Et voilà une nouvelle fic parce qu'il me tardait d'introduire mes propres personnages dans une histoire. Mais ces derniers n'ayant pas encore d'histoire bien définie dans laquelle évoluer, c'est dans une fanfic sur FMA que je les fait jouer.
Les personnages et l'univers de fullmetal alchemist appartiennent à leur auteur, par contre les OCs et les anecdotes du monde d'où ils viennent sont à moi, donc pas de plagiat s'il vous plaît.
Pour l'instant, le rating s'en tient à K+, mais cela pourra peut-être augmenter si je me mets à introduire des scènes plus sanglantes.
Pour ce premier chapitre, peu d'action car il faut bien présenter les persos et qu'ils se présentent entre eux, mais les bastons ne sauraient tarder! X) Cela sera sans doute pour le second chapitre! En attendant, je vous laisse à la lecture de celui-ci en espérant qu'il vous plaira. Dîtes-moi ce que vous en pensez et si vous souhaiteriez que je continue cette fic! =)
(NB: je suis très tentée de faire un autre AU avec mes OCs et FMA, mais cette fois-ci dans l'univers du manga. Si cette fic et mes OCs vous plaisent, j'y réfléchirai très certainement, mais rien n'est encore prévu.)
(NB2: Excusez-moi pour les fautes d'orthographes et de grammaires qui restent, mais je n'ai pas encore fait la relecture... quel boulet je fais!)
Quatre visiteurs venus d'ailleurs
L'orage était de plus en plus violent; les éclairs déchiraient le ciel et les grondements qui s'ensuivaient faisaient vibrer les vitres des bâtiments. Les nuages, d'une étrange couleur bleutée, se pressaient en un point de réunion et formaient comme une sorte d'entonnoir. De gigantesques tourbillons se déclaraient en son centre et là volait, ou plutôt se débattait, un engin aux formes incongrues. Celui-ci était allongé avec une protubérance à ce qui semblait être l'avant du vaisseau et comportait six ailerons. A l'intérieur de la cabine, quatre personnes paniquées tentaient par moult moyens de faire sortir l'engin de la tempête. Le pilote qui connaissait mieux que personne son propre vaisseau avait beau essayer de calmer le jeu, mais il lui était presque impossible de taire les jérémiades d'un homme de petite taille qui n'avait cessé de ronchonner depuis le début du vol. Ce dernier s'accrochait désespérément à son siège et priait l'un des multiples dieux de son peuple.
- Je le savais! hurlait-il au travers de tous les bips des appareils en détresse. Je savais qu'il ne nous arriverait que des tuiles dès que je suis monté dans ce stupide oiseau mécanique!
- Hé! Je t'interdis d'insulter mon aéronef! fustigea le pilote dégoulinant de sueur. La Comète Indigo est un fleuron de la technologie d'aujourd'hui!
- Ouais et ben, ce n'est pas ça qui nous aidera à nous sortir de cette mouise! On entend les tôles s'entrechoquer, je suis certain que ton vaisseau va tomber en miette et nous avec! Quelle idée aussi que de vouloir créer des machines pour voler dans les cieux... on est si bien les deux pieds encrés au sol! Je t'avertis, il y a intérêt pour toi que nous arrivions en un seul morceau, parce que sinon je ne préfère pas être à ta place lorsque je te tomberai sur le citron!
- Est-ce que quelqu'un voudrait bien le faire taire! J'essaye de me concentrer!
- Halrim, je crois qu'il serait judicieux de le laisser cogiter tranquillement, surtout si vous souhaitez que l'on ne s'écrase pas, intervint un homme richement vêtu d'habits sombres et brodés. Après tout, c'est un expert en la matière.
Parce que c'était cet homme qui lui avait parlé, le petit être se tut, quelque peu blessé dans son amour propre. Grogner et se plaindre à longueur de journée étaient deux des choses qui avait toujours fait partie de sa vie. Néanmoins, il continua de déverser tous les jurons qu'il connaissait à voix basse, en prenant bien garde à ne pas se faire entendre de l'homme auquel il devait un respect total.
Une secousse plus forte que les autres ébranla le petit homme ainsi que la petite fille qui occupait le siège juste à ses côtés. Un cri s'échappa de la bouche de cette dernière. Elle était enfoncée dans son siège et protégeait sa tête de ses bras.
- Bon sang! s'exclama le pilote. J'ai bien cru que l'une des ailes avait été arrachée!
- Faîtes que l'on n'y passe pas... murmura la petite fille tout en secouant sa tête coiffées de couettes de gauche à droite.
- On s'en sortira votre Majesté, restez calme, intima l'homme aux riches vêtements.
- Comment ne pas paniquer dans une situation pareille?! Il y a des fois où je me demande si votre optimisme ne nous porterait pas un peu la poisse, suggéra le petit homme.
Alors que l'interpellé allait répondre d'une réplique cinglante, un éclair s'abattit sur l'un des ailerons, provoquant un incendie et le déséquilibrage du vaisseau. Ce dernier commença à perdre de l'altitude et le pilote avait beau tirer sur les manettes de contrôle pour redresser l'engin, l'inéluctable descente vers le sol s'amorçait. Plus aucune commande ne répondait et tous les passagers se mirent à paniquer plus que de raison. Les vents tourbillonnants firent danser l'aéronef au cœur de la tempête et des éclairs, puis ceux-ci s'arrêtèrent aussi vite qu'ils étaient apparus. Le ciel se dégagea, laissant place à la voute céleste. Quant au vaisseau, il continua sa dégringolade; alors qu'il approchait dangereusement du sol, le pilote réussit à amorcer un atterrissage forcé, qui se fit très violemment. Les arbres furent déchiqueter au passage et de grands nuages de poussières et de fumée s'élevèrent au-dessus de la forêt dans laquelle ils venaient de faire irruption. Le vaisseau poursuivit sa course folle jusque dans un lac, où il se stoppa enfin. Cependant, il ne sombra dans les eaux sombres du lac, il flotta et l'incendie qui s'était déclaré fut éteint par les éclaboussures d'eau. Tout redevint calme dans les environs; on aurait presque pu croire qu'il ne s'était rien passé s'il n'y avait pas cet espace d'arbres abattus. Heureusement pour les passagers, peu de curieux avait été témoins de la scène et ceux qui avaient été réveillé par le grabuge se dirent que ce n'était que le grondement du tonnerre. Mais les passagers de la Comète Indigo n'en surent rien car tous étaient évanouis pour le moment.
