Cette fic est inspirée d'un fanart trouvé sur internet. Je l'ai écrite vite fait, sans vraiment faire attention au style, parce que je trouvais le principe rigolo. Ne pas chercher le sérieux, ni même la logique. Pour voir le fanart en question:
Site: DeviantART:
Recherche: Itaii Itaii
Une ébauche de rayons ensoleillés perçait a travers les rideaux, Jack Sparrow ouvrit les yeux.
Inattentif au corps massif pressé tout contre lui, il consulta avidement le réveil, posé tout près. Sept heures douze du matin. Ouf. Il avait juste le temps.
Doucement, il se dégagea du bras velu qui lui enserrait la taille, avec la même précaution dont on aurait usé pour un fauve endormi. Il se leva, sans trop faire tanguer la couchette, s'habilla sans bruit, et traversa la cabine du capitaine, plongée dans une semi-pénombre matinale, prenant soin d'éviter de se cogner aux meubles, ou de renverser quoi que soit.
A pas de loup, il se dirigeait vers la sortie, canalisant toute sa discrétion afin de ne pas éveiller la silhouette allongée sur son lit. Il y était presque. La porte était toute proche, encore deux mètres, il pouvait la toucher en tendant le bras...
- "Jaack? "
Et merde.
Il se figea, un pied en l'air, bras tendu.
Surtout, ne pas céder, ne pas se laisser séduire par ce roucoulement suave, si mystérieux, si mystérieux... Rester ferme. Implacable. Se montrer catégorique.
- "Jaaaack? "
Au diable la résistance. Mieux vaut la fuite.
Il l'avait trouvé il y avait deux mois de cela, à moitié mort, accroché a la dépouille titanesque d'un crocodile a demi-décomposé.
Rattaché à l'animal par le crochet qu'il avait au bout du bras, et s'étant apparemment nourrit de sa chair putréfiée durant plusieurs jours. Cette vision était à la fois si pitoyable et si comique, que Jack Sparrow en avait passé un quart d'heure à se rouler sur le pont, avant d'ordonner -enfin- que l'on secoure le naufragé. Le pauvre homme faisait peine à voir, mais il était solide.
On prit soin de lui, on le nourrit, le soigna, un ancien ferrailleur allant jusqu'à polir son crochet au chiffon durant son sommeil, et il fut très vite rétablit. Une fois remit sur pieds, Hook s'empressa d'exprimer sa reconnaissance à l'égard de Sparrow en égorgeant promptement son navigateur, et en tentant de s'emparer du bateau par la force. Jack ne put s'empêcher de reconnaître là un pirate véritable, digne d'admiration, bien qu'un peu ingrat.
A la suite d'une lutte à l'épée mémorable, qui ne dura que cinq minutes, après que Hook ai fait sauter la sienne avec un facilité déconcertante, Sparrow comprit que pour sauver sa vie, il devrait sortir sa botte secrète. Alors il fit ce pour quoi le Ciel l'avait mit sur terre, le domaine ou il était le plus calé: Minauder. Il minauda, minauda, tant et si bien que James finit par se persuader que taillader un tel perroquet serait sûrement considéré par la bonne société comme une marque de vulgarité. Jack n'était pas digne d'être pourfendu, et c'est ce qui le sauva.
Il fut donc rétrogradé au statut de Caniche à tout faire, à sautiller de la proue à la coque, avec exubérance et futilité, tout en baillant gaiement pour ne rien dans les jambes de tout les occupants du navire, à les abreuver de discours absurdes et sans intérêt, à voler du rhum au fond de la cale, et la nourriture dans les cuisines.
Pour être tout à fait honnête, l'équipage ne se rendit compte de la rétrogradation de leur capitaine qu'une semaine plus tard, tant son attitude ne dénotait pas d'avec l'ordinaire. Personne ne songea à contester l'accession au pouvoir de James Hook, et certains même bénirent la providence de leur avoir enfin envoyé un capitaine digne de ce nom. Hook dirigeait son petit monde -osons le dire- d'une main de fer, avec aisance, et le navire filait bon train, accumulant conquêtes, aventures et trésors de guerre. Sparrow continuait à flâner.
