Coucou ! Finalement, je me suis décidée à faire de mon drabble une fic à part entière ^^ Ceci reprend donc le début de la fic posté dans Le quotidien des Devils Bats. Sur ce, bonne lecture !
C'est impossible pour toi !
-Non, je ne le dirais pas.
-Pourquoi ?
-Parce que c'est faux.
-Bien sur que si, tu le dira, fuckin'vieillard, puisque c'est vrai.
-Absolument pas.
-Tu veux parier ?
Un sourire goguenard étira les lèvres minces de Musashi. En face de lui, Hiruma brandissait son arme sous le nez de son ami, une étincelle de malice pétillant dans ses yeux verts.
-Ok, je parie, lança le kiker à brûle-pourpoint. Si tu veux me convaincre, il faut que tu sois capable de passer une journée entière dans la peau d'un type normal, sans arme, sans chantage, gentil avec tes camarades. J'pense pas que tu en sois capable.
Hiruma, piqué au vif, répliqua que c'était bien trop facile. Rien ne pouvait lui être impossible, il était le démon du Japon ! Puis il croisa le regard narquois, et surtout sceptique de son ami et décida de relever le défi. Il prouverait à ce fuckin'vieillard qu'il avait tort à son sujet. Et puis, ma foi, un peu de compétition ne lui ferait pas de mal !
Cette charmante conversation avait eu lieu dans le local des Devil Bat, un soir de Juin. Dehors, la nuit avait depuis longtemps étendu ses draps noirs, et les gens normaux avaient fermé leurs mirettes depuis plusieurs heures déjà. Dans l'étroit local, la chaleur était étouffante, alors que, à l'extérieur, les nuages camouflaient entièrement les rondeurs de l'astre, privant les habitants de sa douce lueur. Quelque part, un orage d'été s'était mit à gronder, et les deux amis s'étaient surpris à compter les secondes avant que l'aveuglant éclair ne vienne lacérer la pénombre du local. Ce dernier n'était éclairé que par un dernier néon grésillant et l'écran de l'ordinateur du capitaine, offrant une atmosphère sombre et pesante à la pièce.
Cet éclair, le premier avant l'arrivée de la pluie, mis fin à la soirée. Musashi prit congé en lançant un dernier regard sarcastique destiné à provoquer son camarade. Puis la porte se referma en coulissant lentement. Une fois suffisamment éloigné pour être certain que son camarade ne l'entendrait pas, le kicker laissa échapper un bref ricanement satisfait : Sa petite incitation avait eu l'effet escompté. Désormais, il ne lui restait plus qu'à en récolter les fruits. Il lui semblait impossible que son compagnon tienne son pari jusqu'à la fin. En effet, il était intimement persuadé que son ami capitulerais à un moment ou à un autre, et il voulait être là quand cela se réaliserait.
Cependant, Musashi était loin de se douter que ce jour serait le dernier de sa vie où il serait sceptique quant aux capacités de Hiruma Yoichi. Car le lendemain se révéla être la journée la plus folle de sa vie. Et elle changea à jamais la vision du kiker.
Le lendemain, l'orage s'étant volatilisé dans la nuit comme un mirage dans le désert, c'est sous un ciel d'un bleu profond et un soleil pétillant que Musashi se dirigea vers le lycée Deimon. Comme à son habitude, il avait eu du mal à émerger de son sommeil. De plus, la soirée prolongée de la veille n'arrangeant rien, c'est, pas tout à fait éveillé qu'il avait franchi le portail du lycée, où l'attendait une journée riche en surprises.
De fait, à peine avait-il posé le pied dans l'enceinte de l'établissement qu'il manqua avoir une crise cardiaque : En effet, rien ne l'avait préparé à voir Hiruma Yoichi s'élancer vers lui, prêt à lui serrer amicalement la main et un sourire type enfant de chœur plaqué sur le visage.
-Musashi ! S'écria jovialement ce dernier, comme si sa présence était le plus beau des cadeaux qu'on puisse lui faire.
La voix, douce et mielleuse, fit tressaillir le kiker.
-Mais qu'est-ce que...
Puis, brusquement, les termes du pari lancé la veille lui revinrent en mémoire et il se figea.
Hiruma était en train de relever son défi, voilà tout. Il avait consciencieusement imité l'attitude gaie que Kurita arborait chaque matin : Son sourire béat laissant apparaître toutes ses dents, sa voix extasiée, même son regard un peu déconcerté, comme s'il n'en revenait pas d'avoir autant d'amis.
Et Hiruma allait devoir se comporter ainsi toute une journée ?
D'abord effrayé par cette idée, Musashi finit par sourire : Amusé, il décida de profiter à fond du spectacle et de la situation.
