LA CHAMBRE AUX HUIT PORTES
Je n'avais pas dormi de la nuit. J'étais toute excitée à l'idée d'aller à cet entretien d'embauche. Cela faisait quelques mois que j'étais sans emploi, alors celui-là, je comptais bien l'avoir.
J'avais rendez-vous à huit heures, mais j'avais déjà mangé et étais prête depuis six heures du matin, alors pendant plus d'une heure je m'étais entraînée devant une glace à réciter tout ce que je serais susceptible de dire à mon "futur patron".
Quand le moment fut venu, je pris la route direction les locaux de l'entreprise. J'y étais allée à pied pour déstresser. Au bout d'une vingtaine de minutes, je fus arrivée. Je m'étais dirigée vers la réception où une jolie jeune femme m'accueillit :
≪ Bonjour.
- Bonjour, je viens pour passer un entretien d'embauche.
- Oui, votre nom ?
- Jewelry Bonney.
- Candidate numéro six, dit-elle à voix haute sans s'en rendre compte.
- Il y a d'autres personnes ?
- Oui, vous êtes huit.
- Oh... ≫
Sur le coup, la pression n'a fait que monter. J'avais peur de ne pas être à la hauteur. Je n'avais qu'une chance sur huit d'être prise.
≪ Au bout du couloir vous devriez trouver une salle en forme de cylindre avec des portes tout autour. Entrez par la porte verte et attendez qu'un de mes collègues vous reçoive.
- Euh... d'accord.
- Bon combat, me souhaita t-elle avec un sourire mesquin. ≫
Quand on y repense, cette phrase était assez étrange. Je n'ai pas vraiment chercher à comprendre ce qu'elle m'avait dit, je m'étais contentée de l'explication la plus logique à mes yeux, celle que je devais me battre pour avoir ce poste.
Je me rendis donc dans ce couloir et la salle en forme de cylindre apparut devant moi. Il y avait des portes colorées tout autour. Par curiosité, j'avais fait tout le tour de la salle et avais compté huit portes. Intriguée, je décida donc d'entrer par la porte verte, comme la secrétaire me l'avait dit.
Derrière, il y avait une toute petite salle avec seulement un bureau, comportant deux chaises et une autre porte de la même couleur que la précédente en face. Je m'étais donc assise sur une chaise et avais posé mes affaires sur le bureau où il n'y avait que des feuilles et un stylo. Après quelques minutes, un homme habillé d'une chemise blanche, d'une cravate noire et d'un pantalon coupe droite noir également, était entré par la seconde porte.
≪ Bonjour, me dit-il.
- Bonjour.
- Vous êtes... la candidate six, c'est ça ?
- Eh bien, c'est ce que j'ai cru comprendre, oui...
- Très bien. ≫
Il s'installa à son bureau - enfin, j'imagine que c'était son bureau - et sortit un dossier d'un tiroir puis commença à écrire à l'intérieur.
≪ J'ai amené mon CV, dis-je un peu gênée.
- Pas besoin, me répondit-il. ≫
J'attendis assise, comme ça, à parcourir les murs blanchâtres du regard pendant environ vingt minutes quand il commença à me poser des questions.
≪ Quel âge as-tu ?
- Euh... vingt-quatre ans.
- As-tu des problèmes de santé ?
- Hmm non, je suis juste allergique aux chats.
- As-tu un casier judiciaire ?
- Non.
- As-tu déjà eu des relations sexuelles ?
- Pardon ? Je peux savoir en quoi cela vous regarde ?
- C'est pour le dossier. Tu es obligée de répondre à cette question.
- ... oui, dis-je après un temps d'hésitation.
- Merci. ≫
Il continua à écrire sans parler pendant un court instant quand il se leva et commença à desserrer sa cravate.
≪ Bon eh ben au boulot hein ! me dit-il.
- Pardon ? Q-Qu'est-ce qu'on va faire ? Je suis prise ?
- Crois pas que ça m'enchante hein, t'es pas mon style. J'aurais préféré la numéro quatre. Mais c'est les ordres du patron.
- Quoi ? Qu'est-ce que vous dites ? Quel patron ? ≫
Il s'approcha de moi, me prit par les cheveux et me jeta contre le mur. Je lui hurlais de me laisser tranquille mais il ne m'écoutait pas. Il avait défait sa chemise et enlevé son pantalon. Je compris tout de suite qu'il comptait me violer. J'essayais donc de me débattre, et d'hurler le plus fort possible pour que la femme à l'accueil puisse m'entendre, mais personne n'était venu m'aider.
Je m'étais donc faite violer dans ce six mètres carrés en à peine cinq minutes.
Quand il s'est enfin retiré, il est sorti de la pièce par la porte par laquelle je suis entrée sans dire un mot. Je me suis effondrée sur le sol en pleurant et en me tordant de douleur. Quand j'eus repris mes esprits, je m'étais rhabiller comme possible et avais essayé d'ouvrir une porte, mais elles étaient toutes les deux fermées. Je m'étais ensuite ruée sur le dossier. Dedans il y avait une photo de moi avec écrit candidate numéro six, et toutes les informations que je lui avais données. D'un coup, la deuxième porte verte, celle derrière le bureau, s'est ouverte. J'ai lentement avancé en sa direction. Quand je l'avais complètement ouverte, j'avais été éblouie par une grande salle ronde toute blanche au point qu'on ne distinguerait pas le mur du sol. Tout autour il y avait sept autres portes toutes d'une couleur différente.
≪ Combat entre le candidat six et le candidat huit. ≫
Je sortis de la petite salle et aperçus l'une des sept autres portes - la blanche - s'ouvrir. Dans l'encadrement, il y avait un homme assez musclé, aux cheveux verts. Il avait un regard terrifiant et des cicatrices partout.
« C'est parti ! »
À ces mots, l'homme s'était mis à courir dans ma direction. Ne sachant pas quoi faire, j'avais hurlé et étais retournée dans la petite salle en espérant pouvoir ressortir par l'autre porte. Malheureusement elle était toujours fermée à clé. C'est là qu'il m'attrapa, me tira par les cheveux et me jeta contre le sol, telle une bête féroce.
Je fus apeurée, je pleurais toutes les larmes de mon corps, espérant qu'il me laisse en vie, mais cela ne changea rien. Il se mit à me frapper.
Il commença par me donner des coups au visage, puis, voyant que j'étais déjà sur le point de m'évanouir, il me souleva et commença à tordre mes bras. Je me mis à crier et il me relâcha. Il s'était dressé devant moi, attendant que je me batte, mais d'un signe de tête, je lui fis comprendre que je ne pouvais pas, et il me donna un dernier coup de point qui m'évanouit instantanément.
