Salut tout le monde !

Une nouvelle histoire à mon actif (tu ferais mieux de finir les autres fée-néantes !).

Rassurez-vous (enfin, faites comme bon vous semble après tout, hein.),je ne les abandonne pas ! (enfin presque pas...!)

J'espère que ça vous plaira !

Disclaimer : Seule la jeune fille m'appartient ! (et je compte l'utiliser dans une autre histoire intitulée "mon double est ma moitié", normalement)

Bonne lecture !

Corrigé par Selijah


Je m'appelle Allen Walker, j'ai quinze ans, je suis en seconde.

Éternellement moqué et frappé, abandonné par mes parents à cause d'un bras difforme, je comparais ma vie à l'Enfer. Puis un ange est apparu. Les cheveux d'une couleur aussi flamboyante que le feu qui coule dans ses veines. Hyperactif, blagueur, dragueur invétéré... Borgne, mais ça ne gâche en rien son charme, ne rajoutant qu'un peu plus de mystère.

Éternel anonyme, je finis par apprendre son nom par hasard : Lavi, Lavi Bookman. Je le savais en classe de terminale, majeur et... célibataire.

Je passai mes nuits à fantasmer sur lui, mes jours à l'observer et à penser à sa personne. Moi qui était plutôt du style "morfale", je perdis l'appétit. J'étais souvent dans mes pensées.

Un beau jour, je finis par lui foncer dedans. Je dormais debout, n'ayant pas eu mon quota de sommeil. Quand j'eu réalisé ce que je venais de faire, je me fondis en excuse. Son sourire s'élargit, son magnifique œil émeraude se mit à pétiller. Il passa son bras autour de mes épaules, me décréta "meilleur ami" et ne me lâcha plus.

J'étais dans un rêve... Savourant ces moments où nous partagions des moments de complicité.

Je ne sais pas comment on en est arrivé là, mais je finis par sortir avec Lavi.

Cette relation, bien que la première de ma vie, était la meilleure des choses... Lavi était exactement tel que je le pensais : amant infatigable, partenaire intéressant, toujours aux petits soins pour moi... Il était le genre d'homme que nul ne veut voir repartir...

Mais chaque chose a une fin, plus particulièrement les meilleures. Cette relation aussi. Mais au lieu de n'être plus qu'un souvenir rongé par le chagrin, elle vira au vinaigre...

POV EXTERNE

Allen et Lavi sortaient ensemble depuis trois ans. Depuis sept mois, Lavi maltraitait Allen. Au fur et à mesure que le temps passait, les "punitions" étaient de plus en plus fréquentes et de plus en plus douloureuses.

Allen se laissait faire. Il n'en parlait à personne, ne s'en plaignait aucunement. Si c'est ainsi que Lavi l'aimait, ça ne le dérangeait pas, après tout, il a été traité ainsi durant toute son enfance, jusqu'à son émancipation, et encore... Pour lui, chaque coup était une preuve d'amour... Du moins, il essayait d'y croire, les jours où il devait rester allongé. Ces jours-là, il y avait eu quelques moments durant lesquels Lavi redevenait comme avant, l'entourant de milles attentions, ce qui rassurait Allen et l'aidait à se convaincre que c'était sa manière d'exprimer ses sentiments...

-Allen, c'était quoi ça ? finit par demander le rouquin après un court silence.
-De quoi ? demanda le jeune homme en levant la tête d'une énorme coupe de glace.
-Ce petit intermède avec la serveuse, siffla glacialement le borgne tout en le surveillant par-dessus le bord de sa tasse de chocolat chaud.
-Elle m'a juste dit avoir ajouté du caramel sur la glace...

-C'est pour ça qu'elle s'est mise à glousser comme une dinde, à se trémousser sur place, puis à rougir, alors que ton regard se mettait à pétiller et ton sourire s'accentuait ? Débita le jeune homme avant de boire une gorgée de sa boisson, l'œil clos.

-...

Allen maudit intérieurement la mémoire éléphantesque de son amant, et le fait qu'il voyait tout, particulièrement quand il s'agissait de lui...

-Tu as fait du gringue à cette serveuse, trancha la voix implacable et froide de son vis-à-vis.

