Traduction : Funnyway

Des dialogues où l'on retrouve l'esprit de nos deux protagonistes préférés, confrontation et réconciliation au lit garanties. Je suis allée vous chercher cette perle (ou devrais-je dire tu, Amelia the Fujoshi ?) sur archiveofourown.

Remerciements et applaudissements à l'auteur original Sassyjumper,

qui m'autorise à publier cette traduction en français et sur ce site.


Auteur original : Sassyjumper

Titre original : Spice - Publiée en janvier 2015.

Rating : M

Résumé : House est jaloux d'une sorte de Javier Bardem. S'ensuit une réaction d'homme des cavernes au lit.


Épicer


« Non. Elle a un historique de trouble épileptique, » expliqua Chase à Taub. Ou peut-être à Adams. Ou encore à Park. House avait perdu le fil d'à quel idiot appartenait quelle idiotie.

Il était trop absorbé par ce qu'il voyait au travers des stores de la salle de conférence : un mec en blouse de labo se tenait bien trop près de son mec en blouse de labo- qui esquissait actuellement ce charmant-petit-sourire que House pensait avoir interdit.

« Qu'est-ce qu'il se passe avec Mr Gel Coiffure ? L'un d'entre vous le connait ? »

N'obtenant pas de réponse, House se tourna vers son équipe pour s'apercevoir qu'ils le fixaient avec de grands yeux.

« Un problème ? » s'enquit-il.

Taub posa les mains jointes sur la table et sourit d'un air entendu.

« Même des personnes avec les cheveux bien coiffés ont le droit de parler à Wilson. Mais vous savez qui a une coiffure vraiment moche aujourd'hui ? Notre patiente.

— Vous avez tort. » répondit House, pointant sa canne en direction de Taub. « Les personnes séduisantes ont l'obligation de rester à une distance d'un terrain de football de lui. C'est pour cela que je le laisse déjeuner avec vous et pas Chase.

— Est-ce qu'il a le droit de manger avec moi ? » demanda Park, attendant d'un air intéressé la réponse.

« Non » dit House alors qu'il prenait la porte. « Mais c'est seulement parce que vous êtes ennuyeuse. Continuez. »

Chase commença à dire quelque chose—probablement à propos de leur cas le connaissant—mais House était déjà dans le couloir. Wilson marchait maintenant vers son bureau et le Dr McDouche allait prendre l'ascenseur.

House eut une bonne vision de son visage avant que les portes se referment. Ce fils de pute ressemblait à Javier Bardem un de ses ténébreux-à-soupirer-d'amour, de trous du cul du cinéma.

House fonça droit vers le bureau de Wilson, ralentissant jusqu'à son rythme de boitement habituel en ouvrant la porte. Wilson enlevait sa blouse de labo quand House déboula puis se laissa choir dans le canapé sans dire un mot.

« Eh ! » dit Wilson en remontant ses manches de chemise. « Quoi de neuf ? »

House maugréa.

« Prêt pour aller manger ? »

Wilson eut ce petit air déconcerté, bien à lui et regarda sa montre.

« Ce n'est même pas 10H30.

—Je sais, je n'ai rien avalé depuis quoi ? Deux heures ?

— Ça fend le cœur… » ironisa Wilson en s'asseyant à son bureau. « Mais désolé, j'ai de la paperasse à faire avant mes rendez-vous de l'après-midi. »

House le fixait du regard, bien que Wilson soit occupé à ouvrir son ordinateur portable, attraper un stylo et à d'autres tâches administratives. Quand finalement House parla, il conserva un ton neutre.

« Amusant. Tu semblais avoir tout ton temps pour un petit bavardage dans le couloir. »

Le stylo de Wilson s'arrêta dans les airs à mi-parcours. Après un instant, l'oncologue releva la tête avec un petit sourire moqueur.

« Ah. Tu m'as vu discuté avec le Dr Laracuente.

Lara-cuente ! » répéta House en prenant un accent exagéré et en frappant dans ses mains comme au flamenco. « De quoi vous étiez en train de discuter tous les deux ? Est-ce que tu apprends toujours l'espagnol ?