***
Dès le matin les rayons du soleil frappèrent la ville de Dublith, haussant la température ambiante, qui atteignit des valeurs bien supérieures à la moyenne. Etouffés par la chaleur, les gens restaient au frais dans leurs maisons. Seuls quelques individus affrontaient l'air torride afin de mener à bien leur boulot. C'était d'ailleurs le cas d'une jeune femme avec de courts cheveux blonds; parce qu'elle était soi-disant habituée à ce genre d'environnement intenable, son patron l'avait envoyée faire un tour du côté du lac pour savoir exactement ce qu'il s'y était passé. Car cette nuit, l'un des autres membres de leur bande avait été réveillé par ce qu'il croyait être un gros orage. Il avait vite conclu grâce à ses capacités exceptionnelles que cet orage n'en était pas vraiment un, mais qu'un événement autre se produisait tout près de la ville où ils avaient établis leur base. C'est ainsi que la jeune femme prénommée Martel se retrouvait à parcourir les rues désertes de la ville, en direction du lac. Elle s'enfonça dans la forêt dès qu'elle aperçut celle-ci, histoire d'être un peu au frais. Lorsqu'elle sortit du couvert des arbres, ce qu'elle vit la pétrifia de stupeur. Une gigantesque machine flottait nonchalamment au milieu du fleuve comme si cela était tout à fait normal. Elle surmonta sa méfiance quant à l'engin et avança au bord du lac.
Dois-je monter dans cette chose afin de constater s'il y a des survivants ou non? Ou bien je retourne au bar faire mon rapport au boss?
Choisissant de vérifier ce qu'elle avait sous les yeux, elle ôta ses chaussures et nagea jusqu'au vaisseau. Elle en contourna l'avant et vit que ce qui ressemblait anciennement à une porte avait été forcée, certainement d'urgence au cas où l'engin aurait explosé après l'atterrissage. Elle monta quand même à bord pour s'assurer qu'il n'y avait plus personne. L'intérieur de ce qui ressemblait à une cabine de pilotage était plutôt vaste; elle s'approcha du tableau de commandes pour constater la complexité de la chose. Tous ces boutons et toutes ces manettes embrouillaient son esprit. Il semblait pour la jeune femme que ce vaisseau était bien plus avancé technologiquement que tout ce qu'elle avait eu l'occasion de voir durant sa vie.
Tout à coup, elle entendit un faible gémissement provenir de l'arrière du vaisseau; un humain normal ne l'aurait pas entendu mais Martel était capable même de percevoir la respiration de la personne qui se cachait dans le coin. Elle s'arma de sa petite dague et se faufila dans l'étroit couloir et arriva dans une petite salle qui abritait en son centre une machine en forme de tube d'où partait des tas de câbles. Dans un recoin elle aperçut une petite fille prostrée qui faisait de son mieux pour ne pas être démasquée. Martel se détendit et rangea son arme. Elle s'avança vers l'enfant et s'accroupit devant elle. Cette dernière sursauta et s'éloigna de la jeune femme afin de mettre une certaine distance entre elles deux. Elle adopta une position défensive, prête à riposter si la jeune femme tentait ne serait-ce qu'un mouvement vers sa personne. Mais Martel leva bien haut les mains pour lui montrer qu'elle n'avait pas l'intention d'être agressive.
- Je me nomme Martel, se présenta-t-elle, et je ne te veux aucun mal.
- Vous dîtes vrai? demanda l'enfant toujours méfiante.
- Détends-toi, je n'ai pas l'intention de te manger.
L'enfant sembla se détendre mais garda les yeux rivés sur le couteau que portait Martel sur son épaule.
- D'accord, mais je vous préviens, au moindre geste suspect je n'hésiterai pas une seule seconde, indiqua la petite fille d'une voix qui n'avait pas autant de conviction qu'elle l'aurait voulu.
- Tu as raison, prudence est mère de sûreté, surtout quand on ne connaît pas la personne que l'on a en face de soi, approuva Martel.
- Ce n'est pas vraiment ça... C'est surtout parce que l'on cherche toujours à me tuer.
- Ah bon? Mais qui en voudrait à une petite fille comme toi?
- Oh! Beaucoup de gens. Mais c'est surtout ce que je représente qu'ils veulent nettoyer.
Cette révélation rendit Martel plus que perplexe. Quelle engeance pouvait avoir assez de cran pour assassiner un petit bout de chou comme elle? Mais elle se rendit à l'évidence; cela s'était déjà vu bien souvent. En Ishbal, l'armée n'avait pas hésité à tuer des tas d'enfants seulement pour étendre son pouvoir.
Martel détailla le profil de la petite fille: elle ne devait pas avoir plus d'une dizaine d'années, elle avait encore sa bouille ronde propre aux enfants encore en bas âge; ses grands yeux violets étaient surmontés de sourcils fins et deux piercings émergeaient de chaque côtés de ceux-ci; elle portait deux gros pendants d'oreilles dorées très ouvragés; ses longs cheveux noirs de jais étaient ondulés et ramenés en deux couettes dressées de chaque côté de sa tête; elle était vêtue d'une longue robe rouge avec des broderies or et argent partiellement cachée par une veste plutôt longue qui ressemblait plus à une cape de couleur bois, avec une capuche. La qualité des vêtements de la petite fille laissait à penser qu'elle était issue d'une riche famille, bien qu'ils ne ressemblent à rien de ce qui se faisait en Amestris. D'où venait donc cette enfant? Martel se dit qu'elle aurait tout le temps prochainement pour découvrir qui était réellement cette fillette, mais pour l'heure, elle devait la conduire en lieux sûr et surtout soigner les égratignures et les hématomes qui couvraient le visage et les mains de celle-ci.
- Au fait, je ne t'ai pas demandé comment tu t'appelais, se souvint Martel.
- Je suis Pearl Chevalier, répondit la petite fille avec un sourire.
