Lorsque « alchimie » rime avec « folie »

Chapitre 1 : Lorsqu'un Colonel perd les pédales…

La nuit était tombée depuis quelques heures déjà sur la vaste ville de Central. Les lampadaires étaient tous allumés, peu de personnes se promenaient encore à cette heure avancée dans les rues. Enfin, la majorité des personnes. Une femme, elle, se baladait tranquillement accompagnée de son fidèle chien dans les rues sombres. Car oui, même les petites ruelles sombres, les gens mal famés, et tous les dangers de la nuit ne faisaient pas peur à cette femme. Elle n'était pas le genre de personne à se laisser facilement intimidée.

Elle, le premier lieutenant Riza Hawkeye, et son fidèle compagnon à quatre pattes Black Hayate.

Et puis, de toute façon, elle n'était pas seule ! Elle avait sa protection, son chien de garde, en cas de problèmes. Elle savait parfaitement, et ne se gênait pas pour le revendiquer, elle était tout à fait capable de se défendre seule, même contre un nombre bien supérieurs de potentiels ennemis. Son revolver favori était à la même place que d'habitude, alors elle ne s'en faisait pas. Elle savait parfaitement se défendre et veiller elle-même sur sa personne.

Elle traversait donc les rues, à un rythme lent, en profitant pour s'aérer. Car les seuls moments où elle pouvait véritablement relâcher toute la pression de la journée c'était bien le soir en compagnie de Black Hayate. Se balader ainsi dans les rues désertes à une heure avancée de la nuit lui faisait le plus grand bien. La sérénité du ciel étoilé lui avait toujours fait un drôle d'effet, comme si tous ces problèmes disparaissaient subitement. Elle aimait ainsi laisser tous ses problèmes de coté jusqu'au lendemain. Se balader sans penser à rien. Voila ce qu'elle appréciait tant faire une fois sa journée au quartier général terminée.

Parce qu'on a beau dire et beau faire passer toutes ces journées avec ses coéquipiers mâles, qu'elle devait sans cesse réprimander pour qu'il travaille un minimum, n'était pas de tout repos. Ses nerfs étaient mis à rude épreuve. Il ne faut pas croire, elle tenait énormément à ses camarades… Mais, disons que supporter certaines blagues vaseuses totalement masculines n'étaient pas forcement très agréable. En particulièrement lorsque ces charmants messieurs se racontaient leurs exploits d'avec leur dernière conquête… Enfin, bien que souvent seuls deux de ces soldats se vantaient... Ais-je besoin de signaler qu'il s'agit du lieutenant en second Jean Havoc et de ce cher Colonel Roy Mustang ? Oui, et bien maintenant vous le savez. Ce cher Havoc se plaignait à longueur de temps qu'il finissait toujours soit par être largué par sa petite-amie, ou bien que la fille de ses rêves finissait par lui préférer ce cher Mustang… Quant à ce dernier, lui ne passait que de relation d'une nuit à une autre, et cela sans que personne ne sache réellement pourquoi. Sa réputation de coureurs de jupons n'était plus à faire, et il ne cachait pas qu'en plus il en était assez fier…

Vraiment, ce genre de comportement irritait au plus haut point Riza. Mais elle se cachait bien de le montrer. Elle s'interdisait de montrer ne serais-ce qu'une seconde de faiblesse, sous peine de voir sa carapace d'apparence indestructible se craqueler. Elle s'était jurer de ne jamais faire attention à la vantardise dont pouvait faire preuve son supérieur lorsqu'il s'agissait de femmes et de son charme jugé irrésistible par la gent féminine. Et puis, après tout, elle n'en avait absolument rien à faire, cela ne la concernait en rien. Les conquêtes de Roy Mustang ne l'intéressaient en rien, cela lui faisait une belle jambe !

Le regard caramel du lieutenant se teinta soudain de mélancolie sans qu'elle ne s'en aperçoive.

Ses pas se firent plus lents, moins énergiques.

Black Hayate, trottant joyeusement à coté de sa maitresse, ne comprit pas le soudain changement de comportement de sa maitresse. Il leva ses grands yeux noirs vers le visage de la blonde, affecté qu'elle puisse être triste. Le lieutenant remarqua le regard de son fidèle chien, et lui fit un léger souriant réconfortant, attendrie que Black Hayate puisse se montrer aussi attentif envers elle.

-« Allez viens, on rentre à la maison, il se fait tard. »

Black Hayate aboya gaiement, tandis que Riza, tenant sa laisse, tournait au coin d'une rue. Elle se retrouva dans une avenue qu'elle connaissait de réputation : le repaire de tous les bars de la ville, endroit de débauche et de beuverie. Elle décida de ne pas s'en formaliser et de continuer tranquillement son chemin. Après tout, qu'avait-elle à craindre ?