— Nooon… » répondit Wilson, en poussant un dossier sur le côté. « J'avais besoin d'un avis.

— Oh, sur quoi ? La forme de son pantalon ? Parce que tes yeux reluquaient carrément son el crotcho.

— Hum, tu es loco. Sérieusement, je n'ai pas le temps pour ça. »

House allongea ses bras sur l'arrière du canapé.

« Je déteste avoir à me répéter, mais je te signale que tu avais tout ton temps pour Javier.

— C'est Rick.

— Ah-ah ! » House se pencha vers l'avant et pointa un index triomphant vers Wilson. « Tu connais son prénom !

— Souvent, les personnes se présentent avant de demander une faveur.

— Une faveur ?

— Dans le cadre d'une consultation. » Wilson soupira et secoua la tête. « House, je suis habitué à ta jalousie quand tu me vois avec une femme. Vas-tu vraiment devenir jaloux des hommes aussi ? Maintenant que nous faisons… »

Il agita une main, ce qui, en langage des signes wilsonien, voulait sans doute dire le truc obscène. House riva ses yeux sur lui.

« J'ai toujours été jaloux quand tu passais du temps avec d'autres mecs. »

Wilson regardait dans le vague, il évaluait manifestement cette possibilité.

« Oh... ouai, j'imagine que tu l'étais… Okay, bon, je ne peux pas interagir uniquement avec les collègues au physique ingrat.

— C'était notre accord, pourtant. »

Wilson agita son index.

« Non, non, non... j'ai accepté ça en phase post-orgasmique. Et tu te rappelles ? Nous avons convenu : plus de tentatives de manipulation tant qu'une heure ne s'est pas écoulée après le sexe ! Ce n'est pas loyal.

Le visage de House se crispa.

« Nous avons réellement parlé d'un truc comme ça ? Ça ne me ressemble pas.

— Oui. L'accord sur les collègues au physique ingrat a été déclaré nul et non-avenu. » Wilson fendit l'air de la main dans un geste d'emphase.

« Pourquoi est-ce que je ne m'en souviens pas ? Est-ce que j'étais aussi en phase post-orgasmique ?

— Ça n'a pas d'importance. » insista Wilson. « Tu ne peux pas contrôler à qui je parle au travail, House ! Ou n'importe où, d'ailleurs. »

Wilson leva un sourcil et croisa le regard de House. Ce dernier avait plusieurs choix de réponses sur le bout de la langue, mais il savait que n'importe laquelle ne pourrait déboucher que sur une pénurie prolongée de sexe.

« Bien. » céda le plus âgé, tout en se levant et se dirigeant vers la porte. Une fois devant, il fit demi-tour. « Garde à l'esprit, » annonça-t-il sinistrement, « que ça signifie que tu ne peux pas me dire à qui parler, non plus.

« House… » l'avertit Wilson d'une voix basse. « Ne t'avises pas d'ennuyer Rick.

— Ohhh, mais je ne vais pas l'embêter. » le rassura House d'un ton mielleux, juste avant de fermer la porte et d'ajouter : « Je vais le détruire. »


Il s'avéra que House n'eut pas le temps de rechercher et d'éliminer son rival, car sa patiente interféra avec une nouvelle crise d'épilepsie, plus un saignement du nez abondant.

House réussit à faire cracher au mari le petit détail vital selon lequel sa femme avait eu des saignements de nez ces derniers temps. Ils attribuaient cela à ses allergies et ils n'avaient pas pensé à le mentionner.

Imbéciles

Maintenant House cherchait Wilson, prêt à l'épater avec son diagnostic (les tests génétiques étaient en attente) d'une maladie de Rendu-Osler-Weber. Nom qui évoquait un cabinet d'avocats, comme allait surement le mentionner Wilson. Si House parvenait à le localiser.

Ayant trouvé le bureau de Wilson fermé, il alla vérifier à la cafétéria, puis bipa Sandy, rien. Finalement House essaya la salle d'oncologie, où il trouva en effet Wilson… confortablement installé dans le canapé avec Rico Suave, docteur en médecine.

