Toi

NDA : j'ai un peu bricolé la chronologie entre Camus et ses élèves Cristal, Hyoga et Isaak

***

Tu avais quatre ans tout juste.

Comme moi.
Tu avais les yeux rouges et le nez qui coule.

Tu tenais dans tes bras une peluche râpée en forme d'ours.

Elle avait du être orange à une époque lointaine mais n'était plus que grise malgré sa propreté méticuleuse.

Tu avais près de toi un tout petit baluchon qui renfermait tes rares affaires.
Tu avais peur.

Tu étais seul.

Comme moi.

J'ai lâché la main de mon maître sans me soucier de sa voix coléreuse ni du rire indulgent du pope qui l'empêcha de me rattraper par le fond du pantalon pour mon outrecuidance.

Je me suis accroupit devant toi puisque tu baissais les yeux, effrayé et terrifié par ce grand monsieur qui venait de t'arracher à ton orphelinat.

Je t'ai sourit mais tu n'as pas répondu à mon sourire, tu avais trop peur.

J'ai prit ta petite main dans la mienne.

Elle était chaude, si chaude que je t'ai cru malade.

"- Bonjour ! Je m'appelle Milo ! Et toi ?"

Tu as relevé les yeux sur moi. Tes yeux étaient bleus. Bleus comme… Comme…. Je n'avais guère de vocabulaire à l'époque. Mais pour moi, ils étaient les plus beaux yeux du monde.

"- Gabriel…."

Ton murmure était doux comme une plume sur la joue.

Je t'ai souris encore.

Derrière toi, ton maître nous observait avait un soulagement palpable.

J'étais trop jeune à l'époque pour comprendre, pour savoir.

Je voyais juste un vieux type pâle et mince alors qu'il ne devait pas avoir plus de quarante ans, comme mon professeur.

Je ne comprenais pas son angoisse et son désespoir pas plus que la raison de ma présence.

"- Milo, emmène donc Gabriel pour le faire visiter un peu, d'accord ?"

La voix du pope m'avait toujours fascinée. Chaude, douce, profonde, elle recelait pour moi toute la sagesse du monde. Je n'avais jamais vu son visage, juste ses mains. Immenses pour le petit garçon que j'étais mais si différentes de celles de mon maître…

Si je craignais celles du Scorpion aîné, j'aimais celle du pope. Elles étaient pour moi comme les mains du père noël. Si ce n'était pas des cadeaux qu'il distribuait, il y avait toujours des joyaux sans nom à y découvrir.

Mais de tous, tu étais le plus merveilleux trésors qu'il ait pu me confier.

J'ai prit ta main dans la mienne.

Tu l'as prise timidement.

Tes yeux rouges se long légèrement éclairés puis tu m'as timidement souris.

Mon cœur s'est gonflé de joie.

Sans le savoir alors, j'ai tendu mon cosmos naissant vers le tient. Sans le savoir davantage, tu l'as attrapé avant d'y nouer le tient.

Du même pas, nous avons courut vers la sortie du grand temple du pope.

Sur mes talons, tu me suivais aveuglément sans réfléchir, ivre de ce lien nouveau que tu ne comprenais pas plus que moi.

Nous nous sommes arrêtés devant le temple des poissons.

A l'intérieur, le tout jeune chevalier d'or peinait sur ses plantations.

Je t'ai présenté à Aphrodite qui serait ton plus proche voisin.

Vous vous êtes immédiatement bien entendu, ton caractère calme et égal se satisfaisant de celui tranquille et placide du poisson.

J'étais jaloux bien sur.

Tu étais à moi, a moi tout seul.
Mais je comprenais que je ne pouvais pas te garder tout au fond de ma poche rien que pour moi.

Je t'ai présenté les autres, l'un après l'autre.

Shura, tout juste adoubé, Aioros et son petit frère avec qui tu ne t'ai jamais entendu, Shaka qui sut immédiatement faire ressortir ton humour froid et pince sans rire.

Même maintenant, vingt ans après, je ne parviens toujours pas a suivre vos discutions échevelées et profondément étranges que vous êtes les seuls à comprendre.

Je ne suis plus jaloux maintenant.

Au contraire.

Je suis heureux de te voir communiquer avec les autres, t'ouvrir à eux et établir de réelles relations avec nos frères et non plus à travers moi.

