Ceci est la traduction française du crossover de Animus Wyrmis, "A Year in Their Courts", que j'ai trouvé tout simplement sublime, ce qui m'a conduite à le traduire. Je ne suis donc qu'une simple messagère, si je puis dire, et tous les compliments reviennent à l'auteur.

Sur son premier chapitre, Animus Wyrmis nous explique que ce crossover avait été écrit à la base à l'occasion du festival des crossover HP sur LiveJournal, avec pour sujet : "Hermione tomba sur une étrange armoire dans la Salle sur Demande, et d'une façon ou d'une autre se retrouve à Narnia. Là-bas, elle rencontre un jeune roi qui veut lui faire oublier ses amis et son monde, mais est trop noble pour cela. Peter/Hermione." C'est ainsi qu'Animus Wyrmis choisit que l'histoire se déroule après la défaite de Voldemort dans Harry Potter et les Reliques de la Mort et quelques années avant les évènements de Le Cheval et son écuyer. Le crossover aura notamment 5 chapitres en tout, dont un épilogue.

Disclaimer : Poudlard, Hermione et tout ce qui concerne le monde d'Harry Potter appartiennent à J.K. Rowling. Narnia et les Narniens (à quelques exceptions près) appartiennent à C.S Lewis.

Mot de la traductrice : J'espère que vous prendrez autant de plaisir que moi à lire ce crossover - dans la langue de Molière cette fois-ci. Cette traduction fut rééditée et republiée après les remarques d'une lectrice, pour une narration plus propre et plus correcte.


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Une Année dans Leur Cour

I- Automne

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Elle retourna à Poudlard en tant que huitième-année, refusa la proposition de McGonagall de reprendre son statut de préfète, et fut déterminée à commencer cette nouvelle année comme les précédentes : parchemins neufs et nouvelles plumes d'oie, et Pattenrond se faisant un petit nid douillet sur ses manuels : Le Livre des sorts et enchantements niveau 7, Lecture avancée, Sortilèges pour l'après-ASPICS Que faire maintenant que vous ayez tué un dangereux psychopathe et ainsi sauver le monde ? (ce dernier étant, elle en était presque sûre, une blague de Harry et de Ron. Il n'y avait pas d'autres explications, surtout en ce qui concernait les chapitres comme « se mettre au Badminton » et « apprendre la calligraphie »). Tout ce que voulait faire Hermione cette année était de retourner à ses cours, ses devoirset ses révisions, et oublier tout ce qui avait un rapport, de près ou de loin, avec les Horcruxes, les Reliques et les Mangemorts. Et bien qu'elle savait que les choses avaient changé – qu'elle avait changé – elle s'attendait encore à sombrer de nouveau, sans même s'en rendre compte, dans les livres comme elle l'avait toujours fait. Mais aussi elle s'attendait, pour une raison ou pour une autre, à retrouver la même camaraderie qu'elle avait toujours connu jusqu'alors. Ce n'était pas comme si elle pensait que Poudlard était resté le même, bien entendu, mais elle n'avait pas non plus pensé que ce fût si différent.

Elle croyait qu'elle partagerait le dortoir avec Lavande et Parvati, jusqu'à ce qu'elle réalisa qu'elles n'étaient pas revenues à l'école et que les premières années avaient pris place dans leur ancien dortoir ensuite, elle pensa qu'elle serait avec Ginny et ses autres camarades, mais il n'y avait que cinq lits. Elle se retrouva finalement la première nuit dans une petite chambre au sommet des escaliers, munie d'un bureau en chêne et seulement d'un lit. Il y avait une vieille mais magnifique armoire dans un coin, et les étagères étaient ensorcelées de telle sorte qu'elles s'agrandissaient à chaque fois qu'elle manquait de place pour ranger tous ses livres. Hermione défit sa valise, savourant le fait d'avoir pour la première fois,Merlin seul le savait, une chambre pour elle toute seule. Ce ne fut que lorsqu'elle eut fini qu'elle regarda autour d'elle et réalisa combien c'était calme. « Peu importe, » se dit-elle, et Pattenrond leva les yeux vers elle, allongé sur son lit, et ronronna. « Il y aura plus de monde lorsque les cours commenceront demain. »

