"Une sombre menace s'annonce pour les mercenaires. Gray Mann convoite l'australium, et a désormais le pouvoir de s'en emparer. Dans l'espoir d'y remédier, l'Administratrice recrute un tueur à gage à la réputation qui la précède : celle dont le pseudonyme est Arizona Black. Mais la contre attaque échoue, et Arizona se retrouvera bientôt en mauvaise posture... Réchappant à la mort, Arizona se voit proposer une place dans la Team RED afin de combattre la menace robotique et les plans de Gray Mann, qui possède désormais un mercenaire personnel, particulièrement redoutable. Le danger n'en est pas pour autant écarté. Alors qu'elle se forge une nouvelle place aux côtés des mercenaires, Arizona ne se doute pas qu'elle va plonger la tête baissée dans un complot des lus sinistres, ni refaire face au fantômes de son passé. De la méfiance, de l'amitié, des doutes, de la violence, de la romance, de la peur, de la solidarité et des rebondissements au rendez vous, qui conduiront Arizona jusqu'aux confins des ténèbres."

Je suis toute excitée! C'est la première fic que j'ose poster, même si j'ai conscience qu'elle ne sera pas énormément lu. Peu importe: mon désir de partager mon histoire est la plus forte. Elle sera un peu trash, dans le sens où la violence, des scènes bien gores, des allusions à la drogue seront évoqués, voire peut être des lemons. Je précise qu'il n'y aura aucun Yaoi, je ne suis pas une grande fan du genre ^^ Je prévois un Sniper/OC, mais je changerais peut être en cours de route... à voir.

L'histoire devrait être assez longue. Je prévois plusieurs Arcs, ou passages, bien précis avant le dénouement final. Je vais tenter de respecter au mieux le caractère des personnages. Les 2/3 premiers chapitres sont des mises en contexte, et contiendront les premières intrigues de la fic.

N'héistez pas à mettre des reviews! Ce sont le coeur même des fanfics et donne la motivation nécessaire afin de continuer à écrire. Sur ce, je vous souhaite une très bonne lecture! :)


Boum. Headshot.

La balle tirée venait de transpercer le crâne d'un BLU peu attentif, le renvoyant à coup sûr à la salle de respawn de l'équipe adversaire. Le sniper, aux armoiries de la Reliable Excavation Demolition, sourit. C'était sa treizième victime depuis le début de la mission, et, ce qui le ravissait, étaient toutes achevées d'une balle en pleine tête, sans qu'aucune cible ne lui échappe.

Son regard perçant était semblable à celui d'une des nombreuses caméras de l'Administrator. Il voyait tout, chaque mouvement, chaque personne traversant sa vision d'aigle, afin d'observer chaque mouvement, expression du visage, ou simple détail. Et si, par mégarde, l'un des adversaires croisait son canon, une unique balle suffisait à l'éliminer de la course. De plus, l'emplacement des bases rivales leur prodiguait un énorme avantage : les terres ocres de Teufort se confondaient avec leurs uniformes rouges, alors que la team des Builders League United n'en était que plus visible, vêtus de leurs habits azurés.

La mission avait commencé depuis une quinzaine de minutes, chaque mercenaire massacrant les autres afin de contrôler le point de contrôle. Le temps s'usait, s'écoulait rapidement, et aucune équipe n'arrivait à prendre le dessus sur l'autre. Bien que les RED avaient toujours eu un léger retard sur les BLU, ils n'en devenaient que plus téméraires et futés. Et bien que Sniper n'était pas aussi utile qu'un Heavy au front, son travail à distance était tout aussi primordial.

De sa lunette de visée, il arpenta son territoire de chasse favori. L'endroit était devenu désert, tout autant que les étendues arides du sud des États Unis : il avait réussi à éliminer le Sniper ennemi, qui avait probablement choisit un emplacement différent de sa sortie du respawn, ainsi que le Spy bleu, qu'il tua plusieurs fois d'un bon coup de Kukri. Néanmoins, malgré le manque d'ennemis arpentant son regard, il patienta. Cette position était hautement stratégique, et, à moins que l'un des bleus ne découvre sa cachette, il était camouflé, et indétectable.

