Cette fanfiction se situe après la saison trois, après l'épisode 5. Donc je suppose que s'est sans doute rempli de spoilers ! (Ceci est un avertissement pour les âmes sensibles). C'est ma première fanfic pour cette série (que j'ai commencé à regarder il y a une semaine, alors même si j'ai vu tous les épisodes... j'espère ne pas faire trop de fautes).
Résumé : Ianto était mort mais désormais la vie devait continuer, parce qu'elle continuait toujours. Après son voyage, Jack revient. Il avait perdu assez de temps et désormais Torchwood devait revivre de ses cendres. L'équipe devait se reformer avec le peu de membre qu'il restait. La page ainsi serait tournée.
Parfois la vie reprend le dessus sur la mort, Jack se pensait seul à le savoir. Une erreur qu'il aurait préféré ne pas faire.
Disclaimer : La série ne m'appartient carrément pas ! Les personnages non plus !
Petit mot : J'espère sincèrement que vous apprécierez la lecture..
Une éternité après ta mort.
Les fleurs fleurissent puis se fanent.
Le jour se lève pour se coucher.
Les hommes vivent pour mourir.
Les sentiments apparaissent pour disparaitre.
Jack regardait le banc qui se trouvait en face de la baie. Il était en fer noir et avait commencé à rouiller. Des ouvriers s'appliquaient à le dévisser du sol, comme enraciné depuis des milliers d'années. Ils étaient trois à tenter de venir à bout de ce bourriqué de métal sans vraiment y parvenir. L'un d'eux, plus fort que les autres, suait de grosses gouttes depuis plusieurs minutes, frappant le sol de sa massue pour délivrer les pieds de l'obstacle encombrant.
Si l'on était venu une dizaine d'années plus tôt, sur ce même ponton, le banc n'y aurait pas été. En fait, il aurait fallu venir à Cardiff trois années plus tôt pour découvrir ce bout de ferraille.
Les locaux de Torchwood avaient explosé et , aujourd'hui, un nouveau bâtiment l'avait remplacé. Les travaux avaient été effectués rapidement, histoire d'oublier toutes les erreurs du gouvernement au sujet des 456. Un nouvel office de tourisme prendrait place au pied d'une grande tour. Quelque chose de bien plus chic que le « bouiboui » précédent avaient annoncé les dirigeants politique. Cardiff se relèverait grande de ce tragique accident. Tout le monde avait acquiesçait du chef. Mais finalement les lieux avaient perdu de leur charme.
Jack continuait de regarder ce banc. Le vieux meuble, si l'on pouvait l'appeler ainsi, n'avait pas bougé comme trônant, immuable, devant l'eau calme de la baie. L'explosion s'était arrêtée au pied de ce géant de fer et aujourd'hui, c'était l'Homme qui le terrassait.
Le capitaine se promenait régulièrement dans le coin, comme pour essayer de ne pas oublier ce qu'il y avait eu avant la destruction, avant la quasi fin du monde. Oui, après tout, il avait promis à Ianto de se souvenir des milliers d'années de lui. Alors il s'efforcerait de tenir cette ultime promesse, parce que c'était celle faite à un défunt.
Un ouvrier injuria la tâche difficile, un autre tapa du pied sur le banc. Une dalle se fissura et une première scellé sortie du sol. Mort, le banc était mort.
Gwen était allongée sur le lit de sa chambre. Les yeux ouverts, elle regardait le petit ange posé à côté d'elle. Il s'appelait Thomas, il avait quatre mois, il était magnifique.
Oui, en pensant cela elle se dit qu'elle n'était vraiment pas objective. Après tout, c'était du fruit de sa chair que l'on parlait. C'était une sorte de compromis entre une mère et son enfant, un pacte que beaucoup de parents passaient, un amour qu'ils offraient pour protéger leur progéniture. Et Gwen protégeait son enfant.
On sonna à la porte, surprise, elle sursauta légèrement mais fit de suite attention de ne pas réveiller Thomas. Thomas… Depuis toute petite elle avait planifié le prénom de son premier fils et Rhys n'avait pas eu le choix. Finalement, le jeune homme n'avait même pas sourcillait : leur enfant s'appellerait Thomas. Et ce petit bout était entré dans la famille comme pour apaiser les plaies béantes qui avaient touché le jeune couple. La Terre ne tournait pas toujours vraiment rond. Parfois il décarochait sérieusement.
