Bonjour à tous !

L'intégralité (presque) de ce recueil a été écrit dans le cadre de la 97e Nuit d'écriture du Fof, une communauté francophone sur feufeu remplie de gens bizarres mais fantastiques qui partagent leurs passions.

Ce recueil est, on s'en sera douté, sur James et Sirius. Un thème, un OS, une année, un moment dans leur relation. Faute d'inspiration, la 2e et la 4e année sont pour l'instant vides, j'écrirai quelque chose au cours d'une prochaine Nuit.

Sans plus tarder, je vous laisse à votre lecture.


Première année: Salut

Petit début d'une grande histoire

Toutes les grandes histoires ont un début. Parfois celui-ci prend la forme d'une prophétie, d'un signe céleste annonciateur de ce qui va suivre. D'autres fois, comme ici, tout commence par quelque chose qui semble anodin et qui fait pourtant basculer l'univers.

Le train est bondé. Bien qu'il ne l'admettra jamais à voix haute, James ne se sent pas rassuré tandis qu'il avance dans le couloir, se frayant un passage au milieu des élèves en traînant sa lourde valise derrière lui. Le garçon reconnaît certaines têtes qu'il croise et qui l'invitent à se joindre à elles, mais entre l'excitation de commencer Poudlard et la frénésie du départ, il ressent soudainement l'envie d'être au calme.

Après avoir cherché pendant ce qui lui parait une éternité, il finit par trouver un compartiment vide, si ce n'est un enfant d'à peu près son âge assis près de la fenêtre, la tête posée contre la vitre. James hésite, puis la fatigue prenant le dessus, il ouvre la porte et se faufile à l'intérieur. Le garçon redresse la tête en l'entendant et James lui sourit.

"Salut."

"Salut." Répond l'autre d'une voix hésitante.

Difficile de croire qu'à travers ces deux seuls petits mots c'est tout leur monde qui vient de changer irrémédiablement. Et pourtant.

"Je peux m'asseoir avec toi ?" demande James aimablement. "Il n'y a plus de place ailleurs…"

Le garçon hoche la tête, et se colle encore plus contre la vitre comme s'il pensait que James n'allait pas avoir suffisamment de place avec le reste du compartiment ou qu'il voulait faire oublier son existence. Ça intrigue ce dernier, et après avoir hissé sa valise dans un des filets supérieurs, celui-ci s'installe bien en face de l'autre enfant pour pouvoir l'observer. Il doit être un peu plus grand que lui, et un peu plus vieux; ses cheveux noirs mi-longs lui tombent devant le visage, dissimulant son regard gris qui après avoir fixé James pendant quelques instants, se reporte sur le paysage.

Quand, quelques longues minutes plus tard, il réalise que James le dévisage toujours, il arque un sourcil et lui fait signe de menton dans un signe de défi.

"Ça va ? T'apprécies la vue ?"

James esquisse un sourire, jamais de ceux à refuser une joute.

"Je me demandais juste pourquoi t'avais l'air d'un condamné à mort." Rétorque-t-il en haussant les épaules, feignant le désintérêt.

Le garçon lève les yeux au ciel mais ricane, et une étincelle amusée anime son regard inexpressif. James décide qu'il aime bien cette lueur.

"James. James Potter." Dit-il pour se présenter.

"Sirius." Un temps. Puis un soupir. "Black."

L'air de Sirius se renfrogne et il se replie imperceptiblement sur lui-même. James décide de ranger cette expression dans les choses qu'il n'aime pas et qu'il veut voir disparaître. Il s'installe plus confortablement sur la banquette, affiche un air tranquille.

"J'ai hâte d'être à Poudlard. J'ai entendu dire que le concierge était une vraie peau de vache et je veux voir ce qu'il vaut par moi-même."

Rire moqueur en face, mais rire tout de même.

"Pourquoi ? Tu veux l'affronter ?"

"Non mais je veux savoir s'il peut être un élément gênant pour mes futurs exploits."

Sirius hausse de nouveau un sourcil et James jubile en voyant un honnête intérêt dans ses yeux.

"Tiens donc ? M. Potter serait un casse-cou ?"

"Je ne suis pas un casse-cou." James réplique, goguenard. "Je maraude."

Au regard plutôt dubitatif qu'il reçoit, il sent le besoin de rajouter :

"C'est mon père qui dit ça. Que je maraude. J'aime bien."

Sirius sourit et acquiesce.

"Ouais. C'est plutôt cool."

Le trajet se poursuit et le temps passe. Les deux garçons s'occupent en discutant, des derniers livres qu'ils ont lus et des sorts qu'ils veulent apprendre, de la dernière chanson en vogue ou de s'ils souhaitent intégrer l'équipe de Quidditch de leur maison. En bref de tout, sauf de leur famille. James a l'intuition que le sujet est épineux, et maintenant que Sirius s'est un tant soit peu ouvert à lui il ne veut pas gâcher ça.

À la place ils se chamaillent sur des goûts de bonbons et finissent par acheter la moitié du chariot à friandises pour prouver à l'autre qu'il a tort. Ils rient et ricanent, se posent des questions et débattent des réponses. L'échange est plaisant, et les heures défilent à la même allure que le paysage. Bientôt, une jeune fille aux longs cheveux roux passe la tête par la porte du compartiment pour les avertir que le train ne va pas tarder à arriver et qu'il est temps de se changer.