Sniper continua alors de surveiller sa zone de tir, se penchant à l'improviste pour attraper son mug à café. Le moto Sniper #1 dominait fièrement la céramique blanche. Approchant son bord à ses lèvres, il en but une gorgée, afin d'éloigner la fatigue et l'ennui de son esprit.

Plusieurs minutes passèrent. Il réussit à toucher un Scout se rapprochant dangereusement de leur point de capture, ainsi qu'un Medic et un Heavy peu attentif. La mission était presque achevée, et leur victoire d'aujourd'hui semblait incontestable.

Soudain, entre un piller et un cactus, il vit quelque chose. Un profil, se dessinant dans la pénombre. Une silhouette floue, camouflée dans le paysage. Il se concentra, son attention entière se portant vers cette anomalie extérieure, postée sagement à l'extérieur de la base.

C'était une ombre, se tapissait dans les angles morts de ses camarades, aux périphéries de la base. Le Sniper aurait pu croire qu'il s'agissait d'une brève hallucination, due au surplus de café et de soda, jusqu'à ce que le spectre bouge. Il fit un saut, afin de s'introduire dans le champ de bataille, sans aucune appréhension face aux échos de tirs et de cris. L'ombre trottina prudemment, se dissimulant contre les façades des bâtiments et des structures de leur base. Puis, l'inconnu sortit de l'ombre, pour mieux étonner son observateur. Il lui faisait dos, ce qui rendit toute distinction plus ardue pour le tireur d'élite australien. Il était habillé d'un lourd habit aux couleurs ocre, ressemblant davantage à une épaisse, large cape, masquant l'intégralité de son corps, sa morphologie, ou bien encore son poids, et donnait confusion quant à sa taille. Une capuche recouvrait son crâne, cachant la couleur de ses cheveux et leur longueur. Il trottina jusqu'à la base du perchoir adverse, à quelques mètres à peine de sa position initiale, de pas légers et agiles. Bien que l'inconnu était, à première vue, lourdement équipé, il n'avait aucune difficulté à se mouvoir avec rapidité dans la poussière orange du sol aride, ou à masquer sa présence dans le plus grand silence et la plus grande discrétion. Lorsqu'il se retourna face aux piliers boisés de la planque en hauteur des BLU, il put enfin voir le reste du déguisement pour le moins étrange de leur hôte : un foulard écarlate couvrait sa mâchoire et son nez, remplaçant un masque ordinaire, et de surprenantes lunettes noires, semblables à celle de l'Engineer, ses yeux. Aucune parcelle de peau ne dépassait de son accoutrement, ni aucun autre signe de reconnaissance faciale ou physique. Cette dernière pensée le fit sourciller. Qui pouvait bien introduire leur territoire ? Et pour quelles raisons cet homme avait dissimulé son identité sous ces vêtements peu ordinaires ? Il s'empressa de charger son arme d'une balle flambante neuve, d'un geste mécanique et rapide, avant de plonger à nouveau son regard impatient dans le viseur. L'inconnu surveillait les alentours. Le doigt tremblant sur la gâchette, il se préparait à viser son crâne. Le type déguisé bougea d'un tic nerveux du bras. Son prochain acte ne fit qu'étonner une nouvelle fois l'australien aux yeux bleus, qui jura de surprise.

