Coucou tout le monde !

Ce n'est toujours pas la suite d'On the Road mais j'y travaille. Cette fic est à moi et rien qu'à moi. ;)

Saison 7, avec Janet mais Sam n'a jamais rencontré Pete. Pour cause, Bones et Booth l'ont arrêté pour avoir tué le père Noël. (excellent épisode je le conseille à tous.)

Merci à Audéarde d'avoir corrigé cette fic avec toute la patience qui la caractérise.

RISING

On ne peut pas fuir devant une faiblesse. Il faut la combattre ou pire, et si ça doit être le cas, pourquoi pas maintenant et là où l'on se trouve ?

Robert Louis Stevenson.

Chapitre 1 : It's always a matter of choice

« Serpent… »

Sam grimaça au choix de son supérieur mais sourit un peu plus largement, sachant qu'elle ne mettrait pas plus de quelques minutes à gagner.

« Panthère… »

Le Colonel grogna et agrippa son MP5 avec une force non justifiée. Sam ne put retenir un hochement de tête amusé. Ils jouaient à ce jeu stupide depuis environ quinze minutes et si, au début, elle était réticente, le fait de gagner à chaque fois l'avait vite convaincue du bien fondé de la distraction. P7G534 était une jolie planète boisée et rien ici n'avait l'air d'une menace. SG1 s'était séparée un peu plus tôt à un croisement de chemins. Daniel et Teal'c avaient pris à droite et avaient rapidement rencontré des traces de civilisation, ils les avaient prévenus que les Melkorans leur accordaient l'hospitalité. Visiblement, il y avait beaucoup à gagner en termes de technique médicale et les autochtones étaient enclins au commerce. Du moins, c'était ce que les rapports réguliers du linguiste leur apprenait depuis plus d'une heure.

Les deux militaires avaient décidé de pousser un peu l'exploration des environs, heureux de pouvoir, pour une fois, profiter d'une planète où les Goa'ulds ne risquaient pas de débarquer d'une minute à l'autre. Et peut-être un peu heureux aussi de pouvoir passer un peu de temps ensemble…D'où ce jeu que Jack avait démarré un quart d'heure auparavant et qui consistait à donner un mot commençant par la dernière syllabe du précédent. Le colonel peinait et Sam était aux anges.

« Euh…Teee…rrasser. Terrasser. »

« Séduire. »

Le mot franchit ses lèvres sans son autorisation et elle sentit un léger rouge s'étaler sur son visage. Super. Le Colonel toussa une ou deux fois, visiblement surpris par son choix. Ils avaient évité au maximum ce genre de propos trop direct toute la journée, flirtant de façon plus subtile et peut-être plus frustrante, mais nettement plus amusante.

« Intéressant, Carter… »

Retrouvant en une seconde son aplomb, elle répliqua, sourire aux lèvres. « Perdu, mon colonel. »

L'homme fronça les sourcils et la dévisagea quelques instants, cherchant probablement à déterminer si elle avait dit ça pour le déstabiliser et gagner ou si c'était sorti tout seul. Finalement, il la gratifia d'un de ses sourires en coin mystérieux avant de faire un geste des mains.

« Ok. Je m'incline. Vous avez gagné. » Il attendit qu'elle l'ait devancé de quelques pas avant de rajouter. « Mais en trichant. »

Elle leva les yeux au ciel. « C'était parfaitement régulier. » Soupirant en constatant que la forêt n'offrait rien de plus intéressant que des arbres, elle tourna la tête vers son supérieur. « On rejoint Daniel et Teal'c, mon Colonel ? Je ne pense pas qu'on trouvera autre chose ici. »

Le colonel hocha la tête avant de bifurquer vers l'ouest. « Coupons par les bois. Inutile de retourner sur nos pas, d'après ce que Daniel a dit, la cité est assez grande pour qu'on la voit de loin. » Il fit une petite grimace à son équipière. « Allons-y, major diabolique. »

« Très bien, si vous êtes aussi persuadé que j'ai triché, trouvez un mot qui va avec séduire. »

Il y avait une certaine fierté dans sa voix, sachant qu'il n'en trouverait pas. Elle-même ne pouvait penser à aucun mot commençant par 're' à cette minute. Cependant, elle ne s'attendait pas à sa réponse.