Obtempérant, les deux garçons se relèvent, et tandis qu'ils enfilent chemise et robe de sorcier, James se tourne vers Sirius.

"Dis tu sais, pour cette histoire de maraude, je crois que j'aurais bien besoin d'un second."

Sirius lui lance un regard circonspect.

"Et on s'appellerait les maraudeurs ou un truc du genre ?"

Trouvant l'idée excellente, James opine vigoureusement du chef avant d'ajouter :

"Et on aurait des surnoms !"

"Des surnoms, mais bien sûr, et puis quoi encore." chuchote Sirius qui avait l'air de penser que quelque chose ne tourne pas rond chez son camarade.

Mais ce dernier a l'air tout à fait sérieux, et bien que cela lui coûte, le jeune Black se résout à rappeler brièvement la réalité des choses à l'autre garçon.

« James, ta proposition me touche mais enfin, la probabilité qu'on se côtoie en dehors de ce compartiment est quasi nulle. »

« Pas si on va dans la même maison. » objecte James comme s'il pointait une évidence.

Sirius le regarde avec un réel regret. « On n'ira pas dans la même maison. »

« Et pourquoi ça ? »

James paraît poser sincèrement la question, et Sirius à envie de lister les mille raisons évidentes qui font qu'ils ne seront jamais amis mais ses mots se bloquent dans sa gorge.

« Parce que tu vas être un parfait Griffondor. » finit-il par dire avec amertume.

« Et toi ? »

Les doigts de Sirius cessent de s'activer sur sa cravate.

« Moi je suis un Black. Et les Black ça va à Serpentard. »

« Je crois pas à ça. » déclare James d'un ton définitif. « Je crois qu'on peut choisir, que le Choixpeau tient compte de ce qu'on veut. »

Le train s'arrête. Au dehors, la gare de Pré-au-Lard se dessine, et le château derrière elle, au loin. Sirius jette un coup d'œil par la fenêtre puis reporte son attention sur James, qui attend visiblement une réponse. Il soupire.

« Dans ton monde peut-être. Dans le mien, il n'y a pas d'alternative. »

James le fixe quelques instants puis hausse les épaules.

« Moi en tout cas j'espère qu'on sera dans la même maison. Comme ça on pourra devenir les meilleurs amis du monde. »

Sirius lève les yeux au ciel.

« C'est ça.. »

« Je sais que tu n'y crois pas. Mais tu verras. »

Des bruits leur parviennent du couloir, où les étudiants se pressent pour sortir. Les deux garçons récupèrent leurs valises puis se fraient à leur tour un passage vers l'extérieur. Une fois sur le quai, James trépigne en regardant tout autour de lui tandis que Sirius reste en retrait, à l'écart. Le jeune Black regarde l'autre se faire happer par un groupe et, murmurant un adieu, il en profite pour s'éclipser discrètement.

Quelques temps plus tard, l'enfant prend place sur le tabouret de la répartition sous les yeux attentifs de l'assemblée d'élèves. A peine a-t-il posé le Choixpeau sur sa tête qu'une voix retentit dans son esprit.

Ah ! Un Black ! Avec toi la maison est toute trouvée n'est-ce p-

NON ! Proteste Sirius intérieurement. Pas Serpentard, s'il vous plait.

Pas Serpentard tu dis ? Pourtant tu serais avec les tiens là-bas…

Je suis seul parmi les miens. Le garçon réplique. Il examine l'attroupement de premières années devant lui et son regard croise celui de James. Ce dernier lui sourit et lui fait un signe d'encouragement. Et Sirius pense : Je ne veux plus être tout seul.

Alors dans ce cas, peut-être vaut-il mieux…

« GRIFFONDOR ! »

Le cœur de l'enfant manque un battement. Silence dans la salle, tout le monde le fixe avec ébahissement, puis la table des Rouge et Or explose en cris de joie et applaudissements. Dans un état second, Sirius se lève et se dirige vers sa nouvelle maison, évitant soigneusement de regarder les Serpentard où, il s'en doute, les membres de sa famille doivent bouillir de rage. En descendant de l'estrade, il ne peut s'empêcher de regarder à nouveau James.

Celui-ci rayonne littéralement.

Sirius va s'installer en bout de table, à côté de deux jumeaux aux cheveux d'un roux flamboyant, et reporte son attention sur la répartition qui poursuit son cours.

James le rejoint une demi-heure plus tard. Il s'approche, sourire suffisant sur les lèvres, et se plante devant lui, poings sur les hanches.

"Salut." Dit James avec un air de je te l'avais dit.

"Salut." Répond Sirius avec le regard du tais-toi et assieds-toi.

Il y a déjà bien plus dans ces deux seuls petits mots, une camaraderie qui s'instaure, la naissance d'une complicité et la promesse de bien d'autres conversations tenues seulement avec le regard. Cette fois, installés l'un à côté de l'autre, les deux garçons savent que leur monde ne sera plus jamais le même.

« Alors, pour cette histoire de surnoms… »

Et ce n'est que le début.


Retours appréciés et à dans deux chapitres pour la suite !