Elle marchait placidement sur le trottoir, jetant de temps en temps quelques coups d'œil vers les personnes qui se promenaient eux aussi à cette heure-ci. La plupart était à moitié saoul, ou même carrément, et pour la majorité en charmante compagnie. Riza trouvait cela vraiment lamentable. Comment certaines personnes pouvaient-elles autant faire n'importe quoi ? Bon d'accord, boire de temps en temps et avec modération, ça elle l'acceptait. Mais passer ces nuits dans un bar à asticoter le genre de femmes démunies de règles de tenue ou de conduite... C'en était affligeant d'assister à ce spectacle. Détournant la tête de l'enseigne d'un bar, elle remarqua les bruits caractéristiques d'une personne entrain de rendre le contenu de son estomac dans une ruelle proche.

-« Charmant. » Marmonna t-elle ironiquement.

Elle continua son chemin sans plus se formaliser sur toutes ces personnes, après tout à quoi bon ? S'ils se plaisaient dans ce genre de vie de débauchés, alors tant mieux pour eux.

Elle savait bien qu'elle était un peu injuste avec eux, mais c'était son opinion. Ou peut-être bien qu'elle ne supportait pas de voir ce genre de comportement… Un visage s'imposa à son esprit : celui de son supérieur.

Alors, le fringuant Roy Mustang passait la plupart de ces soirées dans ce genre de bordels ? Elle se prit à soupirer. Elle ne pouvait plus rien faire pour le sauver, il était surement déjà irrécupérable… Mais cela lui fit tout de même un petit pincement au cœur à la seule idée de l'imaginer ramené ce genre de femmes chez lui… Enfin, s'il les ramenait chez lui. Il pouvait très bien faire cela ailleurs, tout un tas d'endroit existait… Riza retient une légère grimace. Non, elle ne voulait pas penser à cela ! Elle ne voulait pas imaginer le Colonel dans ce genre de situation ! Il était peut-être un peu dragueur sur les bords, mais surement pas à ce point ! Il était fier, charmeur, et le genre tout à fait respectueux. Enfin, ça, c'est ce qu'elle imaginait de lui… Qui sait où est vraiment la réalité, après tout ? Personne n'a jamais vraiment su où le Colonel dénichait ses conquêtes. Peut-être qu'il séduisait les jolies commerçantes de la ville, les femmes un minimum respectable en soit. Pas les prostitués qui criblaient la ville. Mais ça, le lieutenant ne pouvait que faire des suppositions.

-« Ah… Tiens hehe… Mais… qui voilà ! Tiens, mais c'est… lieutenant ! Oui ! C'est Riiiiza que voila ! Ah non, c'est… haha Black Hayate ! Que je suis-je bête ! Mon P'tit Roy, je crois que t'as un peu trop bu hmpf… »

Tournant son regard vers une ruelle proche, au son de cette voix qu'elle semblait connaitre, elle écarquilla soudain les yeux en voyant de qui il s'agissait. Enfin… de qui ? Plutôt de quoi… Vu que devant une Riza complètement ébahie, se tenait le beau et fringuant Roy Mustang ! Beau et fringuant, c'était vite dit en cet instant… Disons que c'était le Colonel Mustang dans toute sa non-sobriété ! Il chancelait dangereusement sur ses jambes, ne semblant même plus savoir comment se tenir debout, et éclatait d'un rire à peine exagéré… Elle se tourna vers lui, ahurie de le trouver dans un tel état. Il était limite désespérant. Elle ne l'avait jamais vu ainsi, certes elle l'avait déjà vu saoul, mais jamais à un tel point.

-« Mon Colonel ? »

Il se rapprocha lentement d'elle, vacillant. Il s'arrêta face à elle, se redressa de toute sa hauteur, et lui fit un salut militaire à la limite du risible, arborant une moue burlesque.

-« Général Mustang, au ra-rapport ! » S'exclama t-il.

Riza pouffa sans se cacher. Il était quand même bien différent de d'habitude dans cet état. Même si elle ne voulait pas réellement se l'avouer, elle le trouva assez comique. Elle avait une forte envie de se moquer de lui, mais se retint. Après tout, il était son supérieur, même dans cet état de sobriété avancé.

-« Qu'est-ce qu'il ne faut pas entendre… » Souffla t-elle.

Roy la regarda droit dans les yeux, enfin tout du moins il fit ce qu'il peut, et garda sa main relevée dans le salut habituel des militaires, mais qui normalement ne s'appliquait pas face à Hawkeye vu qu'elle était son lieutenant. Mais dans son état, il ne se souvint évidement pas.