Mais a l'époque ! Déesse, nous ne nous connaissions à peine depuis une heure que je t'aimais déjà plus que n'importe quoi.
Tu étais tout pour moi et tu l'es toujours.

Je t'ai présenté à Saga aussi.

Malgré ses tourments nerveux, il te salua cordialement avant de te demander ton nom.

Non, pas ton nom d'enfant, ton nom de chevalier.
Tu ne comprenais pas.

Heureux d'être celui qui t'instruisait, après tout, cela à duré si peu de temps…, je t'ai expliqué que chaque chevalier d'or venait au sanctuaire avec son nom d'enfant puis, une fois que son cosmos se matérialisait, cette naissance à un nouveau monde et un nouveau rôle se traduisait toujours par un nouveau nom.

Tu as demandé celui de Saga.

A ma grande surprise, alors qu'il n'avait jamais voulu le donner, l'adolescent nous l'a révélé.

"- Haplo."

Seul.

Un nom étrange pour l'aîné d'une paire de Jumeau.

Malgré ton âge, tu as tout de suite comprit la référence.
Pire, tu as tout de suite sentit la nature duelle du Gémeau.

"- Et ton jumeau ?"

Saga a paru troublé.

C'était la première fois que je le voyais ainsi. Mais une fois encore, il te répondit, comme si ton regard clair et avide d'apprendre tirait de lui tout les secrets et toutes les connaissances.

"- Ayin."

Tu as sourit.
Ce sourire d'enfant déjà si adulte qui me ravissait le cœur et me donnais envie de te serrer dans mes bras tout en exigeant de toi que tu m'ouvres moi aussi à toute la sagesse du monde.

Ayin…L'œil… Celui qui voit dans l'ombre en hébreu… La dernière lettre de l'alphabet phénicien aussi, notre omicron grec.

Pour moi, ça ne voulait rien dire.

Pour toi, c'était déjà un élément du grand puzzle que tu t'amuses encore aujourd'hui à construire.

Je t'ai montré les arènes enfin, remplies des apprentis argent et bronze qui s'entraînaient jusqu'au soleil couchant.

Ta main dans la mienne était pour moi le plus merveilleux des cadeaux.

"- Milo !"

"- Gabriel !"

Ton maître s'appuyait sur l'épaule du mien.

Malgré leur sourire triste à tout deux, j'étais heureux.

"- Milo, Maître Rowan va s'installer avec nous au huitième. Je compte sur toi pour bien te tenir, d'accord ? Gabriel partagera ta chambre."

Pour la première fois de ma vie, je maintins la bride à mon enthousiasme exubérant d'enfant.

Cela surprit mon maître et s'en fut encore meilleur.

Je jouissais de savoir que mon meilleur ami du monde entier que je ne connaissais que depuis quelques heures allait partager ma chambre et mon lit.

Je ne m'inquiétais de rien d'autre que de rendre ton sommeil reposant et confortable.

Lorsque tu te rencognas contre moi, ta peluche dans les bras pour poser sa tête sur mon épaule, mon petit cœur d'enfant était prêt à exploser de joie.

Mon cosmos s'embrasait sans contrainte, libre comme seul celui d'un petit garçon peut l'être.

Contre moi, tu dormais de l'épuisement nerveux du nouvel arrivant.

Tu as passé dix huit mois avec moi, dis huit mois de pure félicité pour moi.
Dix huit mois pendant lesquelles je progressais à pas de géant dans mon art, avide d'être très vite le plus fort et le solide, inquiet à l'idée de ne pas être assez fort pour te protéger et te soutenir.

De ton côté, tu changeais, tu apprenais, tu devenais lentement un autre aux yeux de nos pairs.

Pourtant, avec moi, tu restais toujours Gabriel.

Camus n'était que celui que tu deviendrais aux yeux du monde.
Pour moi, tu n'étais que mon doux et timide Gabriel.

Petit à petit, j'apprenais à tuer d'une piqûre, j'apprenais à répandre des souffrances indicibles.

J'avais six ans lorsque mon maître me fit torturer à mort une petite fille à peine plus âgée que moi.
Sans raison, juste pour m'endurcir, juste pour que j'apprenne, pour que je sache.

J'aurais pu flancher, j'aurais pu refuser.