-Même si ça avait été vrai, ça apporterait quoi ? De un, les rares fois où je sors, c'est avec toi, de deux, je suis gay et ça ne risque pas de changer avant un bon bout de temps, et, enfin, de trois, c'est plus souvent ton truc de draguer des gens devant moi, murmura-t-il en fixant son dessert glacé qu'il titillait du bout de la cuillère.

Le bruit sourd d'une tasse en porcelaine qu'on repose sur sa soucoupe, une serviette en papier qu'on chiffonne avant d'en arracher de petits bouts... Allen n'avait nul besoin de lever les yeux pour apercevoir celui empli de braises de son compagnon. Un frisson le secoua au souvenir de ce regard. Un mélange de désir, d'amour, de colère et de haine viscérale. Son menton se fit attraper par une des mains du plus vieux pour le forcer à croiser son unique œil. Une rage meurtrière brûlait en ce réceptacle solitaire.

-Ce n'est pas parce que je le fais, que tu y as forcément le droit, cingla-t-il.

Relâchant le menton, Lavi se leva et fit signe qu'il était temps de plier bagage. Le plus jeune enfourna une des boules un peu tiédie, et une deuxième, avant de le suivre docilement. Baissant les yeux pour regarder où il marchait, Allen évita le regard empli de folie destructrice. Se pressant pour rattraper son partenaire, il évacuait sa fureur à l'aide des grands pas et du rythme de marche.

-Attends-moi ! Haleta le petit brun.

Effectivement, l'interpellé s'arrêta, non loin du débouché d'une petite ruelle, mais Allen ne s'en rendit pas compte, croyant avoir été écouté, et le rejoint avant de s'arrêter à ses côtés et se pencha pour reprendre son souffle. Se relevant, il offrit un sourire lumineux à son vis-à-vis. Ce dernier enfonça son poing dans son estomac, le pliant en deux. Profitant de cette position de faiblesse, Lavi l'empoigna par le col et le fit entrer avant de le plaquer contre un mur pour faire pleuvoir une multitude de coups. À chacun, la victime gémissait faiblement et se mordait les lèvres déjà bien maltraités, s'emplissant la bouche de son sang. S'écartant du corps maltraité, Lavi sortit un couteau à cran d'arrêt d'une poche intérieure de son large manteau brun.

S'agenouillant pour se mettre à sa hauteur, il fit courir la pointe sur le visage encore un peu enfantin, traçant de fines spirales et des étoiles. Il a toujours été bon en dessin. Un flocon de neige vit le jour sur la tempe gauche, un petit ange apparut sur la joue droite, un nuage sur le côté gauche du visage...

L'acier froid glissa lentement, allant du visage scarifié au bras gauche. Le tirant à lui d'un geste brusque, il remonta la manche pour pour enfoncer le coutelas dans la chair tendre. Allen hurla faiblement, les dents crispées et serrées. Lavi n'en eut cure et poursuivit sa boucherie, traçant de profonds sillons et répandant du sang sur les alentours.

Le marquage se poursuivit, ponctué par les exclamations de douleur du châtain. Assit à cheval sur son bassin, son amant abordait un rictus sadique. Il s'allongea sur lui, posa un instant sa tête contre le torse lacéré d'Allen comme pour écouter le rythme affolé de son cœur dans un simulacre de tendresse. Puis, il releva la tête pour s'approcher de la sienne, ses lèvres toutes proches de celles déchiquetées du torturé. Lavi lécha les lèvres meurtries pour goûter au sang qui en coulait. Relevant les yeux, il croisa les orbes argentées de son petit pantin de chiffon remplies d'incompréhension. Posant ses lèvres subitement closes, il les embrassa quasi-tendrement. Ce fut rapide. Tellement rapide qu'Allen n'eut pas le temps de réagir en dehors de ses lèvres ouvertes en grand d'où s'échappait un cri silencieux. Du sang recouvrait son œil gauche, l'enveloppant dans un voile rouge et collant. La dernière chose qu'il entendit fut des cris de femmes, avant de fermer l'œil et d'aller saluer sa conscience.

Le bruit d'une claque sur une joue couverte de sang d'un autre, un couteau rangé à la va-vite, fuite titubante de quelqu'un ayant des jambes lourdes, choc sourd de quelqu'un se laissant tomber à genoux pour vérifier l'état du corps allongé, un téléphone sur lequel on pianote, une ambulance, des discussions... Puis plus rien...