- Enchanté Pearl. Dis-moi, tu es blessée et...
- Ah oui?! Oh mince! fit-elle en regardant ses petites mains. Ne vous inquiétez pas, je vais arranger ça.
Pearl leva ses mains lentement, paumes tournées vers le haut et ferma les yeux avant de débiter ce qui ressemblait à une incantation. De petites lumières vertes descendirent sur elle et guérirent les petits bobos, devant une Martel abasourdie. Elle avait du mal à croire ce qu'il se passait juste sous ses yeux. La lumière se dissipa et la fillette abaissa ses bras avant d'éclater de rire en voyant la tête que faisait Martel.
- Et bien quoi? s'esclaffa-t-elle. Vous n'avez jamais vu ça?
- Mais... qu'est-ce que c'était?! demanda difficilement Martel qui reprenait à peine contenance.
C'était au tour de Pearl d'être étonné. Elle haussa un sourcil, fronçant l'autre.
- Vous ne savez vraiment pas ce que je viens de faire?
- Euh... Etait-ce de l'alchimie? tenta Martel peu sûre d'elle sur ce coup-là.
- Vous êtes loin du compte. L'alchimie n'a rien à voir avec ce que je viens de pratiquer, c'est plus une autre sorte de science... c'est de la magie.
Martel se sentait faible tout à coup, ce qu'elle venait d'entendre ne pouvait pas être vrai. Mais ce qu'il s'était passé ces derniers temps semblait tout aussi irréel. Elle s'assit, sous le choc.
- Madame... tout va bien? demanda Pearl inquiète.
- Quoi? Oh! excuse-moi, c'est juste que... la magie... enfin, cela n'existe pas, tenta d'expliquer Martel.
En réalité, elle essayait plus de se convaincre elle-même que de contredire la petite fille.
- Bien sûr que si! s'exclama Pearl.
- Non, impossible! répliqua Martel. Il y a forcément une explication rationnelle à ce que tu viens de faire.
- Ne soyez pas si étroite d'esprit.
- C'est-à-dire que... j'ai vu beaucoup de choses que l'on pourrait qualifier d'incroyable, mais là... c'est un peu gros. Scientifiquement, qu'est-ce que c'est?
- Je vous l'ai déjà dit, la magie est une science.
- Je crois que l'on n'arrivera à rien comme ça... On va dire que j'accepte ta théorie, mais permets-moi d'avoir quand même quelques doutes.
- J'arriverai bien à vous convaincre du contraire un jour ou l'autre!
- Si tu le dis... Quoiqu'il en soit! tu ne vas tout de même pas rester toute seule dans cet engin éternellement. Cela te dit de m'accompagner jusqu'à un endroit où je peux te promettre que tu seras en sécurité?
Martel n'était pas vraiment certaine que le Devil's Nest soit un lieu sûr mais elle serait là pour veiller au grain au cas où.
- Je ne sais pas, commença Pearl, mes compagnons sont partis en reconnaissance et je me suis portée volontaire pour garder le vaisseau.
- Mais tu n'étais donc pas seule lorsque cette chose a atterri? demanda Martel.
- Bien sûr que non. Nous sommes quatre, mais il fallait quelqu'un pour surveiller le vaisseau car le dispositif d'invisibilité est défectueux depuis que l'on s'est écrasé.
- Un dispositif d'invisibilité...
- Mais je pourrais moi-même le rendre invisible et comme ça personne ne le trouverait et mes compagnons sauront que je ne suis pas en danger.
- ... Un dispositif d'invisibilité... Mais c'est quoi ce truc dans lequel nous sommes en ce moment?
- C'est un aéronef pardi! Un vaisseau volant.
- Ce truc... peut voler?!
- Tout à fait.
- ... Je crois que j'ai atteint mon quota de choses hallucinantes pour toute la journée à suivre.
- C'est quand même étrange que vous ne connaissiez rien à rien de ces choses là. Mais ce n'est pas bien grave! Alors, vous m'avez bien dit que vous vouliez m'emmenez en lieu sûr? Qu'est-ce qu'on attend!
Pearl se dirigea aussitôt au dehors de la carcasse flottante du vaisseau et s'arrêta net quand elle vit qu'il y avait de l'eau tout autour. Martel la rejoignit et sauta dans le lac dans un plongeon parfait. Elle invita la petite fille à faire de même, mais celle-ci se montra réticente.
- Je ne sais pas nager, expliqua Pearl confuse qui commençait à comprendre pourquoi l'un de ses compagnons lui avait conseillé de rester ici.
Martel lui intima de sauter à l'eau et qu'elle n'avait pas à s'en faire car elle l'aiderait à flotter hors de l'eau. La petite fille surmontant sa peur, se dit que c'était une bonne occasion pour commencer à apprendre, car savoir nager pourrait se révéler utile en d'autres circonstances. Elle se pinça donc le nez et sauta à pieds joints, créant des vagues à la surface de l'eau. Martel alla la rattraper et l'aida à nager jusqu'à la rive. Une fois qu'elles furent sorties, elles essorèrent leurs vêtements puis, Pearl entreprit de rendre le vaisseau invisible grâce à sa magie. Tandis qu'elle se concentrait, Martel put se rendre compte avec ébahissement que l'aéronef disparaissait à vue d'œil. Cela fait, elles prirent le chemin qu'indiquait Martel.
***
- Vous croyez que c'était une bonne idée de laisser la petite impératrice à bord de la Comète Indigo? demanda le pilote dudit vaisseau.
Les deux autres compères stoppèrent leur marche et se retournèrent pour faire face à celui qui venait de poser la question: un jeune homme de vingt-trois ans plutôt grand, avec une grosse touffe de cheveux blonds dressée sur sa tête, des yeux bleus et une paire de lunette d'aviateur autour du cou, qui se prénommait Georges Whitmore. Les vêtements qu'il portait étaient légers avec en plus une veste à large col et longues manches, des gants qui couvraient ses mains, un bermuda en toile et des jambières par-dessus ses grosses chaussures. Georges avait pour habitude d'arborer un air sûr de lui et presque condescendant pourtant, il sursauta en voyant l'air étonné des ses deux compagnons.
- Qu'est-ce que j'ai dit?