« Oh, eehh ! » chantonna House, ce qui fit se retourner les deux hommes.

Wilson fermit les yeux alors que Rico se levait en souriant.

« Dr House » salua-t-il en tendant la main.

House s'avança en boitant mais ignora sa main, préférant dévisager son possesseur. Le sourire de Rico se fana.

« Oh, désolé. Je suis Ricardo Laracuente, du service d'ortho. Forcément, je sais déjà qui vous êtes, Dr House… votre réputation vous précède. »

House renifla.

« Et votre eau de Cologne vous précède. Le Dr Wilson n'est pas fan de cette senteur particulière. Vous devriez essayer autre chose. »

Rico rit maladroitement.

« Je…hum…

— Rick, ne fais pas attention au Dr House. » interrompit Wilson. « Il n'a pas bien dormi et—

— A cause de la quantité folle de sexe que le Dr Wilson et moi-même avons—

— Comme je le disais, » interjecta Wilson. « Le Dr House n'a pas bien dormi et c'est un crétin. Un crétin fatigué. »

Rico Suave eut l'air déconcerté.

« Okay » dit-il, en reculant d'un pas par rapport à House. « Avez-vous besoin d'un peu de temps—

« Oui. » coupa House, au moment même où Wilson disait. « Non. »

« Okay. » répéta Rico.

Wilson soupira.

« Je suis désolée, Rick. S'il te plait, assieds-toi et laisse-moi finir. Il finira par s'en aller si tu l'ignores. »

Dr Suave acquiesça sans conviction avant de s'asseoir. House s'empara promptement d'une place à côté de lui. Quand ses deux amis de canapé le regardèrent, il haussa les épaules.

« Je finirais par m'en aller. »

Wilson pinça l'arête de son nez avant de se concentrer.

« Okay. » reprit-il calmement. « Comme je le disais, un sarcome d'Ewing est peu probable. Je n'ai pas vu de lésions et les lésions pour un Ewing sont presque toujours visibles sur une radiographie. Honnêtement ? Regarde son poids. Je pense que ses os se cassent facilement parce qu'elle est sous-alimentée, probablement anorexique.

— Ça me parait correct. » déclara House.

Rico hocha la tête et leva un sourcil.

« Ouai. Je, hum, suppose que je cherchais une explication plus rare. » Il eut un petit rire embarrassé.

House frappa de sa canne sur le sol.

« Bien. » amorça ce dernier gaiement. « Je suppose que ça clôt votre besoin de prendre avis auprès du Dr Wilson. »

Rico se tourna vers lui, perdant de son calme apparent.

« J'ai peut-être mal évalué la situation. Ça ne vous est jamais arrivé, Dr House ?

— Je suis plutôt bon pour juger d'une situation. » répliqua-t-il.

« Oh-kay… » tempéra Wilson, en se mettant debout. « Rick, fais-moi savoir si je peux t'être utile. »

Suave se leva et serra la main de Wilson.

« Merci, James. Désolé de t'avoir fait perdre ton temps.

— Pas du tout. C'est mon travail. »

Dans son dos, House imita silencieusement son rival, démonstration appuyée par un nouveau soupir de Wilson.

« Enchanté de vous avoir rencontré, Dr House. » marmonna Rico alors qu'il partait, évitant tout contact visuel.

House resta silencieux, les yeux rivés sur Wilson, qui venait juste de croiser les bras sur son torse et avait ses yeux de chiot triste.

« Tu te rends compte le culot du type ? » s'exclama House, la main sur la porte.

Il se prépara pour une dose-Wilson de quoi ? mais rien ne vint. Wilson secoua seulement la tête en s'en éloignant.

House resta où il était, agitant sa canne tout en se demandant à quel point il était dans l'embarras. Puis il nota l'éloignement et se rappela que la salle d'oncologie avait Tivo. Il se décida à camper là un moment.


« Oh mon Dieu, House. » haleta Wilson alors que la bouche de House le dévorait pratiquement. « Hum-Seigneur-R-ralentit ou » Il laissa échapper un rire tremblant.

