Note de l'auteur : je pensais ma période Harry Potter révolue depuis quelques années. Mais avoir ressorti les 7 tomes pour une énième relecture m'a fait replonger dans un monde décidément trop merveilleux et vaste pour ne pas réveiller mon envie d'écrire. J'ai donc repris une fic que j'avais à peine entamée début 2007, avant la parution du tome 7 et que j'ai réécrite entièrement. Cette histoire fait donc abstraction du dernier tome. Pour changer de mes deux autres fics HP, j'ai essayé de faire une histoire moins sombre que les autres (pas sûr d'avoir réussi... ^^).
Il s'agit d'une histoire en 6 chapitres. Bonne lecture !
Chapitre I
Le visiteur
- Ça ne marchera jamais ! Ce mec est cinglé !
Le jeune Gryffondor leva les yeux au ciel sans s'arrêter, son regard se perdant dans sa chevelure claire. Son interlocuteur, qui portait les mêmes armoiries sur sa robe, tentait de ramener son ami à la raison.
- T'auras pas approché à moins de cent mètres de sa maison qu'il t'aura stupéfixé ! Même Longdubat t'as prévenu !
- Je saurai lui parler.
- Pourquoi est-ce qu'il faut absolument que t'ailles l'interroger lui ? Y'a quand même d'autres personnes qui en savent autant, voire plus !
Cette fois l'adolescent s'arrêta et se retourna, fixant sans complaisance celui qui tentait de le dissuader d'accomplir son projet.
- Bon d'accord, c'est vrai, personne n'en sait plus que lui. Mais tu sais ce qui est arrivé au dernier reporter de la Gazette du Sorcier qu'est allé chez lui ? Il a été gentiment renvoyé par tapis volant, sa baguette cassée en deux ! Ce type est un vrai psychopathe ! Tu ne peux pas te contenter de ce que te dirait Longdubat ?
- Non. Il me faut quelque chose de plus authentique. Longdubat n'était pas au premier rang, il n'y a pas directement participé. Lui en revanche, si.
- Tu fais ça à cause de ta famille ?
Le regard du jeune homme se fit plus dur, mais il ne répondit pas. A la place, il frappa à la porte devant laquelle ils s'étaient arrêtés, avant qu'une voix ne l'autorise à entrer. La grande pièce semblait figée dans l'éternité, ses murs de granite recouverts des couleurs rouge et or de la Maison qu'elle représentait, ornées du griffon, symbole du courage et de la force des Gryffondor. Derrière le bureau, un homme grand et massif, au visage rond et chaleureux, légèrement voûté, sourit à ses deux élèves et se leva.
- Alexandre ! Je vous attendais. Et M. Barclay.
Les courts cheveux noirs et la peau chocolat de Cillian Barclay s'accordaient à cet instant parfaitement avec son humeur et ses pensées.
- Professeur, se contenta-t-il de bougonner en fourrant ses mains dans ses poches.
Le récemment promu directeur de la Maison Gryffondor eut un sourire jovial avant de se retourner vers Alexandre.
- Tu es venu pour l'autorisation de sortie, n'est-ce pas ? La voici.
Il brandit de son tiroir un parchemin dûment signé qu'il relut une dernière fois, avant de le donner à Alexandre.
- C'est une autorisation de sortie exceptionnelle, tu le sais ? Tu n'as que 16 ans, et en tant que mineur tu ne devrais pas avoir le droit de quitter l'école seul. Ma prédécesseure ne t'aurait certainement jamais laissé sortir sans la présence d'un adulte… Le professeur McGonagall était plutôt pointilleuse en ce qui concerne le respect du règlement. Mais je suppose qu'on peut te faire confiance. Et puis, je pense qu'il est préférable que tu y ailles seul.
Alexandre se contenta d'acquiescer silencieusement et glissa le parchemin dans sa poche. Le regard fuyant, il salua son directeur de Maison et quitta son bureau derrière Cillian.
- Et bonne chance, murmura le professeur avec un petit sourire énigmatique une fois que la porte fut refermée.
La vieille bâtisse se tenait à l'écart du village, au terme d'un chemin boueux et tortueux où même le facteur moldu ne s'aventurait pas. Le Portoloin transporta Alexandre à quelque distance de la propriété, à l'écart des éventuels regards de moldus. La maison était entourée de bosquets et les prairies s'étendaient sur les collines alentours, sans qu'aucune autre habitation ne soit visible. Un calme inquiétant et presque surnaturel émanait du lieu, et bien que le soleil fût haut dans le ciel, un frisson parcourut le jeune homme. La maison devant laquelle Alexandre se trouvait était haute et étroite, étrangement tarabiscotée. Son état n'était en revanche guère engageant. Certaines fenêtres étaient cassées, les volets pendaient ou manquaient et l'ensemble aurait eu bien besoin d'un grand rafraichissement.