Depuis sa jumelle graduée, il le vit préparer l'ascension du perchoir des BLU. L'intrus s'était étiré les jambes, puis, cherchait de ses mains des points d'appui fiables. « Mais merde, qu'est ce qu'il fait ? » commenta à voix haute Sniper, d'une voix attentive. L'homme débuta donc. Il grimpa avec aisance les planches vernies de la structure, d'étonnants gestes adroits et aguerris. L'index sur la gâchette, il ne put que contempler cette sorte d'espion si expérimenté. Une goutte de transpiration perla de son front. L'habilité, la vitesse frénétique de ses mouvements, sa furtivité envers le reste des mercenaires ne présageait rien de bon. Une violente explosion le fit tourner la tête, alors qu'il était presque à la fin de son escalade. Tandis qu'il scrutait la fumée s'élevant dans le ciel, Sniper plissa ses yeux. Un objet se dessinait sous le tissu ocre. Une forme rectangulaire, dont un long cylindre prolongeait l'un de ses côtés. Il écarquilla ses yeux. Ces contours étaient ceux d'une arme, d'un fusil similaire au sien.

Avant même que le tireur embusqué ne puisse le garder en joue, l'ombre, d'une souple gymnastique, entra en fracas par la seule fenêtre du perchoir, juste au-dessus de sa tête. Puis, il disparu, réfugié dans l'antre ennemie, sans qu'aucun autre membre de l'équipe RED ne s'en aperçoive. L'intrus était venu pour tuer.

...

Entrer dans cette planque surélevée était un jeu d'enfant. Il ne m'a fallu qu'un peu de patience et d'huile de coude pour y parvenir attendre que cette partie du terrain se déserte naturellement de ses occupants. Et comme il en était convenu, aucun homme ne s'est douté de ma présence, où ne m'a repéré. Bien que mes habits me faisait suffoquer, ils avaient étés un atout précieux, afin de me fondre dans les tons des canyons et plaines environnantes. Lorsque j'ai fais les repérages, au début de leurs assauts, j'ai vu cet abri, en hauteur, isolé du front : il m'a paru idéal. J'ai attendu, compté les secondes, jusqu'à ce que les hommes armés ne se soit éloignés de cet observatoire pour y accéder. De plus, grimper à son sommet était un jeu d'enfant : les ravins et Canyons étaient bien plus difficiles à dompter, et, les quelques planches étaient idéales pour mon ascension, à contrario des falaises de pierres tranchantes. Je n'ai eu qu'à exercer une légère pression sur mes jambes pour casser la fenêtre sale du cabanon, et entrer à l'intérieur de sa bâtisse.

Avant même de faire un second mouvement, j'ai scruté la pièce du regard, immédiatement après que je me sois agenouillée, suite à mon effraction, quelque peu sportive. L'intérieure de la planque est telle que je me l'étais imaginé. Poussiéreuse et mal éclairée, par ses barricades et son accès restreint au monde extérieur, seulement accessible par une petite ouverture se situant sur le sol, menant à un escalier en métal. Elle sentait le renfermé, le vieux et l'asphyxié, outre sa chaleur saharienne et son atmosphère, à ma grande surprise, plus cuisante qu'à mon attente. Mise à part celle que je venais de casser, la seule ouverture de la cabane était le mur donnant vue au terrain entier, bien qu'il fut à présent barré par d'épaisses lattes clouées aux bords du mur, usées par les tirs de balle. Bien que protégé par ces morceaux de bois, plusieurs ouvertures donnaient un accès couvert en direction du champ de bataille, ainsi qu'à la lumière du soleil étouffant, et étaient suffisamment larges pour laisser pénétrer un fin courant d'air dans l'unique pièce. Un de ces orifices, d'une taille excédant les autres, avait été intentionnellement maintenu afin d'offrir un espace convenable aux fusils à distance, ce qui provoqua un léger sourire aux commissures de mes lèvres. Plusieurs caisses, abandonnées avec négligence près de la fenêtre condamnée, attestaient de la fonction première de cet endroit délabré : la cachette idéale pour un sniper embusqué. Et c'était exactement ce qu'il me fallait pour que mon M21 épie les hommes présents, et trouve ma cible.