-« Maiiis si ! Je de-deviendrais… hic… Calife à la place du Ca-Calife ! Vous… Tu verras, tiens ! Ouais ! »

Elle le regarda, interdite face à ces paroles. Il en tenait une belle on dirait. Il allait probablement avoir un sérieux mal à tête le lendemain… Et il n'en était qu'au milieu de la semaine, demain allait être une journée riche en rebondissement avec un Colonel au bord du Coma Ethylique. Riza soupira lourdement : elle allait surement devoir le secouer encore plus que d'habitude, ça promettait !

-« Je… Je vais… hehe… Rentrer chez… Chez qui déjà ? Ahhh oui ! Chez moi haha ! »

Roy lui refit le salut de tout bon militaire, la tête relevée au maximum, les yeux fermés, en finissant par balancer sa main droite, qui était au niveau de sa tempe, devant lui, éborgnant presque Riza au passage.

Puis celui-ci fit demi-tour, avança quelques pas droit devant lui avant que Riza ne l'interpelle.

-« Euh, mon Colonel ? Votre appartement se situe de l'autre coté de la ville… »

Sans se tourner vers elle, il se retourna sur sa gauche, dans une démarche de soldat défilant pour une parade, et entreprit de continuer sa marche d'un pas conquérant.

-« Mon Colonel, non. C'est de l'autre coté ! » Cria Riza, encore une fois, perdant patience.

-« A vos ordres ! »

L'ivrogne prit cette fois-ci la bonne direction, marchant droit vers Riza. Mais au moment où il passa près d'elle, il se prit les pieds sur le rebord du trottoir et se serrait retrouver face contre terre si Riza n'avait pas eu le reflexe de le rattraper comme elle le pouvait. Après tout, elle n'avait pas sa carrure ! Alors pour retenir un homme du gabarit de Mustang, elle allait avoir du mal.

-« Hahaha J'ai failli tomber ! Haha ! Vous avez vu ça ! » Pouffa t-il allégrement.

Par contre, Riza, elle, ne riait pas. Elle s'évertuait à conserver son calme. Il était pire qu'un gamin avec un pareil taux d'alcoolémie dans le sang. Elle se dit alors avec bon sens qu'il ne lui restait plus qu'une chose à faire…

-« Allez, mon Colonel, je vous ramène chez vous, vous ne me semblez pas en état de le faire seul. »

Celui-ci ria d'autant plus, s'accrochant à son lieutenant qui passa un de ses bras sous les épaules de son supérieur, et passa un de ses bras sur ses propres épaules pour le soutenir du mieux qu'elle pouvait. C'est ainsi, bras-dessus bras-dessous, qu'ils prirent la direction de l'appartement du Colonel Mustang, Black Hayate sur leurs talons.

Le trajet jusqu'à l'appartement ne fut pas très long, heureusement pour Riza qui commençait à fatiguer. C'est vrai que porter à moitié le Colonel sur ses frêles épaules n'était pas forcement très évident, mais elle ne se plaignit pas une fois. Après tout, il n'était pas dans son état normal, elle le savait parfaitement. Il avait juste un peu abusé sur la bouteille. Elle savait que sobre, il ne se comporterait jamais ainsi. Elle se dit que, par chance, ils n'avaient croisé personne de leur connaissance, sinon bonjour le scandale…

Arrivés devant la porte de l'immeuble du Colonel, la blonde se dit qu'il valait mieux pour elle qu'elle l'amène jusqu'à sa porte, vu son état il pourrait bêtement tomber dans les escaliers.

D'ailleurs, gravir les escaliers fut une véritable épreuve. Arriver à faire grimper les trois étages de marches à un Colonel Mustang complètement saoul, cela avait été vraiment difficile, elle en avait maudit l'immeuble. Mais ils y étaient finalement parvenus, après des minutes de souffrance. Voila qu'ils étaient maintenant tous deux devant la porte de l'appartement de ce cher Colonel, et que celui-ci riait en ne trouvant pas ses clés. Irritée, Riza finit par fouiller elle-même les poches de veste du Colonel, qui riait d'autant plus à ce contact. Il se laissait totalement faire, et cela l'amusait beaucoup apparemment.

Les clés furent trouvées, et la jeune femme réussit à ouvrir la porte d'entrée, soutenant toujours le brun.

