Auteur : taoist elf

Traductrice : Moi

Spoilers : -

Rating : M

Genre(s) : Angst/Romance

Disclaimers : Tout l'univers des Cullen appartient à Stephenie Meyer. L'histoire que vous allez lire appartient à taoist elf. Quand à moi, je ne suis qu'une humble traductrice.

Bêta : Nephtys56...Merci Florianne!

Notes : Pour ceux que ça intéresse de lire cette histoire en version originale, le lien se trouve dans mon profil.

Je rappelle que vous pouvez désormais me trouver sur Facebook sous le nom de Saw Trombone... Si vous voulez discuter de mes fics ou vous tenir au courant de ma vie :D Vous êtes les bienvenus!


Que je vous explique... À deux jours de Noël, j'ai décidé que cette histoire serait le parfait cadeau pour vous, mais j'ai rapidement dû me rendre à l'évidence, les chapitres étaient beaucoup trop longs pour que je puisse espérer finir dans les temps. Ajoutez à ça que j'ai perdu pratiquement un tiers de ma traduction à cause d'une stupidité de ma part et le délai s'est encore agrandi. Puis avec Noël justement, j'ai pas eu le temps de bosser plus. Donc nous voilà au 27 décembre avec seulement le premier chapitre de traduit. Mais j'ai pas l'intention d'abandonner! Je veux finir cette traduction au plus vite.

Pour celles qui ont reconnu l'auteur, vous savez qu'elle a aussi écrit Sois comme l'eau, et vous connaissez donc son style! Ses chapitres sont magnifiques et c'était toujours un plaisir pour moi de bosser dessus :D TAP est différent de BLW vous verrez mais tout aussi excellent, promis!

Donc pour finir, puisque cette trad était censée être un cadeau, elle ne suivra pas de rythme de post régulier. Vous aurez les chapitres dès que je les aurais fini et dès que ma bêta extraordinaire les aura corrigé pour moi. (Je veux aller le plus vite possible donc je fais pas mal de fautes de frappes _) Vous savez ce que ça veut dire? Ça veut dire que vos reviews me motiveront encore plus que d'habitude alors lâchez-vous!

Enjoy!


- Chapitre 1: Rain -

"Bells!"

Bella Lahote remonta son sac de course en tissu sur son épaule alors que Jacob Black sortait du garage avant même qu'elle ait posé le pied dans l'allée. Bien sûr, au bout de quatre ans et demi, elle était habituée à ses sens de loup.

"Hey, chérie." Il se pencha en avant et lui fit un de ses câlins magiques.

Bella fondit contre son torse, enroulant un de ses bras autour de sa taille, et laissa toutes ses inquiétudes disparaître dans l'étreinte de son meilleur ami. Juste pour un instant. Sa chaleur et son odeur la calmaient comme personne d'autre.

"Hey Bella." Cette voix veloutée lui fit soulever ses paupières lourdes.

À part peut-être celles d'Embry. Mais c'était logique; ils étaient demi-frères après tout. Elle leur devait tout - ils avaient fait équipe pour la soutenir à travers toutes les turbulences des trois dernières années.

Elle fut allègrement passée d'un frère à l'autre, ce qui lui dit tout ce qu'il y avait à savoir en douceur:

Paul n'était pas au garage.

"Comment vas-tu, mon cœur?" murmura Embry dans ses cheveux.

Bella hocha silencieusement la tête contre son torse - c'était tellement plus facile de mentir sans mots. Le bruit sourd du sac de nourriture touchant le sol leur dit la vérité comme un coup de tonnerre. Bella ne savait pas si elle survivrait à un autre round.

Elle était si fichtrement fatiguée.

Fatiguée d'essayer. Fatiguée de faire confiance. Fatiguée de se faire briser le cœur encore et encore après des frénétiques promesses que les choses seraient différentes cette fois.

Au loin, le tonnerre éclata dans le ciel de fin d'après-midi. Elle ferma les yeux, essayant de se reprendre avant de relever la tête de sa cachette dans le torse d'Embry.

"Il n'est pas là," dit-elle d'une voix morne. C'était une constatation, pas une question. Lentement, ses yeux croisèrent ce regard chocolat, dissimulé sous des mèches folles qui adoucissaient les traits fins de son visage de 22 ans. Au moins, il faisait enfin son âge.

Ils faisaient tous leur âge. Le regard de Bella se posa sur son meilleur ami; la fatigue et la colère déformaient son visage habituellement souriant. Elle choisit le plus facile des deux.

"T'as l'air fatigué, Jake," lui dit Bella avec un sourire triste. "Liam ne fait toujours pas ses nuits?" C'était leur deuxième, à Malia et lui. Il y a quatre ans maintenant qu'il s'était imprégné de la petite sœur de Kimo, le mari de sa sœur Rebecca. Au mariage de Paul et Bella en plus. En fait, il y avait eu deux imprégnations ce jour-là et ça avait été le plus beau cadeau de mariage dont elle aurait pu rêver.

Jacob pinça les lèvres, refusant de jouer à son petit jeu d'ignorance et l'attira simplement contre lui. "Viens, il faut qu'on parle."

Gardant un bras autour d'elle, Emrby ramassa le sac et, pressée entre les deux frères, ils entrèrent silencieusement dans le garage.

Le ciel était couvert, donnant l'impression qu'il était encore plus tard qu'en réalité. Il n'était que quinze heure et Paul finissait généralemeent à seize heures donc elle était venue plus tôt pour s'assurer de ne pas le faire attendre - ça l'énervait d'attendre. Ça l'énervait encore plus.

Le téléphone d'Embry sonna et il glissa une main dans sa poche pour l'attraper.

"Hey, Angel, comment ça va?" murmura Embry. Bella regarda son visage fondre en une grimace de sympathie.

La deuxième imprégnation de la journée, Angela avait rencontré Embry au mariage de Bella, et le reste s'était fait tout seul. Jake et lui s'étaient mariés à un mois d'écart et ils fondaient leur famille en même temps sans même le vouloir.

"Je serais là dans une minute, Ange," l'apaisa-t-il et ensuite sa voix devint aussi sévère que possible pour lui. "Dis au petit bonhomme qu'il a intérêt à avoir tout ramassé avant que je rentre. Je t'aime."

Bella étudia attentivement son visage, essayant de définir l'expression à adopter alors qu'il rangeait son téléphone. Un large sourire étira ses lèvres alors même qu'il levait les yeux au ciel et elle sourit rapidement aussi.

"Ce Cody, mec," souffla-t-il. "Il a jeté ses crayons partout dans le salon pendant qu'elle était aux toilettes. Je pense que c'est la goutte d'eau qui afait déborder le vase."

"Il est juste excité parce qu'Angela arrive à terme," sympathisa Bella en s'asseyant sur le canapé défoncé.

"Ben s'il continue comme ça, sa petite sœur va arriver plus tôt que prévu," sourit Embry en s'adossant à la camionnette de Bella qui devait être réparée. Ils lui auraient prêté une voiture, mais elle aimait marcher.

"Je suis sûre que ça dérangerait pas Ange," rigola-t-elle doucement. Angela était à deux semaines du terme et plus que misérable. Bella s'arrêtait chez elle tous les jours en rentrant du lycée de la Rez, où elle était la seule prof d'anglais.

"Prenons un weekend de congé, Emb," rigola Jacob. "Je dirais à Joe et Tommy d'ouvrir le garage samedi."

"Ils seront pas là avant midi," renifla Embry. "Et ils auront tellement la gueule de bois qu'ils..."

"Emb," l'interrompit Jacob.

Il se figea, croisant le regard de son frère.

Le regard de Bella se posa sur ses baskets et elle appuya ses coudes sur ses genoux. Paul était probablement sorti avec eux. Ça n'avait même plus d'importance.

Elle entendit Embry s'éclaircir la gorge avec gêne. "Je ferais mieux d'y aller."

Bella releva la tête pour voir un visage empli de chagrin et d'inquiétude. "C'est bon, Emb." Elle lui fit un sourire. "Peut-être que je vous verrais samedi?"