Je me suis approchée avec prudence en direction des barricades, ainsi de ce regroupement de ce qui avait pour fonction de meubles, observant, d'un œil vif, des diverses choses éparpillées autour de la « chaise ». Des paquets de chips vides crépitaient aux caresses du vent, une cafetière encore remplie de sa boisson à la caféine, ainsi qu'une tasse blanche, étaient entreposées sur une longue caisse, posée à l'horizontale. Une seconde, d'un petit carré, n'excédant pas le demi-mètre de hauteur, était proche de l'ouverture, et était, par déduction, cette rustique « chaise ». Quelques munitions usées gisaient encore à ses côtés.

La chaleur n'avait pas tardé à me montrer ses premiers effets. Ma respiration s'en était accélérée, l'air filtrant avec difficulté sous mon foulard de lin, auxquels se rajoutait les multiples gouttes de transpiration roulant dans le creux mon dos, et une soif sans pareilles tiraillait mes entrailles. Bien que ces accessoires m'étaient utiles afin de conserver mon anonymat et d'agir dans l'ombre, la contrepartie d'un tel secret était la suffocation. Des échos de tirs venaient enrailler le silence. J'ai sortit avec précaution le Riffle M21 de la lanière entourant mon dos et l'une de mes épaules, pour l'extraire de cet immense cape de toile. Une fois mon arme dans mes mains gantées, je me préparais à le positionner sur l'une des planches fragiles donnant l'ouverture. Avant de me mettre au travail, j'ai bu à même la carafe le café froid qui y gisait. Je fis une grimace lorsque le goût amer de la mixture me fit tourner les papilles, mais ma soif était étanchée, et la déshydratation évitée. Puis, après l'avoir reposé à sa place initiale, je me fis plus sérieuse. Mon appareil positionné, mon boulot allait commencer. Approchant un œil de la lunette de visée, j'ai rapidement sondé le territoire ennemi, outre ce qui m'avait été donné de voir. Tout en fouillant les recoins des regards et inspectant les ombres des bâtiments, je rechargeais mon fusil, d'un geste sec. Je pris une grande inspiration, l'air chaud emplissant mes poumons. J'allais une nouvelle fois tuer un homme qui m'étais inconnu. Quelle serait ses dernières pensées ? Quelle était son passé ? Je ne pus m'empêcher de songer à la fin imminent de ce pauvre type, qui avait signé son arrêt de mort lorsque je sellais le contrat qui le visait. Il ne pourrait en aucuns cas m'échapper. Il ne pouvait survivre face à une tueuse aussi méticuleuse et expérimentée que moi. Qu'avait-il fait, déjà, pour s'être attiré les faveurs de la faucheuse ? L'intention de voler des documents, si ma mémoire était bonne ? Sans compter le trajet de train pour rejoindre le Nouveau-Mexique.

Je balayais intérieurement ces pensées de mon esprit distrait et vagabond. On me payait pour l'éliminer dans les conditions convenues, et c'est ce que j'allais faire, une nouvelle fois, sans aucuns remords.

J'ai attendu, dans le plus grand calme, le plus grand sang froid, la plus grande maîtrise de mes gestes. Un grand homme, au ventre rond, bien qu'aux bras de colosse, disparu de ma vision lorsqu'une roquette ennemie le décapita. J'ai sourcillé. Il me semblait l'avoir déjà vu mourir, lui et un autre, il y a quelques minutes... Mais la distraction, la plus infime quelle soit, ne devait entacher ma concentration. J'ai toujours eu les nerfs nécessaires pour ce genre de chose. Attendre dans l'immobilité, observer, analyser... J'ai vite su que je devais en faire un avantage, et m'en servir pour survivre dans ce monde cruel. Et j'ai eu raison : tout comme la légèreté de mon corps, la fluidité de mes gestes, la rapidité dans mes pas... Toutes ces infimes qualités, ces habitudes bien trop étranges pour le commun du peuple me fit gravir les marches de la domination de l'homme sur l'homme.

