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1.

This picture

Bonjour, amis lecteurs (lectrices ?), me revoilà pour une nouvelle aventure HPDM, en votre compagnie j'espère. Cette nouvelle histoire est issue d'un délire initial à partir d'une photo postée sur le groupe « Mon ciel », délire que j'ai voulu poursuivre et enrichir. Les deux premiers chapitres sont très hots, le reste sera plus classique, même si l'ensemble reste pour adultes. C'est un UA, vous me direz « pourquoi en faire un HPDM ? », je vous répondrai « pourquoi pas ? ». On revient toujours à ses anciennes amours, il parait.

A l'origine je voulais écrire deux récits très différents puis je les ai fusionnés en un, j'espère que l'alchimie prendra. Au détour de cette histoire certains reconnaitront peut-être des personnages d'une autre de mes fics, publiée sous un autre pseudo. La mise à jour de cette histoire sera hebdomadaire, sauf exception.

" This picture" est une chanson de Placebo.

Il ne me reste plus qu'à vous souhaiter une bonne lecture…

Rendez-vous avait été pris pour 17 heures, il pleuvait à verse sur les carreaux et les stores, Colin mâchouillait nerveusement un vieux stylo en posant les vêtements choisis par la rédactrice sur un portant.

- Non mais vise-moi ça ! Qui pourrait porter des trucs pareils ?

- On s'en fout, Colin. Pas toi en tout cas si tu continues à bouffer des cochonneries à longueur de journée, ai-je lancé à mon assistant.

- Pffff… C'est des trucs de fille, non ?

- T'y connais rien. Et on s'en fout, je te dis. T'es pas rédactrice de mode, si ?

Il avait haussé les épaules en extirpant de leurs housses un mélange improbable de vestes à galons et de chemises à moitié déchirées que la rédactrice de « Vanity » avait déposées dans l'après-midi. Une commande de magazine, pas ce que je préfère. Mais il faut bien vivre, et c'était bien payé.

- Offre nous un truc qui groove, Harry, m'avait-elle dit avec un petit clin d'œil.

- Ça dépend beaucoup de lui, avais-je rétorqué dans un soupir.

- Oh come on, t'en as vu d'autres, non ? C'est son agent qui veut dépoussiérer son image, c'est du velours pour toi.

Colin avait poussé un rire bref, les photos sur velours ce n'était plus trop mon genre, je voulais les oublier. Du porno j'en avais shooté dans le passé, ça me collait à la peau comme une odeur un peu lourde, je voulais me refaire une réputation. Partir en Irak ou en Alaska, me racheter une virginité. Mais en attendant il fallait bien vivre et une offre de « Vanity » ça ne se refusait pas, même si les photos de mode m'ennuyaient. Et dans sa bouche à elle, « velours » n'avait pas le même sens, forcément. Le velours il devait y être habitué, je ne voyais pas trop bien ce que je pourrais lui apporter. Bah, sur un malentendu il y aurait peut-être quelque chose à shooter. Peut-être. J'ai écouté la pluie tomber avec un son doux et entêtant, j'avais hâte que ce soit fini.

Vanessa rangeait ses pinceaux et ses poudres d'une main en envoyant des SMS de l'autre, l'air las. Elle devait partir à 17h30 tapantes, j'espérais qu'il ne serait pas trop en retard, comme toutes les foutues stars. Interdiction de parler de la série qui l'avait fait connaître, interdiction d'introduire le moindre balai nulle part – j'avais souri à cette phrase, mais son agent était si sérieux que j'avais ravalé la plaisanterie qui me venait. Pas de balai, pas de serpent, pas de vert. Bien sûr.

Je contrôlais une dernière fois mon matériel, le Canon sur trépied, le réflecteur, les softsboxes, les accessoires, la carte mémoire. Le fond blanc sur lequel je projetterais des couleurs ou des décors, selon l'évolution de la séance.

- Pas trop de chichis, hein ? C'est lui qu'on veut surtout, avait conclu la rédactrice de mode en disparaissant.

- Ben voyons, avait soupiré Colin après son départ. Quelle conne celle-là. En plus t'as vu ses chaussures ? Non mais on se croirait dans les eighties, c'est n'importe quoi.

- T'étais pas né dans les eighties, Colin. Ferme-la. Quand tu gagneras autant que cette fille on en reparlera, ok ?