Mais les cours s'avérèrent être surtout des tête-à-tête, avec des cours par-ci, par-là avec les septièmes années – et sans Ron et Harry, elle se sentait bien seule. Hermione n'avait jamais réalisé, ou n'avait jamais prêté attention, que sans Ron et Harry à ses côtés, elle avait tendance à être seule. Et comme peu de ses camarades de classe étaient revenus pour faire leur septième année, elle connaissait alors que très peu de monde. Il y avait Ginny, bien sûr, et Luna – mais Ginny et Harry avaient d'autres choses à faire, et Luna était Luna. Harry et Ron déboulaient, aussi souvent que leur entraînement leur permettait, pour de longues ballades près du lac ainsi que des dîners aux Trois Balais ou (parfois même) dans le Grand Hall mais leurs visites étaient courtes et assez espacées et ils semblaient passer plus de temps, au cours de leurs visites, à éviter les premières et secondes années qui voulaient des autographes.

Personne n'avait encore jamais demandé l'autographe d'Hermione et elle commençait à constater qu'il existait un gouffre – un curieux et imprévu gouffre – entre ses amis qui avaient déjà une profession, ou proches d'en avoir une, et elle. Elle n'était pas sûre, en fin de compte, si c'était la distance ou elle qui était encore une étudiante ou encore quelque chose de complètement différent en tout cas elle s'enferma encore plus dans ses cours et ses manuels, et étudia de sa propre initiative, dans sa chambre individuelle tout en haut de la tour – plus de sortilèges, de potions et de Défense contre les Forces du Mal les théories historiques, politiques et sociales et même la métamorphose humaine.

Le nouveau professeur de Métamorphose n'était pas un Animagus (ou du moins, n'était pas enregistré Hermione avait assez rencontré d'illégaux Animagi pour ne pas compter sur le bureau d'enregistrement), et bien que McGonagall était directrice à présent, elle accepta de donner des leçons à Hermione le soir, cette dernière apprenant avec beaucoup plus de ferveur qu'elle ne l'avait jamais fait pour les BUSES – ou même les ASPICS. Hermione espérait un chat au final, ou quelque chose du même genre. Tous les livres disaient qu'on ne pouvait jamais être sûr – et même le professeur McGonagall lui avait confiée qu'elle ne savait pas du tout en quoi elle allait se transformer avant sa toute première fois – mais Hermione osait penser qu'elle se connaissait assez pour le savoir, et parfois elle se réveillait la nuit après des rêves où elle traversait les couloirs à pas feutrés, munie alors de pattes, ses yeux brillant dans le noir et ses oreilles à l'écoute du moindre bruit.

Plus agitée qu'auparavant, elle passait alors beaucoup plus de temps cette année que les précédentes, à vagabonder dans les couloirs la nuit ; la cape d'invisibilité d'Harry lui manquait (et le fait d'être cachée là-dessous avec deux garçons, tout aussi enthousiastes qu'elle ne l'était de transgresser le règlement, avec l'excitation et le danger que cela représentait), mais elle n'en avait pas besoin. Il semblait qu'aucun des préfets n'osaient enlever des points à l'héroïne de guerre Hermione Granger, et les professeurs semblaient comprendre eux aussi (ce qu'elle-même comprit à peine, n'ayant jamais été sûre et certaine. Il n'y avait aucune aventure cette année, aucune mage noir dingue à combattre, aucune inquiétude à avoir sur Harry ou Ron ou même les deux et la possibilité qu'ils pourraient se faire tuer, s'y ruant tels des fous – et n'était-ce pas ce qu'elle avait souhaité ? Alors pourquoi cette agitation ?). Seul le nouveau professeur de Divination semblait la considérer d'une manière étrange, ce qui troubla vaguement Hermione, lorsqu'elles se croisaient la nuit. C'était assez curieux d'ailleurs de voir Hermione l'éviter dans les couloirs lorsqu'elle le pouvait et voilà pourquoi lorsqu'elle vit, un soir, la femme aux cheveux noirs tourner en direction du couloir dans lequel elle trouvait, Hermione se stoppa en chemin et se précipita vers la première porte qu'elle vit pour se cacher. Elle était alors en chemin vers la bibliothèque pour donner des cours particuliers en sortilèges à une seconde-année, mais elle pouvait attendre.