Ne se décourageant pas, Alexandre prit une grande inspiration, serra sa baguette dans sa poche, et franchit le muret délimitant la propriété pour s'engager dans le jardin. Les fenêtres du rez-de-chaussée étaient ouvertes en ce chaud mercredi de Printemps, mais sans qu'aucun bruit n'émane de l'intérieur de la maison.
Parvenu au pallier, il sortit la main de sa poche pour frapper lorsqu'une ombre apparut au coin de la terrasse. Les réflexes du jeune homme le jetèrent à terre à bon escient, l'empêchant d'être frappé par le sortilège qui venait de lui être lancé. Il rampa jusqu'à se protéger derrière la balustrade lorsqu'un deuxième sortilège fit voler en éclat une partie de celle-ci.
- Ne tirez pas ! hurla-t-il à l'intention de l'ombre.
- Je croyais pourtant avoir été clair la dernière fois ! lança une voix rauque.
Une nouvelle explosion de magie brûla la pelouse à proximité du jeune élève. Alex sortit sa baguette, sans savoir réellement quoi en faire. Il ne s'était jamais battu avec et n'était pas très sûr de savoir quelle conduite adopter. Mais les mots prononcés par Cillian quelques heures plus tôt lui revinrent en tête, et il tenta de crier d'une voix qu'il espérait la moins tremblante possible.
- Je ne suis pas journaliste ! Je suis élève à Poudlard !
Plusieurs secondes passèrent sans que l'ombre ne lance de sortilège. Alexandre retenait sa respiration, adossé aux restes de la balustrade, sa main tremblante ayant du mal à tenir sa baguette.
- Vraiment ? finit par répondre la voix de basse. Debout !
- Vous n'allez pas tirer ?
- Je tirerai si tu ne te montres pas !
Prenant son courage de Gryffondor à deux mains, Alexandre se releva lentement, avec précaution, prêt à replonger au moindre signe d'hostilité. L'homme qui lui faisait face était grand et légèrement dégingandé. Sa chevelure tirait sur le roux, malgré une proportion croissante de gris. Il paraissait bien plus que son âge, songea Alexandre. Il avait du mal à distinguer son visage avec précision, mais il semblait indéniablement vieux et las.
- Alors comme ça tu es élève à Poudlard ?
- Ou… oui Monsieur, répondit Alex avec prudence.
- Et tu sais te servir de ça ? enchaîna le grand roux en pointant la baguette que tenait Alexandre.
- Euh… comme on me l'a appris oui. Mais je suis mineur, je n'ai pas le droit de l'utiliser en dehors du château, sauf en cas de nécessité absolue.
- Pour te protéger toi ou une autre personne oui, je sais ! s'emporta le vieil homme acariâtre. Et là, ce n'était pas un cas de nécessité absolue ? Si j'avais été un Mangemort, crois-tu que je me serai soucié de savoir si tu étais mineur ?
Alex était décontenancé. Le caractère fort et bourru de son interlocuteur le mettait mal à l'aise, il n'avait pas cru que ce premier contact serait si difficile.
- Je… Mais ça n'aurait pas pu arriver de toute façon ! Et de plus, qui pourrait vous en vouloir ?
L'homme maugréa, bougonnant dans sa barbe négligée avant de ranger sa baguette.
- Stupides gamins.
Il ouvrit la porte de sa maison et y pénétra. Prenant cela pour une invitation, Alex rangea à son tour sa baguette, ramassa ses affaires et s'engouffra à sa suite. La cuisine dans laquelle il venait de pénétrer devait être la principale pièce commune de la maison. Un fouillis indescriptible y régnait, et le ménage ne devait pas y avoir été fait depuis des années. La poussière s'accumulait en quantité sur les meubles, à l'exception de la table à manger et d'une chaise. Le vieil homme ne devait pas recevoir beaucoup de visites. Au mur, une étrange horloge à neuf aiguilles semblait figée dans l'éternité. Des inscriptions effacées par le temps empêchaient de savoir ce qui était inscrit sur les aiguilles. A la place des chiffres on pouvait déchiffrer des inscriptions indiquant « A l'école », « Au travail », ou encore « En danger de mort ». Huit des aiguilles semblaient définitivement arrêtées sur « En danger de mort », tandis que la neuvième était située sur « A la maison ».
- Il y a longtemps qu'elle ne sert plus à rien… lança le vieil homme d'un air fataliste.
Alex détourna son attention de l'étrange objet et fit face à son interlocuteur, les mains jointes dans un signe évident de gène. Malgré tout, il entama la discussion.