S'avançant vers son ami, il happa dans sa grande paluche la main longue et fine de son partenaire et la secoua allègrement de haut en bas avec entrain :
-Mon cher Hiruma ! Comment vas-tu aujourd'hui ? Pas trop dur ce matin ?
Le sourire du ''cher Hiruma'' en question ne dévia pas d'un iota :
-A merveille mon ami, à merveille. Je suis déterminé à profiter pleinement de cette splendide journée !
Le sous-entendu du capitaine n'échappa pas au kiker qui, tout en riant intérieurement du spectacle qu'ils devaient offrir aux autres élèves, rétorqua gentiment :
-Bien, très bien.
D'un coup, il s'approcha de son camarade, se collant pratiquement à lui pour pouvoir placer sa bouche contre son oreille. Hiruma ne recula pas, ne fit aucun geste, mais Musashi le sentit se crisper.
Il lui souffla tranquillement :
-Évidemment, si quelqu'un venait à apprendre l'existence de notre petit pari, celui-ci disparaitra aussitôt, ainsi que les conditions en cas de victoire.
Il recula pour observer la réaction du quaterback : Celui-ci arborait un sourire satisfait qu'il avait bien du mal à garde innocent.
-Cela va de soi, ronronna le parieur.
Puis, ayant aperçu Kurita qui se dirigeait de son pas lourd vers le local, il contourna d'un seul mouvement souple le kicker pour aller le saluer.
Musashi s'adossa à un arbre proche qui lui permettrait d'observer sans être vu la scène qui allait se dérouler, ainsi que celles qui suivraient. Un léger sourire vint vagabonder sur ses lèvres et il se demanda quelle réaction aurait les autres membres des Devil Bats.
« Tout cela va être fort intéressant à regarder, songea Musashi »
De loin, il épia le blond aborder le linebaker. Lequel pâlit de façon alarmante avant de poser une main de la taille d'une casserole sur le front du quaterback pour vérifier qu'il n'avait pas de fièvre.
Il est vrai que voir le maléfique capitaine des Devil Bats arriver vers vous en bondissant comme un cabri et arborant un sourire digne de ceux des Teletubies tant il respirait l'innocence et la naïveté avait quelque chose de véritablement traumatisant.
Surtout que le blond n'en avais pas fini : Il acheva d'enfoncer le clou en penchant la tête sur le côté, l'air sincèrement inquiet et en disant d'une voix qui suintait la sollicitude :
-Tu vas bien, Kurita-kun ? Tu es livide, d'un coup !
Pétrifié, choqué au delà des mots, ledit Kurita-kun ne répondit rien. Musashi, lui, ne put s'empêcher de penser, intérieurement hilare, que s'ils s'étaient trouvés dans un animé, Kurita ne serait plus qu'une statue depuis longtemps.
Puis Hiruma et Musashi aperçurent en même temps la nouvelle cible du capitaine : Le petit Komosubi, fidèle à son maître, suivait ce dernier de près. Voyant l'immobilité totale de son idole, il se précipita vers lui, mais fut intercepté en route par un Hiruma à l'attitude angélique.
Insensible, (ou presque) au petit discours du capitaine, le petit Komosubi lui lança un regard à la fois perplexe et méfiant avant de le contourner pour rejoindre son sensei. Constatant son état il le força patiemment à avancer, l'air soucieux. Avant de tourner à l'angle du mur qui menait au local, le linebaker en herbe lança un regard de reproche vers le blond, avant de disparaître derrière le pan de mur.
Musashi haussa les épaules : Komosubi ne se souciait guère d'Hiruma, ce dernier n'avait donc aucune chance de le surprendre réellement.
Du coin de l'œil, il vit Monta franchir le portail et le sourire refleurit : Le show allait reprendre, et comme il fallait, avec la nouvelle proie du capitaine, alias la victime préféré du blond.
A nouveau, il vit son ami se précipiter gaiment vers le receveur, lequel le regarda arriver, suspicieux. Il avait l'air de se demander quel mauvais tour lui réservait le capitaine, ce coup-ci. En effet, contrairement aux apparences, Monta avait gardé un souvenir très vif et assez traumatisant de la fête du sport du lycée, fête durant laquelle sa tendre Mamori s'était métamorphosée en une sorte de cinglée, avant d'user, avec le capitaine, de son visage le plus angélique pour les duper (lui particulièrement) . Voyant le blond arborer à nouveau cette expression trompeuse qui hantait ses cauchemars, Monta ne put réprimer un mouvement de recul instinctif. En effet, s'il n'en tenait (évidemment) pas rigueur à sa chère Mamori, il avait en revanche conservé une féroce méfiance envers le blond, surtout lorsqu'il se comportait de la sorte.
