Bienvenue en Enfer !
[YouTube Hero Ep5 & 6] : Drabble. "Malgré son cynisme et sa folie, Mathieu avait parfaitement raison. Et ça, William, ça le tuait."
Ouais, c'était vrai.
Le monde était pourri, mal fait.
Tordu.
Mal foutu.
Oh, bien sûr, William en avait conscience malgré tout, il n'était pas aveugle, loin de là, mais à vrai dire, cela devait bien être la première fois que quelqu'un lui annonçait de façon si brutale que le monde était merdique.
Il avait essayé de résister face au cynisme et au fatalisme de Mathieu, il avait essayé de protester.
« On pourrait le mettre en avant lui plutôt que nous. »
Enfin ça, c'était avant que Mathieu sorte sa foutue phrase.
« Les gens aiment voir la misère William. Pas l'entendre. »
Et il lui avait fait tout son putain de discours atroce, désabusé, cynique, qui affirmait haut et fort à quel point le monde était pourri et égoïste.
Et puis il lui avait fait son putain de sourire fou, complètement taré, qui avait permis à William de comprendre que oui, c'était un putain de malade, qui allait mal, très mal dans sa tête.
Mais le fait est que oui, ce qu'il lui avait dit l'avait foutu en l'air.
Parce que c'était vrai.
« Tu viens de briser un truc en moi là.
- Bienvenue dans mon monde, lui rétorque Mathieu d'un air sombre, mais le regard ravi, presque comme si il était fier d'avoir fait ça, d'avoir brisé la dernière parcelle d'optimisme en l'humanité que William pouvait conserver en lui.
Il en rirait presque, le salopard.
Cette foutue situation rendait William malade.
À cause d'un putain de truc.
Malgré son cynisme et sa folie, Mathieu avait parfaitement raison. Et ça, William, ça le tuait.
Parce que ce n'était pas comme ça que les choses devaient être, pas vrai ?
L'action qu'ils étaient en train de faire, lui et Nico, ça aurait dû être quelque chose de bien – bon, fait pour de mauvaises raisons, certes, pour qu'ils puissent rentrer dans les bonnes grâces de leur public et se donner bonne conscience, mais cela n'enlevait rien à la beauté supposée de l'acte – de propre, de net, d'honnête, de bien, de pur.
Quelque chose d'humain.
Alors pourquoi, bordel, pourquoi est-ce que William se sentait aussi mal à la simple idée de faire ce qu'il était en train de faire ?
Pourquoi sentait-il que quelque chose clochait, que quelque chose n'allait pas dans cette histoire, pourquoi se mettait-il à penser que lui et Nico ne valaient pas mieux que Mathieu, en fin de compte, qui semblait prêt à tout pour arriver à ses fins ?
Parce qu'ils allaient se servir de ce type, trouvé dans la rue par Mathieu, parce qu'ils allaient l'utiliser, oui, c'est vrai, mais qu'est-ce qu'il y avait de mal à faire ça, puisqu'ils n'avaient que l'intention de l'aider ?
(Erreur…
Cela, il ne le comprendrait que plus tard.)
Qu'est-ce qui n'allait pas avec lui bon Dieu ?
William regarda Mathieu, toujours de marbre, toujours aussi impassible qu'avant, faisant ce qu'il avait à faire, et il se demanda ce qui avait pu l'amener à posséder un tel self-contrôle, un tel détachement, qui le menait à en fin de compte n'en avoir plus rien à foutre de quoi que ce soit.
William frissonna et espéra que jamais il n'aurait à devenir quelqu'un comme lui.
En fait, ce qui n'allait pas était très simple à deviner.
C'était le fait que Mathieu détruisait tout, ruinait tout.
Bienvenue dans mon monde…
Tu parles…
Bienvenue en Enfer, plutôt.
§§§§
Quand il comprit que « Édouard » n'était pas un SDF mais un étudiant, quand il sut que Mathieu l'avait tué, et que c'était eux qu'on accusait, William fut horrifié.
Mais pas surpris.
Il avait eu raison depuis le début, en fait…
Mathieu les avait vraiment propulsés tout droit en Enfer.