Je serais mort de la main de mon maître, mais cette enfant en larmes aurait vécue.

Pourquoi ai-je accepté de la torturer à ce moment là ?

Parce que si j'étais et reste un gamin exubérant, tu étais là pour moi.

Et comme tu apprenais de moi, j'apprenais de toi.

La vie de cette enfant avait une valeur.
La mienne, une autre.
Qu'aurait fait cette gamine de sa vie ? Je n'en savais rien. Se marier, avoir des enfants… Sans doute guère plus.
Moi ?

Je devais faire partie des protecteurs du monde, je devais te protéger toi.

Du haut de mes six ans, j'estimais ma vie plus précieuse que la sienne.

Pour la première fois, je vis la peur dans les yeux de mon maître.
Je n'avais pas rechigné, je n'avais pas pleuré, je n'avais pas supplié comme lui l'avait fait au même âge.

J'avais torturé, j'avais tué.

"- Pourquoi ?"

"- Parce que cela devait être fait…"

Je le vis trembler.

Pourtant, cette nuit là, c'est moi qui dormis dans tes bras.

Je m'assoupi à force de pleurer, l'âme rongée par le remord, coupable et pourtant victime de ce que mon maître faisait de moi.

Un mois plus tard, c'est ton maître qui mourut, terrassé par la maladie qui le rongeait depuis des années.

Tu restas avec nous jusqu'à l'arrivée du Chevalier de Cristal, ce chevalier hors caste, mercenaire un peu, à part beaucoup.

Elève de ton maître, il t'arracha à mes bras pour t'emporter avec lui en Sibérie.
Ou tout au moins, il essaya.

Pour la seconde fois, j'effrayais mon maître.

J'étais trop jeune à l'époque pour comprendre qu'il pleurait la mort de son compagnon.

J'étais trop jeune pour comprendre qu'il n'aspirait plus qu'à le rejoindre.

Pour moi, l'amour était tellement évident qu'il ne m'effleura même pas qu'un jour je puisse perdre celui que j'aimais comme mon maître venait de perdre le sien.

L'amour était trop fort, trop absolu dans mon petit cœur d'enfant pour accepter que deux êtres qui s'aiment puissent être séparés.

Comme j'avais tord….

Cristal te prit par le bras.

Il était violent et glacé comme une tempête d'une nuit d'hiver.

Pour moi, il était juste une brute qui voulait m'arracher la moitié de mon âme.

Je l'attaquais.

Mon maître eut toutes les peines du monde à m'empêcher de le tuer.

Lorsque je repris conscience, trois jours après, le corps en charpie, le cœur en miette et l'âme saignante, je hurlais.

Je hurlais de ne plus te sentir là où tu avais toujours été depuis le premier jour, depuis l'instant ou nos cosmos d'enfant s'étaient touchés et liés.

Je hurlais encore et encore pendant des heures jusqu'à ce que Mu réponde à l'appel de mon cœur brisé et vienne soigner mes blessures.

Je pleurais.

Je pleurais comme jamais, pas même lorsque j'avais tué cette enfant.

Je pleurais jusqu'à ce que, pour la première fois seul depuis deux ans dans mon petit lit un adolescent s'asseye sur le bord de mon lit.

"- Ayin…."

"- Kanon maintenant…"

Il me prit dans ses bras pour me consoler, sans un mot, pleurant avec moi, lui de la perte de son frère dont il n'avait jamais pu faire le deuil lorsque leur maître avait tranché de force de lien de cosmos qui les unissait, moi de la disparition brutale de mon ami de toujours, toi, mon Camus….mon Gabriel….

Je grandis.

D'extérieur, j'étais toujours aussi exubérant et énergique. A l'intérieur, je saignais encore et encore.

Mon maître m'emmena sur l'île de Milo pour terminer ma formation.

Nous nous battîmes à mort, sans armure, pendant des heures avant que je finisse par prendre l'avantage.

Ho, je n'étais pas le plus fort pourtant, je n'avais ni la résistance, ni l'expérience du combat de mon maître. Mais de nous deux, mon désespoir était le plus vivant.

Lui comme moi avions reçût quatorze piqûres lorsque je t'appelais.

Je voulais vivre, je voulais te revoir.

Je t'appelais de toute la force de mon âme et de mon cosmos, mais c'est l'armure du Scorpion qui vint à moi.

