Hello ! Voici ma nouvelle fiction, j'espère qu'elle va vous plaire :) Le titre est tiré du film de Franck Capra. Univers à JK Rowling.
Bonne lecture !
La vie est belle
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- Comment va-t-elle aujourd'hui ?
- Pareil qu'hier, Monsieur. Elle est consciente, mais ne semble pas faire preuve d'une grande volonté de vivre. Elle ne parle pas, ne remue pas, ne pleure pas. C'est comme si elle était morte de l'intérieur, coincée dans une espèce de corps qui l'empêche de partir et dont elle veut se débarrasser.
- Elle s'est remise à manger, quand même ?
- Non... C'est toujours les perfusions qui la nourrissent. Vous savez, elle est très pâle.
- Je sais.
- Je suis sûre que voir un ami serait un premier pas vers la guérison.
- Je ne suis pas son ami.
- Mais pourquoi venez-vous tous les jours depuis son hospitalisation, alors ?
- A-t-on retrouvé l'auteur de l'accident ? demande l'homme sans répondre.
- Toujours pas. C'est une honte, Monsieur ! Cela n'aurait jamais du arriver. Pas à elle, après tout ce qu'elle a enduré auprès de Mrs Potter et Weasley dans leur combat contre Voldemort.
- Ce qui lui est arrivé était un accident. Un accident.
- On l'a percuté alors qu'elle volait haut dans le ciel ! Sans les branches qui ont amorti sa chute, elle était morte ! Et celui qui l'a faite tomber ne s'est même pas arrêté pour la secourir !
- Peut-être qu'il n'a pas pu.
- Ne le défendez pas ! J'espère que ce... ce... connard sera jeté en prison bientôt ! s'échauffe l'infirmière.
- Bien sûr, je le souhaite aussi... répond l'homme sans conviction. J'ai été ravi de discuter avec vous, mais il se fait tard. Je reviendrais demain.
- A dix-huit heures ?
- Oui, comme d'habitude, après ma journée de travail. Ne lui dite pas que je suis passée.
- Je ne vous comprendrais jamais, soupire l'infirmière. Mais c'est d'accord.
- Ne dites pas ça, peut-être un jour saurez-vous. Bien que je doute que vous compreniez mes raisons. Et pas un mot non plus à Potter et Weasley !
- Oui, oui. Parce qu'ils ne vous aiment pas et chercheraient à vous empêcher de voir Miss Granger, je sais. Mais tout de même, c'est absurde, puisque vous prenez soin d'elle !
L'homme balaie ses remarques d'un geste agacé de la main.
- Et avec le rôle qu'a joué votre mère dans le dénouement heureux de la guerre, comment pourraient-ils encore vous haïr ! insiste la femme.
- J'ai mes raisons. Tenez, vous déposerez ça sur sa table de chevet.
Il lui fourre une petite boîte dans les mains, fait volte-face et part de l'hôpital à grands pas. Il a besoin d'air, vite, comme a chaque fois qu'il vient ici.
L'infirmière, elle, se laisse tomber sur sa chaise et tente de se souvenir pourquoi elle fait ce mêtier ingrat. Pour sauver des gens Bérénice. Voilà, c'est cela. Sauver les pauvres hères qui échouent à Sainte Mangouste. Un peu de courage, ma fille. Remue-toi ! Elle se relève, remet en place son badge et traverse son service jusqu'à la chambre 59. Elle plaque un sourire sur son visage fatigué et toque deux petits coups avant d'entrer.
Miss Granger n'a pas bougé depuis ce matin : elle regarde obstinément la fenêtre.
Seule la première fois où Bérénice lui a rapporté un cadeau de l'homme, elle a bougé la tête. Depuis, plus rien ne parvient à la faire réagir.
L'infirmière se sent désabusée, lasse. De nouveau, elle a oublié pourquoi elle travaille ici, cette jeune fille lui file le cafard, parce qu'elle la fait se sentir tellement inutile. Néanmoins, elle s'exclame :
- Re-bonjour, Miss ! Votre admirateur vous a apporté un cadeau ! Je vais vous l'ouvrir.
