Chapitre 1: mission périlleuse

La mission périlleuse… étais-je vraiment prête à affronter mon père? Rien n'était moins sûr. Edward et moi étions arrêtés devant la maison, sous la pluie qui ruisselait sur nos visages. Peu m'importait cette ondée, nous ne pouvions pas être plus trempés que nous l'étions déjà, les cheveux dégoulinants d'eau et les vêtements bons à essorer. Les mains glacées d'Edward caressaient mes joues et effleuraient de temps à autre mes lèvres qui déposaient des baisers au creux de ses paumes humides. Mes mains tentèrent d'attraper les siennes sans succès si bien que je me concentrai sur son visage et les enfouis dans ses cheveux mouillés. Les lèvres fraîches d'Edward se déposèrent lentement sur ma bouche, descendirent dans mon cou et s'éloignèrent à mon plus grand regret. Soulevant mon menton, Edward maintenait mon visage en direction du sien, la plus belle direction qui soit, et plongea ses prunelles incandescentes dans mon regard

- Prête?

- Non, pas vraiment, répondis-je d'une voix sourde.

- Tu veux lui annoncer toi-même ou tu préfères que je lui dise? demanda-t-il avec un sourire rayonnant faisant fi de ma réponse précédente.

Alors là, pas question! Si Charlie apprenait de la bouche d'Edward notre prochain mariage, il était certain que celui-ci n'allait pas s'en sortir vivant, tout vampire qu'il soit. Je m'imaginais très bien, trop bien, Edward demandant officiellement ma main à mon père comme il l'aurait fait durant sa vie humaine. Arg! déjà le souvenir d'Edward à genoux devant moi me faisait frémir, il était inconcevable de lui laisser faire ça face à Charlie.

- Je m'en charge, d'accord? murmurai-je légèrement plus sûre de moi.

Mais sûre de quoi? Je ne savais même pas comment l'annoncer à Charlie!

« Eh, papa, tu veux bien me conduire à l'autel? Quand ça, dans un mois et demi, ça t'irais? ». Nom d'un chien, il allait me faire une crise cardiaque à coup sûr, autant appeler les secours tout de suite! Ou plutôt, il fallait que je trouve un moyen de lui annoncer en douceur.

« Euh, papa, tu sais que tu aimais passionnément maman et que tu l'as très vite demandé en mariage? Eh bien, figure-toi que c'est pareil pour moi et Edward! », non, mauvaise idée de comparer mon amour absolu pour Edward avec l'histoire de mes parents.

« Papa, Edward m'a demandé de l'épouser et j'ai dit oui », un peu mieux mais trop abrupte. Mais comment fallait-il lui dire ces mots alors que je savais parfaitement qu'il ne les accepterait pas, quelque soit la manière de lui annoncer.

- Bella, ce n'est pas en restant à attraper froid sous la pluie que tu trouveras la solution, chuchota Edward très perspicace. Viens te mettre à l'abri.

Sans me laisser le temps de réagir, il ouvrit la porte et me poussa dans la chaleur de la maison, et surtout au sec. Je grelottai, de froid et d'appréhension, et le claquement de mes dents résonnait dans l'entrée. Edward tenta de me frictionner en passant ses mains glacées rapidement sur mes bras.

- Va te changer, je t'attends ici, déclara-t-il assurément plus serein que moi.

Charlie était dans le salon et devait être trop absorbé par un match de base-ball pour faire attention à nous. La rencontre devait être importante car il s'inquiétait de savoir qui rentrait chez lui en général. Afin, pour l'heure, cela était un avantage, gagner ne serait-ce que cinq minutes était une délivrance pour moi. Pourtant retarder l'échéance ne changerait pas grand-chose au final, j'allais bien être obligée d'en passer par là.

Rapidement, je montai à l'étage, attrapai deux serviettes dans la salle de bain, en utilisai une pour me sécher après m'être changer et descendis rejoindre Edward avec la serviette sèche. Imperturbable, il patientait au pied de l'escalier, insouciant de l'eau qui s'écoulait de ses cheveux et de ses vêtements.

