Disclaimer : Albator, Clio, Maetel, Warius, Doc, les marins de l'Arcadia et les militaires du Karyu, l'équipage du Big One, Mi-Kun et Tori-San appartiennent à leur créateur, M. Leiji Matsumoto.
Bob l'Octodian et son Metal Bloody Saloon appartiennent à Aerandir Linaewen à qui je les emprunte le temps de quelques clins d'œil.
Les autres personnages sont à bibi
1.
Le jet intergalactique s'était posé sur Huven et une petite navette s'était rendue jusqu'à l'Arcadia posé à quelques distances de l'épave du Lightshadow.
- Karémyne, c'était tout à fait inutile, soupira son mari. Warius et moi sommes…
- Il s'agit de notre enfant ! jeta-t-elle, une détermination froide dans ses prunelles bleu marine. Il était hors de question que je reste dans mon fauteuil à étudier des contrats, à visiter des usines ou à dessiner les plans d'un nouvel appareil alors que lui…
Clio se leva quand ils revinrent dans l'appartement, remplit deux verres et se retira dans la chambre et ferma la porte afin de les laisser en tête-à-tête.
- Alors, qu'avez-vous fait durant ces quatre jours ? questionna Karémyne.
- On a retracé le dernier parcours du Lightshadow. En dépit de son expérience – même si de son vivant, il n'a navigué que quelques années, en revanche après, vu qu'il est sur le qui-vive 24h/24, il a bien plus d'heures de vol à son actif – Toshiro s'est fait surprendre par l'explosion d'un petit soleil. Il n'a pas eu le temps de lever le bouclier et, contrairement à la traversée entre les astéroïdes et les trois lunes, le vaisseau en a subi toute la violence. Cela a tout bonnement fait sauter la presque totalité des systèmes. Les coques avaient été endommagées lors des combats contre les appareils des pillards, leur alliage n'a pas tenu alors que s'il avait été intact… Tout a dû se terminer en quelques minutes. Je ne sais pas si c'est le clone mémoriel de Toshy ou Aldéran qui a pensé à combattre l'incandescence de l'explosion par le froid et la glace. En tous cas, en perdition aussi, le Lightshadow a traversé les atmosphères sans plus de protections et ça l'a achevé ! L'Ordinateur a fini de griller et c'est une épave qui a subi l'attraction de la planète et a été prise par sa propre force d'inertie pour s'y écraser.
Le tableau dressé, d'une voix neutre, presque absente, presque non concerné, Albator avait simplement exposé la situation, l'effroi grandissant sur le visage de sa femme.
Karémyne but quelques gorgées de l'eau citronnée additionnée de glaçons.
- Dis-moi : les navettes de sauvetage ? souffla-t-elle.
- Il y en a effectivement une qui n'est plus sur sa catapulte. Il y a sept planètes en plus de Huven dans cette galaxie. En revanche, avec le clone mémoriel de Toshiro dont tous les fichiers ont été effacés dans le crash, impossible de savoir quelle était son autonomie. Je crains qu'Aldéran n'aie jamais pensé qu'elle pourrait lui être utile… Si seulement Warius et moi pouvions savoir où elle s'est éjectée, ça nous donnerait une idée vers laquelle des planètes il s'est dirigé, s'il a pu l'atteindre.
- Si l'Arcadia n'a pas repéré cette navette dérivante, c'est qu'il s'est posé quelque part, remarqua-t-elle, non sans bon sens ! Albator, qu'on ne sache pas où n'est pas important, on va se rendre sur chaque planète !
- Cela ne sera pas utile, intervint le Grand Ordinateur. On peut déjà procéder par élimination. Deux planètes ne sont pas viables. Une est surpeuplée et si une navette y était apparue, l'info aurait été relayée. Une, au contraire, est à peine développée et si la navette avait émis son signal, je l'aurais perçu depuis longtemps !
Karémyne serra encore les lèvres.
- Pourquoi la balise de la navette ne permet pas la localisation ? Pourquoi est-ce qu'Aldéran n'a pas essayé d'entrer en contact avec qui que ce soit ?
