Auteuse : Moua.

Titre : SOS Canidé en Perdition.

Bases : Harry Potter

Genre : SLAHS donc HOMOPHOBES S'ABSTENIR ! Romance – Général (je ne peux pas vraiment dire que c'est du Drame et je ne peux pas non plus affirmer que c'est de l'Humour, alors j'ai trouvé un compromis

Rating : M (et oui, le lemon revient en force ! lol

Couple : SBDM (non, non, vous ne rêvez pas

Disclaimer : Ceux que vous connaissez sont à JKR, ceux que vous ne connaissez pas sont à moi.

Statu : 2-Shot (je pense...

Résumé : Sirius est au plus bas. Véritable déchet depuis la mort de son cher filleul, il sombre de jour en jour dans un abîme de déréliction. De qui viendra son salut ? Défi de Kimmy Lyn.

Note : Kikôô !

Si je vous dis « Kimmy Lyn » vous me répondez « DEFI ! ». Vous apprenez vite, lol.

Après qu'elle m'ait gentiment défié sur un HPLV, puis sur un SSNL, nous en arrivons au SBDM.

Voici les termes du défi :

« Pour ne pas déroger à la tradition, un nouveau défi, mais cette fois il ne devrait pas être trop difficile (c'est cela oui...). Es-tu capable de m'écrire un Draco – Sirius ? (Nous verrons bien n.n''). Tu avais l'air bien parti (conf. No ordinary Love). Et cette fois, n'oublie pas : rating M (chassez le naturel... n.n). Et pour corser encore un peu la difficulté pour toi, Harry doit être mort (ben voyons). Il vient de mourir et Sirius ne s'en remet pas. Ou peut être dans les bras de notre blondinet préféré. Maintenant à toi de voir si tu y arrives (telle est la question). »

Mais bon, je ne me plains pas, surtout quand on sait qu'elle a voulu me faire écrire un Severus Snape VS tous les rouquins Weasley-fils. Et quand je dis, tous, c'est tous ! lol. Une idée que j'avais proposée aux Reporters sans Vertus et qui a failli me jeter dans l'impasse du « Tel est prise qui croyait prendre ». Donc je m'en tire plutôt bien je dois dire.

Alors, sans plus tarder : BONNE LECTURE ! En espérant que ce ne soit pas catastrophique, mais bon « L'espoir fait vivre » comme on dit.

Deux gros baisers pour mes tortionnaires préférées : KIM et ma béta adorée ISHTAR (qui ne me torture pas vraiment, mais qui aimerait bien n.n) ! Ishtar : Oh que oui ! Mouhahaha :b

Dernière petite note : Les retours au passé (ou Flash-back si vous préférez) seront en italiques.

SOS CANIDE EN PERDITION

Chapitre I : « Animagus dormiens nunquam titillandus »

Les yeux écarquillés, le cœur au bord des lèvres, la respiration laborieuse, Sirius se précipita vers Harry. Sa jambe lui faisait atrocement mal, son épaule démise le lançait impitoyablement et le sang qui s'échappait de son flanc gauche l'affaiblissait, mais son désir de retrouver Harry était plus fort encore.

Allongé dans l'herbe, parmi un incroyable amoncellement de gravats et autres ruines, reposait inerte le jeune corps du Survivant. Sirius, bravant la douleur pour faire quelques longues et pénibles foulées, arriva près de lui et se figea aussi brutalement que son cœur avait cessé de battre lorsqu'il avait vu l'adolescent s'écrouler à terre.

Harry, son cher Harry était méconnaissable.

Sa peau jadis si blanche et douce avait une effrayante couleur violette. Son front était parsemé de bleus, d'entailles et de blessures se perdant parfois sur son cuir chevelu. Ses joues si fraîches et rondes étaient creuses et lacérées. Ses lèvres pulpeuses et roses étaient entièrement entaillées ("cochées" je connais pas) et ne formaient plus qu'une misérable masse de chair boursouflée et encroûtée de sang sec, d'où ne s'échappait aucun souffle de vie. Le reste du corps n'était pas en meilleur état et ce que Sirius pouvait voir entre les lambeaux de vêtements pendants lamentablement de-ci delà, était, en un mot, atroce.

Il fixa intensément son filleul, espérant, priant pour qu'il bouge, mais les paupières longées des longs cils noirs de l'adolescent restaient closes. Irrémédiablement et cruellement closes.

Harry Potter était bel et bien mort.

Sirius n'entendrait plus jamais le son cristallin de son rire, ne verrait plus jamais son sourire chaleureux, ses immenses yeux verts si brillants et pétillants de vie, ni ses joues rosir de plaisir après chaque bouchée de chocolat.

L'ancien Prisonnier oscilla et sentit son cœur se briser. Sirius refusait d'accepter ça. Il ne pouvait pas le permettre. Il avait déjà perdu tant d'êtres chers : James, Lily, Remus et maintenant lui.

Non. C'était trop. Bien trop. Beaucoup trop !

Il agrippa brusquement les épaules glacées d'Harry et le secoua énergiquement, y mettant force, rage et douleur mêlées. Mais Harry s'obstinait à laisser ses paupières fermées. L'adolescent lui refusait l'accès à ses yeux d'émeraude, aussi vibrants qu'un rayon de soleil. Son corps était rigide, bleu, froid : mort.

« Harry réveille-toi, cria-t-il désespéré. Allez ouvre les yeux !!! »

Dumbledore s'approcha de l'homme et s'agenouilla près de lui, le saisissant doucement par les épaules. Le vieil homme, au port altier, droit et fier malgré les années, semblait en ce moment ployer sous le poids des ans. Son visage altéré par les saisons, était marqué de profondes rides, appuyant sa fatigue et le chagrin qu'il peinait à dissimuler.

« Sirius, souffla-t-il péniblement, arrête, tu te fais du mal pour rien. Harry... Harry est mort, murmura-t-il au bord des larmes. »

« NON ! NON ! Ce… Ça ne peut pas être vrai ! »

L'animagus se dégagea promptement de la poigne du vieux sorcier et fronça les sourcils. Ses pupilles dilatées par la tristesse étaient voilées par les larmes, et son cœur déchiré par l'affliction saignait abondamment. Un regard au visage abîmé d'Harry et il eut un brusque hoquet de douleur. Il fondit en larmes sur le corps sans chaleur de son filleul, du Survivant, d'Harry, fils de son défunt meilleur ami.

« Je ne peux pas croire que tu nous ais définitivement quitté, gémit-t-il sa voix cassée par les sanglots. Reviens Harry, s'il te plaît, reviens avec moi… »

SBDMSBDMSBDM

« C'est absolument HORS DE QUESTION ! »

Draco Malfoy, charmant, incroyablement séduisant, noble et blond, oublia toute règle de bienséance et se leva tel un dément de son siège. Son regard anthracite d'une froideur désormais célèbre lançait moult éclairs et ses joues d'ordinaire si pâles étaient colorées d'un rouge enragé malgré tout très seyant. Inutile de dire qu'il venait de perdre son sang-froid et à l'impassibilité, un art où il était passé maître, venait d'être substituée l'indignation la plus farouche.

« Draco, s'il te plaît calme-toi. »

« Comment voulez-vous que je me calme, après ce que vous venez de me demander, Professeur ?! rétorqua-t-il hargneusement. »

Les mains croisées devant sa longue barbe blanche, Dumbledore le fixait tranquillement de derrière ses lunettes en demi-lune, ce qui énerva davantage le Serpentard blond. Arpentant de long en large le bureau du Directeur de Poudlard, Draco se mit en devoir de justifier son refus, on ne peut plus clair et net !

« Écoutez Professeur, je comprends bien vos motivations et croyez-moi, quand je dis que je partage votre avis. »

« Très bien, dans ce cas... »

« Laissez-moi finir ! se récria Draco en se raidissant. Je sais qu'il a besoin d'aide, mais et je vous le répète, il est absolument hors de question que je prenne en charge Sirius Black ! »

Le blond s'avança vers le secrétaire en bois de chêne et posa ses mains dessus, plantant son regard décidé dans celui du vieux sorcier. Lequel vieux sorcier tenta encore une fois de faire entendre raison à l'un de ses anciens élèves.

« Draco... »

« Je sais ce qu'il a fait pour moi pendant la guerre, reprit-il avec plus d'ardeur. Je sais que sans lui, je serais au mieux en train de croupir dans les geôles miteuses d'Azkaban et au pire probablement six pieds sous terre à me brûler les fesses dans les flammes de l'enfer ! Je sais tout cela et je lui en serai à jamais reconnaissant, mais Professeur, je ne peux pas l'aider. »

Sa voix se brisa sur les derniers mots, lui donnant une inflexion étrangement amère.

Dumbledore soupira et daigna, pour la première fois depuis le début de l'entretien, se lever de son fauteuil. Il se dirigea d'un pas lent vers Fumseck, sous le regard acéré de Draco et se mit à caresser avec tendresse le plumage de son fidèle Phénix.

« Draco, si je te le demande c'est parce que tu es notre dernier espoir. Sirius refuse qu'on l'aide, c'est un fait, mais il en a désespérément besoin et nous le savons tous les deux. Tu es le seul qui puisse encore faire quelque chose. »

« Qu'est-ce qui vous permet d'affirmer cela ? demanda-t-il sèchement. »

Lentement, le Directeur se tourna vers lui et sourit gentiment.

« Tu le sais pourtant, non ? répondit-il mystérieusement. »

Une veine apparut sur la tempe du blond et alors qu'il allait se remettre à hurler, son parrain, resté silencieux jusque-là, prit soudainement la parole.

« Draco, Sirius a perdu la seule famille qui lui restait. Son monde s'est effondré à la mort de Potter. Si tu avais réellement ne serait-ce qu'un minimum de considération pour l'amitié que tu avais nouée avec Potter et le soutien que t'a apporté Sirius pendant la guerre, tu le ferais. Cet homme est dévasté. »

Le sourire de Dumbledore s'élargit, alors que de son côté, Draco, les yeux arrondis de stupeur, le souffle coupé, était coi. Jamais il n'aurait imaginé qu'un jour, Severus Snape prendrait la défense de Sirius Black. Son meilleur ennemi, celui qui avait failli le tuer dans sa jeunesse, celui qu'il s'était juré de haïr jusqu'à sa mort.