Elle n'avait jamais encore visité cette pièce auparavant (cependant ce n'était nullement surprenant lorsqu'il s'agissait de Poudlard) – sombre et poussiéreuse, des vieux meubles entassés dans les coins de la pièce, les chaises empilées sur les tables et des étagères bancales menaçant de tomber dessus. Dans un coin se trouvait une vieille armoire, qui devait être dans le passé imposante et superbe mais à présent elle était recouverte d'une épaisse couche de poussière. La porte était ouverte à moitié, et dans l'armoire, par-terre, il y avait un livre, reposant ainsi ouvert dans la poussière. Hermione poussa une exclamation désapprobatrice et immédiatement entra pour examiner de plus près : le titre était en Latin et le texte en Grec, et le seul mot que Hermione parvint à lire fut le nom de l'auteur sur la couverture – Platon.

« Hm, » lâcha-t-elle, puis s'engouffra encore plus dans l'armoire, vers une boîte poussiéreuse qui, elle l'espérait, ne contenait aucun autre livre de Platon. Les gens devraient faire plus attention, franchement – la philosophie était importante et les livres sont sacrés, et Merlin savait que Poudlard avait son lot de souris. Elle donna par inadvertance une petite tape à la couverture du livre, au cas où il avait déjà été récemment rongé.

Elle sursauta soudainement lorsqu'elle réalisa que la boîte contenait également du Platon – c'était comme si cette collection entière de ses livres avait été rangée dans une vieille armoire puis oubliée ! Hermione décida de vérifier le reste de l'armoire, au cas où d'autres livres avaient été laissés et condamnés à la pourriture. Elle passa sa tête encore plus dans l'armoire mais ne pouvait voir le fond. « Lumos, » marmonna-t-elle pour ensuite pénétrer à l'intérieur et explorer.

Après plusieurs minutes, Hermione réalisa en sursautant qu'il ne semblait pas y avoir d'extrémité à l'armoire ! Chaque seconde, elle s'attendait à voir le faiblement rougeoiement au bout de sa baguette pour éclairer l'autre mur – mais cela n'arriva pas, et elle réalisa peu de temps après que sa baguette était en train d'éclairer quelque chose de marron et couvert d'écorce. Elle resta immobile à examiner le tronc d'arbre sous toutes les coutures, avant d'aviser que c'était peut-être une sorte d'Armoire à Disparaître, et donc que la meilleure chose à faire était d'en sortir par-là où elle était venue.

Il y avait cependant un problème : Hermione avait beau tourner autour, néanmoins elle semblait se trouver au milieu d'une forêt, pas d'une armoire – et donc ne savait nullement par où était la sortie. De même, elle réalisa après quelques minutes qu'elle ne pouvait Transplaner non plus, ce qui la mit hors d'elle. Hermione carra ses épaules. Eh bien, il n'y avait qu'une seule chose à faire : garder sa baguette en cas d'éventuelle attaque et avancer.

Elle arriva à un moment dans une clairière, où au centre se trouvait ce qui ressemblait à un réverbère, plantée dans le sol comme s'il y avait poussée. La lampe dégageait une lumière chaleureuse et éclairait toute la clairière, dont le sol était couvert de feuilles rouges et marrons. Les seules autres lumières étaient celle que produisait la baguette d'Hermione et celle des étoiles, qui scintillaient par une nuit dépourvue de nuages. « Nox, » murmura-t-elle, prenant de la distance pour mieux observer le ciel – elle ne voyait aucune autre lumière et la lune n'était pas encore levée sept années entières à étudier les cieux avaient appris à Hermione de profiter pleinement de nuits claires comme celle-ci. Et ce fut alors qu'Hermione fut stupéfaite.

Elle n'avait jamais encore vu d'étoiles comme celles-ci. Hermione était sûre et certaine d'être capable de reconnaître les étoiles de la Terre, où qu'elle fût sur le globe – elles étaient, après tout, plus ou moins les mêmes, que ce fût en Australie qu'en Grande-Bretagne. Celles-ci – celles-ci n'étaient rien comparées aux étoiles sur Terre. Elle n'arrivait pas à repérer l'étoile du Chien, ni l'Etoile polaire, ni même Mars elle n'arrivait pas à trouver aucune des constellations habituelles, ou quelque chose qui y ressembleraient. Et puis, ces étoiles étaient terriblement grosses – beaucoup plus grosses que celles sur Terre. En gros, Hermione n'était plus dans son propre monde.

Pendant un long moment, Hermione resta là, les yeux levés vers le ciel, sous le choc. Elle avait déjà voyagé dans le temps et l'espace mais elle n'avait jamais été témoin d'une magie assez puissante pour l'envoyer à ce qui semblait être à des galaxies de la sienne, à un endroit où les personnes plantaient des réverbères en plein milieu d'une forêt, pour éclairer les personnes qui dégringolaient d'une armoire alors qu'ils cherchaient d'autres volumes de Platon mis de côté.

