Note :Cette histoire est une séquelle à "Happy Ending" mais peut presque être lue toute seule...

Léger UA où Sam a fermé les portes de l'Enfer, et Castiel a été éjecté du Paradis en punition de ses crimes passé. En revanche Metatron n'apparait pas dans cet univers.

Alpha

Le soleil se levait sur le Kansas, l'aube était grise, brumeuse et encore fraîche. Castiel savait que bientôt la chaleur étouffante de l'été et le vent brûlant lèveraient des colonnes de poussière entre le champs et la ferme et que le monde à portée de vue deviendrait flou et jaune. Pour l'instant, le soleil commençait à colorer le champ. Personne n'y avait rien planté et il n'y poussait que des fleurs sauvages. Il entendait vaguement le bourdonnement des abeilles tant tout était calme.

Il était perché sur le perron, ses orteils recourbés sur le bord de la marche en bois et buvait son café dans une tasse bleue marquée « Don't Blink » offerte par Charlie.

Il comprenait la référence mais ne la trouvait pas amusante. Il aimait bien la tasse quand même.

Bientôt, Jude se réveillerait et il devrait rentrer pour la faire petit déjeuner, lui donner son bain et éviter si possible que Dean ne l'assourdisse avec un morceau de Metallica. Il sourit en pensant à l'enfant qui l'avait appelé si fort quelque mois plus tôt qu'il avait par la suite littéralement refusé de la lâcher. Il l'avait sortie d'un entrepôt en flammes après que ses parents aient été tués par des vampires. La petite n'en gardait pas de souvenirs mais Castiel se préparait au jour où il faudrait le lui expliquer. Il ne l'attendait pas avec impatience et heureusement la gamine n'avait qu'un an tout au plus. Elle avait marché trois mois plus tôt coupant le souffle de Dean.

Sam avait ri.

« Tu sais, c'est normal, tout les bébés marchent ! Même toi t'as réussit! » s'était il moqué.

Castiel avait vu sur le visage de Dean les pensées et les émotions se succéder. Son amant s'en était tenu aux deux premières.

« La ferme Sammy ! Elle marche ! Elle marche ! Mon bébé est le bébé la plus awesome de la terre ! » Il avait prit leur fille dans ses bras en souriant comme un dément et était sorti de la pièce, des compliments plein la bouche et la petite ravie qui serrait ses petits bras autour de son cou. Castiel savait qu'il n'avait pas mentionné que le dernier bébé qui avait marché vers lui pour la première fois, ses petites jambes juste à moitié assurées sous lui, c'était Sam. Et que les circonstances étaient différentes alors, très différentes.

Désormais, les Winchester avaient une famille. Une famille très bizarre mais qui fonctionnait mieux que tout ce qu'ils avaient eut jusqu'ici.

Il sentit les bras de Dean entourer sa taille et la chaleur de son corps contre lui quand son amant posa le menton sur son épaule et un baiser sur sa joue.

« Hello Dean »

«Tu es debout affreusement tôt. » Constata le chasseur en étouffant un bâillement dans son cou. Il porta la tasse de Castiel à sa bouche pour en boire une gorgée. « Viens te recoucher. »

Castiel sourit.

« On a des choses à faire aujourd'hui. »

« Hum... Raison de plus pour se recoucher et les faire après. » Répliqua le chasseur en posant ses lèvres chauffées par le café sur le cou de son amant. Castiel soupira et vida sa tasse d'un trait , déposant hâtivement la tasse sur une desserte avant de le pousser vers le canapé.

Dean le regardait presque avec adoration tandis que l'ange s'installait entre ses jambes, laissant courir ses mains sur ses flancs, ses bras, ses épaules où le soleil de l'été avait développé toute une galaxie de taches de rousseur. Dean se débattit une seconde avec le t-shirt de Castiel pour le lui enlever, ébouriffant ses cheveux au passage et il ne put s'empêcher d'y passer les mains pour les emmêler encore plus. Si ça n'avait tenu qu'à lui, Castiel n'aurait jamais, jamais, mis un pied dehors bien coiffé. Il effleura du bout des doigts le flacon qui pendait autour du cou de l'ange au bout d'une chaîne d'argent. Il contenait la moitié de son âme, offerte en sacrifice pour racheter la grâce de Castiel. Une grâce que l'ange avait perdue pour lui. Presque à chaque fois qu'il la voyait s'activer sous ses doigts et projeter une douce lumière bleue, Dean avait le cœur serré. Le Castiel qu'il tenait dans ses bras était humain désormais. Désespérément humain puisqu'il refusait obstinément de récupérer la grâce que Dean lui avait offerte. Il la gardait enfermée dans ce flacon et s'en servait pour semer de petits miracles tout au long de leurs vies. Castiel l'attira à lui et l'embrassa doucement, le flacon pressé entre leurs deux torses. Les mains de Dean remontèrent le long de ses flancs, de son dos, jusqu'à ses omoplates où il effleura les cicatrices des ailes de l'ange. Castiel frémit mais ne tenta pas de le repousser. Il n'en avait pas toujours été ainsi et même maintenant, presque deux ans après sa disgrâce il y avait encore des jours où la pensée de ses ailes perdues lui était insupportable.

