« HERMIONE ! »
Les cendres semblent danser dans les airs, étalant dans l'atmosphère une odeur de cramé plutôt désagréable. La végétation environnante étaient en poussière, il ne restait que quelque traces des habitations autour. Un jour, elles avaient certainement été pleines de vie et de joie, avec des enfants grouillants dans les jardins, jouant au ballon. Mais ce qui fut un jour n'était plus et aujourd'hui les cadavres de maisons se mélangeaient parfaitement avec le sol noir et calciné.
Ce jour-là, l'Angleterre n'était plus qu'un tas de cadavres et de décombres et personne ne pouvait plus rien y faire puisque Harry, puisque le héros, puisque l'élu était mort.
C'était certainement la phrase qui brisa le monde. Cette fatidique parole qui a le don d'accabler une population entière. Il y en avait bien eu des morts auparavant … Beaucoup même mais jamais des aussi importants. Puisque Harry était l'espoir, alors la seconde où son cœur cessa de battre, Harry était mort.
Voldemort avait gagné.
Trois ans avaient passé depuis cette tragédie et énormément de monde fut tué par la suite. Les aurors furent les premiers, puis presque la totalité de la population née-moldue puis moldue d'Angleterre, si bien que maintenant, la guerre ne se jouait plus sur le territoire anglais. Rayé de la carte, brûlé, détruit, plus personne n'osait s'y rendre. Ne restait plus que quelques familles de mangemorts et résistants.
C'était le prix à payer pour avoir perdu.
Ils avaient perdu.
Perdu.
Évidemment, ça sonnait comme une mauvais blague, comme une plaisanterie. Mais ce n'en était pas une.
« Hermione... Ma petite Hermione... Ma petite miss je-sais-tout … Réveilles-toi ma chérie s'il te plaît » murmura Ron entre deux sanglots.
Il était assis là, à travers les décombres fumants d'une bataille récente. Il tenait dans ses bras blessés le corps sans vie de sa fiancée. Il semblait si faible, si détruit. Son regard transmettait toute la dévastation de l'univers, compressée, retournée, prête à exploser à chaque instant. Et ses mains tremblantes caressaient doucement la joue de sa regrettée dulcinée, repoussait de temps en temps une mèche rebelle pour garder son visage de marbre dégagé.
La voix de l'homme était suppliante, pitoyable. Il était détruit, comme le reste de son image, couverte de cicatrice et de plaies ouvertes.
« S'il te plaît ma petite Hermione... S'il te plaît … Ne me laisses pas seul... Ne me laisses pas... Qu'est ce que je vais faire maintenant ? Comment je vais faire ? S'il te plaît … Ne me laisses pas … »
Il fixa le sac qu'elle tenait à la main et l'ouvrit délicatement, comme s'il contenait un trésor. Il remarqua plusieurs parchemin et en saisit un pour en lire le contenu. Il découvrit alors l'intitulé de toutes ces lettres qu'elle écrivait depuis des années.
Elle écrivait à leur défunt ami.
Harry.
« Cher Harry,
Tu nous manques toujours un peu plus. Tu sais, tu as laissé un trou béant dans notre cœur. Ron ne dort pas plus de trois heures par nuits et quand j'essaie de le calmer, d'essuyer ses larmes, il s'énerve. Tu manques au monde entier, Harry. Plus rien ne va... Ils n'ont épargné personne... L'Angleterre est à présent une Terre qui brûle et qui brûlera indéfiniment.
Harry, j'espère que de là-haut, tu ne nous en veux pas mais Ginny a disparu … On n'a pas réussi à la protéger... Aussi, on a de moins en moins de nouvelles des autres... Depuis la mort de Hannah, Neville tente désespérément de trouver un moyen de libérer Luna du manoir Malfoy. On a beau lui dire que depuis le temps, elle est certainement décédée, il n'écoute personne et continue de travailler seul sur ce projet.
Seamus aussi est inconsolable depuis l'assassinat de Dean.
Je ne sais plus quoi faire, Harry. Je ne sais plus comment réagir...
Je ne sais plus comment sauver le monde, sans toi.
Aussi, une de mes seules lueurs d'espoirs me tourmente... Comment l'annoncer à Ron ? Oh Harry j'aurais tellement aimé que tu sois son parrain... »
Ron arrête sa lecture et fronce les sourcils, fixe la chemise ample de sa femme, pose sa main sur son ventre et redouble de sanglots.
A cet instant-là, un hurlement de désespoir franchit ses lèvres. Ce soit-là, il n'avait pas perdu que sa fiancée mais aussi son enfant, qu'elle portait encore. Il allait être père … Mais il n'a pas su assez protéger sa femme...