Digne et droit, le Professeur de Potions fixait de ses onyx les iris d'argent de son filleul. Rien dans son regard ébène ne démontrait une quelconque source de malaise, aucune gêne, juste une froide détermination et une once de supplication. Ce qu'il venait de lui demander se résumait à : Si tu ne le fais pas pour lui, fais-le pour moi.

« Pourquoi ? fut la seule chose que Draco fut capable de prononcer. »

« Les raisons qui me poussent à te demander ce service ne regardent que moi, répondit-il, j'en suis navré. »

Le blond considéra encore quelques instants son parrain : Et si tu ne le fais pas pour moi, fais-le au moins pour Potter.

Puis, sans que rien ne puisse le prévoir, Draco tourna les talons et sortit du bureau non sans lancer un « J'accepte » grognon suivi d'un « Je m'installerai demain ».

« Je savais que vous réussiriez à le convaincre. »

« Ce n'est pas pour vous que je l'ai fait. »

« Je sais, mon ami, je sais. »

SBDMSBDMSBDM

Il était trempé.

La pluie tombait dru, mais rien au monde n'aurait pu l'empêcher de se rendre là où il allait. Oh, il aurait pu s'armer d'un parapluie, mais il aimait la sensation de fraîcheur et de picotement qu'apportait la pluie quand elle frappait sa peau pâle. Il aimait sentir l'eau imbiber ses vêtements, les alourdir alors qu'elle s'insinuait lentement entre le tissu et son épiderme.

Marchant d'un pas lent et calme, se souciant fort peu de la boue qui entachait le bas de sa cape, Severus Snape, muni d'une unique tulipe blanche, se dirigeait vers une stèle d'un noir de jais se mariant agréablement à un gris plus clair. Se postant face à la tombe, il constata que quelques bouquets de fleurs ornaient déjà le marbre sombre de la sépulture.

Caressant de son regard ébène les lettres imprimées en blanc nacré sur la stèle, il finit par sourire tristement avant de mettre un genoux à terre et de déposer son présent.

« J'ai tenu ma promesse, mon amour. Il ne sera plus seul désormais. »

Severus soupira et pour tout spectateur romantique, il pouvait sembler qu'une larme coulait de son œil pour glisser en harmonie avec les gouttes de pluies, sur sa joue blanche.

« J'aimerais tant que tu sois près de moi... Tu me manques Remus. Tu me manques tellement. »

Plus loin, dissimulé derrière une tranchée d'arbre, face à une immense stèle de marbre gris, un jeune homme blond tenait mot pour mot ces propos : « Il semblerait que je doive finalement tenir ma promesse n'est-ce pas, Potter ? ... Tssk ! T'es vraiment lourd ! »

SBDMSBDMSBDM

« Où est-il ? »

« Suis-nous Draco. »

Le cas Sirius Black pouvait paraître désespéré, non, en fait, il était désespéré. L'Animagus jadis si fier, si arrogant, si vif n'était plus en ce jour que l'ombre de lui-même. Si les années passées en prison lui avait ôté la beauté de sa jeunesse, les derniers mois passés sans famille lui avait définitivement ôté l'envie de vivre.

Après le décès de Potter, l'ancien détenu avait sombré dans un gouffre malsain de crasse et de défection. Personne jusqu'ici n'avait réussi à le sortir de son trou et pourtant nombre de gens avaient essayé.

Granger, la famille Weasley au complet, Albus, Minerva et même Severus s'étaient attelées à cette lourde tâche, mais chacun d'entre eux était revenu bredouille. Sirius Black refusait qu'on l'aide, il se dérobait au soutien et au réconfort, clamant haut et fort qu'il méritait ce qui lui arrivait. Qu'Harry était mort par sa faute, qu'il aurait dû le protéger, qu'il aurait dû mourir à sa place. Puis un cercle vicieux en entraînant un autre, il se mettait à délirer sur sa culpabilité, l'étendant au-delà de tout, se déclarant coupable des décès malheureux de ses amis.

Ça, c'était il y a encore quatre mois. Aujourd'hui, la situation était pire encore, selon les dires de Dumbledore.

Draco s'attendait donc à trouver face à lui un homme déchiré par la peine, un traîne-misère malpropre et négligé dont la posture ressemblerait à celle d'un vieil homme centenaire, mais la surprise fut tout autre. Pour le dire franchement, la surprise fut de taille, lorsque le Directeur de Poudlard ouvrit la porte menant à la chambre du parrain d'Harry Potter.

« Par l'enfer, mais qu'est-ce que... »

Les yeux écarquillés, Draco Malfoy se tenait droit comme la justice face au nouveau Sirius Black.

« Cela fait quelque temps maintenant qu'il est dans cet état, expliqua Dumbledore. La situation est critique comme tu peux le voir. D'après les psychomages, c'est un problème psychologique. Selon ce qu'ils m'ont dit, Sirius ne l'aurait pas fait intentionnellement, il se serait endormi et réveillé sous sa forme d'Animagus sans pouvoir se retransformer en humain. »

Alors que Dumbledore parlait, Severus s'était approché de l'animal couché sur le sol et le fixait avec une étrange lueur au fond des yeux. Draco la reconnut immédiatement : cette étincelle de colère, mêlée de reproche. Son parrain paraissait en vouloir à Sirius de s'être ainsi abandonné sans avoir combattu. Depuis toujours, un lien très fort les unissait, l'animagus et lui. Le même qui s'était établi entre Potter et Draco. Un lien fort et unique : la rivalité. Et en tant que rivaux, il fallait se montrer toujours plus puissant, plus inventif, plus solide que l'autre. C'était quelque chose d'inexplicable tant ce fil invisible était complexe et fort à la fois. Et si l'un des deux ennemis abandonnait, cela était vu comme une trahison par l'autre. Draco le comprenait. Draco le savait.

Perdu dans ses pensées, il revint sur terre quand Severus prit la parole.

« Il se sent tellement coupable de la mort de son filleul qu'il a adopté un système autopunitif, scellant sa voix, ses pouvoirs et tout ce qui peut le rattacher de près ou de loin au monde des hommes. »

Dès que la phrase franchit les lèvres du Maître des Potions, Draco vit l'animal se lever brusquement et lui mordre violemment le bras. Le blond poussa une exclamation de surprise alors que son parrain serrait les poings, fronçant les sourcils sous le coup de la douleur, mais ne faisant rien pour se dégager de la mâchoire puissante du chien.

« Ça fait mal, grogna-t-il d'une voix froide et parfaitement contrôlée. Quoi, tu es froissé Black ? Pourquoi ? Il ne faut pas en parler c'est ça ? C'est pourtant bien toi qui t'es mis dans cette situation. C'est bien toi qui a agi en lâche et tu crois peut-être que je vais me taire ? Pour qui me prends-tu au juste ? »

Sirius resserra sa prise sur la chair (grr ! Chaire c'est l'estrade du professeur, pas son corps ! Désolée mais ça m'énerve comme faute, demande à Kimmy Lyn ! lol Ndla : PARDOOOOOONNNNNN T.T) du Professeur et ce dernier serra les dents, tentant d'endiguer la douleur qui explosait dans son corps. La haine et le ressentiment qui percèrent dans sa voix quand il reprit la parole firent frissonner Draco.

« As-tu seulement réalisé à quel point des gens peuvent s'inquiéter pour toi, Black ? Non, bien sûr que non. De toute façon tu as toujours été comme cela. Égoïste et nombriliste. D'un narcissisme défiant même celui de ta chère cousine. Tu n'es qu'un Gryffondor de pacotille ! Courageux et téméraire, n'est-ce pas ? Mon cul oui ! « Hardi tu seras et débile tu resteras » voici la devise qui aurait dû vous être attribuée. »

« Severus, intervint soudain Dumbledore. Je ne pense pas que l'enfoncer encore soit la meilleure solution. »

Le Professeur de Potions fronça davantage les sourcils, mais ne quitta pas le regard haineux de l'animagus.

« Je me demande ce que Remus et les autres peuvent bien penser de la loque que tu es devenue Black, acheva-t-il dans un grincement de dents. »

Le chien desserra soudainement sa mâchoire suintante du sang son rival et tourna les talons, partant se cacher à l'ombre d'un coin de la pièce, leur tournant ostensiblement le dos. Rogue se releva non sans un peu de mal, tenant serré contre son flanc son bras malmené. Il lança un dernier regard à son ennemi avant de se diriger vers la porte.

« Tu devrais te rendre à l'infirmerie, lui conseilla Draco alors qu'il passait devant lui. Je sais bien que la plupart des Potions médicinales c'est toi qui les fabriques et que par conséquent tu es apte à te soigner seul, mais il faut désinfecter la plaie. »

Son parrain hocha simplement la tête avant de sortir.

« Je vais vous laisser moi aussi, prévint Dumbledore. »

« Très bien. »

Quand la porte se ferma sur le vieux Sorcier, Draco Malfoy et Sirius Black se retrouvèrent seuls, dans un silence des plus gênant. Le blond parcourut la pièce du regard et ayant repéré un fauteuil non loin de l'animal, s'y dirigea et s'y assit. Il s'accouda sur ses genoux, croisant les mains et soupirant longuement.

« Cela fait des lustres que nous ne nous sommes pas retrouvés seuls dans une chambre, n'est-ce pas Sirius ? »

Naturellement, aucune réponse ne lui parvint.

« Quand Dumbledore m'a demandé de t'aider, j'ai immédiatement refusé et pourtant je suis là. Je suis bien là à tes côtés et je ne le comprends pas moi-même. Je ne comprends pas comment tu as pu en arriver à cette extrémité Sirius ? Severus a raison, tu es un lâche. Je t'avais connu plus vaillant autrefois, je t'avais connu plus fort. Tu me déçois, mais en même temps je sais ce que tu ressens. Je sais ce que cela fait de perdre un être cher. J'en ai perdu un, il y a longtemps. Il m'a laissé tombé, il n'a pas pensé que je puisse souffrir de son absence. Non. Il est juste parti. Mais moi, je n'ai pas sombré comme toi tu l'as fait. Moi je me suis battu pour vivre, pour survivre à son absence. »

Draco fit une pause durant laquelle son regard vacilla un peu, puis il reprit.