Elle défait le paquet d'un geste qu'elle veut sûr, et dévoile une miniature du château de Poudlard. Sans commenter, elle la pose à côté des quinze autres. Puis elle change la perfusion de sa patiente, remonte ses oreillers et demande :
- Avez-vous besoin de quelque chose, mademoiselle ? Étant donné que vos pansements ont été changés hier, le prochain soin aura lieu dans deux jours. Je sais que vous ne pouvez toujours pas bouger vos jambes, mais ce n'est que temporaire. Les médecins vont trouver une solution. Je vais remplir le verre d'eau à votre droite, sur votre petit meuble. C'est heureux que votre bras droit n'est rien eu, sinon vous seriez condamnée à ne rien boire !
Le rire forcé de l'infirmière meurt dans sa gorge. Que le ciel lui vienne en aide !
- Miss Granger, je vous en prie, dites quelque chose. N'importe quoi !
La blessée hésite, un imperceptible tressaillement dans sa mâchoire fait espérer l'infirmière, mais elle ne bouge pas plus.
- Merlin, mais que va-t-on faire ! Je vous laisse, Miss Granger. Ayez pitié, essayez de vous reprendre.
L'infirmière sort de la chambre en soupirant, et referme la porte comme on quitte une tombe.
Y a plus d'espoir.
Un orage éclate dans les yeux sombres de Hermione Granger. Elle mettra les dieux à genoux, elle en fait le serment. Quitte à basculer irrémédiablement dans la folie, elle fera payer le monde pour ce qu'il lui arrive. Les lèvres sèches de la jeune femme articulent un mot.
Vengeance.
Puis elle redevient inexpressive, et la fenêtre capte de nouveau toute son attention. De là où elle est, elle peut voir un immense chêne, des oiseaux qui volètent de branches en branches, et le ciel bleu peuplé de nuages ronds et duveteux. Elle pense que les dieux peuvent la voir, en se penchant au-dessus du soleil. Ils la narguent, c'est sûr.
Alors elle ferme les paupières, en priant pour que quelqu'un vienne la sauver.
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- Bonjour ! Comment allez-vous Miss Granger ? Je suis votre nouvelle infirmière !
Une blonde pétillante de vingt-cinq ans déboule comme une tornade dans la chambre d'Hermione, déjà réveillée depuis une heure. Elle a failli bouger, tant elle est étonnée de ne pas entendre la voix de Bérénice, son infirmière habituelle.
- Je m'appelle Scarlett, je remplace Bérénice qui a changé de service. Je suis si contente de vous rencontrer enfin ! J'ai tant entendu parler de vous, et de vos exploits ! Vous êtes une figure du féminisme sorcier, mademoiselle ! Beaucoup rêvent de vous parler comme je le fais maintenant ! Il paraît que Mr Potter a beaucoup de charme... est-ce vrai ?
Un très, très léger sourire étire les coins de la bouche d'Hermione.
- Oh, quelle chance vous avez qu'il soit votre ami ! Pourriez-vous me le présenter un jour ? Oh, je suis toute excitée ! Quand je vais dire ça à mes copines ! Je soigne la meilleure amie de notre héros national ! Ok, calme-toi Scarlett. Je vais changer vos perfusions, aujourd'hui c'est soupe à la tomate. Ne le prenez pas mal, mais ça a l'air dégueulasse. Bien qu'on m'ait dit que vous ne vouliez pas manger, je vous ai quand même apporté un petit pain tout chaud que j'ai acheté ce matin à la boulangerie du quartier. Ils sont délicieux !
Les yeux d'Hermione se voilent de larmes. Cela lui fait tellement de bien qu'on lui parle comme si de rien n'était !
- Bien, je le pose à côté de votre verre d'eau, je dois aller m'occuper des autres patients, mais j'ai déjà hâte de revenir pour discuter avec vous ! A ce midi Miss Granger.
Le parfum de muguet de Scarlett flotte un moment encore après son départ, et la jeune femme s'autorise à sourire. Elle se sent mieux. Sa main se tend vers la brioche sans qu'elle réfléchisse, et elle la porte à sa bouche. La première bouchée lui fait presque mal, tant sa bouche est sèche. La seconde lui laisse un goût de bonheur et la troisième la fait pleurer à chaudes larmes. Lorsqu'il ne reste plus une miette du petit pain, elle serre son bras contre elle et se répète que la vie est belle.