17h45. Un bref coup de sonnette, Colin avale sa dernière bouchée de biscuit en douce et Vanessa ne soulève même pas un sourcil, totalement absorbée par son BlackBerry. Je vais à la porte, putain faut que je fasse tout moi-même ou quoi ?

- Bonsoir. Je suis en retard, lâche posément un grand mec blond aux épaules basses.

- Entrez, c'est tout droit, dis-je en serrant une main un peu molle.

Hé bien c'est pas gagné pour faire une séance sexy, me dis-je en le suivant à travers le studio. Colin le détaille de la tête aux pieds avec une petite moue, déçu de le voir plus grand et plus mince que lui. Mais ça il ne l'avouera jamais, donc il se contente de le mépriser ouvertement, ce qui m'agace. Dans mes rêves j'ai un vrai assistant, pas mon petit ami qui joue les divas – ou les folles, c'est selon. Draco s'arrête à hauteur du réflecteur, mal à l'aise. Pourtant il a dû déjà en faire des dizaines de photos, depuis son enfance, non ? Je me demande comment un mec si banal peut être aussi populaire auprès des jeunes filles. Magie du cinéma.

- Vous voulez boire quelque chose ? Thé ? Café ? Smoothie ? dis-je en lui indiquant un vieux canapé défoncé dans un coin.

Il hausse les épaules, je souris nerveusement. Hé bien c'est pas gagné. Tout se joue souvent dans les premières minutes, lors du brief initial destiné à se mettre d'accord sur ce que chacun recherche, la confiance est importante. Je l'interroge sur ses attentes, il hausse à nouveau les épaules et Colin renifle bruyamment.

- Heu Colin, tu peux aller me chercher un sandwich ? Je meurs de faim, dis-je agacé.

- Mais…

- T'as boulotté tous les biscuits, non ? J'ai rien mangé depuis ce matin, je me sens mal. Va au Subway, comme d'hab. S'il te plait, j'ajoute en insistant sur le dernier mot.

Il se lève, mécontent, Draco ne lui lance pas même un regard. Quand Colin quitte la pièce Vanessa nous rejoint enfin et se verse un café en le saluant à peine.

- Bon, je pense que Sharon vous a dit ce que le magazine souhaitait ? Tous les vêtements sont là, je vous laisse choisir. Vanessa pourra vous aider à les passer, dis-je en remarquant ses ongles rongés.

- Ok, souffle-t-il en attrapant un gobelet rempli de thé.

- Un sucre ?

- Non, ça va merci.

Il ne ressemble pas à grand-chose dans son jean élimé et son pull trop grand, de près sa peau est brouillée, j'aperçois une ombre de barbe. Mal parti. Vanessa consulte sa montre en soupirant, il garde les yeux baissés sur son gobelet, bordel je dois lui proposer quoi pour qu'il se détende ?

- Et comme musique, vous préférez quoi ? Coldplay, Radiohead, Lenny Kravitz, Lady Gaga, Adele? Dites-moi, j'ai tout sur mon PC.

- Placebo, souffle-t-il sans me regarder.

Yes. Pourquoi pas ? Je lance « This picture », la musique emplit le studio, il me semble qu'il se détend un peu.

- Harry, je te rappelle que je dois… commence Vanessa.

- Ok. On va y aller. Prêt pour le maquillage ? Vous voulez quoi ? Bonne mine ou ambiance décadente, pour aller avec les fringues ? Il y en a qui sont croquignoles, vous verrez.

Son sourcil se lève, il se mordille la lèvre. Ne répond rien. Le son doit être en option, il n'est pas assez payé pour discuter avec moi. Ou alors c'est parce que je ne suis pas Annie Leibowitz. Pas encore. Bien. The show must go on, anyway.

- Bon, on va commencer par un truc pas trop appuyé, ok Vanessa ?

Il la suit jusqu'au coin maquillage, je monte le son. Un petit coup de Placebo ne nous fera pas de mal, puisqu'on n'a rien à se dire. Alors qu'elle dégage ses cheveux et met à jour un visage pâle et anguleux je me demande ce qu'il vient chercher là. Pourquoi il a accepté. Ou pourquoi son agent a accepté. Quoique. C'est clair que casser son image lui fera du bien, on dirait un premier communiant. J'ai connu des portes manteaux plus vivants mais on va dire que la soirée commence. Qu'il est timide.

Vanessa lui passe du démaquillant puis de la crème teintée, il ferme les yeux, parfaitement immobile. Comme absent. Extérieur à ce corps qu'on maquille. La passivité typique des mannequins en fin de course, qui n'ont plus rien à donner. Une poupée de chiffon qu'on maquille, un frisson me passe dans le dos.