« Ne crois surtout pas que je fais cela pour toi, poursuivit-il. Je le fais avant tout pour tous ceux qui tiennent à toi et même s'ils ne sont pas aussi nombreux que tu le souhaiterais, ils sont néanmoins bien présents. Je le fais pour Potter aussi. Par respect pour ce que nous avons partagé et par respect pour lui. Je le fais pour Severus également, parce qu'il s'inquiète pour toi, bien qu'il ne le montre pas. Non, je me suis mal exprimé, je devrais dire, bien qu'il le montre mal. »

Et je le fais pour moi aussi, voulut-il rajouter, mais il s'abstint.

Le blond lança un dernier regard au chien, qui semblait endormi, mais qu'il savait être réveillé. Il se leva ensuite et s'apprêta à sortir de la pièce quand avant de franchir la porte il murmura : « N'y a-t-il vraiment personne pour qui tu aimerais revenir ? ». Un chuchotis qu'il pensait que Sirius n'entendrait pas, mais que l'animagus distingua parfaitement.

Quand la porte se referma, le silence fut soudain brisé par un faible geignement de tristesse.

SBDMSBDMSBDM

« Crois-tu sincèrement que ce soit un problème purement psychologique ? »

Severus soupira.

« Purement psychologique non, mais psychologique, oui. Black nous fait une dépression plutôt sérieuse et les quelques neurones qui circulent dans son crâne de caniche doivent être en train de griller. Déjà qu'il n'en avait pas énormément... »

Draco sourit.

« C'est le fameux système autopunitif dont tu parlais hier. »

« Hn. Mais, honnêtement, je ne crois pas qu'il s'agisse uniquement d'une déficience mentale, parce que de ce côté-là, Black n'a jamais vraiment été quelqu'un de très net. Je pense que son corps est épuisé. »

« Épuisé ? »

« Hn. »

« Comment pourrait-il être épuisé ? Il ne fait rien de ses journées et passe son temps à broyer du noir. »

« Je te l'accorde, mais quand le corps reste aussi longtemps inactif, il s'ankylose et c'est une forme de fatigue. D'autant que le mal-être de Black n'est pas seulement mental, il est aussi physique. Il ne se nourrit pas et ne bois presque rien. Son corps a fini par mettre le holà, c'est tout. »

« Donc si je comprend bien, le corps de Sirius à prit sa forme d'animagus pour préserver ses forces, c'est ça ? »

« Hn. »

« Très bien. Dans ce cas, je sais par quoi commencer. »

Severus abandonna la contemplation du parc de Poudlard pour se tourner vers son filleul.

« Ne crois pas que ce soit aussi simple, le prévint-il. Black en plus d'être un chieur de première est une satanée tête de mule. Lui faire avaler quelque chose relèvera du miracle. Je dis ça, parce que tu n'es pas le premier à t'y être essayé. »

Draco lui rendit un sourire déterminé, mais ne répondit pas. Pourtant, Severus reconnut ce petit air calculateur qu'affichait son filleul et qui signifiait clairement : C'est juste que vous n'avez ni le style, ni la manière.

« Bonne chance Draco, tu en auras besoin. »

« Et si nous rentrions ? Le paysage vu de la Tour d'astronomie est magnifique, mais il commence à faire froid. »

SBDMSBDMSBDM

« Malfoy, amène-toi. »

Draco plongé dans sa lecture, leva à peine les yeux de son livre de Sortilèges, indiquant franchement par là son refus de répondre.

« Malfoy, s'il te plaît, c'est important. »

« Qu'y a-t-il de si important pour que tu me dérange dans ma lecture Potty. »

« Ton professeur particulier est arrivé. »

Le blond daigna enfin lever son regard vers Harry.

« Je vois, et je suppose que je n'ai pas le choix n'est-ce pas ? »

Le brun lui sourit.

« Pas vraiment non. Tout comme je dois supporter ton imbuvable Parrain pour me perfectionner en Occlumencie, toi, tu dois encore t'améliorer en Défense. Et puisque ni toi ni moi n'avons eu le temps de finir notre cursus scolaire avant le début de cette putain de guerre, et bien, tu devras tout comme moi prendre des cours. N'oublie pas que tu es censé te battre à mes côtés le jour J. »

« Ne t'inquiète pas Potty, je n'ai pas oublié. Me coltiner un poids mort le jour de la bataille finale ne sera vraiment pas une partie de plaisir, crois-moi. »

Harry leva un sourcil agacé et croisa les bras sur son torse.

« Jusqu'à présent je suis le plus doué en Défense et je te bas à plat de coutures mon vieux. Alors tu ferais mieux de ravaler tes sarcasmes et de me suivre. Ton Professeur n'attendra pas des millénaires. »

« C'est fou ce que je peux m'en soucier, marmonna le blond alors qu'Harry soupirait de lassitude. »

Quelques instants après, le Serpentard se retrouvait debout dans l'un des petits salons du siège de l'Ordre, face au dos d'un homme grand, à la carrure d'athlète quoiqu'un peu osseux, dont la longue chevelure de jais coulait entre ses omoplates. Draco leva un sourcil interrogateur vers Harry, mais ce dernier lui répondit par un sourire quelque peu... goguenard. Méfiant, le blond reporta de nouveau son regard sur l'inconnu à l'étrange stature, qui lui fit face au même moment.

À cet instant, Draco crut que le sol allait s'effondrer sous lui. Son cœur manqua un battement et ses yeux s'arrondirent très légèrement. Cet homme, son Professeur particulier, était tout simplement à couper le souffle. Oh, il n'était pas beau non, mais on pouvait voir à ses traits que les années avaient émaciés, qu'il avait été beau autrefois.

Son teint était blafard, ses joues semblaient trop creuses, mais son regard d'un bleu de Prusse profond était envoûtant. Une barbe de trois jours couvrait une mâchoire carrée d'où perçaient deux lèvres fines qui lui souriaient avec malice. Une longue frange criblée de mèches rebelles couvrait ses sourcils jusqu'à la barrière que formaient ses longs cils courbés.

Du reste, il se dégageait de lui quelque chose que le blond ne saurait qualifier autrement que d'impressionnant. Le Serpentard avait face à lui, un homme, un vrai, dont la posture et l'allure un peu atypiques transpiraient de masculinité brute.

Affolant.

Il n'entendit pas la voix d'Harry qui lui parlait, mais aperçut clairement le sourire moqueur de l'inconnu. Avalant sa salive, il se composa un masque d'indifférence et pria Harry de répéter ses propos.

« Je disais : Je te présente mon parrain. »

« Pardon ? s'exclama le blond en écarquillant les yeux. Ce... Cet homme est ton parrain ? »

« Ouep, répondit le brun tout sourire. Le monde fait bien les choses, hein ? »

Assurément, songea Draco en admirant une fois de plus le physique intéressant du parrain d'Harry. Mais il se rabroua mentalement, notant qu'Harry n'avait certainement pas fait allusion à ce dont il pensait, mais plutôt au fait qu'ils devaient chacun étudier avec le parrain de l'autre.

« C'est une ironie que je ne trouve pas du tout amusante, Potty, répondit-il. »

« Tu es bien le fils de Lucius, intervint soudain l'inconnu. Rien ne saurait faire rire un Malfoy, n'est-ce pas ? »

Une voix grave et sensuelle. Chaude comme la braise et électrisante comme la foudre.

Draco était sous le charme.

« Vous connaissez mon père ? demanda-t-il surpris. Vous êtes l'un de ses amis ? »

Le parrain et son filleul se mirent à rire, ce qui vexa Draco, mais qui ne le laissa pas de marbre. Même son rire est ensorcelant, pensa-t-il tout émoustillé.

« Oui, je connais bien ton père, mais lui et moi ne sommes pas amis, ne l'avons jamais été et ne le serons jamais. »

Le blond en fut soulagé, mais se garda bien de le montrer. Son père était une ordure. Une ordure qui avait osé mettre à mort sa propre femme et vendre son fils à son maître. Alors que son bel inconnu ne l'apprécie pas était une bénédiction pour lui. Mis à part le cafard à lunettes, ils avaient désormais un point commun. Ce qui était bon signe...

« En revanche, je connaissais très bien ta mère. Narcissa était une femme exceptionnelle et bien que nos rapports aient toujours été un peu tendus, je l'appréciais. »

Draco tressaillit. Un autre point commun.

« Vous la connaissiez de Poudlard ? »

« Oh non, Narcissa et moi, nous nous connaissions bien avant Poudlard. Pour la simple et bonne raison que nous étions cousins. Cela me fait penser que je ne me suis même pas présenté, dit-il en souriant, je suis un Black. Sirius Black, ton professeur particulier et je... »

« Sirius Black ! s'étrangla le blond brusquement horrifié. Le Sirius Black ?! »

La révélation lui fit l'effet d'une bombe et le Serpentard écarquilla les yeux, oubliant toute retenue. Il était beaucoup trop stupéfait pour s'en soucier d'ailleurs.

Sirius ferma les yeux en soupirant, tandis qu'Harry levait un sourcil inquiet.

« Oui, Sirius Black, ancien détenu d'Azkaban, fuyard, ex-vedette numéro une de la Gazette, nouvellement gracié par le Conseil des Sorciers et chagriné de te terrifier à ce point. »

Draco, toujours sous le choc, fit quelques pas en arrière, le visage blême, et l'expression toujours aussi alarmée.