"Je voulais emmener Cody à la plage." Il posa le sac de provisions. "Pour vous donner un peu de temps entre filles."

"Ange a besoin d'un peu de temps pour dormir," renifla-t-elle en essayant de rire alors qu'elle se redressait et s'adossait au mur.

"Hey," Jacob pencha la tête sur le côté alors que son frère traversait le garage pour lui serrer brusquement le bras. "Pourquoi tu demanderais pas à Sam si deux des louveteaux pourraient pas prendre notre place samedi soir? On devrait avoir le droit à un congé paternité, non?" Sa voix était inhabituellement sarcastique. "On agrandit sa meute."

Il n'y avait pas d'amour perdu entre Sam et Jacob Black.

"Ouais, c'est ça," renifla Embry. S'appuyant sur le dossier du canapé, il se pencha lentement vers Bella avec un de ses sourires les plus doux. Elle lui sourit jusqu'à ce qu'il soit si près qu'elle se retrouve en train de loucher et il déposa un baiser sur son front.

"Accroche-toi, petite sœur," souffla-t-il. Il se redressa et toute trace d'humour avait laissé place à de l'inquiétude pure.

Le regardant du coin de l'œil, Bella lui fit un minuscule sourire. C'était vraiment le mieux qu'elle pouvait faire pour le moment.

"Okay, à plus." Il leur fit un signe de la main avant de courir jusqu'à sa voiture alors qu'un autre coup de tonnerre roulait dans le ciel.

Les yeux fixés au plafond, Bella expira par le nez.

Jacob attendait silencieusement à côté d'elle. Il avait toujours été comme ça: patient, sensible, gentil. Elle était folle de joie qu'il ait abdiqué de son héritage. Essayer de forcer Jake à devenir Alpha aurait été comme d'essayer d'enfoncer le soleil dans une boîte.

À la place, il avait regarder la destinée droit dans les yeux et lui avait craché au visage - c'était la chose la plus courageuse qu'elle avait jamais vu. Bien sûr, ça n'avait pas été une décision populaire et son père ne lui avait toujours pas complètement pardonné. Mais avec ce sourire éblouissant, il lui avait juste dit qu'il n'avait pas besoin d'être populaire, juste bien dans sa peau - et que c'était ce qui était le plus important pour lui.

Et ensuite il s'était imprégné.

Elle l'avait aidé jusqu'à ce qu'il accepte que parfois, la destinée faisait ce qu'il fallait. Tout le monde pouvait voir que Malia était parfaite pour lui: douce et courageuse, elle le gardait équilibré, heureux et repus (Bella approuvait). Et Malia l'aimait férocement.

D'un amour réel.

La Meute avait appris de nombreuses choses au fil des années et l'une d'entre elles était que l'imprégnation n'était pas la romance digne d'un roman à l'eau de rose que le Conseil leur avait vendu pour convaincre ces infortunées victimes d'accepter joyeusement leur destin. Avec le temps, il était devenu évident que ça ressemblait beaucoup à l'amour des simples mortels - sauf que c'était décidé à l'avance. Au début, l'imprégnation était une force irrésistible - quelque chose qui volait leur attention à chaque instant et qui rendait les nuits très longues.

Mais au fil du temps, la nouveauté disparaissait et la réalité reprenait le contrôle. Le boulot, les patrouilles, les guerres, les drames Tribals et familiaux, et pour de nombreux membres de la Meute, une famille.

Alors que le temps écaillait le vernis de l'obsession, le véritable amour devait prendre sa place. Le Véritable Amour - pas la version de saint Valentin, mais la dévotion terrifiante qu'on recevait quand on était au plus bas. Comme n'importe quel mariage mortel, quand l'imprégnation s'éteignait, si le véritable amour n'avait pas été cultivé, alors la relation s'effritait.

Et Bella en savait quelque chose.

Elle laissa sa tête rouler sur le côté. Jacob était perché sur l'accoudoir, en train de la regarder, ses sourcils froncés par l'inquiétude accentuant ses yeux injectés de sang.

"T'as l'air horrible," lui dit Bella, en lui faisant un sourire fatigué.

Il n'essaya même pas de se forcer à sourire alors qu'il se laissait glisser à côté d'elle. Se tournant vers elle, il plaça un genou entre eux et l'étudia intensément pendant une minute. Avec un gros soupir, une grande main chaude - une main qu'elle aimait: affectueuse, tendre, prudente - attrapa la sienne, qui était posée sur sa cuisse.

"Chérie," chuchota-t-il en entrelaçant lentement leurs doigts. "Ça ne devrait pas être comme ça."

"Ouais," répondit Bella sur le même ton. "Mais ça l'est, donc..." Elle leva les yeux au plafond et secoua lentement la tête à la folie de la situation. Il n'y avait plus aucun mot, plus aucune excuses, plus aucun plan, espoir, rêve.

Plus rien.

Alors maintenant elle pensait n'être plus rien - une coquille vide épuisée avec rien d'autre qu'une responsabilité l'étranglant comme une lourde cape à chaque instant de la journée. À son travail, aux cérémonies de la Meute, aux feux de camp, aux rassemblements Tribals, elle était l'âme-sœur de Paul, sa femme et sa compagne. Elle avait un rôle à jouer.

Même si Paul ne jouait pas le sien.

"Il devait te rejoindre ici?" murmura Jacob d'une voix tendue.

"Ouais." Bella eut un petit rire amer. "Tu sais quel jour on est aujourd'hui."

Jacob lui serra la main - il n'oubliait jamais la date de son imprégnation. Bella n'oubliait jamais le jour de son mariage...parfois elle aurait aimé pouvoir oublier.

"Il est parti y'a une demi-heure," murmura-t-il.

Bella releva la tête. "Je croyais qu'il finissait à seize heures," haleta-t-elle, les yeux écarquillés de détresse. C'était sa faute?

"Chut," l'apaisa Jacob, les sourcils froncés. "Il ne te l'a pas dit?"

Bella se mordit la lèvre, haïssant les larmes qui lui brûlaient les yeux. Elle essayait tellement fort de lui faire plaisir.

"Je leur ai dit mercredi," dit-il gentiment, malgré la rage qui brûlait dans ses yeux. Son meilleur ami était le seul qui ne lui montrait jamais de la pitié, ce qu'elle détestait. "Que je les laissais finir vers deux heures aujourd'hui."

Bella se mordit la lèvre encore plus fort alors qu'il la regardait sérieusement: il ne le dirait pas à voix haute. Malia et lui allait célébrer ce jour. Les larmes traîtresses lui brûlèrent les yeux alors que ses narines gonflaient sous l'effet de la douleur.

"Viens là, chérie," roucoula Jacob en l'attirant contre lui.

Bella se désintégra dans ses bras. Pendant quelques minutes ou quelques heures, elle laissa son déséspoir s'écouler, haletant sous la pression de toutes ces choses qui voulaient sortir.

Jacob la tira sur ses genoux et la serra contre lui. Comme il le faisait toujours.

Finalement, lorsqu'assez de douleur fut exprimée pour qu'elle puisse refermer la vanne, elle releva la tête et sécha impatiemment les traînées de larmes sur ses joues. C'était ses peintures de guerre des quatre dernières années.

"Je ne peux plus le faire," chuchota-t-elle.

Jacob lui caressa les cheveux tout en hochant sobrement la tête. "Qu'est-ce que tu veux que je fasses, Bella?"

Il utilisait si rarement son nom que ses yeux se plongèrent dans le feu qui brûlait dans les yeux de Jacob: il l'aiderait même si ça voulait dire affronter Sam et prendre sa place. Jacob avait un cœur pacifiste, mais il se battrait toujours pour sa famille - bien que ça le briserait non seulement mentalement mais aussi physiquement. Sam était devenu beaucoup plus fort.

Elle sourit tristement alors que sa main caressait la joue de Jake avec tout l'amour qui restait dans son cœur réduit en lambeaux. "Jake, ce n'est pas ta bataille," murmura-t-elle. "Tu as Malia et les enfants. Ça va aller. Il faut juste que je décide quoi faire."