« Un mot qui va avec séduire ? Carter. »

Elle mit un moment à comprendre ce qu'il sous-entendait et quand son esprit décoda enfin ses propos, le rougissement revint, s'étalant un peu plus sur ses joues et sa nuque. Elle refusa de le laisser gagner. Le jeu venait de changer et elle était totalement décidée à remporter celui-ci comme elle l'avait fait avec l'autre.

« Ce n'est pas vraiment ce que j'associerais à mon nom, Colonel. »

Le sourire s'élargit encore devant son faux air revêche. « Et bien, vous auriez tort. Vous êtes séduisante, ce n'est pas ma faute. »

Elle écarquilla les yeux, complètement effarée qu'il ait pu dire quelque chose d'aussi peu professionnel. D'aussi peu…D'aussi…flatteur. A voir sa tête, il était aussi étonné qu'elle. Décrétant d'un commun accord qu'il y avait match nul, ils se remirent à marcher en silence. Quelques minutes plus tard, ils débouchaient dans une clairière. Levant les yeux, le colonel poussa un grognement agacé.

« Un problème, mon colonel ? » demanda aussitôt la jeune femme.

Le militaire haussa les sourcils et lui fit signe de regarder dans la direction où ils allaient. Elle s'exécuta mais ne vit rien de spécial. Et ça finit par faire tilt. Il n'y avait pas de cité en vue, or ils auraient dû l'apercevoir maintenant.

« On est perdus. » constata-t-elle sobrement, sachant d'expérience que, comme tous les hommes, le colonel avait un léger problème à admettre qu'il ne savait pas où il était. De façon non surprenante, la réponse de son supérieur fut teintée d'ironie.

« Pas la peine de sortir les fusées de détresse, Carter, on n'est pas perdus puisqu'on sait où on est. »

Ravalant le sourire amusé qui lui montait aux lèvres malgré la précarité de leur situation, elle fit de son mieux pour que le sarcasme ne perce pas sous sa question.

« Et où est-on ? »

Il haussa les épaules, reprenant sa marche, comme si la réponse était évidente. « Nous sommes sur P7G534, à approximativement 5 kilomètres de la Porte et 1 kilomètre de la cité des Melkorans. »

Préférant ne pas répondre à tant de mauvaise fois, Sam empoigna sa radio. « Daniel ? Nous sommes dans une clairière vers l'est de votre position, mais nous ne voyons pas la cité. »

Le colonel leva les yeux au ciel devant son manque de foi dans ses explications, mais ne répliqua pas. A la place, il s'arrêta et attendit la réponse de l'archéologue.

« Karlan pense savoir où vous êtes. Ne bougez pas, on vient vous chercher. »

Poussant un soupir, Sam s'approcha d'un caillou plat et relativement large et s'assit dessus avec soulagement. Ca faisait bien une heure qu'ils crapahutaient sans avoir fait de pause et son équipement commençait à peser. Le colonel la rejoignit, grommelant qu'il aurait pu les mener tout seul à la cité et qu'il n'avait pas besoin de l'aide d'un archéologue allergique à tout, sauf –et c'était malheureux, d'après lui- à la poussière. N'étant pas d'humeur à bercer son ego de douces paroles, elle le laissa râler, écoutant d'une oreille distraite tout en réglant un de ses détecteurs. Elle s'amusait à en augmenter la portée, pour voir jusqu'où son réglage lui permettait d'aller quand il se mit à biper, interrompant ainsi le flot de paroles de Jack.

« Carter ? »

Elle fronça les sourcils, tourna un bouton…Le bruit s'intensifia.