« Malfoy, commença Harry en fronçant les sourcils, tu n'as aucune crainte à avoir. Sirius est mon parrain, il a été innocenté d'un crime qu'il n'avait pas commis et Dumbledore comme tous les membres de l'Ordre ont confiance en lui. Ne recule pas devant lui, c'est un homme formidable et un excellent professeur. Je le sais pour avoir déjà étudié avec lui et... »

« Mais qu'est-ce que tu racontes Potty ! s'écria Draco en reprenant ses esprits. Je m'en contrefous de ce qu'il a fait, il pourrait bien avoir sauté une none que ça ne me ferait ni chaud ni froid. »

Le Gryffondor lui lança un regard abasourdi, alors que Sirius le fixait d'une étrange manière. Ses yeux colbat semblèrent le sonder de l'intérieur avant qu'il n'éclate subitement de rire, s'attirant un nouveau regard stupéfait de la part de son filleul et un autre confondu de son élève.

« Je peux savoir ce qui te fais rire, parrain ? »

L'ancien prisonnier reprit son souffle et c'est avec un immense sourire qu'il répondit :

« Je sais pourquoi il a semblé si paniqué, maintenant. En réalité ce n'est pas ma réputation qui l'a choqué, mais le fait d'apprendre que je suis le cousin de sa mère et par conséquent de la même famille que lui. Famille éloignée certes, mais il a du sang Black en lui et le fait est que nous avons le même sang qui coule dans nos veines. Je ne sais pas comment il en est arrivé à cette conclusion, mais il a fait un rapide calcul et en a déduit que puisque je suis ton parrain et son hum... oncle, lui et toi êtes d'une certaine façon... de la même famille. Je dirais un genre de cousin très, très éloigné certes, mais cousin tout de même. C'est parfaitement ridicule mais tellement drôle ! »

Sur ce, Sirius reparti dans un fou rire dû autant au regard lourd de reproches de Draco qu'à celui, épouvanté, de son filleul.

« Hum... Et dire que ce jour-là, je ne t'avais même pas reconnu, murmura Draco dans un sourire. Il faut avouer que physiquement tu ne ressemblais plus du tout au prisonnier en fuite placardé sur tous les murs, panneaux et autres surfaces plates exposées au grand public. »

Le Serpentard tourna la tête, son regard anthracite se fixant sur l'animal étendu à quelques mètres de lui, sous l'une des fenêtres de la pièce.

« Je me souviens encore du regard choqué de Potter. Il avait l'air de manquer d'air le pauvre et si je n'avais pas été aussi dégoûté que lui je pense que j'aurais fait une remarque plus que malicieuse sur son étrange lien de parenté avec les hiboux. Il n'empêche tout de même que ce jour a marqué un tournant important dans ma vie... Ce fut le début d'une amitié somme toute cordiale entre ton filleul et moi. »

Un faible grognement lui parvint et le blond se prit à sourire un peu plus.

« Très bien, je l'avoue. Notre entente était plus que platonique et je n'aurais jamais cru une telle chose possible. Lui non plus, m'a-t-il confessé. Tu imagines ? Potter et moi, aussi fripons et dégourdis que les jumeaux Weasley dans leurs grands jours. Je me souviens encore des migraines monstrueuses qui assaillaient mon parrain dès que nous avions la bonne idée de traficoter un peu ses potions. Sans toi, nous n'y aurions jamais pensé... enfin, nous n'aurions jamais pensé le faire. La tête qu'il a faite le jour où il s'est retrouvé avec les cheveux roses, ha, il était vert. »

Le souvenir lui arracha un ricanement et le regard de Draco s'illumina quand il vit le chien se trémousser légèrement.

« Remarque... Nous n'avions pas ri longtemps. Je crois que Potter et moi, duo de choc ou pas, n'avions jamais été aussi dégoûtés des chaudrons. Trois cents chaudrons à nettoyer, tu imagines ? Hum, oui, tu imagines très bien, puisque tu as passé la soirée à nous regarder bosser comme des bœufs, en t'esclaffant comme le traître que tu es. C'était tout de même toi l'instigateur de ce projet et si je m'en souviens bien, c'est également toi qui a eu l'idée de la punition. Tout ça dans l'unique but de te discréditer aux yeux de Severus. Tssk ! Quel manipulateur quand même... »

Draco poursuivit son récit, suivant d'un œil avisé l'animagus qui se levait lentement et commençait à faire les cent pas, de faibles grognements s'échappant de son museau.

Son traitement commençait enfin à faire son effet et Draco en était ravi.

« En y songeant bien, je crois que les instants que j'ai passé dans l'Ordre ont été les meilleurs de mon existence, du moins... À partir du jour où tu es arrivé. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, je m'étais considérablement amélioré en Défense et Potter et moi avions rapidement pu commencer les entraînements en duo. Les duels que nous faisions étaient fantastiques, ils faisaient remonter en moi une telle quantité d'adrénaline qu'après chaque combat, je souriais comme un bienheureux. Ah, nous avions l'air fins lui et moi, des hématomes pleins le visage, les yeux tellement gonflés que nous n'y voyions presque plus rien, le nez en sang et pourtant, un sourire immense placardé sur le visage. On avait l'air de deux masochistes heureux de se taper dessus. »

Les grognements se firent plus sonores et agressifs, mais le blond, imperturbable, poursuivit.

« Que disais-tu déjà avant chacun de nos duels ? Ah oui ! « Que la séance de SM commence ! ». Ce que j'ai pu rire quand Potter avait demandé si SM signifiait « Sieste Méritée » la première fois. Naïf et innocent, voilà ce qu'il était. Sa tête de carpe quand tu as dit « Sado Masochiste, pourquoi ? » le prouvait admirablement bien. »

Draco marqua une courte pause durant laquelle il observa Sirius grognasser de plus en plus fort, allant et venant nerveusement d'un bout à l'autre de la pièce. À cet instant, le canidé donnait l'air d'être un lion en cage, furieux, ruminant et profondément irrité. En un mot : dangereux.

Le Serpentard connaissait bien cette démarche agitée, rapide et ferme. Quelque chose tourmentait l'animagus, quelque chose le contrariait et ce quelque chose avait un rapport avec tout ce qu'il venait d'entendre. Tout ce qu'il venait de se faire rappeler.

La thérapie était simple.

Rappeler à lui tous les souvenirs heureux susceptibles de le faire réagir. C'était douloureux, Draco en convenait, mais le fait était que la solitude dans laquelle l'animagus se murait de jour en jour était destructrice, et pour cause, il ne se nourrissait plus et buvait à peine le stricte nécessaire pour tenir debout. D'ailleurs, une telle restriction nutritive devrait lui avoir fait perdre toute énergie, mais il semblait, aux allées et venues vives de ce dernier, que la colère lui redonnait un plus énergétique non négligeable.

Cependant...

« Tu devrais te ménager Sirius, lança le blond, tu n'es pas en état de bouger. Tu vas rapidement te fatiguer à ce rythme, tu sais. Tu ferais mieux de te recoucher et de m'écouter, ce serait moins éreintant pour tes muscles fatigués. »

Cette phrase parut être la goutte d'eau qui fait déborder le vase, car le chien s'élança tous crocs dehors en direction de Draco. Le Serpentard tressaillit et ne dut la survie de sa jambe qu'à ses réflexes d'ancien combattant.

Accroché à un pan de la robe du jeune homme, Sirius s'était en cet instant changé en une véritable bête furieuse. Le museau retroussé laissait apparaître une effrayante rangée de dents aiguisées comme des rasoirs, les muscles du dos et des cuisses se tendaient sous le pelage noir et crasseux, la mâchoire puissante alternait longues coulées de baves et grognements menaçants, et le regard ténébreux transpirait de haine et de fureur.

Draco n'était pas dupe. Il savait que cela se produirait et l'aura de colère qui suintait du corps de Sirius n'en était qu'une preuve de plus. L'homme-chien le haïssait plus que tout à présent. Il lui en voulait de lui remémorer de tels instants de bonheur alors qu'il baignait, non qu'il se vautrait dans la souffrance la plus totale.

Néanmoins, le blond n'éprouvait aucune culpabilité vis-à-vis des sentiments bouleversants que ressentait Sirius à cette heure, bien au contraire. Il était satisfait. Il était même plus que satisfait. Enchanté était le mot. Sirius réagissait. Pas de manière pacifique, c'était évident, mais au moins la violence dont il faisait preuve en ce moment prouvait qu'il n'était pas si indifférent que cela au monde extérieur. Qu'il ne s'était pas totalement emmuré dans son monde de dénégation désolatrice.

La première pierre ayant involontairement été retirée par Severus, Draco venait d'en soustraire une seconde. L'édifice de solitude dans lequel Sirius se cachait était démesuré et Draco avait conscience du fait que le réduire à néant prendrait probablement du temps, mais il n'avait qu'une parole. Il sauverait Sirius. Il l'avait promis, non seulement à son parrain mais aussi à Harry.

« Si tu espères me faire peur avec cette face de dément, tu te trompes Sirius Sinistros Black. »

Le chien grogna de plus belle, tirant sans ménagement sur le pan de robe, le déchirant de ses crocs acérés. Draco sentit la pression changer et vacilla un peu, mais résista. Il se composa un masque méprisant et renifla.

« Tu as bien conscience que je te ferais rembourser les dégâts que tu as causé à ma robe, n'est-ce pas ? Elle m'a coûté excessivement cher et je te préviens, c'est du sur-mesure. J'espère pour toi que le compte en banque des Black est rempli... »

Un grondement sourd suivit d'un grand « crac » et Draco sut sans même le voir que Sirius avait à moitié déchiqueté sa robe. Ne pendait plus désormais dans la gueule de l'animal qu'un lambeau de tissu encore relié au vêtement par un micmac de fils. Le cœur de notre blondinet se fendilla. Il n'avait pas menti quand il disait que cette robe lui avait fait dépenser une coquette somme et pour un sorcier tel que lui, toujours impeccable et à la pointe de la mode, un tel acte était criminel. C'était du vandalisme gratuit et Draco ne le supportait pas.