- Gwen, c'est Jack, chuchota son époux en rentrant dans la chambre.
La jeune femme sourit lentement et décida de mettre Thomas dans son berceau avant de rejoindre son ami. Quand elle arriva enfin dans la salle, elle retrouva Jack, buvant une bière en compagnie de Rhys. Qui aurait pu prédire une telle scène ? Pas elle.
- Salut Jack…
Le capitaine se leva et serra tendrement la jeune femme dans ses bras. Cela faisait longtemps qu'ils ne s'étaient pas vu. Elle lui avait manqué. Gwen vivait sa vie et il ne voulait pas lui imposer un nouveau tissu de problèmes, ce tissu même qu'il trainait depuis des centaines d'années.
- Comment vas-tu ? Demanda alors Jack, toujours aussi soucieux du confort de la jeune femme.
- Bien, je vais bien et toi ?
Elle le regarda, sachant très bien qu'il allait lui mentir et essaya de joncher par elle-même l'état de son ancien patron. Elle y trouva cette tristesse dans ses yeux et cette peine qu'il avait du mal à dissimuler depuis qu'elle le connaissait. Non, Jack n'était pas le maître en ce qui s'agissait de cacher ses sentiments. Il savait faire avec voila tout.
- Ce séjour m'a fait un réel bien, sourit-il, je pense même avoir bronzé !
Gwen lui fit une petite tape sur le dos. Elle le regarda tendrement. Jack lui manquait. Elle alla s'asseoir à la table en proposant d'un geste de main à Jack d'en faire autant. Rhys prit place à côté d'elle.
- Mon amour, tu peux aller me chercher un petit quelque chose à boire s'il te plait ? Demanda gentiment Gwen alors que celui-ci venait de s'asseoir.
Rhys se releva, légèrement bougon, et se dirigea vers la cuisine.
- Depuis combien de temps es tu revenu ? Lâcha alors la jeune brune en regardant le capitaine droit dans les yeux.
- Quelques semaines.
- Tu aurais pu venir nous voir avant, répondit-elle doucement.
- Je suis là maintenant.
Rhys revint alors avec une verre de soda qu'il déposa devant sa femme. Elle le remercia d'un léger baiser sur les lèvres et bu une gorgée.
- Pourquoi maintenant ? Reprit-elle à l'adresse de Jack.
Harkness hésita un moment avant de répondre. Il regarda la jeune femme puis le jeune homme. Chacun leur tour, ils eurent droit à ce petit sourire, celui-là même qui voulait dire « Je sais ce que l'avenir nous réserve ». Puis, le capitaine baissa les yeux, songeur tout de même, comme si l'on venait de le ramener à la réalité. Sa bouche s'ouvra toujours aussi hésitante :
- Parce que je pense qu'il est temps de tourner la page. Non ?
La porte s'ouvrit comme si elle avait toujours été huilé à la perfection. La lumière pénétra alors l'entrepôt laissant deviner des faisceaux de poussière qui aurait pu faire fuir la crasse elle-même.
- Ca n'a pas changé…siffla Gwen en admirant les lieux.
Jack fit un pas en avant tout en appréciant le sentiment de conquête qui le fit tressaillir dans ton son corps. Il tendit une main à la jeune brune et l'invita à le suivre dans le bâtiment.
Ils firent quelques pas ensemble, semblant redécouvrir les lieux.
- Je n'avais pas pris le temps de regarder combien s'était grand ici la première fois, lâcha Gwen, un large sourire sur les lèvres.
- Oui, Torchwood, nous voila de retour chez nous, enfin presque.
Jack se tendit légèrement mais dissimula une gêne toute excusé. La dernière fois que quelqu'un avait prononcé cette phrase, il était mort les jours suivant. Il se rassura, non, bien sûr qu'il ne perdrait pas la vie. Bien sûr…
- On ne retrouvera jamais notre cher égout de luxe, plaisanta Gwen. Oh, regarde, les ordinateurs sont restés tels quels. Et la, les casseroles ne sont même pas lavé… Rho, c'est dégoutant.
