Bonjour à toutes et à tous!

Voici donc la suite de la fanfiction "Un mauvais garçon".

Si vous n'avez pas lu la première partie, je vous invite à le faire car il y a des références pour la suite.

Les personnages et l'univers appartiennent à JK Rowling, je ne fais que naviguer dedans en imaginant ce qu'a été la vie de Rogue.

Ce chapitre a été relu par Polala et c'est elle qui trouve que les tirets sont plus agréables pour les dialogues donc il y a un petit lifting.

J'espère que cette suite vous plaira et j'attends vos avis dans les reviews.

Bonne lecture et à bientôt!


Chapitre 1 – Mieux que ça

Le parc de Carbones-les-Mines grouillait de vie en ce début du mois de juillet. Les enfants avaient raccroché les cartables et tous venaient ici profiter du soleil avec leurs amis. Pour certains, la rentrée prochaine les enverrait dans des pensionnats sélectifs et les séparerait définitivement de leurs anciens amis. Dans ce parc, il n'y avait pas d'endroit réservé aux enfants d'ouvriers ou aux enfants de la classe moyenne. Ici tout le monde pouvait jouer.

Ici, alors qu'ils avaient tous les deux onze ans, il l'avait vue pour la première fois, elle jouait avec sa sœur. Il était resté à les observer derrière les arbres. Caché. Il se souvenait de chaque détail de la première fois où elle lui avait adressé la parole et de comment, déjà à cette époque, il avait fini par tout gâcher en disant à Pétunia :

— De toute façon ce n'est pas toi que j'aurais espionnée, toi tu es une Moldue.

Tout ça parce qu'elle avait dit qu'il était le fils Rogue ! En partant elle avait eu ces mots terribles que Lily lui avait répétés après l'épreuve de Défense contre les Forces du Mal...

— Tu es un mauvais garçon...

Mauvais garçon : ces deux mots résonnaient dans sa tête à la rendre fou. Il grogna, saisit un caillou et le jeta devant lui sans prêter attention à qui pourrait être blessé par son geste. De toute façon, ça n'avait aucune importance, devant lui il n'y avait que des moldus, des enfants de moldus. Pas un seul n'était doté de pouvoirs magiques. C'était pathétique. Et ils chantaient des chansons que lui ne connaissait plus. Poudlard le coupait du monde des moldus pendant dix mois et les deux mois d'été, il lui semblait qu'on l'envoyait vivre dans un monde auquel il n'appartenait pas vraiment. Une véritable punition. Et seuls quelques hiboux lui rappelaient les événements tragiques qui se déroulaient dans son univers. Mais il n'en avait rien à faire. Les bouderies de Lily lui étaient plus douloureuses que des morts dont il ne connaissait pas les visages et dont il se moquait de l'identité. Quand allait-elle estimer qu'il avait suffisamment souffert ? Qu'il avait compris la leçon ? Quand allait-il pouvoir revenir dans ses bonnes grâces ? Elle n'allait pas le bouder éternellement ? A Poudlard, peu après la scène du parc, Rosier avait tenté de lui remonter le moral en lui disant que de toute façon, il ne perdait rien et que, si elle était intelligente, elle reviendrait d'elle-même vers lui ; puis il avait ajouté que le soucis c'était que ça demandait un minimum d'intelligence et de savoir ravaler sa fierté et que c'étaient des qualités que peu de Gryffondors possédaient.

L'après-midi touchait à sa fin et les enfants partaient, laissant le parc sinistrement vie. Elle ne viendrait pas. Le jeune homme se retrouva confronté à un choix : rentrer chez lui et s'enfermer dans le silence religieux de sa chambre comme un moine dans son cloître, ou tenter d'aller apercevoir Lily chez elle. Il se décida à pousser jusqu'à la maison de Lily pour voir si elle était là, peut-être qu'elle était partie

en vacances après tout. Il s'était tapi dans le coin d'une rue et il attendit là, épiant la fenêtre de la chambre de l'adolescente comme un voyeur. Cela faisait des jours qu'il l'attendait au parc. Des jours qu'elle ne venait pas. Des semaines qu'elle ne lui parlait plus. Il revivait sans cesse la scène... James Potter qui l'humiliait et Lily qui venait le sauver sans se rendre compte qu'elle l'humiliait un peu plus en lui ôtant le peu de fierté qui lui restait. Et cette phrase qui s'était échappée de ses lèvres malgré lui et qui résonnait comme le glas :

— Je n'ai pas besoin de l'aide d'une sale petite Sang-de-Bourbe comme elle !

— Il est trop tard. Pendant des années, je t'ai trouvé des excuses. Aucun de mes amis ne comprend pourquoi j'accepte encore de te parler. Toi et tes chers amis Mangemorts... Tu vois, tu ne le nies même pas ! Tu ne nies même pas que vous avez tous l'ambition de le devenir ! Vous avez hâte de rejoindre Tu-Sais-Qui, n'est-ce pas ?

L'adolescent serra les poings. Il revivait la scène chaque fois qu'il fermait les yeux. Il se maudissait. Il la maudissait. Mais par dessus tout, il maudissait James Potter et son fidèle Sirius Black, et les deux autres guignols qui les suivaient partout, Peter Pettigrew, et ce loup-garou de Remus Lupin - même s'il devait admettre que Lupin était le seul à avoir un semblant de fierté et d'honneur au milieu de ses amis.

