Source : Harry
Potter, volumes I à VII
Date : Lundi 03
décembre 2007
Genre : Heu...
Epistolaire ?
Couples : Y en a
pas vraiment. Juste Bellatrix qui aime son maître...
Disclamer : Tout
est à J. K. Rowling.
Rating : T, par
sécurité.
Warning : Bah c'est
Bellatrix, elle est pas très gentille. En fait les propos
peuvent choquer. Si l'évocation de meurtre et les insultes
vous dérangent, passez votre chemin.
Note : Le postulat
de base est simple : au moment de la mort, on se voit proposer
d'écrire une lettre, unique, à la personne de notre
choix (pour peu que cette personne vive toujours).
Lettre à un
vivant :
Bellatrix
Andromeda,
Je ne te dis pas "chère",
tu m'en excuseras, mais je préfère la sincérité
à la rhétorique.
Je suis morte, tu le sais sans doute mais je tenais à le préciser. Tuée par Molly Weasley, quelle ironie. Elle cachait bien son jeu, la grosse ; qui aurait pu croire qu'elle aie le cran nécessaire ? Mais je comprends, avec le recul que je n'aurais pas dû l'énerver en menaçant ses mioches. L'instinct maternel est fort, surtout chez un être aussi proche de l'animal qu'une adoratrice de moldus (oui, je sais, l'éthique veut qu'on mette une majuscule à ce mot, mais je ne me soucie guère des principes dictés par des sangs-de-bourbe frustrés).
Pourquoi je te dis tout ça
? Bonne question. Je n'ai droit qu'à une lettre et il faut que
je la gâche pour toi, ignoble traîtresse à notre
noble sang. Mais j'ai songé que tu serais plus à même
de me comprendre, toi qui as tout perdu dans cette guerre. Et aussi
parce qu'au fond de moi je sais que tu es encore récupérable.
J'aurais pu écrire
à Narcissa, mais ce n'est qu'un idiote. Elle ne tirera aucun
enseignement de tout ça et continuera à vivre sur son
petit nuage où le shopping est la plus grave des
préoccupations.
J'aurais aussi pu écrire
à mon mari, mais je n'aurais su quoi lui dire. À part
notre adoration pour le Seigneur des Ténèbres, nous
n'avons jamais rien partagé.
Et c'est bien pour ça
que je t'écris. Toi qui me ressemble tant physiquement et qui
m'es pourtant diamétralement opposée... Toi qui as eu
le courage de fuir pour vivre selon ton cœur et te marier par amour.
C'est bien la seule chose que je te jalouse et je ne t'en hais que
plus. Tu as choisi ton mari (bien mal d'ailleurs, mais là
n'est pas la question ; tu sais ce que je pense de lui et que mon
plus grand regret est de ne pas l'avoir achevé de mes mains).
Moi, on m'a assigné
cet ahurit de Rodolphus. Un homme bien s'il en est... Sang-Pur et
adepte du Seigneur des Ténèbres. Et il présentait
bien, il était cultivé et sournois. J'étais
ravie quand on me l'a présenté. J'allais épouser
un homme digne de ce nom, pas comme cette pauvre Narcissa qu'on avait
fiancée à cette tafiole de Lucius Malefoy... (Sais-tu
qu'il passe plus de temps qu'elle dans la salle de bain ? Tu te
souviens sans doute de la passion de notre sœur pour son miroir, et
bien son mari est pire, crois moi.)
Mais j'avais tort de me
réjouir. Ce que je vais te révéler à
présent, nul ne l'a jamais su et je compte sur ta discrétion.
Je ne t'ai jamais rien demandé de mon vivant, si ce n'est de
disparaître de ma vie vu l'embarras dans lequel tes goûts
douteux en matière d'amis et d'amant me mettaient. Mais
aujourd'hui je te demande une seule petite chose, garder le secret.
Je sais que tu ne m'aimes guère, mais dis toi que c'est ma
dernière volonté et tais toi, au nom de Merlin.