La jeune femme fit la grimace et se retourna vers les autres bureaux, encore précairement installés. Elle se souvint les efforts de réflexion qu'il avait fallu à l'équipe pour dégotter tout ce matériel, finalement fort dérisoire. Elle fit vagabonder ses mains sur les affaires qu'ils avaient laissé à l'abandon en tentant de protéger le monde d'une véritable catastrophe. Bientôt un an… Et tellement de choses avaient changé depuis.
Elle s'avança alors vers les écrans d'ordinateurs, inutilisables désormais. Elle posa ses deux mains sur le clavier. Une sensation désagréable envahit tout son corps, comme si elle prenait la place de quelqu'un. C'était le souvenir de trop qu'elle voulait oublier.
Elle se retourna alors tristement vers Jack. Celui-ci était remonté sur la passerelle qui reliait l'entrée et la grande salle. Il ne semblait pas se préoccuper de ce que la jeune femme faisait ou semblait vouloir lui dire. Il avait le regard porté sur la plafond, une main tendu vers le ciel, semblant désigner quelque chose :
- Ca fuit ici, cria-t-il pour se faire entendre.
- Jack, souffla Gwen.
- Il faudrait qu'on fasse quelque chose, je ne sais pas, on pourrait remplacer la tôle.
- Jack…
Le capitaine la regarda fixement, il comprit alors ce que voulait dire la jeune femme. Et… il ne voulait pas l'entendre.
- On ira jeter tout ça à la décharge au plus vite.
- Jack… répéta alors Gwen lentement.
Elle reposa alors ses yeux sur le clavier d'ordinateur et une seconde chose lui sauta au visage. Une tasse de café était posée juste à côté. Elle l'étrangla du regard, comme si elle venait de voir l'objet du malheur. Perdue dans ses pensées, elle ne sentit pas Jack s'approcher d'elle avec rapidité. Il la poussa légèrement sur le côté et attrapa la table et ses multiples accessoires violemment. La tasse tomba sur la tranche, roula sur la surface puis s'écrasa sur le sol. Explosée…
- Merde, jura Jack.
Il continua pourtant sa tache, mena la table dehors accompagné de l'ordinateur. Gwen n'eut pas la force de répliquer. Paralysée, elle était tout a fait incapable de bouger. Son deuil, elle l'avait fait depuis longtemps déjà. Du moins, elle le pensait. Mais jamais elle n'avait revu des affaires ayant appartenu à son ancien collègue. Jamais elle n'avait pu vraiment lui dire au revoir.
Elle sentit la colère monter en elle. Elle et Jack étaient tout simplement passé à autre chose. Ils n'avaient même pas été dans l'appartement du jeune homme pour débarrasser ses affaires.
- On ne sait même pas où il a habité… pensa-t-elle à voix haute.
Jack l'entendit et se figea sur place. Ils devaient passer à autre chose, reprendre leurs activités et garder cette foutue faille.
- Sa sœur à certainement du s'en occuper, la rassura-t-il.
- Sa sœur… Il ne lui avait pas parlé depuis… Je ne suis même pas certaine qu'elle ait su un jour où il vivait.
Jack sentit son cœur se serrer malgré lui. Tout était passé très vite après la mort de Ianto, après le début de la fin du monde. Il ne s'était même pas demandé où le corps du jeune gallois avait été emmené. Torchwood détruit, il était impossible de le congelé. Et puis, à quoi bon ?
- J'irais me renseigner, essaya Jack.
Jack se tourna vers Gwen et lui fit un sourire de coin. La jeune femme n'avait pas bougé, telle une statut de pierre mais acquiesça finalement d'un hochement de tête. Elle sortit de l'entrepôt silencieusement et attendit Jack devant la porte. Celui-ci arriva quelques secondes plus tard, prenant soin de fermer l'édifice derrière lui.
- Tu pourras laisser ses affaires en attendant… demanda la jeune femme en regardant le capitaine dans les yeux.
Il allait dire non, tout bonnement non mais Gwen insista :
- Juste en attendant de savoir si quelqu'un c'est occupé de lui…
- Ok…siffla Jack, avançant jusque la voiture.