Et si… ?

Je fais semblant de régler les lumières alors que tout est nickel déjà, il ne me manque plus que sa peau pour les derniers réglages. La teinte exacte de sa carnation. Colin rentre en claquant la porte avec des sandwichs sous le bras, tiens pour une fois qu'il a une initiative intéressante… Je commence à en émietter un du bout des doigts, le pinceau court sur la bouche de Draco pour la rendre plus gourmande, nos regards se croisent dans le miroir.

J'y lis une étincelle alors qu'elle applique du noir autour de ses yeux et du mascara, tiens on dirait qu'il s'anime sous les doigts experts de Vanessa. Ils discutent à mi-voix maintenant, échangeant des recettes de peeling bio. Un coup de blush, un rire de gorge, j'ai des craintes sur le côté naturel de la chose. Son sourire le rajeunit mais ce n'est pas ça que je cherche. Colin engloutit son sandwich derrière le paravent, je jette un œil aux vêtements accrochés au portant. Putain, c'est du XXS ou quoi ? J'avise un legging qui siérait à ma petite nièce, perplexe. Et ça c'est quoi ? De la quincaillerie ou des chaînes ?

J'augmente la température du radiateur, Draco se laisse poudrer sagement, Colin ne le quitte pas des yeux. Vanessa me fait signe de la tête, c'est l'heure où elle doit partir, ô misère il n'a pas encore choisi ses fringues. Je secoue la tête en grimaçant, je n'y connais rien moi, je ne suis que photographe.

- Laisse, je vais le faire, souffle Colin dans mon dos en se dirigeant vers Draco. Vanessa doit partir, je vous aide à choisir vos vêtements ?

L'autre le regarde comme s'il le voyait pour la première fois, hésitant. Oh my. C'est pas gagné. Vanessa enfile sa veste et m'envoie un bisou du bout des lèvres, je les rejoins.

- On vous laisse regarder ? dis-je comme une mauvaise vendeuse.

Colin lui tend immédiatement le legging insensé et une espèce de parure en fer, imitation délirante des bijoux de la Castafiore, Draco recule d'un pas.

- On va peut-être commencer par plus soft, dis-je en lui souriant avec chaleur. Prenez ce qui vous plaît. Oh pourquoi pas cette chemise blanche, ce serait sympa, non ?

Il rafle la chemise et le legging avec une petite moue, Colin glousse alors que Draco disparait derrière le paravent. Je pose mon index sur ma tempe à l'intention de mon crétin d'assistant, il me fait un doigt d'honneur. Oh, t'inquiète pas ma poule, tu perds rien pour attendre.

Je me place derrière l'appareil et Colin allume les spots, nous attendons la star, cachée derrière son paravent. Les minutes passent, putain il fait quoi ? On se regarde, Colin mime une injection dans son bras, nouveau doigt d'honneur. De ma part cette fois. La pluie redouble, résonnant sur les tuiles en fer de l'atelier. Une légère angoisse me prend, je ne le sens pas ce shooting, je ne sais pas pourquoi. Il ne va rien me donner, c'est bien parti pour. Boh, on sauvera les meubles. Ou les fringues.

Quand enfin il apparait un frisson nous prend, putain il a de la gueule quand même, il traverse la pièce comme un top, plaçant bien un pied devant l'autre, chaloupant un peu, toujours la même moue sur le visage, hyper maigre. Naomi Campbell is back. Il vient se placer pile au centre, un bras croisé devant lui, en position d'attente.

- On peut écouter autre chose ? dit-il sans me regarder.

- Bien sûr. Quoi ?

- Protège-moi.

- La version française ?

Il hoche la tête, je passe pour un con. OK. Premier round. Je fais un signe de menton à Colin, il va de mauvaise grâce changer la musique, sur le PC. Je me rapproche de Draco, son maquillage est lourd mais fait bien ressortir ses yeux bleus, je lui souris :

- On va commencer par quelques photos debout, ok ? T'as l'habitude, non ? dis-je étourdiment, comme s'il était mannequin.

Nouveau hochement de tête, toujours sans me regarder. J'espère qu'il va au moins fixer l'objectif, me dis-je en regagnant ma place, derrière mon appareil. Colin rectifie la lumière et fait les tests, il l'attrape par le bras pour le replacer, Draco obéit sans moufter. Bien.