Nous étions tous les deux au désespoir, mon maître de mourir enfin, moi de vivre.

Il s'éteignit dans mes bras, heureux et soulagé.

Il me remercia, mais je pleurais quand même. Sur lui, sur Rowan, sur nous…

Le grand pope m'adouba.

Mon cœur mourut encore lorsque Saga enferma son frère à Cap Sounion.
Avec ton départ, je m'étais rapproché de l'adolescent amer et solitaire qui hantait les abords de la troisième maison dans l'espoir fou de renouer ce lien indicible qu'on avait broyé dans l'espoir de séparer les deux moitiés d'une même âme.

Je souffrais encore lorsque Saga disparu.

Je ne prêtais même pas attention à la "traîtrise" d'Aioros. Je n'avais pas vraiment proche de lui après tout.

Le temps s'étirait sans vraiment que je m'en rende compte.

Puis j'eux douze ans.

Les jours et heures n'avaient pour moi que le même goût de cendre à présent. Je tuais sur ordre sans en tirer ni plaisir ni remord, parfois seul, parfois accompagné d'Angelo qui finit par se faire appeler DeathMask.

J'étais avec lui lorsqu'il a choisit ce nom. J'étais avec lui et je sais pourquoi.

Je n'en ai jamais rien dit, comme il me l'a demandé.

Je n'étais qu'un enfant, mais j'étais un chevalier d'or.

Lorsque nous sommes finalement revenu au Sanctuaire, il partit s'enfermer avec Aphrodite dans le temple des poissons pour n'en ressortir que quelques jours plus tard.

L'adolescent malicieux et un peu fou avait disparu pour ne laisser qu'un bâtard brutal et sans pitié.

Je sais pourquoi.

Je me tais encore….

Le temps passait, les missions se succédaient.

Je faisais ce pour quoi j'étais né. Mais je n'étais pas heureux.

Chaque jour je passais devant le onzième temple à errer comme une salade sans eau entre ma vie et la mort de mes proies, revenant parfois à l'existence à clapoter dans l'humidité de leur sang mais personne ne pouvait ramener ma joie de vivre et mon plaisir à goûter l'existence.

Il n'y avait que toi, juste toi…

J'ai pleuré lorsque j'ai sentit ta présence dans le temple du verseau.

Je sais que je t'ai fait peur lorsque je me suis rué chez toi pour te soulever de terre et te serrer contre moi.

Je sais que je t'ai mit en colère de laisser mon émotivité naturelle prendre le dessus.

Mais je sais aussi que tu en étais heureux.

Tu avais changé bien sur.

Le petit garçon aux joues roses avait laissé la place à un tout jeune homme digne et froid.

Je ne pris pas garde sur le moment à l'armure de Cristal près de l'armure du verseau.

Je n'appris que plus tard que tu avais tué toi-même cet autre disciple de ton maître, incapable de supporter plus longtemps son intransigeance et son sadisme. Sans doute est ce pour cela que tu as choisit un jeune homme aussi tendre et affectueux que le suivant Cristal comme élève… Il te fallait un suppléant le cas échéant et qu'il ne soit en rien semblable à la brute qui avait finit ton éducation.

Ne crois pas mon Camus que j'ignore la tendresse que tu as pour tous tes élèves.

Ils sont comme tes fils bien que tu n'ai que cinq ans de plus que le petit Eigil, futur Cristal.

Je crois lui avoir fait peur d'ailleurs.

Caché derrière le caisson de l'armure d'or, il m'observa avec crainte lorsque je te serrais contre moi en pleurant, le cœur enfin libéré après des années d'angoisse et de solitude.

Je finis par te lâcher.

Tu me donnas un tape sur le crâne mais je ne put que sourire et mon sourire même fit lentement fondre le masque glacé que tu portais à présent sur ton doux visage.

Lorsque je t'assis sur mes genoux sur le canapé, juste pour être sur que tu étais là et bien là, tu te débattit un peu mais je t'embrassais pour la première fois.

Ce ne sont pas tes lèvres que je découvrais, mais la douceur de ta gorge.

Tu t'étais raidit, inquiet.

Eigil s'approcha doucement, comme un petit lapin des neiges effrayé mais il finit par s'asseoir près de nous.