Le retour fut plutôt silencieux. Gwen avait téléphoné à Rhys. Jack savait que c'était ce qu'elle faisait quand quelque chose la tracassait et, une fois encore, son cœur se serra. Pourtant, le capitaine regardait la route, conduisant nettement moins vite qu'à son habitude. Il attendit patiemment que la conversation de la jeune femme se finisse, sans dire un mot.
- Et Tom, il va bien ?
Jack entendit à travers le téléphone le garçonnet pleurer à chaudes larmes. Il sourit malgré lui. Les enfants… Il avait connu ça de près ou de loin. Il avait eu une fille. Aujourd'hui il s'efforçait de penser qu'elle était morte au même titre que son petit fils. Une décharge électrique le tendit droit sur le volant. Il l'avait sacrifié pour le bien de beaucoup d'autres enfants et pourtant, cet acte avait agrandit un trou béant dans sa poitrine qui ne semblait pas cicatriser.
Pour l'immortel la punition ultime n'aurait pas lieu, les envies de morts, bien que présentes, n'avaient que le mérite de le calmer dans son sommeil… quand il rêvait qu'il pouvait mourir et que pour une fois tout pouvait finir.
Gwen raccrocha doucement. Elle mit son téléphone dans la poche de sa veste de cuire. Celle-là même qu'elle ne semblait jamais quitter. Cela faisait longtemps déjà qu'il roulait et elle n'aimait pas ça. Trop de souvenirs, trop de questions. Elle se tourna vers la fenêtre et regarda le paysage défiler. C'était beau Cardiff à cette période de l'année…
Le silence vint s'installer dans l'habitacle. Jack ne se souvenait pas qu'il avait été autrefois une menace dans pour équipe toujours bien bruyante, toujours bien vivante…
Il décida alors de faire comme si tout cela n'avait pas changé, oui, il combattrait le silence :
- Alors, ta vie te convient ?
- Oui…
Jack essaya de se décontracter avec de légers mouvements des épaules. Gwen baissa la tête et poursuivit :
- J'aurais aimé qu'ils connaissent Tom… Il est si mignon…
- C'est un garçon très dégourdi…
- Oui. Tosh lui aurait acheté son premier ordinateur quand Owen lui aurait fait écouter son cœur avec le stéthoscope.
- C'était une scène toute destinée à avoir lieu.
Gwen sourit, elle imagina la scène encore une fois. C'était tellement réconfortant.
- Tu aurais eu un air renfrogné quand il aurait couru partout dans les locaux… Et Ianto…
Qu'aurait-il fait ? Gwen fronça les sourcils et plissa le front en essayant de deviner ce qu'aurait fait le jeune homme. C'était difficile… Il aurait probablement observé la scène… Sans dire un mot.
- Je n'aurais pas été contre le fait qu'il court partout, s'empressa de dire Jack, s'efforçant toujours de lutter contre le bruit muet.
- Si tu l'aurais été…sourit Gwen.
La voiture poursuivit son chemin.
- Je suis prête à reprendre mon job Jack. Vraiment, mais pourquoi on ne trouve pas un bâtiment sur Cardiff, on n'est pas obligé d'aller si loin.
- Il est déjà répertorié comme une bâtiment de Torchwood, le premier ministre pense qu'il faut repartir sur des bases solides.
- Et je pense qu'elles n'étaient pas si solides puisqu'il y a eu trois morts, répondit Gwen du tac au tac.
Jack ne sut quoi répondre. Elle avait raison mais en même temps c'était les risques du métiers. Ils le savaient tous avant de rentrer dans l'équipe, à tâches périlleuses, risques plus grands.
- Si je veux continuer à surveiller la faille c'est parce que je suis intimement persuadée qu'on est les mieux placés pour le faire… Je… Je veux que cette fichue planète soit la plus apte à voir mon fils grandir… continua la jeune brune. Mais je refuse de me lancer dans la gueule du loup sans réagir. Et, si je dois mourir pour la bonne cause je le ferait, mais pas pour satisfaire une lubie de ces politiciens véreux, tu comprends Jack ?
Jack fit oui de la tête. Il comprenait. Tosh et Owen étaient morts pour la bonne cause, Ianto était mort pour rien. C'était sans doute cela qui était difficile à accepter.