Plan moyen, l'image dans ma focale me surprend. Sa peau prend bien la lumière, c'est assez étonnant. Le maquillage est parfait, pas naturel mais photogénique. Il bouge sans aucun naturel mais l'objectif capte bien ses mouvements, c'est un bon mannequin. Il fixe l'objectif par intermittence, toujours par en dessous, sur la défensive. Bon, on rectifiera ça plus tard.

Je vérifie les photos, pas mal pour un début. Superficiel mais pas mal. Colin semble fasciné, la bouche grande ouverte. Il gobe les mouches ou quoi ?

- Colin, si tu… ouvrais un peu la chemise ? dis-je d'un ton narquois. Passe-lui un peu de fond de teint aussi.

Colin s'exécute de mauvaise grâce, il entrouvre la chemise de l'acteur qui ne bouge pas et passe la houppette sur sa poitrine avec beaucoup de minutie, laissant échapper un bout de langue de son visage concentré. Je constate amusé qu'il est un peu musclé et ne ressemble pas à une crevette, bonne surprise. Le frôlement du pinceau a fait saillir ses tétons, j'indique d'un geste de tête à Colin de laisser la chemise bien ouverte, joli cliché. Belle peau, nacrée. Je me rapproche à mon tour de Draco pour lui faire baisser le menton, il se laisse faire docilement. Un parfum agréable me chatouille le nez, émanant de sa peau nue, je crois que je frémis fortuitement.

Je reprends ma place derrière mon engin, il fixe à présent l'objectif avec provocation, la température a monté d'un coup. Les flashs se succèdent avec les poses, je l'encourage de la voix :

- Oui, comme ça, Draco, c'est bien. La main sur la hanche, la tête un peu penchée. Bien, bien. Parfait. Prends une chaise maintenant. Vas-y, assieds-toi. Comme tu veux. A califourchon par exemple, dis-je en sentant des frissons remonter le long de ma colonne.

Du velours. On n'en est pas très loin, avec cette pose qui fait bien ressortir ses fesses. Colin passe sa langue sur ses lèvres, putain il pourrait se retenir, non ? Le léger cliquetis accompagne chaque posture, visiblement il sait jouer avec la lumière, trouvant naturellement celle qui va le mieux le mettre en valeur.

- Oui, c'est bien, Draco, très bien mais… j'aimerais qu'on aille un peu plus loin tous les deux, ok ? T'es d'accord ?

Une petite moue et une étincelle dans son œil, qui ne dit mot consent. J'ai à peine entendu sa voix mais pour des photos, c'est pas un handicap. Il hésite, je lui fais un petit clin d'œil. Oui, tu vas me donner ce que tu ne veux pas, de toi-même. Mais tu ne le sais pas encore. Je me rapproche de lui, il fait une chaleur étouffante.

- Comme les vêtements sont un peu kitsch, on pourrait faire une mise en scène un peu amusante. On pourrait te maquiller un peu trop, genre pute, tu vois, pour accentuer le côté transgressif ? T'en penses ?

Nouvelle moue.

- Et si on accentuait le maquillage en me dessinant des bleus et des coupures, genre victime ? Ça pourrait être transgressif aussi, non ? lâche-t-il négligemment.

Colin pousse un long sifflement, j'acquiesce. J'aurais jamais osé mais…

- Et puis je pourrais mettre un de ces… trucs, là, ajoute Draco en montrant la quincaillerie accrochée au portant.

- Oui, et on pourrait t'attacher les poignets avec, après… lance Colin en le prenant par le bras et en l'amenant vers la tablette de maquillage.

On change de registre là, je passe « Running up that hill », Draco sourit. En me grattant la tête pour changer de focale je réalise que j'ai soif, très soif même. J'attrape dans le frigo une bouteille de vodka et un citron vert, je nous prépare trois verres bien serrés, que je dépose sur la table de maquillage. Il faut éviter l'overflow et rectifier les spots mais Colin est très occupé à maquiller l'acteur qui se laisse faire, de marbre. Il soulève un sourcil et boit son verre cul sec, je suis sidéré. Il retire sa chemise devant nous sans sourciller, une odeur un peu musquée de parfum et de transpiration monte à mes narines, je ferme brièvement les yeux. J'attrape mon Nikon qui ne me quitte jamais et je commence à shooter la scène, Draco lève un sourcil surpris.

- Pour ma collection personnelle, dis-je sans préciser qu'il s'agit d'une anthologie de corps nus –mes ex-amants pour la plupart.