C'était son mantra depuis deux ans, depuis qu'elle avait finalement réalisé que Paul devenait de pire en pire, pas de mieux en mieux.

Jacob était un véritable ami parce qu'il respectait ses décisions. Respectait ses limites. Il n'essayait pas de la convaincre, ne fouinait pas et n'agissait pas dans son dos. Il la soutenait, même quand elle faisait des erreurs. Il avait même embauché Paul quand l'entreprise de construction l'avait finalement viré après une bagarre de trop ( il travaillait dur tant que personne ne lui faisait perdre son calme). Bella pensait que c'était aussi pour garder un œil sur lui mais Jacob niait à chaque fois qu'elle lui demandait. Il ne parlait jamais à Paul mais il ne le touchait pas non plus, et ça montrait à Bella à quel point il l'aimait.

Ça et le fait que Jacob ne l'avait jamais dit à Charlie. Personne ne lui avait jamais dit.

Elle aurait certainement pu partir - elle avait essayé une fois - mais elle n'avait tenu que deux semaines chez sa mère. L'imprégnation lui avait fait mal au cœur, mais pire que ça, c'était la dague plantée dans son âme qui avait été plus douloureuse que tout : les jeunes de l'école lui avaient manqué, tout comme la Meute, la Rez...sa maison.

Elle ne savait plus quoi faire dans le monde. Bella avait toujours été du genre à rêver de planter des racines quelque part, surtout vu que chaque fondation branlante avait été arraché de sous ses pieds tous les deux environ jusqu'à ce qu'elle emménage à Forks.

Tout ce qu'elle voulait, c'était la paix et l'amour. Une famille. Une maison. Une petite maison en bois - c'était sa chanson préférée de Coldplay. Elle avait été si indigente qu'elle était tombé dans les bras du premier homme qui lui avait offert une forme de sécurité, et c'était une sangsue pour l'amour de Dieu!

Il avait fallu des mois pour que son emprise s'évanouisse complètement...ça s'était finalement fait, mais pas sans laisser de cicatrices. Maintenant Bella avait peur du monde.

Mais ici, elle était en sécurité. Elle avait une maison, une famille. Elle ne pouvait pas s'imaginer vivre dans une "ville humaine" sans cœur où elle devrait tout recommencer. Elle n'avait peut-être pas beaucoup d'argent ou de liberté ni même l'homme qu'elle voulait, mais c'était ici que son âme était à la maison.

"Viens à la maison ce soir, Bells," lui chuchota Jacob.

Bella cligna des yeux pour revenir au présent, son regard se plongeant dans celui empli de douleur de Jacob. Ce n'était pas normal. Rien de tout ça ne l'était. C'était un jour heureux pour lui et elle lui le gâchait.

Encore une fois.

"Non, Jake," murmura-t-elle en se penchant en avant pour déposer un baiser reconnaissant sur sa joue. "Il me faut un peu de temps pour réfléchir. Et je pense que j'ai..." elle tapota ses lèvres alors que ses yeux voyageaient comiquement dans toute la pièce. "Probablement tout le weekend pour ça." Elle lui fit son meilleur sourire.

Jacob ferma les yeux et prit une profonde inspiration qu'il relâcha lentement, défait.

"Sérieusement," elle lui tapota l'épaule avant de se relever. "Si je le quitte vraiment, je dois m'habituer à être seule, non?" lui demanda-t-elle d'une voix ferme.

Jacob cligna deux fois des yeux - son incrédulité se transformant en une lueur d'espoir. Elle n'avait jamais prononcé ces mots à voix haute auparavant.

"Tu n'es pas toute seule, chérie," murmura-t-il, en se levant à sa suite, les sourcils froncés par l'inquiétude. "Tu nous as nous, ta famille, ta Meute."

Bella hocha brusquement la tête en s'essuyant les yeux alors qu'un autre roulement de tonnerre grondait dans le ciel. "Je sais," acquiesça-t-elle doucement. "Et je ne peux pas quitter la Rez." Elle s'interrompit soudainement et le regarda avec inquiétude. "Ils ne me forceront pas à partir, hein?"

"Pas moyen!" Il lui fit un sourire qui était un peu trop sauvage pour être amusant. "Même si je dois botter le cul de ce bâtard."

"Lequel?" Bella haussa un sourcil, le ramenant vers les rives humaines avec un petit sourire.

"Les deux," grogna Jacob en la serrant dans ses bras. Il avait maintenant ce qui pouvait être qualifié de relation 'silencieusement tendue' avec son père...et il haïssait Sam plus que tout.

Ses chatouilles tirèrent quelques gloussements à Bella et ils rebondirent dans le garage avec les premières gouttes de pluie tombant sur le toit.

"Laisse-moi fermer et je te raccompagne," il souffla contre sa joue en la reposant par terre.

"Naaan," dit-elle en secouant la tête. "Je veux marcher - pour m'éclaircir les idées." C'était l'été, moins d'un kilomètre à parcourir et Bella adorait marcher sous la pluie. Surtout en short.

"Sûre?" demanda-t-il en haussant un sourcil dubitatif.

"Sûre-sûre," plaisanta-t-elle en s'approchant pour un autre câlin. Puis elle fit volte-face et remit le sac de provisions sur son épaule. "Ce n'est pas lourd," grommela-t-elle en levant les yeux au ciel à son comportement de mère-poule. C'était juste les derniers ingrédients qu'elle avait acheté pour le dîner et le petit-déjeuner du lendemain...avec Paul.

Jacob la suivit jusqu'à la porte du garage. Le ciel était couvert, mais il pleuvait très peu, créant juste de petites flaques.

"Amuse-toi bien ce soir!" lui dit-elle en le regardant pardessus son épaule. "Dis à Mal que je l'aime!"

Le regard sombre de Jacob lui dit qu'elle en avait trop fait, mais il la laissa quand même partir d'un salut de la main. Elle pouvait sentir ses yeux sur elle jusqu'à ce qu'elle tourne au coin du bâtiment. Jacob veillait toujours sur elle.

La première fois, il y a presque trois ans, Jacob était arrivé chez Bella et Paul en catastrophe, à minuit passé, après qu'elle l'ait appelé complètement paniquée - même si Malia était complètement malade à cause de sa grossesse. Paul n'était pas rentré et elle était folle d'inquiétude.

Bella avait dormi avec lui sur le canapé, couchée sur le torse de Jacob. Elle avait passé la nuit à compter ses battements de cœur.

Le matin suivant, il était au téléphone avec Malia lorsque Paul avait tangué dans la maison, complètement débraillé et puant l'alcool. Dieu seul savait à quel point il avait bu - mais elle le devinerait plus tard en voyant leur relevé de comptes.

Jacob lui avait jeté un coup d'œil et le portable avait explosé dans sa main. C'était la transformation la plus terrifiante qu'elle avait jamais vu (même s'il était resté humain): son ami s'était jeté à travers la pièce, aveuglé par la rage, la bave aux lèvres. Il avait attaqué Paul si sauvagement que Bella n'y avait même pas réfléchi à deux fois.

Elle avait appelé Sam. C'était la première fois, mais ce ne serait pas la dernière.

Paul était le meilleur combatant de la Meute - c'était la vérité et une source de fierté pour lui - mais ce matin-là, Jacob Black l'avait presque littéralement réduit en morceaux avant que leur Alpha arrive.

D'une voix tonitruante, Sam avait mis fin au combat. Puis, avec son intensité stoïque habituelle, il avait ramassé le corps brisé de Paul, avait regardé Bella droit dans les yeux et était ensuite parti, son mari sous le bras sans prononcer le moindre mot. Toute la journée, une Meute inhabituellement sombre avait envahi son salon, réparant ce qui était réparable et apportant un nouveau canapé alors qu'Angela et Malia étaient restées à ses côtés.

Mais la maison et son mari n'étaient pas les seules choses qui s'étaient retrouvé brisés ce jour-là. Paul était rentré cette nuit-là - complètement guéri bien que boitillant - et s'était jeté à ses pieds.

Et ensuite, il lui avait brisé le cœur.