POV ALLEN

-Hey, gamin, tu m'entends ? Demanda la voix fatigué d'un homme.

Je clignai des yeux, momentanément ébloui par la lumière agressive des néons. Un visage masculin aux traits tirés, les yeux marrons cernés, les cheveux blonds foncés et à la barbe mal rasée me surplombait, l'air soulagé. Il disparut de mon champ de vision, remplacé par le grattement d'un stylo sur du papier. Je me redressai avec lenteur pour le revoir penché sur une feuille, une blouse blanche sur le dos. Vu la couleur de la pièce et les "vêtements" que je portais, je déduisis que j'étais à l'hôpital.

-Je m'appelle Reever Wenham, je suis dans la réanimation. Je dois m'assurer de ton réveil.

-D'accord.

Il me tendit un verre d'eau que je bus à petites gorgées, savourant la sensation obtenue par ma gorge sèche et douloureuse.

-On peut dire que tu nous as fait peur ! Bon, es-tu prêt pour des questions ?

-Hm...

-Bon, on va faire dans le banal : nom, prénom, âge ?

-Allen Walker, 18 ans...

-Est-ce que tu te rappelles ce qui s'est passé avant de t'être évanoui ?

-Oui.

-Bon, pas l'impression de troubles de mémoires, marmonna l'interne. Une douleur quelque part ?

-À la tête... au bras, aussi, réalisai-je en portant le droit au gauche.

-Euh, tu ferais bien de ne pas y toucher avant un bon moment, me prévint-il.

-Qu'est-ce que j'ai ?

-Disons que c'est pas beau à voir, et que t'es sous anti-inflammatoire et anti-douleur...

Je me mis à craindre le pire. Qu'avait-il osé faire à mon bras ? Une porte qui s'ouvre, ce fut le bruit qui me reconnecta avec le présent. Une jeune asiatique à l'air un peu timide entra.

-C'est elle qui t'a trouvée au bord de l'inconscience, me renseigna Reever. Bon, je vais vous laisser, il me faut trouver le chef de service, il s'est encore barré...

Il sortit, nous laissant face à face dans un silence quasi-religieux. Finalement, la jeune fille s'avança pour s'asseoir à la place que le réanimateur avait quitté. La tête baissé, des cheveux noirs formaient un rideau m'empêchant de distinguer son visage. Ses mains se tordaient, elle avait l'air plutôt l'air nerveuse...

-C'était Lavi ? Finit-elle par dire en relevant son visage.

Mes yeux s'écarquillèrent, suite à la question et au croisement de ces orbes charbons si envoûtantes.

-Tu... tu le connais ? Arrivai-je à articuler, toujours saisi.

-On peut dire ça, murmura-t-elle d'un ton triste.

Le silence reprit place. Mais sa voix le chassa de nouveau.

-Comment te sens-tu ?

-J'ai mal partout, avouai-je. Aurais-tu un miroir ?

Pour seule réponse, elle sortit une petite glace de son sac en bandoulière. Je m'en emparai de la main droite, n'importe quel mouvement m'envoyant des ondes de douleurs lorsque j'utilisais la gauche. Jetant un œil à mon reflet, je lâchai la glace.

Dans le miroir, j'avais pu apercevoir une cicatrice rouge barrant mon visage, et des cheveux blancs. Je clignai des paupières plusieurs fois de suite, prostrée. La jeune femme posa une main froide sur celle valide. Ses doigts se mélangèrent aux miens. Son autre main se perdit dans mes mèches, les remettant derrière mon oreille gauche. Elle finit par s'emparer du miroir et m'obliger à faire face à mon reflet. À un reflet différent de celui que je pouvais voir tous les matins lorsque je me rasais.

-C'est horrible, n'est-ce pas... murmurai-je.

Si basse que fut ma voix, cette phrase sembla se répercuter sur les murs blancs et j'en eut des frissons.

-Bof...

Je sursautai. Autant par une nouvelle surprise que par sa réponse.

-C'est facilement camouflable, il y a eu bien pire que toi, je te rassure.