Se reprenant pour tenter de sauver un peu de sa dignité, il observa cette expression tant haïe : En un sens, il préférait les regards sadiques, les remarques mordantes, les lèvres tordues par un rictus malsain. Là, avec ses grands yeux verts bienveillants, l'air amical, ses sourcils haussés en un demi-cercle, ses lèvres relevées en un sourire aimable qui camouflait la pointe anormalement acérée de ses dents, il était véritablement terrifiant. Mais le plus horrible pour le pauvre receveur fut quand l'effroyable capitaine se jeta sur lui, l'attrapant affectueusement par les épaules pour s'écrier joyeusement :
-Monta-kun !
L'interpellé ne put retenir un glapissement horrifié qui émietta définitivement ce qui restait de son honneur.
De loin, Musashi redoubla soudain de vigilance : Hiruma allait-il, oui ou non, résister à la tentation d'immortaliser le visage défait de Monta pour le glisser dans son cher carnet ? Imaginant le dilemme dans lequel devait se trouver son ami, ainsi partagé entre sa nature profonde et sa fierté inébranlable qui le poussait à ne pas perdre ce duel ridicule, le kicker plissa les yeux, tentant de dissimuler sa jubilation.
Mais l'arrivée de Sena mit fin au déchirement intérieur du quaterback. Musashi poussa un grognement de déception, avant de se consoler avec la scène qui se déroulait sous ses yeux :
Profitant de l'occasion inespérée d'échapper à la tentation qui le dévorait, Hiruma s'était précipité de son pas bondissant jusqu'au running back qui, à son tour, le regardait avec des yeux ronds. Ses prunelles chocolats reflétèrent son incompréhension lorsque le capitaine lui donna un accolade enjouée dans le dos.
-Hi...Hiruma-san ?
-Cher secrétaire ! Clama le blond, ravi de te voir ! Pourrais-tu avoir l'amabilité d'aller me chercher Eyeshield 21, s'il te plait ?
Cette demande affable, si anormale dans la bouche d'Hiruma, pétrifia totalement le chétif coureur. Sa bouche s'ouvrit sous le choc, et il contempla son capitaine, l'air groggy: Où était passé ses hurlements rageurs, ses armes rutilantes, ses yeux étincelant de fureur, ses ordres lancés d'une voix hargneuse ?
Un éclair passa dans le regard d'Hiruma qui, devant l'immobilité de son joueur, contracta les mâchoires, peu habitué qu'il était à voir ses ordres non exécutés. Puis il se reprit et demanda d'une voix gentille, dans laquelle perçait malgré tous ses efforts une note acide :
-Tu ne m'as pas entendu, Sena-kun ?
Le running back saisit la menace sous-jacente et fila à toute vitesse sans demander son reste, sans pour autant s'empêcher de jeter des coups d'œils indécis à son capitaine. Puis, en haussant les épaules, il décida que, bizarre ou non, faussement sympathique ou pas, Hiruma restait Hiruma, et qu'il valait sans doute mieux ne pas le contrarier.
Musashi, à qui l'échange avait échappé, noyé dans le brouhaha de la foule environnante, ne put se fier qu'à l'attitude de Sena pour savoir si le blond avait joué son rôle ou pas. Cependant, le petit brun lui parut suffisamment perturbé pour qu'il en déduise qu'Hiruma n'avait pas craqué.
Puis arriva Yukimitsu, à qui Hiruma fit le même cinéma. Le numéro seize écarquilla les yeux et finit par s'éloigner en secouant la tête, l'air de se demander si le stratège de l'équipe n'avait pas pris un coup sur le crâne.
Enfin arriva celle que Musashi guettait depuis longtemps : Mamori. Cette fille était très intelligente, et il lui tardait de voir comment elle allait réagir face au changement de la terreur du lycée.
La jeune fille franchit le portail, la tête haute et le pas sûr pour se diriger presque inconsciemment, par habitude, vers le local des Devil Bat.
Musashi se décolla de l'arbre contre lequel il s'appuyait et s'approcha discrètement pour ne rien louper de la scène.
Hiruma intercepta la brune, mais d'une façon différente de celle qu'il avait utilisé contre les autres membres de l'équipe : Fini, les sourires aimables, fini le pas bondissant, fini la voix douce et mielleuse. A la place, le capitaine s'approcha lentement, en baissant les yeux sur le bitume où l'on trouvait plus de chewing-gums collés que de cailloux. Mieux, il faisait de tout petit pas, en croisant les jambes en marchant, donnant ainsi l'impression qu'il se dandinait sur place.