« Alors comme ça le toutou à sa mémère est offusqué ? Quoi ? C'est le fait que je dénigre ton si prestigieux nom, ta si prestigieuse fortune ou alors que je m'attaque aux rognures de souvenirs heureux dont tu t'évertues à camoufler la moindre parcelle sous une épaisse couche de déni ? Dis-moi Sirius ? Je suis curieux de connaître la réponse, lança-t-il froidement non sans un lourd condensé d'ironie. »

Draco savait qu'il n'aurait pas dû perdre son sang-froid, mais il n'avait pas pu s'en empêcher. Il vit avec horreur le chien abandonner son bout de tissu pour s'attaquer de nouveau à sa robe et cette fois la lacérer avec férocité. Sirius le fit tant et si bien que la moitié du vêtement fut éventrée, tel un lugubre costume de zombi pour Halloween. Durant le massacre vestimentaire, le blond n'avait pas bougé d'un poil, sachant pertinemment que l'animal ne s'en prendrait pas à lui et désormais, il regardait avec une certaine anxiété son ancien professeur particulier laminer avec minutie ce qu'il avait réussi à arracher.

Sirius y mettait tant de rage, tant de haine,tant de... chaleur, que le Serpentard ne pouvait quitter ce sinistre spectacle des yeux. Pourtant, il fallut bien revenir sur terre, surtout que l'animal commençait dangereusement à vaciller. Draco vit Sirius se rabrouer pour poursuivre sa tâche avec deux fois plus d'ardeur, mais le canidé était épuisé autant mentalement que physiquement, si ce n'était plus. Le chien tangua encore, secoua de nouveau la tête pour retourner à son carnage chéri mais le corps ayant ses raisons que la raison n'ignore pas, la faiblesse prit le dessus sur la volonté et Sirius s'écroula au sol.

Le blond s'approcha, mais fut arrêté par un grommellement menaçant et un regard meurtrier. Il soupira.

« Écoute, tu n'es pas en position de protester, alors laisse-moi m'occuper de toi Sirius... S'il te plaît. »

Un grognement lui répondit que non ça ne lui plaisait pas, mais Draco étant Draco, autrement dit refusant toute forme de dénégation, il ignora proprement l'avertissement et rejoignit l'homme-chien. Il s'agenouilla près de lui, évita un coup de croc vengeur et passa une main moite dans le pelage poisseux de l'animal.

« Cesse de lutter Sirius, murmura-t-il, et laisse-toi faire pour une fois. »

Le Serpentard plongea ses yeux couleur d'asphalte dans le bleu colbat des iris de l'animagus et tenta par ce biais de le faire revenir à de meilleurs sentiments. Tactique qui sembla fonctionner à merveille puisque Sirius se calma progressivement, acceptant avec un halètement résigné cette main marmoréenne qui caressait avec douceur son poil.

« Laaa... Tu vois ? Ce n'est pas si terrible de se laisser aller n'est-ce pas ? nota Draco avec un petit sourire entendu. »

Le chien grogna pour la forme, mais se détendit complètement sous les doigts agiles qui s'exerçaient sur lui avec habileté.

« Il faut que tu manges. »

Sirius protesta.

Draco insista.

Finalement, le chien tenta en vain de se lever, mais c'était sans compter ses muscles endoloris par le manque de vitamines et engourdis par la fatigue. Il abandonna dans un jappement plaintif et Draco le porta jusqu'à sa couche.

« Ne bouge pas. Dobby ! »

POP !

« Monsieur Maître Malfoy a appelé Dobby ? »

« Oui. Prépare donc un repas chaud pour Sirius s'il te plaît, et je ne veux pas quelque chose de trop lourd, que son estomac puisse se réhabituer à la nourriture et la digérer normalement. Apporte de l'eau aussi. »

Sirius contesta vivement, jappant et jouant des crocs, mais Draco l'ignora. Dobby en revanche...

« Hum... Excusez-moi Monsieur Maître Malfoy mais... Monsieur Maître Black n'a pas l'air de vouloir se restaurer. Peut-être Dobby devrait-il revenir plus tard une fois que Monsieur Maître Black sera en meilleure forme pour manger ? »

La voix de Draco s'éleva, froide comme la glace.

« Cela t'arrive-t-il d'utiliser les petites cellules grises que l'on appelle « neurones » sombre crétin ? Comment veux-tu que Sirius puisse être en meilleure forme s'il n'a rien dans l'estomac, stupide elfe ? Si j'avais eu besoin de ton avis, je te l'aurais demandé. Alors de deux chose l'une, tu m'apportes ce que je t'ai demandé de m'apporter et tu ne discutes plus mes ordres ou je te lance un Doloris la prochaine fois que tu parles sans que je t'en aie donné la permission ! Compris ?! »

Dobby acquiesça d'un mouvement de tête et transplana avec un petit couinement terrifié. Draco ferma les yeux et coinça son arête nasale entre ses doigts. Il soupira.

« Crois-le ou non Sirius, mais je sens poindre un mal de crâne carabiné. »

Pour toute réponse, il se fit méchamment hélé par l'homme-chien et lui lança un regard surpris par dessus son épaule.

« Quoi ? »

Un nouvel aboiement, et Draco se retourna franchement.

« Pourrais-tu s'il te plaît, arrêté de me hurler dans les oreilles satané sac à puce !? »

Sirius n'en démordit pas et ce fut le « POP » caractéristique de Dobby apparaissant qui le sauva d'un sort de furoncle plus ou moins mérité. Le chien cessa immédiatement de japper et lança un dernier regard assassin à Draco avant de concentrer toute son attention sur le petit elfe tremblant.

« Do... Dobby apporte le repas de Monsieur Maître Black, piailla-t-il d'une toute petite voix. »

« Pose le là, indiqua Draco avec un vague signe de la main. »

L'elfe s'exécuta non sans frissonner et avant qu'il ne parte, Sirius attrapa un bout de son vêtement entre ses canines et gémit doucement. Dobby arrondit quelque peu ses yeux déjà globuleux avant d'esquisser un mince sourire, sous le regard ébahi de la nounou attitrée. Draco se reçut une nouvelle fois un regard belliqueux et il comprit enfin ce que Sirius lui reprochait.

Faisant amende honorable, il appela Dobby et lui fit signe de le rejoindre. L'elfe obéit, tremblotant, les yeux baissés au sol. Draco soupira une fois de plus et prit la parole.

« Je suis désolé de t'avoir agressé de cette manière Dobby. Je n'aurais pas dû m'en prendre à toi et j'ai conscience d'avoir mal agi. Cependant... »

Le blond s'interrompit brusquement, jeta un coup d'œil au chien qui le fixait, puis s'agenouilla face à Dobby et lui murmura le reste de la phrase à l'oreille. L'elfe de maison arrondit les yeux et fit de grands hochements de tête pour montrer qu'il comprenait. Satisfait, le Serpentard se releva, époussetant sa robe au passage, avant de le congédier.

« Content ? Bien, maintenant tu vas me faire le plaisir d'avaler ce que Dobby a préparé et ce sans protester, ajouta-t-il rapidement en voyant la mâchoire de Sirius s'ouvrir. »

L'animagus grogna pour montrer son désaccord, mais le blond n'en fit pas cas, se contentant de lui jeter une œillade noire.

« Mange ! ordonna-t-il, avant de sourire narquoisement. Si tu veux pouvoir me foutre une raclée, c'est la seule solution. Sans nourriture pas de force, sans force tu ne peux pas te retransformer et sans transformation pas de raclée. En gros, je continuerais à te faire chier tout le temps que toi tu continueras à refuser mon aide, c'est bien compris ? »

Sirius montra ses crocs pour faire comprendre à Draco que même sans être humain il pouvait aisément lui mordre l'arrière-train, mais le jeune homme s'esclaffa.

« Tant que tu ne reprendras pas un peu d'énergie, tout ce que tu projettes de me faire s'apparentera au pur phantasme. Sur ce, je te laisse dîner en paix, moi, je retourne à mes appartements. »

Sans plus se soucier des aboiements contrariés de l'animagus, Draco quitta la pièce de son éternel pas princier. Il avait beaucoup avancé aujourd'hui, mine de rien. Il ne s'était pas attendu à de tels résultas, il ne les avait même pas du tout envisagés, mais il était loin de s'en plaindre.

Déjà quelques jours qu'il était là et Sirius commençait à se regorger d'énergie. Les ondes étaient plutôt négatives voire très négatives, Draco se l'accordait, mais en même temps, ondes négatives ou pas, cela restait des ondes n'est-ce pas ? Et tant que ses fameuses ondes circuleraient, le Serpentard avait bon espoir de parvenir à ses fins. Après tout, n'était-ce pas là, la devise de tout Serpentard confirmé ?

« À tes fins tu parviendras, murmura-t-il avec un petit sourire. »

SBDMSBDMSBDM

« Vous finirez à Serpentard si vous êtes plutôt malin, car ceux-là sont de vrais roublards qui parviennent toujours à leurs fins. »

« Quelle mémoire parrain. »

« Répétées inlassablement pendant des années, les paroles du Choixpeau finissent un jour ou l'autre par s'ancrer non ? »

« Certes, mais n'est-ce pas là, une amorce de compliment que j'ai senti poindre dans ta citation ? »

Severus sourit.

« Avoir fait avaler un peu de nourriture à Black tient effectivement du miracle, mais je ne vois pas en quoi cela me concernerait suffisamment pour que je puisse louer ton geste ? »

« Le déni te va mal en ce moment parrain. »

« Le déni est une vérité comme une autre, seulement personne n'en comprend toute la subtilité. »

Draco leva les yeux au ciel.

« Bien sûr... Et refuser de reconnaître que tu t'inquiètes pour Sirius ce n'est pas du déni peut-être ? Navré de briser tes croyances parrain, mais je ne vois absolument aucune subtilité là-dedans. »

Le sourire du Maître des potions se transforma en un rictus inspiré.

« Je croyais pourtant que tu avais été à bonne école Draco. Tu devrais le savoir. La subtilité est là où on s'y attend le moins. »

Le blond lui lança un regard interrogateur et Severus éluda la question d'un simple geste de la main. Il n'avait pas vraiment envie de s'étendre sur le sujet et avouer à Draco que la finesse de la chose résidait justement dans la promesse faite à son défunt amant n'était pas dans l'ordre de ses priorités, et ne le serait probablement jamais d'ailleurs. Il n'était pas dit que le Professeur le plus craint de Poudlard puisse avoir suffisamment de sensibilité en lui pour tenir une promesse d'amour. Même auprès de son filleul, Severus répugnait à se montrer trop... humain.