Il y avait encore des jours où le poids d'une vie humaine était trop pour lui. Ces jours là, il avait besoin de Dean presque autant que de respirer, besoin de l'entendre lui assurer que tout irait bien, qu'il serait là, qu'il ne l'abandonnerait pas.

Ce matin là n'était pas de ceux où Castiel trouvait la vie humaine trop difficile. Il était plutôt de la catégorie de ceux qui s'annonçaient particulièrement bien, les mains du chasseur étaient fraîches sur ses cicatrices, apaisant un peu la douleur constante de ses ailes qui semblaient n'avoir jamais cessé de brûler derrière lui.

Castiel étendit sa grâce autour d'eux, les enfermant dans un cocon de bien être où chacun pouvait presque sentir le plaisir de l'autre et continua d'embrasser son amant.

Parce qu'il y avait aussi des matins, ou être un humain était la meilleure chose qui soit arrivé à Castiel.

ù*ù*ù*ù*ù*ù*ù

Sam n'était pas amoureux d'Andy. Non . Mais il s'attachait peu à peu à cette fille qui l'avait abordé dans un bar un soir de Novembre. Il s'était habitué à son odeur de pomme et parfois, quand il dormait seul, elle lui manquait. Il s'était habitué à ce qu'elle lui ouvre la porte un crayon entre les lèvres, un stylo entre les doigts, des papiers plein les mains et … était ce un autre crayon qui retenait ses cheveux ? Elle savait combien de sucre il prenait dans son café et pourtant ils partageaient rarement leur petit déjeuner. Bien qu'ils ne dînent ou ne boivent presque jamais ensemble, il savait qu'elle détestait la tequila mais avait un goût prononcé pour le Whisky.

Il n'avait pas pu s'empêcher de mémoriser l'emploi du temps qu'elle avait affiché sur son frigo et avait l'intuition que s'il était là c'était parce qu'elle même était incapable de le retenir. Même sans l'intitulé de ses cours, il aurait deviné qu'elle étudiait la littérature anglo saxonne. Sans doute parce que partout dans son appartement et même sur le rebord de la baignoire, il y avait des livres, des recueils de poèmes, annotés, écornés, pleins de marque pages. Des romans dont les pages avaient parfois été tournées si vite qu'elles s'étaient déchirées par le milieu Les étagères étaient presque vides, la vraie place des livres semblait être de traîner n'importe ou dans l'appartement d'Andy. Et quand, parfois, le matin, elle se battait avec ses chaussettes, en retard pour un cour, et qu'elle demandait à personne où bordel avait-t-elle perdu son recueil de Yates, il le lui tendait sans un mot.

Parce que Sam s'était tellement habitué à la présence d'Andy dans sa vie qu'il savait où elle perdait ses livres. Et quand elle se mettait debout sur le canapé pour le remercier d'un baiser (dans cette configuration, c'était elle qui devait pencher la tête), il souriait et se sentait heureux.

Être heureux n'était pas vraiment une des choses auxquelles Sam était habitué. C'était sans doute pour ça qu'il saisissait tout les prétextes pour ne pas s'attacher à Andy. Sans doute pour cela qu'il débarquait chez elle tard le soir et partait tôt le matin désormais. Elle ouvrait la porte l'air ensommeillée, et le laissait entrer. Et chaque fois, il avait envie de demander pourquoi ? Pourquoi le laissait elle entrer dans sa vie et dans son lit en sachant qu'il serait parti avant presque qu'elle se réveille ?

Ce matin là, tandis que ses mains trouvaient leur position naturelle sur les hanches de sa partenaire, la question le frappa plus fort que d'habitude accompagnée d'un soupçon d'agacement.

