Je ne suis pas le propriétaire des personnages

C'est un POV de Buffy alors que Faith est dans le coma.

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Je te regarde. Tu as l'air si paisible, malgré tes traits tirés par la fatigue. On dirait que tu dors…Mais tu es si pâle, si vulnérable… Tu n'es plus cette fille sulfureuse qui dansait avec moi au Bronze…juste, une fille aussi fragile que moi…

Je fronce les sourcils. J'observe les alentours. Un frisson me parcourt l'échine. Tout est blanc. Trop blanc. Cela m'aveugle, me rend nerveuse. Le blanc. Symbole de pureté. Je ne me sens pas du tout pure. J'ai encore la vision de ton sang, chaud et vibrant, sur les doigts. Je t'ai salis de ma faiblesse, toi si forte…Et une notion d'histoire percute mon esprit. Le blanc. Dans certains pays, c'est également symbole de mort…

Et ces machines qui te maintiennent en vie. Ces bips sonores qui me rappellent à tout instant que tu peux passer de vie à trépas… J'ai la gorge serrée à l'idée que tu ne me reviennes pas. Tendrement, je passe une main tremblante dans tes cheveux. Je veux te rassurer de ma présence…A moins que je ne veuille ME rassurer de ta présence.

Ta respiration est lente et bruyante. Ta poitrine se soulève régulièrement pourtant…J'ai l'impression que chaque bouffée d'air te coûte énormément d'efforts. Je retiens mes larmes alors que mon cœur crie à l'agonie. Je ne peux rien faire pour te soulager. Je ne peux rien faire pour t'enlever à cette souffrance.

Spontanément, je serre doucement ta main frêle. Elle n'exprime rien de toi. Comme si c'était un corps étranger. Elle est froide, comme la mort. Et je me voilà à redouter ce moment fatal. Ma main tremble dans la tienne, inerte…Dis-moi que tu luttes, comme toute Tueuse qui se respecte…

Si tu savais comme je le regrette. Je regrette ce qui s'est passé entre nous. Je regrette de t'avoir menti sur Angel, je regrette de t'avoir laissé tombé au moment où tu en avais le plus besoin…Mais, plus que tout, je regrette de t'avoir emmené là. Je regrette ce geste…

Je n'ai pas compris ta détresse. Je n'ai pas vu ton désarroi derrière tes regards insistants. J'ai oublié que tu n'étais qu'une enfant. Une enfant abandonnée dans ce monde. Une enfant qui recherchait la reconnaissance et l'amour…J'ai oublié que, derrière tes sous-entendus et tes provocations, se cachait une âme meurtrie. Une âme qui ne cherchait que réconfort…Je n'ai pas su écouter les pleurs de ton cœur, ni les plaintes de ton âme…

J'ai été guidée par la colère. La colère ne résout rien. Regardes où elle t'a mené, la mienne…J'ai refusé de voir l'évidence. J'ai refusé d'écouter mon cœur. Au lieu de cela, j'ai laissé éclater ma colère. Mais, derrière cette colère, je me rends compte qu'il y avait autre chose. Cette même chose qui t'a mené vers le maire ; le sentiment de trahison, d'abandon, de rejet. C'est cela n'est – ce pas Faith ?...

Tu t'es crue trahie. Tu as pris peur et tu as accepté la première main tendue vers toi. Ton assurance, ce masque que tu portes en tout temps, tout lieu et toute heure ; il s'est fissuré lorsque tu as planté ce pieu dans sa poitrine. Ton regard incrédule, choqué, s'était baissé sur tes mains ensanglantées. 

J'aurais du être là et te réconforter. Au lieu de cela, je t'ai accablé. Je t'ai rendu encore plus coupable que tu ne te sentais…

J'ai compris ce que t'as essayé de me dire par tes actes. Tu n'as jamais été bonne en paroles. Tu as toujours agis pour te faire comprendre. Cette colère excessive, à la hauteur de ton sentiment d'abandon. Cette flèche pour que je vienne, encore une fois, à toi. Lorsque cette lame affutée s'est enfoncée en toi, tes paroles ont retenti dans ma tête. Et j'ai compris. Mais, il était trop tard…Comme je regrette ma couardise…

Ravalant un sanglot, je me penche doucement et dépose un baiser sur ton front. Je m'éloigne de toi, encore. Mais, avant de quitter la salle de soins intensifs, je te lance un dernier regard, implorant… Faith, si tu m'entends, je t'en prie, laisses-moi m'excuser. Laisses-moi rattraper mes erreurs…Laisses-moi le temps regagner ta confiance…