Mais House fit à peine attention à ses protestations. C'était un homme en mission, armé de doigts bien lubrifiés. Et un de ses doigts était déjà tout près d'atteindre son but. Wilson se cambra et gémit, attrapant les cheveux de House sans aucune douceur. Mais à nouveau, House sembla vaguement enregistrer l'information.

« House. » souffla Wilson. « Vraiment. Ralentis… Je-Oh, putain. » Il tint bon alors que House ajoutait un deuxième doigt et se mit à le tourmenter de sa bouche en cadence.

La prise de Wilson sur les cheveux de son amant se resserra.

« House. » appuya-t-il en pleine possession de sa voix. « Je le pense. Je ne pourrais pas… »

House relâcha à contrecœur la queue de Wilson.

« Quoi ? Tu as besoin qu'on s'embrasse d'abord ? Okay. »

Un bruit de glissement se fit entendre tandis que House libérait ses doigt. Puis il se mit avec rapidité mais une certaine maladresse, à tracer son chemin sur le corps de Wilson en le pinçant. Il s'arrêta en route pour mordre un téton – avec un peu trop d'enthousiasme, si tant est que le « Ouh ! House ! » fut un quelconque indice.

Pourtant, en se basant sur le tremblement du corps se tordant sous lui, House pouvait dire que Wilson était bien plus excité qu'ennuyé par ce niveau supplémentaire d'agression. Il ne put s'empêcher d'avoir un sourire suffisant alors qu'il dévorait le cou de Wilson.

Et il fut tout simplement incapable de résister à l'envie d'amener ses lèvres contre l'oreille de Wilson et de murmurer, avec un épouvantable accent espagnol.

« Tu n'as pas besoin d'un latin lover. »

Wilson se tendit instantanément.

« Quoi ? » dit-il à bout de souffle.

Hum, oh.

« Pas importa. » insista House alors qu'il essayait de mettre sa langue dans la bouche de Wilson.

Mais ce fuyant petit bâtard se faufila.

« Oh si, importa ! » ajouta Wilson en repoussant House.

House grogna en retombant sur ses fesses.

« Tu ne peux être sérieux. J'étais sur le point de te faire exploser la cervelle de plaisir–entre autres choses !

Je ne peux pas être sérieux ? » grinça quasiment Wilson, se redressant contre les oreillers. Ses cheveux étaient comiquement dans tous les sens, nuisant considérablement à son expression sévère.

« Oh, s'il te plait… » se moqua House. « Ne me sors pas ton refrain d'offensé. Clairement, tu ne te plaignais pas quand j'enfonçais mes doigts en toi et que j'étais prêt à te ravager. »

Wilson cligna des yeux.

« Oui, parce que j'étais sous l'illusion que tu me voulais vraiment à ce point. Je n'avais pas réalisé que tu essayais juste de prouver quelque chose. Chose qui n'a pas besoin de l'être, à propos. »

Wilson secoua la tête.

« J'aurai dû le savoir. Depuis que je suis rentré à la maison, tu me tripotes comme Pépé le putois. »

House ricana.

« Tout à fait. Et tu es la mouffette ingénue et rougissante. Admets-le. Tu adorais ! »

Alors qu'il disait ses mots, House ressentit un mélange bizarre d'autosatisfaction… et de déception.

La combinaison de son âge, de sa douleur chronique et de la Vicodine signifiait qu'il mettait souvent du temps à être à la hauteur au lit. Il aimait s'illusionner que Wilson s'en fichait – qu'il n'espérait pas qu'ils puissent avoir une baise fougueuse et frénétique plus d'une fois de temps en temps. Mais ce n'était pas tout à fait vrai. Wilson voulait plus que ce que House pouvait lui donner.

« Je sais à quoi tu penses. » Le ton de voix de Wilson le surprit un peu. « Et tu peux arrêter tout de suite.

— Oh, tu lis dans les pensées maintenant, Carnac ? Attends. Désolé - tu as toujours su que tu possédais cette capacité. »

Wilson soupira de fatigue.