« Passons. Quelle est la prochaine étape ? »

« Il n'y a pas vraiment de prochaine étape. Je n'ai pas de plan prédéfini pour sortir Sirius de sa mouise. Le faire manger était l'ouverture dont j'avais besoin, maintenant je compte le laisser aller à son rythme, tout en gardant un œil attentif sur lui. »

« À son rythme ? Draco si tu tiens à vieillir à ses côtés, je te soutiens dans ta décision, mais là... Sirius est l'être le plus lent d'esprit que je connaisse. Le seul domaine où il peut se vanter d'être vif est l'idiotie. Cet homme a toujours eu une prédisposition certaine pour tout ce qui concerne la fantaisie mal placée, alors si tu penses réellement qu'il soit assez vif d'esprit pour s'en sortir seul, tu te trompes lourdement. »

« Les critiques personnelles ne doivent pas entrer en ligne de compte parrain. En outre, Sirius n'est pas comme cela ou du moins, pas totalement. C'est un homme intelligent tu sais. »

« Bien sûr, ironisa le Professeur, et c'est en bon intelligent qui se respecte qu'il en est arrivé au stade ultime du je-m'en-foutisme, n'est pas ? Cesse donc de défendre l'indéfendable Draco. »

« Parrain, voyons. Accorde-lui un peu plus de crédit, je t'en prie. Tout le monde a le droit d'avoir un coup de blues. »

« Dans le cas de ce chien stupide, ce n'est pas un coup de blues mais toute une symphonie. »

« Tu as raison, je me suis mal exprimé. Cependant, mets-toi à sa place. Il a perdu la seule famille qui lui restait et quelque part je comprends sa souffrance. »

Severus fronça les sourcils. Cette discussion prenait une tournure qu'il n'aimait pas vraiment.

« Il n'est pas le seul à avoir perdu un être cher. Il n'est pas le seul à souffrir de la solitude Draco, et j'aimerais que lui tout autant que toi, vous le compreniez. C'est infiniment douloureux de perdre un être cher à son cœur, mais c'est d'autant plus douloureux de dénigrer sa mémoire en sombrant dans la désuétude comme il le fait. Il devrait plutôt se battre pour remonter la pente et ne pas se laisser emporter. Il devrait se montrer fort et surmonter sa peine. Je ne dis pas que cela est simple à faire, je dis seulement que ce n'est pas impossible et qu'avec un peu de bonne volonté, on arrive toujours à s'en sortir. »

Draco sourit. Il lui était rare de voir son parrain s'enflammer de cette manière...

« Et c'est toi qui parlais de ne pas plaider une cause perdue d'avance ? »

« Ne te méprends pas Draco. Je ne m'intéresse pas à Sirius de cette manière, seulement j'aimerais qu'il reprenne pied. Il commence sérieusement à m'ennuyer avec ses états d'âme. »

Draco se retint de répliquer « S'il t'était réellement indifférent, tu ne t'exciterais pas autant » et se contenta de répondre :

« Tu l'as appelé Sirius. »

« ... »

« ... »

« Rentrons, maintenant. Il fait froid. »

« Je te suis. »

Je compte le laisser aller à son rythme.

Certes, Draco allait laisser du temps à Sirius, mais il n'avait jamais dit qu'il n'influencerait pas un peu le calendrier. La provocation, semblait bien fonctionner. Il avait trouvé là un moteur suffisamment puissant pour faire avancer les choses dans le bon sens. Enfin, dans le siens, surtout...

Manipulateur tu es, manipulateur tu resteras, lui avait dit un jour Potter.

SBDMSBDMSBDM

« Mais ce n'est pas normal ! »

« Oh bien sûr, si tu prends tes relations comme exemple, répliqua Draco en haussant les épaules. »

« Pour ton information, lança Pansy vexée, j'ai vécu une histoire géniale avec un garçon génial et nous serions encore ensemble si je n'avais pas découvert qu'il était homosexuel ! »

Le blond fusilla la jeune fille du regard et elle le toisa ironiquement, son regard empli de vengeance.

« Tu as gagné, grogna-t-il. »

Et il ignora superbement le sourire victorieux sur les lèvres de sa meilleure amie.

« Mais toujours est-il que Crabbe fait ce qu'il veut, et s'il veut sortir avec Loufoqua c'est son droit. »

« Mais imagine Draco quel couple bizarre ils feront. »

Le blond sourit.

« Oh mais j'imagine très bien. Un démembré du coquillard et une extraterrestre... je ne vois vraiment pas ce qu'il y a d'anormal. »

Pansy roula des yeux et abandonna tout espoir d'argumentation. D'un autre côté, elle devait avouer que Draco n'avait pas tort... Crabbe et Luna ensemble, ce n'était pas si étrange que cela... dans un sens. Elle n'eut pas le temps de poursuivre plus avant ses réflexions, qu'arriva Sirius.

« Ah ton Professeur particulier est là, murmura Pansy. Je te laisse, à plus tard. »

« C'est ça, marmonna Draco en tentant de calmer les battements effrénés de son cœur. »

« Salut le môme, lança Sirius avec un grand sourire. »

Il s'installa dans la pièce après avoir fermé la porte, pendant que le blond ruminait dans son coin, lui jetant des regards assassins. Certes, il trouvait Sirius Black attirant, mais il ne supportait pas qu'il l'endimanche de sobriquets tels que « le môme » ou encore...

« Alors le gnome, on commence par quoi aujourd'hui ? »

« Peut-être par éviter de me surnommer ainsi, Professeur, cracha le Serpentard avec colère. »

Sirius sourit un peu plus.

« Pourtant je trouve que cela te va très bien ! »

Draco concentra toute sa volonté pour ne pas rougir au compliment qui n'en était pas vraiment un et répliqua sèchement :

« Vous êtes bien le seul. »

Puis il se détourna sans se soucier du soupir de son Professeur.

« Bien, alors nous allons entamer la leçon sur les sorts de protections. »

« Je les connais déjà par cœur. »

« Hum, je sais, mais il y a une différence entre la théorie et la pratique. Tu connais les sorts, mais as-tu suffisamment de réflexe pour t'en servir correctement ? »

« Que voulez-vous dire par là ? »

« Furonculus ! »

Et sans qu'il n'ait eu le temps de réagir, Draco se retrouva avec un visage pustulé de partout. Il poussa un cri d'horreur et Sirius ne pu s'empêcher de rire.

« Voilà ce que j'ai voulu dire par là, expliqua-t-il. »

« JE NE TROUVE PAS CA DRÔLE DU TOUT ! »

« Ah oui ? Marrant, moi je pense tout le contraire. »

Et les deux heures qui suivirent furent remplies de rires, de cris outragés mais surtout d'un apprentissage hors du commun. Draco se refusait à l'admettre, mais Potter avait raison sur un point : son parrain était un professeur exceptionnel. Plutôt déjanté, certes et très, très exaspérant, mais vraiment doué. Là où Quirell bégayait, Sirius parlait avec franchise et netteté, là où Lockhart échouait, Sirius enseignait avec adresse, là où Lupin tempérait, Sirius provoquait, là où Maugrey effrayait, Sirius rassurait et tout cela, avec un sourire divin.

« Tu progresses très vite et c'est encourageant. »

« Vous en doutiez ? Je suis un Malfoy, et un Malfoy... »

« Ne peut jamais s'arrêter de se vanter, conclut l'homme avec un soupir las. »

Draco froissé, serra les poings, mais ne répondit pas.

« Bon, le gnome, je crois que c'est assez pour aujourd'hui. »

« Je vous ai déjà dit de ne pas m'affubler de pseudonymes ridicules ! »

« Pourtant, si je m'en réfère à mes sources, cela ne t'a jamais empêché de surnommer Harry « Le balafré », Hermione « La Sang-de-bourbe » et Ron « Le pauvre ». Alors excuse-moi, mais tu n'es pas vraiment en position de protester. Tu es bien comme ton père tiens, arrogant et prétentieux.»

Le Serpentard en fut profondément blessé et Sirius s'en aperçut. Il savait qu'il avait fait une erreur et qu'il n'aurait jamais dû comparer Draco à son père, particulièrement en sachant qu'il le haïssait. Mais il était trop tard pour regretter ses paroles et il ouvrit à peine la bouche pour s'excuser que Draco lui lança un regard méprisant avant de répliquer, vert de rage :

« Vous savez ce qu'il vous dit le Fils de Lucius ? Que vous pouvez vous garder vos leçons de morale, parce que vous n'êtes pas aussi blanc que vous le prétendez ! Pour un animagus non déclaré et pour un imbécile heureux qui a failli tuer mon parrain sur un coup de tête en l'envoyant entre les griffes d'un loup-garou, je trouve que vous l'ouvrez sacrément grand ! Je suis prétentieux et arrogant je l'avoue, seulement moi je ne fais pas semblant de rien ! Je l'assume, contrairement à vous, qui jouez le rôle du gentil Monsieur qui offre des bonbons pour se faire apprécier. Entre nous, vous n'êtes pas si différent de moi, alors je ne vous permets pas de me juger ! JE NE SUIS PAS MON PERE ET NE LE SERAI JAMAIS ! Je vous interdis de me salir et ce n'est pas parce que j'ai dénigré Potter et sa bande à l'époque que vous avez le droit de vous en prendre à moi aujourd'hui ! »

Sirius en resta bouche bée et il sembla au Serpentard voir une fugace étincelle de tristesse éclairer le regard prussien. Pourtant, il n'en fit pas cas et décida de l'achever.

« Ce n'est pas parce que vous êtes mon oncle, que vous pouvez penser avoir une quelconque ascendance sur moi. La prochaine fois, réfléchissez avant de parler, Tonton. »

Sur ces paroles, le blond quitta la pièce, d'un pas rageur.