Cette situation le débarrassait de ces ennuyeux devoirs de capitaine, et il était libre de passer chacune de ses journées à dormir, jouer aux cartes, ripailler, boire, sans que personne ne lui reproche de faire preuve de nonchalance. Quelque peu désoeuvré, malgré cette vie de patachon, il ne se passa pas longtemps avant qu'il ne décide de "filer un coup de main au bon déroulement à bord!". Il s'attela tout d'abords en cuisine, et manque de faire brûler le navire, en oubliant sur le feu son calamar bouilli au rhum. Hook, qui l'avait jusque là ignoré, le sermonna vigoureusement. Jack, le visage noir de suie, les vêtement et une partie des cheveux consumés, ne trouva qu'à faire la tête, vexé.
- "Je voulais juste aider, c'est tout! "
Il chercha de nouveau à aider, le lendemain, en occupant le poste de la vigie vaquante, vigie passée -balancée- par dessus bord, pour une sombre histoire de chaussettes sales, sans prendre garde au fait qu'il venait juste de s'envoyer toute une bouteille de rhum derrière le collier. Déséquilibré, il effectua une chute monumentale, à laquelle il survécut en se raccrochant à la voile, qui se déchira dans toute sa longueur.
D'autres mésaventures suivirent, du même acabit, que l'on imagine sans peine. A la longue, les membres de l'équipage vinrent d'eux-mêmes supplier Hook de trouver un moyen d'empêcher Jack de nuire, car à force de maladresses, leur destinée finirait par n'être guère plus enviables que celle du Hollandais Volant.
Hook, qui commençait à en avoir par dessus les bouclettes des méfaits du "jeune" chien fou, opta pour une solution radicale. Il se précipita d'un pas furieux vers la cale, ou l'intéressé, vautré au sol, était occupé à conter ses malheurs à toute une pléiade de bouteilles vides, le souleva de terre par la ceinture à l'aide de son crochet, et le trimballa vers sa cabine, malgré ses vagissements misérables "Mais-heu, j'ai rien fait d'maaal!". Les matelots les regardèrent disparaître derrière la porte, persuadés qu'il n'allait plus rester que de la chair à poisson de leur ancien capitaine, une fois sortis. La porte refermée -claquée si fort que le bois s'émoussa- , James le projeta sans ménagement sur la couchette, avant de beugler, hors de lui:
- "TU VEUX SERVIR A QUELQUE CHOSE? ALORS ENLEVE MOI TOUT CA, ET EN VITESSE! "
Et jack accepta sa nouvelle fonction, avec un enthousiasme plaisant à voir. Il n'eut jamais à s'en plaindre. Comme un certain Barrie l'avait dit auparavant, Hook n'était pas totalement méchant, et sa cruauté n'avait d'égale que son intelligence et son réalisme. Son sens inné de l'esthétique lui indiquait que Sparrow, bien qu'un peu gras et crasseux, était une pièce de qualité, assez décorative pour que l'on ne se risque pas à l'abîmer par erreur. Lui même n'était pas déplaisant à regarder, solidement bâti, avec un visage élégant et des mains racées d'aristocrate sanguinaire. Qu'importe le fait que l'ancien capitaine ait deux mains gauches, vu la dextérité avec lesquelles il savait s'en servir dans certaines "situations".
Pour Sparrow, le plan était pépère. Hook, malgré le lourd handicap de l'avoir pour amant, restait la terreur inconsidérée des océans, et la simple mention de son nom suffisait souvent à faire déguerpir les badauds mal intentionnés ayant des vues sur son beau bateau, ou à calmer les tendances arnaqueuses de certains commerçants nautiques. Il jouissait à ses côtés d'une protection inégalable, et de la liberté de laisser libre court à toutes ses idées fantasques, sans crainte des représailles.