- Il semblerait que tu ne sois pas au courant, blanc-bec, dit le petit homme du nom d'Halrim.
Georges se retint à grand peine d'envoyer une mandale dans le visage d'Halrim; cependant, il ne serait pas retenu s'il ne connaissait pas le tempérament incandescent de son compagnon. Car Halrim avait beau être de petite taille, il n'en restait pas moins quelqu'un de très compétent en matière de bagarre. S'il était de petite taille c'était pour une bonne raison: il faisait partie de la noble et grande famille des nains. Or il n'existait pas d'être plus fier qu'un nain (et tout particulièrement ce nain). Halrim Ragnarson avait un visage rond presque entièrement caché par sa barbe rousse hirsute qui se terminait en une tresse et ses longs cheveux, également roux et hirsutes, qui comportaient de multiples tresses quelques peu emmêlées dans ceux-ci. Un long manteau miteux recouvrait son armure encore partielle qu'il avait bien l'intention de finir un jour ou l'autre. Halrim passa une main sous son manteau et caressa le manche de sa hache. Georges le surprit.
- Euh... je peux savoir pourquoi tu te sens obligé de me menacer de ta hache, demanda-t-il sur le qui-vive. Je ne t'ai pourtant rien dit pour une fois!
- Je t'ai vu me jeter un regard de travers... dit le nain d'un air menaçant.
- N'importe quoi! Et ce n'est pas ce genre d'attitude qui m'aidera à comprendre ce qui ne va pas avec la petite impératrice.
- Tu n'es pas avec nous depuis assez longtemps pour le savoir, approuva le dernier homme du groupe. Pearl ne sait pas nager et a peur de l'eau.
- Ah oui? Je la comprends dans un certain sens, moi non plus ce n'est pas mon domaine de prédilection.
- D'un autre point de vue, il était peut-être mieux qu'elle ne nous accompagne pas, on ne sait jamais sur qui l'on peut tomber.
- Mais des gens auraient très bien pu nous voir atterrir dans ce lac. Ils pourraient avoir envie de venir voir ce qu'il s'est passé.
- Si quelqu'un avait été alerté de notre présence, celui-ci serait venu aussitôt, je pense. Et puis, Pearl est une magicienne très douée, elle saura user du terrain à son avantage pour se défendre.
- Vous lui faîtes confiance à ce que je vois.
- Il faut savoir faire confiance aux gens... dans la mesure du possible.
Sur ces paroles, il reprit sa route, vite suivit par les deux autres qui ne voulaient pas se faire distancer. Cet homme n'en était pas vraiment un, il n'était humain qu'en apparence; sa véritable forme, personne ne l'avait jamais vraiment vue. Car il lui était impossible de la reprendre tant qu'il n'aurait pas retrouvé ce qui lui appartient de droit. Néanmoins, sous cette forme il ressemblait à un homme d'une trentaine d'années d'une taille respectable et avec une prestance incroyable. Sur son visage long et fin se dessinaient deux yeux en amandes, bordés d'un tatouage représentant l'œil d'Horus, et arborant deux iris d'un rouge flamboyant aux pupilles étrécies. Ses cheveux longs et ondulés d'un noir de jais étaient ramenés en catogan par un ruban de soie et une mèche épaisse lui couvrait une partie du visage. Il arborait des habits sombres dont un chapeau haut de forme orné de fleurs diverses (ramassés par les bons soins de Pearl) et un grand manteau ouvragé par-dessus un complet du même gabarit, ainsi que des guêtres sur ses chaussures, qui avaient perdu de leur éclat après les moult péripéties qu'il avait connu. Cet homme prénommé Orion portait le titre de Lord. Halrim éprouvait un profond respect pour Orion et plus vraisemblablement pour les gens de la même espèce que lui. Le peuple nain avait prêté allégeance aux membres du clan d'Orion, aussi il ne viendrait jamais à l'esprit d'Halrim d'insulter ou de rabaisser un des leurs.
Ils traversèrent plusieurs rues sans rencontrer ne serait-ce qu'un chat. Par la suite, ils remarquèrent qu'ils s'enfonçaient de plus en plus dans des allées étroites et ils sentaient que ce n'était pas la meilleure chose à faire. Cependant, sans connaissance de la ville où ils déambulaient, ils ne pouvaient pas trop savoir quels endroits étaient mal famés ou non. Et puis, comme le signala Orion, il était peut-être mieux pour eux de ne pas se montrer à découvert et, au cas où ils tomberaient par hasard dans une embuscade, ils savaient comment se défendre.
Justement, c'est au détour d'une ruelle sombre que se montrèrent deux hommes aux muscles saillants et au sourire carnassier. L'un d'entre eux faisait craquer ses phalanges, tandis que l'autre s'avançait déjà vers le groupe des trois étrangers et s'adressait à eux.
- Vous savez que vous êtes sur notre territoire? demanda-t-il pour la forme.
- Depuis quand une rue est-elle la propriété d'une brute dans ton genre? répliqua Halrim qui ne comptait pas se soumettre aussi facilement.
- Tu oses me parler sur ce ton, gringalet?!
- Tu vas voir ce qu'il va te mettre dans la tronche le gringalet!
Alors que l'interpellé s'apprêtait à fondre sur le nain, Orion tenta de stopper l'humeur orageuse qui pointait le bout de son nez. Il s'interposa et tendit les bras entre eux deux, avant de parler calmement.
- Vous croyez que c'est une bonne façon de recevoir des touristes? demanda-t-il à l'homme tout en muscle.
Celui-ci décontenancé - et pas très futé - abaissa ses poings et réfléchit un instant à la question de l'homme aux cheveux noirs. Seulement, son comparse qui était un peu plus intelligent lui dit d'arrêter cette mascarade, qu'ils étaient là pour surveiller les environs et qu'ils devaient donc faire leur boulot en envoyant paître les intrus. L'intéressé approuva et recula un peu pour se retrouver à la même hauteur que son compagnon et faire ainsi barrage.
- Vous n'avez rien à faire là, dit le second d'une voix très grave, dégagez avant qu'on ne vous fasse comprendre que vous n'êtes pas les bienvenus par ici.