« Pourquoi ? » demanda-t-il.

Elle était au dessus de lui et il faisait trop sombre pour qu'il fasse plus que deviner sa petite silhouette. Mais il la connaissait par cœur désormais, qu'il le veuille ou non. Il savait où ses cheveux châtain s'arrêtaient, juste au dessous de ses clavicules, il savait sans avoir besoin de les toucher là où les os saillaient sur ses épaules et la rondeur de ses bras musclés à force de porter des plateaux pleins de verres. Il connaissait la courbure peu naturelle de son poignet, le creux de ses reins et les vieilles cicatrices sur ses jambes. Il en avait déduit qu'elle avait été une enfant téméraire. Il n'avait plus besoin de lumière pour la voir, et il imaginait son air agacé et perplexe tandis qu'elle essayait de comprendre sa question.

« Pourquoi tu me laisses revenir ? » Clarifia-t-il.

« Oh tu veux dire... Pourquoi je t'ouvre mon lit alors que tu m'ignores depuis deux putain de semaines ? » Répondit elle d'un ton acide.

Il savait qu'elle le connaissait assez pour deviner qu'il hochait la tête, ou du moins s'en douter au bruit de ses cheveux frottant contre l'oreiller. Et il savait qu'elle allait éluder la question par un commentaire sarcastique.

« Parce que tu es un très bon coup, Winchester. »

Voilà. Commentaire sarcastique. Il soupira et remonta ses mains de ses hanches à ses seins, quitte à être un bon coup... Elle lui attrapa les poignets et les tint éloignés d'elle.

« Et parce que je veux que tu restes.» Dit elle doucement en se penchant sur lui pour l'embrasser, emprisonnant ses mains entre leurs deux corps.

« Pourquoi ? »

« Pourquoi tu reviens ? »

Il ne savait pas. Il ne dit rien.

Sam n'était pas amoureux d'Andy, il s'en empêchait de toute ses forces. Parce que son amour ne promettait que du malheur et des souffrances. Pourtant, il s'attachait à elle et aussi agréable que soit ce sentiment, cela lui faisait peur.

ù*ù*ù*ù***ù*ù*ù*ù

« Toi, moi, salle d'entraînement, maintenant ! » Dit Charlie en pointant Sam du doigt par la porte de la cuisine du bunker des hommes de lettre.

Il était dix heures du matin, Sam venait d'arriver de chez Andy, Dean, Castiel et Jude venaient d'arriver de leur ferme et manifestement, Charlie sortait d'une nuit blanche. Elle passait beaucoup de nuits blanches ces derniers temps.

Sam haussa les sourcils au dessus de son deuxième café de la journée et interrogea son frère du regard. Dean leva les mains en l'air. « Me demande pas mec, mais la dernière fois qu'on m'a parlé comme ça... »

« Je veux pas le savoir. » soupira Sam précipitamment en se levant.

« Ça te concerne aussi Dean ! » cria Charlie depuis l'escalier. Le chasseur soupira et suivit son frère. Charlie et Sam s'étaient tellement habitués à vivre ensemble qu'ils ne s'exprimaient même plus avec des phrases entières quand ils se parlaient l'un à l'autre ce qui plongeait souvent Castiel dans une perplexité sans fond jusqu'à ce que quelqu'un ait pitié de lui et lui redise la phrase avec tout les mots à la bonne place. Dean ne se souciait pas vraiment de comprendre de quoi ces deux geeks parlaient. La plupart du temps ça ne l'intéressait pas.

Vivre loin les uns des autres ne les avait curieusement absolument pas séparés. En fait, Dean avait l'impression d'être plus proche de son frère et de Charlie que quand ils vivaient tous ensemble dans ce même Bunker. Sam attribuait ça au Lien qui les unissait.

Dean n'était toujours pas sur d'apprécier cette histoire de Lien qu'ils avaient déniché plusieurs mois auparavant dans les archives des Hommes de Lettre. Ils prétendaient que des humains étaient capables de lier leurs âmes si fort qu'elles en devenaient indissociables les unes des autres. Malgré ses réticences, Dean ne pouvait pas vraiment réfuter cette théorie puisque Castiel portait en permanence la moitié de son âme autour de son cou. Il ne pouvait pas non plus réellement nier le fait qu'il savait toujours précisément où étaient les trois autres et il lui était difficile d'ignorer qu'ils avaient tous conscience, à chaque instant du moindre danger planant sur chacun d'eux.