- Si la navette s'est écrasée elle aussi… Non seulement il ne doit plus y avoir quelque chose qui fonctionne. Et je doute qu'Aldéran s'en soit tiré indemne, malheureusement. On laisse de côté les deux planètes non viables – mais scanne malgré tout l'entièreté de la surface, à la recherche de débris de métal. Quant à la planète à la civilisation en développement, Aldéran n'aurait pu y trouver aucune aide et l'ordinateur de bord ne l'aurait jamais dirigé vers elle. Toshy.
- Oui, j'y recherche malgré tout une épave. Il ne faut rien laisser passer !
- Où est Warius ? reprit Karémyne alors que l'Arcadia avait redécollé, le jet dans l'une de ses soutes.
- Il a pris un des spacewolfs et s'est rendu auprès des Autorités sur les quatre planètes restantes afin de savoir si une navette avait été signalée. Après tout, il ne faut pas écarter l'hypothèse d'une demande de rançon car de nombreux gouvernements en sont coutumiers !
- Tu le sens comment ?
- Tu n'aurais pas dû venir et aussi te reposer un peu plus longtemps.
- Je pense avoir déjà expliqué la première chose. Et avec ta mine de déterré, tu es très mal placé pour me faire une remarque sur mon temps de sieste ! Je peux te donner le même conseil, d'autant plus que tu es le seul à pouvoir diriger l'Arcadia.
- Oui, j'apprécie que tu sois là. Ce n'est pas la première fois. Et, non je ne pourrai pas être tranquille tant que nous n'aurons pas retrouvés notre fils ! N'oublie pas qu'il y a Clio et surtout Toshiro.
Karémyne s'approcha du fauteuil de bois.
- Que penses-tu qu'il se soit passé ? questionna-t-elle encore.
Albator fit la grimace, devinant aisément qu'il ne devait rien lui dissimuler. Qu'elle le saurait et qu'elle ne lui laisserait pas un instant de répit s'il se taisait !
- Avec ces ouvertures béantes dans la coque du Lightshadow, beaucoup de dégâts internes ont été des séquelles de la surchauffe et les implosions ont achevé de tout saccager. Warius et moi avons vu le pont d'envol des navettes de sauvetage, il est très abîmé et aucune capsule n'est demeurée intacte… Aldéran s'est donc envolé avec une navette défectueuse, mais jusqu'à quel point, telle est l'une des multiplies inconnues…
- Vas-y, dis-le, pria-t-elle.
- Il est possible que la navette se soit désintégrée avant même d'atteindre une planète, sans la moindre trace détectable !
- Dans ce cas de figure, on ne retrouvera… jamais rien ?
De la tête, le pirate approuva. Il se leva ensuite, s'approchant de la barre.
- Que comptes-tu faire, Karry, pour le Lightshadow ?
- J'ai déjà appelé un chantier-naval mobile. On va le récupérer, l'arracher à ce sol et le réparer, bien sûr !
- Merci. Ce sera important, pour Aldéran, quand… on le retrouvera.
N'entendant pas de réponse de sa femme, en confirmation ou protestation, Albator se retourna.
Il vint vers elle, la serrant doucement contre lui, essuyant les joues ruisselantes de larmes du bout de son gant.
- Je suis désolée, sanglota-t-elle. Je ne voulais pas craquer. Je m'étais jurée de ne pas t'infliger ce triste spectacle. Mais je suis bien moins forte que je ne le croyais… Pardonne-moi. Comme si tu avais besoin de cela en plus de l'angoisse qui te ronge !
- Tu as déjà fait quelque chose de tellement exceptionnel en t'arrachant à ta société, en faisant ce voyage malgré tout risqué pour un appareil isolé et non armé. Je parlais de rançon tout à l'heure, et c'est tout aussi valable pour toi ! Si j'avais su, je t'aurais envoyé plusieurs spacewolfs en appui !
- Je me suis décidée en catastrophe, s'excusa-t-elle encore.
Le sourcil d'Albator se fronça mais il ne dit rien, se contentant de murmurer de doux mots de réconfort à l'oreille de sa femme, ses lèvres sur la chevelure blonde.
Et en dépit de ses résolutions, Karémyne sanglota de plus belle.