« Je capte des traces de Naquada, mon Colonel. » Elle se mordit la lèvre inférieure. D'après son détecteur, c'était à peu près à 50 mètres au nord de leur position…Quelques mètres de plus ne feraient pas grande différence, non ? Daniel les retrouverait quand même… « Mon colonel… »

« On y va, major. Je n'ai pas envie que vous boudiez toute la journée parce que je vous aurai refusé un nouveau jouet. »

Refusant de réprimer son sourire, elle replaça son pack sur son dos, toute trace de fatigue soudain envolée. Ignorant le regard amusé de son supérieur, elle traça son chemin à travers les arbres. Cinq minutes de trajet furent nécessaires avant que le bip ne se fasse strident. Inutile cependant. Nul doute sur la localisation du Naquada.

Devant eux, se tenait un temple plutôt modeste et visiblement abandonné. Elle jeta un coup d'œil à son supérieur qui haussa les épaules. Ensemble, ils montèrent les quelques marches, MP5 prêts à l'usage. L'intérieur était sombre et une épaisse couche de poussière recouvrait le sol de bois. L'odeur de renfermé était à peine supportable mais Sam avança quand même. Il y avait peu de choses qui la feraient reculer quand il était question de Naquada. Le Colonel la dépassa, éclairant les ténèbres du faisceau de sa lampe. De ce qu'elle pouvait voir, la pièce était vide. Il n'y avait rien ici.

« Carter ? Vous êtes sûre de vous ? »

Elle jeta un coup d'œil à son appareil de mesure avant de froncer les sourcils. « Je ne comprends pas, mon colonel. »

Sam fit un pas en avant, cherchant à se rapprocher de son supérieur pour qu'il constate par lui-même. Un bruit la coupa dans son élan. Elle leva la tête, fit un pas en arrière…et s'étala de tout son long quand sa jambe traversa le plancher. Le cri, peu digne d'un officier de l'air force, fut immédiatement suivi par celui du Colonel.

« Carter ! »

C'était affreux, son corps glissait vers l'arrière tandis que le sol s'effondrait sous elle. En équilibre instable, ses jambes pendaient dans le vide, elle n'était accrochée que par la force de ses bras. Elle ne savait pas ce qu'il y avait dessous, sur combien de mètres s'étendait ce précipice. Calculant qu'à vue de nez, ça ne devait pas être trop profond, elle décida qu'il y avait de bonnes chances qu'elle survive à la chute. Jack traversa la maigre distance qui les séparait, et elle réagit trop tard. Si le plancher avait cédé sous son poids, il était clair que le colonel ne parviendrait pas jusqu'à elle. Et en effet, les planches pourries se dérobèrent sous ses pieds.

Il s'étala violemment sur l'espace libre qui restait entre eux. En une poignée de seconde, ils tombèrent. Ce qu'elle ne comprit pas, en revanche, c'est comment il s'arrangea pour l'attirer à lui pendant la chute. Parce qu'une chose était sûre, quand ils touchèrent le sol, elle s'écrasa sur sa poitrine et ce fut lui qui heurta le sol de plein fouet dans un cri de douleur.

Le silence retomba sur eux en même temps que la poussière. Elle resta immobile. Quand bien même aurait-elle voulu bouger, le tremblement qui agitait ses membres ne le lui aurait pas permis. Elle laissa donc sa respiration s'apaiser, la calquant sur celle, régulière, de son supérieur. Finalement, Jack leva le bras et sa main se posa sur son épaule.

« Rien de cassé, Carter ? »

Elle leva les yeux, et réalisa que la chute avait été courte. Elle voyait la clarté qui venait de l'extérieur. Ils ne remonteraient pas tout seul par contre. S'appuyant sur ses mains, elle se redressa avec précaution. Ses jambes avaient soufferts du choc mais n'étaient pas trop douloureuses. Elle passa donc à genoux, autorisant son supérieur à se relever lui aussi.

« Non, ça va. Et vous ? »

Elle fit jouer l'articulation de son coude deux ou trois fois, certaine qu'il y avait là un bleu qui entrerait dans le livre des records. Intriguée de l'absence de réponse du colonel, elle alluma la lampe intégrée à son arme, sa lampe torche perdue à jamais, et éclaira le visage de l'homme qui avait spontanément amorti sa chute.