Il l'avait trompé, et Jacob l'avait senti. En fait, il l'avait même trompé plus d'une fois cette nuit-là. Et il l'avait supplié et lui avait juré qu'il ne recommencerait plus jamais.

Jusqu'à la fois suivante.

La deuxième fois où elle avait appelé, Malia venait d'accoucher donc c'était Embry qui était venu faire la sentinelle à ses côtés. Le lendemain matin, comme si c'était scénarisé, Paul était rentré et Emrby l'avait traîné dehors. Leur bagarre avait ruiné son jardin jusqu'à ce que leur Alpha sauve le pauvre Embry. Paul était le meilleur combattant, surtout quand il était sobre. Et il l'avait été cette fois.

Après ça, Bella avait arrêté d'appeler.

Ça devint un rituel, tous les quelques mois, Paul rentrait à la maison, ivre...ou sobre, ça dépendait, et la suppliait de lui pardonner. Mais ça n'avait plus d'importance - quelque chose de plus profond était brisé.

Puis venait sa période préférée : Bella aurait quelques semaines de fleurs et de tendresses, des mains douces et un homme qu'elle pourrait aimer - un aperçu de ce que serait Paul s'il n'était pas brisé. Et elle arrivait toujours à lui pardonner.

Mais lentement, il redeviendrait un homme brusque, toujours de mauvaises humeurs et avec des sourires effrayants. Il redeviendrait irritable et bourru, la laissant en plan à chaque fois qu'elle essayait d'établir un contact. Bella avait enfin commencé à comprendre qu'il avait besoin de se sentir vide, pas de se sentir aimé...et elle n'avait que de l'amour à donner.

L'imprégnation était toujours là mais maintenant c'était devenu une chaîne. "Tu n'es qu'une putain de chaîne avec un boulet!" lui avait-il crié une nuit.

"Qui t'enchaîne à la vie alors que tu te détruis?!" avait-elle répondu sur le même ton et ça lui avait coûté un autre canapé. Heureusement, il n'avait jamais posé la main sur elle pendant ces crises de rage. Elles étaient suffisamment brusques à d'autres moments.

Bella l'aimait - elle l'aimait vraiment. Elle espérait que le temps guérirait les blessures enterrées sous les cicatrices de son enfance. Parce qu'elle n'avait pas réussi...et Dieu seul savait à quel point elle avait essayé. Elle pouvait le sentir dans son cœur : cette lourdeur, cette douleur lancinante d'une âme détruite. Elle l'aimait et au plus profond d'elle-même, elle savait qu'il l'aimait aussi.

Mais ce n'était pas suffisant quand il ne s'aimait pas lui-même.

Le ciel craqua alors et une pluie froide de rédemption lava tout ce désespoir futile. Bella cligna des yeux alors qu'un grondement du tonnerre éclatait au-dessus de sa tête, faisant disparaître un peu de tension dans le corps de Bella. Les bras grand ouverts, elle tourna sur elle-même en riant - de tout et de rien à la fois.

C'était tout ce qu'elle pouvait encore faire.

Elle sautilla et dansa et courut. Sautant dans les flaques d'eau comme une petite fille alors que la pluie lui trempait les cheveux, ses vêtements et ses commissions.

Bella s'en moquait.

Seigneur, elle ne pouvait même pas se rappeler de la dernière fois où elle s'était sentie aussi libre.

S'adossant à un arbre pour reprendre son souffle, elle souriait toujours lorsqu'elle releva la tête et vit où elle était.

Bella aimait se promener dans les bois, au milieu des maisons éparpillées ici et là. Mais plusieurs fois par ans, elle relevait la tête au cours d'une promenade pour réaliser que ses pieds l'avaient mené là.

Chez Sam Uley.

Il avait été le petit ami de Leah avant sa transformation, et maintenant, il était artisan charpentier en plus d'être leur Alpha, mais c'est tout ce qu'elle savait. C'était tout ce que n'importe lequel d'entre eux savait. À 2m de haut, il était un géant parmi les géants mais il bougeait aussi rapidmeent et agilement qu'un animal, ce qui était très perturbant. Toujours sombre et intense, avec un visage de pierre et des yeux aiguisés, il ne se perdait jamais en paroles inutiles. Il dirigeait sa Meute avec une poigne de fer, distribuant ordres et punitions d'une voix grave qui faisait frissonner quiconque l'entendait.

Bella pouvait compter sur les doigts d'une main le nombre de fois où elle lui avait parlé. Au tout début, elle l'avait appelé plusieurs fois au beau milieu de la nuit, haletant et sanglotant dans le téléphone quand Paul s'était encore une fois battu.

Et c'était tout. Il n'était pas du genre social, il ne traînait jamais avec la Meute, ne s'embêtait jamais avec des politesses après une réunion.

Sauf une fois, chez Jacob.

Malia venait juste de donner naissance au premier louveteau de la Meute et ils étaient tous rassemblés pour fêter ça; Jacob passant même des cigares. Mais quand la fête s'était soudainement tue et que tous les loups avaient tourné la tête, les filles s'étaient précipitées dans les bras de leurs loups parce que ça ne pouvait signifier qu'une seule chose: leur Alpha était arrivé.

Sam était entré dans la maison, de sa démarche chaloupée de chat et toutes les têtes s'étaient baissées.

Sauf une.

Jacob était resté derrière Malia, qui était assise avec leur nouveau-né dans les bras, déchiquetant son cigare avec une grimace indissimulée. Comme toujours, Sam l'avait ignoré. Grand et fier, il s'était arpproché du bébé. Dans le silence abasourdi de la pièce, il s'était agenouillé devant Malia et avait placé sa grande main sur la tête de l'enfant. Après avoir murmuré quelque chose en Quileute que Bella n'avait pas compris, il s'était promptement relevé avec rien de plus qu'un simple 'félicitations' avant de faire volte-face.

Mais sur son trajet pour sortir de la maison, il s'était arrêté devant Bella, qui essayait de se cacher derrière le canapé. Ses yeux baissés s'étaient relevés avec confusion. Elle se rappelait toujours de chaque seconde de ce qui s'était passé ensuite:

"Est-ce que tu aimes les enfants?" lui avait-il demandé d'une voix monotone qui sonnait plus comme un ordre qu'autre chose.

Bella avait déglutit, luttant pour faire fonctionner sa bouche sous ce regard intimidant. "Oui," avait-elle murmuré avant de se mordre la lèvre. Les yeux de Sam s'étaient brièvement posés sur sa bouche avant de se replonger dans les siens. Avec un subtil gonflement de narines, il avait abruptement fait volte-face pour partir.

Ça avait été bizarre, mais c'était Sam. Personne n'osait jamais remettre en question ce qu'il faisait.

Plus tard, elle avait réalisé qu'il se demandait probablement pourquoi Paul et elle attendait - ils avaient été les deuxièmes à se marier, juste après Jared, qui allait lui devenir papa dans quelques semaines.

Mais il n'y avait que dans la Meute, avec cette compulsion toute puissante, que les couples fondaient des familles avant même d'avoir vingt ans. Si n'importe qui d'autre lui avait demandé, elle aurait répondu qu'elle gérait 87 gamins chaque jour au boulot et donc qu'elle pouvait se permettre d'attendre encore un peu et ça leur aurait semblé parfaitement acceptable. Mais la Meute n'avait jamais besoin de demander, ils savaient: Paul ne voulait pas d'enfants. Pas encore, corrigeait toujours Bella.

Que faire?

Avec un long soupir, elle regarda la maison dissimulée dans les arbres. Se relevant, elle essuya l'eau sur son visage et remonta le sac sur son épaule. Un autre éclair montra le chemin à un roulement de tonnerre alors que Bella reprenait lentement sa route. Elle passerait tout simplement devant la maison.

Bâtie dans ce coin de la forêt, la maison de Sam ne ressemblait pas aux minuscules bâtisses de La Push, c'était une vieille maison en bois qu'il avait hérité de quelqu'un. Deux étages et un grand porche qui faisait tout le tour de la maison-...

Bella cligna des yeux en voyant une silhouette assise sur la dernière marche des escaliers.

Comme s'il attendait.