Ils ne chassaient jamais tous ensemble, quelqu'un devait rester vivant pour veiller sur Jude quoi qu'il arrive. Mais ils savaient tous, même séparés par des milliers de kilomètre quand l'un des leurs était en danger. C'était pratique, bizarre et terrifiant. Et Dean faisait des rêves qui n'étaient pas tout à fait des rêves. Il préférait éviter d'y penser.

Dans la salle d'entraînement Charlie tendit un revolver à Sam, le poids de l'arme lui indiqua qu'elle était chargée.

« Je veux comprendre comme ça fonctionne »

« Quoi, les flingues ? »

« Non le Lien ! » répliqua-t-elle en roulant des yeux comme si la remarque de Dean l'exaspérait. « Sam, tu vas tirer sur Dean et on va voir si j'arrive à te désarmer ! »

« T'es cinglée ? » brailla Dean au moment où Sam protestait « Ça va pas ? »

Charlie grogna. « Vous avez une meilleure idée ? »

« Ouais » grogna Dean « c'est moi qui tiens le flingue ! »

Sam roula des yeux en soupirant.

« Charlie, il y a d'autres moyens pour explorer le Lien . »

« Je vous laisse avant que ça devienne sexy ? » proposa Dean en récupérant discrètement l'arme de la main de son frère.

« La ferme » dirent ils en même temps. Soudain il y eut un coup de feu et il ne venait pas de l'arme de Dean. Charlie n'eut pas le réflexe de plonger à terre mais elle s'y retrouva quand même tirée violemment par le col par Sam.

« Cas qu'est ce que tu fous ? » éructa Dean en se redressant. L'ange tenait une arme à la main et souriait.

« Elle a eut une bonne idée » dit Castiel en pointant l'arme sur Sam . « Bien sur, je ne pourrais pas tirer sur toi mais sur Sam, je peux... et elle aura presque autant de mal à me désarmer que lui... »

Sam regardait alternativement Charlie et Castiel qui avaient le même sourire de dingues et roula à terre quand Castiel tira encore en sa direction.

« Vous êtes totalement cinglés ! » Cria-t-il en se protégeant les oreilles de ses mains.

« C'est pour la science Sammy ! » Dit Dean en suivant des yeux Charlie qui s'était jetée sur Castiel. Elle attrapa son poignet et tenta de le tordre sans succès. Castiel prit son front entre ses mains et pressa deux points juste derrière ses tempes, tenant toujours Sam en joue.

« On dirait que tu n'essayes même pas ! » Dit il en pressant si fort sur sa tête qu'elle se mit à gémir de douleur.

« J'essaie » Grogna-t-elle en lui envoyant un coup de genou dans le ventre. La douleur fit froncer les yeux à l'ange sans l'empêcher de tirer un nouveau coup de feu dans la direction approximative de Sam.

« Cas tu ne sais pas viser ! » hurla celui ci en tentant de contourner l'ange.

« Ça le rend encore plus dangereux. » constata Dean en se mettant hors champ, un sourire sur les lèvres.

« T'as perdu l'esprit ? Il va me tuer ! »

« Mais non. » Dean donnait l'impression de beaucoup s'amuser. Charlie était à la limite de mordre le poignet de Castiel quand il la repoussa d'un simple revers de main et l'envoya bouler trois pas plus loin. Il ajusta sa visée sur Sam qui leva la main.

« Cas... Mec... c'est un entraînement hein ! »

« Je sais, Sam. » dit il en pressant lentement la détente.

D'un coup, Dean eut une vision extrêmement claire de la situation et de ce qui n'allait pas. « Sam ! Donne lui l'ordre de te sauver ! »

« Quoi ? »

« FAIS CE QUE JE TE DIS ! » cria-t-il en voyant Castiel plisser des yeux et raidir son bras.

« Charlie ! » cria Sam. D'un coup toute l'attention de la jeune femme fut focalisée sur lui. « Sauve moi... » Sam se serait senti parfaitement ridicule s'il n'était pas si inquiet. A cette distance, même Castiel n'arriverait pas à le rater. Charlie se jeta sur l'ange avec une telle vitesse qu'il ne la vit pas venir, l'élan aidant, elle le déséquilibra et s'arrangea pour le faire tomber sur la main qui tenait le revolver. Castiel glapit de douleur et lâcha l'arme tandis que Charlie et lui roulaient par terre. Quand il rouvrit les yeux, Charlie lui tenait toujours le bras mais cette fois ci tordu douloureusement dans le dos. Elle était ramassée sur elle même au dessus de lui et souriait largement.