Musashi faillit éclater de rire devant l'attitude de son ami. Il se mordit violemment les lèvres pour contenir le gloussement qui montait à l'assaut de sa gorge et le goût métallique du sang envahit sa bouche. Tendant l'oreille, il entendit la voix incrédule de la manager :
-Hiruma ? Ça ne va pas ?
« Si, pensa Musashi, il va très bien. On pourrait même dire qu'il est carrément déchainé ! »
-Si, je vais bien Mamori-san, merci. Je... Je voulais juste savoir si...
Musashi ouvrit soudain de grands yeux : Hiruma poussait le jeu jusqu'à se mettre à balbutier devant les autres élèves ! Décidément... A nouveau, le kicker se vit dans l'obligation de réprimer un gloussement compromettant. Il se cacha dans l'ombre d'un bâtiment et continua à écouter.
-Est-ce que... reprit le quaterback, est-ce que tu aurais un m... moment de libre ce s... soir, après les cours ? J'aurais quelque chose à te d... dire...
Cette fois, Musashi fut forcé de se mordre franchement le poing pour s'empêcher d'éclater de rire : Grands Dieux, il y allait vraiment fort ! Voilà qu'il lui jouait les amoureux timides et transi ! Honnêtement, Musashi fut forcé de s'avouer qu'il n'avait pas imaginé qu'il irait aussi loin.
Cette attitude gênée ne lui allait décidément pas du tout et il fut contraint de s'éloigner pour pouvoir rigoler tout son soûl, tout en gardant un œil sur son couple : Mamori semblait vraiment inquiète à présent, et il y avait de quoi ! C'était tellement inhabituel de voir le quaterback se comporter de la sorte !
De là où il était à présent, le kicker n'entendais plus la conversation, et Hiruma lui tournait le dos, mais l'expression de Mamori disait tout à elle-même. Une rafale de vent avait rabattu ses cheveux sur son visage fin, mais elle n'y prêtait même pas attention, ses grands yeux bleus si innocents noyés de stupeur, la bouche entrouverte par l'ébahissement.
Musashi songea vaguement à se rapprocher pour pouvoir entendre ce qui pouvait bien provoquer une expression pareille à la féroce manager. Cependant, un autre gloussement traître s'échappant de ses lèvres, il préféra renoncer et profiter du spectacle de loin.
Puis, de son poste d'observation il vit les sourcils de Mamori se froncer subitement et ses yeux si bleus se mettre à briller d'une lueur dangereuse, tandis que ses lèvres se pinçaient en une grimace de colère. Soit le quaterback avait fait une gaffe, soit l'intelligente manager avait flairé qu'il y avait anguille sous roche. En tout les cas, elle déclara quelque chose qu'il ne comprit pas, d'une voix qu'il jugea cinglante, avant de s'éloigner à pas rapides et furieux.
Le kicker la suivit de ses yeux curieux, se demandant ce qui avait bien pu la mettre dans un tel état. Ensuite, son regard perplexe se portât sur son ami qui, lui aussi, suivait la brune de ses prunelles émeraudes. Jusque là, rien d'anormal : Le prédateur regardait sa proie lui filer entre les pattes.
En revanche, le kicker fut très surpris de la touche de déception qu'il lut dans les yeux de son partenaire.
Après coup, quand le regard vert eut retrouvé son aspect habituel, avec sa jovialité forcée, il doutât même de l'avoir vue, cette fameuse lueur de désillusion. Hiruma, des regrets ? Concernant une fille ? Musashi secoua la tête. Non, c'était impossible. Son comportement du jour l'induisait en erreur, et le faisait voir des sentiments qui n'existaient pas chez son camarade, voilà tout. Sa réaction n'était peut-être même que de la comédie, adressée à la foule qui l'entourait et donc à lui, pour tester sa réaction, ou tout simplement pour le perturber, pour lui montrer que lui, Musashi, n'avait pas entière emprise sur son attitude. Qu'en savait-il ? Tenter de décrypter les buts d'un type comme Hiruma était chose impossible, dût-on se faire des nœuds au cerveau.
Chassant donc de son esprit le souvenir de ses yeux emplis de déconvenue, Musashi reportait son attention sur son ami quand la cloche sonna, les tirant tout deux de leurs pensées. Ils étaient à présent obligés de se diriger tout deux vers leur salle de cours, même Hiruma, qui d'ordinaire séchait les cours, mais qui était aujourd'hui tenu d'y assister. Son rôle incluait aussi l'élève basique, mécontent de devoir aller en cours mais y allant quand même par peur de représailles.
Hiruma en cours... Cela faisait si longtemps que Musashi n'avait pas assisté à ce spectacle, ô combien jouissif !
« Enfin ! Jubila-t-il »
Le show allait pouvoir se poursuivre...