Nous n'avons plus bougés de la soirée.

Sans un mot, nos cosmos s'étaient retrouvés et se réunissaient avec une faim qui nous laissa l'un et l'autre épuisés.

C'est le pope qui nous a réveillé.

Saga à l'époque….

Dans un bon jour, sans doute attendrit, il nous donna une semaine pour que Camus puisse se réadapter au Sanctuaire avant de se concentrer sur l'enseignement de son jeune élève.

Malgré les rumeurs et l'ambiance étrange du Sanctuaire, j'étais à nouveau heureux.

Je redécouvrais le monde et ses couleurs, je respirais enfin à plein poumons l'air raréfié jusque là, j'avais envie de hurler au monde mon bonheur, comme un petit moineau qui a survécu à l'hiver et se pose sur la branche d'un olivier pour chanter sa joie à voir fondre la neige…

Car tu fondais entre mes bras.

Comme avant, lorsque nous étions enfants.
Sans réfléchir, cette fois, ce fut moi qui m'installais dans ta maison et dans ton lit.

Nous n'étions que des adolescent de douze ans et notre intimité se limitait à dormir ensemble, dans les bras l'un de l'autre et à échanger quelques timides baisers du bout des lèvres.

Pendant un peu plus d'une année, nous sommes restés ensemble, toi à éduquer Cristal à sa charge, moi à partir régulièrement en mission.

Puis, Cristal fut adoubé et de nouveaux apprentis apparurent, certains en provenance du japon, d'autre d'un peu tout les autres pays du monde….

Pour moi qui me fichais de l'arrivée de ces enfants, je voyais juste dans leur arrivée la preuve d'un nouveau printemps au Sanctuaire que tu allais passer avec moi.

L'un après l'autre, puisque nos maîtres n'étaient plus, nous dûmes subir de la part du pope le dernier pan de notre éducation, celui qui incombe normalement à un premier amour.

Je dormais dans ma maison cette nuit là, un peu secoué par l'éducation sexuelle douce mais efficace de Saga.

Il était aussi gêné que nous après tout.

Pourtant, il avait été aussi gentil que possible malgré mes joues écarlates, ma gêne et mes inquiétudes.

S'il était passé très vite sur l'intérêt que pouvait représenter les filles. D'ailleurs, je ne sus jamais qui était la demoiselle qu'il me présentait. Mais je lui suis grès, encore maintenant, d'avoir concentré son propos sur toi et uniquement toi. En fermant les yeux, j'avais l'impression que c'était toi qui se tenait près de moi.

Je te rejoignis le surlendemain soir.

Toi aussi tu avais voulu rester seul après que le pope t'eut appris ce qui te restait à savoir….

Rétrospectivement, je ne sais pas pourquoi aucun de nous n'avais compris que ce n'était pas Shion mais Saga….

Nous l'avions aperçu nu après tout, même si la seule lumière de la pièce était une maigre bougie derrière un paravent.

Avec le recul et si certains peuvent en vouloir à leur maître de ce dernier apprentissage, j'en suis reconnaissant à ce pope à l'époque cruel et fourbe. Même alors que ses cheveux gris cachaient son âge juvénile, Saga avait réussit à rester aussi doux que possible.

Je sais pour leur avoir demandé qu'il a prit des gants avec chacun de nous, même Aiolia.

Le troisième soir, je me faufilais dans ton lit et dormais enfin avec toi.

J'aime tant te voir dormir dans mes bras…

Puis les affectations sont arrivées.

Le pope te chargea de l'éducation de deux bambins.

Pour moi, cela signifiait encore la fin de notre petit bonheur à deux, ton départ pour la Sibérie et ma solitude…
Comment pourrais-je encore survivre sans toi ?

Je courrais au palais du pope et hurlais après lui pendant de longues minutes sans qu'il ne s'en émeuve.

Lorsque j'eux finit de pleurer ma colère et mon désespoir, il me livra aux mains de Shaka en punition.

Je ratais même ton départ avec Isaak et Hyoga.

Pourtant, lorsque j'émergeais enfin du temple de la Vierge, fourbu et mon cosmos épuisé, je me téléportais pour la première fois auprès de toi, simplement en suivant ton cosmos.

L'entraînement de Shaka m'avait achevé.