N'oublie pas : y a que les morts qui n'ont pas droit à une seconde chance.
Hermione Granger attend la visite de ses amis avec impatience. Elle ne le montre pas, mais elle veut les voir chaque jour comme si c'était la dernière fois. Et puis, elle a une chose a demander à Harry. Une chose qui ne lui plaira pas.
- Mione !
Ils sont là, pense-t-elle en souriant intérieurement.
- Comment ça va today ma grande malade ? demande Harry.
- Avoue que tu fais exprès d'être encore souffrante pour qu'on s'occupe de toi, ajoute Ron en éclatant de rire.
Ils déposent des gros baisers sur ses joues pâles.
- Il paraît que tu as une nouvelle infirmière ! Est-ce qu'elle est mieux que l'autre ? Je l'ai toujours trouvée un peu dépressive, moi, cette Bérénice. Je sais pas comment t'as pu la supporter pendant presque un mois, Mione.
Elle leur fait un petit sourire et lève les yeux au plafond.
- Tu ne parles toujours pas ? marmonne Ron, déçu. Je voulais savoir la définition d'un mot : c'est périscope. Tu la connais ?
Les lèvres de Granger brûlent tellement elle voudrait la dire, mais elle se retient à temps et lève deux doigts en forme de cercle à son oeil.
- Une loupe ?
L'ex-Gryffondor secoue la tête.
- Une longue-vue ?
- Des lunettes ? tente Harry.
- Euh... un truc pour voir ?
Elle acquiesce.
- Ah, j'en étais sûr !
Elle plonge un doigt dans son verre d'eau.
- Oh ! Un truc pour voir sous l'eau ! Prodigieux Mione !
Ce n'est pas tout à fait ça, songe Hermione, mais tant pis.
- Bon, bon, bon... Harry t'a-t-il dit qu'il était accepté à l'école de journalisme ?
Elle manque s'étrangler. C'est quoi ces conneries ? Son meilleur ami, qui déteste les journalistes, veut en être un ? Elle se mord les lèvres pour continuer à se taire.
- Ca n'a pas marché, Ron.
Ils ont l'air déçus.
- On voulait te faire un choc pour que tu parles, Mione. Juste un mot. Un mot pour maman, un mot pour papa, un mot pour Ron, un mot pour Ginny, un mot pour Harry...
Hermione sourit, mais secoue la tête. Elle ne veut pas parler, pas encore.
- Bon, Mione, je vais au Ministère et Ron au Magenmagot, on repasse demain matin. On t'aime, bisous.
Les garçons l'embrassent rapidement et s'échappent en courant, ils vont être en retard à leur première heure.
Hermione soupire, se rabroue parce qu'elle n'a pas eu le cran de poser LA question à Harry et se prépare à s'ennuyer et broyer du noir toute la journée.
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- Mais... où est l'infirmière habituelle de Miss Granger ?
- Bonjour Monsieur ! Et bien, elle a changé de service. ça devenait trop dur pour elle, je crois. Vous venez voir Hermione ?
- C'est Granger, je crois, coupe l'homme d'un ton glacial. Comment va-t-elle ?
- Et bien, elle est dans le même mutisme inquiétant que depuis son réveil. Au niveau de sa santé, les médecins ne savent pas si elle pourra un jour remarcher, et le fait qu'elle refuse de manger normalement la fait un peu plus maigrir chaque jour. Mais pourquoi n'iriez-vous pas lui dire bonjour ? Elle serait ravie !
- Je ne pense pas, non. J'espère que l'ancienne infirmière vous a dit que je viens tout les jours apporter un cadeau à Miss Granger que vous êtes supposée déposer sur sa table de chevet, qu'elle ne doit pas savoir que c'est de ma part et que Mrs Potter et Weasley n'ont pas besoin d'être au courant de tout ça.
Il lui tend un paquet qu'elle refuse de prendre.
- Portez-lui vous même espèce de gros malin !
Elle pirouette, tire la langue et s'enfuit dans le couloir. L'homme est outré. Mais quelle bitch !