Il se tenait immobile face à moi, se laissant faire et observant chacun de mes gestes. Je commençai par dégager son visage divin des mèches de cheveux dégoulinantes qui lui tombaient sur le front. Prenant un coin de la serviette, j'entrepris d'éponger l'eau formant de petites perles brillantes sur sa peau marmoréenne, si blanche et si lisse. Je passai de son front à ces joues, de sa gorge à sa nuque. M'apprêtant à lui sécher les cheveux, je m'arrêtai un bref instant, les bras passés autour de son cou, avant qu'il m'attire vers lui dans une étreinte puissante et passionnée. Ses lèvres partirent à la recherche de ma bouche, parcourant mon front et mon nez avant d'atteindre leur but.

Le baiser fut malheureusement interrompu trop vite, Edward me lâcha rapidement et prit une posture plus correcte tandis que j'entendais Charlie se lever du sofa. Reprenant la tâche que j'avais commencé, je tentai de lui sécher un peu ses cheveux bronze. Enlevant la serviette de sa tête, il me sourit, incroyablement craquant avec ses mèches de cheveux humides dans tous les sens. Incapable de me retenir, je pouffai de rire.

- Salut gamine, s'exclama Charlie en sortant du salon. Bonjour Edward, ajouta-t-il beaucoup moins enthousiaste. Et bien, vous êtes trempés tous les deux. Tu veux que je te prête des vêtements pour te changer, Edward?

Alors là, j'éclatai littéralement de rire. Imaginer Edward vêtu d'un vieux jean et d'une chemise à carreaux de mon père, c'était tout bonnement impossible! Bien qu'il se serait sûrement débrouillé pour conserver son allure de mannequin. Rien ne pouvait l'enlaidir, cette idée même était absurde!

- Merci, Charlie, ça ira, répondit-il poliment.

- Qu'est-ce que vous faisiez sous la pluie, à part attraper froid? nous interrogea Charlie avec un regard inquisiteur qui me mit mal à l'aise.

- Euh… nous, euh…

Je n'y arriverais pas, jamais je ne pourrais faire sortir ces maudites paroles de ma bouche 'fiancée', 'mariage', 'épouser' … Incapable de dire quoi que ce soit, je récupérai la serviette que j'avais laissé sur les épaules d'Edward et voulu aller la mettre dans la panière de linge sale.

Je jetai un coup d'œil pour voir si Charlie attendait toujours une réponse et je fus effrayée par la vision de son visage blême. Si la peau d'un vampire était naturellement pâle, la lividité du teint de mon père était alarmante. Que c'était-il passé pour qu'il soit dans cet état? Aussitôt son teint vira au rouge écarlate. Impressionnant! Et inquiétant surtout.

- Papa? balbutiai-je en attrapant le téléphone pour appeler les secours le plus vite possible.

- Qu'est-ce que c'est que cette bague, hurla-t-il soudain.

Et flûte! Pourquoi avais-je laissé Edward me la passer au doigt maintenant. Bien sûr, il m'avait prévenu qu'il sauterait sur la première occasion venue pour que je la porte mais là, le moment était finalement mal choisi. Ou plutôt, toutes mes belles phrases pleines de tact pour annoncer notre futur mariage à Charlie ne m'étaient plus d'aucune utilité.

- Calme-toi, papa, l'implorai-je. Je… je vais me marier avec Edward, oui. Mais c'est pour mon bonheur, tu comprends? Tu veux mon bonheur, n'est-ce pas?

- Crois-moi, jeune fille, je sais mieux que toi où mène un mariage précipité, continua-t-il sur le même ton. Jamais tu ne seras heureuse en épousant ce garçon aussi tôt.

Edward était resté à l'écart, il nous observait et me soutenait du regard.

- Papa, je ne suis plus une 'jeune fille' comme tu dis et Edward est plus qu'un 'garçon', expliquai-je calmement. Nous sommes adultes et à même de prendre une telle décision. Je veux juste que tu sois heureux pour moi.

- Oh, ça je ne crois pas. Moi vivant, tu ne l'épouseras pas.

Sa voix s'était réellement faite menaçante et dure. Pendant un instant, il me fit réellement peur.

- Et que comptes-tu faire pour m'en empêcher? demandai-je prudente.

Soudain, sans que rien dans son attitude ne nous en ait avertis, il parut triste et désespéré. Se laissant tomber sur une chaise installée à côté du téléphone, il poussa un douloureux soupir et resta ainsi un long moment, les épaules voûtées.

- Qu'avez-vous fait comme bêtise? murmura-t-il peut-être plus pour lui-même que pour nous.

- Comment ça une bêtise? Tu ne crois quand même pas que j'ai accepté d'épouser Edward parce que je suis enceinte?