Les coudes posés sur les genoux, Sam Uley avait la tête penchée sur un couteau qui taillait des petites boucles de bois d'une gravure coincée entre ses jambes.

Bella repoussa ses cheveux trempés en arrière et fit un pas en avant. Puis un autre, et un autre, sans vraiment comprendre pourquoi. L'orage empirait, et elle était maintenant à deux kilomètres de chez elle, mais ce ne fut pas ça qui la fit descendre l'allée menant à un homme énigmatique et sa maison dans les bois.

C'était lui. Il était magnétique; il l'avait toujours été.

Bella l'avait observé malgré sa tête baissée à chaque opportunité qu'elle avait eu au cours des années, sa curiosité essayant de déconstruire ce qui faisait avancer cet homme. Et maintenant, que ce soit parce que sa santé mentale l'avait finalement quitté ou parce qu'elle s'en moquait désormais, elle le regardait tout son saoûl tant qu'elle le pouvait.

Et pourtant, cet homme n'avait rien à voir avec le Sam auquel elle était habituée. En fait, si ça n'avait été pour sa mâchoire carrée distinctive et son contrôle immuable - et le fait qu'il était assis sur son propre fichu porche - Bella ne l'aurait peut-être pas reconnu.

Il était le seul membre de la Meute qui ne se coupait pas les cheveux - un symbôle de pouvoir et de position - mais c'était la première fois qu'elle les voyait détachés. Des cheveux d'ébène tombaient en-dessous de ses épaules ridiculement larges et sur une chemise blanche dont les manches étaient remontées - révélant ses avant-bras noueux et cuivrés. Ses genoux étaient écartés avec une confiance toute masculine et un jean usé moulait ses jambes musclés jusqu'à ses pieds nus. Elle ne l'avait jamais vu que torse-nu et en short, ses cheveux tressés et le voir maintenant comme ça adoucissait ses traits intimidants.

Et ça le rendait plutôt...beau.

Le déglutissement incertain de Bella lui gratta la gorge alors qu'elle s'arrêtait au pied des escaliers. Elle savait qu'il l'avait probablement entendu arriver bien avant qu'elle voit la maison, et pourtant, il n'avait même pas levé les yeux de sa sculpture. Donc elle le regarda un moment: une main tenait le bois d'une poigne ferme et l'autre dansait avec le couteau, légère et fluide.

Un autre éclair fendit le ciel, traînant le tonnerre sur ses talons et Bella essuya la pluie sur son visage alors qu'elle serrait la mâchoire avec résolution.

"Il pleut," dit-elle, exprimant l'évidence d'une voix claire.

La main de Sam s'arrêta finalement et elle l'entendit soupirer malgré la pluie qui tombait. Puis lentement, Sam leva la tête.

Ses yeux se plongèrent dans ceux de Bella comme attirés par un aimant, chargé et lourd de sens.

Bella fit inconsciemment un pas en arrière en clignant rapidement des yeux et lutta contre l'instinct de baisser la tête.

"Viens," murmura-t-il.

Et il se leva abruptement pour se tourner vers la porte.

Bella hésita seulement un instant avant de commencer à monter les marches de bois. Une fois sous le porche et enfin à l'abri, elle réalisa à quel point elle était trempée.

"Ugh," dit-elle en fronçant le nez alors qu'elle repoussait ses cheveux derrière ses oreilles et remontait son sac de commission sur son éapule.

Devant elle, la porte avait été laissé ouverte et un autre coup de tonnerre poussa doucement Bella en avant. Elle s'arrêta sur le pas de la porte et regarda à l'intérieur.

La maison était silencieuse avec un plancher de bois sombre qui s'étendait au-delà de la pièce qu'elle voyait. Bella baissa les yeux sur ses vêtements trempés. Posant le sac inondé, elle enleva difficilement une converse, sautillant sur un pied et se rattrapant maladroitement à la porte avec sa grâce habituelle. S'adossant contre, elle enleva son autre converse.

Elle tapota inutilement la boue sur ses jambes. Au moins, elle portait un short - un jean trempé aurait été inconfortable. Désormais pieds nus, elle regarda le sac qui trempait dans une flaque et décida de ne pas abîmer encore plus le plancher brillant.

Elle se figea et rassembla son courage. Aucun membre de la Meute n'avait jamais mis les pieds dans cette maison, ce qui était une autre source de méfiance : d'eux tous, il était le seul à avoir une maison assez grande pour accueillir confortablement leurs rangs, 14 maintenant, sans compter femmes et enfants.

Prenant une profonde inspiration, Bella retint son souffle et fit un pas hésitant en avant avant de se figer immédiatement. Rien : quelle déception. Elle ne savait pas à quoi elle s'était attendue - être foudroyée sur place? Se faire arracher la tête par Sam?

Dans un rire sans joie, elle redressa les épaules. Si l'Alpha lui avait vraiment arraché la tête, ça aurait résolu tous ses problèmes.

Mal à l'aise, elle entra dans un grand salon au plafond haut. C'était presque serein - deux grands canapés et un fauteuil confortable étaient placés en cercle autour d'une cheminée dans laquelle des braises rougeoyaientencore. Ça sentait bon : le feu, le mâle et la forêt.

En entendant un petit claquement métallique, Bella cligna des yeux, cessant son observation des photos posées sur la cheminée et tourna la tête vers la source du bruit. Ça venait d'une porte ouverte à l'autre bout de la pièce.

Rassemblant tout son courage, elle mit un pied devant l'autre, passant devant un couloir et une volée de marches. Elle s'arrêta dans l'entrée et se rattrapa à la chambranle.

Une énorme cuisine rustique, de la longueur de toute la maison, s'étendait à ses pieds, son plafond se courbant au-dessus des poutres du toit. La lumière était éteinte et les éclairs clignotaient dans la pièce, créant une atmosphère onirique et silencieuse.

Paisible.

Elle sourit doucement en se poussant de la porte et posa le pied sur le linoleum. Avant, la cuisine était sa pièce favorite d'une maison mais au cours des dernières années, son hobby avait perdu tout son attrait.

Une longue table de bois, encadrée par des bancs, faisait presque la taille de toute la pièce. Ses yeux voyagèrent sur des placards en bois, un large évier, et plus de plans de travail qu'elle aurait jamais pu rêver. Sam lui tournait le dos et était en train de poser une bouilloire sur la flamme bleu de la gazinière. Bella pinça les lèvres de jalousie: la gazinière avait huit brûleurs - huit!- et des casseroles en cuivre et de poeles pendaient au-dessus. Elle cligna des yeux pour repousser son envie.

Sam traversa la pièce et posa deux tasses à l'autre bout de la table. Il la regarda ensuite de ses yeux intenses et indéchiffrables.

Bella enroula ses bras autour de sa taille. "Tu cuisines?" demanda-t-elle, gênée, en essayant de se forcer à sourire. Au moins, ça lui donnerait un sujet de conversation.

"Non," dit-il simplement avant de s'approcher d'elle.

Son instinct fit exploser une bombe d'adrénaline dans ses veines et une vague de chaleur se répandit dans son corps à la simple vu de son Alpha s'approchant d'elle avec des yeux de prédateurs. Chaque cellule de son corps lui hurlait de s'enfuir, mais elle savait qu'il ne fallait pas fuir un loup. Elle avait été prévenue dès le début mais ne l'avait jamais vraiment compris jusqu'à ce qu'elle essaye une nuit avec Paul.

Mais elle ne pouvait tout simplement pas supporter de le voir approcher. Baissant la tête, elle ferma les yeux et planta ses ongles dans ses côtes.

Et elle attendit.

Le contact d'une peau brûlante la fit crier.

"Chut," ronronna une voix de velours, s'enroulant autour d'elle alors qu'une main calleuse glissait sur sa mâchoire. "Tu es en sécurité," murmura-t-il au-dessus de sa tête.

Bella prit une profonde inspiration tremblante alors que son instinct de fuite s'évaporait. Certains membres de la Meute le haïssait peut-être mais même ses pires ennemis savaient que chaque mot qu'il prononçait avait force de loi.