Il est embêté, du coup. Qui va porter son paquet à Granger ? Il pourrait se donner comme excuse de ne pas connaître le numéro de sa chambre, mais il sait que c'est la 59.
Hésitant, il s'engage dans le couloir et compte les chambres. 51, 52, 53, 54, 55, 56, 57, 58... Il peine à franchir les cinq mètres le séparant de Granger. Et puis finalement, il sa lance. Chambre 59.
Elle est là, bien sûr. Il devrait savoir qu'elle n'est pas en forme, mais sa pâleur le surprend. Le drap de son lit est remonté jusqu'à ses épaules et des perfusions sont accrochées à ses bras, dont l'un est plâtré. Son visage est tourné vers la fenêtre, il ne la voit pas.
- Granger ?
Elle sursaute violemment, et il laisse un rictus fleurir sur ses lèvres fines.
- Parait que tu n'es pas en forme. Je confirme.
Il se trouve pitoyable. Si son père le voyait !
- J'ai eu vent de ton accident. Je me suis dit que je pourrais passer te voir, ce serait une bonne occasion de me moquer de toi sans que tu me répondes. Pourquoi tu ne parles plus ?
Elle ne répond pas. Elle ferme les yeux, fort.
- Je ne partirais pas tant que tu n'auras pas dit un mot, Granger. Et je peux être très patient.
Là, il bluffe, parce que son père va le tuer si il arrive en retard au boulot. Il regarde sa montre : il lui reste un quart d'heure à tout casser.
- Je vois que tu n'es pas gâtée, ta chambre est vraiment minable. Ton lit est minuscule ! Et la peinture sur les murs est écaillée.
Il se lève et se dirige vers la salle de bain.
- Mais c'est rabougri ! Il n'y a même pas de place pour un gobelin !
Il tire sur la sonnette à côté du lit d'Hermione, et quelques secondes plus tard une infirmière arrive.
- Qu'est-ce que c'est que cette manière de recevoir vos patients ? C'est une honte ! Cette chambre est pourrie, et je refuse de venir rendre visite dans ce taudis ! On ne peut même pas s'asseoir ! Trouvez autre chose, tout de suite !
- Monsieur, nous sommes dans un hôpital, il n'y a pas de première classe ici !
- Bien sûr que si ! Mon père a séjourné une fois à Sainte Mangouste et sa chambre était différente ! Vous vous rendez compte si je dois patienter ici jusqu'à ce qu'elle parle et que je ne peux même pas m'asseoir confortablement ?
- Il faudra mettre le prix, Monsieur.
- Combien ?
- Deux cent gallions pour un mois.
- Vous les aurez dans le courant de l'après-midi. Je veux que quand je reviens demain, Granger ait emménagé à l'étage. Et prenez une chambre avec une belle vue.
- Bien, Monsieur.
- Et amenez-lui de quoi manger, par Merlin, elle va finir anorexique et ça me répugne !
- Bien, Monsieur.
- Vous pouvez partir.
Après avoir congédié l'infirmière, l'homme s'intéresse de nouveau à la malade.
- Bon, Granger, parle !
Il remarque l'air troublé, en colère, stupéfait, hargneux, agacé et très, très légèrement satisfait d'Hermione.
- T'étouffes pas, Granger. Quoique, ça m'éviterait d'avoir à dépenser 200 gallions.
Il sourit, narquois, et s'assoit à l'extrémité de son lit.
- Pauvre, pauvre Granger qui va louper sa dernière année pour être professeur en runes anciennes... Est-ce que tu as mal ?
Là, elle a vraiment du mal à se taire parce qu'elle crève d'envie de l'envoyer bouler.
- Pfouuuuu... T'es chiante ! Le temps où tu étais Miss-Je-Sais-Tout et que tu la ramenais sans cesse me manquerait presque !
Mais que me veut ce serpentard, à la fin ?
- Ta gueule, Malefoy ! Pourquoi es-tu là ?
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Alors ? Qu'en pensez-vous ? Que vous inspire ce subit intérêt de Malefoy pour Hermione ? Quelle est son motif ?
Bonne journée, Tulus :)