« Ce fut notre première dispute, murmura Draco. Tu t'en souviens ? Le lendemain, je n'étais pas venu en cours et Potter m'avait retrouvé sur le toit de la maison. Il m'a raconté t'avoir passé un sacré savon et j'ai été aussi surpris que s'il m'avait avoué s'être entiché d'un goret. Nous avons beaucoup discuté et c'est lui qui a réussi à me convaincre de te pardonner. Surtout, parce qu'il m'avait révélé quelque chose de particulièrement intéressant à ton sujet... Sinistros. »

Le chien, qui jusque-là, était impassiblement allongé au pied du blond grogna méchamment et lui mordilla la cheville.

« Aïe ! »

Un « humpf » étouffé lui parvint et Draco sourit.

« Tu détestes toujours autant ton second prénom à ce que je vois, remarqua-t-il. Je m'étais vraiment, sincèrement demandé si tes parents avaient fait exprès de te nommer ainsi ou si c'était un signe du destin, jusqu'à ce que tu m'avoues que ton père l'avait fait uniquement parce qu'il trouvait cet animal fascinant. Il faut avouer que quand tu te mets en colère sous ta forme d'animagus, tu n'es pas loin de ressembler au Sinistros. Néanmoins, tu n'as aucunement besoin de te sentir honteux de t'appeler ainsi, parce que tu ne connais pas la véritable histoire de ton nom et je peux te dire qu'après avoir compris ça, j'ai tout de suite saisi l'image que tes parents ont voulu te donner. M'enfin... Surtout ton père. »

Draco sentit qu'il avait toute l'attention du chien et poursuivit son monologue.

« Sirius est le nom d'une étoile et à l'époque de l'ancienne Egypte on l'appelait Sopdet. Son apparition soixante-dix-huit nuits par an annonçait la montée des eaux du Nil et la nouvelle année. Dans la légende sorcière égyptienne, on raconte que cette étoile créée par le Dieu-Soleil lui-même était en réalité son glaive : l'épée de feu de Rê dont la puissance ne pouvait se refléter que dans l'eau du Nil. Seuls, Rê et quelques élus dont son dévoué bras droit Sinistros, avaient le pouvoir de la manier. À l'origine Sinistros était un puissant et fier guerrier, dont l'allégeance à Rê était sans limites. Il était le meilleur combattant de son ère et n'avait aucune pitié pour ses ennemis, d'où le fait que son nom soit associé à la mort. Mais c'est sa loyauté et son courage sans borne qui lui valurent d'être représenté sous la forme la plus altière qui soit, celle d'un chien. Les égyptiens moldus vénéraient les chats et leur déesse Bastet, mais les sorciers eux, qui voyaient dans les chiens plus de noblesse et de force, vénéraient les chiens et leur dieu, Sinistros. En clair, Sirius, ton père voyait en toi la fierté de la famille Black : La noble Epée de Feu du Fidèle, Sirius Sinistros Black. » (Ndla : Hum... Trois heures du mat. On sent que l'auteur est fatiguée lol n.n''...)

Draco ne pouvait le voir, car Sirius restait impassible, mais il sentait la fierté typiquement Gryffondorienne faire surface au fond de l'homme-chien.

Encourageant.

D'autant plus que l'animagus, pour la première fois depuis le début, se montrait calme et patient.

« Fascinant, n'est-ce pas ? Bon, bien entendu, la légende a été déformée au fil des années et s'est transformée en histoire d'horreur pour les enfants, racontée au coin du feu les nuits d'orage, mais l'essentiel est là. »

Le blond cessa de parler, et le silence s'installa, paisible et reposant, le temps pour Draco et Sirius de s'endormir.

« Nous ne devrions pas être là, Professeur ! »

« Oh, tais-toi donc Draco ! Si tu tiens à nous faire repérer, ouvrir ta grande bouche est une excellente idée, marmonna Sirius en s'accroupissant derrière un buisson. D'autant que je ne t'ai pas demandé de me suivre. »

« Je vous ai suivi parce que vous ne m'avez pas laissé le choix. C'était cela ou me ronger les sangs en me demandant ce que vous feriez subir à mon parrain ! »

Sirius soupira puis saisit la manche du blond et le tira vivement vers lui, le faisant pratiquement s'avachir sur son corps.

« Putain, faites gaffe à ce que vous faites ! lança le Serpentard écarlate en s'écartant rapidement. »

Sirius posa sa main sur les lèvres du blond et le fusilla du regard.

« Je t'ai dit de te taire ! murmura-t-il fermement. T'es sourd ma parole ! Et puis d'ailleurs c'est toi qui devrait faire gaffe à ce que tu fais, si je ne t'avais pas tiré vers moi, on aurait fini par se faire choper ! Ce qui ne tardera pas à arriver si tu n'arrête pas tout de suite de m'enquiquiner ! Heeeeyyyyyyy... »

L'homme retira vivement sa main de la bouche du blond qui se lécha les lèvres, et l'essuya promptement sur sa robe, d'un air profondément outré. Il allait le rabrouer sèchement quand une voix s'éleva de la petite clairière qu'ils espionnaient.

« J'ai entendu du bruit. »

« Du bruit ? »

« Oui, comme un cri, là-bas, derrière les fourrés. »

« Allons voir. »

Les deux espions arrondirent simultanément les yeux et se figèrent, tassés sur eux-mêmes, espérant et priant de toute leur force pour qu'on ne les trouve pas. Dans leur précipitation, ils ne remarquèrent pas que leurs mains s'étaient liées, se serrant mutuellement avec ce qu'on appelle le dynamisme de la terreur.

« Il n'y a rien de ce côté-là. »

« Ici non plus. Hum... j'ai sûrement dû rêver. »

« Tu sais... Tu n'entendrais pas des voix si tu nous laissais une petite chance. »

« Écoute Remus, je te l'ai dit. Ce n'est pas par plaisir que j'ai décidé de rendre notre relation secrète, mais parce que j'ai... »

« Parce que quoi, Severus ? Tu as honte de moi, c'est cela ? »

« Non ! Bien sûr que non et tu le sais ! J'ai peur pour toi ! »

« Dans ce cas, c'est pire, parce que tu n'as aucune confiance en moi. »

« Ce n'est pas le sujet et ce n'est pas non plus le moment de reprendre une conversation que nous avons déjà eue. »

« Oh que si, c'est le sujet et c'est parfaitement le moment au contraire. Tu penses que je suis trop faible pour faire face à l'ennemi et ça me rend fou de rage. Je ne suis pas faible Sev ! »

« Ce n'est pas ce que j'ai dit ! Je dis seulement que je ne veux pas te perdre tu m'entends ? Je ne veux pas que le Lord puisse avoir un quelconque contrôle sur moi en connaissant mes sentiments à ton égard, je ne veux pas qu'il se serve de toi pour m'atteindre ou atteindre l'Ordre parce que je serais capable de tout Remus, tu m'entends ? De tout, si jamais il t'arrivait malheur. Je pourrais trahir pour toi, tuer pour toi... comprends cela, je t'en prie. »

La discussion commençait à devenir intéressante et Draco comme Sirius oublièrent momentanément leur peur pour se rapprocher du buisson comme un seul homme, leurs mains toujours liées.

« Et que crois-tu au juste ? Qu'il n'en est pas de même pour moi ? Que je ne ferais pas la même chose pour toi ? Que je n'ai pas peur de te perdre ? Severus, je t'aime. Je t'aime profondément et peu m'importe tout le reste, tout ce que je veux c'est vivre à tes côtés sans être obligé de me cacher. Je veux pouvoir être auprès de toi tous les jours, sans avoir à attendre la nuit tombée pour une simple caresse, un simple baiser de ta part... Comprends cela toi aussi. »

« Remus... »

« S'il te plaît. C'est la guerre Severus et personne ne peut prédire que l'un de nous ne perdra pas la vie dans cette bataille, parce que quand le véritable combat commencera, tout ceci n'aura plus aucune importance... La mort nous attend à chaque tournant de la guerre. Je veux pouvoir profiter de toi autant qu'il m'est possible de le faire avant de partir au combat. »

« Remus, je... »

« Tu ne veux pas ? »

« Je... Si. Si je le veux. Tu as raison... S'il ne nous reste plus longtemps à vivre autant profiter de notre amour au grand jour... »

Draco vit son parrain s'avancer lentement vers son aimé et l'embrasser avec une tendresse qu'il ne lui connaissait pas. Il arrondit les yeux, surpris et gêné. Severus Rogue faisait preuve en ce moment de tant de douceur qu'il lui était impossible de ne pas rougir d'embarras. Il était étrange de voir cet homme d'ordinaire si austère et distant montrer un peu d'affection.

« Je t'aime, murmura le Maître des potions. »

Et le baiser redoubla d'ardeur et de passion. À un point tel, que le Serpentard dut détourner son regard du couple. Il se donnait l'impression d'être un voyeur et sans qu'il ne le comprenne vraiment, il sentit un feu étrange s'allumer en lui. Ce n'était pas tant le fait de voir les deux hommes s'embrasser qui le troublait tant, mais plutôt la sensualité qu'exhalait leurs corps à ce moment même.

Deux corps masculins.

Deux corps adultes.

Le blond avait toujours senti que son désir pour les personnes du même sexe que lui avait toujours été en majeure partie dirigé vers des hommes plutôt que des garçons de son âge. Il aimait les vieux, oui, mais pas pour leur physique ou du moins pas uniquement pour cette raison. Il préférait la maturité, l'expérience et la sensation de protection qui émergeait des hommes plus âgés.

Un gémissement des plus explicites lui parvint et il rougit, serrant plus fort et sans en avoir conscience, la main moite qu'il tenait dans la sienne. Son rythme cardiaque commençait à s'affoler et il sentait qu'il devait quitter cet endroit au plus vite avant de faire quelque chose d'inconsidéré. C'est alors qu'il sentit une pression sur son bras, puis sur tout son corps et avant qu'il ne le réalise, il voyait Sirius l'entraîner plus loin et ce, en toute discrétion.

Quelques instants plus tard, les deux espions se retrouvaient accotés à un arbre, l'un essoufflé, l'autre contrarié.

« Je le savais, grogna Sirius, je le savais ! »

« Vous saviez quoi ? »

« Que ton parrain et Rémy fricotaient ensemble ! répondit-il d'un air mauvais. »

Draco fronça les sourcils.