La main de Sam resta encore un instant sur sa mâchoire, grande et chaude, alors que son pouce lui caressait la joue comme un murmure.

Et ensuite il disparut.

Le corps entier de Bella se rebella. Elle fit volte-face pour le voir passer la porte menant au salon sans même un regard en arrière.

Bella déglutit difficilement. Sam Uley l'avait touché.

Leur compréhension de ce qu'étaient les loups s'étaient approfondie au fil du temps. Maintenant, tous les membres de la Meute - âme soeur y compris - avaient acceptés la réalité de la vie en Meute: il n'y avait pas la moindre parcelle d'intimité avec leur sens de loups; des luttes de pouvoir gâcherait parfois les soirées; et il y avait beaucoup de contact physique. C'était quelque chose que les animaux désiraient et dont les hommes avaient pour rester humains.

Mais si Sam touchait quelqu'un, c'était soit pour les accueillir dans le monde, soit pour leur sauver la vie, soit pour menacer de les tuer.

Secouant la tête pour s'éclaircir les idées, Bella se concentra sur la cuisine. Pendant son inventaire émerveillé, elle s'était approché de la table et devant elle se trouvait son couteau et un morceaux de bois taillé qu'il avait laissé là.

La curiosité la fit s'en approcher.

S'agenouillant sur le banc, elle tendit les doigts vers ce qui semble être un morceau de moulure. C'était un morceau d'acajou sombre qui ressemblent au devant d'une couronne. Gravé au centre, un loup féroce la regardait avec détermination comme s'il veillait sur les dessins détaillés, si naturels et libres qu'ils semblaient émerger du bois. Ses doigts effleurèrent des feuilles, des animaux, et des fleurs qui semblaient danser autour du loup.

C'était magnifique - beau et sauvage à la fois.

Elle regarda par dessus son épaule pour voir s'il revenait et manqua de faire une crise cardiaque.

Sam se tenait silencieusement derrière elle. Prenant une brusque inspiration, elle recula sa main et se tourna, les joues rouges d'embarras. Elle ne savait pas pourquoi mais elle avait l'impression d'avoir été surprise à observer quelque chose de très personnel.

"Euh," dit Bella en se mordant la lèvre alors que ses mains trituraient nerveusement sa chemise en flanelle mouillée. "C'est vraiment incroyable," lui dit-elle honnêtement. Parce que ça l'était.

Ce double clignement de paupières fut la plus grande émotion qu'elle avait jamais vu sur son visage et elle n'avait aucune idée de quelle émotion c'était: irritation, surprise, plaisir?

Elle n'eut pas le temps de deviner - la main de Sam se leva brusquement, lui offrant une serviette blanche qui pendait dans son poing.

Bella fit un pas vers lui et tendit la main avec hésitation. "Merci," murmura-t-elle en prenant la serviette.

Ou en essayant en tout cas.

Il la retint et les yeux de Bella se relevèrent avec confusion pour le trouver en train de la regarder de ses yeux onyx. Perplexe, elle laissa retomber sa main, embarrassée d'avoir fait quelque chose de mal.

Les yeux de Sam voyagèrent sur son visage et il combla ensuite lentement la distance entre eux comme pour lui laisser le temps d'objecter. Les yeux de Bella s'écarquillèrent lorsqu'elle réalisa ce qu'il avait l'intention de faire.

Se mordant la lèvre et enroulant ses bras autour de sa taille, elle baissa la tête.

À son consentement silencieux, il pressa la serviette douce contre sa joue. Ses yeux suivirent les mouvements de sa main alors qu'il essuyait doucement l'eau sur sa mâchoire, puis sur son front avant de redescendre de l'autre côté.

Bella était bien trop choquée pour même essayer de discerner les pensées de Sam donc elle resta juste impeccablement immobile alors qu'il lui tapotait le visage comme si elle était faite en verre. Ses yeux noirs suivaient intensément ses mains comme s'il essayait de mémoriser chaque pore de sa peau.

Lorsqu'il arrêta momentanéement pour s'agenouiller, Bella fut si surpsie qu'elle fit un pas en arrière.

L'autre main de Sam la rattrapa presque distraitement pour l'attirer à nouveau vers lui. Elle pouvait sentir la chaleur de sa main à travers le tissu alors qu'il faisait lentement glisser la serviette dans ses cheveux comme une caresse.

Bella ignora complètement l'étrangeté de la situation parce qu'il était pratiquement à sa taille maintenant, et elle fut instantanément bien trop fascinée pour réfléchir à quoi que ce soit d'autre. Elle ne l'avait jamais vu comme ça auparavant.

Sam avait les pommettes hautes de son peuple et des sourcils fiers qui semblaient aussi tendre vu de près. Des yeux fins qui étaient un peu trop sauvages pour être complètement humains suivaient sa main alors qu'il agissait avec son intensité habituelle. Et pourtant, elle n'avait jamais remarqué la sensibilité qui se dissimulait dans les ombres de ses yeux auparavant. Son nez était un petit peu plus aquilin que celui de Jacob mais il complimentait parfaitement ses lèvres pleines et sa mâchoire puissante. Son visage était magnifique, royal, féroce...et empli de douleur.

Une mèche d'ébène était tombée sur sa joue, adoucissant juste assez son visage pour que Bella doive combattre l'envie de la repousser derrière son oreille. Son cœur supportait toujours mal de voir les gens souffrir - et pourtant, elle avait passé les quatre dernières années à regarder un homme s'auto-détruire.

Sam semblait insensible à son observation ou peut-être qu'il s'en moquait tout simplement. Il était occupée à attraper une goutelette qui coulait sur son pouls et ensuite, il fit glisser la serviette sur le creux de sa gorge. Il jeta ensuite la serviette sur son épaule.

Bella se tendit en essayant de deviner ce qui allait se passer maintenant. Sans même la regarder, les mains de Sam se posèrent sur sa chemise en flannelle et commencèrent à la déboutonner.

Abasourdie, elle essaya de se reculer mais il la rattrapa par la chemise et la tira à nouveau vers lui. Le cœur de Bella s'emballa alors qu'elle étudiait frénétiquement le visage de Sam à la recherche du moindre indice.

Ses grandes mains déboutonnèrent calmement la chemise pour réveler son débardeur et ensuite, ses yeux noirs vinrent lentement à larencontre des siens.

Le souffle de Bella se coupa dans sa gorge. Ils étaient si complexes et lumineux, brillant du pouvoir du loup...et pourtant les plus humains qu'elle avait jamais vu aussi.

"Je ne te forcerais jamais," lui chuchota-t-il.

Cette phrase avait de nombreuses significations mais en l'occurence, c'était douloureusement clair. Bella le regarda avec incrédulité - elle n'avait certainement pas compris.

Les yeux de Sam voyagèrent entre les siens un instant et ensuite, il recommença à enlever la chemise de Bella de mains fermes mais prudentes.

Bella se laissa faire et Sam lui enleva sa chemise qu'il laissa tomber par-terre.

Reprenant la serviette posée sur son épaule, Sam ne lui donna pas la moindre rassurance ni la moindre explication alors qu'il recommençait à tapoter l'eau et la chaire de poule qui recouvrait sa peau. Il laissa ses mains parler pour lui: calmes, sûres et douces.

Elle vit les yeux de Sam voyager sur sa poitrine et ses tétons se dressèrent fièrement la faisant rougir jusqu'aux cheveux. Mais ses yeux ne restèrent pas vulgairement posés là, ils survolèrent ses seins avec la même intensité que pour le reste de son corps.

Et pendant tout ce temps, ses mains continuèrent leurs mouvement hypnotiques le long de ses bras, sur ses épaules et sur ses côtes.

Bella le regardait avec choc, mais son corps absorbait ses caresses comme une éponge. Une chaleur différente coulait désormais dans ses veines, lui faisant tourner la tête. Paul ne l'avait pas touché comme ça depuis si longtemps - l'avait-il même jamais touché comme ça? Ces jours-çi, ce n'était que des gestes brusques chorégraphiés par ses besoins.

"Sais-tu pourquoi tu es là, Bella?" chuchota Sam.