Une seule ombre au tableau: Hook, malgré son attrait pour la bonne éducation, sa distinction naturelle, son maintient impeccable, et son corps musclé, était plus que difficile à vivre au quotidien. A force d'éventrer, sur un coup de tête, tout les matelots qui ne lui revenaient pas, leur navire s'était fait une réputation pas piquée des hannetons, et ils avaient de plus en plus de mal à recruter. A tel point qu'ils durent changer le navire de nom à plusieurs reprise.
Très vite, les deux hommes se prirent au jeu qu'ils avaient entamés. Tant et si bien qu'un peu de la flemmardise de Sparrow déteignit sur James, qui ne put résister à la tentation de négliger quelques fois ses devoirs de capitaine, et de rester enfermé toute la journée avec son mignon, à ne rien faire d'autre que traînailler, manger, boire, et s'amuser.
Jack n'avait pas menti, tout ce qu'il souhaitait, c'était être utile, dans la mesure des ses moyens. Même si les phrases "Par pitié, la prochaine fois, enlève ce foutu crochet AVANT! ", ou "Cette odeur est infâme! Depuis combien de temps n'as-tu pas prit de bain?" devaient revenir souvent dans leurs ébats, une certaine complicité s'était établie, et tout se passait admirablement bien.
Oh, bien sûr, il y avait des bavures. Fort de son statut auprès du capitaine, mais surtout de sa légendaire légèreté inconsciente, il se permettait avec Hook des familiarités qui auraient coûté la peau à n'importe qui d'autre. Comme se pendre publiquement à son cou, et lui lécher joyeusement le visage, après s'être fait appeler "roquet", dans un accès d'agacement.
Grâce à la discrétion innée de Sparrow, à peu près tout ceux qui les rencontraient étaient au courant de leurs "activités". Mais vu que la plupart d'entre eux terminaient éventré ou noyés, et que les autres, l'auraient-ils souhaité, n'avaient pas intérêt à faire le moindre commentaire, la vie sur l'eau était plus que tranquille.
- "Jaaaaack?"
Reprit la voix, caressante.
J'ai rien entendu, j'ai rien entendu, j'ai rien...
- "Jack! Je sais très bien que tu m'entends! "
Zutzutzutzutzutzutzut... mayday, mayday, le bateau coule, on a déjà les pieds dans l'eau, SOS, 911...
- "Viens ici. "
Jack braqua sur son partenaire un regard de gamin contrarié, et croisa les bras, grognon.
- "Nan. "
- "Viens ici, jack. "
- "Nan. Je sais ce que tu veux. Je ne marche plus. Débrouille toi. "
James soupira, mais se vit violence afin de rester diplomate.
- "Bien sûr que tu le sais. C'est la même comédie tout les matins. Mais tu finiras par céder. "
- "Pas cette fois. Je veux pas, un point c'est tout! Cet engin, la dernière fois que je m'en suis servi, je m'y suis pris à l'envers, et j'ai faillit t'étrangler! "
- "C'est parce que tu n'es pas habitué à t'en servir. Mais avec un peu de pratique, ça viendra. Puisque que tu es levé, rends toi utile et viens me l'apporter. "
Il désigna d'un geste le dispositif étrange, qui attendait sur un fauteuil. Composé de cercles de métal et de lanière de cuir, il était destiné à faire tenir le crochet au bras de James, en le reliant par l'épaule. Jack frissonna.
- "Je n'y toucherai pas. Cette chose me rends malade rien que de la regarder. "
- "Jack, ne fais pas l'enfant. Tu sais pertinemment que c'est la seule chose que je ne peux pas faire tout seul. Et je me vois mal aller demander une chose pareille à ce ramassis d'imbéciles que l'on s'obstine à qualifier "d'équipage." "
- "Et pourquoi pas? Si ils s'y prennent mal, tu auras toujours la joie d'en balancer un autre par dessus le bastingage. On commence à prendre l'habitude... "
- "Viens ici immédiatement! "
Le pirate afficha une petite moue boudeuse, et choisit de se faire suppliant. Inutile de préciser que cette méthode n'avait jamais, jamais fait ses preuves avec Hook.
- "S'il te plaaaaiiit... tu sais bien que ça me débecte, ton truc... "
- "Jack, poursuivit James d'un ton mielleux, si tu ne viens pas immédiatement m'aider à m'habiller, je te jure que j'abandonnerai définitivement l'usage de mon crochet. "
L'infantile lui tourna prestement le dos.