- On débutera avec ces locaux… Et si je trouve mieux, on s'installera ailleurs, conclut-il.
- Tu as prévu d'agrandir l'équipe ? Hésita Gwen en se tournant vers son patron.
- Je ne sais pas encore, tu sais, j'ai envie qu'on s'installe avant de faire quoi que ce soit. Qu'on reprenne nos marques…
Gwen acquiesça d'un signe de tête. Jack se mit alors à rouler plus vite, histoire de rentrer plus tôt. Certains automobilistes jouèrent du clackson tandis que le capitaine lançait parfois des grossièretés, fenêtre ouverte. Gwen le réprimanda plus pour la forme que pour vraiment le remettre en question. Il s'en était rendu compte en apercevant son sourire amusé.
Ils rentrèrent, une demie heure plus tard. Jack la déposa devant chez elle. Elle le remercia, un détail lui vint alors en mémoire :
- Tu dors où Jack ?
L'immortel sourit énigmatiquement. Puis arrêta le contact de la voiture. L'explication serait peut-être longue.
- En fait j'ai trouvé un…
- Un ? Tu ne dors pas dehors quand même ? S'inquiéta la jeune femme.
- Non, j'ai trouvé un petit quelque chose près de la baie.
- Oh…
Gwen le regarda. A l'intérieur d'elle, c'était comme si le soleil était revenu en parti. Les premiers rayons réchauffé son être en tout cas. Bien entendu elle était heureuse de la vie qu'elle menait ici avec son mari et son fils et pour rien au monde elle aurait changé cela. Mais c'était Jack, le capitaine Jack Harkness. Et il était revenu.
- Tu veux manger avec nous ce soir ?
C'était sorti tout seul de sa bouche. Rhys allait probablement faire la tête mais il avait toujours été compréhensif. Ca lui passerait… Jack semblait hésiter ce qui embêta la jeune femme. Elle voulait vraiment tenter de reconstruire ce qu'ils avaient perdu et cela devait débuter par la reconstruction de leur fine équipe.
- Ok… lâcha-t-il enfin. Mais je vais d'abord faire une petite course…
Ils se regardèrent, Gwen comprit.
- Tu veux que je t'accompagne ?
- Non, va t'occuper de tes hommes, sourit le capitaine.
Il redémarra la voiture, laissant Gwen refermer la portière du véhicule.
La jeune femme monta alors les marches de l'immeuble quatre à quatre. Elle avait cette soudaine envie de se blottir dans les bras de son mari et de prendre son enfant. Ce qu'elle fit aussitôt. Ils restèrent ainsi longtemps, le petit Thomas semblant apprécier cette grande dose d'amour.
- Il faut faire face Gwen, chuchota Rhys tandis qu'il la serrait encore plus fort contre lui.
- Je sais mon amour…
Ils se séparèrent et menèrent Thomas dans sa chambre, le petit ange endormi n'opposa pas de difficulté.
- Il faut que je prépare le repas, Jack vient manger ici ce soir.
Rhys leva les yeux au ciel. La jeune femme déposa un tendre baiser sur les lèvres lui indiquant qu'elle ne voulait pas qu'il lui en veuille pour si peu.
- Pas de soucis… Je n'ai rien à dire de toute façon ! Fit semblant de bouder le jeune homme en sortant de la chambre.
Ils commencèrent à préparer le repas. Une petite bataille de farine entrainant une autre bataille d'eau. Cependant le cœur de Rhys n'était pas tout à fait à la fête. Il savait que si Jack était revenu, c'était tout simplement pour reprendre la chasse aux extraterrestres…avec Gwen.
Le SUV s'arrêta alors dans un quartier plutôt malfamé. La pelouse le long des trottoirs était tondue mais les façades des bâtiments indiquaient le niveau modeste des familles qui y logeaient.
Jack souffla. Il devait le faire pour Gwen, pour lui. La jeune femme avait remit à la surface des questions qu'il avait essayé d'enfouir au plus profond de lui. Il sortit alors de la voiture, se dirigea vers l'une des maisons.
Il frappa à la porte. Une porte blanche sans prétention qu'il observa pendant ce qui lui parut une éternité, pourtant quelques secondes. Une jeune femme lui ouvrit. Elle était brune, plutôt enrobée et les cheveux liés à l'arrière négligemment. Elle semblait fatiguée, terriblement fatiguée.