- Skyrone, je pensais sincèrement que tu ne dirais rien à ta mère ! aboya Albator.
- La dernière fois que je lui ai dissimulé quelque chose, quand Zéro et toi avez disparu dans la Constellation des Abeilles, je me suis pris une gifle magistrale, avec les intérêts si je puis dire… Je n'avais pas l'intention de lui donner l'occasion de recommencer. Et puis, vu que nous attendions tous Aldie, d'un jour à l'autre. J'ai hésité, je peux te l'assurer, papa, mais après réflexions, je devais le lui apprendre – quoique si j'avais su qu'elle filerait aussitôt te rejoindre.
Le jeune homme se mordit la lèvre inférieure.
- J'ai prétexté un voyage urgent, dans les mines de kraetium, pour soucis techniques, pour expliquer ce départ précipité à Ayvanère.
- Tu as bien fait. Ce n'était vraiment pas le moment qu'elle se tracasse.
- Oui, aucun stress, dans son état, ajouta encore Skyrone. Bien que si vos recherches durent, ou si vous découvriez… on ne pourra le lui cacher bien longtemps ! Quelque part, elle doit être au courant, mais je réfléchis à la façon de le formuler.
- Sois très prudent, insista le pirate. Il ne faut pas qu'elle perde cet autre enfant.
- Et toi, retrouve Aldéran, il n'y a que cela qui lui assurera une grossesse la moins pénible possible. Elle est déjà tellement malade… Les mois à venir lui seront éprouvants, inutile d'en rajouter.
- Je sais. Tu n'as pas à me faire la leçon, à ce sujet là tout du moins. Veille bien sur ta sœur et ton frère, Sky.
- Oui, je dois reprendre la charge d'Aldéran, ce qui aurait dû être mon rôle d'aîné mais tu ne m'en as pas estimé capable, depuis qu'Aldie est vraiment devenu adulte.
- Ce n'était pas ce que je voulais insinuer, à l'époque… Je voulais juste…
- Le Mâle Alpha, je suis au courant. Bonne chance à toi et maman. Je suis de tout cœur avec vous. Tiens-moi au courant, papa… de tout !
- Promis, fiston.
Perdue au milieu des cultures, la ferme était de bonne taille, les murs de briques d'argile, le toit de chaume. Sous le toit de toiles cousues entre elles, entre les piliers de bois, étaient rangés des outils antédiluviens de travail du sol, pour la culture, les plantations, la plupart destinés à être tractés par des animaux.
Les chemins de terre environnants étaient âprement disputés à la luxuriante nature et de nombreux moutons noirs étaient laissés en liberté afin de jouer leur rôle naturel de tondeuse.
L'endroit était paisible au possible, vierge de toute industrie, ne connaissant visiblement même pas l'électricité.
Tout était d'un autre temps, paisible, serein aussi et les populations devant vivre au gré des saisons, en parfaitement harmonie avec l'environnement, ayant toujours la sagesse et le respect de animaux et des végétaux qui les faisaient vivre au jour le jour.
Muchille posa son plateau sur la table, à quelques pas du lit.
- Je t'ai apporté de la soupe de maïs. Tu aimes ?
- Peut-être, je ne sais pas… Je n'arrive toujours pas à me rappeler de quoi que ce soit…
- Tu as eu beaucoup de chances, dans ton malheur. Ethol était de pêche sur le lac, avec mon aîné, ils ont pu te sortir à temps de ce bizarre truc de métal avant qu'il ne coule à pic. De cette pièce de métal tordue, calcinée, qui était dans ta poche, on n'a pu lire qu'un mot : Aldéran.
- C'est quoi ?
- Ton prénom, je suppose. Allez, aujourd'hui essaye d'avaler quelques cuillerées, il te faut reprendre des forces, guérir de toutes ses blessures. Ca prendra du temps, beaucoup de temps. On a rarement vu des plaies aussi graves que les tiennes, et nos médicaments et autres potions proviennent de la nature, c'est très efficace, je t'assure.
Son estomac se révoltant après quelques gorgées du potage, Aldéran gémit, le simple effort ayant réveillé de multiples douleurs dans son corps brisé.
Ses maigres forces épuisées, il replongea dans un profond sommeil.