Finalement, Hermione se dirigea vers un côté de la clairière et réussit à transformer un peu de parchemin de réserve en un édredon pour ensuite se pelotonner en-dessous, avec le livre qu'elle n'arrivait pas à lire, remerciant Merlin que sa magie continuait à fonctionner et résolue à explorer la forêt à la première lueur du jour. Elle se demanda un instant si elle devait installer ou non un campement provisoire, mais elle conclut finalement que ce n'était pas la peine elle souhaitait que n'importe qui venant de Poudlard la trouvât, et puis elle ne savait pas du tout s'il y avait des sorciers ici capables de retrouver sa trace.

Quand elle se réveilla, il y avait alors un gros oiseau noir qui la surveillait. « Bijour, » dit-il.

Hermione eut du mal à s'asseoir puis regarda l'oiseau. « Bonjour, » répondit-elle sur le même ton, prenant plus fermement sa baguette sous l'édredon.

« Une dispute avec vos gens, n'est-ce pas ? » demanda l'oiseau, inclinant sa tête d'un côté. « Rien de honteux à cela, rien de honteux à cela. »

Hermione, qui n'avait pas parlé à ses parents depuis qu'elle leur avait restaurés leurs souvenirs, cligna des yeux. « Je ne me suis disputée avec personne, » dit-t-elle prudemment. « Pourquoi donc pensez-vous cela ? »

« Oh, ça se passe toujours ainsi quand de jeunes filles dorment à la Lande du Réverbère, » déclara l'oiseau avec autorité. « Toujours des problèmes avec les garçons, c'est ainsi. Non pour vous offenser, vous savez, mais vous les humains vous porteriez mieux si vous agissez comme nous les oiseaux, et donc si vous vous enfuyiez du nid dès que vous seriez capables de manger par vous-même. Rien de honteux à cela, » il – puisque sa voix était nettement masculine – répéta. « Ces choses arrivent parfois. Pourquoi donc ne quittez-vous pas la maison, et dîtes à vos maman et papa que vous êtes assez grande pour choisir votre propre partenaire ? »

Hermione passa l'édredon sur ses épaules. « Je n'étais nullement en train de me disputer avec personne, » dit-elle encore une fois, « et de toute manière, je ne peux pas m'enfuir de la maison justement je ne sais pas comment je suis arrivée ici. » Elle réfléchit un moment, et puis – puisque n'importe lequel oiseau parlant devait être magique – elle ajouta, « Connaissez-vous quelqu'un qui pourrait m'aider à rentrer chez moi ? J'étais juste là, puis j'ai traversé une armoire et je me suis retrouvée ici. »

Les yeux de l'oiseau s'agrandirent. « Ooh, » dit-il simplement, avant d'ajouter – « mieux vaut alors demander à Cair Paravel, oui, cela vaut mieux. Leurs Majestés sauront quoi faire, vous pouvez compter là-dessus. Ou sinon, ils sauront à qui demander, bien entendu. »

« Où dois-je aller ? » demanda Hermione.

« Prenez la direction de l'Est, tout simplement, » déclara l'oiseau, agitant ses plumes. « A l'Est, tout comme les oiseaux – vous le saurez lorsque vous sentirez la brise salée. »

Hermione hocha et se leva, pliant l'édredon. « Merci, » dit-elle.

« De rien, de rien, ravi de vous aider, » répondit l'oiseau. « Vous dîtes juste aux oiseaux que vous rencontrez que - » puis il s'interrompit. La baguette d'Hermione avait glissé de ses doigts et était tombée à terre. « Qu'est-ce que c'est ? »

« Quoi donc ? » demanda Hermione, réalisant trop tard qu'il savait exactement ce qu'était donc l'objet. Elle se pencha pour la ramasser, mais l'oiseau fut plus rapide qu'elle en un instant, il l'avait saisie de son bec puis s'était envolé au sommet d'un arbre. « Allez, » dit-elle, « rendez-la moi ! »

Il sortit la baguette de son bec par une de ses griffes et secoua la tête. Ses yeux noirs en forme de perle s'étaient tournés vers elle. « C'est une baguette, aucun doute, » déclara-il. « Nous ne voulons plus de sorcières dans ces contrées, non nous ne voulons pas. Plus jamais de centaines d'années d'hiver et plus jamais de bêtes transformées en pierre. »