Jetant un nouveau regard à mon reflet, je ne pus qu'acquiescer mentalement. Une teinture et du fond de teint suffirait... Je fis glisser mes yeux sur la cicatrice barrant mon visage. Partant du haut de mon front, au-dessus de l'œil gauche, couronnée d'une étoile tête en bas, jusqu'à quelques 5 cm sous l'œil gauche. Si toute la ligne était rouge et épaisse, celle sur la paupière était quasi-invisible tellement elle était fixe. Je levai le bras droit et fis courir mes doigts sur la partie "déformée". J'occultai finalement ce coin de ma face, mais une main fine à la peau faiblement dorée se plaça dessus, calant ses doigts sur les miens. Refermant le pouce, le majeur, et l'annulaire, elle me fit retracer de l'index la marque avec douceur. Je croisai son regard onyx qui débordait de tendresse. Sa main finit par relâcher la mienne pour reprendre sa place sur ses genoux, tandis que ma possession retombait sur le matelas. La petite glace repartit dans la sacoche.

-Depuis combien de temps étais-tu avec lui ? Sembla-t-elle s'intéresser.

-3 ans.

-Ah...

Ses yeux partirent dans le vague un bref instant avant de revenir vers moi.

-Logiquement, vous habitez ensemble ?

-Euh, oui, hésitai-je.

-Tu vas rentrer chez vous, ou tu préférerais l'éviter ?

Mais c'est quoi ces questions ? Je lui demande, moi, si elle aime les mitarashi dango ? Non, alors qu'elle se les garde ! Okay, elle m'a sauvé la vie, mais elle m'a tout l'air d'être policière ou un truc du genre.

-J'sais pas, lui répondis-je d'un air buté.

-Si ça t'intéresse, je veux bien t'héberger, aussi longtemps que tu voudras.

Non, mais, elle me prend pour qui ? Pour un toutou peureux de son maître ? Pour un SDF ? Elle veut pas que je remue la queue ou que je fasse le beau des fois? Elle veut pas non plus que je la couvre de baisers en déclamant des poèmes ?

-Ne me regarde pas comme ça, voyons, poursuivit-elle doucement en rosissant légèrement, ne crois pas que je te prends en pitié, c'est juste que j'ai des remords à avoir fait le même genre de conneries...

Je haussai un sourcil, n'y croyant pas vraiment. Non, elle n'avait pas la tête de celle qui s'est fait battre par la personne qu'elle aime... Elle n'avait pas cette lueur dans les yeux, une attitude, qui montre que... Non. Je ne le croyais pas.

-Ça fait combien de temps que je suis à l'hôpital ?

-Dans les 6 heures, me sourit-elle.

Je plongeai mes orbes métalliques dans ses orbes de jais. Poussé par une force inconnue, je lui rendis son beau sourire. Je sentis de la chaleur s'en dégager, et je m'en étonnai intérieurement. Comment un sourire, aussi sincère soit-il, peut faire partager autant de chaleur et de lumière ? Un flash éclaira un instant l'un des sombres méandres de ma mémoire, et le souvenir de la première vision de Lavi apparut. Il arborait le sourire qui m'avait tout de suite conquis. Le genre de sourire qui réconforte et console, rassure sans rien dire et ralluma l'espoir. Je crois bien qu'il suffisait qu'il me sourît ainsi pour avoir l'impression d'être important à ses yeux, pour que j'oublie les coups donnés, et que mon amour reprenne courage.

-Pourquoi pas ? Je crois bien que de toutes façons, je ne vaux rien à ses yeux...

-En fait, quand il en arrive là, c'est qu'il ne veut plus continuer la relation.

Sa voix était triste. Elle va pas me jouer non plus la pauvre fille bafouée par son ex !

-Tu parles de lui comme si tu le connaissais...

Ses yeux se mirent à fixer le sol, j'exultai intérieurement. Elle devait être psy, si elle ne faisait pas partie du corps policier...

-Comment tu t'appelles ?

-Allen.

-Tu veux que je te laisse, peut-être. Tu as l'air assez fatigué, et le médecin t'a prescrit du repos...