Alors qu'il serrait les dents de rage, elle apparut furtivement, puis plus nettement. Il était déjà tard. Le soleil avait commencé à décliner et elle s'était approchée de la fenêtre. Elle l'avait ouverte et s'était penchée pour saisir les battants des volets.

Severus sentit son cœur battre un peu plus fort. Il se pencha un peu, pour mieux voir. Lily se redressa et regarda vers lui. Il était dans l'ombre des bâtiments mais il se recula tout de même. L'avait-elle vu ? Allait-elle le chasser une nouvelle fois ? Mais elle se contenta de hausser les épaules et de refermer les battants, la faisant disparaître aux yeux du jeune homme.

Il attendit encore de longues minutes, là, planté dans l'ombre. Serait-il condamné à ne la voir que secrètement ? A l'espionner ainsi tout le reste de sa vie ? Il tourna les talons et s'enfonçant dans les rues entre les habitations pour rejoindre la maison où il vivait lorsqu'il n'était pas à Poudlard : l'Impasse du Tisseur.

De l'autre côté du parc les rues devenaient des ruelles et Severus s'enfonçait dans les longs couloirs tristes et sombres formés par les bâtiments. Il entendait les rires gras des ouvriers qui buvaient dans les troquets alentours. Il en croisait certains et accélérait le pas. Le spectacle de ces moldus saouls le révulsait et pourtant... Quelques jours auparavant il avait attendu que sa mère soit partie pour descendre de sa chambre et chercher la bouteille de whisky de son père. Il l'avait ouverte et l'odeur l'avait dégoûté. Il l'avait refermée sans la toucher. Qu'était-il venu chercher là ? Un peu de réconfort dans de l'alcool ? Par Merlin, était-il tombé si bas ? Une partie de son esprit avait dû entendre son

père dire qu'il buvait pour oublier. ; et lui, naïvement, avait sans doute pensé qu'il pourrait effacer le souvenir de ce qu'il avait dit cet après-midi là. Mais l'effacer de sa mémoire ne changerait rien.

— Hé, c'est pas ton gamin ça Tobias ? maugréa l'un des deux ivrognes qui titubaient devant lui.

Ramené à la réalité, Severus s'immobilisa et leva les yeux et il fixa le visage de son père. L'homme avait le visage maigre, émacié, les pommettes saillantes, rougies par l'alcool, et ce nez qui complétait le tableau.

— C'est ton portrait craché le môme ! continua l'autre, manquant de s'écraser sur le sol.

Tobias Rogue regardait son fils les yeux dans le vague, comme si son cerveau avait du mal à faire entrer l'information. Et puis son regard s'alluma et Severus sut qu'il l'avait reconnu.

— Il devient un homme ton gosse ! Hé gamin ! Viens avec nous, on va t'offrir un verre.

Il s'adressa ensuite au père de celui qu'il appelait gamin :

— Tiens, on va faire de lui un homme. Il a l'air tout chétif ton gosse. On devrait lui payer un peu de bon temps avec une des filles non ?

La voix rocailleuse de Tobias Rogue s'éleva enfin.

— Laisse-le, ordonna-t-il à son compagnon.

Il se passait la langue sur les lèvres. L'alcool avait ceci de traître qu'il ne désaltérait pas.

— Il n'est pas de notre monde, marmonna-t-il en fixant son fils avec un regard qui le pénétra.

Severus se demanda si son ivrogne de géniteur allait révéler son secret mais Tobias ordonna :

— Rentre.

Le Serpentard ne bougea pas. Il ne comptait pas obéir à son père.

— Tu vois bien qu'il veut venir avec nous ton gosse, concilia l'autre.

— Il n'est pas de notre monde, répéta son père en regardant l'autre ivrogne.

— Ce n'est pas parce que tu l'envoies dans un pensionnat sur les deniers de feu ta belle-mère que ce gosse ne finira pas comme nous.

Severus ne sut pas vraiment pourquoi mais son père bascula sur l'autre homme qui fut projeté en arrière, surpris. Dans ses efforts pour ne pas tomber, l'ivrogne attrapa le col de Tobias et entraîna le corps maigre de l'ouvrier dans sa chute.

C'est cet instant que choisit l'adolescent pour partir. Il profita de la confusion pour reculer hors de la lumière des réverbères et disparut dans l'obscurité d'une rue adjacente, il cherchait à regagner la rivière et à s'affranchir de la compagnie des deux saoulards.

Lorsque les deux hommes eurent réussi à reprendre pied, Tobias Rogue constata avec satisfaction que son fils était parti. Rentré ou pas, il n'était plus là. Il avait beau être déçu de ce qu'il était, il ne voulait pas qu'il devienne ce que lui était devenu.

Cet écho de paternalisme qu'il avait eu, c'était sa manière à lui de dire à son garçon qu'il l'aimait à sa façon. S'il prétendait devant ses collègues de l'usine que Severus étudiait dans un pensionnat modeste

sur la rente de sa grand-mère - qu'il avait prétendue morte bien des années avant que cela ne soit effectif – ce n'était pas parce qu'il avait honte.

Non, il n'était pas de son monde, sorcier ou pas, il valait bien mieux que ça.