« Mon colonel ? »

Il cligna des paupières sous l'apparition brutale de lumière dans ses rétines et posa une main sur ses yeux. « Carter ! »

« Désolée. » s'excusa-t-elle, faisant glisser le faisceau plus bas sur son visage. Il n'avait toujours pas bougé. « Vous êtes blessé ? »

Question un peu idiote. On ne passait pas à travers un plancher sans au moins avoir une petite blessure. Son bras gauche serait raide pendant des jours. Il serra la mâchoire. « Je crois que ma jambe est cassée. »

Elle dirigea aussitôt sa lampe vers les jambes de son supérieur, fronçant les sourcils quand elle ne vit aucune blessure apparente. Peut-être qu'il avait eu de la chance et que la fracture n'était pas ouverte. Ils savaient tous les deux à quel point elle était nulle quand il fallait mettre des attèles.

« Laquelle ? »

« La droite. » Répondit-il dans un grognement. Elle se déplaça avec précaution, attentive à ne pas toucher quoi que ce soit qui déclencherait un nouvel effondrement, et fit jouer ses doigts sur son mollet. Quand il ne réagit pas, elle remonta jusqu'au genou. Là, un léger cri de douleur lui échappa. Passant sa main un peu plus fermement autour de l'articulation, elle ne sentit pas vraiment de dislocation ou de fracture. Ce n'était probablement pas grave.

« Je pense que c'est une entorse, mon Colonel. »

Se redressant sur les coudes, il planta son regard dans le sien et malgré la pénombre, elle perçut l'intensité de son regard.

« Je l'ai senti craquer quand on a atterri. Vous êtes sûre que ce n'est pas cassé ? »

Elle secoua la tête. « Je ne suis pas docteur…mais je ne sens pas de fracture. C'est votre genou qui a pris. »

Il se rallongea avec un drôle de petit rire désabusé. « Alors, ça explique la douleur…Mais il faudra quand même qu'on m'explique ce que mes genoux ont fait pour mériter ça ! C'est toujours eux qui prennent ! »

Elle grimaça. « Je suis désolée, c'est ma faute. »

Il leva les yeux au ciel. « Bien sûr que non. Vous ne pouviez pas prévoir que le plancher allait céder. Par contre, vous pourriez prévenir Daniel. »

Elle s'exécuta sans se faire prier et, une fois l'archéologue et le Jaffa mis au courant de leur situation, elle ôta sa veste et la posa sur son supérieur qui protesta aussitôt. « Carter, j'ai une entorse pas un traumatisme crânien. Remettez ça avant d'attraper la crève. »

Il était vrai que le mince tee-shirt de coton offert par l'armée ne la préservait pas vraiment du froid, mais bon…Parlant de traumatisme crânien…

« Vous avez pris un sacré coup sur la tête, mon colonel. »

Sans répondre, il lui tendit sa veste, attendant qu'elle la prenne. Quand elle ne le fit pas, il s'assit tant bien que mal, ignorant les protestations douloureuses de sa jambe.

« Vous vous rappelez ce que j'ai dit tout à l'heure ? Que vous étiez séduisante ? Les femmes avec le nez qui coule ne le sont pas. Remettez ça tout de suite. »

Elle ne trouvait pas ça particulièrement avisé de remettre cette histoire de séduction sur le tapis quand ils étaient seuls dans le noir mais, encore une fois, elle choisit de se taire. Devinant qu'il n'accepterait pas son aide quoi qu'elle dise, elle attrapa le vêtement et le renfila. Après tout, elle n'avait pas particulièrement envie d'être malade.

« Sam ! Jack ! »

Ils levèrent simultanément la tête à l'appel de Daniel mais furent incapable de distinguer la tête de l'archéologue.

« On est là ! »

Jack jeta à la jeune femme un regard intrigué. Certes, il ne serait pas malin d'entrer dans le temple mais le seuil était en pierre et il doutait que leurs amis craignent quoi que ce soit en s'y risquant.