Colin ne me regarde plus et n'accorde aucune importance à ce qui se passe autour de lui, entièrement pris par le dessin de petites égratignures sur le visage fin, le cou et les épaules. L'immobilité totale de Draco le force à retenir son souffle, comme si le moindre geste de travers pouvait le faire fuir. Le pinceau passe sur les épaules rondes et les muscles, putain il est vraiment bien foutu, finalement. Je passe ma langue sur mes lèvres, Draco rafle le verre de Colin et le siffle, une légère rougeur apparait sur ses joues.

- Attends, je vais te maquiller quand tu auras enfilé ce truc, dit Colin en lui tendant l'espère d'armure ajourée faite de morceaux de métal et de chaînes.

"C'mon, baby, c'mon darling,
Let me steal this moment from you now.
C'mon, angel, c'mon, c'mon, darling,
Let's exchange the experience, oh..."

Draco disparait derrière le paravent, j'échange un regard tendu avec Colin, il se mordille la lèvre. OK. Pas de quartier. L'acteur est fiancé, non ? me dis-je au moment où il réapparait vêtu –ou dévêtu- de ses chaînes et ses colifichets, l'air provoquant. Oh my fucking…

Mon pantalon me serre franchement quand je le mets en place près de la chaise, crânement attifé. Est-ce qu'il se rend compte de l'allure qu'il a ? Est-ce qu'il se rend compte qu'il incarne tous les fantasmes gays de Colin – ou les siens propres, qui sait ? Son œil lourdement fardé évoque une pute fatiguée, je voudrais voir sa pupille s'élargir, je le guide de la voix, il suit chacune de mes indications docilement et apparemment avec indifférence – si ses tétons et le renflement de son legging ne prouvaient pas le contraire. Les poses se succèdent, sa langue passe souvent sur ses lèvres, je le mitraille sans relâche, une main ici, la tête en arrière, les yeux fermés. Le velours revient, il n'est pas loin, la tension est à son comble.

Oui, donne-moi tout, Draco. Ton regard, donne-moi ton regard. Ta jeunesse et ta fraîcheur bafouée sous le fard. Tes désirs infernaux. Tout.

Je ne vérifie plus les prises, je ne veux pas qu'il se voie comme ça. Je ne veux pas qu'il prenne peur. « Fais-moi confiance » dit mon regard accroché au sien, il obéit, confiant. Je sens qu'il me veut me plaire, qu'il prend ces poses pour moi, je ne me demande plus pourquoi il m'a choisi, moi. C'est quel genre de jolies photos que tu regardes le soir ? J'évite les poses trop ouvertement gays, elles ne passeraient pas pour « Vanity ».

« Without you I'm nothing » chantent les voix de Molko et Bowie, je me demande comment me débarrasser de Colin, en douceur.

Draco se tord la cheville et grimace, il tombe gracilement.

- Oh mince, ça ne va pas ? se précipite Colin, affolé.

- Non, j'ai mal, fait Draco en frottant sa cheville fluette. Je vais pas pouvoir continuer comme ça. Vous n'avez pas d'aspirine ?

- Non. Merde, dis-je le cœur au maximum. Mon assistant va aller en chercher, on va faire une petite pause en attendant. Et tu prends du gel aussi, hein ?

- Du gel ? fait Colin méfiant.

- Ou du baume apaisant pour sa cheville. Allez, grouille…

- A cette heure-ci ? Mais tout est fermé… Oh shit, fait-il en se relevant de mauvaise grâce et en nous observant avec suspicion.

Mais Draco gémit toujours, le visage défiguré par la douleur et moi je lève des yeux parfaitement innocents vers mon amant. Colin grogne et sort, je pose ma main sur la jambe de Draco.

- Tu veux arrêter ? On fait une pause ?

- Non, souffle-t-il en évitant mon regard.

- Et si on continuait les photos par terre ? Comme ça tu n'aurais pas trop mal ?

A suivre…

Merci à vous qui me lisez, parfois depuis longtemps, merci à mes deux bêtas que j'adore, Nico (avec qui j'écris en ce moment « Un fils de passage » sous le pseudo pilgrim-nicolina sur Fictionpress, une histoire d'amours débutantes) et ma Katy.

Je vous signale que j'ai publié sur The bookedition « Blond comme un garçon », une pure fantaisie érotique. Faites-moi signe si vous souhaitez le recevoir dédicacé…