Je titubais jusqu'à toi, plus attiré par ton cosmos que par autre chose.

Tu me fixais avec stupeur mais aussi, derrière l'indifférence qui te faisait masque, avec joie et tendresse.

J'ai toujours sut lire en toi malgré les masques que tu présentes aux autres, mon Camus… Toujours…
Même si tu cherches à t'en défendre, j'ai toujours lu en toi aussi facilement que tu déchiffres tout ce qui a une couverture et des pages.

Je dormais deux jours dans ton lit avant d'ouvrir les yeux.

Tu envoyas les enfants s'entraîner seul dans la neige puis me grondais mais je ne pouvais m'empêcher de sourire.
Tu avais tut ma présence aux enfants, j'étais ton secret, ta possession cachée que tu ne voulais relever aux autres.

Je dormis dans tes bras cette nuit là avant de repartir le lendemain matin.

Je revins le soir même.

Chaque soir, je revenais, chaque matin, je repartais.

Dormir dans tes bras, être ton secret et échanger avec toi quelques baisers était tout ce dont j'avais besoin pour vivre. Manger et boire m'était presque secondaire par rapport à ta présence près de moi.

Puis je me téléportais un soir et te trouvais déjà couché.

Je n'eux qu'une seconde pour camoufler ma présence à tes deux élèves.

Cristal était assit prés du lit, occupé à baigner ton corps fiévreux de son cosmos glacé.

Je lui fis connaître ma présence.

Il renvoya les enfants se coucher.

"- Qu'a-t-il ?"

Cristal haussa les épaules.

"- fièvre des neiges… rien de bien méchant mais…. Il travaille trop avec les deux enfants. "

Je me penchais pour embrasser tes lèvres, mon Camus. Malgré ton sommeil et ta fièvre, tu reconnus ma présence. Tu t'accrochas à moi. Je restais avec toi jusqu'à l'aube avant de te confier à nouveau à Cristal.

J'obtins du pope que tu partages ta tache avec Cristal.

Tu me grondas encore. Je n'avais pas à m'immiscer dans ton travail auprès de tes élèves mais je n'en avais que faire.

Je t'embrassais pour la première fois pour de vrai et te sentit fondre contre moi, toute ta colère oubliée.

Entre tes élèves et moi, tu choisis très vite.

Cristal était intelligent et aimait enseigner, lui déléguer la surveillance des enfants la fin d'après midi et le soir ne te posa pas tant de problème que ça…

Hors de mes missions, je pris l'habitude de venir dès la fin d'après midi.

Il n'était pas rare que je vienne avec une bonne bouteille, qu'elle soit de vin ou de chocolat liquide…

J'avais faim de toi, mais tu préférais attendre.

L'un comme l'autre savions quoi faire, Saga y avait veillé, mais tu ne te sentais pas prêt à te donner à moi, pas plus qu'à me faire tien.

J'attendais avec patience. Cela n'avait pas réellement d'importance du moment que tu étais avec moi.

Tu récompensas mon attente le jour de mes seize ans.

Cristal était en randonnée avec les deux gamins pour trois jours, tu avais préparé un repas goûteux pour deux que nous pûmes manger devant la cheminée, allongés sur le tapis en peau de mouton retourné offert par Mu.

Je te fis l'amour pour la première fois à la chaleur de ce feu mourant.

Tu me fis tien dans le froid mordant qui suintait des murs une fois les bûches éteintes.

Nous avons dormit ainsi, dans les bras l'un de l'autre, nus pour la première fois, juste couverts par une couverture de laine tissée, jusqu'à ce que l'aube teinte la neige et la glace d'arabesques aussi roses que tes jours lorsque nous nous sommes réveillés.

Tu était si beau ainsi, timide et mal à l'aise, comme si, à présent que tu m'avais donné ton innocence, tu n'étais plus rien pour moi qu'un soulagement physique.

Je te renversais sur le tapis avant de me donner encore à toi lentement, juste attentif à ton plaisir.

Nous avons passé la journée à faire l'amour puis toute la nuit suivante.

Nous étions jeunes et enthousiastes, nous avions de l'énergie, des hormones et de l'amour à revendre.

Nous ne nous sommes séparés que lorsque Cristal nous a signalé son retour avec les enfants épuisés.