Rodolphus est impuissant.
Oh, je t'imagine déjà en train de rire à gorge
déployée… J'espère que ça réveillera
le mioche dont tu as la charge et que tu le secourras pour le faire
taire, au point qu'il en crève.
Oui, mon mari était
incapable de me faire un enfant. Tu ne peux imaginer la honte qui fut
la mienne. Toi qui vivais parmi les enfants de moldus, tu n'as pas
su... Mais au sein des familles de Sang-Pur, ça jasait... Les
rumeurs allaient bon train. On prétendait que j'étais
stérile. Or ce n'était pas de ma faute, mais comment
pouvais-je le dire ? Je ne pouvais que me taire et les laisser dire.
Heureusement que le
Seigneur des Ténèbres était là. Lui, si
fort, si puissant. Il m'a offert de travailler à ses ordres
malgré ma disgrâce. Il se fichait de savoir si je
pouvais ou non avoir des enfants. Ou peut-être savait-il que je
pouvais et que mon mari était le seul à blâmer.
Toujours est il que sous ses ordres j'ai été plus
heureuse que jamais. J'ai vécu pour la bonne cause, en
oubliant presque mon manque d'enfant.
Le fait que toi, tu en
ailles un ne m'a que peu troublée. Après tout, les
lapins prolifèrent rapidement pour que les loups aient de quoi
s'amuser, rien de plus normal. Non, ce qui m'a achevée, ce fut
d'apprendre la grossesse de Narcissa. Bien sûr, je ne fut pas
la seule à être étonnée. Tout le monde
avait toujours cru que Lucius ne s'intéresserait pas à
elle... Et ce n'en fut que pire pour moi, puisqu'en plus de mon
propre ressentiment, les rumeurs sur mon compte avaient augmenté.
J'ai déprimé durant la grossesse de notre sœur ; ma
seule échappatoire, c'est le Seigneur des Ténèbres
qui me l'offrait. Il me donnait les missions les plus importantes et
les plus dangereuses. J'ai parcouru la planète pour lui et
torturé bien des sorciers, massacré nombre de moldus.
Ce fut un vrai plaisir.
Et puis le petit Drago est
né. Je me souviens avoir dû le garder un soir... J'avais
demandé au Seigneur des Ténèbres d'envoyer
Rodolphus en mission pour avoir ma soirée. Il savait sans
doute ce que j'avais en tête mais ne m'a pas retenu, malgré
la pureté indiscutable du sang de mon neveu...
Tu l'auras deviné,
je voulais tuer ce gosse. Le mettre en pièces comme j'avais
mis des membres de l'ordre du piaf immortel (ne me dis pas que tu ne
vois pas à quelle bande d'arrivistes chanceux je fais
allusion, je ne te croirais pas) en miettes. Mais le petit s'est
montré si agréable avec moi que je n'ai pas pu. Le
temps que je me tourne pour prendre un beau couteau, il avait brisé
le vase immonde que ma belle mère m'avait offert à mon
mariage. Tu n'as jamais vu ce truc et là encore je t'envierai
presque... En tout cas, c'est là que le mioche a gagné
sa vie. Parce que dans ses yeux, quand je l'ai grondé (Un
doloris à 6 mois, ça forge le caractère...
D'ailleurs si Narcissa avait eu un peu plus de poigne, ce petit
aurait pu être bien plus ambitieux. Mais je m'égare de
mon sujet.), étaient brillants d'intelligence. Pas la
passivité de sa mère, ni la couardise de son père.