« On va vous envoyer une corde ! »

Jack leva les sourcils et Sam sentit monter la colère de son supérieur. Il ne comprenait pas le comportement de Daniel, et elle n'était pas sûre de le comprendre elle-même. La voix du linguiste était tellement lointaine qu'on aurait dit qu'il se tenait au pied des marches. Elle empoigna sa radio, devançant les mots hargneux de l'homme qui se tenait face à elle.

« Daniel, le colonel est blessé. Il ne pourra pas remonter. Et puis, avancez un peu ! On dirait que vous êtes à des mètres de nous ! »

Il y eut un silence, puis la radio grésilla à nouveau et la voix de Teal'c résonna dans la petite caverne.

« Enroulez la corde autour d'O'Neill, major Carter. Je le tracterai. »

Prenant une grande inspiration, Jack attrapa sa propre radio. « Vous aurez du mal à faire ça, si vous n'avancez pas ! Qu'est ce qui se passe là haut ? »

La seule réponse qu'il obtint fut le pathétique « On envoie la corde. » de Daniel. Et, en effet, quelques secondes plus tard, ils l'entendirent fouetter l'air et retomber sur les restes de plancher au dessus d'eux. Le choc aussi mince fut-il envoya voler une dose non négligeable de poussière et ils se mirent tous deux à tousser. Quand le nuage se fut dissipé, Sam attrapa la corde.

« Passez en premier, Carter. »

Levant les yeux au ciel à sa courtoisie déplacée, elle lui tendit la main pour l'aider à se lever.

« De toute façon, Teal'c va devoir nous remonter tous les deux. Le plancher cèdera au moindre effort. »

Il la dévisagea, puis saisit sa main, reconnaissant une certaine logique à ce qu'il passe d'abord. Sautillant pour retrouver son équilibre sans pour autant appuyer sur sa jambe, Jack attrapa le bout de la corde de sa main libre. L'autre était toujours fermement agrippée à celle de Carter. La jeune femme était réticente à la retirer…Elle appréciait le soutien contenu dans ce simple contact. Elle l'appréciait même si elle n'en avait pas le droit.

« Vous pouvez m'aider ? »

Il lui tendit le bout de corde mais elle ne bougea pas, trop consciente du peu d'espace entre leurs corps. Fronçant les sourcils, il baissa la tête vers elle, cherchant ce qui avait induit cette immobilité soudaine.

« Carter ? »

Ce n'était pas bien. Pas bien du tout. Il ne devrait pas provoquer ça chez elle. Non…Son cœur n'était pas censé s'emballer…Elle n'était pas censée avoir une bouffée de chaleur…Elle n'était pas censée vouloir se fondre entre ses bras…

« Carter ? Ca va ? »

Leurs regards se rencontrèrent brutalement.

« Mmm ? »

La corde s'envola tandis que sa main se posait à l'arrière de sa tête, cherchant une plaie qu'il ne trouverait pas puisqu'elle n'existait pas.

« Vous avez mal quelque part ? Vous vous êtes cogné la tête ? »

Elle fit un pas en arrière et s'éclaircit la gorge. « Euh…non. Je peux…hum…récupérer ma main ? »

Il baissa les yeux vers leurs mains jointes et la lâcha précipitamment. « Désolé. »

Elle se força à sourire nonchalamment et entreprit de fabriquer un harnais de fortune. Quand ce fut fait, elle évita son regard. « Teal'c, vous pouvez y aller. »

Le colonel s'éleva lentement dans les airs et disparut. Cinq minutes plus tard, la corde revenait et elle s'envolait à son tour. Elle heurta le seuil du temple brutalement et fut surprise qu'aucun bras ne se tende pour l'aider. Se débrouillant comme elle put, elle se hissa sur les marches et se releva, prête à remercier, avec toute l'ironie mordante qu'elle avait en réserve, ses amis de l'avoir sauvée. S'ils avaient été aussi prévenants avec Jack, le pauvre avait dû déguster pendant la remontée.

