Note de l'auteur: Cet écrit date de plus de deux ou trois ans. Je m'excuse alors pour toutes les imperfections, je n'ai pas vraiment voulu y retoucher.
Je considère Mononoké Hime comme l'un des plus beaux films jamais créés... il était juste normal que je mette mon "ressenti" du film par écrit. Donc, oui, pour cette fic, je n'ai rien inventé. Je me suis juste contenté de mettre des images à l'écrit... c'est un processus que j'adore faire (je pense que vous avez dû le remarquer si vous avez lu mes autres fanfictions). J'espère que vous en appréciez la lecture. N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez.
Le sanglot des arbres
« Les sangliers sont en marche. La forêt dévastée pleure à leur passage, mais tu ne peux pas entendre le sanglot des arbres… Moi, je demeure ici à écouter leur lente agonie. Ce cri réveille en moi la douleur de la balle et je rêve du jour où je pourrai enfin broyer des mes crocs la tête de la femme qui me tue.»
Entends-tu le murmure du vent ? Le bruissement des branches, le bruit de la rivière, le silence de la nuit ? La nature est en pleine ébullition. Les pas des fiers sangliers cognent contre la terre, elle aussi pleure à leur passage. L'aube apparaît mais elle ne se soucie guère des conflits, de l'injustice et des peines d'ici bas. Demain, le soleil apparaîtra de nouveau, quelque soit l'issue de la bataille.
« Le feu des humains bientôt viendra nous brûler. »
La déesse, victime du plomb de ces créatures, contemple sa mort, et celle de sa forêt, et lutte contre la colère menaçant de la submerger. Elle prie l'Esprit Eternel de ne pas laisser la haine l'envahir. Elle ne veut pas perdre face à elle. Elle ne perdra pas. Elle ne se résignera pas jusqu'à que son dernier souffle arrive. Le sanglot des arbres se fait plus fort à son oreille. Leurs larmes invisibles inondent le sol.
L'odeur de chair brûlée monte aux narines de ceux qui crient vengeance. Leur sage a perdu toute raison. Son corps le brûle, et les cupides trompent ses sens, la dépouille de ses fidèles guerriers devient son cheval de Troie. Il ne se défend plus et les esprits de la forêt pleurent sur son cadavre mutilé, le Dieu Cerf a repris sa vie, tout comme il a repris celle de la Déesse Louve. Et les esprits de la forêt sanglotent un peu plus encore. L'absence de cœur compatissant les afflige. Le majestueux arbre de la clairière, leur mère, a perdu sa sève, essence de toute leur vie, nourriture de bonté et de beauté, de clarté et de pureté.
Coure, coure, mon prince. Et porte sur le monde un regard sans haine. La plaie s'agrandit, te martyrise, mais le vent chante tes louanges et ta force. Sa mélancolique et douce voix s'emmêlent avec les larmes des arbres résignés. Ton cœur pur est ton salut, ton courage est la clé. Puisses-tu ne point blâmer ces fous, victimes d'avarice, enivrés par l'autodestruction qui les caractérise. Leurs origines ? Ils l'ont oublié. Leur reconnaissance ? Ils l'ont échangé contre des richesses. La dureté a remplacé la pitié que pouvait éprouver leur cœur jadis.
Leur feu a encore frappé. Leur vanité a voulu porter atteinte l'immortel, à la vie elle-même. L'enveloppe charnelle du Dieu cerf n'est plus certes, mais son esprit est présent dans chaque souffle de vent, chaque goutte d'eau et chaque brin d'herbe que ses pas animales ont créés.
Sèche tes larmes de fureur. L'Esprit de la forêt est seul juge de qui doit mourir ou vivre ici bas. Ton destin n'était pas à la pointe de ton épée ou de ton arc, mais à celle de ton âme. As-tu vu la montagne fleurir de son sang nacré ? Tout est si beau et si terrible à la fois. Tout est si horriblement beau… Ô Esprit, qu'avons-nous donc fait ?
« Le Dieu Cerf ne peut pas mourir. Il est la vie éternelle, il est la mort aussi mais son esprit est plus fort. Il a décidé que nous devions vivre. »