Je regrette sincèrement
de ne pas l'avoir vu grandir... J'aurais tant aimé participer
à son éducation. L'élever comme le fils que j'ai
jamais eu. Mais le sort en a décidé autrement et,
Merlin m'en soit témoin, si c'était à refaire,
je n'y changerais rien, malgré toutes ces années
d'enfermement. C'était pour la bonne cause. Je sais que tu
n'as jamais eu l'intelligence nécessaire pour soutenir le
Seigneur des Ténèbres, mais, ayant eu la même
éducation que moi, tu dois au moins me reconnaître la
force de caractère des plus grands. Je n'ai jamais cessé
de lutter pour ce en quoi je crois... Et même d'ici, je ferai
tout ce que je peux (aussi maigre ma contribution soit-elle) pour que
le rêve de purification de mon maître puisse un jour
s'accomplir...
D'ailleurs il y a encore
une chose que je vais te dire, puisque j'en suis aux révélations.
Toi qui crois que tes amis les sangs-de-bourbe sont si bons et
généreux, tu vas tomber de haut. Saches, ma sœur,
qu'ils sont des meurtriers de la pire espèce. Ils m'ont
envoyée à Azkaban alors que j'étais enceinte,
tuant ainsi mon enfant avant même sa naissance. Sais-tu quelle
est la douleur que j'ai pu ressentir lorsque j'ai vu cette petite vie
que je créais quitter mon corps avant l'heure ? Tu
n'imagines même pas... Les Détraqueurs à côté
de ça, c'était la plus douce des sensations, je te le
garantis.
Je pense bien que tu dois
te dire que je délire... Enceinte alors que je me plaignais
quelques lignes plus haut de la stérilité de mon mari.
Pourtant c'est vrai. J'étais enceinte. Et comme je veux que tu
me croies, je vais tout t'expliquer.
Comme je n'avais pas tué
Drago, le Seigneur des Ténèbres m'a demandé si
mon cœur se ramollissait... Et j'ai craqué. J'ai profité
de la chance que j'avais d'être une des rares privilégiés
à pouvoir lui parler en tête à tête en
certaines occasions, et j'ai tout déballé. De
l'impuissance de Rodolphus, au vase... Tout. Et Il m'a comprise.
Mieux que quiconque. Je l'aimais déjà plus que ma
propre vie mais à cet instant... À cet instant j'ai
compris ce que ce vieux cinglé de Dumby voulait dire en
parlant du pouvoir de l'amour. À ce moment j'aurais pu
déplacer des montagnes à mains nues pour mon maître.
Mais il n'en demandait pas tant. Au contraire, il estimait que ma
dévotion sans faille méritait récompense. Et il
a dit... Il a dit que je ferais un bonne mère. C'est si rare
d'avoir un compliment de sa part. Moi j'en ai eu... Je peux m'en
vanter. Tu ne le croiras jamais, toi qui le vois comme un monstre
sanguinaire, mais le Seigneur des Ténèbres est bon
envers ceux qui le soutiennent vraiment. Si bon... Il m'a dit que si,
sans que cela ne s'en ressente dans mon travail pour sa noble cause,
je trouvais une formule permettant de me mettre enceinte sans l'aide
de mon mari et que je réunissais les ingrédients
nécessaires, il s'occuperait lui même d'accomplir le
rituel.
J'ai cherché
longuement, et j'avais presque abandonné l'espoir de trouver
un grimoire avec ce que je voulais. Mais finalement j'ai trouvé,
au fond de la réserve de Poudlard. J'ai réuni les
ingrédients et préparé le rituel pour mon
maître. Je ne m'en étais jamais vantée auparavant
(tu me connais assez pour savoir que la vantardise n'est pas ma
spécialité), mais je dois bien être la seule
femme en ce monde que le Seigneur des Ténèbres en
personne aie mis enceinte. Et je n'en suis pas peu fière. Cet
enfant que je portais était à moi, entièrement.
Mon maître n'en était pas le père, juste le
créateur, mais c'est déjà le plus grand des
honneurs.
Seulement après
tout c'est accéléré. Cet avorton de Potter a
survécu et le maître à disparu. J'ai torturé
les Londubat, comme j'en avais torturé tant d'autres avant, et
je me suis fait attraper par une bande d'aurors. Ils disent que c'est
un exploit... À soixante-trois contre quatre. J'en serais
presque flattée si je n'avais pas fini ainsi.