En prononçant ces mots, elle s'était levé en souriant. Je mourrais d'envie qu'elle s'en aille, et puis, je rêvais de dormir. Mais, j'avais peur aussi... Et si, malgré ce qu'elle disait Lavi revenait ? Je n'avais jamais eu le courage réel de rompre, peut-être aveuglé par l'amour que je lui portais encore, les restes de ce rêve d'ado, ces espoirs et ces fantasmes ridicules que je bâtissais chaque jour, chaque nuit, de mes propres mains, que cet être que j'idolâtrais détruisait des siennes.

-Attends !

Les mots étaient sortis tout seuls. Ma bouche était maîtresse de tout. Mes sentiments la guidaient, et elle les traduisait, accompagnée de mes muscles, ces sales lâches. Seuls mes yeux restaient à mon profit unique et je tentais de lui lancer des regards noirs pour la faire partir.

-Je... Tu veux bien rester, dis ?

-Tu as besoin de dormir...

-Tu peux rester quand même ? Je... Si jamais il vient, je...

-D'accord, accepta-t-elle en changeant de place la chaise de sorte qu'elle puisse s'adosser au mur.

Bon, ça allait, elle n'était pas trop proche. Je bâillai avant de fermer les yeux, l'esprit parcouru d'une vague de fatigue. Avant de sombrer définitivement dans le sommeil, je la vis pleurer, le haut de la tête appuyé contre le mur, le visage tourné vers le plafond.

Je me réveillai en sursaut, après avoir eu une vision durant laquelle je me faisais torturer à mort. Courbé en avant, les mains sur le cœur, tentant de réguler les battements de ce dernier et mon souffle, je pleurais silencieusement. Un étreinte chaleureuse m'entoura, et des mèches de cheveux noirs glissèrent sur moi. Mes sanglots, au lieu de se tarir, redoublèrent, et l'étreinte se renforça. Je calai ma tête dans son cou pour y pleurer à mon aise, faisant fi de l'impression que j'avais d'elle. Elle me caressait le dos avec douceur tandis que j'épongeais avec son T-shirt blanc.

-Respire lentement pour bloquer les larmes, me conseilla-t-elle en souriant tendrement.

Elle me montra comment faire, tout en me rassurant avec des mots gentils ou des câlins agréables. Une fois calme, je changeai mon opinion sur elle. Elle était d'une douceur et d'une gentillesse que l'on pouvait qualifier de maternelle. Reniflant un peu, je l'observai alors qu'elle fouillait dans sa sacoche. Ses cheveux mis en valeur par le reflet du dernier quartier de lune, elle était plutôt belle, sa beauté accentuée par cette cette expression de douceur qui faisait briller les deux obsidiennes au centre de son visage. Je la vis me tendre un mouchoir avec lequel je me tamponnai les yeux avant de pouvoir engloutir le verre d'eau qu'elle me proposait aussi. J'eus soudainement honte de mon attitude première... Je sentis mes joues cuire, bénissant l'obscurité. Mais les longs doigts frais s'y promenèrent.

-Hé hé, rigola-t-elle, la lune est particulièrement brillante ce soir.

Merde ! Évidemment, on y voyait comme en plein jour... La chaleur de mon visage augmenta alors que je baissais les yeux. Les appendices de chairs se perdirent dans mes cheveux, les démêlant avec douceur. Cette caresse me fit cligner paresseusement des paupières. Étouffant un bâillement, je sentais l'engourdissement que provoquait ce mini-massage et l'appel du sommeil. Je me calai plus confortablement contre l'oreiller.

-Rendors-toi, je veille sur ton sommeil, murmura la jeune fille à mon oreille.

J'emprisonnai sa main droite dans la mienne, caressant sa paume du pouce, tout en sombrant dans les bras de Morphée.

Encore une nuit sans songes... Les rares fois où cela m'arrivait, c'est que le lendemain allait marquer un changement quasi-radical dans ma vie ! Ouvrant les yeux, ébloui par le soleil, j'observais le plafond. Avant d'esquisser ne serait-ce qu'un geste, j'analysai mon corps. Les habitudes ont la vie dure. Tout avait l'air d'aller bien, en dehors du poids sur mon estomac.

-Un poids ?

Oups... Le poids était en fait la tête de cette jeune asiatique au nom inconnu... Et vu l'état de sa main, je n'avais pas relâché prise... De plus, je m'étais relevé brusquement, la faisant tomber... sur mes genoux.

-Itaïe, grogna-t-elle.