Et la bouche de Bella s'ouvrit automatiquement pour répondre. Jusqu'à ce qu'elle réalise qu'elle n'en avait pas la moindre idée.

"Je t'ai appelé," murmura-t-il tout en regardant ses propres mains enrouler la serviette autour de la cuisse de Bella. Ses gestes étaient doux, intimes, et pourtant, elle ne ressentait aucune violation. "Ça fait longtemps que je t'appelle." Il fit glisser la serviette sur ses jambes et la passa ensuite sur ses orteilles. Ça n'enleva pas la boue et ses jambes étaient déjà sèches...soudainement, elle réalisa que ça n'avait rien à voir avec le séchage.

C'était une question de contact.

"Très longtemps," souffla-t-il en faisant glisser le tissu sur son autre jambe, la chaleur de sa main passant à travers et laissant une traînée de chair de poule sur son passage.

Sam la regarda de ses yeux qui étaient toujours aussi noirs. "Je savais que tu viendrais quand l'heure serait venue." Et sur ces mots, il se releva.

Complètement hébétée, Bella releva automatiquement la tête vers lui.

Les yeux de Sam parcoururent son visage et ses lèvres s'adoucirent avec le plus minuscule des sourires alors que ses mains l'incitaient à se tourner. Bella était trop perturbée pour résister, son esprit était complètement vide.

Sam Uley l'avait appelé?

"Pourquoi?" Elle se ratatina sur elle-même au son de sa propre voix.

Il ne lui répondit pas, mais des mains déterminées rassemblèrent ses cheveux dans la serviette et serrèrent pour les essorrer, tirant doucement sur ses racines d'une manière qui lui fit rouler les yeux à l'arrière de sa tête et oulier toute question.

Il relâcha ses cheveux et épongea ensuite les goutes d'eau sur ses épaules alors que Bella essayait de se reprendre. Son esprit se perdait en conjecture alors qu'elle essayait désespérément de comprendre ce qui se passait.

Le sifflement de la bouilloire perça soudainement le silence, rebondissant sur les murs. Sam jeta la serviette sur le banc et traversa calmement la pièce.

Bella tourna difficilement et le regarda enlever la bouilloire du feu. Prenant une profonde inspiration pour se recentrer, elle fit glisser ses doigts dans ses cheveux ébouriffés. Elle devrait se sentir plus mal à l'aise qu'elle l'était : leur Alpha reclus avait juste étudié chaque parcelle de son corps en prétendant la sécher. mais encore plus étrange que ça, ça avait été apaisant - le rythme lent de la caresse du tissu doux, la chaleur de ses mains pénétrant sa peau...ça avait presque été affectueux.

Se détournant du comptoir, les yeux de Sam croisèrent les siens alors qu'il revenait vers elle de sa démarche fluide mais pleine de confiance qui communiquait son contrôle total. Ça semblait impossible qu'il soit né pour être autre chose que ce qu'il était - au cours des années, il était devenu un leader que même le Conseil avec toute son arrogance craignait.

Jacob pouvait faire tout ce qu'il décidait de faire, mais s'il avait dû endosser ce rôle...Bella frissonnait rien qu'en pensant à l'effet que ça aurait eu sur son cœur chaleureux. À travers les drames de vieils hommes, les pères colériques, et son meilleur ami qui traversait une mauvaise passe, Sam s'était tenu, silent et pourtant indomptable sur le côté, et il avait tout observé comme un Ange de la Mort attendant son heure.

Et pendant tout ce temps, il avait livré une guerre contre des armées vampires, navigué entre les complexités des nouveaux loups et des secrets, et maintenu la Meute unie avec une poigne ferme lorsqu'ils seraient tombés dans le chaos.

Sam s'arrêta au pied de la table et y jeta un dessous de plat avant d'y poser la bouilloire. Un subtil geste du menton fit bouger Bella avant même qu'elle ne comprenne l'ordre. La Meute était toujours très sensible aux demandes de leur leader, ce qui faisait que Sam avait rarement besoin d'utiliser une poigne de fer, et Bella faisait partie de la Meute après tout. En tout cas pour l'instant.

Elle longea la grande table de bois en le regardant avec curiosité placer un cône en plastique sur une des tasses avant d'y verser de l'eau. Elle avait déjà vu ces filtres réutilisables pour une personne, mais elle n'avait jamais vu personne s'en servir. Mais là encore, à part son père (qui vivait désormais avec Sue Clearwater), elle ne connaissait personne qui vivait seul.

Parce que depuis qu'Edward l'avait abandonné dans les bois (la meilleure chose qui lui soit jamais arrivé), Bella avait passé la plupart de son temps à la Rez. D'abord avec Jacob et des motos et se débarasser de l'emprise du vampire, puis à cause de révélations surnaturelles, de guerre vampire et enfin une romance volatile. Jusqu'à emménager dans son premier appartement avec son mari - pas son coloc' - à tout juste vingt ans.

Ça avait été cinq ans complètement dingue mais elle n'en changerait rien parce qu'elle adorait sa maison, peu importe comment elle l'avait obtenu. Mais il y avait autre chose (et c'était probablement sa chose préférée): la vie à la Rez ne tournait qu'autour de la famille et de la Meute.

Elle ne connaissait personne qui vivait seul.

Sauf Sam Uley.

Bella essuya ses mains sur son short alors qu'elle se glissait sur le banc en face de l'homme en question qui regardait impassiblement le niveau de l'eau baisser dans le filtre. Il versa une autre mesure d'eau alors que Bella s'accoudait à la table et écoutait l'eau tomber dans la céramique et regardait de la vapeur flotter paresseusement dans l'air.

Le café sentait délicieusement bon - fort et chocolaté et la parfaite addition à l'humidité d'un orage estival. Dehors, la pluie avait ralentit, devenant comme une douche qui murmurait paisiblement sur les fenêtres de la cuisine et apportait l'odeur des arbres et de la nature dans la maison.

Bella se demanda ce que ça faisait de vivre tout seul dans cette grande maison et de guider une Meute qui était soumise et respectueuse parce qu'il l'avait mérité, mais qui ne l'aimait absolument pas. À part l'animosité discrète de Leah causée par des évènements mystérieux dans le passé, il n'avait rien fait qui puisse justifier cette situation aux yeux de Bella...à part prendre des décisions nécessaires mais impopulaires et de les calmer quand ils perdaient le contrôle (comme son mari). Paul testait toujours les limites et Sam raffermissait toujours les règles après ça, mais d'après Bella, ils le faisaient tous. C'était dans la nature des loups de défier et Bella pensait que s'ils n'avaient pas eu les limites de Sam, ils se seraient entre-tués depuis bien longtemps. Apparemment, la plus grande partie de leur ressentiment venait du fait qu'ils ne le comprenaient pas.

Sam semblait vouloir maintenir cet état de fait.

Rapide comme l'éclair, il échangea les tasses sous le filtres sans même renverser une goutte et versa ensuite de l'eau dans le doseur. Son instinct la fit relever la tête pour voir Sam la regarder de ses yeux noirs comme la nuit.

S'appuyant sur la table, les mains de Bella s'enroulèrent autour de ses bras pour contrer les frissons qui la parcouraient et elle monta une épaule jusqu'à son oreille. Le regard de Sam étudia son langage corporel avant de se détourner de la table.

Le son de sa voix profonde fit sursauter Bella. "Tu sais que les Alpha ne s'imprègnent pas."

Bella hocha automatiquement la tête même s'il lui tournait le dos puisqu'il marchait vers le frigo.

"Mais sais-tu pourquoi?" Il ouvrit la porte du frigo et en sortit un carton de lait. Là il s'arrêta, regardant par-dessus son épaule en haussant un sourcil.

Réalisant qu'elle était censée répondre cette fois, elle se redressa et s'éclairçit la gorge. "Euh, parce que..." essaya Bella. "Parce qu'ils ne peuvent pas être distrait par une imprégnation?"

Sam hocha brusquement la tête et retourna ensuite au plan de travail.