Un mouvement suspect m'interrompit dans mes souvenirs. Une carrure d'homme s'éclipsait avec aisance de l'agitation bestiale qui régnait, telle une ombre invisible. Était-ce ma cible, fuyant à la vue de mon canon meurtrier ? La vieille femme m'avertit de la connaissance de mon contrat, de mes attentions et de ma présence, mais également des interdits et des conséquences de celles ci. Si, par mégarde, je devais tuer la mauvaise personne, je serais en possible danger de mort, ne serais-ce que par la cible elle-même. Et, accessoirement, par les différents mercenaires qui n'avaient pas étés informés de mes agissements, pour le moins douteux. Et si je réchappais à tous ces fanfarons, ce serait-elle qui m'éliminerait personnellement.

J'ai alors patienté tant bien que mal afin de jauger la situation. L'homme ne cessait de se frayer un chemin dans l'obscurité, longer les façades des hangars afin de demeurer incognito. Il arriva bientôt à un cul de sac, forcé de rebrousser chemin, et d'ainsi, pour emprunter la sortie exacte, avancer dans la lumière. Mes instincts s'excitèrent, me firent perdre patience. Les quelques secondes me séparant de la révélation étaient insoutenables. Il fit un premier pas, sortant à contre cœur de son refuge ténébreux, pour se dévoiler ace au soleil de plomb. Il était, à mon opposé, habillé de vêtements légers, à savoir un simple costume intégralement noir, à l'allure sophistiquée. Je compris également, et sottement, pour quelle raison il se terrait dans la pénombre. Son visage était, cette fois ci, tout comme moi, entouré d'un épais foulard, à la même couleur que le reste de son accoutrement, ainsi que d'un chapeau de feutre des années 50. Et, le détail le plus important, était bien sûr l'attaché-caisse à sa main, d'un bleu flamboyant. Mon pouls s'emballa, le doigt qui serrait la gâchette frétilla. C'était bel et bien ma proie, que je venais de prendre en chasse, d'un esprit presque animal, alors qu'une voix familière résonna sur le front.

Avant même que je ne puisse le viser proprement, maintenir mon souffle afin de réussir mon tir, le grincement des planches résonna entre les murs du perchoir. Un soupçon s'empara de mon esprit malade. Une personne veillait, me surveillait à mes arrières, dans l'angle mort de ma vue. J'ai détaché mon attention du moment inespéré, jurant intérieurement.

Le silence revint.

Dans l'immobilité la plus totale, les muscles tendus, j'ai attentivement écouté chaque son perçant à mes oreilles. Mon ouïe m'avait avertie d'un quelconque danger, et le plancher usé, craquant à chaques mouvements, était une alarme infaillible. J'ai légèrement tourné ma tête, mimant un étirement des plus simples. Mon regard arpenta ce que je pouvais voir de la pièce. Il n'y avait que les ombres, se mouvant, dansant sur les murs, fuyant les rayons aveuglants du soleil.

Un second craquement, plus long, plus prononcé, fit écho. Et, avant même que je ne puisse poser mon regard sur ce qui se tapissait dans l'ombre, je me suis retrouvée prise au piège, entre les crocs de la gueule du loup.

...

« Notre intelligence à été volée par un intrus ! Votre priorité est de retrouver l'intelligence ! »s'époumona l'Administratrice, provoquant des grésillements intempestifs aux mégaphones par sa colère. Les coéquipiers de la Builders League United s'affolaient suite l'alerte subite de l'Administratrice, en étaient presque déboussolés par la perte si stupide de leur bien le plus précieux. Mais tant que le signal n'avait pas été donné, et que les sirènes assourdissantes des haut-parleurs ne diffuseraient pas leur brutale mélodie d'alarme, la guerre n'en était ni achevée, ni mise en suspend. Les plus ignares restèrent au front, tel que le Heavy et Soldier ennemi, tandis que les autres membres des BLU s'éclipsaient tel des lapins chassés de leurs terriers afin de retrouver ce qui leur a été arraché de force.