- Pourquoi en venir aux mains alors que nous pourrions discuter tranquillement comme des gens civilisés? dit Orion. Nous cherchons juste un endroit sûr.
- Allez voir l'armée dans ce cas! ricana le premier.
- L'armée, vous dîtes?
Orion jeta un coup d'œil à ses compagnons qui affichèrent des mines plutôt perplexes. Ils ne savaient pas où ils se trouvaient, ils ne pouvaient donc pas faire confiance au premier venu. Quant à l'armée, ils n'en avaient guère de bons souvenirs: toutes celles qu'ils avaient rencontrées sur leur chemin, ils les avaient défiées pour protéger la petite impératrice. Or si les militaires étaient identiques à ceux auxquels ils avaient eu affaire, ils ne seraient pas sortis de l'auberge. Orion reporta son attention sur les deux brutes, bien décidé à trouver un refuge autre qu'une caserne militaire.
- Vous n'auriez pas une autre alternative? demanda-t-il.
- Je ne suis pas une agence de voyage, répliqua celui à la voix grave. Foutez le camp, maintenant!
- Allez, je suis sûr que vous avez bien une petite idée!
- Je t'ai dit de te tirer!
Ajoutant le geste à la parole, l'homme brandit son gigantesque poing et frappa Orion de toutes ses forces. Il esquissa un sourire, en se disant qu'il avait du bien l'amocher pourtant, son sourire se transforma en un rictus de peur lorsqu'il se rendit compte que l'homme au chapeau haut de forme avait arrêté son coup en levant seulement une main.
- C'est dommage pour vous que vous me forciez à user de la violence pour vous soutirer des informations aussi simples que celles que je vous ai demandées, dit Orion d'un ton mielleux qui augmenta le malaise de l'homme aux prises avec lui.
- Lâche-le, connard! s'égosilla l'autre.
Mais avant que ce dernier n'ai pu faire quelque chose à l'encontre d'Orion, il se retrouva à soutenir son comparse qui hurlait de douleur en tenant son bras totalement déformé et ensanglanté. Tout s'était passé très vite. Lorsqu'Orion avait arrêté le coup de poing, il avait aussi emmagasiné la force déployée à ce moment là au creux de sa main; par la suite il l'avait décuplée et l'avait renvoyée dans le bras de son adversaire qui, telle une onde, se propagea dans les os et provoqua de multiples fractures tout du long.
La brute défaite se tortillait à présent par terre en hurlant à pleins poumons; quant à son comparse il se tenait à ses côtés et paniquait, ne sachant que faire pour lui venir en aide. Il jetait parfois des regards apeurés en direction d'Orion; comment cet homme avait-il réussi un pareil coup?
Georges dépassa l'homme au chapeau haut de forme et s'approcha des deux brutes. Celle encore en état de bouger recula de quelques mètres, craignant une entourloupe de la part du jeune homme. Mais Georges ne fit que s'accroupir près du blessé pour examiner les blessures.
- Hum... C'est soignable, mais quand même! vous y êtes allé un peu fort, Sir Orion, jugea le jeune homme.
- Bah! Il n'a eu que ce qu'il méritait! s'exclama Halrim.
- Ce n'est pas très diplomatique...
- J'en conviens, fit Orion qui faisait mine de réfléchir sérieusement à la question, mais je crois que c'était la seule manière de nous faire comprendre de ces gens. La violence appelle la violence.
- Vous n'avez pas tort. Je préfère encore que ce soit eux qui y passent plutôt que moi.
Orion s'approcha à son tour du blessé et plongea ses yeux rouges dans ceux du martyr.
- J'ose espérer que vous serez plus coopératif à présent?
- Oui... oui, monsieur, parvint à dire la brute au milieu de ses gémissements.
- Allez, cessez de pleurer sur votre sort et indiquez-nous un lieu où une personnalité très importante serait le plus en sécurité.
- On.. on va v-vous y c-conduire, bégaya le second dont les genoux s'entrechoquaient.
- Vous voyez que l'on peut s'entendre!
Orion empoigna le bras meurtri du souffrant qui poussa un cri de fillette. Il lui intima de se tenir tranquille s'il voulait qu'il le soigne correctement.
- Je ne suis pas un expert en la matière, expliqua Orion, mais je pense être capable de vous remettre ce bras en état. Ne bougez plus.
***
- Qu'est-ce qu'il fait chaud...
L'homme qui venait de parler était affalé dans un canapé et entouré de deux belles jeunes femmes qui usaient abusivement de leurs charmes. Il avait passé ses bras autour des épaules de celles-ci mais les ôta à l'instant, les offusquant au passage.
- De l'air les filles! s'exclama-t-il. Il fait bien trop chaud pour que l'on reste collé les uns contre les autres.
Elles se retirèrent en maugréant et il put se redresser pour jeter un coup d'œil dans le bar qu'il occupait depuis quelques temps déjà. La plupart des gens qui se trouvaient là étaient des rescapés du laboratoire numéro cinq d'où ils avaient réussi à échapper; au-delà des poivrots qui venaient souvent traîner au bar pour se soûler, la grande majorité des personnes ici présentes étaient des chimères. Il y avait tout de même deux exceptions: un homme assis non loin de là avec de longs cheveux noir attachés en queue de cheval et des yeux dorés, un ancien alchimiste d'état du nom de Solf J. Kimblee, et lui qui était plus à part que tous les autres. Car il n'était même pas humain. Il était la création d'un alchimiste, un pseudo-humain monté de toute pièce: un homonculus représentant l'un des sept péchés capitaux, l'avidité, dit Greed.
Il se leva et se mit à tourner en rond. Il en avait assez d'attendre à ne rien faire. Où en était sa quête de l'immortalité? Bien loin de l'idée qu'il s'en était faite au tout départ; pour le moment, il n'avait aucun indice pour débuter. Et il était là, à attendre que les choses se fassent d'elles-mêmes ou qu'une piste, même mince, tombe sur son chemin. Seulement, il n'aimait pas stagner comme il le faisait maintenant. Que ne donnerait-il pas pour un peu d'action, même cette échappée du laboratoire lui semblait très loin à présent. D'ailleurs, il remarqua qu'il n'était pas le seul à s'embêter: les chimères ne prenaient plus aucun plaisir à disputer une partie de poker et l'alchimiste accoudé au bar se renfrognait de plus en plus. Greed se demandait même si ce dernier n'allait pas perdre patience dans peu de temps; les doigts de l'alchimiste tapaient machinalement le bois du bar et son regard agacé montrait à quel point il s'énerverait si quelqu'un avait le malheur de venir lui taper sur le système.