Elle y avait déjà réfléchi auparavant lorsqu'elle pensait à leur énigmatique leader - au cours de toutes ces années, s'il avait eu une maîtresse, personne n'en avait entendu parler. C'était une source d'insinuations moqueuses et à l'origine de certaines des blagues les plus vulgaires de son mari.

Mais c'était logique qu'un Alpha ne s'imprègne pas parce que la première année était follement obsessionnelle - et ça durait même plus longtemps quand le lien était cultivé. Il était pratiquement impossible de résister à cet impératif d'être ensemble ce qui - avait conclu la scientifique en elle - était le plus important.

Et pourtant, la magie pouvait peut-être trouver l'autre moitié de quelqu'un, mais le cœur devait l'accepter, et l'âme devait faire le plus dur.

"Mais il y a une autre raison," continua-t-il en retournant vers elle. Il gardait les yeux collés au café posé sur la table alors qu'il s'approchait et déposait du sucre et du lait sur la table.

"Comme l'imprégnation, c'est un instinct qui a été oublié avec le temps," siffla-t-il, une pointe subtile d'amertume aiguisant ses mots.

Les yeux de Bella volèrent sur son visage pour en trouver la source, mais comme d'habtiude, elle se retrouva confrontée au même masque impassible. Sam ne releva pas la tête alors qu'il versait trois cuillères de sucre dans sa tasse.

"Dans le passé, le mariage était un devoir pour la tribu," dit-il doucement, par-dessus le cliquetis métallique de la cuillère dans la tasse. "Alors à l'époque, l'imprégnation était un cadeau précieux des Esprits en récompense pour notre destinée."

Il releva la tête pour la regarder. "Dans les autres unions, l'amour était un luxe qui se gagnait au fil du temps." Un sourcil se haussa subtilement. "Parfois."

Il ouvrit le carton de lait et en versa dans le café alors que Bella respirait à peine, ne voulant pas briser l'atmosphère alors qu'elle attendait plus. Elle ne savait absolument pas pourquoi il lui disait ça, mais elle était bien trop intriguée pour se poser la question.

Elle n'avait jamais entendu Sam Uley parler autant.

"Donc un Alpha peut marquer une compagne, mais on ne s'imprègne pas," murmura-t-il en continuant à touiller pour faire un parfait café au lait. Il tapa la cuillère contre la céramique et la posa sur la table.

"Parce que techniquement," il fit glisser la tasse vers elle. "Toutes les femelles de la Meute lui appartiennent déjà."

Finalement, son cerveau se mit en route et Bella se figea, le bras toujours tendu pour attraper la tasse. Ses yeux se plongèrent dans le regard impassible de Sam - peut-être qu'elle avait mal entendu.

Sam poussa la tasse dans ses mains et recommença ensuite à verser de l'eau dans le filtre. Le sang de Bella se figea dans ses veines alors que les pièces du puzzle commencaient à s'emboîter.

"Il y avait une tradition archaïque qui était même encore pratiquée dans la Meute d'Ephraim," sa voix ne pouvait pas adoucir les mots. "Au mieux, c'est peut-être un instinct de répandre les gènes du mâle le plus puissant," murmura-t-il alors qu'il regardait l'eau couler dans le filtre avant d'en verser encore plus.

"Ephraim a pris une femme pour respecter les traditions humaines de l'époque," dit-il en reniflant un rire sombre avant de lever lentement les yeux pour croiser le regard de Bella. "Mais comme pour les loups, c'est la prérogative de l'Alpha de s'accoupler avec n'importe quelle femelle de sa Meute."

Bella avait l'impression que son cœur lui était tombé dans les pieds mais qu'il battait aussi furiusement la chamade dans ses joues. Sa main, complètement glacée, tira la tasse devant elle et s'y accrocha de toutes ses forces.

Le regard de Sam retourna sur le filtre alors qu'il le soulevait légèrement pour regarder le café couler dans sa tasse.

"Ephraim a usé de ce privilège - comme ses pères l'ont fait avant lui," cracha-t-il comme s'il avait du verre dans la bouche. "À l'époque, quand c'était encore autorisé, certains les prenaient pour femmes - Taha Aki avait trois femmes," murmura-t-il dans un souffle.

Il lui jeta un bref coup d'œil. "Bien qu'on dirait que Billy Black ait été le dernier à avoir hérité de cette faiblesse."

Bella attrapa rapidement sa tasse et but une gorgée de café, essayant de faire disparaître le noeud qu'elle avait dans la gorge alors qu'elle le regardait traverser la cuisine la main sous le filtre.

Son regard se posa sur la tasse de café dans ses mains; c'était exactement comme elle l'aimait - crémeux et sucré. Son essprit essayait déséspérement de rester concentrer dans l'instant présent, terrifiée qu'elle était de faire un pas sur la route menant à ce qui allait arriver.

"C'est pour ça que nous sommes si nombreux," La voix de Sam augmenta en volume. "Au fil du temps, des indiscrétions ont répandu le gène."

Le son du robinet lui fit relever la tête alors que Sam la regardait par-dessus son épaule tout en rinçant ses mains.

"Ephraim a eu un fils et une fille adultèrine." Il coupa l'arrivée d'eau et fit volte-face. "J'ai hérité du gène par ma mère."

Alors que toutes les pièces s'emboîtaient enfin, les yeux de Bella s'écarquillèrent à la pensée de toutes les implications. Soudainement, tout était tellement plus clair: pourquoi il avait été le premier, pourquoi il semblait être né pour cette position, la tension dans le conseil, la colère de Billy, Embry et les jumeaux et les autres membres de la Meute dont la transformation avait été une surprise.

Et Sam s'était retrouvé forcé de tout gérer. Seul. Sa mère était morte, il ne connaissait pas son père...

Bella releva les yeux de la tasse sur laquelle elle s'était concentrée jusqu'à maintenant. Sam la contemplait avec son stoïcisme habituel alors qu'il revenait lentement vers la table. Comme d'habitude, il n'y avait aucune émotion sur son visage, mais une tempête faisait rage dans ses yeux.

Avec cette grâce innée que déniait sa taille, il se glissa sur le banc placé en face d'elle. "Jacob ne sait pas que je suis son cousin," dit-il calmement en tirant la tasse de café noir vers lui.

Bella cligna des yeux. Il répondait aux questions auxquelles elle n'avait pas encore pensé et c'était rassurant de découvrir que ce n'était pas la raison pour laquelle Jacob haïssait Sam. Elle était sûre qui si Jacob l'avait su, il aurait soutenu Sam comme il avait soutenu Embry.

"Pourquoi tu lui dis pas?" demanda-t-elle, d'une voix éteinte. Elle s'éclairçit la gorge.

"Parce que ce n'est pas important," répondit-il en sirotant son café.

Bella fronça les sourcils. Tellement de secrets! L'enfer s'était déchaîné à La Push quand il avait été révélé qu'Embry était le frère de Jacob. Après ça, et après que Jake ait choisi de refuser sa position d'Alpha, peut-être que Sam avait raison, peut-être que la Meute ne pouvait pas gérer un drame supplémentaire.

"Et ça rendrait peut-être ça plus compliqué," murmura-t-il.

Bella releva à nouveau la tête pour voir que Sam l'observait intensément - il la regardait toujours. Elle se redressa, le menton fièrement relevé alors qu'elle agrippait son café. Quoi qu'il soit en train de se passer - quoi qu'il ait à lui dire - elle ne le laisserait pas l'intimider, elle avait assez subi avec Paul.

Dehors, des trombes d'eau tombaient à nouveau, s'écrasant sur le toit et sur les fenêtre. Et pourtant, à l'intérieur, le silence était si pesant qu'il en devenait étouffant.

Ces intenses yeux sombres se plongèrent silencieusement dans son âme pour une minute outrageusement longue jusqu'à ce que Bella se dise qu'elle mourrait si elle ne bougeait pas un peu.

Finalement, Sam pencha la tête et ses yeux parcoururent son visage avant de se replonger dans ceux de Bella.

"Bella," murmura-t-il. "Je veux que tu portes mon enfant."


N'oubliez pas! Ce sont vos reviews qui me motiveront à traduire au plus vite!


Prochain chapitre : Reins

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