La bouche d'Hermione s'ouvrit. « Je n'ai jamais transformé quiconque en pierre ! » s'exclama-t-elle. « Et – que voulez-vous dire, vous ne voulez plus de sorcières ? »

Mais l'oiseau avait cessé de l'écouter. « Sorcière ! » hurlait-il alors. « Sorcière ! Sorcière ! » En un instant, la clairière fut remplie de bêtes et d'oiseaux de toutes sortes – et même quelques créatures qui n'étaient pas là à l'accoutumée. Hermione vit plusieurs belles femmes, étonnamment grandes et semblables à des feuilles pour les humains, et plusieurs créatures qui ressemblaient à des faunes. Hermione tint et croisa les bras, essayant de paraître à la fois impressionnante et inoffensive. Sans sa baguette, elle se sentait vulnérable et trop de portée en cas d'attaque, et la foule tout autour d'elle s'était transformée rapidement en une inquisition. Elle sentit son estomac se contracter alors qu'elle se souvenait les histoires de sorcières traînées au centre des villes pour y être brûlées – sans sa baguette, Hermione serait incapable de jeter un Sortilège d'Immobilisation, et puis elle mourrait.

« Tuez-la ! » hurlèrent en chœur plusieurs voix. « Tuez la sorcière ! »

« Sa baguette ! » hurlèrent d'autres voix. « Cassez sa baguette ! »

« Silence ! » hurla finalement une autre voix – un grand corbeau, ce qu'Hermione réalisa après un moment passé à tendre sa tête. « La sorcière doit être amenée à Cair Paravel, sa baguette avec le Grand Roi doit décider de son sort, » déclara-t-il, puis à Hermione : « Je suis Sallowpad et je sers Leurs Majestés. Si vous restez pacifique, nous ne vous ferons aucun mal. »

Hermione hocha durement. « Très bien, » dit-elle, ne voyant aucune autre issue au pétrin dans lequel elle était, « Je ne riposterai pas. Vous avez ma parole. »

« Très bien, » dit Sallowpad, puis éleva sa voix : « Est-ce que quelqu'un pourrait apporter un cheval, que nous puissions la mener là-bas le plus vite possible ? »

Plusieurs minutes passèrent avant qu'un – était-ce un nain ? – apparut, tenant au bout d'une laisse un poney corpulent. Hermione autorisa d'être mise sur le cheval par un géant (il semblait ne pas être plus intelligent que la plupart, mais assez gentil), et le groupe se mit en route. Il y avait toutes sortes d'animaux à quatre pattes, qui se disputaient en route et en tête, menant le groupe, se trouvait Sallowpad, le grand corbeau. Il était un compagnon bien chevaleresque, Hermione devait se l'avouer : il retournait assez souvent auprès d'elle pour la rassurer sur le fait que personne ne lui fera de mal sans cause apparente que le Grand Roi sera juste, elle devra sûrement choisir de casser sa baguette pour vivre, rachetée de ses fautes. Hermione essayait de sourire mais il n'y avait rien de rassurant à casser sa baguette en deux.

Le voyage jusqu'à Cair Paravel prit une journée entière et un peu plus de la suivante. Hermione fut traitée avec bienveillance, mais elle ne fut pas autorisée d'aller quelque part sans escorte. Elle ne dit rien, mais cela lui était déconcertant le fait qu'ils ressentaient le besoin d'une constante surveillance sur elle – une simple fille, même si elle était une sorcière, mais une sorcière sans baguette après tout.

Le château de Cair Paravel était sur la côte, donnant sur la mer. Hermione fut menée vers le portail puis jusqu'à une antichambre déserte. Elle était assez calme pour remarquer que les murs étaient décorés de somptueuses tapisseries – la plupart d'entre elles représentant un lion – et que le sol était carrelé. Elle gigota nerveusement. Remarquant sa gêne, Sallowpad lui dit gentiment. « Si vous n'avez rien fait de mal et que vous êtes disposée à vous séparer de votre baguette, vous n'avez rien à craindre. »

« D'accord, » répondit faiblement Hermione, alors qu'une petite porte s'ouvrit et qu'un faune annonçait, « Leurs Majestés vous invitent à venir ! »

Elle fut menée – gentiment mais assez fermement – à la porte puis à une salle de trône assez lumineuse. Quatre personnes étaient alors assises sur quatre trônes, et Hermione suivit les indications de Sallowpad, faisant une révérence maladroite.