Ils pénétrèrent dans l'appartement. Riza ne prit pas la peine de l'inspecter. Pourtant, elle n'y était jamais entrée auparavant, et ce n'était pas la curiosité qui lui manquait, mais elle avait plus important à faire : s'occuper de Mustang. Black Hayate se posta docilement à l'entrée de l'appartement, laissant sa maitresse se débrouiller. Elle amena Roy jusqu'à une pièce au fond du couloir, qu'elle présuma être la chambre de son Colonel. Elle ouvrit la porte et découvrit une chambre sobre mais décorée avec bon gout. Et ce qui la surprit davantage fut qu'elle n'était pas en désordre, comme on aurait pu se douter avec lui. Elle entra et s'approcha du lit qui prenait la majeure partie de la chambre. Elle se libéra à moitié du brun pour le faire asseoir sur son lit, se délestant au passage de lui. C'était vrai après tout, c'est qu'il faisait son poids le Colonel ! C'est bien d'être musclé comme il l'est, mais si c'est pour être davantage lourd à porter pour elle, ça n'avait pas être très pratique ! D'ailleurs, Roy commençait justement à retirer la simple chemise blanche qu'il portait, faisant découvrir son torse parfait, faisant fit des convenances. Elle tourna la tête vers lui pour lui signaler qu'elle partait, quand elle vit qu'il se déshabillait. Elle se mit à violement rougir, son rythme cardiaque s'accélérant à la vue de ce corps.

Elle se mit à discrètement bafouiller, et se hâta de sortir d'ici. Mais avant qu'elle n'ait pu atteindre le pas de la porte de l'appartement, Roy l'avait attrapé par le poignet. Elle se sentit faillir à ce contact, et se mit à craindre la suite. Il avait vraiment beaucoup bu, après tout. Peut-être trop.

D'un geste, il la fit se retourner vers lui, avant de l'enserrer par la taille et de commencer à l'embrasser avec une ardeur non-dissimulée. Il se chargea de plaquer son Lieutenant contre le mur le plus proche, bloquant son corps torse nu contre le sien. Le lieutenant ne comprit pas ce qu'il se passait, et resta un instant estomaquée par ce geste, avant de se rendre compte de la situation. Elle se surprit à ne pas vouloir bouger, mais ce sentiment ne dura qu'un instant. Il fallait qu'elle sorte d'ici, il n'était pas dans son état normal. Fébrile, elle posa ses mains sur le torse de son supérieur et essaya de le repousser de toutes ses forces restantes. Elle finit par le faire lâcher ses lèvres, mais elle restait prisonnière de ses bras fermement encerclés autour de sa taille.

-« Co-Colonel, qu'est-ce que… vous faites ? »

Mais elle ne put le retenir plus longtemps, il se décida à prendre d'assaut son cou, le dévorant de baisers brulants. Elle écarquilla les yeux, sentant ses résistances faiblir de plus en plus. Toutes ces sensations qu'il lui prodiguait, s'en était étourdissant pour elle. Elle glissait peu à peu dans un oasis de plaisir, oubliant même jusqu'à son propre prénom. Il l'embrassait avec tellement de désir que s'en était presque palpable. Alors qu'il se détachait un instant de ses lèvres, pour la fixer, elle remarqua l'étrange lueur dans ses yeux. Du désir bien entendu, mais pas seulement… Elle y décela un grand respect pour sa personne, mais également quelque chose d'autre… Quelque chose qu'elle ne pouvait clairement identifier.

Alors, lorsqu'il reprit possession de ses lèvres avec empressement, qu'il l'embrassa avec d'autant plus de passion qu'auparavant, et que ses mains lâchèrent sa taille pour la soulever et ainsi porter Riza contre lui, elle ne protesta pas. Elle n'en avait plus la force, il avait brisé toutes ses barrières. Il avait une telle emprise magnétique sur elle qu'elle ne pouvait plus rien dire pour l'empêcher de faire quoi que ce soit. Et de toute façon, elle n'en avait plus envie. Non, en cet instant, elle n'avait envie que de n'être Riza. Riza Hawkeye, la jeune femme, et non la militaire. Elle ne se souciait plus de la hiérarchie et des conséquences que pourraient avoir ses actes. Elle ne voulait penser qu'à l'instant présent, serrée tout contre Roy Mustang. Pas le colonel, seulement Roy. Comme celui qu'elle avait rencontré avant qu'ils ne s'engagent tous deux dans l'armée, celui de sa jeunesse...

Ils n'étaient plus Lieutenant et Colonel, ils n'étaient plus que Riza et Roy.

Elle laissa donc Roy la porter, le laissa l'embrasser encore et encore, resserrant davantage ses jambes contre sa taille, et se laissa emmener jusque dans la chambre de son Colonel.

Cette nuit-là, seule la passion les guida, occultant totalement le monde extérieur. « Désir » était le maitre-mot, et non « Raison ».

Deux êtres seuls au monde le simple temps d'une lune, le temps d'une nuit sombre, le temps d'oublier tout le reste…

Le temps d'oublier que rien ne sera plus pareil…