La destinée d'un héros
Premier chapitre du Challenge Noname de Mars, à savoir, une histoire avec trois points de vue différents. Ajouté à cela, je mettrais à chaque début de chapitre le nom d'une musique Youtube pour accompagner. Sur ce, bonne lecture : )
Peter Crowley – The Last Hero
Chapitre 1 : Le Prince
Siegfried s'avançait vers la salle du trône, luttant pour ne pas trembler. Au fond de la grande salle de pierre bleutée aux colonnes d'obsidienne, creusée à même le cœur de la montagne, se trouvait un imposant trône de pierre aux ciselures de métal. Et dans ce trône, revêtu de sa fameuse armure noire, se trouvait le roi sombre. A sa droite, dans une cellule de pierre aux barreaux de fer, se trouvait la princesse Amanda qu'il avait enlevé il y a peu. Cette dernière était la seule héritière du royaume d'Askalion, le rival du royaume d'Elter d'où venait Siegfried. Néanmoins, malgré les mauvais rapports entre les deux contrées, le prince n'avait pas hésité. Il savait être le seul à même de la sauver et il ne mettrait pas ses principes de côté au nom d'une querelle dont tous avaient oublié l'origine. Le roi sombre se leva lentement de son trône, sa cape pourpre cascadant dans son dos. Siegfried ne l'aurait jamais avoué à quiconque, pas même à lui-même, mais il avait peur. Il était terrifié par l'apparence menaçante de son ennemi. Les plaques d'acier noir de l'armure étaient mates, semblant aspirer tout reflet, sa cape claquant dans les courants d'air de la salle rendait sa silhouette encore plus imposante, son épée large à la garde sombre ornée d'un rubis luisait dans l'obscurité d'un éclat dangereux, et surtout, il y avait son casque. Un morceau de métal noir avec des cornes d'os, dissimulant entièrement son visage, faisant douter de son humanité même. Lentement, le roi sombre s'avança.
Bien qu'il se fasse appeler roi, Siegfried ne lui connaissait aucun sujet. Il n'avait rien trouvé d'autre que des pièges dans ce palais niché dans la montagne. Et les dangers qu'il avait déjà traversé l'aidèrent à ne pas reculer. Tirant sa propre épée, il s'avança. Les deux combattants accélérèrent peu à peu jusqu'à se charger et les épées s'entrechoquèrent violemment. Siegfried ressentit le choc dans son bras et sut qu'il ne pourrait vaincre son adversaire par la force. Par chance il avait privilégié une armure légère en cuir afin de faciliter ses mouvements, la vitesse et l'agilité pourraient faire la différence. Alors que le roi sombre assénait un nouveau coup, le prince se déporta sur sa gauche, passant en dessous de l'épée. Le flanc de l'ennemi exposé, il envoya un violent revers. A sa grande surprise, il sentit son épée s'arrêter net. Le roi avait ramené son épée à une vitesse incroyable et avait bloqué le coup. Pris de court, Siegfried n'eut que le temps de bondir en arrière pour éviter la riposte. Bien qu'indemne, le cuir de son armure avait été entaillé au niveau de l'épaule. Pour la première fois, il se sentit perdre confiance. Il n'avait jamais douté de ses chances de réussite jusqu'à présent, il s'était attendu à ce que la tâche soit difficile, mais pas à ce point. Malgré tout, il ne pouvait pas reculer. Il lui fallait triompher, quoi qu'il arrive. Poussant un cri de guerre, il chargea le roi de front avec un coup d'estoc. Au moment où le roi dégageait son coup, Siegfried lâcha son épée un court instant de la main droite, raccourcit la faible distance qui le séparait du roi, rattrapa son épée de la main gauche et l'abattit de toutes ses forces. A nouveau il sentit la résistance. A nouveau il vit l'épée du roi qui bloquait la sienne. Il reçut un violent coup de botte dans le ventre qui l'envoya rouler plusieurs mètres plus loin.