« A force je sais certaines choses sur le labyrinthe de ton esprit. Pour je ne sais quelle raison, tu crois que je m'intéresse au Dr Laracuente —

— Tu veux dire Rick ?

— Et tu as décidé de prouver que je n'ai pas besoin de lui en devenant une bête de sexe. Très homme des cavernes. Oh et très insultant pour moi ! Car tu penses que je fauterai avec le premier mec venu au corps bien taillé et à la bonne coiffure.

— Ben, tu as un historique du je m'ennuie donc je vagabonde. »

Même s'il l'avait dis, House savait qu'il flirtait avec le désastre, mais il n'avait pas eu la volonté de s'arrêter. Wilson lui jeta un œil assassin.

« Est-ce que tu te places au même niveau que mes ex-femmes ? »

House soutint son regard.

« Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, » entama Wilson « nous avons tenu vingt ans. Les fois où je… j'avais besoin d'une pause n'avait rien à voir avec l'ennui. Tu ne m'as jamais ennuyé. »

House s'arrêta pour observer cette garce manipulatrice avec admiration.

« Voilà une jolie couverture de compliments ! Mais je sais ce qu'il se trame. Tu aurais pu parler au téléphone avec Rick hier. Pourtant tu as eu un petit rendez-vous en salle d'oncologie où tu pensais que je ne viendrais pas te voir. »

Wilson réagit au long discours en attrapant ses propres cheveux de frustration.

« Nous n'avons pas eu de rendez-vous secret. J'allais lui passer un coup de fil, mais il est venu me voir. Sandy l'a informé que j'étais dans la salle d'oncologie. »

House passa quelques secondes à considérer comment il pourrait prendre sa revanche sur Sandy, mais ensuite il se recentra sur le problème qu'il avait sous la main.

« Bien, mais tu ne vois pas ce qu'il est en train de faire ? Un coup de fil aurait fait l'affaire. Mais il avait envie d'un petit face à face. Ou plus exactement d'un petit face à dos. »

Wilson plaqua ses mains sur ses yeux.

« House ? » questionna-t-il, gardant les yeux cachés. « Même si c'est vrai, quelle importance ? » Wilson retira ses mains et le regarda. « Je ne suis pas intéressé.

— Pas encore. » marmonna House.

Wilson le dévisagea pendant quelques secondes avant de se lever et de se diriger vers le placard. House le regarda mettre son pyjama et son t-shirt, sentant qu'il devrait essayer de dire quelque chose pour réparer les dommages. Mais les mots justes ne lui vinrent pas.

Wilson s'éloigna en silence. Encore une fois.


Wilson poursuivit le règne du silence pendant deux jours. C'était un exploit, House savait qu'il lui avait causé une grande peine, désormais il avait enfin les bons mots et l'envie de les utiliser. Sachant cela, House se sentit un peu mieux.

S'il était honnête pourtant, admettre tout ça était aussi délectable qu'assister à une conférence— maison vide, la voix de Wilson lui manquait. Mais il préférait plutôt se frapper en plein visage que de reconnaître une chose aussi naze, même en pensée.

Donc quand House se trouva finalement dans le bureau de Wilson au troisième jour, il s'efforça de ne pas penser à toutes ces raisons.

« J'ai besoin de ton opinion sur un cas. » annonça House en préambule.

Wilson leva les yeux de son ordinateur portable.

« Est-ce le cas de ta suspicion mal placée ?

— Ouai, Nancy Drew ! Peux-tu m'aider ? »

Wilson se rassit dans son fauteuil et se mordit la lèvre.

« Est-ce vraiment une consultation ? »

House se laissa tomber dans une chaise en face du bureau de Wilson. Il secoua la tête d'un côté à l'autre.

« Je pourrais tenter une Laracuente. C'est de l'espagnol pour dire une consultation téléphonique avec un motif ultérieur. »

Wilson eut un sourire malicieux, puis il baissa les yeux et sembla hésiter.

« Bon, » babultia-t-il en tapotant des doigts sur son bureau. « il, euh, s'avère... que tu avais en partie raison. »

House haussa les sourcils.