Effrayés comme des gosses à l'idée de se faire surprendre par les trois jeunes apprentis des glaces, nous avons fait le ménage en un temps record, mit le dîner en route puis je me suis retranché dans ta chambre jusqu'à ce que la petite routine familiale du soir soit finie.

Je t'attendais pendant plusieurs heures avant d'avoir encore la chance de t'étreindre entre mes bras puis de te donner tout mon amour…

Je partais le lendemain matin.

Je restais absent une semaine pour une mission.
Lorsque je revins, pour la première fois, c'est toi qui me sautas au cou avant de m'entraîner vers la chambre à coucher.
Nous n'avions que seize ans, nous étions à peine plus que des enfants, mais nous étions heureux…

Hyoga avait rejoint le japon et toi le Sanctuaire.

Tu étais toujours aussi aimant même si ton cœur s'était tinté de tristesse à la disparition d'Isaak.

Tu pleuras dans mes bras lorsque Cristal mourut sous les coups de Hyoga.

Ho déesse…
Comme j'ai eut envie de tuer le Cygne lorsque je le rencontrais dans ma maison… je savais que la catastrophe était imminente… Mais tu m'avais fais promettre, tu m'avais fait jurer…

Alors je lui ai laissé la vie sauve après l'avoir poussé aussi loin que possible…

Lui qui avait été sauvé du froid par ses amis finit par me prendre ma raison de vivre…

Je pleurais pendant des heures sur ton corps glacé que plus rien ne pouvait ramené.

Je pleurais jusqu'à ce que je descende ton corps dans sa dernière demeure.

Je pleurais encore lorsque je m'endormais dans la maison de Shaka, dans ses bras et dans son lit, incapable de supporter mon chagrin.
J'avais tout perdu.

Ma vie n'avait plus aucune valeur ni aucune importance.
J'avais perdu mon cœur, j'avais perdu ma vie…

Je restais avec Shaka pendant des jours…

Je ne réalisais pas vraiment la guerre d'Asgard, je ne m'intéressais que très marginalement à celle contre Poséidon.
Je restais sous la surveillance de Shaka, incapable de réagir.

Je me réveillais de mon cauchemar éveillé lorsque les premiers spectres se présentèrent à la porte du Sanctuaire, je croyais devenir fou.

"- Il est là…"

"- Il est mort, Milo…"

Shaka peut être froid et dur, mais il sait aussi être doux et tendre, protecteur et affectueux lorsque l'on de fait pas l'erreur de lui rendre la pareille.

"- Non… je te dis qu'il est là…"

J'enfilais mon armure pour me ruer chez Athéna.

Quelqu'un protégeait la maison des Gémeaux de là-haut, une présence que je connaissais mais n'avait plus senti depuis des années.

Ayin….

"- Kanon…."

Je me jetais sur lui, je le punis de ma propre incompétence et de ma honte…

Il la subit stoïquement…

Pour l'un comme pour l'autre, ces quelques secondes de douleur infligé et reçue était un lien qui se renouait, un épanchement de douleurs passées et d'angoisses débilitante.

J'agissais en chevalier d'or.

Il en devenait hein, comme j'avais subit moi-même les aiguillons de mon maître avant de le tuer.

Il n'alla pas jusque là, bien que je l'espérais confusément.

Je savais que tu étais là, que tu montais vers moi.

Je savais que nous allions devoir nous battre…

Ho comme j'aurais voulu me tromper…

Ho Camus… Sais-tu à quel point devoir lever la main sur toi m'a fait souffrir ?
Sais-tu à quel point mon cœur brisé a hurlé de te voir tuer Shaka ?

Tu me quittais encore accompagné de Saga et Shura.
Tu partais alors que je n'avais pu te tenir contre moi que quelque instants que j'aurais voulu voir durer toujours… Juste sentir encore ton odeur, la douceur de ta peau sous mes doigts, ton cosmos stable et tranquille qui s'accordait si bien au mien, plus violent et brutal….

Je remerciais presque Rhadamanthe lorsqu'il détruisit mon corps.

Enfin je pouvais te rejoindre….
Mais tu n'étais pas là, tu n'étais pas près de moi….

Puis Athéna nous appela encore.

Nous étions des chevaliers d'or, nous devions répondre…

Nous nous sommes tous retrouvés une dernière fois près du Mur des Lamentations.