- C'est pour quoi ? Demanda-t-elle voyant que le capitaine ne réagissait pas.
- Je… Rhiannon Davies ?
- Oui c'est moi, que se passe-t-il ?
Elle ouvrit la porte un peu plus grand et regarda attentivement l'homme en face d'elle. Soudain, elle comprit. Une violente rage s'empara d'elle et elle sentit les larmes lui piquer les yeux.
- C'est vous…cracha-t-elle, le souffle soudain plus rapide. Dégagez, je ne veux pas vous voir chez moi.
Elle claqua alors la porte froidement, espérant ainsi que le capitaine s'en aille. Elle se souvint alors de ses yeux. Comment avait-elle devinait que c'était le garçon qui avait fait vacillé son petit frère ? Elle s'en doutait simplement. Et à cet instant précis elle le détestait plus que tout au monde. Elle s'appuya alors le dos contre la porte, ses jambes ne voulant plus la maintenir droite.
- Mme Devies, je suis désolé, je souhaiterais simplement vous poser…
La porte s'ouvrit sèchement et ce que Jack vit lui donna simplement envie de vomir. La jeune femme pleurait, elle était transcendée de sanglots durs et grisants.
- Que me voulez-vous ?
- Je suis désolé de ne pas être venu plus tôt, je…
- Que me voulez-vous ? Répéta-t-elle sèchement.
- Je voudrais discuter avec vous.
Jack resta droit, ne la quittant pas des yeux comme pour prouver sa détermination. La jeune femme ne perdit pas sa position pour autant et durant une dizaine de secondes ils restèrent ainsi. Puis, elle se recula, lui indiquant qu'il pouvait rentrer.
Jack fit alors un pas en avant et laissa son regard flotter dans les lieux. Des photos de la petite famille faisaient une frise dans le couloir qui les mena dans la cuisine. Pas de photo de Ianto.
Rhiannon lui montra une chaise et Jack s'assit sans demander son reste.
- Du café ? Demanda-t-elle.
- Non merci.
- Moi non plus je ne peux plus en boire, se confia-t-elle ironiquement.
Jack sentit le poids sur ses épaules s'amplifier. Il se redressa alors et attendit que la jeune femme se soit installer pour commencer. Mais commencer par quoi ? Que devait-il dire après tout ce temps ? Bientôt un an, une année presque 365 jours…
Il n'eut pas besoin de débuter la conversation, la jeune femme le fit à sa place :
- Vous êtes vraiment bel homme, comme il me l'avait dit.
Jack avala difficilement sa salive. En temps normal il aurait apprécié le compliment, ici, celui-ci sonnait terriblement mal dans l'échos de son cœur.
- Il vous a parlé de moi alors, répondit-il.
- Sous la contrainte.
Jack leva timidement les sourcils. Devant tant de peine il était résigné.
- Ianto était vraiment quelqu'un de minutieux, un peu maniaque sur les bords, souvent très effacé, il ne faisait pas de vague, poursuivit la jeune femme. Non pas de vague…
Jack se sentait véritablement gêné ne pouvant qu'acquiescer les propos qui lui étaient confiés.
- Il faisait du bon boulot. Il savait se rendre utile et s'appliquait dans tout ce qu'il faisait, poursuivit alors Jack tentant d'aider la jeune femme à retrouver ses esprits.
Rhiannon le regarda visiblement écœurée par ses dires.
- Certainement, cracha-t-elle. Je ne le connaissais pas comme vous, on n'a jamais vraiment été proche. Je veux dire comme devrait l'être un frère et une sœur.
- Il tenait beaucoup à vous…
- Parce qu'il vous a parlé de nous ? Faites-moi rire.
Jack la regarda, ne voulant pas lui mentir, il ne répondit rien. La jeune brune avait les yeux rouges mais semblait contrôler ses émotions. Jack profita de la voir baisser les yeux pour regarder autour de lui. C'était une maison… tout ce qu'il y avait de contraire à Ianto. Un petit désordre tapissait les lieux, c'était si réconfortant pourtant.