Sniper fit un sursaut nerveux. Un intrus, dan leur base ? Et qui plus est, volant des documents ? Peu de choses arrivaient à surprendre l'australien aux nerfs d'acier, et celle ci faisait partie de ces infimes instants de confusion. Bien que les ordres de leur supérieure étaient destinés aux BLU, un frisson lui parcouru la colonne vertébrale, faisant légèrement trembler sa lunette de tir. Seul un homme plus puissant et malin qu'eux pouvait réussir un tel exploit. Était-ce, à tout hasard, l'œuvre de l'étrange homme qu'il avait aperçu, plus tôt ? Il le surveillait depuis son apparition soudaine, au travers sa lunette optique, afin de déceler le moindre mouvement entre la fenêtre barricadée, et aucun signe ne l'avait alerté. Jusqu'à ce qu'un terrible fracas, des plus bruyants, ne l'alarme d'un retournement de situation.

Les planches servant à protéger la fenêtre condamnée du perchoir volèrent en éclat, pour obéir aux lois de la gravité, et s'écraser en sol, devenant charpies. Il se concentra sur les ombres mouvantes, se livrant à un duel à mort à l'intérieur de la cabane délabrée, alors que la lumière remplissait peu à peu sa pièce. Il distingua l'inconnu, sauter, esquiver le couteau papillon du spy BLU, pensant sûrement tenir le voleur au creux de ses mains meurtrières. C'était avec difficulté que le tireur échappait à la lame noire de l'espion, son bras arborant d'ors et déjà une profonde entaille. Tout ceci se déroulait à une vitesse dépassant toute réaction. Sniper réfléchit avec vitesse, avant de viser l'assassin à la cigarette fumante, son instinct lui dictant sa manœuvre. Il jura : son acte interdit allaitsûrement avoir des répercussions.

...

Lors de scènes similaires, le temps cesse de s'écouler, les grains de sable emplissant le sablier temporel se bloquent pour suspendre les minutes. Il y avait toujours un temps de réaction infime pour les hommes, un temps où les aiguilles des horloges se figent, pour admirer le précipice qui s'ouvrait à eux, et, pour les plus vivaces, tenter d'en réchapper.

Son apparition m'avait déstabilisée. Cette chose, cette longue silhouette, s'était défaite des ombres des murs pour se matérialiser en un homme maigre, d'épaisses volutes de fumées. Son costume, d'un bleu marine, était en adéquation avec l'étrange cagoule de latex qu'il portait au visage. Seul ses yeux perçants et ses lèvres pincées m'étaient données de mémoriser, avant qu'il n'abaisse sa dague en direction de mon cœur. Puis, d'un violent retour à la réalité, mon corps se mit à frétiller, mon pouls s'accélérer d'un cadence effrénée. Il se dirigeait vers moi, d'une charge mortelle. J'ai délaissé mon arme favorite, se heurtant avec négligence contre le plancher grinçant, pour faire pivoter mon corps. Je me suis projetée sur le sol, d'une force dopée par une soudaine dose d'adrénaline, pour imiter le M21. Mes bras encaissèrent le choc de ma faible chute, mon épaisse armure de tissu amortit les dégâts restant. L'homme masqué, quant à lui, finit sa course contre les barrières de bois. Bien qu'il ne tomba pas dans l'immense gouffre qu'il venait de créer, la barricade s'envola à son contact. Mon cerveau me criait au danger, mon cœur criait à la peur. D'un calme platonique, il me fixa une seconde fois, de ses yeux vengeurs. Je compris bien vite que j'étais sa proie, échangeant subitement les rôles avec ma cible. Je me suis relevée avec précipitation, d'un geste paniqué, afin de combattre mon nouvel opposant. Je devais survivre et achever mon contrat.