Je te volais un rapide baiser sans me soucier des autres.
C'était la dernière fois, le dernier baiser…

Tu me souris avant de me le rendre.

Nos cosmos liés et entremêlés se joignirent à ceux de nos frères.

Puis il n'y eut plus que le néant.

Je repris conscience lentement.
Tout était sombre.

Je n'étais pas seul pourtant.

Tous étaient là…
Angelo, Aphrodite, Shion, Saga, Kanon, Shaka…Et toi….

Nous étions tous ensemble, prisonniers de quelque chose qui nous dépassait, prisonnier d'une nouvelle plaisanterie des dieux….

Nous n'avions plus aucun espoir, mais nous étions ensembles…
Tu t'assis dans mon giron, sans te soucier des réactions de nos frères, toi qui avait toujours caché notre relation.

Nous étions morts, nos âmes étaient prisonnières, plus rien n'avait d'importance….

Nous nous sommes embrassés.

Nous avons murmuré les mêmes paroles, nos frères comme seuls témoins.

"- Moi, Camus…. A toi pour toujours…"

"- Moi, Milo…. A toi pour toujours…".

"- Pour toujours et à jamais…." Murmura à son tour Shion avant de poser ses mains sur les nôtres, célébrant notre union comme si tout était normal.

Aphrodite et DeathMask ensuite, encouragés par notre exemple, Mu et Saga, puis Shaka et Dohko à notre grande surprise.

Shura prit la main de Shion, Kanon s'installa contre l'épaule de son frère, Aldébaran près de son meilleur ami, Aiolia souriait, heureux de cette fin qui nous laissait tous ensemble…

Nous avons fermés les yeux, dociles prisonniers d'un monde sans rêve et sans sommeil.

A présent, j'ai revêtu mon armure sur une tunique de lin rouge que m'a cousu Shaka lui-même.
A ma droite, tu as revêtu la tienne sur une tunique de soie blanche offerte par Mu et Dohko.

Nous ne nous tenons pas la main, pas encore.

Autour de nous, nos frères nous observent avec tendresse.

Devant nous, Shion attends le bon vouloir de la déesse.

Je prends ta main et toi la mienne, nous nous faisons face.

Nous venons de prononcer nos vœux, les yeux dans les yeux.
Tout le reste de la chevalerie est là et plus encore.
Isaak a prit la main de Hyoga dans la sienne, Kanon donne régulièrement une tape sur les mains baladeuses de Rhadamanthe jusqu'à ce qu'Eaque donne une claque sur la nuque de son frère. Shun est pendu au bras d'Aldébaran, Aiolia fait la cours à Minos pendant que Bian reluque le joli décolleté qu'Eaque est parvenu à faire enfiler à Violate…

Le pope enroule un double ruban rouge et blanc autour de nos mains avant que Mu nous donne les anneaux qu'il a lui-même forgés pour nous.
Le mien est en or blanc avec une simple pierre de lune sur le dessus.

Le tien est en or jaune avec un délicieux rubis gorge de pigeon en forme de larme.

Je passe ton anneau à ton majeur.
Tu passes ton anneau au mien.

Les larges rubans sont resserrés autour de nos poignets, ils y resterons encore quelques minutes, le temps pour nos frères de nous accompagner jusqu'à la chambre que Shion nous à fait préparer au fin fond de son temple.

La proposition de DeathMask de rester surveiller pour être sur que nous sommes bien unis te fait rire alors qu'elle me consterne.

J'aime te voir rire, toi qui le fais si peu.

La porte se referme sur nous.

Je retire lentement le ruban blanc de nos poignets pendant que tu déroules le rouge.

Le lit est grand. Immense même…

Shion m'a avoué qu'il avait plusieurs fois servit pour d'autres unions dont la sienne, plus de deux siècles auparavant.

Nous nous asseyons sur le bord du lit pour nous embrasser, comme des enfants.

Nos fronts se touchent…
Nous sommes revenus à la vie sans qu'aucun de nous ne sache ni pourquoi, ni comment.

Cela ne m'intéresse pas.

A l'extérieur, j'entends les bouteilles de champagne qui s'ouvrent.

Peut-être plus tard aurons nous la force de nous joindre à la fête.

Mais pour l'instant, il n'y à que nous deux.
Toi et Moi….