« Vous pouvez vous relever, » dit alors un des hommes, et Hermione se tint de nouveau debout celui qui avait parlé était assis sur le plus grand des trônes, et devait être, elle supposa, le Grand Roi. Elle se demanda si les trois autres étaient sa femme et ses enfants – mais ils semblaient tous avoir des âges assez rapprochés pour l'être. « Qu'avez-vous trouvé, Sallowpad ? » demanda le Grand Roi.

« Cette femme, Votre Majesté, » répondit Sallowpad. « Elle fut découverte dans la Lande du Réverbère, avec une baguette magique elle est une sorcière, elle ne le nit nullement. Elle prétend ne pas savoir d'où elle vient. »

« Est-ce vrai ? » demanda le plus jeune roi (prince ?), bougeant légèrement.

« Oui, Votre Majesté, » répondit honnêtement Hermione. « Je suis une sorcière, je possède en effet une baguette, et je ne sais pas comment je suis arrivée ici – bien que je sache d'où je viens. Je viens d'un endroit que l'on appelle Ecosse. »

« Comment vous êtes-vous retrouvée ici ? » demanda le plus jeune des quatre, en l'occurrence une fille qui ne devait même pas avoir l'âge d'Hermione.

« Je suis venue par l'intermédiaire d'une armoire, » dit gauchement Hermione. « Et je suis arrivée ici. »

« Ah, » lâchèrent plusieurs voix en même temps.

« Elle pourrait sûrement mentir, Votre Majesté, » remarqua quelqu'un d'autre – un des faunes, d'après ce que vit Hermione. « C'est une histoire assez bien connue. »

« Cela ne serait point juste de punir un innocent, » ajouta le plus jeune roi.

« Cela est vrai, » dit finalement le Grand Roi, « mais nous ne pouvons non plus autoriser une sorcière régner librement. Sorcière » - ceci à l'intention d'Hermione – « nous ne pouvons savoir comment vous êtes venue ici, ni pourquoi mais nous ne pouvons vous faire de mal. Cependant votre baguette doit vous être prise et détruite. »

« Non ! » cria Hermione, et un murmure assez bas passa à travers la salle. « Attendez, ne-ne la cassez pas. Je-ma baguette est une partie de moi, » expliqua-t-elle désespérément, « elle m'a choisie. Enfermez-la à clé si vous le voulez, je ne peux faire de magie sans, mais ne la cassez-pas. »

Le Grand Roi échangea un long regard avec les trois autres, puis finalement hocha de la tête. « Très bien. Vous resterez auprès de nous à Cair Paravel, dans des salles appropriées à votre condition, et votre baguette sera gardée sous les verrous, sous peine de mort. Nous faisons cela, sorcière, car Aslan désire que nous soyons miséricordieux en toute manière, et aussi car vous n'aviez fait de mal à personne. »

« Je, euh, merci, Votre Majesté, » parvint à dire Hermione. Elle se sentait nue sans sa baguette, complètement vulnérable. Mais au moins, elle ne sera pas cassée, et il y avait toujours une chance que lorsqu'ils arriveront à comprendre à quel point elle ne se faisait pas à ce monde-là, ils lui redonneront sa baguette et la laisseront repartir.

« Maintenant, » dit alors la plus âgée des deux femmes, « Vous ne nous aviez point dit votre nom. » C'était la première fois qu'elle parlait, et sa voix était aussi douce que le chant d'un oiseau.

« Hermione » répondit la concernée.

« Eh bien, Hermione, Alambil va vous conduire jusqu'à vos appartements et vous aidez à vous habiller plus confortablement. » Cela semblait être un renvoi, donc Hermione fit de nouveau une révérence et se retourna, cherchant Alambil, ne sachant nullement qui était-ce.