Alors que Greed se posait la question du "comment aborder l'alchimiste sans craintes de représailles", les deux chimères qu'il avait envoyé au dehors pour surveiller les environs entrèrent. Mais pas toutes seules; trois autres personnages les accompagnaient et pas des plus banals. Greed ouvrit de grands yeux hallucinés, il avait l'habitude de voir des choses étranges mais là, cela dépassait son entendement. Les visiteurs étaient habillés de bien curieuse façon; cependant, ce qui choqua le plus l'homonculus, ce fut de voir à quel point les deux chimères baraqués se tenaient à distance de l'homme au haut de forme tout en lui jetant des regards effarés, comme si ce dernier allait les manger tout cru à la moindre occasion. Pourtant celui-ci avait un sourire épanoui sur le visage comme s'il était heureux de se retrouver ici; il avait l'air plutôt sympathique au premier abord. Mais seulement au premier abord! Il ne sut comment, Greed ressentit la puissance incommensurable qui se dégageait de l'homme en question. Tout à coup, le gentilhomme ne lui parut plus aussi amical... Dégager une telle force n'était pas commun et Greed se dit qu'il devrait peut-être se méfier, ou tout du moins jusqu'à ce que ces trois étrangers aient prouvé leur bienveillance.
Le plus petit des trois hommes s'avança ouvertement dans la pièce, comme s'il connaissait les lieux depuis toujours, et se frotta les mains avec réjouissance.
- Ah! Je sens que l'on va enfin pouvoir se boire une petite gnôle ici! s'exclama-t-il. Ca tombe bien, j'ai soif!
- Halrim, Halrim... soupira Orion. Il me semble vous avoir déjà signalé que nous sommes en mission.
- On a bien le droit de s'offrir un petit remontant quand même! maugréa le nain en allant s'asseoir au comptoir près de l'alchimiste, qui le regarda du coin de l'œil.
- Bon très bien, dit Orion en rejoignant le nain. Mais c'est bien parce que je sais que vous ne serez pas soûl au bout du premier verre.
- Merci pour le compliment, mon cher ami. Hé! Barman! Une petite liqueur des mines, et que ça saute!
- Vous ne pouviez pas prendre quelque chose de moins fort? Quant à la politesse, il semblerait qu'elle ne soit pas de mise en cette belle journée...
- Oh, ne faîtes pas votre rabat-joie! (Le nain se tourna de nouveau vers le barman:) Alors, il vient ce godet?!
Le barman, très pâle car il était confus, bégaya une réponse que le nain ne comprit pas.
- Ben, parle plus fort!
- N-nous n'av-vons pas ce que v-vous nous demandez, miaula le barman très impressionné.
Et pourtant, il en voyait passer des gars étranges! Mais ceux-là... ils étaient vraiment bizarres.
- Comment ça?! explosa Halrim. Vous n'avez pas la plus grande de toutes les liqueurs?! Celle dont on dit qu'elle serait capable de faire s'effondrer un dragon après deux lampées?!
Orion émit un faible toussotement.
- Ce ne sont là que des racontars, souligna-t-il.
- On s'en fiche de savoir si c'est un fait ou pas! s'insurgea le nain. Tout ce dont je suis sûr, c'est que l'on est une fois de plus tombé dans un bled de péquenots!
Alors que Halrim bougonnait, le jeune homme aux cheveux blonds en batailles se rapprocha lui aussi et passa en revue les bouteilles d'alcools qui traînaient sur les étagères, jusqu'à ce qu'il en désigne une.
- Ce serait possible de goûter ça? demanda-t-il au barman de son air toujours aussi assuré.
- Hors de question, Georges, intervint Orion d'un ton qui interdisait toute réplique.
- Mais pourquoi? Je suis majeur!
- Oui, je te rappelle que tu es pilote aussi. Je t'interdis de conduire bourré tant que Pearl aura besoin de tes services. Libre à toi de boire et de voler après lorsque tu es seul, mais je ne tiens pas à ce que tu fasses l'objet de mon prochain contrat seulement parce que tu auras fait l'inconscient.
Au mot "contrat", le sang de Georges ne fit qu'un tour. Il savait très bien à quoi cela aboutissait: une mort certaine et sans bavure. Il déglutit et se renfrogna un peu, juste pour montrer qu'il avait compris le message, mais au fond, il savait que ce n'était qu'une menace en l'air. Orion avait confiance en ses talents de pilote et savait qu'il saurait amener la petite impératrice ailleurs qu'auprès de ceux qui cherchaient à la tuer. Et se savoir estimer par un être tel qu'Orion remplissait de fierté le cœur de Georges, qui avait longtemps cherché un moyen de se faire valoir. Ce n'était donc pas le moment de tout gâcher pour simplement un verre d'alcool, il aurait tout le temps qu'il voudrait pour ça plus tard.
Interloqué par ces visiteurs, Greed ne savait pas comment gérer la situation. Ils semblaient parfaitement s'adapter à leur environnement et n'avaient pas l'air plus menaçant que cela. Peut-être pourraient-ils faire de bonnes recrues pour son groupe? Non. Avant toute chose, il devait obtenir des renseignements sur ces étrangers pour être sûr de leur non hostilité. Et qui sait, peut-être étaient-ils porteurs de bonnes nouvelles? Il aurait enfin quelque chose à se mettre sous la dent en attendant un quelconque indice concernant l'immortalité. Lui et ses troupes avaient besoin d'action, il devait faire en sorte qu'elles ne soient pas trop oisives lorsque viendrait le moment de partir en quête de la vie éternelle.
Greed s'approcha alors du groupe et passa un bras autour des épaules du nain, qui le regarda de travers. L'homonculus s'adressa au barman:
- Sers-lui donc ce que tu as de plus fort, s'exclama Greed en regardant le nain. J'ai l'impression que notre ami est un vrai dur à cuire!
