1 bible black
« Major… »
Un cran de plus. A présent, cette pièce devrait pouvoir pivoter dans ce sens…
« Major ? »
…et si il tournait cette partie d'environ un quart de tour, il devrait pouvoir compléter cette face.
« Major ?! »
…si seulement cet irritant caquetage, résonnant sans interruption jusque sous sa boîte crânienne, voulait bien le laisser se concentrer…
« MAJOR ! »
De surprise, le major lâcha le cube ouvragé qu'il manipulait depuis l'aube.
« QU'EST-CE QUI VOUS PREND DE HAUSSER LE TON DEVANT UN SUPERIEUR ?! VOUS NE VOYEZ PAS QUE JE SUIS OCCUPE ?! »
L'index de mr G émergea lentement de l'autre côté du bureau et murmura d'une voix tremblante :
« Le chef… veut vous voir… t-tout de suite… »
Sans répondre, le major se leva et sortit de la pièce, laissant son ouvrage derrière lui, et ses agents à leur perplexité.
« Ca fait des jours qu'il est sur ce casse-tête… Il en oublie presque de dormir ou manger ! »
« Celui qu'on a retrouvé chez Kotton au Maroc ? Mais qu'est-ce qu'il veut en faire ? »
« Sais pas. Il dit qu'il doit contenir des informations secrètes, ou des indices sur la disparition de Kotton, un truc comme ça… »
« Moi il commence à me faire peur… »
…
« Ah, major, je vous attendais… Un café ? »
Malgré la moue dédaigneuse du major devant la tasse trop sucrée qu'il lui présentait, le chef affichait le sourire satisfait de celui qui va raconter une bonne plaisanterie. Pour le major, cela n'augurait rien de bon.
« Soyez bref, monsieur, je suis sur le point de déverrouiller la boîte retrouvée chez l'agent Kotton. »
« Le cube marocain ? Laissez ça à nos experts en décryptage, major, j'ai une mission de bien plus grande envergure pour un homme tel que vous ! »
« Je suis le seul à pouvoir ouvrir cette boîte. »
« Alors gardez-la avec vous si le cœur vous en dit ! Votre mission, que vous accepterez, consistera à récupérer des documents secrets à Londres auprès de lord Mac Rashlay, ambassadeur aux Etats-Unis revenu il y a quelques jours sur le vieux continent.»
Le major alluma une cigarette et répondit d'un ton détaché.
« Chef, n'importe quelle lettre de mon alphabet serait capable de prendre un ferry et le thé avec un vieil aristo anglais, maintenant laissez-moi travailler… »
« Certainement pas, major ! J'ai besoin d'un homme tel que vous pour régler une affaire comme celle-ci… qui ne doit surtout pas arriver aux oreilles des services secrets britanniques ! »
« Plaît-il ? »
« Voilà ce qu'il se passe, major : lord Mac Rashlay a obtenu de sa maîtresse, employée à la CIA, un microfilm contenant des informations de toute première importance sur un prototype de satellite espion. Or, Mac Rashlay, déçu de voir ses efforts mésestimés par les renseignements de son pays, a jugé que l'Allemagne récompenserait ses efforts à sa juste valeur… »
Avec une nonchalance calculée, le major laissa tomber une pincée de cendre à exactement deux centimètres du cendrier posé sur le bureau de son supérieur.
« Laissez-moi deviner, nous avons proposé une coquette somme à Mac Rashlay en échange des documents et de sa discrétion, c'est cela ? Le problème, c'est que je suis plus connu de mes confrères britanniques que la plupart de mes agents… »
Du revers de la main, le chef balaya la cendre, qui s'éparpilla sur les chaussures du major.
« …Mais vous êtes aussi plus efficace et compétent. Je sais que vous ne manqueriez pas de ressources si MacRashlay tentait de nous faire faux bond… Vous trouverez tous les détails concernant votre rendez-vous sur votre bureau. Et ne vous inquiétez pas pour la discrétion, avec les fêtes d'Halloween qui approchent, vous avez un prétexte en or pour justifier votre présence dans ce beau pays !... »
« …dans lequel je souhaite le moins possible remettre les pieds !»
« Votre mission n'en sera que plus rondement menée ! Exécution, major ! Dès demain, vous prenez l'avion pour Londres ! Et joyeux Halloween ! »
