pour un sourire et des larmes, pour eux et les autres.
Lui hurler qu'elle n'a qu'un mot à dire, qu'une main à tendre pour être des rares à connaître en une vie tout ce que la femme est capable de ressentir, du pire comme du meilleur, et ainsi être un des rares être humain complet de cette planête.
Mais se taire, parce qu'il est déjà trop tard. Les yeux bleus sont devenus glace. La flamme n'est plus. Nul besoin d'animer ce qui est déjà mort.
Même le sourire du Général vaut-il ce cœur mort avant d'avoir battu, tout ces rêves brisés, toutes ces larmes versées, tout ces deuils portés ?
Et à elles d'hurler ce NON, d'hurler cette promesse, de n'être jamais, jamais, une Samantha Carter.
Plutôt être un mec que Carter.
Plutôt être un quota que Carter.
Plutôt être la femme que Carter.