- Alors ça, c'est bien vrai! fit Halrim qui sympathisa de suite avec l'homonculus.
Greed enleva ses lunettes teintées et tendit la main à l'homme au haut de forme.
- Je m'appelle Greed, je suis le chef de ces lieux, se présenta-t-il.
- Enchanté, dit Orion en fixant les yeux anormaux de l'homme et en serrant la main de celui-ci.
La sensation qu'eut Orion en frôlant la main froide de Greed le dérangea. Il avait eut l'impression de toucher la main d'un cadavre et non celle d'un homme en pleine forme, comme cela semblait l'être. Qui - ou quoi - était donc ce fameux Greed? Quelque chose de totalement inconnu pour Orion, même pour sa gigantesque mémoire. D'ailleurs, le patron de cette taverne n'était pas le seul à ne pas être entièrement humain. L'aura que dégageaient les autres personnes présentes ici n'avait rien d'humain, tous n'étaient humain qu'en apparence. Tiens? Non, pas tous. Le regard d'Orion dévia et s'attarda sur l'homme accoudé au bar juste à côté d'Halrim. Celui-là, au contraire des autres, était tout ce qu'il y a de plus humain, mais son regard doré semblable à celui d'un prédateur incita Orion à la prudence. Il connaissait bien ce genre de regard, acéré et froid ; après tout, il était lui-même un prédateur.
- Quelque chose ne va pas? demanda Greed en voyant Orion scruté intensément l'ensemble de la pièce.
L'homonculus espérait vivement que le peu de confort qu'il y avait ici ne conforterait pas son vis à vis à renoncer à se reposer dans son bar. Pour une fois qu'il se passait quelque chose d'intéressant dans cette ville, il n'allait certainement pas laisser passer sa chance.
Orion le toisa à nouveau en lui adressant un sourire chaleureux.
- Non, rassurez-vous, fit-il. Je peux compter sur la sécurité de ces lieux, n'est-ce pas?
- Vous avez ma parole que personne ne viendra vous déranger ici, répondit Greed conciliant. Et je n'ai qu'une parole.
- Dans ce cas, je vous accorde toute ma confiance.
- J'ai cru comprendre que vous vouliez amenez une personnalité importante?
- En effet. Et je préférerais qu'il ne lui arrive rien de fâcheux durant notre séjour.
- Vous pouvez être certain que j'y veillerai personnellement.
- Je disais surtout cela pour vos hommes.
Greed haussa un sourcil, déconcerté par ces mots.
- Il n'arrivera rien à notre protégée tant que je serai à ses côtés, appuya Orion. Par contre, si l'un de vos hommes commet la bévue de toucher à un seul de ses cheveux, je puis vous assurer qu'il ne verra pas le soleil se lever.
- Vous n'avez aucune inquiétude à avoir, dit Greed en émettant un rire nerveux. Ces gars n'obéissent qu'à moi.
- Je l'espère pour vous.
Cet étranger n'y allait pas par quatre chemins, se dit Greed avec une pointe d'anxiété. Il aurait tout intérêt à bien surveiller ses troupes; ce n'étaient pas les chimères qui le dérangeaient le plus - elles étaient plus dévouées que des chiens auprès du libérateur qu'il était - mais plutôt l'alchimiste Ecarlate. Ancien alchimiste d'état à l'esprit particulièrement détraqué, Greed ne lui faisait pas entièrement confiance. Il était presque certain que cet homme agissait toujours selon son bon vouloir, celui-ci détestait obéir aux ordres que lui donnait Greed et préférait s'exercer à son art et uniquement à ça. Il semblait à l'homonculus que rien, à part l'alchimie, ne pouvait intéresser cet homme dénué de tous sentiment humain. Il était donc judicieux de garder un œil sur lui, juste au cas où.
Orion prit le verre que lui avait servi le barman et but une longue gorgée. Un coup de coude vint percuter son bras; il se tourna vers Georges qui le toisait l'air soucieux. Ce dernier murmura une question à l'oreille de l'homme au haut de forme:
- Ces gens sont-ils dignes de confiances? C'est quand même la Petite Impératrice que l'on va cacher ici.
- Je pense que nous n'avons aucune inquiétude à avoir les concernant, rassura Orion. S'il y a attaque, elle viendra d'ailleurs.
- J'ai pourtant eu l'impression que vous passiez beaucoup de temps à les analyser.
Un demi-sourire naquit aux coins des lèvres de l'intéressé.
- La situation est cocasse dans ton cas, avoua Orion amusé.
- Comment ça? demanda Georges qui n'aimait pas forcément les blagues de son interlocuteur.
- Tu es le seul être humain en ces lieux avec cet homme aux yeux dorés qui se tient non loin d'Halrim.
Deux seulement. Deux humains dans un antre rempli d'êtres aux origines inconnues. Georges se sentit mal à l'aise tout à coup. Non pas qu'il détestait les non-humains, il était habitué à fréquenter des endroits où il était possible de rencontrer toutes sortes de personnages hors du commun. Mais le fait que le genre humain soit en infériorité numérique ici, ne le rassurait pas franchement. D'autant plus que son congénère ne paraissait pas aussi "humain" que sa nature le prétendait. Georges avala difficilement le verre de jus de fruit qu'on lui avait donné en guise de rafraîchissement. Il posa son verre dans un tintement et annonça à ses compagnons qu'il serait peut-être temps d'aller chercher Pearl. Orion acquiesça et força le nain à abandonner sa chope qu'il venait de faire remplir pour la troisième fois. Greed leur proposa alors de leur fournir un de ces hommes afin qu'il les guide au travers de la ville, ce qu'Orion accepta avec empressement.
Un homme de taille moyenne aux grands yeux presque larmoyants et portant à ses côtés un katana, se présenta à eux sous le nom de Dolchatte, en exécutant une petite révérence. A le voir ainsi, il était semblable à un chien tout ce qu'il y a de plus fidèle.
- Dolchatte vous sera très utile, vous verrez, loua Greed faisant ainsi rougir son homme de main. Comme la plupart des gars présents ici, c'est une chimère.
- Je ne savais pas que les chimères pouvaient ressembler aux humains, s'enquit Georges étonné.