- Il a accepté le fait d'aimer sans être totalement aimé en retour, je ne serais pas aussi tolérante avec vous, finit-elle par avouer enfin. C'est la seule chose que je puisse faire pour défendre mon petit frère…
Jack sentit la colère venir prendre possession de son corps, de son cœur. Elle ne connaissait rien de lui, elle ne connaissait rien de la relation qu'il avait avec Ianto alors comment pouvait-elle le juger ?
C'était comme si elle avait lu dans ses pensées et elle lui répondit :
- Le jour de son soit disant enterrement je n'ai vu personne. Pas un fichu membre de son équipe pour qui il délaissait tant sa famille. Pas un ami. Pas vous. Les jours suivants, j'ai espéré que quelqu'un viendrait me voir pour partager ma peine, mais il n'y avait personne. Pas un chien dans sa foutue vie n'est venu me donner des réponses sur l'énigme qu'était Ianto Jones.
Jack s'était levé pendant cette longue tirade, certainement préparée depuis des mois. Il la dévisageait comme si c'était Ianto lui-même qui lui reprochait la vie qu'il avait passé en compagnie de l'équipe.
Il était temps d'en finir. Jack se mordilla la lèvre inférieure, laissant à Rhiannon un indice sur la suite de la conversation :
- Je suis venu ici pour savoir si vous aviez été chercher les affaires de Ianto dans son appartement. Si vous vous étiez occupé de ça.
Rhiannon se referma encore plus. Elle ne répondit pas. En fait elle ne s'attendait pas à cette question. Elle s'en était pourtant fait une liste plutôt grande. Elle aime pouvait énumérer un grand nombre de questions auxquelles elle aimerait avoir des réponses. Mais qui finalement pouvait l'aider à en savoir plus sur son petit frère ?
- Je n'ai jamais pu avoir son adresse, déclara-t-elle enfin à mis mots.
Et la, le monde sembla se retourner, laissant le sang du capitaine faire un tour dans ses veines plus vite qu'il ne l'aurait cru. Gwen avait donc raison, personne ne s'était soucié de savoir qu'étaient devenues les affaires personnelles du jeune homme.
- Ianto a toujours été secret… Sans faire de vague…
Jack regardait la jeune brune, il sentait qu'il ne savait pas tout. Et des questions vinrent bousculer son esprit. Comme s'il devait désormais y répondre pour pouvoir tourner définitivement la page sur Ianto Jones.
Et puis merde, oui, Rhiannon avait raison, Jack n'avait jamais été véritablement sincère avec le jeune homme. Souvent d'ailleurs il lui avait fait croire qu'il le considérait plus qu'en réalité. Et souvent, il avait croisé le regard de Ianto qui semblait faire semblant de le croire et puis ils en restaient la.
Faire l'autruche, c'était ce que Ianto avait fait depuis le début, pensant certainement qu'il pouvait aimé pour deux.
Jack eut un haut de cœur. Il s'écœurait parfois lui-même.
- C'était compliqué, finit-il par dire à l'adresse de la jeune brune qui leva la tête en sa direction. Je suis compliqué.
Jack tourna alors les talons et c'est la qu'il vu une photo de Ianto enfermée dans un cadre de bois. Elle était petite est passée presque inaperçue à l'inverse des nombreuses autres.
Le gallois était assis, ce n'était pas lui que l'on prenait en photo, c'était sa sœur. Il occupé le coin de l'objectif. Il devait avoir 14 ans à tout casser mais Jack le reconnu de suite. Il était en béquille, la jambe dans le plâtre et ne regardait pas l'objectif. Habillé d'un t-shirt à manches courtes, on pouvait voir transparaitre sur son bras des marques de coups.
- Doit-on oublié son passé ? Questionna alors Rhiannon voyant que l'invité fixait la photo. Je pense qu'il avait déjà assez souffert.
- Pourquoi cette photo ? Ne comprit pas Jack.
- C'est la seule, voila tout.
Jack ne se retourna pas et décida qu'il était temps de partir. De fuir. De disparaitre. Il était en colère et bien malgré lui, il ne pouvait se raisonner. Et si la fureur atteignait son paroxysme, elle s'était retournée contre Ianto. Pourquoi ?