Il était rapide, extrêmement rapide. À peine m'étais-je relevée de mon esquive qu'il tenta un second assaut. Mes aptitudes au combat rapprochées étaient satisfaisantes, mais devenaient dérisoires face à des ennemis aussi vifs que lui. Je ne pouvais qu'esquiver, sauter, rouler, reculer à chaque rapprochement de la lame, tout en vacillant de mon bras touché. La blessure saignait abondamment, teintait mon déguisement d'hémoglobine chaude. Cette fois ci, les horloges, les grains enraillés des sabliers ne s'étaient pas stoppés, mais avaient reprises une danse endiablée. Je savais avec pertinence que ma posture était des plus mauvaises, et que son couteau se rapprochait de mon cœur à chaques coups. Mes habits m'empêchaient de bouger correctement, ralentissant chacun de mes mouvements, l'effet de surprise continuant de me déstabiliser. Chaque parade était réussie de peu, bien trop peu pour que je ne puisse me sortir vivante de ce guet-apens.

L'homme costumé tenta une nouvelle charge, d'une puissance impressionnante pour sa carrure. Il brandit son poignard, pour l'abaisser d'un geste ferme. Je n'ai eu d'autre choix que de tenter de l'arrêter : ayant suffisamment de temps pour anticiper son attaque, je le saisis fermement de mes mains aux poignets, dans l'espoir d'égaler sa force. Il rit, d'un air satisfait, tout en continuant d'exercer pression. Sa lame était dirigée droit vers mon crâne, et, bien que je fis tout en œuvre pour ralentir sa progression, ne cessait de rapprocher son métal froid de mon front. Je fis, d'une tentative inespérée, un rapide crochet du pied afin de le déséquilibrer. N'ayant prévue une contre-offensive si prévisible, mon assaillant tomba de tout son poids sur mon corps. Nous tombâmes sur l'extrême bord de la barricade, à présent inexistante, nos visages s'offrant au vide.

D'un grand sourire fier, il leva sa main droite, toujours équipée de son couteau métallique, bloquant tout mouvement de son poids. S'élevant au-dessus de ma tête, ses doigts se resserrèrent autour du manche, pour le serrer avec fermeté.

« Tu vas mourir, intrus, » déclara-t-il, d'un fort accent français.

Je n'ai jamais cru en Dieu. Pourtant, s'il existait, j'aurais volontiers acceptée une quelconque aide de sa part. Ou de n'importe qui d'autre.

Malheureusement, les années passées dans les déserts mortels d'Arizona et des Mojaves m'avaient bien appris une chose : la mort était inévitable, la survie étant un instrument de mesure de vie. Le plus fort l'emporte, et le plus faible meurt : la simplicité de cette loi ne faisait malheureusement aucune exception. Si l'animal ne pouvait survivre, il se faisait dévorer par un canidé, à cause de son manque de méfiance, ou mourait de soif ou de faim dû à son mauvaise adaptation. Seul les plus futés et malins dominaient la chaîne alimentaire, que ce soit par la violence, ou par la ruse. J'avais donc acceptée de mourir. Comme tout être, je ne pouvais y croire, je le refusais : mais je devais reconnaître que j'avais été faible, livrée à mon prédateur, manquant de méfiance et d'adaptation. Et, dans ce monde, c'était la loi du plus fort qui régnait.

Les derniers mots du français me donnèrent des vertiges. Ce mercenaire vêtu de bleu me confondait, indubitablement, avec l'homme que je devais assassiner. Il me regardait avec mépris et dégoût, de colère et d'agacement. Un léger rictus s'était emparé de ses lèvres. Il dévorait d'envie de m'étriper, faire couler le sang de celui qu'il prenait pour le voleur de leur intelligence. Bien que le temps m'était défavorable, je pris une longue inhalation, afin de savourer l'air brûlant du désert.

Son avant-bras se leva de quelques centimètres additionnels, tel un avertissement de son acte prochain. Je plissais mes yeux, observant son front avec attention, alors qu'il s'apprêtait à porter l'ultime coup fatal sur sa victime. Un intriguant point rouge, d'une luisance inégalée, brillait avec ferveur sur cet emplacement de la tête.

Un sifflement strident résonna.