« Tu vois... » dit elle à Sam. « Ça marche. »

Sam hocha la tête en soupirant tandis que Dean ramassait l'arme.

« Comment tu as su qu'il fallait que je lui donne l'ordre ? » demanda -t-il à Dean.

« Aucune idée... » Dean essuyait distraitement l'arme «Mais je savais aussi qu'elle n'avait pas l'intention de nous faire tirer l'un sur l'autre... »

« D'autres que moi ont essayé et à ma connaissance ça n'a pas marché» dit Charlie en aidant Castiel à se redresser. « Ça va ? »

« Je vivrai. » Dit il en époussetant son pull.

Charlie commença à babiller en tapant des choses dans son ordinateur. « Si on compile les résultats des précédentes expériences et celle d'aujourd'hui... »

Dean roula des yeux « Vas y Hermione, qu'est ce que ça nous apprends ? »

«Rien. » dit Charlie d'un air dépité en affichant plusieurs graphiques dont Dean ne voyait absolument pas l'utilité. Sam rit et Castiel plissa les yeux en se massant le poignet.

«Non je crois qu'il y a quelque chose à explorer... » Dit il en s'approchant pour regarder l'écran par dessus son épaule. « Tu n'as pas pu me désarmer jusqu'à en recevoir l'ordre direct. »

« Oui et ? »

« En décembre dans l'entrepôt... c'était un ordre direct aussi non ? »

Charlie hocha la tête en regardant Sam.

« Et il venait de moi. » Constata celui ci.

« C'est peut être ça le schéma, il faut un ordre direct pour activer le Lien. »

« Si c'était ça, j'aurais eut ma tarte ce matin ! » grogna Dean.

« La tarte n'est pas une question de survie Dean. » répliqua Castiel avec un air exaspéré.

« Ça dépend pour qui. »

« Tu n'es pas mal nourri et de toute façon les tartes ne sont pas un apport nutritif suffisant... » Expliqua patiemment Castiel comme si Dean avait cinq ans. Charlie et Sam étouffèrent un rire. Le chasseur soupira et se pinça l'arrête du nez pour se calmer.

« Bref quand moi je donne un ordre à Charlie elle ne l'exécute pas ! »

« Apparemment ça ne marche qu'en cas de danger imminent... » intervint Charlie. « Rééssaie quand l'un de nous est sur le point de mourir... » proposa-telle.

« Fabuleux... est ce qu'on peut finir la matinée sans menace imminente ? » supplia Sam. « J'ai vraiment pas assez dormi pour ces conneries ! »

C'est alors que quelque chose interpella Dean. Il se tourna vers Castiel, de la panique dans les yeux. « Où est Jude ? »

«En haut, avec Lady. Tu ne croyais pas que j'allais amener un bébé ici ? Avec des armes ? » répondit l'ange d'un ton scandalisé. Du moins aussi scandalisé que Castiel en était capable.

Jude s'avéra parfaitement saine et sauve, installée au milieu du tapis du salon en train de faire la course avec Lady. Le petit chient gagnait et cela ne lui plaisait pas du tout. Dean retint discrètement l'animal par une patte au début de la course suivante pour que le bébé gagne.

ù*ù*ù*ù*ù*ù*ù*ù*ù

Il n'y avait ni son ni lumière . Aucune couleur n'existait dans cet endroit, il n'y avait ni air, ni sol. Il n'y avait pas non plus de pieds pour le fouler et pourtant l'espace infini était surpeuplé. La Créature ne se déplaçait pas, elle ne respirait pas, elle existait. Cela elle en était encore capable. La Créature tenait en respect les choses qui partageaient son espace, les choses avaient peur d'elle et elles avaient raison. Une seule entité n'avait pas peur. L'Autre avait vu trop de chose, était d'une détermination trop implacable pour être impressionnée. Cela en faisait un allié de choix.

« La puissance générée par la destruction d'une âme est immense. Celle générée par la destruction du Lien entre deux âmes est bien plus grande encore. » La Créature s'exprimait bien qu'elle n'eut pas de corps pour produire un son, malgré le fait que rien dans cet espace ne pouvait porter ses paroles. Elle était et s'exprimait avec les rémanences de son Être.