Relevant la tête, ses cheveux formant un épais rideaux bleu nuits, elle leva ses yeux de la même couleur vers moi, semblant se demander pourquoi cette agitation à 5h du mat'... QUOI ? 5 HEURES ? Oh bordel de merde...

-Salut ! Sourit-elle.

Bon Dieu, comment faisait-elle pour avoir le sourire dès le matin, après un réveil pareil ? C'est un ange, ma parole !

-Tu as bien dormi ?

Je finis par me débloquer (j'étais resté bouche bée et yeux écarquillés), pour lui répondre à mon tour.

-Oui, merci d'être resté. Et toi ?

-Eh bien, je ne sens plus mes doigts, mais tout va bien, sinon, merci.

Je rendis leur liberté à ces bouts de chairs virant au blanc.

La matinée se poursuivit au fil du silence qu'il nous arrivait de chasser comme de laisser s'installer. Du moins, jusqu'à l'arrivée d'un type étrange, à l'air asiatique, mais pas comme la jeune fille à mes côtés, de petites lunettes sur le nez, des cheveux noirs jusqu'aux épaules et un béret blanc sur la tête. Une tasse de café fumant ornée d'un lapin rose à la main et accompagnée du réanimateur de la dernière fois.

-Lenalee ! Je peux savoir ce que tu fais ici ?

La jeune fille se retourna. Enfin je savais son prénom !

-Je ne suis pas Lenalee, déclara-t-elle froidement.

Et merdeuh... En plus, elle s'était levée pour aller dans le couloir.

-J'ai cru... Bref ! Comment vous sentez-vous ce matin Mr Walker ?

-Vous pouvez m'appeler Allen... Je ne ressens plus aucune douleur d'aucune sorte.

-Ah bon ? S'étonna le médecin.

Je haussai les épaules pour toutes réponses.

-Et... ton bras gauche ? Hésita-t-il.

-Bah...

Je le sortis de sous la couette et le regardai. Disparaissant presque entièrement sous les bandages, je n'avais aucune idée des cicatrices pouvant le parcourir... Du coin de l'œil, je pus voir le docteur être parcourut d'un frisson.

-Eum... monsieur ?

-Komui Lee, chef de ce service, se présenta-t-il en inclinant légèrement la tête.

-Les bandages sont-ils absolument nécessaires ?

-Et bien...

-Mon bras ressemble naturellement à une brûlure, une calcination, voir à une plaie vive, si c'est ça le problème... expliquai-je d'une voix calme aux relents de tristesse tout en serrant mon bras contre moi, les yeux dans le vague.

-Vous n'avez aucun problème de mouvement, d'articulation ? Nulle part ? Insista le Dr Lee.

-Nulle part, répétai-je.

Je fis face à l'étonnement du médecin. Je haussai les épaules : était-ce de ma faute si j'avais de l'entraînement depuis ma plus tendre enfance ?

L'entrevue s'acheva et le blond alla dans le couloir quelques instants pour réapparaître avec la fille qui m'avait tenu compagnie. Cette dernière avait l'air un peu nerveuse et intimidée.

-Cette jeune fille s'est proposée comme infirmière. Étant donné qu'elle en a les diplômes, nous n'avons pu qu'accepter, m'expliqua Mr Wenham. Donc, c'est elle qui s'occupera de tes soins.

Alors qu'il disait cela, elle était en train de défaire patiemment mes bandages pour vérifier la bonne cicatrisation puis d'en mettre des propres méticuleusement, après avoir désinfecté quelques plaies. Je ne prononçai aucune paroles, assez gêné par cette promiscuité des plus nouvelles, et par la présence des deux hommes aussi.

-J'ai fini, annonça-t-elle en se reculant.

La remerciant d'un hochement de tête, je m'adressai au chef de service.

-Combien de temps dois-je rester ici ?

-Tu peux t'en aller dès que tu pourras faire plus de deux pas. C'est ma seule condition. Après, à toi de voir.