- Je… commença-t-il à balbutier, je suis en sixième année à Poudlard, et j'ai un dossier à réaliser pour mon examen de fin d'année en Histoire de la Magie.
Négligemment adossé au plan de travail, le regard de l'homme ne cilla pas. Alex prit une grande inspiration et se lança :
- J'ai choisi comme thème la Seconde Guerre, et j'aurais voulu avoir votre témoignage sur ce sujet.
Tous les sens du jeune homme étaient en alerte, il guettait la moindre réaction du vieillard, prêt à se protéger si celui-ci éclatait à nouveau dans une colère noire. Lorsqu'il se redressa, Alex fit un pas en arrière. Mais le grand roux lui parla d'une voix neutre.
- Quel est ton nom gamin ?
- Alexandre. Alexandre Bones, s'empressa de répondre l'intéressé.
Les yeux ternes de l'homme étincelèrent un instant et parurent bien plus vifs qu'ils ne l'avaient été depuis qu'Alex était arrivé.
- Tu es le fils d'Harry Bones ? poursuivit-il sur un ton plus insistant.
- Euh… oui, en effet, répondit Alex, visiblement surpris. Vous connaissez mon père ?
- Et tes grands-parents paternels sont… demanda l'homme sans répondre à la question.
- Theodore Bones et Amy Nerggar.
Cette fois, le vieil homme s'était approché d'Alex et le dévisageait minutieusement. Le jeune Gryffondor se sentait mal à l'aise, même s'il tentait de ne rien laisser paraître. Son hôte collait presque son visage contre le sien et Alexandre pouvait sentir son odeur rance. Il réprima une grimace. Après des instants qui lui parurent une éternité, l'homme recula, visiblement perplexe.
- Ah, fit-il d'un air qu'Alexandre ne parvint pas à déchiffrer. Et pourquoi viens-tu me voir moi pour parler de cette période ?
Après un instant d'hésitation, il ajouta :
- Et tes grands-parents ?
Alex détourna le regard et baissa la tête, l'air soudainement gêné, presque honteux.
- Mes grands-parents maternels ont emménagé en Angleterre des années après la fin de la guerre. Mes grands-parents paternels… n'ont pas vécu la guerre. Ils se sont lâchement cachés dans les Shetland durant plusieurs années, y compris après la fin de la guerre. Mon arrière-arrière-grand-mère a été assassinée par Voldemort, elle était directrice du Département de la Justice Magique, mais d'après mon grand-père Theodore, c'est la seule victime de la famille. Et de toute façon, qui d'autre que vous pourrait mieux connaître cette période ? Vous êtes le seul des Trois à avoir survécu à la guerre. Vous y étiez, vous Le connaissiez, non ?
Il était le dernier survivant qui ait directement participé au cœur du conflit. Alex était persuadé que personne d'autre ne pouvait mieux connaître les évènements de cette période.
Le regard du vieil homme étincela et son ton se fit énigmatique.
- Tu ne sais même pas… qui tu es…
- Qui je suis ? Mais de quoi parlez-vous ?
La discussion ne prenait pas vraiment le sens qu'Alex aurait souhaité. Il ne comprenait rien à ce que le vieil homme lui racontait et commençait à croire ce que lui avait Cillian, à savoir que le vieil homme était devenu sénile. Son hôte lui tournait à présent le dos, regardant par la fenêtre le ciel d'un bleu pur, à peine souillé de quelques nuages cotonneux.
- Ce n'est normalement pas à moi de t'apporter les réponses que tu cherches. J'ai laissé cette partie de moi loin derrière, il y a bien des années.
Il se retourna, et Alex crut déceler un triste sourire sur son visage austère.
- Mais je pense que je peux bien faire ça pour toi. Qu'est-ce que tu veux savoir ?
Alex ne se fit pas prier devant la soudaine approbation de son interlocuteur et sortit sa plume à papote.
- J'ai récolté beaucoup d'informations sur cette période, depuis la Résurrection jusqu'à la Bataille de Poudlard, principalement grâce au professeur Longdubat qui l'a vécue. Vous devez sans doute le connaître, il est le directeur des Gryffondor à Poudlard. Mais il a fini par être blessé et a passé les derniers mois de la guerre à l'hôpital. C'est pourquoi je souhaitais avoir votre vision des évènements durant les dernières semaines de la guerre, jusqu'à la Bataille des Monts Comeragh.
Le vieil homme soupira longuement.
- Assieds-toi, Alexandre, je t'en prie.
- Merci ! Merci beaucoup M. Weasley.
Tous deux prirent place autour de la vieille table de bois et le vieil homme fit une grimace qui devait ressembler à un sourire.
- Appelle-moi Ron.
TBC