Passant une main dans ses cheveux pour en chasser la poussière, elle dévala les cinq marches qui la séparaient des autres. Outre le reste de son équipe, il y avait là trois hommes habillés de blancs et drapés dans une fierté dégoulinante de vanité, et quelques autres qu'elle supposait être des Melkorans. Sa colère se calma aussitôt lorsqu'elle vit la tête de son supérieur. Il semblait être plus furieux qu'elle. Et ce n'était pas dirigé contre leurs amis mais contre les trois personnages en blanc.

« Et, en plus, vous voyagez avec une femme ! »

L'homme qui avait parlé semblait être le plus jeune des trois. En temps normal, ça n'aurait pas posé un réel problème à Sam d'être considéré comme 'la femme'. Elle avait fini par s'y habituer sans pour autant l'apprécier. Seulement, aujourd'hui, elle en avait marre. Elle avait failli se rompre le cou, pour l'amour du ciel !

« Ca vous pose un problème ? »

Daniel grimaça comme si elle venait de mettre les pieds dans un plat déjà bien gâté.

« On se calme, major. »

Le ton froid de Jack contrastait tellement avec celui qu'il avait utilisé quelques minutes à peine auparavant que ça la stoppa net. Venant se ranger près de lui, elle agrippa son arme. Elle n'aimait pas l'hostilité qu'elle lisait sur les visages et elle n'aimait pas que tous ces hommes se soient disposés en arc de cercle comme pour mieux les contraindre à obéir.

« Lequel d'entre vous est son compagnon ? Une femme ne peut voyager sans son compagnon ! »

C'était toujours le même qui parlait. Les autres étaient murés dans leur silence. On aurait dit des statues. Daniel ne se risqua pas à répondre à sa question, pas plus que Teal'c, Jack ou elle.

« Sacrilège ! » s'écria-t-il devant le manque de réactions.

« Garkan… »

L'intervention de Daniel fut balayée d'un geste de la main.

« La punition pour une femme sortant seule est la mort immédiate. »

Les MP5 se levèrent aussitôt face aux armes étranges des autochtones. Daniel tenta de faire un pas mais un regard impérieux de Jack le ramena en arrière.

« Allons, Garkan, tu ne leur as pas laissé le temps de répondre…Lequel d'entre vous est le compagnon de cette jolie demoiselle ? »

L'homme en blanc situé à l'extrémité droite. Donc, les autres n'étaient pas muets…Bon à savoir.

Reconnaissant dans l'attitude du vieillard une certaine bienveillance, elle garda son attention sur le dénommé Garkan. Il était dangereux. Et la lueur cruelle qui brillait dans ses yeux ne lui disait rien de bon.

« Elle est sous ma responsabilité. Personne ne lui fera rien du tout. »

La réplique du colonel était douloureusement familière. Combien de fois s'étaient-ils retrouvés dans cette situation par le passé ? Trop. C'était clair.

« Ca ne vous sauvera pas, étranger. Vous avez enfreint la loi de Donzar. Vous devez mourir. »

Sam fronça les sourcils. Qu'est-ce que c'était encore que Donzar ?

« Ils ne savaient pas, Conseiller. Vous ne pouvez pas les punir pour quelque chose qu'ils ignoraient…»

A nouveau, la plaidoirie de Daniel fut effacée d'un geste.

« La loi est la loi, docteur Jackson. Elle est la même pour tous. »

Vu que le Colonel ne se décidait pas à poser la question, Sam intervint.

« Qu'avons-nous fait de mal ? »

Le regard perçant et malveillant de Garkan se vrilla dans le sien avec haine. « Vous avez enfreint la loi de Donzar ! Vous avez souillé son temple ! Pire que ça ! Vous l'avez détruit ! Vous méritez la mort pour ce crime ! »

Elle tourna la tête vers Daniel qui explicita. « Il est interdit d'entrer dans le temple sous peine de mort. »

Elle échangea un regard avec le colonel. Evidemment, c'était interdit. Où avaient-ils la tête ?