Alambil se trouva être une grande et svelte fille venant d'un endroit appelé Archenland, qui était un pays au sud de Narnia, le pays où elle se trouvait à présent. Alambil expliqua gaiement, lorsqu'elles eurent quitté la salle du trône, que Narnia était régi par quatre monarques – le Grand Roi Peter et ses frère et sœurs : Reine Susan, Roi Edmund et Reine Lucy. Ils venaient tous d'un endroit appeléChambre d'Ami, par l'intermédiaire d'une armoire, et ils vainquirent le souverain de Narnia avant eux, une Impératrice, Jadis. Ils étaient les plus gentils et les plus justes de tous les souverains, ce qu'empressa d'ajouter Alambil, et comme la Cour Narnienne n'était pas particulièrement friande de cérémonies, Hermione sera probablement amenée à mieux les connaître (Alambil, en tant qu'une des dames d'honneur de la Reine Susan, pouvait se porter garante sur cet attrait de leur personnalité). « Bien que vous soyez une invitée » lui rappela Alambil. « Et je ne pense pas que vous soyez une sorcière foncièrement mauvaise, même si je n'ai jamais entendu de bien d'elles. »

« D'où je viens, » confit Hermione, « les sorcières peuvent être bonnes ou mauvaises, comme n'importe qui d'autre. »

« Cela ne s'est jamais passé ainsi ici, » fut tout ce qu'ajouta Alambil, puis elle tourna habilement la conversation sur des sujets à part – sur le plan du château, sur les deux chambres d'Hermione, sur ses robes (car apparemment, elle se devait d'être habillée dans le style Narnien). Elle était sympathique, et puisque Hermione était toujours un peu incertaine sur la sûreté de sa place dans ce monde, elle ne s'attarda pas sur la question mais autorisa simplement Alambil à l'habiller pour le banquet alors que cette dernière lui expliquait les convenances de la Cour et comment trouver le Grand Hall.

Au banquet, Hermione se retrouva assise à côté du Roi Edmund, qui la jaugea gentiment et lui pria, après le toast, de lui raconter encore une fois comment elle était parvenue à Narnia. « Et vous n'aviez nullement l'intention de venir à Narnia ? » demanda-t-il après qu'elle eût fini.

« Non, » répondit Hermione. « Mais c'est-c'est ainsi que vous y êtes arrivés aussi, n'est-ce pas ? Par l'armoire, je veux dire. »

« Oui, » lui confirma le Roi Edmund. « Comme vous, mon frère, mes sœurs et moi venions d'un autre monde par l'intermédiaire d'une armoire, dans une chambre à l'écart de la maison d'un vieil et aimable homme, qui nous a recueilli durant la guerre – malgré que nous étions alors que des enfants, » il ajouta, comme pour lui assurer que le Roi Edmund et le Roi Peter (et peut-être même les deux reines, si cela se pouvait) n'auraient jamais fui le combat, en n'importe laquelle circonstance.

« Oh, » lâcha simplement Hermione, se demandant d'où et de quand venaient-ils – pas d'Ecosse, ou du moins l'Ecosse de son époque il n'y avait pas de guerre dans la sienne. Ensuite. « Comment la magie marche-t-elle ici ? »

« Nous n'en savons pas plus que vous, » expliqua-t-il. « En cette matière, tout est régi par Aslan. »

Hermione nota mentalement de demander auprès d'Alambil qui était donc Aslan. « Et vous… êtes venus ici, et avez vaincu la femme qui régnait alors sur Narnia ? »

Le roi la considéra pensivement. « Vous devriez être plus précise à propos de ce que vous considérez comme 'femme', ma dame. Jadis n'était nullement humaine. »

« C'est juste Hermione, » précisa distraitement Hermione, puis décida de changer de sujet. « Qui sont donc les autres personnes à table ? » demanda-t-elle alors – bien qu'elle eût dit 'personnes', peut-être seulement un tiers était en fait humain il y avait des faunes et des centaures, des nains et l'étrange semblable aux arbres Alambil appelée hamadryade, et toutes sorte d'autres animaux.

Peut-être que le Roi Edmund était l'aîné d'Hermione d'un an, en tout cas elle se trouva l'apprécier beaucoup il était franc et chevaleresque, et lui parlait toujours aussi aimablement (même si elle le suspectait de quand même penser qu'elle était aussi foncièrement mauvaise que la sorcière qu'il avait devancée). C'était seulement lorsque son attention était requise par l'un des autres seigneurs de la table d'honneur qu'elle put laisser son regard vagabonder sur le Grand Hall. La pièce était immense, avec un plafond voûté et des fenêtres donnant sur la mer. Le sol était carrelé de plusieurs couleurs – rouge, jaune, orange – et les murs était couverts de somptueuses tapisseries. Plus de la moitié d'entre elles représentaient un lion sous plusieurs formes. Sur l'estrade y siégeait une longue table avec quatre trônes derrière. Le plus grand d'entre eux avait un grand lion sur le dossier (Hermione se demandait si c'était une sorte de symbole, ou si les Narniens aimaient simplement les lions), et c'était sur celui-ci qu'était assis le Grand Roi.