Je baissai la tête, m'abîmant dans la réflexion. Subitement, les paroles de cet homme repassèrent dans mon esprit. D'un geste brusque de la main droite, j'arrachai les draps blancs, passai mes jambes par-dessus le bord du matelas puis me levai. Mes genoux plièrent, mais tinrent bon. Un pas, un deuxième... Je lâchai le lit pour essayer en solo. Comptant mentalement chaque enjambée, je pus poser ma main sur la poignée en fer. L'actionnant, je me retrouvai dans le couloir. Juste en face de moi, elle était là. Adossée au mur opposé à l'entrée de ma chambre, les bras croisés sur son ventre, les yeux vers le sol, elle semblait réfléchir. Malgré tout, elle arborait un air triste qui provoqua un pincement auprès de mon cœur.

Je me mordis la lèvre inférieure. Je m'approchai d'elle, les jambes tremblantes. Les tremblements étaient occasionnés par les courants d'air froid, mais aussi par le poids de mon corps. Un pas, deux pas... Les tremblements s'intensifièrent, et je tombai en avant. Fermant les yeux pour accuser le coup, j'attendis le choc. Mais rien. J'avais pourtant bien entendu une rencontre corps-sol, non ? De plus, je sentais le carrelage froid sous moi, alors ? Ouvrant avec lenteur les paupières, je ne vis que des orbes ténébreuses où je me perdis. Ce qui fit éclater la bulle dans laquelle j'étais, ce fut le contact soyeux d'une main fraîche sur mon front. Je battis des paupières pour reprendre pied avec la vérité. Et cette vérité me plut plus que de raison : mon visage assez près du sien pour que ses expirations me chatouillent, allongé sur elle, la bloquant contre le mur derrière, serré dans ses bras et contre son corps au point que je pouvais deviner tout de ce qui s'y cachait. Cette idée fit apparaître des rougeurs sur mon visage.

Levant le regard vers elle, je remarquai son sourire amusé avant qu'elle ne frôle ma joue brûlante du bout de ses doigts frais. Cette simple caresse renforça ma couleur. Son sourire s'agrandit encore plus.

-Bon, on va pas passer notre journée par terre, non ? J'ai rien contre toi, mais tu pèses ton poids et le carrelage n'est pas des plus agréables.

-Euh... oui, bien sûr, prononçai-je en esquissant un geste pour me relever.

Malheureusement, non seulement mes jambes refusaient le poids de mon corps, mais je glissai, me retrouvant encore plus collée contre mon nouveau matelas humain. En dehors du fait qu'elle se faisait écraser contre moi, ça ne me gênerait pas en temps normal, non ? Ouais, bah là, le problème était qu'en glissant, j'avais le bas-ventre collé contre son genou -et ça fait plutôt mal, Dieu ! Elle a un genou en fer ou quoi ?- et le visage collé contre le sien. Attention ! Je n'ai pas dit que, à l'aide de ma maladresse, nous étions en train de nous embrasser ! Non, nos visages étaient décalés, donc mes yeux étaient juste en dessous des siens, ce qui fait que mes lèvres étaient sur son menton. Faut faire gaffe aux clichés, hein !

Ses bras passèrent en-dessous des miens et ses jambes se relevèrent -me faisant glisser entre elles- tout en prenant appui au mur. Je me laissai porter sans rien dire ni faire. Mes membres refusaient tout simplement de m'obéir. Revenant dans la pièce aseptisée, je fus posé sur le lit qui s'affaissa sous mon poids. La jeune fille me borda, le sourire aux lèvres, et m'aida à me caler contre l'oreiller. Finalement, elle recula pour faire face aux deux adultes encore présents. Celui aux cheveux noirs était penché sur son bloc-notes et paraissait dessiner, l'air concentré. Le blond toussota avant de lui tapoter l'épaule à sa porté, la gauche. Remontant la tête, son visage s'éclaira d'un lumineux sourire.

-Eh bien, étant donné ta prestation, tu peux t'en aller quand tu veux, à condition que tu te reposes, c'est d'accord ? Demanda-t-il tout en se préparant pour partir sous le regard méfiant de Reever.

J'hochai la tête en guise d'assentiment. Suite à cela, Komui sortit en vitesse, poursuivi par le blond. Ma nouvelle aide-soignante alla refermer la porte en soupirant et en secouant la tête pour montrer sa consternation. Elle finit par s'asseoir sur la chaise à mes côtés et à me sourire gentiment.


Alors ? ça vaut le coup de poursuivre ? (Dans tous les cas, tu le feras, alors...)

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