Moins d'une seconde après l'assourdissant signal, le fier visage de l'homme de bleu fut réduit en une immonde bouillie de sang et de cervelle. Sa matière grise, ainsi que ses os éclaboussèrent les murs de planches, s'étalèrent avec violence sur ma propre personne. Le sang recouvrit mes lunettes, obstruant ma vision, me rendant aveugle. Ses artères, devenues fontaines jaillissant de son cou mutilé, me recouvraient d'importantes quantités de sang, si bien qu'en quelques instants, je fus submergée par l'hémoglobine tiède.

J'ai soupiré, bien que j'étais paralysée par sa soudaine mort. La dépouille du français retomba sur mon torse, me bloquant, une nouvelle fois, de tout déplacement. Le tir provenait d'une troisième personne, inconnue, qui m'avait repérée.

Avant même que je ne puisse retrouver mes esprit et mon calme, je sentis mon corps être happé par le vide, glisser avec lenteur vers le néant. La panique s'empara de moi. J'aurais attendu une certaine omniscience à la suite de la confiscation de l'un de mes sens, mais le résultat en fut tout autre : je ne ressentis qu'une profonde perturbation de mon équilibre naturel. Ma vision, le cœur même de ma perception et de mon discernement m'étais enlevée, m'empêchant de réagir, ou encore, me remémorer ma position. Un nœud, composé d'appréhension et de crainte, se tissa dans mon estomac, déjà serré de ma précédente confrontation. Je me suis mise à gigoter, bouger mes membres avec force, dans l'espoir de libérer mes bras. J'entendis plusieurs sons, avec l'angoisse de rester dans l'ignorance de leur origine. Des bruits de pas rapides, un homme criant certains ordres. Une voix grave, une seconde plus rauque. Je réussis à dégager l'un de mes bras, d'une attente inespérée, le levant triomphalement en hauteur. Puis, d'une hâte anxieuse, j'ai tâté les différentes surfaces dans l'espoir de trouver un appui viable. Mais mes doigts ne reconnurent que ce plancher aux nombreuses échardes, endommageant ma fine peau à chaque instant. Je sentis mon dos se décoller du parquet usagé, pour vaciller en compagnie du cadavre encore frais, basculant dans l'espace. Alors que je sombrais avec lui, je saisis fermement ce qui semblait être un mur. Très vite, je ressentis l'assassin s'évaporer dans le vide, détacher son emprise funeste de mon physique. Un vif tiraillement s'empara de mon avant-bras alors qu'il me retenait de tomber, me fit gémir de douleur. Je me suis rapidement retrouvée suspendue, à la merci du néant, dans une position des plus inconfortables qui soit pour me hisser jusqu'au perchoir. Le corps inerte de mon ennemi s'échoua sur le sol d'un faible murmure, me donnant un horrible vertige.

Mon affolement ne faisait qu'augmenter. Ma respiration était saccadée, haletante, empreinte de terreur, tandis que mes jambes demeureraient suspendues dans les airs. Une douleur atroce envahit mon bras fébrile, la force me quittait petit à petit. Une crainte primitive contrôlait mon être.

J'entendis d'autres pas, plus rapprochés que les précédents. J'entendis à nouveau cette voix rauque, hurler des paroles incompréhensibles.

« Heavy rattraper ! » criait l'homme à la forte, grave voix.

Mon bras s'engourdit, mes doigts se brisèrent sous tant de pression. Mais avant même de tenter un quelconque acte désespéré de survie, l'extrémité de la planche qui me retenait céda sous mon poids. Je ne pus m'empêcher de laisser un faible cri s'enfuir de mes cordes vocales, alors que mon corps se résorba aux ténèbres. Je sentis mon être se frayer un chemin dans les airs, des sifflements résonner dans mes oreilles. Et, avant même que je ne réalise la gravité de la situation, un violent choc me fit sombrer dans l'inconscience la plus totale.


Suspens... Que se passera-t-il dans le prochain chapitre? Comment les mercenaires réagirons face à ce nouveau danger? Et par quelles circonstances ce tireur est-il venu à Teufort? Découvrez le dans le prochain chapitre!