« Les garçons seront faciles à séparer. » dit l'Autre. Cela n'avait pas non plus de corps, cela existait par la seule force de sa volonté et s'était fait connaître à la Créature là où les Choses se contentaient de se terrer loin de sa présence. L'Autre n'avait pas peur et cela plaisait à la Créature.

« Toutes les circonstances sont réunies. Il ne manque qu'un élément pour les faire basculer. » acquiesça la Créature. Et Elle savait exactement qui, et comment.

Les Choses se retirèrent à la recherche d'un refuge qui n'existait pas, d'une ombre salvatrice qui ne viendrait pas tandis que la joie féroce de la Créature se répandait au dessus d'elles.

ù*ù*ù*ù*ù*ù*ù*ù*

Charlie était parfaitement contente de faire les recherches, confortablement installée dans le Bunker, entourée par des piles de livre et de tasses tachées par des fonds de thé. C'était un arrangement parfait. Elle restait en retrait tandis que les garçons partaient à la chasse. C'était de loin l'attitude la plus rétrograde qu'elle ait jamais eut mais il était strictement hors de question qu'elle s'aventure encore à croiser une créature surnaturelle. Elle n'avait pas aimé ce qui en avait résulté la plupart des fois ou cela s'était produit. L'ennui c'était que cette situation la désignait automatiquement comme Baby Sitter de Jude quand ses trois compagnons partaient en chasse.

Charlie avait peur qu'elle s'étouffe dans ses petits oreillers. Elle avait peur de la laisser tomber, de la brûler avec l'eau du bain ou le lait de son biberon. Elle approchait le bébé avec un luxe de précautions qui faisait toujours rire Sam.

Elle l'entendait presque lui expliquer que si l'enfant avait du mourir, ça aurait été fait depuis très longtemps considérant qu'elle vivait alternativement dans un bunker plein d'armes ou dans une vieille ferme pleine de courants d'air. La voix de Dean dans son oreillette la fit sursauter.

« Charlie, j'ai besoin d'informations sur un certain... Mark Melaskos ? »

« Yep.. » dit elle en mettant les mains au dessus de son clavier. « Dis moi tout... »

C'était définitivement une très bonne combinaison, elle faisait les recherches et ils s'occupaient de la partie qui impliquait du sel, des coups de feu et des vieux os.

Ouaip. Une combinaison parfaite. Sauf pour la partie bébé. Mais Charlie s'améliorait avec le temps. Du moins elle l'espérait.

Elle donna à Dean les informations dont il avait besoin avant de retourner vérifier pour la millième fois au moins si Jude dormait toujours. Jude ne dormait pas. En fait Jude n'était... nulle part...

Charlie sentit la panique l'envahir violemment, le bébé n'était pas dans son berceau. Elle se mit à respirer de plus en plus vite en regardant partout.

« Jude... Jude... » appela-t-elle comme si le bébé allait lui répondre. Elle fit le tour de la chambre à pas précautionneux comme si Jude était assez petite pour qu'on lui marche dessus par inadvertance. Elle chercha sous le lit, sous la commode et sous l'armoire sans y trouver trace du bébé (ah si, un chausson...). Elle sortit en trombe de la chambre en continuant d'appeler le nom de la gamine d'une voix de plus en plus paniquée. Elle entendit les aboiements de Lady et bifurqua d'un coup vers la salle de bain au bout du couloir où elle entra juste à temps pour... trouver Jude endormie sur une serviette tombée en boule par terre. Lady jappait à ses cotés sans la réveiller, une de ses longues oreilles de cocker couvrant à moitié l'enfant. Soulagé, Charlie ramassa le bébé et la serviette encore légèrement humide et sourit. La serviette avait l'odeur du savon de Castiel. Elle recoucha l'enfant enroulée dans la serviette dans son berceau qu'elle traîna jusque dans sa propre chambre. Sur sa table de chevet trônaient une fleur qui n'existait dans aucun livre que Castiel lui avait offert le noël précédent, ainsi qu'un petit élan d'opale, cadeau de Sam qu'elle effleura des doigts avant de se coucher. Plusieurs heures plus tard, Sam appela pour la rassurer sur leur sort.

« Problème réglé. » dit il.

« Tant mieux... dis à Castiel qu'il manque à sa fille. » répondit la jeune femme en vérifiant d'un œil embrumé de sommeil que Jude dormait toujours dans son berceau.