« Seulement en partie ?

Wilson hocha la tête, gardant les yeux sur son bureau.

« Le Dr Laracuente m'a proposé de prendre un verre avec lui ce soir. » Il jeta un coup d'œil à House. « Au début, je pensais qu'il songeait seulement à, tu sais, deux potes qui prennent une bière. »

House roula des yeux.

« Mais, » poursuivit Wilson « il pensait à… un rencard. » Il prononça cela comme s'il s'agissait du concept le plus stupéfiant imaginable.

— Comment as-tu pu ne pas le voir ? » le gronda House, en se penchant en avant. « Le mec te reluquait d'une façon sans équivoque.»

Wilson leva les mains en signe de reddition.

« Je n'ai jamais été branché par un mec – Enfin, pas depuis l'école de médecine en tout cas.

— Oh, allons ! Je te branche tous les jours.

— C'est pas la même chose.

— Et il n'est pas possible que tu n'aies pas été branché par un mec depuis ses vingt dernières années. » l'informa House. « C'est juste que tu es aveugle pour ces choses-là. Aussitôt que nous avons fait notre coming-out, l'équipe masculine d'infirmiers a commencé à se bousculer pour s'exfolier avec toi.

— Qu'est-ce que ça veut dire ?

— Je ne sais pas trop. » râla House en agitant une main, puis ça le frappa. « Attends ! Comment ça, seulement en partie raison? »

Wilson exhala un rire de soulagement.

« Bien sûr, c'est le détail qui te chagrine. Tu avais et tu as tort à mon propos. Je ne suis pas intéressé par Laracuente. Pour des raisons qui me sont nébuleuses, je ne suis intéressé que par toi. »

House sentit un sourire se dessiner, alors il prit l'air menaçant.

« Tu sais ce que ça veut dire, n'est-ce pas ? Je dois abattre Laracuente.

— Oh, non, non, non. » Wilson agitait ses mains comme s'il guidait des avions vers le porte-aéronefs. « J'ai refusé sa demande. Pas d'autres mesures nécessaires.

— Qu'est-ce que tu racontes ? » s'offusqua House. « Il sait que nous vivons ensemble et il t'invite quand même à sortir. C'est un acte brut d'agression envers moi – et ça implique que tu es une salope, si je puis ajouter. »

Wilson fronça les sourcils, mais un instant plus tard secoua la tête.

« Non, House. Laisse tomber. Tu ne peux pas te permettre un problème de plus par ici. Ou ailleurs.

— Je pourrais utiliser des moyens clandestins –

Non ! »

Puis Wilson changea tout à coup de tactique.

« House » entama-t-il, abaissant sa voix et battant presque des cils. « En parlant d'acte brut d'agression… ne préférerais-tu pas rentrer plus tôt à la maison et…

— Quoi ? »

Wilson leva les yeux au ciel.

« Installer de nouvelles fenêtres ! Qu'est-ce que tu crois ?

— Je sais à quoi tu pensais. » avoua House d'un sourire plein de luxure. « Je voulais juste te faire dire des trucs obscènes au boulot. »

Wilson eut une expression de réprobation, mais ferma son ordinateur.

« Allez. Je peux travailler là-dessus plus tard à la maison. Et je présume que tu n'as pas de cas pour l'instant ?

— Seulement un cas de bouffées de chaleur à cause de toi. »

Wilson eut une petite moue.

« Bon sang, parfois tu me tues.

— Heureusement, je suis médecin ! » répliqua House en se levant.

Il surprit Wilson le sourire aux lèvres légèrement tandis qu'il passait la porte.


« Dieu, House.

— Je... réponds aux deux. » prononça House à bout de souffle.

Wilson saisit la tête de son amant et l'attira à lui pour l'entraîner dans un baiser humide. Quand ils s'arrêtèrent pour respirer, Wilson tendit le cou de façon éhontée afin que House puisse avoir accès à cet endroit délicieux qui le transformait en un flot de gémissements.