La suite, tu la connais.
Ils m'ont condamnée sans me laisser exprimer mon point de vue.
Et mon enfant est mort sans exister.
Je lui avais même
choisi des noms, tu sais... Rigel si c'était un garçon,
une étoile de la constellation d'Orion, comme moi. Je tiens
d'ailleurs à te féliciter pour le choix du nom de ta
fille ; un prénom de goût qui n'aurait pas
dépareillé dans l'arbre généalogique
familial... Si elle avait eu un père digne de ce nom. Oh, mais
ils sont tous les deux morts, alors cela n'a plus d'importance,
n'est-ce pas ? Moi, si j'avais eu une fille, elle se serait
appelée Yersinia. Comme la peste, cette maladie qui décime
les moldus. N'aurait-ce pas été un prénom
approprié ?
Et puisqu'on parle de
fille... Sais-tu quel plaisir j'ai eu à tuer la tienne ? Douce
revanche. Je n'ai pas tué le fils de Narcissa (et en voyant ce
qu'il était devenu durant mon séjour à Azkaban,
crois bien que je l'ai regretté), mais j'ai tué ta
fille après que tes amis aillent tué mon enfant. La
boucle est bouclée... Surtout que c'est parce que je menaçais
sa progéniture que la grosse Molly m'a eue. Les enfants nous
perdrons.
Enfin, moi ils m'ont déjà
perdue. Pour toi il n'est pas encore trop tard, ma sœur... Si tu
égorges cet ignoble fils de loup-garou que ta bâtarde
t'as laissé sur les bras, alors moi au moins je te
pardonnerai. Et je suis sûre que Narcissa en fera autant... Si
elle ne le fait pas, tu pourras toujours torturer son fils à
mort pour moi. Si cet avorton avait eu quelque chose dans le
pantalon, elle ne s'en serait pas inquiété et n'aurait
pas menti au Seigneur des Ténèbres. Tu vois, une fois
encore c'est la progéniture qui détruit la mère...
Je t'ai soulagée de ce poids, fais donc pareil pour notre
petite Cissa.
Il n'est pas trop tard,
Andromeda. Tu es celle du milieu, celle qu'on remarque le moins dans
une famille, il est normal que tu aies voulu te démarquer de
nous... Et tu t'es liée à des gens dangereux, qui n'ont
pas hésité à profiter de ta gentillesse et de ta
faiblesse pour te mettre en tête des idées sur l'égalité
des moldus et des sorciers. Mais ce n'est pas ta faute... Qui aurait
pu t'en vouloir d'avoir fui lorsque tu voyais tes deux sœurs mariées
de force ? Je te comprends mieux que tu ne le penses... Et j'ai
effacé tes pêchers. Plus de mari, plus de fille. Il ne
te reste qu'un nourrisson stupide à éliminer. J'ai fais
tout ce que je pouvais pour te sauver, c'est à toi de faire le
dernier pas.
Tu n'as rien à
craindre de tes soi-disants amis. Narcissa et son mari te
protégeront. Ils ne sont bons qu'à ça, se cacher
et éviter les ennuis. Aucun esprit d'initiative. Mais ce n'est
pas plus mal. Tout ce que tu as à faire c'est secouer le
mioche. Tu diras que tu ne l'as pas fait exprès, qu'il
pleurait et que tu voulais le calmer... C'est ce que je comptais
faire pour Drago ; ce que j'aurais dû faire.
Je vais te laisser à
présent. Je n'avais pas grand chose à te dire en
définitive. Mais j'espère que tu donneras bonne suite à
ma lettre. Je n'ai pas besoin de réponse ; pas envie
de te voir à genoux en pleurs sur ma tombe. La meilleure chose
que tu puisses faire pour la mémoire de ta grande sœur c'est
de revenir dans le droit chemin.
Avec le souvenir de
l'affection que j'avais pour toi étant petite,
Bellatrix