Alors là, c'était le pompon! Mes pires craintes sur ce mariage commençaient par mon propre père. Si lui-même avait des soupçons sur ça, qu'en serait-il en ville? Les rumeurs allaient courir bon train d'ici peu.

- Parce que ce n'est pas le cas? m'interrogea-t-il avec une lueur d'espoir.

- Bien sûr que non, m'exclamai-je.

Accablée de causer autant de peine à mon père, je m'approchai de lui et l'enlaçai pour tenter de lui montrer à quel point je l'aimais.

- Je veux épouser votre fille seulement parce que je l'aime, intervint enfin Edward. Je vous fais le serment de toujours l'aimer et la protéger.

Charlie tourna son visage vers mon… fiancé et le fusilla du regard.

- Tu as intérêt ou sinon tu auras à faire à moi, lui annonça-t-il d'un ton ferme et surtout paternel.

- Merci, papa, chuchotai-je en déposant un baiser sur sa joue.

- Bon, et maintenant il faut que tu préviennes ta mère, marmonna-t-il mal à l'aise. Au moins, elle ne verra pas la bague.

Mon soupir dû traduire l'envie que j'avais d'appeler ma mère pour lui annoncer mon mariage. Déjà, il avait été difficile de le faire pour Charlie, mais avec Renée, ça allait être vraiment compliqué. Prenant mon courage à deux mains, j'attrapai le combiné et m'isolai dans la cuisine, laissant mon père et Edward dans un face à face gêné.

Mon cœur battait à cent à l'heure tandis que les tonalités du téléphone résonnaient à mon oreille. J'espérais presque que personne ne décroche.

- Allô, bafouilla la voix ensommeillée de Renée.

Et mince! Je n'avais pas fait attention à l'heure qu'il devait être chez elle. Et bien sûr, personne d'autre n'y avait songé.

- Oh… excuse-moi, maman, bredouillai-je sachant moins que jamais par où commencer.

- Bella, ça va? Que se passe t-il? demanda-t-elle plus alerte.

Et voilà, en plus de la réveiller, je l'inquiétais. J'étais vraiment une mauvaise fille pour mes parents.

- Je… je n'ai pas fait attention à l'heure… je suis désolé. Je te rappelle plus tard, d'accord?

Avec un peu de chance, je parviendrais à gagner un petit délai.

- Non, c'est bon, Bella, dit-elle à mon grand désespoir. Tu voulais me dire quelque chose en particulier?

Maudit soit sa perspicacité! Et puis autant y aller franco, une fois la chose dite, je me sentirais sûrement beaucoup mieux.

- Oui, maman, commençai-je doucement. Edward m'a demandé de l'épouser et j'ai accepté.

Un grand blanc suivi cette déclaration. J'étais néanmoins rassurée de ne pas avoir entendu le téléphone tombé, preuve que René était toujours consciente à l'autre bout du fil.

- Et tu es bien décidée? murmura-t-elle enfin.

- Tout à fait décidée, confirmai-je vaguement soulagée de sa réaction plus calme que je n'aurais espéré.

- Quand?

- En août prochain.

- Si tôt, s'exclama-t-elle soudain moins calme. Mais pourquoi?

- Parce que je suis décidée justement, il n'y a aucune raison d'attendre plus longtemps.

Au moins je ne mentais pas à ma mère, mes paroles reflétaient exactement ce que je ressentais. Après de multiples explications sur ma décision, et l'assurance que je serais heureuse avec ce mariage, je raccrochai sachant pertinemment qu'elle ne pourrait pas se rendormir mais accourrait immédiatement à Forks.

Je sortis de la cuisine et fus surprise de retrouver Edward discutant de la cérémonie avec Charlie. Jamais je ne me serais attendu à ce que ces deux là se rejoignent sur un tel sujet.

- Ah, Bella, m'interpella Charlie. J'ai quelque chose à te montrer. Je pensais avoir le temps de t'en parler mais apparemment je me trompais. Il y a une tradition dans la famille.

Tout en m'expliquant de quoi il s'agissait, il partit chercher le document en question et le déplia devant moi. Edward me tenait tendrement par la taille tandis que je parcourais la feuille des yeux. Mon regard se fixa soudain sur des mots qui me glacèrent. Comment cela pouvait-il être possible? Incapable de rester calme, je tournai mon visage effrayé vers Edward qui fixait toujours la feuille avec une expression étonnée.