Depuis qu'elle les savait quatre monarques, Hermione leur attribua à chacun une étiquette au premier coup d'œil, comme elle l'aurait fait pour n'importe lequel groupe de quatre. Cette tâche ne fut pas difficile le Grand Roi était sans aucun doute un Gryffondor, rien que par le lion gravé sur son trône. Son frère, qui était plus calme et semblait un peu mystérieux, était un Serpentard, et les filles qui restaient – la belle Reine Susan à Serdaigle, la Reine Lucy, qui n'avait cessé de sourire tout le long du banquet, était la Poufsouffle du groupe. Pour diverses raisons, cela rassura Hermione, la rapprochant plus de la maison, et elle entama le prochain plat servi avec plus d'appétit. Un moment, elle s'accorda une pensée à Ron et à Harry – comment réagiraient-ils quand elle sera portée disparue ? En particulier Ron, qui avait une fois fait face à toute une tanière d'araignées géantes pour la sauver et qui voulait à présent se marier avec elle.

Ron lui manquait. Au moins, Harry irait bien – il trouverait le moyen de punir Drago mais il n'y avait aucun danger tant qu'il fouillait dans Poudlard pour la chercher. C'était plutôt Ron qui serait debout toute la nuit, en train de s'inquiéter pour elle. Après un moment, Hermione reposa sa fourchette et but une petite gorgée de vin à la place. Elle n'allait pas pleurer elle allait se renseigner sur la personne d'Aslan, et elle allait trouver un moyen de rentrer à la maison. Et même si le Roi Peter ne lui redonnerait pas sa baguette… eh bien, Hermione avait déjà fonctionné sans la sienne une fois, lorsque les Mangemorts l'avaient prise. Elle s'en sortira.

Les semaines suivantes, Hermione commença à se faire à son nouvel environnement. Avec entrain, Alambil lui avait tout expliquée à propos d'Aslan, le grand Lion, mais elle avait aussi ajouté que personne ne savait quand comptait-il revenir (« Ce n'est pas comme s'il est un lion apprivoisé, vous savez, ou du moins c'est ce que dit le Seigneur Castor, » expliqua-t-elle), et donc Hermione se pencha sur des recherches à ce propos à la bibliothèque de Cair Paravel. C'était plus vaste qu'elle n'avait osé espérer, mais ce n'était même pas la moitié de sa propre collection.

Quand il sut quelles étaient ses intentions, le Roi Edmund lui proposa son aide pour trouver les meilleurs livres sur le sujet. Curieusement, il était détendu en sa présence, laissant tomber les formules de politesse et de vouvoiement et ne la grondant pas les quelques fois où elle se trompait et l'appelait Edmund, au lieu de Votre Majesté. Il était même curieux à propos de sa vie avant Narnia, son école pour sorciers et sorcières et ses aventures là-bas. Les Narniens l'appelaient Roi Edmund le Juste, et Hermione commençait à comprendre pourquoi : il était poli, curieux et juste, et il semblait retenir tout de ce qu'il apprenait des autres cultures et autres endroits. « Serdaigle, » prononça-elle distraitement une après-midi, alors qu'ils se trouvaient dans la cour du château et qu'ils lisaient (encore) le seul livre de toute la bibliothèque qui parlait de magie.

« Je te demande pardon ? » demanda Edmund, et Hermione rigola nerveusement.

« Serdaigle, » répéta-t-elle. « C'est juste – mon école était divisée en quatre maisons, et cela me parait maintenant évident que vous seriez un Serdaigle si vous y aviez été. Au début, j'avais pensé à Serpentard. »

Le Roi Edmund rigola à son tour. « Etais-tu à Serdaigle ? »

« A deux doigts de l'être, » lui répondit Hermione. « Mais je me suis retrouvée à Gryffondor. »

Le Roi Edmund rigola de nouveau et cela ne dérangea presque pas Hermione qu'ils n'eurent pas encore trouvé de moyen pour retrouver l'armoire Narnia était beaucoup plus merveilleux que sa maison, et de plus en plus, Alambil et Edmund se révélaient être ses amis. Et puis quelques semaines en plus ne faisaient certainement pas une grande différence, alors qu'elle était déjà partie depuis si longtemps ?