« On se relaye pour conduire... On devrait être là dans huit ou neuf heures »

« Okay . » bailla-t-elle « Apporte moi des beignets à la cannelle. »

A l'autre bout du fil elle entendit Sam rire un peu et Dean approuver bruyamment la mention de beignets.

Ce fut Castiel qui la réveilla le lendemain matin en la secouant doucement. L'ange avait l'air fatigué, son pull et ses mains étaient pleins de terre. Charlie le serra quand même dans ses bras avant de se lever. Il sentait la cannelle.

« Tu as mangé mes beignets ? »

« Il t'en reste. »

Elle sourit et le laissa réveiller sa fille tandis qu'elle tanguait, mal réveillée jusqu'au salon où Sam et Dean venaient de jeter leurs sacs par terre.

« T'aurais pu nous faire du café fillette ! » L'accueillit Dean. Sam roula des yeux et serra rapidement son amie dans ses bras. Charlie sourit.

« Bonne chasse ? »

« Yeup. » répondit Dean en lui tendant une boite de beignets entamée. Charlie se servit et s'assit sur le canapé le temps d'achever de se réveiller tandis que Castiel faisait son entrée, une Jude ronchon d'avoir été réveillée dans les bras.

A travers ses yeux embrumés, elle vit le visage de Dean s'éclairer et il ouvrit les bras à la petite qui le considéra un long moment avant de jeter ses petits bras autour de son cou en déclarant : «Apa ! » d'une petite voix joyeuse.

Charlie décida de ne pas mentionner l'incident du bébé vadrouilleur. Après tout... elle commençait à s'améliorer pour ce qui était de s'occuper de Jude.

ù*ùù*ù*ù*ù*ù*ù*ù*

Dean avait mal aux mains, au dos, aux épaules et dans environ chaque muscle de ses bras. Quand il s'allongea enfin dans son lit à la fin de la journée, il dut le faire par étapes tant ses vertèbres le lançaient en reprenant doucement leur alignement naturel. Il se dit qu'il commençait à se faire trop vieux pour ces conneries les yeux perdus dans la contemplation du piège à rêves qui se balançait au dessus de lui, poussé par la brise qui entrait par la fenêtre ouverte. Les chasses aux fantômes et conduire toute la nuit... Tout ça devenait vraiment épuisant. A l'étage du dessous, il entendait Castiel faire dîner Jude dans le salon de la ferme.

« Une cuillère pour Dean, une cuillère pour Lady... Pourquoi tu ne veux pas la cuillère pour Lady ? Parce qu'elle t'a battue à la course ? «

Dean sourit en fermant les yeux. Les voix commençaient à lui parvenir comme de très très loin.

« Tu sais, bientôt c'est toi qui la battra à la course... Et puis il faut savoir être bon perdant... enfin... sauf en cas de danger de mort... » continua Castiel. Dean fronça les sourcils en tentant de se lever pour l'empêcher de raconter n'importe quoi à cette pauvre gamine mais il n'arriva pas à bouger ses jambes. Trop fatigué.

Plus tard, il ne savait pas combien de temps exactement, il sentit Castiel lui retirer ses chaussures et son pantalon avant de rabattre les couvertures sur lui. La dernière réflexion de Dean avant de s'endormir tout à fait fut qu'à un moment de sa vie, il aurait déjà planté quelque chose dans le corps de quiconque le toucherait en plein sommeil Une question de réflexes.

Cette fois ci, c'était très réconfortant de sentir la main de l'ange se glisser dans la sienne quand il se coucha, et de s'endormir ensemble.

Dean sut qu'il rêvait presque tout de suite. Les rêves avaient une texture particulière, sans goût , avec des couleurs curieusement vives ou ternes.

Il voyait Sam, dormant dans un lit qui n'était pas le sien, dans une pièce pleine de livre, une fille blottie dans ses bras. Une micro fille plutôt. Tellement petite, tellement maigre que Dean se demanda quel âge elle avait et à quand remontait son dernier burger. Et juste au dessus de la fille, une créature de cauchemars. Des ailes membraneuses grises, déchiquetées, lui permettant difficilement de voler. Un corps presque reptilien , et une tête sans yeux ni nez, presque uniquement composée d'une gueule en forme de ventouse pleine de crocs luisants , posée sur la tête de la micro fille.

La créature ne faisait aucun bruit, n'avait aucune odeur, impalpable, intangible... et Dean se réveilla en sursaut avec la certitude de savoir ce qu'elle faisait.