- "Chimères" n'est qu'un terme pour les désigner, continua Greed. Tous étaient humains au départ, mais par un procédé alchimique qui m'est inconnu, ils ont été mutés avec un animal. Dolchatte, pour sa part, ce fut avec un chien. Avec cela, certains dons se sont développés chez lui, comme un odorat beaucoup plus fin que le notre.
- Je comprends mieux à présent, fit Orion en hochant la tête. J'avais senti que la presque totalité de cet endroit était peuplé de non-humains, sans arriver pour autant à percevoir leur nature.
- Vous êtes capable de savoir ça? demanda Dolchatte incrédule.
- C'est un talent inné, qui n'est pas donné à tout le monde.
- J'aimerais quand même vous poser une question.
Tous se retournèrent pour voir qui venait d'élever la voix. Sans une expression sur le visage, l'alchimiste avait quitté le bar pour se rapprocher de l'attroupement. Les mains dans les poches de son pantalon, il toisa les trois étrangers de son regard doré, comme pour les évaluer.
- Mais faîtes, encouragea Orion.
- Que leur avez-vous fait pour qu'ils vous évitent ainsi? demanda Kimblee tout en désignant du pouce les deux brutes qui regardaient de très loin la scène en train de se dérouler.
Orion regarda dans la direction qu'il lui indiquait et après quelques secondes de réflexion, se retint de rire pour ne pas déshonorer encore plus ces pauvres hommes.
- Oh! presque rien! s'exclama-t-il avant de reprendre d'une voix plus posée. Je ne voulais pas avoir recours à la violence pour me faire comprendre, mais ils ne m'ont pas laissé le choix.
- Peuh! ça se donne des grands airs et quand il faut se battre, il n'y a plus personne! fit Halrim moqueur.
- Je suis désolé de vous les avoir transformés en poules mouillées, Greed. Mais j'ai au moins soigné ce qu'il me semblait être les dégâts les plus importants.
L'alchimiste partit alors sur un grand éclat de rire, qu'il eut du mal à arrêter et qui effraya quelques unes des chimères qui connaissaient sa très mauvaise réputation. Une fois son fou rire passé, il se tourna vers Greed et lui demanda s'il acceptait qu'il les accompagne lui aussi. L'homonculus fut interloqué par ce changement soudain dans le comportement de l'Ecarlate. L'alchimiste désabusé venait de se trouver un sujet d'intérêt en la personne de ces trois étranges visiteurs. Si ça pouvait lui changer les idées, Greed n'allait pas refuser. Au moins, il ne resterait pas assis au bar à ruminer où à fomenter un mauvais coup.
- Nous ne nous sommes pas encore présentés, fit l'alchimiste en tendant sa main à Orion. Je m'appelle Solf J. Kimblee.
Malgré son air de prédateur, cet homme avait fière allure. Assurément, il faisait partie de cette catégorie de personne qui dominait les autres. Il avait beau n'être qu'un simple humain, il était terrifiant. Orion lorgna la main tendue et remarqua un étrange tatouage au centre de la paume de celle-ci: un cercle entouré de formules englobait un triangle et le symbole d'une sphère. "Un arcane magique?" pensa-t-il alors. Finalement, il lui serra la main en soutenant son regard doré.
- Enchanté de faire votre connaissance, je suis Lord Orion. Quant à mes compagnons...
- Il est vrai que nous n'avons même pas échangés nos noms, admit le pilote. Le mien est Georges Whitmore.
- Et moi, c'est Halrim Ragnarson, fit le nain en bombant le torse. Je suis le représentant du petit mais fier peuple des nains.
- Un Lord, un jeunot et un nain, résuma Kimblee. Vous formez une fine équipe.
Georges tiqua sur le terme employé par l'alchimiste pour le définir, mais ne répliqua pas, de peur de se tourner en ridicule. Orion pointa le doigt vers la main que Kimblee lui avait présentée.
- Le tatouage que vous avez à la main, qu'est-ce donc?
L'intéressé afficha un air étonné, ne comprenant pas que l'on ne sache pas reconnaître une telle chose. Il leva ses deux mains pour les montrer à son interlocuteur, qui les étudia de prêt.
- Ce sont des cercles afin d'exécuter des transmutations alchimiques, expliqua Kimblee. Vous ne saviez pas cela?
- Je pensais au départ qu'il s'agissait de formules pour un arcane magique, mais je dois avouer que je n'avais jamais vu de telles cercles auparavant, convint Orion. Je ne savais pas que les alchimistes usaient de tels procédés.
- Vous faîtes partie de la Communauté de l'Ouroboros? demanda Georges impressionné.
L'alchimiste et l'homonculus se regardèrent, n'assimilant pas les données énoncées. Les chimères aussi affichaient un air perplexe. Mais de quoi parlaient ces étrangers?! Puis, le regard de Kimblee dévia sur la main gauche de l'homonculus, geste que remarqua Orion. Il vit alors le tatouage que portait Greed: la représentation fidèle de l'Ouroboros. Il était perdu. Que venait faire ce symbole ici? Où étaient-ils donc tous tombés? Il y avait forcément un sens à tout cela, mais il ne voyait pas lequel pour l'instant.
- J'ai comme l'impression que tout est bien plus compliqué qu'on ne le pense, soupira Orion en se massant l'arrête du nez.
- En effet, on ferait peut-être mieux de remettre cela à plus tard, approuva Greed. Surtout que vous devez encore ramenez votre protégée.
- On ferait bien de partir tout de suite, avant que l'armée ne vienne mettre son nez dans cette affaire, suggéra l'alchimiste qui partait déjà vers l'escalier menant à la sortie.
- Vous avez raison, dit Orion qui rajustait son haut de forme. En route, ne faisons pas attendre plus longtemps la petite Pearl.
Le reste du groupe suivit donc jusqu'à la sortie et lorsqu'ils furent tous hors du bar, Greed pensa à ceci: "Si j'avais cru un jour que quelque chose d'autre que son alchimie intéresserait Kimblee... Il faut tout de même avouer qu'il y a pas mal de points intrigants qu'il nous faudra éclaircir. Je sens que ces prochains jours ne seront pas de tous repos... mais néanmoins palpitants!"