House s'exécuta et le son dépravé qu'il eut en réponse alla directement à son entrejambe, rendant sa poussée un peu plus forte qu'il ne le croyait possible. Il était, apparemment, le Petit Engin Qui Pouvait Tout.

« Tu, » souffla Wilson, pantelant. « es carrément… énergique aujourd'hui. »

House prit une seconde pour reprendre son souffle.

« Mon rival latin… m'a poussé à exceller.

— Humm… » chantonna Wilson.

Il griffa le dos de House tout en descendant pour lui attraper les fesses et l'encourager à venir plus profondément. House gémit avec une intensité qu'il aurait dû trouvé embarrassante. Mais il n'en avait rien à foutre.

« T'sais, » exhala Wilson dans son oreille. « Je… ne t'ai pas dis la vérité tout à l'heure, dans mon bureau. Une fois, l'in-firmier Jeffrey m'a mis la main au cul. »

House, dont le cerveau était hors service, se sentit tout à coup plus lucide.

« Quoi ? » demanda-t-il en glissant sa tête contre l'épaule de Wilson. « Quand ça ? »

« Euh… juste après que tu aies dis à l'équipe d'infirmier que tu—Diuuh—te tapais, moi. Il… »

Wilson serra le cul de House fermement en guise de démonstration.

« Ahhh… la petite bite ! »

Wilson balaya de ses mains le dos de House, puis il l'attira de nouveau vers la zone sensible entre son cou et son épaule.

« Et tu sais… André de l'unité des soins intensifs ? » demanda-t-il entre deux baisers.

House se tendit légèrement.

« Bien sûr que non.

— Et bien, » continua Wilson, son souffle chaud faisant frémir la peau de House. « il m'a proposé un massage privé dans mon bureau—

« C'est quoi ce bordel ? » House s'arrêta en plein mouvement pour prendre les mains de Wilson et lui plaquer de chaque côté de la tête. « Pourquoi est-ce que tu me parles de ça ? Maintenant j'ai une liste de cibles à dresser. »

Wilson commença à sourire… et House releva qu'il n'opposait aucune résistance à la prise sur lui. Ahh.

« Et puis l'autre jour, » ajouta le plus jeune avec des yeux innocents. « Lou, le concierge s'est approché de moi et m'a léché le cou. »

House le fixa un instant, un peu gêné d'être si lent à saisir ce qu'il lui disait. Il blâma la réduction de flux sanguin dans son cerveau.

« Et bien, » répondit-il en refrénant un sourire « il a toujours été un concierge sympathique. » House resserra sa prise sur les poignets de Wilson et se remit à pousser, encore plus énergiquement qu'auparavant. « Mais je ne pense pas qu'il faille mettre un pied sur ce sol-là. Pas toi ? »

Il fondit sur son cou pour trouver cette zone sensible de Wilson, une fois de plus.

« Jam… mis.. » souffla Wilson en cambrant le torse.

« Personne—ahhh—n'attrape ton cul à part moi, » House édictait sa loi. « L'équipe de conciergerie ne lèche pas ton cou. Comprende ? »

Wilson rejeta sa tête sur le côté, proférant un Blurgen dans l'oreiller.

« Et personne… ne te fais de massage dans ton bureau. Moi inclus—Putain. Wilson, Seigneur.

House relâcha un poignet pour glisser sa main entre eux et commencer à masturber Wilson rudement.

« House » Wilson « Oui, comme ça… s'il te plait. »

Au son de cette supplique, House sentit un pic de chaleur familier au creux des reins. Quelques instants plus tard, il jouissait plus fort que ce dont sa mémoire récente pouvait se rappeler. Et à ce qu'il pouvait sentir et entendre de Wilson sous lui, il en était de même pour lui.

Ils restèrent allongés et pantelants un moment. House savait que sa cuisse, qui reposait toujours sur l'oreiller qu'ils avaient utilisé pour la soutenir, se vengerait le lendemain matin. D'habitude, ils choisissaient des positions et des activités qui étaient plus faciles pour sa jambe, mais House avait ressenti le besoin d'une extra...intensité supplémentaire quand ils étaient arrivés à la maison.