Il se releva péniblement, cherchant des yeux son arme qui lui avait échappé. Voyant le roi avancer lentement vers lui, imperturbable, il se précipita à quatre pattes vers son épée qu'il ramassa, s'en aidant pour se relever. La douleur était sourde dans ses côtes mais il pouvait tenir debout. Serrant les dents pour étouffer sa souffrance, il se redressa et brandit son épée devant lui, se remettant en garde. Cette fois le roi initia l'attaque, envoyant sa grande épée sur le côté. Siegfried para péniblement le coup, le choc résonnant dans ses os. Il eut à peine le temps de repousser l'épée qu'elle revenait déjà de l'autre côté. N'ayant pas le loisir d'esquiver, le prince dressa à nouveau son épée, recevant l'impact de plein fouet. La puissance fut telle qu'il fut projeté sur plusieurs mètres. S'il n'avait pas paré le coup à temps, il aura été indéniablement coupé en deux. Ses bras tremblaient de manière incontrôlable à présent. En contemplant la large silhouette qui s'avançait vers lui, le désespoir commença à l'envahir. Soudain, une flèche enflammée frappa le torse noir de l'armure.
Surpris, Siegfried tourna la tête et vit la princesse Amanda, un arc à la main. Encochant une nouvelle flèche, il la vit s'enflammer d'elle-même. De la magie ? Peu importait, il voyait là une chance de l'emporter. Les flèches enflammées continuèrent de fondre sur le roi sombre, chacune allumant un peu plus la flamme de l'espoir dans le cœur de Siegfried. Empoignant fermement son épée, il chargea en direction du roi. Ce dernier leva haut son arme et l'abattit brutalement. Siegfried esquiva souplement, se déplaçant sur le côté tandis que l'arme fracassait le sol là où il se tenait un instant plus tôt. Il se plaça de sorte à avoir le roi sombre entre lui et Amanda. Alors que le roi sombre allait poursuivre son assaut, une flèche le toucha à l'arrière de l'épaule. Profitant de son instant d'immobilité, le prince envoya un rapide revers de son épée. Mais cette dernière rebondit sur la plaque pectorale, sans blesser le roi. Néanmoins Siegfried l'avait touché pour la première fois, ce simple fait était suffisant pour le pousser à continuer. Continuant de se mouvoir frénétiquement, il harcela le roi sombre de petites touches ici et là. Ce dernier peinait à tout repousser avec les flèches qui continuaient de le percuter dans le dos.
Brusquement, il se redressa de toute sa hauteur et envoya un coup de pied qui frappa Siegfried dans l'estomac. Ignorant le jeune homme, le roi se détourna de lui et commença à se diriger vers la princesse, faisant fi des projectiles qui percutaient son armure. Siegfried regardait impuissant son ennemi se rapprocher peu à peu d'Amanda qui se retrouvait acculée, coincée entre le trône, le mur et le roi qui avançait. L'esprit de Siegfried se rebella. Il refusa d'être inactif à un moment pareil. A quoi cela le réduirait-il s'il était incapable de protéger ceux pour qui il se battait ? Prenant appui sur son épée, il se redressa une nouvelle fois. Il tenait à peine debout mais il devait continuer. Il commença par mettre un pied devant l'autre, un par un, de plus en plus vite, jusqu'à ce qu'il charge. Le roi était presque sur Amanda. Siegfried poussa un hurlement sauvage, rendu rauque par la douleur qui lui vrillait le corps. Le roi, distrait, tourna la tête dans sa direction. Amanda relâcha sa flèche qui explosa en percutant l'arrière du casque cornu. Le roi amena une main vers sa tête par réflexe, brisant sa garde. Siegfried bondit et plongea sa lame entre les plaques pectorales de l'armure, l'épée s'enfonçant sans s'arrêter.
Pendant un instant, plus rien ne bougea. Siegfried, Amanda et le roi sombre restèrent figé, tels des statues décorant la vaste salle. Puis, le roi se redressa, empoignant la lame de l'épée de Siegfried et l'extirpa péniblement de sa poitrine, centimètre par centimètre, le sang coulant à flots. Siegfried ne bougea pas, il avait tout juste la force de tenir debout. Le roi laissa tomber l'épée au sol et, ignorant les deux jeunes gens, se dirigea à pas lourds vers son trône. Il s'y assit lentement, comme si le combat acharné n'avait jamais eu lieu. Il posa ses deux mains sur le pommeau de sa terrifiante épée, la pointe reposant sur le sol, et s'immobilisa. Son corps s'était figé, tel un gardien reposant dans son domaine. C'est seulement à ce moment que Siegfried chuta vers l'avant et qu'Amanda le rattrapa in extremis. Les deux jeunes gens se dirigèrent vers la sortie, la princesse soutenant son sauveur, laissant derrière eux leur ennemi commun. Ils ignoraient de quoi le lendemain serait fait, mais ils savaient qu'ils avaient vu assez de combats pour ne pas laisser leurs royaumes respectifs tomber dans la guerre.