Ianto Jones lui avait caché une vie complète en lui racontant nombreux mensonges. Jack avait été trahit, une fois encore, par le jeune homme. Quand aurait-il du le croire ? Comment discerner le vrai du faux ?
Et les questions se pressèrent dans son cerveau, ça en devenait foutrement douloureux. Il pensa alors à ce banc, ce banc de fer qu'il avait vu périr le matin même. Une voix raisonna dans son esprit… un souvenir...
- Monsieur, pouvez vous venir me donner un coup de main s'il vous plait ? Demanda la voix posée de Ianto.
Le jeune homme était habillé d'un costume trois pièces comme à son habitude mais cette fois si il avait été rudement mis à l'épreuve ce qui intrigua Jack.
- Tout dépend le genre de coup de main ? Sourit Jack, le regard pétillant.
Ianto rougit fortement, comprenant le sous entendu de son patron.
- Ca se passe dehors, monsieur.
Puis il disparu dans le couloir qui le menait jusqu'à l'office de tourisme. Jack le suivit intrigué. Ianto travaillait pour lui depuis un petit bout de temps déjà, quelques mois peut-être. Le jeune homme avait fait son travail avec discrétion et il ne venait que rarement les distraire dans la journée. Surtout depuis la mort de Susie, depuis l'arrivée de l'agent Gwen Cooper.
Jack arriva enfin dans la petite pièce et sortit quand il vit la porte d'entrée ouverte. L'air était frais et la nuit tombée déjà. Il y retrouva le jeune homme, penchait sur un banc. Un vieux banc de fer.
- Cela fait plusieurs jours que j'essaye de mettre ce banc devant la baie. Mais à chaque fois il est ramené par la police, sourit-il.
- Où l'as-tu trouvé ?
- Un peu plus haut…
- Ianto ?
- Dans le parc voisin ! Avoua-t-il. Mais vous voyez bien qu'un banc ici c'est une super bonne idée !
Jack sourit malgré lui. Il approuva d'un signe de tête désabusé les dires du jeune homme et lui demanda ce qu'il attendait de lui :
- Je voudrais que vous m'aidiez à le clouer au sol. On a bien le droit d'avoir un banc !
Jack avança vers le jeune homme qui semblait ravi. Il attrapa la visseuse et se tourna alors vers Ianto :
- Ou sont les mèches ?
- La.
Il sortit de ses poches une vingtaine de mèches et les montra à son patron.
- Je n'arrivais pas à tenir et le banc et la visseuse, expliqua alors le jeune homme.
- Les hommes de l'administrations, joua Jack en attrapant les bouts de fer.
- EH ! Je me considère bon bricoleur, se défendit Ianto en s'asseyant sur le banc pour le maintenir sur le sol.
Jack le regarda, un large sourire sur les lèvres. Il avança alors aux pieds du banc et scella la première mèche dans le sol. Ianto s'était penché pour observer si le travail était fait correctement. Foutu sens du détail, avait pensé Jack en sentant la présence du jeune homme au dessus de lui. Quand le capitaine eu finit avec les deux pieds droits, il releva doucement la tête en direction du gallois. Leurs regards se croisèrent, lentement Jack s'approcha plus près de lui. Sentant le souffle de Ianto sur son visage, il cru avoir gagné la partie, le gallois sombrerait dans le plaisir. Il posa une main sur l'accoudoir du banc et s'apprêtait à l'embrasser quand Ianto le repoussa gentiment :
- On ne peut pas monsieur.
- Et pourquoi ? S'étonna Jack, pratiquement frustré.
- Parce que mon cœur est brisé et que vous n'en avait pas monsieur.
Jack resta silencieux en continuant de le regarder, son visage à quelques centimètres de celui du gallois.
- Où alors est-il pris par une charmante brune, monsieur… hésita Ianto.
Le majordome se redressa soudainement, les joues véritablement rougies par les émotions. Jack était toujours accroupi, la visseuse dans les mains quand Ianto fit plusieurs pas vers l'entrée du bâtiment.
- Nous ne sommes plus hommes à parler de cœur, finit-il par dire avant de disparaitre derrière la porte, laissant Jack tout seul devant ce banc de fer.
Jack eut un sourire cynique en montant dans sa voiture. Oui, parfois il s'écœurait.
C'est le début... qu'en pensez-vous ?