« Et alors ? En quoi cela vous dérange-t-il que mon parrain et Lupin sortent ensemble ? »

Sirius tourna vers lui un regard choqué.

« Mais enfin Draco, ton parrain... Ton parrain... Bon sang ! Severus Rogue est quelqu'un de méprisable et de profondément exécrable ! Il est vil et manipulateur, il est chiant et exaspérant, en plus il est même pas beau ! Je ne comprends pas comment Rémy peut l'aimer ! »

Indigné, le Serpentard resserra sa poigne sur la main de Sirius et lui lança une œillade noire.

« Mon parrain est un homme tout aussi exceptionnel que vous, lança-t-il. Il est peut-être médisant, froid et asocial mais il est profondément bon et vous gagneriez à le connaître. Vous dites ça uniquement parce que vous êtes le seul avec qui il ne se comporte pas cordialement. Le Professeur Lupin, lui, a su voir ce que Sev dissimulait au fond de lui et il a su exploiter cette tendresse toute nouvelle. Contrairement à vous, moi je suis heureux pour eux. Je suis heureux qu'ils aient pu se trouver, parce que le Professeur Lupin a raison, la guerre est proche et le compte à rebours a commencé. Chacun cherche le bonheur à sa manière, et s'ils sont bien comme ça, tant mieux pour eux. Du reste, vous devriez avoir un peu plus de compassion pour votre ami loup-garou. Sans vouloir être offensant, peu de personnes rêvent de sortir avec ce que la société considère comme un monstre. »

Sirius écarquilla les yeux, stupéfait par le discours de la petite tête blonde. Mais ce qui l'étonnait davantage, c'était la virulence avec laquelle Draco venait défendre le gentil Servilo. Manifestement, Severus devait énormément compter pour Draco, sinon il n'aurait pas mis autant d'énergie dans sa tirade. De plus, les yeux gris si envoûtants ne flamboieraient pas de cette manière... Ils n'auraient pas cette même flamme déterminée qui brûlait également dans ses propres yeux lorsqu'il s'agissait défendre ses proches.

Le silence finit par s'installer entre eux, l'un perdu dans ses pensées, l'autre cherchant avant tout à reprendre son sang-froid. Draco n'aimait pas perdre son self-control, mais il ne pouvait pas laisser son Professeur dénigrer ainsi son parrain. Son père de substitution en quelque sorte.

« Je suis désolé, murmura brusquement Sirius. Tu as raison... J'ai réagi un peu vivement. Certes, Rogue et moi ne nous entendons pas du tout, mais... mais je pense aussi à Rémy. Lui est heureux avec l'homme en noir et je n'ai pas vraiment de droit de veto sur leur relation. D'autant plus que j'ai rarement vu Rémy aussi béat que dans ses bras. »

Draco se prit à sourire et l'animagus rougit.

« Mais attention ! Ça ne veut absolument pas dire que je ferais la paix avec Servilo. Servilo est et restera Servilo, compris ? Je fais ça uniquement parce que je sais que Rémy m'en voudrait de ne pas le soutenir et aussi... parce que je ne veux pas que tu m'en veuilles toi aussi, acheva-t-il dans un timide chuchotis. »

La prise sur la main de l'adolescent se resserra un peu plus et ce dernier s'empourpra, sentant son cœur s'emballer.

« Je... je... merci, souffla Draco en détournant le regard gêné, sans voir le sourire amusé de son Professeur. »

Quelques secondes s'écoulèrent avant que Sirius ne reprenne.

« Alors comme ça, je suis un homme exceptionnel, le gnome ? demanda-t-il suavement. »

Et les joues de Draco prirent une explosive teinte coquelicot alors qu'il se défendait d'un pauvre : « Je vous ai déjà dit de ne pas m'appeler comme ça ».

Des coups à la porte le réveillèrent et le blond grommela un « Ouais » mécontent. Oops... Se rattraper et ne pas oublier les lois du langage.

« Oui ? reprit-il. »

« C'est moi, répondit la voix de son parrain à travers le bois de la porte, tu es réveillé ? »

« Oui, pourquoi ? répondit Draco en passant une main sur son visage. »

Quelle heure était-il ?

« Parce que c'est ce que je voulais. Bien, maintenant que c'est fait, je pense que Dobby peut revenir vous servir à dîner, dit-il avant de s'éloigner dans le couloir. »

Draco fronça les sourcils et maudit son parrain sur toute une génération de Rogue avant de reposer sa tête sur le dossier du fauteuil et de soupirer. Quel rêve, songea le Serpentard. Il ne pensait pas se souvenir avec autant d'exactitude de cette scène... mais à bien y réfléchir cela était somme toute normal. C'était quand même cette nuit-là qu'il s'était rendu compte de son attirance plus que prononcée pour son Professeur particulier. C'était également cette nuit-là qu'il avait commencé à entretenir un peu d'espoir quant à leur future relation. Relation qu'il n'avait pas imaginé aussi compliquée... Relation qu'il avait espérée toute autre. Relation qu'il aurait préféré n'avoir jamais souhaitée s'il avait su ce qui allait se passer. S'il avait su qu'au final, Sirius n'assumerait rien de ses sentiments, s'il avait su que Sirius le repousserait, s'il avait su que Sirius... l'abandonnerait.

Mais bon, l'heure n'était pas à la mélancolie et son estomac le lui faisait savoir de manière plutôt bruyante. Il voulut s'asseoir correctement, mais ses jambes étaient bloquées. Les yeux toujours fermés, il fronça les sourcils et tenta de sortir ses pieds de sous le corps chaud qui les écrasaient mais en vain. C'est à ce moment que brusquement il ouvrit les yeux et se redressa complètement sur le fauteuil.

« Merlin tout puissant, souffla-t-il les yeux écarquillés. »

Sur ses pieds ne reposait plus le corps poilu d'un chien, mais celui, imberbe, d'un homme.

« Sirius. »

Draco se dépêtra tant bien que mal du corps recroquevillé au sol et l'enjamba aussitôt pour s'agenouiller près de lui.

POP !

« Monsieur Maître Malfoy, Dobby vous apporte le repas. »

Draco releva immédiatement les yeux sur l'elfe et s'écria :

« Dobby ! Cours immédiatement chercher le Professeur Dumbledore, Severus et Pomfresh. »

L'elfe obéit sans hésiter et transplana, sans avoir lâché le plateau-repas. Draco quant à lui se pencha sur Sirius et le prit dans ses bras pour le porter jusqu'au lit. Là, il l'allongea aussi délicatement que possible et couvrit sa nudité, avant de s'installer près de lui.

« Tu es revenu, murmura-t-il ému. »

Il passa tendrement ses doigts dans la longue chevelure crasseuse de l'homme et prit le temps de l'étudier attentivement. Sirius avait considérablement maigri. Son teint n'était plus blafard, mais cadavérique. Ses pommettes étaient osseuses, et ses yeux cernés de noir. Sa barbe jadis légère, formait désormais un épais duvet sombre qui couvrait la moitié de son visage, cachant ses joues probablement sales et creuses.

« Regarde donc dans quel état tu t'es mis, Sirius, se désola le blond. »

Sa main descendit jusqu'à la joue velue et allait la caresser quand la porte s'ouvrit soudainement. Draco ne sursauta pas, mais il ferma les yeux et se leva, s'éloignant de l'animagus.

« Il est enfin revenu, dit Dumbledore soulagé. »

« On dirait bien, nota à son tour le Professeur de potions. Il était temps. »

« Je vais l'examiner, prévint l'infirmière. S'il vous plaît, sortez de la chambre, je vous tiendrai au courant dès que j'aurai fini. »

Les trois hommes s'exécutèrent et quittèrent rapidement la pièce. Dans le couloir, le Directeur de l'école apostropha Draco qui s'apprêtait à partir.

« Où vas-tu Draco ? demanda-t-il. »

Le blond arrêta sa marche et répondit sans se retourner.

« Je retourne à mes appartements. »

« Mais... Sirius est redevenu humain. Tu ne veux pas connaître son état de santé ? »

Un silence lui répondit avant que finalement le blond reprenne la parole.

« Non, ce ne sera pas nécessaire. S'il a pu se transformer, c'est que son état de santé s'est amélioré. C'est le plus important pour moi. »

« Mais... »

« Il prendra de ses nouvelles demain matin, Albus, intervint Rogue. Il est tout aussi épuisé que notre cher malade, donc je pense qu'il faudrait mieux lui laisser un peu de temps pour... se reposer. »

Draco lui en fut reconnaissant, et Dumbledore capitula enfin.

« Très bien. Mais nous te tiendrons tout de même au courant, si quelque chose va mal. »

Le blond acquiesça en silence et s'éloigna. Quelques minutes plus tard, il ne se trouvait pas dans ses appartements, mais dans le cimetière qui bordait l'une des nombreuses collines qui entouraient Poudlard.

« Que dois-je faire maintenant, Potter ? Dis-moi... Que dois-je faire ? »

À SUIVRE... n.n

Wala, wala...

Un premier chapitre de fait. Au départ, c'était censé être un OS mais au fur et à mesure de l'écriture, j'ai réalisé que cette histoire prenait des proportions un peu plus grandes que prévues à l'origine. Bah ouais... Ça ferait louche que Sirius se rétablisse aussi vite non ? Voilà pourquoi j'ai décidé d'en faire un 2-Shot, quoique... Tout dépendra de mon inspiration avec ce couple.

En tout cas, j'ai mine de rien pris beaucoup de plaisir à écrire et j'espère sincèrement que vous en avez autant apprécié la lecture. Je crois que c'est un couple que j'aime bien, même si j'ai conscience de ne pas totalement maîtriser la situation lol. Je veux dire par là que le manque d'inspiration se fait vraiment sentir dans ce texte... je comprends pas pourquoi je m'obstine ? T.T...

Un petit commentaire, s'il vous plaît. Ça me motiverait vraiment beaucoup.

Merci.

Kissouxxxx HK ;)

PS KIM : J'espère que ce début t'a plu. En tout cas, j'ai fait de mon mieux...