« Ecoutez, on est vraiment désolés pour votre temple…Vraiment magnifique, au fait…Un peu poussiéreux, mais…Bref, on va s'en aller. »

Jack fit deux pas en arrière, aussitôt imité par Carter et Teal'c. Daniel semblait plus indécis. Ce qui, de toute façon, ne fit pas grande différence dans la mesure où les armes des étrangers se levèrent de façon plus agressive.

« Vous et la femme avaient enfreint la loi de Donzar ! » répéta le dénommé Garkan.

Le colonel leva les yeux au ciel. « Oui, ça, on avait bien compris. »

« Vous devez mourir ! C'est la seule façon de réparer le sacrilège. »

Sam retint le soupir qui menaçait de passer ses lèvres. Ca en devenait lassant. Ce genre de chose arrivait trois fois par mois et se terminait généralement par un échange de feux nourris et une course poursuite jusqu'à la Porte.

« Tu oublies le Banraï, Garkan. »

Elle reporta son attention sur l'autre vieillard. Il semblait presque amusé par la colère de son compatriote.

« Le Banraï ?! Celui-ci » Il désigna O'Neill d'un geste de la main. « est blessé. Il ne passera pas une seule des épreuves… »

Un petit sourire apparut sur les lèvres de leur défenseur. « La loi de Donzar dit : 'Un des pêcheurs rachètera le groupe…' Rien ne dit que c'est à l'homme d'accomplir le Banraï…Sa compagne a le droit de le tenter, elle aussi… »

Le regard méprisant de Garkan se posa sur elle et Sam frissonna, bouillant d'envie de lui rabattre son caquet. Elle se mordit la langue pour s'empêcher de dire quelque chose qu'elle regretterait aussitôt. C'était à Daniel de faire la causette. Ou à Jack, à la rigueur.

« Qu'est ce que le Banraï, Karlan ? »

Le vieillard bienveillant approuva de la tête la question de Daniel. « C'est un rituel consistant en sept épreuves s'étendant sur sept jours. De mémoire d'homme, un seul a réussi les sept épreuves et c'était Donzar en personne. Si vous vous engagez dans le Banraï, vous ne pourrez plus reculer. »

Jack et Sam échangèrent un regard, s'alarmant tous les deux du même fait.

« Qu'est-il arrivé à ceux qui ont échoué ? »

Karlan répondit d'une voix dénuée d'émotion. « Ils sont morts. »

Elle sentit le colonel se tendre à côté d'elle, détailla plus étroitement les armes que les étrangers pointaient sur elle, et décida qu'il n'y avait pas cinquante façons de se sortir de là. L'un d'entre eux allait devoir s'engager à tenter le Banraï et ferait mieux de le réussir. Sachant que son supérieur allait se porter volontaire, elle fit un pas en avant et baissa son arme. Il était hors de question qu'elle laisse le colonel faire quoi que ce soit avec un genou bousillé.

« Je vais le faire. »

Elle toisa Garkan qui la regardait, horrifié. Karlan en revanche la gratifia d'un sourire approbateur.

« Es tu sûre, jeune fille ? »

Jeune fille ? Ca faisait des siècles qu'on ne l'avait pas appelé comme ça. « Aussi flatteur que ce soit, je ne suis pas si jeune que ça. »

« J'ai cent vingt-trois ans, mon enfant. Pour moi, tu es jeune. »

Cent vingt-trois ans ?! Daniel se pencha vers elle. « C'est grâce à ces plantes…Il faut à tout prix les négocier… »

Avant qu'elle ait eu le temps d'approuver, Garkan sortit de son mutisme. « Une femme passant le Banraï ?! Sacrilège ! »

« Oh, changez de disque ! » s'écria son supérieur. Dans le même temps, il attrapa son bras et la tira en arrière. Elle était presque certaine que le chuchotement était perceptible à des mètres à la ronde. « Vous êtes folle ou quoi ? Vous l'avez entendu, Carter ? Hors de question que je vous laisse faire ça. »

« Mon colonel, vous êtes blessé. Je suis aussi capable que vous de… » Murmura-t-elle à son tour. Plus bas mais pas dénué d'une certaine colère.