Il se prit la tête à deux mains tentant de clarifier ses pensées. Il sentit Castiel se réveiller à coté de lui, vaguement conscient que quelque chose était en train de se produire. L'ange posa la main sur son épaule et le Lien s'activa sans que Dean sache si son compagnon l'avait fait exprès ou non.

Un bref instant ils partagèrent leurs pensées, leurs certitudes avant que Castiel ne rompe le contact.

« Il se passe... quelque chose d'étrange. » commenta l'ange.

Dean hocha la tête, il se battait avec un pressentiment, quelque chose d'excessivement important qui devait être formulé en cet instant précis et qu'il n'arrivait pas à déterminer. Il posa sa main sur celle de Castiel pour l'empêcher de bouger, l'empêcher presque de respirer pour lui donner juste quelques secondes de plus pour effleurer son pressentiment du bout de sa conscience et le ramener à lui, l'analyser, le retenir...

« Cas... »

L'ange serra sa main pour lui indiquer qu'il l'écoutait.

« Quoi qu'il arrive... je veux que tu saches que je t'aime, d'accord. Quoi qu'il arrive, n'oublie pas ça ! »

Castiel hocha la tête et Dean sut qu'il allait répondre que c'était évident. « Ce n'est pas évident Cas... je veux que tu te souviennes de ça d'accord ? Souviens t'en ! »

Ils se dévisagèrent un instant dans la pénombre avant que Castiel ne s'approche de lui pour l'embrasser doucement, brisant l'instant, ramenant Dean à la réalité, hors de son pressentiment et hors de son rêve. Il n'avait pas lâché sa main.

« Je me le rappellerai. » Promit il en attirant le chasseur à lui tandis qu'il s'allongeait.

ù*ù*ù*ù*ù*ù**ù*ù*ù

Charlie se réveilla à la troisième sonnerie de son téléphone et il lui fallut encore deux sonneries pour se rappeler qui et où elle était et pour compter mentalement ses membres et ses orteils.

Elle tendit le bras vers le portable et grogna une salutation peu aimable.

« Un vrai rayon de soleil. » commenta Dean d'une voix fatiguée.

« J'ai mal dormi. »

« Moi aussi. Garth vient d'appeler. »

« Hum ? »

« Il connaît un type qui collectionne les apocryphes et qui lui a dégoté un truc intéressant sur le Lien. »

« Il collectionne les quoi ? » demanda Charlie en se redressant, puis elle se laissa retomber sur l'oreiller décrétant qu'elle n'avait aucune raison de sortir du lit de suite.

« Les apocryphes. Des bibles interdites par le Vatican qui contiennent soit des erreurs soit des informations qui n'auraient pas du être retranscrites. »

« Ah. »

« Bref, Garth vient de nous envoyer quelques pages que tu devrais lire. »

« Ok... » grogna-t-elle. Elle roula sur le coté pour récupérer son ordinateur et lire le message de Garth. Elle parcourut les versets traduits en se frottant les yeux. « Un Alphadécagramme, c'est comme ça que les religieux appellent l'union de quatre âmes humaines ? »

« Apparemment. » répondit Dean. « C'est la configuration la plus courante du Lien, et ce qui affecte les uns... »

« Affecte les autres... » acheva Charlie en lisant le même verset que Dean. Elle pouvait presque l'entendre sourire au bout du fil. « Je vois pas ce que ça veut dire... »

« Sam est au Bunker ? »

« Non... Il est chez Andy... Pourquoi tu demandes ça... Oh … Oh merde ! » Cette fois ci elle entendit Dean rire franchement au bout de la ligne. Si ce qui affectait les uns affectait les autres membres du Lien, cela signifiait que Sam avait passé une nuit mouvementé, mouvementant celle de ses compagnons. Charlie se frotta encore les yeux pour essayer de se débarrasser des images mentales qui l'assaillaient. « Il y a des choses que je préférerais ne pas savoir. » geignit elle.

« Moi aussi ma sœur, moi aussi...Garth nous enverra la suite dès que son contact aura finit de traduire les versets, en attendant, dis au playboy de me rappeler quand il répondra, il a éteint son téléphone. »

Charlie hocha la tête et raccrocha.

Finalement, elle se leva. Au point où elle en était, se rendormir ne lui servirait qu'à rêver de Sam s'envoyant en l'air. Lien ou pas Lien, elle préférait s'éviter ça.