Wilson parcourait de haut en bas la colonne vertébrale de House. Quand il put enfin parler, il réussit seulement à émettre un son de ravissement.

« Wow !

— Ouaip. » acquiesça House, la tête enfouie dans le cou de Wilson.

« Humm, allez. » Wilson frotta son dos. « Bouge, que je puisse aller à la salle de bain… tu vas le regretter si tu ne laves pas ta jambe. Et moi aussi.

— Passe-moi mes pilules. »

« Allez... je serai content que tu te détendes dans un bain, pour une fois. »

House laissa échapper un râle gériatrique tandis qu'il roulait sur le côté.

« Donc, »déclara-t-il au plafond « je sais que j'étais au-delà de l'incroyable à l'instant… mais j'espère que tu ne t'attends pas à du sexe possessif et bestial de façon régulière. C'est un petit peu trop de boulot. »

Il espérait que Wilson détecterait l'excuse derrière le sarcasme. House entendit Wilson soupirer bruyamment et pendant une seconde sa gorge se serra. L'instant d'après, pourtant, Wilson lui répondit.

« Dieu merci. Je ne pourrais pas tenir un régime comme celui-ci. »

House le regarda et souleva un sourcil superstitieux. Wilson leva les deux en réponse.

« Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, je n'ai plus vingt-cinq non plus. J'ai déjà mal au dos. »

House renonça à enchaîner sur un défi de sourires, au contraire il fixa le plafond à nouveau.

« Oh, j'ai remarqué ! Tu vas avoir besoin d'un soutif qui soutient mieux d'ici peu.

— Hum... et bien nous irons aux courses. » Wilon se mit difficilement sur ses pieds. « Seigneur » il se sentait comme un vieux de 8O ans, puis il traîna des pieds jusqu'à la salle de bain.

House se tourna pour mater ses fesses, qui ne ressemblait pas du tout à celle d'un vieux.

« Eh ! » appela-t-il Wilson avant que celui-ci ne disparaisse. « Tu as inventé tout ce truc sur l'infirmier Jeffrey, Lou et le… peu importe. Juste pour me faire bosser plus dur !

— Hum, ouai. Je pensais que c'était évident.

— Alors est-ce que Laracuente t'a vraiment invité à sortir ? »

Wilson s'appuya contre l'embrasure de la porte et le regarda.

« Bien sûr. Je n'aurai pas menti là-dessus. J'en ai juste… tiré avantage. » Il baissa les yeux et eut un drôle de petit rire. « T'es un sacré, hum, quelque chose quand tu es possessif. »

House pouvait jurer voir les joues de Wilson rougir malgré le faible éclairage de la pièce.

« Je suis un sacré quelque chose en général. » corrigea-t-il.

« Bien sûr. » concéda Wilson. « Et bien plus sexy que Laracuente, si je puis ajouter. »

House hésita, il détestait qu'on se joue de lui.

« Euh-hum. » émit-il suspicieusement.

« Vraiment. » rétablit Wilson « Il ressemble à Javier Bardem. » ajouta-t-il, en fronçant le nez.

House se redressa sur les oreillers.

« Tu ne le trouves pas sexy ?

— Pas vraiment. Je— »Wilson marqua une pause, un sourire narquois naissant sur son visage « House. Es-tu un… fanboy ?

— Non. » claqua House, sans doute un peu trop sèchement. « Je suis juste bon pour juger de ce qui est sexy. »

Wilson eut un sourire amusé.

« Je ne peux pas contester ça. Javier est... acceptable. » concéda-t-il en se retournant « Mais je suis partial envers les yeux bleus. »

Wilson ferma la porte avant que House ait pu se moquer de lui. Cette garce élusive.

House se rallongea et ferma les yeux. Ça allait, il pouvait laisser Wilson avoir le dernier mot de temps en temps. Et il pouvait vivre en étant plus sexy que Bardem.


FIN


Note de l'auteur original :Titre inspiré par la citation de Maya Angelou :

« La jalousie en amour est comme le sel en cuisine. Un petit peu augmente la saveur, mais trop peut tuer le plaisir. »