- "Dans ce cas, je pars... "
- "Pour la bonne raison qu'il sera resté fiché dans tes entrailles, et que même le métal le plus solide ne saurait résister a une telle corruption. "
Aussitôt dit que l'autre avait déjà fait demi-tour, le teint légèrement blême.
- "Dans ce cas, je reviens! "
Contraint et forcé, et saisit l'odieuse machinerie du bout des doigts, avec une légère grimace de dégoût.
- "Pousse toi... que je m'asseye. Merci, c'est trop de bonté. Maintenant, on s'assoit, et on ne bouge plus. "
Il s'attela au travail de mauvais grâce.
- "Ou est ce que je met ce truc? "
- "Là, enfile sur le bras. "
- "Et ce machin? "
- "Emboîte-le dans le deuxième. "
- "Mince, je me suis trompé d'embouts. Faut tout recommencer. "
Le Capitaine serra les dents, mais ne dit rien.
- "Je comprends pas pourquoi tu t'obstines à te coller un crochet. Tu pourrais mettre quelque chose de plus sympa. Comme un stylo. Ou une sucette. "
- "Je t'ai déjà suffisamment pendu au bras de jour comme de nuit, pour en plus m'embringuer d'un appât. Sûr que je n'aurais plus une seule minute d'intimi...NOM D'UN CHIEN, SPARROW! LA BOUCLE ARGENTEE VA DANS L'AUTRE BOUCLE ARGENTEE! PAS DOREE! IDOT! "
- "Désolé, désolé... "
Chantonnait l'inattentif, tout en songeant au nombre de choses extravagantes que son amant pourrait accrocher à son bras à la place de cet horrible crochet, et à quel point lui ne se gênerait pas, s'il était concerné.
- "Tout de même, marmonna-t-il tout, en cherchant vainement à joindre deux boucles récalcitrantes, je me demande bien pourquoi tu me demandes ça à moi...je le fait mal, j'aime pas ça, j'y arrive jamais en moins d'une demi-heure... on a un ferrailleur, tu sais... les machines, ça le connaît, sûr qu'il te clouerait ça en cinq minutes! Et en plus, il serait content! "
- "Non. "
Le ton était sec, définitif. Inutile d'insister. Un silence suivit, à peine troublé par les injures que marmonait l'empoté, et le cliquetis du métal manipulé.
- "Pourquoi? "
James haussa les sourcils.
- "Hum? Pourquoi quoi?"
- "Pourquoi tu veux que ce soit moi qui fasse ça? "
L'autre se renfrogna, bougon.
- "Parce que c'est ton rôle. C'est ça ou la planche. "
- "Non, tu mens. Dis moi la vraie raison. "
- "Parce que si tu refuses, je filerai tes organes a bouffer aux poissons. "
- "Non. C'est pas ça non plus. "
- "Silence! Tais toi et contente toi de le faire, ou je t'étripe, là, sur place! "
Jack secoua la tête, faussement consterné.
- "Quel caractère... un vrai porc-épic. "
- "Va en Enfer. "
- "J'y suis déjà, avec ton truc. "
- "Petit malin. "
- "Vieil aigri. "
A la vérité, Hook n'était que légèrement plus âgé que son partenaire, mais Jack aimait à le taquiner sur le sujet. Nouveau silence, nouveaux grognements frustrés.
- "C'est personnel. "
Lâcha James, sans prévenir.
- "Hein? "
- "Cet attirail... je ne le montre jamais, a personne. C'est humiliant. En plus, je ne peux pas le mettre moi-même. Doublement humiliant. Pour moi, c'est quelque chose de très personnel. C'est pour ça que je ne permet pas à n'importe qui de le faire. Considère-toi comme privilégié de le voir tous les jours. "
Tout cela prononcé d'un ton neutre, où stagnait tout de même une pointe de timidité mal dissimulée. Jack sourit largement, et pour une fois, ne fit aucune remarque déplacée.