« Pour l'amour du ciel, Carter, cessez de penser que vous devez prouver quoi que ce soit ! Je ne laisserais pas davantage Teal'c tenter sa chance ! Je ne vous laisserais pas faire ça. »

Avant qu'elle ait eu le temps de répliquer que, ordre mis à part, il n'avait pas à lui permettre quoi que ce soit, il avait fait un pas devant elle. « Je vais faire ce que vous voulez. »

Ca aurait été nettement plus impressionnant s'il n'avait pas boité. Karlan fronça les sourcils.

« Votre blessure vous empêchera d'accomplir la plus simple des épreuves. »

« Un infirme vaut mieux qu'une femme ! »

Grinçant des dents, Sam se décala. Elle n'avait jamais aimé qu'on prenne les décisions pour elle. Elle n'aimait pas non plus qu'on se mette devant elle, aussi bonnes fussent les intentions.

« Paix, mes frères. »

La voix grave de l'homme vêtu de blanc qui se tenait entre les deux autres retentit, haute, au dessus de ce chantier. Il salua SG1 d'un hochement de tête.

« Je me nomme Tarhan et je suis la voix du Conseil des Trois. Bien que le Conseil semble en avoir trois, aujourd'hui. » Il jeta un regard infime de reproche aux deux autres. « Garkan, mon ami, la femme a le droit de tenter le Banraï si tel est son désir, et son désir a été exprimé et entendu par le Conseil. Elle passera le Banraï en son nom et celui de son compagnon. »

Jack ouvrit la bouche mais un geste le fit taire. Il tourna la tête vers Carter.

« Tu dois maintenant choisir ton gardien, mon enfant. »

Déstabilisée par ce revirement de situation, Sam balbutia. « Mon gardien ? »

Karlan lui sourit gentiment. « Chaque candidat au Banraï a droit à un gardien. Son rôle est de soutenir, d'apaiser et de soigner. »

Spontanément, son regard accrocha celui de Jack en une question muette. Lentement, il hocha la tête. Prenant ce geste pour un accord, Tarhan reprit la parole.

« Donne ton nom et celui de ton gardien au Conseil, jeune fille. Mais sache que si tu échoue, ton gardien mourra avec toi. »

Faisant de son mieux pour prendre une voix forte et claire, Sam déglutit. « Je m'appelle Samantha Carter. Et mon gardien sera… » Elle hésita, réticente à risquer la vie de Jack ou celles de Daniel et Teal'c. Décidant qu'elle se débrouillerait toute seule, elle s'apprêtait à déclarer qu'elle n'avait pas besoin de gardien quand la voix du colonel la prit de court. « Jack O'Neill. »

Elle tourna la tête vers lui, à peine consciente des regards scrutateurs des membres du Conseil. Il la dévisageait, étouffant toutes protestations éventuelles du regard 'vous n'avez pas intérêt à faire ça'. Il ne l'avait jamais encore employé sur elle et ça lui fit un léger choc.

Considérant son silence comme une approbation, Tarhan reprit. « C'est donc réglé. Samantha Carter et Jack O'Neill suivront la voix de Donzar, puisse-t-elle leur être bénéfique. Quand à moi, j'accompagnerai le docteur Jackson et Teal'c sur Terre pour mettre au point les bases du traité. »

Daniel protesta, demandant à rester avec eux le temps du Banraï mais Tarhan rétorqua que personne ne verrait la 'pécheresse' durant la semaine à venir, mis à part son gardien. Super, elle était devenue pécheresse. Cool. Son père serait ravi de l'apprendre.

Lorsque Daniel l'étreignit pour lui dire au revoir, elle eut la vague impression qu'il devinait en quoi consistait exactement ce Banraï. Il ne lui dit rien et elle n'en demanda pas davantage. Elle verrait bien assez tôt. Et puis, ça ne pouvait pas être si terrible que ça…Si ?